Carlo Gatti enfin en lu­mière

…Main­te­nant, voilà que de fil en ai­guille le roman a été ter­miné, et il vient de pa­raître. Dans une hu­meur pré­cé­dente, plu­sieurs d'entre vous m'ont pous­sée à y aller, et j'y suis allée, le per­son­nage était par trop ma­gni­fique, par trop ten­tant.

Plu­tôt que de vous en par­ler, je par­tage avec vous le pre­mier cha­pitre, dans le­quel vous faites la connais­sance des deux per­son­nages prin­ci­paux: Carlo Gatti et Nick. On pourra tou­jours en par­ler, si vous le dé­si­rez, une fois que vous aurez lu. Bonne lec­ture. Le livre se trouve, comme on dit, dans toutes les bonnes li­brai­ries, ou di­rec­te­ment chez l'édi­teur Ber­nard Cam­piche.

 

Screenshot 13.09.14 17:53

Ce ta­bleau de George Elgar Hicks a été peint à 300 mètres du lieu où se dé­roule l'his­toire, et à peu près au mo­ment où elle se passe (1860), il res­ti­tue bien l'am­biance gé­né­rale. Il s'in­ti­tule «The Ge­ne­ral Post Of­fice, One Mi­nute to Six». 150 ans plus tard, la poste du Strand de Londres n'a pas changé de place.

 

Cha­pitre I

«⁠O Si­gnur! Ma à l'è un bagaï!⁠⁠»

Il ne parle pas comme nous. C’était il y a près de cin­quante ans, mais je re­vois cet ins­tant comme si c'était hier. Je re­vois cette main, qui me semble énorme, s'avan­cer dans mon trou. Der­rière lui, la pluie tombe en ri­deau, des roues font ce bruit par­ti­cu­lier qu'elles pro­duisent lors­qu'elles s'en­foncent dans la ga­doue. Un rat, un vrai, se glisse entre les pieds cou­verts de boue des pas­sants, juste à la hau­teur de mes yeux. De l'homme, je n’en­tre­vois que cette main, et deux pieds bien cam­pés là - im­pos­sible de m'en­fuir.

La main s'avance, l'homme se plie un peu plus pour avoir da­van­tage de force, ce n'est pas que je sois gros ou lourd, c'est sim­ple­ment que je m'agrippe. Pour une fois que j'avais trouvé un abri…

Lors­qu'il a réussi à m'ex­tir­per du trou, je le vois mieux, dans la lueur du lam­pion: c'est un géant. En un ins­tant, je suis trempé.

«⁠O Si­gnur!⁠⁠», ré­pète le géant dans un mur­mure, «⁠mais c'est un bébé. Je t’avais pris pour un chat. Tu as quel âge⁠⁠?⁠⁠» Je le re­garde sans mot dire, je ne com­prends pas sa ques­tion. Son par­ler est bi­zarre. Il finit par de­man­der en ita­lien: «⁠Tu t'ap­pelles com­ment⁠⁠?⁠⁠»

«⁠B...​boy.⁠⁠»

«⁠Tu t'ap­pelles Boy⁠⁠?⁠⁠»

Je fais oui de la tête.

Il me re­garde un ins­tant, comme s'il hé­si­tait, il va me lais­ser par­tir. Mais non, il me sou­lève, ouvre sa grande cape et m’en­ve­loppe.

Il me serre contre sa poi­trine et, pour la pre­mière fois de­puis long­temps, je suis au chaud. Cet homme me semble aussi brû­lant qu’un four­neau.

De près, je vois sa barbe noire et ses yeux fon­cés.

«⁠Tu as des pa­rents, Boy⁠⁠?⁠⁠»

Il at­tend pa­tiem­ment que je ré­ponde.

«⁠Ma mère… écra­sée…⁠⁠»

«⁠Quand⁠⁠?⁠⁠»

Je fais un geste d’im­puis­sance. Je l’ai vue tra­ver­ser de­puis le coin de la ruelle, et puis je l’ai per­due, j’ai en­tendu un cri, j’ai vu une forme inerte sur le sol. J’ai voulu cou­rir au­près d’elle, mais une file de chars lour­de­ment char­gés m’en a em­pê­ché. Lorsque j’ai pu me fau­fi­ler, il n’y avait plus per­sonne. Était-ce au­jour­d'hui⁠⁠? Hier⁠⁠? Je ne sais pas.

Il n’in­siste pas, et se met en route.

Je me dis que cet homme doit être un ra­mo­neur, de ceux qui cherchent les pe­tits gar­çons pour les faire grim­per dans les che­mi­nées étroites.

Le géant avance d'un pas vif, mar­monne ici et là des mots que je ne com­prends pas. Serré contre lui, je me ré­chauffe peu à peu.

Nous en­trons quelque part, d'abord je ne vois rien, puis il ouvre sa cape, il me pose par terre. Je suis dans une cui­sine, si étourdi que mes jambes me lâchent, je m'af­fale sur le sol.

Je rouvre les yeux sur deux vi­sages pen­chés vers moi: un homme jeune, barbu, carré, et une femme qui à côté de lui a l’air toute pe­tite, ridée comme une pomme, un fichu noir sur la tête et des yeux fon­cés, per­çants.

