Ri­chard III tel qu’en lui-même – 500 ans après

Qui était Ri­chard III d'An­gle­terre?

Si on vous po­sait cette ques­tion, vous vous sou­vien­driez de ce que vous avez vu sur scène (écrit par Sha­kes­peare), ou de ce que vous a ra­conté quel­qu’un qui l’avait connu à tra­vers Sha­kes­peare, et vous di­riez: un monstre bossu, un usur­pa­teur, un as­sas­sin, cruel, bru­tal, et mé­ri­tant com­plè­te­ment le cri poussé sur le champ de ba­taille lors de sa mort: «La vic­toire est à nous, le chien fé­roce est mort.»

Pour écrire sa pièce, près d’un siècle après la mort du der­nier roi d’An­gle­terre de la mai­son Plan­ta­ge­net (il a vécu de 1453 à 1485), Sha­kes­peare, en bon écri­vain de textes his­to­riques, a cher­ché une source aussi proche que pos­sible du mo­ment où Ri­chard avait vécu, et il en a trouvé une dont il pen­sait qu’elle mé­ri­tait d’être sui­vie, écrite par un écri­vain qu'il res­pec­tait: Tho­mas More.

Ce qu’il n’a pas vu (pas pu voir), c’est que sa source était en fait un texte de pro­pa­gande.

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Ri­chard III, roi d'An­gle­terre. Copie d'un ori­gi­nal perdu exé­cu­tée vers 1500 (Na­tio­nal Por­trait Gal­lery, Londres)

Je re­prends à zéro.

Ri­chard III est de­venu roi en 1483, pen­dant une pé­riode très agi­tée de l’his­toire d’An­gle­terre, la guerre ci­vile (dites des Deux roses) fai­sait rage, car deux branches de la fa­mille royale, les York et les Lan­cas­ter (toutes deux Plan­ta­ge­net) es­ti­maient avoir droit au trône d’An­gle­terre. Pour qui s'in­té­res­se­rait à l'ori­gine de ce conflit et li­rait l'an­glais, je re­com­mande le splen­dide roman his­to­rique de Anya Seton Ka­the­rine (hélas non tra­duit).

Le cou­ron­ne­ment de Ri­chard avait eu lieu dans un mo­ment par­ti­cu­liè­re­ment confus, et aus­si­tôt il avait été at­ta­qué de toutes parts par ses pairs, alors même que la po­pu­la­tion lui ma­ni­fes­tait un at­ta­che­ment dont il reste de nom­breux té­moi­gnages. Au bout de deux ans, un de ses loin­tains pa­rents gal­lois, Henri Tudor, a lancé et réussi un coup d’Etat, a cor­rompu une par­tie de l’en­tou­rage de Ri­chard, est parti en guerre contre lui, et l’a tué au cours de la ba­taille de Bos­worth en 1485. 

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La ba­taille de Bos­worth a eu lieu le 22 août 1485 (gra­vure He­ri­tage Images)

Une chose est claire comme de l’eau de roche, et n’est contes­tée par per­sonne: Henri Tudor n’avait aucun droit au trône d’An­gle­terre. Il était un pa­rent si loin­tain qu'avant lui, il y avait une cen­taine de pré­ten­dants lé­gi­times. L’usur­pa­teur, c’était lui. Mais il a été un usur­pa­teur ha­bile: il s’est as­suré du bon vou­loir d’une par­tie suf­fi­sante de la no­blesse pour pou­voir se pro­cla­mer roi. Même après qu’il a réussi son coup, il y avait ce­pen­dant en­core au­tour de lui de nom­breux pré­ten­dants lé­gi­times au trône, de vrais Plan­ta­ge­nets. Au mo­ment de sa mort Ri­chard était veuf sans en­fants, mais il avait quatre soeurs, qui toutes avaient une pro­gé­ni­ture assez nom­breuse. Henri Tudor, de­venu Henri VII, les a éli­mi­nés presque tous (et di­sons en pas­sant que son fils Henri VIII, puis sa pe­tite fille Eli­sa­beth I se sont dé­bar­ras­sés de la plu­part de ceux qui lui avaient échappé). Il en est resté quelques-uns, qui étaient in­con­nus des Tudor, ou qui leur avaient échappé en quit­tant l'An­gle­terre.

