Une bande dessinée de super-héros ? Présentation de la réédition des aventures d’un héros qui a bercé mon enfance.

J’ai grandi avec des personnages qui m’ont obsédé toute mon jeunesse. Petit garçon, je lisais énormément de bandes dessinées et plus particulièrement les revues Strange, Spécial Strange, Spidey de l’éditeur lyonnais Lug qui s’était spécialisé, entre autres,dans la traduction de comics américains de l’éditeur Marvel. Pendant des années, on a tenté de me convaincre que ces histoires étaient pour les gamins et on me regardait un peu de cet air condescendant qu’ont les adultes lorsqu’ils constatent que vous ne voulez pas grandir. Si aujourd’hui, le genre a acquis une certaine légitimité auprès des lecteurs de bandes dessinées, ce ne fut pas toujours le cas. Je dois bien avouer qu’à l’époque, les moqueries passaient sur moi, tant j’étais persuadé de la richesse de ce que je lisais, tant étaient naïfs tous les jugements à l’emporte-pièce que j’entendais.

Trente ans plus tard, j’en suis toujours convaincu. J’ai grandi avec des personnages merveilleux comme les X-men, Daredevil ou l’Araignée (comme on le nommait encore) et je les lis toujours avec passion. Bien sûr, parfois, je me fâche avec eux parce que les scénaristes ne respectent pas certains traits de caractère des personnages et les (me) trahissent un peu pour le meilleur (parfois) ou pour le pire ( de plus en plus souvent, mais je n’exclus pas de devenir passéiste…).

Dans toutes ces revues, quelques personnages de création française ont tenté leur chance avec brio. Parmi eux, deux héros m’ont particulièrement marqué. Photonik l’homme lumière et Mikros le titan microcosmique.

En janvier dernier, j’ai précommandé la réédition du premier que je viens de recevoir. Et ça valait le coup d’attendre…

Photonik ! PHOTONIK ! Bon, il faut peut-être que je vous explique un peu qui c’est ce brave garçon. Taddeus Tenterhook est un jeune homme qui, par bien des égards, ressemble à Peter Parker, mieux connu sous le pseudonyme de Spider-Man. Comme lui il est complexé, mais là où Peter était un binoclard chétif et passionné de science, Taddeus est bossu et passionné de sciences. Là où l’Araignée était piquée par une bestiole radioactive, Taddeus est victime d’un accident de Luminotron qui lui donne des pouvoirs en rapport avec la lumière. Je passe sur les familles adoptives en précisant juste que celle de Taddeus est horrible, contrairement à celle de Peter. Certes, certes, j’en devine certains se gaussant déjà du manque d’originalité de tout cela… Et pourtant !

Sur un canevas somme toute classique pour du super-héros, Ciro Tota (qui signait à l’époque Cyrus Tota), le scénariste et dessinateur allait nous emmener dans un tourbillon d’aventures passionnantes. À la différence de Spider-Man, Photonik est un héros voyageur, ses histoires ne sont pas cantonnées à New-York. On visite un peu l’Afrique, on rencontre des Indiens ou bien des vampires. Le personnage est accompagné de deux acolytes, le docteur Siegel qui lit dans les pensées et déplace les objets à distances et un jeune garçon, Tom Pouce, affublé de bottes à réacteur, d’un lance-pierre et surtout d’une insolence enthousiasmante pour l’enfant que j’étais.

Graphiquement, la quasi-totalité est dessinée par Tota qui signe des planches très dynamiques. À l’origine, la série est parue dans les revues Mustang puis Spidey en couleurs. La réédition des éditions Black and White est en noir et blanc, ce qui rend davantage justice au trait de l’auteur.

L’édition est luxueuse et n’a qu’un défaut : le tirage est (pour l’instant ?) limité à 500 exemplaires, ce qui va priver du monde de la (re-)découverte de ce héros attachant. En tout cas, pour ma part, je suis ravi de cet achat et la petite maison d’édition peut déjà compter sur moi pour le tome 2.