Ils disent des mots que je ne com­prends pas.

Voyant mes yeux ou­verts, la femme agite un doigt sous mon nez et crie quelque chose.

L’homme me sou­lève, c’est celui d’avant, je le vois main­te­nant.

«⁠Ça va mieux, Boy⁠⁠?⁠⁠»

Il a parlé ita­lien.

Je dé­glu­tis, hoche fai­ble­ment la tête, rien ne vient, tout tourne.

«⁠Ce petit est en train de mou­rir de faim⁠⁠», s’ex­clame sou­dain l’homme. Il m’as­sied à la table, et je com­prends à son ton qu’il donne des ordres. La vieille pose un bol de­vant moi. L’odeur me pa­ra­lyse. Cela fait si long­temps que je n’ai plus mangé que mon es­to­mac se re­tourne. L’homme se­coue la tête, s’as­sied en face de moi, at­trape une cuillère, la rem­plit et me la pré­sente.

«⁠Allez, Zi­chi­nin, mange.⁠⁠»

J’ouvre la bouche et, len­te­ment, il in­cline la cuillère, en­fourne la soupe, ma pre­mière soupe, un tout petit peu à la fois, avec adresse et pa­tience.

Je sais que c’est à ce mo­ment-là qu’il m’a ap­pelé Zi­chi­nin (pro­noncé Zi­ki­nine) pour la pre­mière fois parce qu’il l’a sou­vent ré­pété plus tard; quand les gens ne com­pre­naient pas ils le­vaient sim­ple­ment le sour­cil, mais les Tes­si­nois, qui savent que Zi­chi­nin si­gni­fie «⁠un tout petit peu⁠⁠», ou «⁠une pin­cée⁠⁠», riaient à gorge dé­ployée à ce so­bri­quet – j’ai fini par me­su­rer plus de six pieds.

«⁠Oui, mais quand je lui ai donné ce petit nom-là, il était haut comme trois pommes, et il ne pe­sait pas lourd; je le sou­le­vais d’une seule main⁠⁠», ex­pli­quait-il.

Une fois que j’ai mangé la soupe, la vieille femme, Nonna Gina, ai-je ap­pris plus tard, m’a em­poi­gné, m’a mis tout nu, puis m’a plongé dans une bas­sine en bois au­tour de la­quelle elle n’avait cessé de s’af­fai­rer, sans que je me doute un seul ins­tant que c’était pour moi.

Je me suis dé­battu, mais le cœur n’y était pas, j’étais lit­té­ra­le­ment mou­rant ce soir-là, et elle était plus forte que moi. Elle par­lait sans re­prendre son souffle, d’une voix éton­nam­ment pro­fonde pour une si pe­tite femme, et bien en­tendu je ne com­pre­nais rien, elle di­sait pro­ba­ble­ment qu’un pouilleux de mon es­pèce de­vait être étrillé. Lors­qu’elle m’a sorti de la bas­sine, elle m’a en­core rasé la tête – puis elle m’a passé un pan­ta­lon et une che­mise propres.

L’homme, qui avait dis­paru pen­dant ces ablu­tions for­cées, est re­venu, ac­com­pa­gné d’un gar­çon­net aux che­veux noirs, plus âgé que moi.

«⁠Agos­tino⁠⁠», a-t-il dit en ita­lien, «⁠voici… com­ment vais-je t’ap­pe­ler, mon gar­çon⁠⁠? Tu ne te sou­viens vrai­ment pas d’un nom autre que Boy⁠⁠?⁠⁠» J’ai cher­ché. Très loin dans ma mé­moire, il y avait peut-être un nom, peut-être Nioclás, mais était-ce vrai­ment moi⁠⁠? Je n’avais ja­mais été que Boy par-ci, Boy par-là. Tant pis.

«⁠Nioclás. Nick⁠⁠», ai-je bal­bu­tié.

«⁠Ah, par­fait. Donc, Agos­tino, voici Ni­cola.⁠⁠» Il le pro­non­çait à l’ita­lienne, avec ac­cent sur le o. «⁠Il va res­ter avec nous, on va voir s’il peut nous être utile, plus tard, quand il aura mis un peu de chair sur ce sque­lette.⁠⁠»

Agos­tino m’a re­gardé, d’un œil scep­tique m’a-t-il sem­blé, et je me suis de­mandé si j’al­lais être son souffre-dou­leur, comme dans la rue où ma mère et moi lo­gions, où les plus grands sem­blaient prendre plai­sir à faire du mal aux plus pe­tits. Mais, en fait, s’il a été dis­tant, il a tou­jours été très gen­til.

Une femme, belle comme la Ma­done à mes yeux d’en­fant, est en­trée en coup de vent, un bébé sur la hanche.

Elle s’est mise à crier en agi­tant une main, une fois dans la di­rec­tion de l’homme, une fois dans la mienne. Il n’était point né­ces­saire de com­prendre pour com­prendre. Cette per­sonne était fu­rieuse parce que l’homme (son mari ai-je sup­posé) avait re­cueilli un chien perdu.