Après quoi Henri VII s’est mis en de­voir d’uti­li­ser une tech­nique connue: noir­cir l’ad­ver­saire qu’il avait tué et ne pou­vait plus se dé­fendre, et lui im­pu­ter les crimes qu’il avait lui-même com­mis.

Pour ce faire, il a eu deux com­plices.

Tout d’abord l’his­to­rien John Rous (1411-1492), un tourne-ca­saque. Pen­dant le règne de Ri­chard III, il a écrit à son pro­pos que c’était «un bon sei­gneur, qui veillait au bien-être de ses su­jets, et pu­nis­sait les op­pres­seurs du petit peuple».

Une fois que Ri­chard est mort, il a passé au ser­vice d’Henri VII et a tracé de Ri­chard, dans son His­to­ria Regum An­gliae (His­toire des rois d’An­gle­terre) un por­trait ré­vol­tant (et fan­tai­siste): il en a fait une sorte de monstre, né avec toutes ses dents et les che­veux longs après être resté deux ans dans le ventre de sa mère. Pour lui, Ri­chard était laid de par­tout: de­dans c’était un as­sas­sin, un être fon­da­men­ta­le­ment mé­chant et amo­ral, et cela se re­flé­tait à l’ex­té­rieur par un corps dé­formé, une bosse, une jambe plus haute que l’autre, un bras ra­bou­gri. Il lui at­tri­bue l’as­sas­si­nat de ses pré­dé­ces­seurs im­mé­diats, et il pré­tend qu’il a em­poi­sonné sa femme. 

Le se­cond com­plice a été Sir Tho­mas More, chan­ce­lier du roi Henri VIII (le fils d’Henri VII) qui, en s’ap­puyant sur Rous, a fait plai­sir au roi en tra­çant un por­trait fé­roce du pauvre Ri­chard.

Et le coup de grâce a été donné par le chef d’oeuvre de Sha­kes­peare, qui ne se sou­ciait pas d’exac­ti­tude his­to­rique, mais cher­chait à créer un per­son­nage qui frap­pe­rait les es­prits. Il s’est basé es­sen­tiel­le­ment sur More, mais on ne peut pas l’ac­cu­ser d’avoir écrit, quelque quatre-vingts ans plus tard, un texte de pro­pa­gande: il ne sa­vait pas.

Une fois que la pièce a fait son effet, d’abord en An­gle­terre, puis ailleurs, la ré­pu­ta­tion du pauvre Ri­chard a pris un coup dont il se­rait dif­fi­cile de la re­le­ver.

Et pour­tant… 

Il existe déjà quelques his­to­riens de l’époque Tudor qui ont froncé le sour­cil et ont es­sayé de don­ner une autre ver­sion de l’his­toire de Ri­chard. Dès 1605, c’est à dire juste après la mort de la der­nière Tudor (Eli­sa­beth I), William Cam­den, le plus grand his­to­rien an­glais de son temps, écrit:

«Ri­chard était peut-être un mé­chant homme, mais les lois qu’il a faites sont bonnes.»

Son contem­po­rain Fran­cis Bacon sou­ligne, lui aussi, que «c’était un ex­cellent lé­gis­la­teur, il pre­nait soin du bien et de la sa­tis­fac­tion des ci­toyens or­di­naires.»

Autre contem­po­rain des deux his­to­riens, George Buck, des­cen­dant d’un par­ti­san de Ri­chard, a dé­noncé «les af­fir­ma­tions im­pro­bables et les scan­dales fan­tai­sistes» im­pu­tés au roi as­sas­siné. Il di­sait avoir trouvé des do­cu­ments qui prou­vaient que toutes les al­lé­ga­tions étaient fausses.

