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Ministère de la vérité

Ministère de la Vérité

En cette période d'anniversaire pour les scorpions de mon genre, je voudrais marquer le coup de cette année Bill Brother par d'éternels remerciements. À François, d'abord, et à son équipe, pour son accueil extraordinaire dans les colonnes de cuk.ch (et son courage, rare par les temps qui courent). Et puis à vous, lecteurs qui m'avez, par vos réactions, récemment rassuré sur la qualité de la nature humaine, alors que j'avais, je dois le reconnaître, un peu perdu la foi devant une actualité pour le moins inquiétante. Peut-être devrais-je aussi remercier tous ces navrants dirigeants qui se préparent à laisser à nos enfants (c'est à dire les vôtres, je n'en ai pas) le monde dans un état bien pire que celui qu'ils ont trouvé en arrivant, mais qui, semble-t'il vont finir par énerver jusqu'aux plus calmes d'entre nous. Que ces parrains maladroits, inconscients ou cyniques s'en souviennent : nous les observons et ne sommes pas dupes de leurs agissements parfois terroristes, car ils n'ont pas le monopole des mots qui désignent le mal. Qu'ils prennent leurs responsabilités dans ce monde qu'ils laissent ou encouragent à se faire ainsi, et où, une affiche le rappelle en ce moment sur les murs de Paris, une personne meurt de faim toutes les quatre secondes…

Temps de cadeaux, donc, celui que vous me faites en réagissant par un sain débat à mes cris du cœur, et celui de l'élection de Lula, l'artisan de cet exemple d'une politique au service du peuple qu'est Porto Allegre, à la tête de ce grand pays qu'est le Brésil. Cadeau enfin, et cette fois c'est moi qui vous le rend, ce petit poème qui dit bien ce que je veux dire, ce que je veux faire, et qui souhaiterait vous encourager à passer inlassablement le virus du bien.

ministere de la verite

Puisque personne n’en veut
Tant qu’il n’est pas à vendre
Nous allons vendre des vœux
De l‘amour à entendre
Puisque rien ne le prouve
Aux yeux faux et sceptiques
Nous ferons qu’une brèche s’ouvre
Lumière entre deux briques
Puisque c’est la tristesse
Qui reste quand on a trop peur
Les veines qui s’engraissent
Nous dissoudrons l’horreur
Puisqu’ils ne veulent pas croire
Ce qu’il nous a fallu comprendre
Nous nous ferons un devoir
De les empêcher d’attendre
Puisque personne ne veut devenir
L’Homme prévu au programme
Nous allons bien dire que le pire
C’est jeter le bébé avec l’eau de l’âme
Puisqu’ils sont si intelligents
Ils ne pourront sous peine de démence
Se défiler indéfiniment
Ils se rendront à l’évidence
Puisqu’ils croient que ce qu’on leur donne
Est aussi bon que la télé l’indique
Les plaisirs auxquels ils s’adonnent
Leur vont comme des coups de trique
Puisqu’ils sont si malheureux
De devoir dire le contraire
Nous les rendrons généreux
Par quelques idées trempées dans leur bière
Nous le ferons en nous glissant
Par interstices dans la masse
Nécessaires quand nous sommes absents
Pour que se voie ce qui se passe
Et puisqu’ils sont aveugles
Nous serons transparents
Dans le troupeau qui meugle
Un silence effarant
Puisqu’il en est ainsi
Nous saurons pour notre cause
Multiplier le pain rassis
Jusqu’à ce qu’il devienne autre chose
Puisque personne ne sait
Ce qu’il est où il va
Nous transformerons l’essai
D’algorithmes en java
Puisque tout le monde fait pareil
À son idée inconsciente
Nous planterons dans leurs oreilles
Une balise patiente
Puisqu’ils auront voté
Nous serons leur gouvernement
ministere de la verite
De l’amour tout simplement

24/12/2000

6 commentaires
1)
Pas de blabla
, le 02.11.2002 à 10:12

Blablablablabla….

2)
Monsieur Belette
, le 02.11.2002 à 11:17

Ah… Pas super cette remarque…
Encore un excellent texte de comradE! J’attends impatiemment le samedi maintenant ;) (mais je viens quand même les autres jours, rassurez-vous)
C’est beau de parler du monde sur un site dont le but premier est l’informatique!

A propos du texte: comradE se réjouit de l’élection de Lula, mais même si c’est très certainement un humaniste plein de bonnes intentions, le Brésil n’est pas loin d’être un pays du tiers-monds (l’est-il déjà?), donc à moins de pouvoir faire des miracles, son arrivée ne changera pas grand-chose, hélas… Le monde n’est pas si beau tant que l’égalité n’est qu’une belle idée formulée dans cette inutile bien que pleine de bon sens déclaration des droits de l’homme.

3)
Michael
, le 02.11.2002 à 13:37

"La grandeur de l’homme réside dans le fait qu’il se sait misérable…" pascal

4)
Tibam
, le 02.11.2002 à 18:34

pourquoi faut.il que la première remarque d’un si magnifique texte (chapeau au comradE) soit (comme la plupart des premières remarques en fait, nous en avons déjà parlé… n’est-ce pas "dégouté"?) d’un dédain et d’une inutilité crasse?
Bref…
deux humeurs en un jour, tu as acceléré la production Camarade (DA!). et tout les deux sont très bien, comme d’habitude.
P.S. allez lire l’histoire sur le "troll suprême" via le lien dans l’humeur d’en dessus.

5)
commradE Ogilvy
, le 03.11.2002 à 14:23

Mais enfin voyons, "pas de blabla" ne faisait qu’exprimer son opinion, et encore, de façon suffisamment lapidaire pour n’ennuyer personne trop longtemps… Et cette opinion de lecteur est respectable, autant que les nôtres, non ? Puisqu’exprimée sans haine ni violence, ajouterai-je…
De plus, dans le fond, pourquoi ne pas enfin en parler, en extrapolant à notre modeste vie d’humains, il n’a souvent pas tort, il faut bien l’avouer…
La poésie est une science abrupte, a fortiori "nue", sans musique ni images, on n’a plus l’habitude ! "La poésie ne prend son sexe qu’avec la corde vocale", disait Ferré. Et puis, tout le monde n’est pas Prévert… ou Princess Erika !
Et puis si tout le monde devait penser d’accord, on serait en 1984 et je serais ministre de la verite ;-)

6)
commradE Ogilvy
, le 03.11.2002 à 14:28

Encore un peu de blabla.

J’ai cliqué un peu tôt pour ne pas avoir détronqué la citation du Maître :

"La poésie ne prend son sexe qu’avec la corde vocale comme le violon prend le sien avec l’archet qui le touche."

Ferré avait titré cet album magnifique (et le titre éponyme qu’il contient) : "Il n’y a plus rien". Pour qu’on se souvienne de ce qui compte ?