«⁠T’en fais pas⁠⁠», a sou­dain mur­muré Agos­tino. «⁠Il n’écoute pas, et il ne te ren­verra pas à la rue.⁠⁠»

«⁠Qu… qui est-ce⁠⁠?⁠⁠»

«⁠Zia Maria, la femme de Zio Carlo. Lui, il ne sup­porte pas de voir les en­fants aban­don­nés dans la rue. Il en a re­cueilli d’autres. Mais il ne fait pas la cha­rité, je te pré­viens, il va te faire tra­vailler dur.⁠⁠»

J’ai ap­pris des an­nées plus tard que, cette nuit-là, celui que je n’ap­pe­lais en­core que «⁠l’homme⁠⁠» était re­tourné là où il m’avait trouvé, une rue mal­fa­mée aux abords du quar­tier de Seven Dials, et avait tenté de s’in­for­mer sur l’ac­ci­dent de ma mère. Il n’a bien en­tendu rien dé­cou­vert. À Seven Dials per­sonne ne ré­pond aux ques­tions, sur­tout quand elles viennent d’un étran­ger. À par­tir de ce jour-là, il a fait comme si j’étais un des siens:

«⁠Notre Zi­chi­nin⁠⁠», di­sait-il.

Le len­de­main matin, après que j’ai dormi dans une pièce avec Agos­tino et deux ou trois autres en­fants, Agos­tino m’a parlé dans sa langue, que je ne com­pre­nais pas, puis s’est adressé à moi en ita­lien:

«⁠Si tu ne sais pas par­ler comme nous, qu’est-ce que tu fais là⁠⁠?⁠⁠»

Que ré­pondre⁠⁠? Je me suis contenté de le re­gar­der, en trem­blant in­té­rieu­re­ment - avait-il le pou­voir de me mettre à la porte⁠⁠?

«⁠Tu as dû taper dans l’œil de Zio Carlo.⁠⁠» Il s’est ar­rêté, m’a re­gardé un ins­tant, l’œil in­qui­si­teur. «⁠Tu sais par­ler, au moins⁠⁠?⁠⁠» J’ai fait signe que oui. «⁠Tant mieux. Dis quelque chose, alors.⁠⁠»

J’ai pris mon cou­rage à deux mains.

«⁠Qui… qui est Z…Zio Carlo⁠⁠?⁠⁠»

Il m’a re­gardé d’un air sa­tis­fait, comme si de m’avoir fait par­ler était un suc­cès per­son­nel.

«⁠Zio Carlo⁠⁠? C’est mon oncle, le frère de mon père. Carlo Gatti. Le pa­tron.⁠⁠»

«⁠Le pa­tron de quoi⁠⁠?⁠⁠», me suis-je ef­forcé d’ar­ti­cu­ler. Il était ra­mo­neur, de ça j’étais sûr, même si sa mai­son n’était pas re­cou­verte de pous­sière de char­bon. Mais bon, il fal­lait dire quelque chose.

«⁠Il fa­brique le cho­co­lat; et puis il est le pa­tron du café Gatti au mar­ché de Hun­ger­ford, et d’autres cafés plus pe­tits. Tu ne sa­vais pas que tu étais chez un pâ­tis­sier res­tau­ra­teur⁠⁠?⁠⁠»

Ce jour-là, non, je ne voyais pas ce qu’était un res­tau­ra­teur, je ne com­pre­nais pas le mot cho­co­lat, je me suis contenté d’un signe de dé­né­ga­tion. Mais j’ai tout de même saisi que je n’étais dé­ci­dé­ment pas chez un ra­mo­neur, et qu’avec un peu de chance, je n’au­rais pas à me his­ser dans les che­mi­nées.

J’étais très petit et ma­lingre, je tom­bais sou­vent, je mar­chais mal, aussi celui que je m’étais mis à ap­pe­ler Zio Carlo, moi aussi, sans qu’il pro­teste, a dé­crété que je res­te­rais à la mai­son tant que je ne me se­rais pas rem­plumé.

«⁠Avec qui par­lais-tu ita­lien, Zi­chi­nin⁠⁠?⁠⁠», m’a de­mandé, plu­sieurs fois et avec une cer­taine in­sis­tance, Zio Carlo.

«⁠Euh… Ma mère.⁠⁠»

«⁠Ta mère était ita­lienne⁠⁠?⁠⁠» Je n’ai rien ré­pondu, je ne com­pre­nais pas. «⁠Elle tra­vaillait⁠⁠? À quoi⁠⁠?⁠⁠»

«Quand j’étais petit, elle fai­sait des fleurs ar­ti­fi­cielles, elle me l’a dit. Mais, dans mon sou­ve­nir, elle traî­nait dans la rue, elle… elle… Je ne sais pas ce qu’elle fai­sait.⁠⁠»

«⁠Je vais voir si elle tra­vaillait pour un de mes cou­sins. Com­ment s’ap­pe­lait-elle⁠⁠?⁠⁠»

J’ai haussé les deux épaules.

«⁠Mamma…⁠⁠»

Il a levé les yeux au ciel avec un sou­pir.