Au cours des siècles, il s’est trouvé de temps à autre un his­to­rien pour af­fir­mer que les Plan­ta­ge­nets as­sas­si­nés soi-di­sant par Ri­chard avaient en fait été tués par Henri VII après la mort de Ri­chard, et que les «preuves» d’autres crimes n’étaient que de la pro­pa­gande.

Mais ces ti­mides voix se sont pra­ti­que­ment per­dues dans le mael­ström des opi­nions né­ga­tives.

Au XXe siècle les voix en fa­veur de Ri­chard se sont mul­ti­pliées, mais elles conti­nuent à avoir de la peine à se faire en­tendre – ou plu­tôt elles conti­nuaient à avoir de la peine à se faire en­tendre: de­puis quelques dé­cen­nies, des études très sé­rieuses ont surgi, ba­sées sur des do­cu­ments au­then­tiques in­ter­pré­tés dans leur contexte. Peu à peu, on a com­mencé à les en­tendre. Une des plus grandes, et des plus belles contri­bu­tions à la ré­ha­bi­li­ta­tion de Ri­chard III est le roman de Jo­se­phine Tey La Fille du temps, et si vous devez lire un seul livre, c’est ce­lui-là: la re­cherche du vrai Ri­chard III y est ra­con­tée sous forme de roman po­li­cier, et basée sur une re­cherche his­to­rique en béton. C’est pas­sion­nant. Pour ceux qui lisent l'an­glais dans sa langue ori­gi­nale le livre s'ap­pelle The daugh­ter of Time.

Mais la ce­rise sur le gâ­teau est venue ces douze der­niers mois: on a re­trouvé les restes de Ri­chard III.

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Les restes de Ri­chard III re­po­saient par deux mètres en­vi­ron de fond. Les ar­chéo­logues de l'uni­ver­sité de Lei­ces­ter les ont trouvé en sui­vant des des­crip­tions d'époque. Lorsque le couvent a été rasé au sol au mo­ment de la ré­forme, on n'a tou­ché ni les sous-sols, ni le ci­me­tière. (Photo Uni­ver­sité de Lei­ces­ter)

Après la ba­taille de Bos­worth, un champ loin de tout, son ca­davre avait été trans­porté à Lei­ces­ter, pour que tout le monde voie qu’il était bien mort, puis il avait été en­se­veli à la sau­vette(nu, sans cer­cueil) dans le ci­me­tière du couvent des Fran­cis­cains près de la ca­thé­drale. Il était le seul roi d'An­gle­terre a n'avoir pas été en­terré en grande pompe.

Le couvent des Fran­cis­cains a dis­paru de­puis le XVIe siècle déjà, sans que per­sonne ne re­pense à Ri­chard, et en 2010, l’en­droit était oc­cupé par un par­king. Des his­to­riens se sont alors de­mandé s’il se­rait pos­sible de re­trou­ver les restes du roi (on n'était plus sûr de rien, em­pla­ce­ment, ma­nière dont le couvent avait été dé­truit – avec ou sans les sous-sols?), et je ne peux pas vous ra­con­ter toute l’his­toire, mais la conclu­sion c’est que oui, ils les ont re­trou­vés, ils ont re­cons­ti­tué le sque­lette, ils ont pré­levé de l'ADN qu’ils ont en­suite com­paré à l'ADN de deux des des­cen­dants en ligne di­recte de Ri­chard, ou plu­tôt de ses sœurs, et les trois ADN étaient ri­gou­reu­se­ment iden­tiques. Pour ce qui est de la gé­néa­lo­gie, les An­glais sont très forts, et ils le sont par­ti­cu­liè­re­ment lors­qu'il s'agit des rois d'An­gle­terre.

Avec le crâne on a re­cons­ti­tué, en uti­li­sant les mé­thodes de la po­lice scien­ti­fique, le vi­sage – et oui, c’est bien Ri­chard. Sur ses por­traits il a les rides du souci. La re­cons­ti­tu­tion le montre jeune et beau.

