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Ta­bleaux d’une ex­po­si­tion – vi­site élec­tro­nique

Trois su­jets en un, au­jour­d’hui.

Une ap­pli­ca­tion.

Une ex­po­si­tion.

Un ar­tiste.

Je vais prendre les choses à l’en­vers.

L’ar­tiste d’abord. Ou plu­tôt les ar­tistes. Il s'agit deux frères, Tho­mas et Paul Sandby. Ils ont vécu en An­gle­terre au XVIIIe siècle. Tho­mas (1721-1798) était ar­chi­tecte, no­tam­ment chargé du châ­teau de Wind­sor, qui lui doit plu­sieurs des ad­jonc­tions et des ré­fec­tions com­man­dées par le roi pen­dant qu’il of­fi­ciait. L’autre, Paul (1731-1809), a d’abord tra­vaillé, entre autres à Wind­sor, grâce à son frère aîné, et s’est fait une ré­pu­ta­tion en tant qu’aqua­rel­liste. Tho­mas Gains­bo­rough, un des plus grands peintres de cette époque où la pho­to­gra­phie n’exis­tait pas en­core, a dit de lui: «Si on veut avoir une bonne idée de ce qu’est la Na­ture dans ce pays, il n’y a pas de meilleur ar­tiste que Sandby.» Il a aussi été qua­li­fié de «père de l’aqua­relle».

 Poster

L’ex­po­si­tion est si­gnée des deux frères, mais la plu­part des aqua­relles ex­po­sées sont de Paul.

A deux siècles et demi de dis­tance, on peut ajou­ter que Paul Sandby offre éga­le­ment «une bonne idée» des gens, car ses aqua­relles sont tou­jours “ha­bi­tées”, et on peut ainsi se faire une idée, que je qua­li­fie­rai même d’ex­cel­lente, de la vie quo­ti­dienne de l’époque: cos­tumes, mé­tiers, vé­hi­cules, mais aussi at­ti­tudes, dis­tance entre les strates so­ciaux, sen­ti­ments.H. VIII Gate P

La Porte Henri VIII, avec sa garde, son pu­blic et ses tra­vailleurs. (Paul Sandby)

Après la mort de Paul Sandby, ses aqua­relles ont conti­nué à se vendre, et les rois et reines suc­ces­sifs d’An­gle­terre ont tenté de consti­tuer une col­lec­tion de vues du châ­teau de Wind­sor, qui est l’une de leurs ré­si­dences of­fi­cielles de­puis bien­tôt un mil­lé­naire. Les ont-ils ache­tées toutes, je ne peux l’af­fir­mer, mais en tout cas la Fon­da­tion des Col­lec­tions royales d’An­gle­terre en pos­sède suf­fi­sam­ment pour mettre sur pied une ex­po­si­tion, que l’on peut voir ac­tuel­le­ment (jus­qu’au 5 mai) lorsque l’on vi­site le châ­teau de Wind­sor.

Paul Sandby, par Philip Jean (1787)

Paul Sandby, par Phi­lip Jean (1787) Si vous allez ici, vous pou­vez, en pas­sant sur le por­trait avec votre sou­ris, voir les dé­tails les plus mi­nimes, no­tam­ment le car­net de cro­quis de Paul Sandby

 

Com­ment in­té­res­ser le pu­blic?

Il suf­fit de jeter un re­gard dis­trait sur une des œuvres de l'un des Sandby pour se rendre compte ce sont de grands ar­tistes. Les peintres les plus émé­rites ont dit d'eux le plus grand bien. Mais il n’en reste pas moins que Paul et Tho­mas Sandby étaient lar­ge­ment ou­bliés hors des cercles où l’on s’in­té­resse à l’his­toire de l’art en gé­né­ral et à celle de l’aqua­relle en par­ti­cu­lier. 

Pour in­té­res­ser le pu­blic, les com­mis­saires de l’ex­po­si­tion ont eu deux idées gé­niales. Une ap­pli­ca­tion que l’on se pro­cure gra­tui­te­ment sur l’Apple Store et qui va aussi bien pour l’iPad que pour l’iPhone. Et un site in­ter­ac­tif.

Je suis per­sua­dée que si vous allez au châ­teau de Wind­sor et que vous voyez les ori­gi­naux, tant la vi­site que la vue des ori­gi­naux vous pro­cu­re­ront un plai­sir sans pa­reil. Mais si vous êtes comme moi, et que vous ne pou­vez pas aller à Wind­sor d’ici le 5 mai, on a pensé à vous – vous ne serez pas exclu.

L’ap­pli­ca­tion d’abord.

Lorsque vous l’ou­vrez, vous avez une vue aé­rienne de Wind­sor et de la bour­gade qui l’en­toure. Cette vue est par­se­mée de pe­tits rec­tangles. Vous pas­sez un doigt dis­cret sur un rec­tangle, vous lisez le titre de l’aqua­relle. Vous in­sis­tez, vous avez l’aqua­relle tout en­tière.