Rien à faire, les sou­ve­nirs de ma vie pré­cé­dente étaient aussi flous que ceux des pre­miers jours chez Gatti. Le fait est que je re­ve­nais de loin. La seule chose qui me soit res­tée, c’est que cette mai­son dif­fé­rait des tau­dis aux­quels j’étais ha­bi­tué non parce qu’elle était plus spa­cieuse, mais parce qu’elle était propre. La vieille dame, Nonna Gina pour tout le monde, n’ar­rê­tait pas de net­toyer, de gron­der parce qu’on sa­lis­sait, de tra­quer les taches sur nos vê­te­ments. La mai­son était vé­tuste, les ha­bits étaient ra­pié­cés, mais sous sa hou­lette tout cela était scru­pu­leu­se­ment propre.

Tous les soirs, les hommes qui tra­vaillaient pour Zio Carlo se re­trou­vaient à la cui­sine, où Zia Maria et Nonna Gina avaient pré­paré le repas, et ils man­geaient en dis­cu­tant avec de grands gestes dans leur par­ler. Je me te­nais là, gé­né­ra­le­ment ou­blié entre deux hommes mas­sifs, et j’écou­tais. Après quelques jours, j’ai com­mencé à com­prendre ce qu’ils di­saient.

Agos­tino al­lait à l’école. Nonna Gina trou­vait que c’était une perte de temps, mais aussi bien Zio Carlo que, à ce qu’il di­sait, son frère Gio­vanni, le père d’Agos­tino (qui était à Paris), étaient in­trai­tables.

«⁠Nous sommes dans un monde dif­fé­rent. Si on veut réus­sir, il faut du sa­voir. Les en­fants iront à l’école – gar­çons et filles.⁠⁠»

À cette époque-là, il n’y avait que deux filles dans la fa­mille: Rosa, qui avait quatre ou cinq ans, elle était vive et ba­varde, et Clara, qui avait quelques mois. Il y avait aussi plu­sieurs gar­çons, tous plus âgés que moi, cou­sins, ne­veux, com­pa­triotes en tout cas, mais aussi deux ou trois pe­tits Lon­do­niens re­cueillis par Zio Carlo. Je les voyais ra­re­ment.

À son re­tour de l’école, Agos­tino éta­lait ses ca­hiers au bout de la table de la cui­sine (nous nous te­nions tous dans cette pièce, la seule vrai­ment chaude, par­tout ailleurs on ge­lait), et il s’at­te­lait à ses de­voirs, en se la­men­tant en plu­sieurs langues.

Avec le temps, plus per­sonne ne se for­ma­li­sait lorsque je po­sais des ques­tions dans mon ita­lien hé­si­tant ou dans mon an­glais des quar­tiers po­pu­laires, on me to­lé­rait par­tout, et lorsque, ra­re­ment, Zio Carlo était là, il ne man­quait ja­mais de s’écrier:

«⁠Ah, le Zi­chi­nin se rem­plume! Avec ces yeux verts et ces che­veux cuivre, tu dois être ir­lan­dais. Tu de­viens joli gar­çon, à force de te bour­rer de soupe! On va finir par faire quelque chose de toi.⁠⁠»

J’ai­mais spé­cia­le­ment grim­per sur le banc près d’Agos­tino, et le re­gar­der faire ses de­voirs. De temps à autre, je po­sais une ques­tion du genre: «⁠C’est quoi, ce mot⁠⁠?⁠⁠» Il me le di­sait. Ou: «⁠C’est un mot, ça⁠⁠?⁠⁠»

Agos­tino m’ex­pli­quait alors que c’était un chiffre.

«⁠Ça, c’est un deux, ça, un cinq, ça, un quatre⁠⁠», il me les mi­mait avec les doigts, «⁠et main­te­nant fiche-moi la paix, il faut que j’ap­prenne.⁠⁠»

J’at­ten­dais un peu, puis je ris­quais une nou­velle ques­tion, et il ré­pon­dait pen­dant un mo­ment, avant de me ra­brouer une fois de plus.

Par­fois, le soir, j’al­lais me pos­ter près de Zio Carlo, qui ali­gnait des ad­di­tions, avec da­van­tage de peine, me sem­blait-il, qu’Agos­tino ne fai­sait ses de­voirs.

Pen­dant la jour­née, j’ai­dais (si on peut ap­pe­ler «⁠aider⁠⁠» mes mo­destes ten­ta­tives) Nonna Gina. Au bout de quelques jours, j’ai en­tre­pris d’ex­plo­rer la mai­son. J’ai com­mencé par le gre­nier, où étaient ali­gnés les lits des ou­vriers de Zio Carlo, et puis petit à petit j’ai osé des­cendre l’es­ca­lier jus­qu’au rez-de-chaus­sée. Une porte bat­tante me­nait… où me­nait-elle⁠⁠? Avec une cer­taine ap­pré­hen­sion, j’ai poussé, je suis entré, et j’ai été as­sailli par l’odeur. À vrai dire, cette odeur-là était constam­ment pré­sente dans toute la mai­son. Mais, en haut, elle était ténue. Ici, elle était en­va­his­sante.

Au bout de quelques ins­tants, la dame qui se te­nait der­rière le comp­toir m’a vu, j’étais planté sur le seuil, et m’a souri:

«⁠D’où sors-tu, petit⁠⁠? Qui es-tu⁠⁠?⁠⁠»

«⁠Je… je suis Nick. J’ha­bite en haut.⁠⁠»

Elle m’a fait signe d’en­trer, je me suis avancé.