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Copie d'un autre ori­gi­nal perdu, elle date des an­nées 1580-1600 (Na­tio­nal Por­trait Gal­lery, Londres)

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...​et re­cons­ti­tu­tion du vi­sage à par­tir du crâne en uti­li­sant les mé­thodes de la po­li­cie scien­ti­fique – il ne manque que les rides qui re­flètent les sou­cis du roi. (Photo Uni­ver­sité de Lei­ces­ter)

La re­cherche mo­derne a éta­bli deux choses.

1) Il n’existe pas de por­trait d’époque de Ri­chard, mais il existe deux co­pies de por­traits d’époque faites au début du XVIe siècle, et nous par­lons d’un temps où un co­piste s’en­or­gueillis­sait d’être fi­dèle à l’ori­gi­nal. Les co­pies qui existent montrent un Ri­chard droit dans ses bottes. Mais elles avaient été re­tou­chées plus tard pour qu’il pa­raisse bossu. L’exa­men mo­derne des toiles a clai­re­ment mon­tré les re­touches, et si vous allez au­jour­d’hui à la Ga­le­rie des por­traits de Londres, vous les ver­rez res­tau­rés tels qu’ils ont été peints. Pas de bosse.

2) La ré­cente dé­cou­verte du sque­lette de Ri­chard a dé­mon­tré qu’il était at­teint d’une sco­liose, et que par consé­quent son côté droit et son côté gauche n’étaient pas 100% pa­ral­lèles. Mais c’est une dé­for­ma­tion qui ne dé­forme pas le corps de la ma­nière dé­crite par les pre­miers pro­pa­gan­distes. Ses jambes étaient de même lon­gueur, ses bras par­fai­te­ment nor­maux. Elle montre aussi qu’il a été tué par des coups mul­tiples, le plus sé­vère ayant été as­sené par der­rière  - ana­thème dans les lois de la ba­taille de l’époque, mais il faut dire que ceux sur qui il comp­tait ont tourné ca­saque sur le champ de ba­taille même, on ne peut plus par­ler d’hon­neur.

Ce se­rait trop long d’ex­pli­quer ici com­ment les cher­cheurs sont re­mon­tés jus­qu’aux des­cen­dants de Ri­chard, mais je vous en­cou­rage vi­ve­ment, si vous savez l’an­glais d’al­ler voir ces pe­tites vi­déos. Tout y est ex­pli­qué par le menu.

Quoi qu’il en soit, Ri­chard va enfin avoir droit à un en­ter­re­ment de roi, avec pompe et mo­nu­ment. La cou­tume vou­drait que ce soit dans l'église la plus proche de la tombe, donc la ca­thé­drale de Lei­ces­ter, mais York où sont en­ter­rés d'autres membres de sa fa­mille di­recte,  es­ti­mait qu'il doit re­po­ser en sa bonne ville de York dont il ve­nait, qui le connais­sait, et qui lors­qu’il est mort a pris col­lec­ti­ve­ment le deuil. Les éche­vins ont noté dans les re­gistres com­mu­naux que «notre bon roi Ri­chard, qui a régné sur nous avec bien­veillance, a été pi­toya­ble­ment as­sas­siné suite à la grande tra­hi­son du duc de Nor­folk et de nom­breux autres, pour la plus grande tris­tesse de cette cité».

Aux der­nières nou­velles, Ri­chard aura droit à des fu­né­railles de roi au début de 2014. Une der­nière au­dience de tri­bu­nal est pré­vue pour le 26 no­vembre: on saura alors (ou quelques jours plus tard) si Ri­chard re­po­sera à York ou à Lei­ces­ter. Quoi qu'il en soit il pourra enfin être perçu tel qu'en lui-même...

Pour conclure, je laisse la pa­role au pro­fes­seur Lin Fox­hall, membre de la Fa­culté d’ar­chéo­lo­gie de l’uni­ver­sité de Lei­ces­ter qui a dé­cou­vert, pris en charge et étu­dié les restes du roi en uti­li­sant à la fois les mé­thodes de l'ar­chéo­lo­gie et de la po­lice scien­ti­fique.