Screenshot 16.03.14 21:59

Tous les lieux d'où les aqua­relles ont été prises. Avec un petit coup du doigt, elles l'agran­dissent.

 Vous pou­vez la voir sans ban­deau, avec ban­deau de titre en haut et en bas, et vous pou­vez élar­gir le ban­deau du bas, vous ob­tien­drez des ren­sei­gne­ments plus com­plets sur l’aqua­relle. Vous pou­vez éga­le­ment, si vous êtes sur place, prendre votre propre photo de l’en­droit.

Long walk old

Flou non voulu, il vient du site…  Voici The Long Walk, ou  Longue pro­me­nade en 1770

Et si vous n’êtes pas sur place, l’ap­pli­ca­tion a pensé à vous: de chaque aqua­relle, il existe une photo prise à l’en­droit pré­cis où le peintre avait posé son che­va­let. Vous voyez le bou­ton à droite? Vous le faites glis­ser vers le bas et vous pas­sez de l’aqua­relle à la photo, vous le faites glis­ser vers le haut, vous re­ve­nez à l'aqua­relle.

Long walk new

 

…et voici The Long Walk au­jour­d'hui. (Photo non si­gnée)

 

Dans le menu qui est sur la gauche, il y a une op­tion pour voir les aqua­relles sans pas­ser par la carte, pour voir aqua­relle et photo côte à côté, et pour vous in­for­mer.

Je passe main­te­nant au site in­ter­net.

Toutes les aqua­relles sont là: vous cli­quez sur l’une d’entre elles, elle s’agran­dit.

Et si vous vou­lez la voir en­core mieux, vous avez deux op­tions: cli­quer sur le bou­ton «Down­load this image», elle rem­plira votre écran. Ou cli­quer n’im­porte où sur l’image et vous ver­rez, très agrandi à droite, le dé­tail qui vous in­té­resse (ici le ra­mo­neur et son gar­çon ainsi que l’ai­gui­seur). Cette ma­nière d’étu­dier les images vous per­met de dis­tin­guer les dé­tails de l’ha­bille­ment, d’aper­ce­voir les pe­tits ani­maux qui se pro­mènent dans l’image, de voir que chaque per­son­nage est peint avec son ca­rac­tère, son sen­ti­ment du mo­ment (ennui, cu­rio­sité, ad­mi­ra­tion, ef­fort, in­dif­fé­rence).

Tot+détail

Voici l'image que j'ai donné en to­tale plus haut: vous pas­sez sur les dé­tails avec la sou­ris, et vous les avez en grand. Ici, dans le carré clair, le ra­mo­neur, son petit as­sis­tant, l'ai­gui­seur.

J’ai passé des heures à re­gar­der des dé­tails, et les quelques amis que j’ai in­ci­tés à té­lé­char­ger l’ap­pli­ca­tion m’ont dit avoir fait de même.

R Tower P

Voici une aqua­relle de l'es­ca­lier de la Tour ronde. Je vous re­com­mande de cli­quer des­sus pour la voir en très grand, et ad­mi­rer la ri­chesse des dé­tails. (Paul Sandby)

L'ap­pli­ca­tion (gra­tuite sur l'Apple Store, je le rap­pelle) se nomme, comme l’ex­po­si­tion, «Cap­tu­ring Wind­sor Castle».

A vous main­te­nant!

Screenshot 16.03.14 22:43

Une pe­tite der­nière pour la route: le Cloître du Fer à che­val et la Tour du couvre-feu (par Paul, tou­jours). Re­mar­quez com­ment il en pro­fite pour do­cu­men­ter le tra­vail sur un chan­tier de construc­tion.

 

 

5 com­men­taires
1)
Mo­dane
, le 18.03.2014 à 05:24

Assez in­croyable, pour de l’aqua­relle!
Merci!

2)
Da­nielH
, le 18.03.2014 à 06:49

Su­perbe,très belle dé­cou­verte et de plus l’ap­pli­ca­tion pour se per­mettre la une vi­site gui­dée des lieux, c’est sympa…

4)
Iris
, le 18.03.2014 à 18:01

Merci beau­coup Anne pour cette ap­pli­ca­tion que je vais té­lé­char­ger sans faute en at­ten­dant mon pro­chain week-end chez Ba­bette…

5)
Dom' Py­thon
, le 22.03.2014 à 09:46

Un peu tar­di­ve­ment, merci!

Et plus par­ti­cu­liè­re­ment pour l’aqua­relle de l’es­ca­lier de la Tour ronde. Elle est un exemple de ce qui me touche par­ti­cu­liè­re­ment dans l’art pic­tu­ral: lorsque que j’ai l’im­pres­sion que le sujet prin­ci­pal de l’oeuvre est plus la lu­mière que les ob­jets et per­son­nages qui s’y trouvent re­pré­sen­tés.

Mais je parle dans ce cas-ci plus de l’im­pres­sion gé­né­rale que de l’étude at­ten­tive des dé­tails. Il y a, me semble-t-il, quelques in­co­hé­rences dans les ombres. Ou bien?