Le ma­ga­sin fai­sait com­merce de cho­co­lat, de pâ­tis­se­ries, c’était très joli, dé­coré avec des fleurs comme… comme… – j’ai com­pris en en tou­chant une qu’elles n’étaient pas vraies: elles étaient en pa­pier et en cire. J’ai revu en un éclair, loin dans mon sou­ve­nir, ma mère de­vant une pe­tite fe­nêtre, fa­bri­quant des fleurs comme celles-là tout en chan­tant en ita­lien. Pour­quoi avait-elle cessé de fa­bri­quer des fleurs ar­ti­fi­cielles⁠⁠? Pour­quoi avait-elle cessé de chan­ter⁠⁠? J’avais envie de pleu­rer, mais la cu­rio­sité a fini par prendre le des­sus.

Je n’au­rais, ce jour-là, pas su mettre un nom sur tout ce que je voyais étalé là, mais une chose était sûre: c’était bon à man­ger, et j’étais stu­pé­fait de­vant tant d’abon­dance.

Ce qui im­pres­sion­nait les clients au­tant que les pas­sants, c’était la ma­chine qui était dans la vi­trine, qu’un de ces hommes que je re­joi­gnais le soir au­tour de la table fai­sait fonc­tion­ner. Il s’ap­pe­lait Bat­tista Bolla, et j’ai fini par com­prendre que si le pa­tron des res­tau­rants était sans conteste Carlo Gatti, le maître cho­co­la­tier était M. Bolla. Il ré­pon­dait à mes ti­mides «⁠Buon­giorno⁠⁠» par de so­nores «⁠Good morrr­ning⁠⁠», mais à part ça, il ne com­pre­nait pas un mot d’an­glais. On se pres­sait, le nez collé contre la vitre à l’ex­té­rieur, la tête pro­je­tée en avant à l’in­té­rieur.

«⁠Qu’est-ce que tu fais⁠⁠?⁠⁠», ai-je de­mandé dans un mo­ment d’ac­cal­mie à l’ou­vrier qui as­sis­tait M. Bolla.

«⁠Le cho­co­lat qui va ser­vir à faire ces dra­gées, cette poudre qu’on vend aux clients.⁠⁠»

La jeune femme, Mary, m’a tendu une dra­gée brune.

«⁠Goûte!⁠⁠»

Et c’est ainsi que j’ai mangé du cho­co­lat pour la pre­mière fois de ma vie.

De­puis ce jour-là, j’ai par­tagé mon temps entre la cui­sine et le ma­ga­sin. J’étais fas­ciné par cette ma­chine avec sa grande roue, le broyage des fèves de cho­co­lat, le cho­co­lat li­quide qui cou­lait. Le reste s’ac­com­plis­sait dans une salle à l’ar­rière, mais tout cela avait lieu aux yeux de tous, et les gens s’ar­rê­taient sou­vent, en­traient, goû­taient, ache­taient.

À Mary aussi, je po­sais des ques­tions sur les mots écrits, elle ré­pon­dait pa­tiem­ment. Dans cette mai­son pleine de Tes­si­nois, elle était la seule An­glaise – une né­ces­sité, avait es­timé Zio Carlo, pour mieux ser­vir les clients, qui étaient gé­né­ra­le­ment an­glais.

Je ne sau­rais dire com­bien de temps cet état de choses a duré, et je ne sau­rais ex­pli­quer ce qui s’est passé dans ma tête. Le fait est qu’un jour, entre Mary et Agos­tino, j’ai su lire.

Pour moi, le plus fa­cile de tout, ce­pen­dant, c’étaient les nombres. Im­pos­sible de dire pour­quoi: c’étaient comme des êtres vi­vants, qui me par­laient, j’ai tout de suite com­pris le prin­cipe de l’ad­di­tion, j’en ai dé­duit celui de la sous­trac­tion. Je ne me sou­viens pas d’avoir ap­pris à mul­ti­plier et à di­vi­ser. Un jour ç’a été là, tout sim­ple­ment.

Je n’ai ja­mais su mon âge, mais je ne pou­vais pas avoir plus de six ans.

Bien en­tendu, sur le mo­ment, il m’a sem­blé que tout ce qui m’ar­ri­vait al­lait de soi, que ma tête n’était pas faite au­tre­ment que celle d’Agos­tino.

Entre-temps, j’étais de­venu comme un petit chien pour tous: la mai­son re­gor­geait de membres de la fa­mille Gatti. Agos­tino m’a vite ex­pli­qué que la mère de Rosa était l’une des rares épouses à avoir suivi son mari en An­gle­terre: les autres étaient «⁠à la val­lée⁠⁠», et cette val­lée était très loin, au-delà de la mer.

«⁠Même mon petit frère Ste­fano est en­core là-bas. Moi, je suis venu parce que mon père et mon oncle vou­laient ab­so­lu­ment que j’aille dans une bonne école, d’abord à Paris, puis ici. Je veux tra­vailler à Londres, quand je serai grand. Dans notre val­lée, il n’y a pas de quoi oc­cu­per tout le monde. Et, quand il y a du tra­vail, il est très mal payé.⁠⁠»

Les deux ou trois femmes qui s’oc­cu­paient de la mai­son étaient toutes de la fa­mille, mères ou épouses d’un des hommes. Nonna Gina m’avait adopté; dès que mes jambes m’ont à nou­veau porté, je l’ai aidée à sou­le­ver des choses lourdes, à pré­pa­rer les repas. Peu à peu, je com­men­çais à sai­sir son lan­gage, d’au­tant plus que, dans son dia­lecte, il y avait des mots ita­liens. Bref, dans cette cui­sine, dans cette mai­son, j’étais comme dans un cocon, et mes mal­heurs pré­cé­dents, le soir où j’avais pro­ba­ble­ment été à un doigt de la mort, au bord de l’ina­ni­tion, me sem­blaient loin­tains, presque ir­réels.

Cette pé­riode où j’ai ré­cu­péré des forces et où j’ai fini, je crois, par avoir l’air d’un en­fant comme les autres s’est ter­mi­née un soir où je re­gar­dais Zio Carlo pei­ner sur une ad­di­tion. Il a compté la­bo­rieu­se­ment, a fini par tra­cer un chiffre au bas de la co­lonne. Cent cin­quante-quatre.

C’est sorti de moi tout seul.

«⁠Mais non, Zio Carlo, ça ne fait pas cent cin­quante-quatre, ça fait cent cin­quante-sept.⁠»

Zio Carlo m’a re­gardé, d’abord d’un air sé­vère parce que je l’in­ter­rom­pais. Puis un petit sou­rire s’est des­siné sur ses lèvres.

«⁠Ah bon, le Zi­chi­nin sait comp­ter mieux que son oncle Gat­ton⁠⁠?⁠⁠»

Gat­ton, c’est l’aug­men­ta­tif de Gatti (chats) en dia­lecte de la val­lée. Tous ceux qui n’ap­pe­laient pas Carlo oncle usaient de ce sur­nom – mé­rité, d’ailleurs; même après avoir grandi, je ne suis ja­mais ar­rivé à sa hau­teur, et en­core moins à sa lar­geur. Là, il me re­gar­dait, le sour­cil haut levé.

«⁠Non, non… Z…Zio Carlo, je…⁠⁠»

«⁠D’abord, com­ment sais-tu que ça fait cent cin­quante-sept⁠⁠?⁠⁠»

Il a fallu qu’il pose la ques­tion trois fois pour que j’ose enfin ad­mettre:

«⁠Je ne sais pas.⁠⁠»

«⁠Et alors pour­quoi me dis-tu que ça fait cent cin­quante-sept⁠⁠?⁠⁠»

«⁠P…​parce que ça fait cent cin­quante-sept.⁠⁠»

Il a éclaté d’un grand rire.

«⁠Il a un culot, ce Zi­chi­nin! Viens, grimpe sur mon genou et montre-moi com­ment ça fait cent cin­quante sept.⁠⁠»

Bien en­tendu, je n’au­rais su com­ment lui ex­pli­quer. J’ai sim­ple­ment égrené tous les chiffres, fait des ad­di­tions in­ter­mé­diaires. Ça don­nait tou­jours cent cin­quante-sept.

Il a re­pris sa plume, a re­fait l’ad­di­tion, est ar­rivé au même ré­sul­tat que moi, s’est re­tourné, a posé les mains sur ses cuisses, m’a re­gardé droit dans les yeux, et a dé­crété:

«⁠À par­tir de de­main, tu viens à Hun­ger­ford avec moi, et tu tiens la caisse avec cet étourdi de Se­ra­fino qui passe son temps à se trom­per.⁠⁠»

Et ainsi, le len­de­main, j’ai quitté la mai­son, pour la pre­mière fois de­puis long­temps.

Lorsque Zio Carlo m'avait re­cueilli, on de­vait être au début de l'au­tomne, on al­lait main­te­nant vers la Noël. Dans ma vie pré­cé­dente de petit gar­çon af­famé (et pour ainsi dire aban­donné par une mère qui – si j'en crois mes sou­ve­nirs in­cer­tains –était sou­vent ivre), j'avais fré­quenté le mar­ché de Covent Gar­den, où l'on m'en­voyait ré­cu­pé­rer les lé­gumes flé­tris aban­don­nés en fin de jour­née, mais je n’avais ja­mais poussé jus­qu’au mar­ché de Hun­ger­ford, c'était trop loin pour moi.

J’ai par­couru le che­min entre Hol­born et Hun­ger­ford des cen­taines de fois de­puis, et il a fini par me pa­raître court, mais cette pre­mière fois je l’ai res­senti comme un voyage.

Nous de­vions por­ter de la nour­ri­ture et des pa­quets à Hun­ger­ford, aussi ce ma­tin-là – il fai­sait en­core sombre – Zio Carlo a pris un fiacre, un ha­ck­ney, comme on dit à Londres. Je n’avais ja­mais rien vu de pa­reil: les rues dé­fi­laient de­vant moi, j’avais à peine le temps d’en­tre­voir des gens, des mai­sons, à la lu­mière in­cer­taine des becs de gaz (là où il y en avait).

Le mar­ché de Hun­ger­ford res­sem­blait à celui de Covent Gar­den, mais il n’y avait pas plu­sieurs halles côte à côte, juste un seul très long bâ­ti­ment di­visé en trois par­ties, qui al­lait par pa­liers du Strand à la Ta­mise. La par­tie haute était ha­bi­tée, avec des ma­ga­sins au rez-de-chaus­sée, la par­tie cen­trale, dite Grand Hall, était en­tiè­re­ment com­po­sée de ma­ga­sins dis­po­sés au­tour d’un vaste qua­dri­la­tère, et le pa­lier le plus bas, qu’on re­joi­gnait en des­cen­dant un es­ca­lier, était le mar­ché aux pois­sons, qui était ap­pro­vi­sionné par la ri­vière.

Il y avait aussi le quai où ac­cos­taient les ba­teaux à va­peur qui trans­por­taient les pas­sa­gers aux des­ti­na­tions les plus va­riées le long de la ri­vière.

Le mar­ché de Hun­ger­ford était pour ainsi dire pris en sand­wich entre le tra­fic flu­vial et le tra­fic à che­vaux, car à l’autre bout, sur le Strand, à Cha­ring Cross, il y avait un ter­mi­nus de di­li­gences et de voi­tures di­verses, un lieu très animé de l’aube à la nuit, re­ten­tis­sant des cris des bo­ni­men­teurs, des hen­nis­se­ments des che­vaux, des ordres des pos­tillons, des voix du pu­blic qui sem­blait in­nom­brable à mes oreilles d’en­fant.

Dans le Grand Hall, Zio Carlo dis­po­sait de deux es­paces. Dans le plus petit il ven­dait cho­co­lat et confi­se­rie, du plus grand il avait fait un café, où il ser­vait ses dou­ceurs ac­com­pa­gnées de cho­co­lat chaud, de café, et d’autres bois­sons sans al­cool. Il y avait de pe­tites tables rondes en marbre, ve­nues de Paris m’a-t-on ex­pli­qué, aux­quelles étaient ac­co­lées des chaises, de grands mi­roirs, un lustre de cris­tal éclairé au gaz et des ban­quettes re­cou­vertes de ve­lours rouge le long des pa­rois, celle du fond étant oc­cu­pée par le ser­vice et la caisse.

J’ai été juché sur une chaise haute, aux côtés de Se­ra­fino. Dans le ha­ck­ney, Zio Carlo avait en­core une fois mis à l’épreuve ma ca­pa­cité d’ad­di­tion­ner et de sous­traire, il était main­te­nant sûr de son fait: le Zi­chi­nin sa­vait comp­ter, et ne se trom­pait pas.

«⁠C’est toi qui dé­ter­mines les prix, tu les dis à Ni­cola, il ad­di­tionne, et tu trans­mets⁠⁠», avait or­donné Zio Carlo à Se­ra­fino en ar­ri­vant. In­utile de pré­ci­ser que Se­ra­fino n’a pas vu cela d’un bon œil. C’était un gar­çon d’une quin­zaine d’an­nées, déjà grand et ba­ra­qué, les che­veux noirs et bou­clés et les yeux fon­cés, un adulte à mes yeux – et pro­ba­ble­ment aussi aux siens propres. Et on le flan­quait d’un être ché­tif, qui ne lui ar­ri­vait pas à la taille, pour le contrô­ler⁠⁠?

«⁠Se­ra­fino⁠⁠», a tonné Zio Carlo, «⁠Nick doit ap­prendre à tenir la caisse, et il se trouve qu’il sait ad­di­tion­ner, toi tu ad­di­tionnes mé­dio­cre­ment, et tu as envie de ser­vir aux tables plus que d’être im­mo­bi­lisé der­rière la caisse. Alors, ap­prends-lui ce que tu sais, lui il peut t’ap­prendre à faire de meilleures ad­di­tions si tu veux, et de­ve­nez amis.⁠⁠»

Nous avons fini, au bout d’un cer­tain temps, par ob­tem­pé­rer, et c’est Se­ra­fino qui a trouvé ce qui me pa­raît en­core au­jour­d’hui l’ex­pli­ca­tion la meilleure pour la bonté dont Zio Carlo a fait preuve à mon égard jus­qu’à son der­nier jour.

«⁠Tu sais quoi⁠⁠», m’a-t-il dit, «⁠ses yeux étaient gris, et ses che­veux châ­tains, mais à part ça il y a une pe­tite res­sem­blance entre son fils Ste­fano et toi. C’est pour ça que le Gat­ton t’aime bien et s’oc­cupe de toi.⁠⁠»

«⁠Ste­fano⁠⁠?⁠⁠»

«Oui, il se nom­mait ⁠Ste­fano, et il est mort le prin­temps der­nier, de même qu’une de ses pe­tites sœurs, Apol­lo­nia qu’elle s’ap­pe­lait. Une fièvre, à ce qu’on m’a dit.⁠⁠»

J’étais petit, mais je n’ai ja­mais ou­blié ce mo­ment.

J’ai éprouvé un sou­la­ge­ment in­tense: jusque-là, je m’étais senti comme im­puis­sant – on me don­nait, je pre­nais, que pou­vais-je faire d’autre⁠⁠? Tout à coup, il m’a sem­blé que moi aussi, j’avais quelque chose à don­ner. Je ne rem­pla­ce­rais ja­mais un vrai fils, mais je pou­vais au moins ma­ni­fes­ter de l’af­fec­tion. J’étais ti­mide et le Gat­ton était un homme bourru – mais cela ne m’a ja­mais dé­cou­ragé.

Screenshot 02.02.14 16:28

Carlo Gatti vers 50 ans (dans le cha­pitre que vous venez de lire, il en a 30)

PS. Si vous avez envie de vous ra­fraî­chir la mé­moire, vous trou­ve­rez les deux hu­meurs sur Carlo Gatti ici et ici La pre­mière sur­tout com­porte des images qui illus­trent assez bien ce pre­mier cha­pitre.

11 com­men­taires
1)
pe­le­rin
, le 15.09.2014 à 10:27

PS. Si vous avez envie de vous ra­fraî­chir la mé­moire, vous trou­ve­rez les deux hu­meurs sur Carlo Gatti ici et ici. La pre­mière sur­tout com­porte des images qui illus­trent assez bien ce pre­mier cha­pitre.

Sous ICI et ICI les deux liens com­mu­ni­qués sont iden­tiques…

Mais ce n’est pas cette co­quille qui en­lève l’en­vie de lire l’ou­vrage.

le pè­le­rin

2)
bo­re­lek
, le 15.09.2014 à 11:36

Ce livre est déjà pra­ti­que­ment com­mandé. Lire sur du pa­pier est tel­le­ment plus agréable que sur un écran que je vais m’éco­no­mi­ser dix mi­nutes de­vant un écran au­jour­d’hui.
Merci Anne.

3)
Anne Cuneo
, le 15.09.2014 à 14:04

@ Merci pè­le­rin, j’ai cor­rigé le deuxième lien. Par ailleurs, je dis dans l’in­tro­duc­tion que dans ce deuxième billet je par­ta­geais avec vous un ma­gni­fique texte de Rim­baud, mais ce n’est pas exact. Dans ce billet, Frank Pas­tor nous le si­gnale, mais ce n’est qu’une année plus tard, au ha­sard d’une re­marque d’Ysen­grin sur Rim­baud, que je vous ai donné ce texte à lire, ici.
Je m’en suis lar­ge­ment ser­vie, c’est une des meilleures – sinon LA meilleure – des­crip­tions de la tra­ver­sée du Go­thard avant le train, et en hiver, faites au mo­ment où se passe l’ac­tion du livre qui existent (en men­tion­nant la source, bien sûr, j’ai d’ailleurs donné toutes mes sources dans Gat­ti’s Va­rié­tés).

4)
Mo­dane
, le 15.09.2014 à 18:56

Je lirai plus tard, mais merci!

5)
Dom' Py­thon
, le 15.09.2014 à 19:10

Bien… je m’étais dit comme ça que j’al­lais lire La tem­pête des heures, et pis qu’après je m’achè­te­rais Le maître de Ga­ra­mond en pa­pier parce que je l’ai lu en e-book et que c’est un comble vu le sujet, et puis voilà que tu en sors un nou­veau, qui me cha­touille bien vu que je suis un gros consom­ma­teur de glaces…

Entre tes bou­quins, ceux de Roger, la fré­quen­ta­tion as­si­due de cuk, je suis en voie de « cué­ni­sa­tion »…

Mais tu sais quoi? Je ne me plains pas, au contraire!

Merci Anne pour ce nou­vel opus qui va bien­tôt me faire pas­ser quelques heures dé­li­cieuses!

6)
Franck Pas­tor
, le 16.09.2014 à 20:52

Et zut, un seul cha­pitre ? J’au­rais vo­lon­tiers dé­voré tout le bou­quin dans le même élan, tel­le­ment c’est bien écrit ! Par­tie re­mise, je vais pas­ser chez mon li­braire bruxel­lois fa­vori pour voir s’il peut le com­man­der.

7)
Ma­dame Pop­pins
, le 16.09.2014 à 22:19

Je me ré­jouis dou­ble­ment : te lire, Anne, et par­ta­ger ce livre avec mes amies fran­co­phones et fran­co­philes, en Al­le­magne et en Bel­gique no­tam­ment. Donc, merci !

8)
Anne Cuneo
, le 17.09.2014 à 03:31

@Frank Il ne de­vrait pas y aa­voir de dif­fi­culté à com­man­der. Sinon, tu peux en­voyer un mot à l’édi­teur. Il te l’en­voie par la poste
@mme Pop­pins La tra­duc­tion al­le­mande est déjà en route, si ja­mais.

9)
Fran­çois Cuneo
, le 17.09.2014 à 08:05

Ça part super bien, je passe chez mon li­braire l’ache­ter cet après-midi.

Merci!

10)
LC475
, le 21.09.2014 à 19:51

Vrai­ment envie de lire la suite ;)
Merci

11)
PiBa
, le 21.10.2014 à 16:34

Y aura-t-il une tra­duc­tion ita­lienne? Le seul ou­vrage en ita­lien sur les Gatti que je connais est celui de Pino Pe­duzzi, pu­blié à Bel­lin­zona en 1985 (Pio­nieri ti­ci­nesi in In­ghil­terra: la saga della fa­mi­glia Gatti, 1780-1980, Ca­sa­grande)