«On a long­temps dit que Ri­chard III était un monstre, mais nos dé­cou­vertes montrent que c’était plus com­pli­qué que ça. Nous sa­vons avec cer­ti­tude qu’il avait une dé­for­ma­tion de la co­lonne, mais qu’il n’était pas bossu. C’était un homme actif qui met­tait la main à la pâte. Il al­lait à la chasse, et s’adon­nait aux sports de son temps, mais il était mince et pas très grand.» En ad­di­tion­nant la re­lec­ture des do­cu­ments d'époque, des lois qu'il a édic­tées, et la dé­cou­verte du sque­lette, «on per­çoit un ca­rac­tère bien plus nuancé que le mé­créant pro­duit par Sha­kes­peare.»

En­core un ef­fort, et avec ses su­jets nous pour­rons enfin par­ler, nous aussi, un demi-mil­lé­naire plus tard, du «bon roi Ri­chard».

La vé­rité est fille du temps.

14 com­men­taires
1)
iYan­nick
, le 19.11.2013 à 00:28

Merci pour ce bel ar­ticle, Ri­chard III n’a pas vrai­ment été bien traité après sa mort, es­pé­rons que dé­sor­mais cela soit le cas !

Je reste stu­pé­fait du rôle que te­nait Tho­mas More dans cette cam­pagne de dé­ni­gre­ment, si je me sou­viens bien de ce que j’ai lu à son sujet, il était quel­qu’un de très pieu et de très droit, cela m’étonne qu’il ait pris part à ça. Bon ok il était sous le règne des Tudor, mais même s’il a fait une grande car­rière po­li­tique sous Henry VIII, cela ne l’a pas em­pê­ché de s’éle­ver contre le roi (cela lui a coûté sa tête ce­pen­dant).

2)
Rit­chie
, le 19.11.2013 à 08:05

Très in­té­res­sant !

Si on fai­sait comme pour les tré­sors juifs de la 2ème guerre mon­diale, on pour­rait re­don­ner le trône d’An­gle­terre aux Plan­ta­ge­net …

3)
Ma­dame Pop­pins
, le 19.11.2013 à 09:42

Un de mes (rares) re­grets par rap­port à ma sco­la­rité, c’est d’avoir dormi au fond de la classe à côté du ra­dia­teur du­rant les cours d’his­toire : à 15 ans, je ne voyais vrai­ment pas pour­quoi je de­vrais m’in­té­res­ser à des vieilles pierres et des morts.

Au­jour­d’hui, tu m’offres une su­perbe leçon de rat­tra­page, merci !

4)
Jean Claude
, le 19.11.2013 à 10:51

Merci pour cette leçon d’his­toire vi­vante.

Au­jour­d’hui nous n’at­ten­dons plus la mort du roi, voire du pré­sident pour en faire une image sou­vent loin de la réa­lité. On a même em­prunté un terme à l’an­glais le “ba­shing”.

Donc More, et avant lui Rous fai­saient du “ba­shing Ri­chard III”.

6)
mi­kélé
, le 19.11.2013 à 14:14

Ar­ticle très in­té­res­sant !

Mais cette lec­ture m’in­ter­pelle : on dit “DNA” et pas “ADN” en Suisse fran­co­phone ?

7)
Tron­che­DeS­nake
, le 19.11.2013 à 17:13

Moi, l’his­toire, tu vois, je ne m’y suis ja­mais vrai­ment in­té­ressé.
Moi, Sha­ke­peare, tu vois, je n’ai ja­mais lu.
Moi, Ri­chard III, tu vois…

Mais Anne Cunéo, moi, tu vois, je lis! Et je ne re­grette ja­mais! Et en li­sant cet ar­ticle, je suis très ra­pi­de­ment passé d’un in­té­rêt dé­cidé à un in­té­rêt plus réel. Vrai­ment!

Au sor­tir de cette lec­ture, je me pose une ques­tion: quelle consé­quence ce genre de dé­cou­verte peut avoir sur le tra­vail d’in­ter­pré­ta­tion et de mise en scène de la pièce de Sha­kes­peare?

En tout cas je re­tiens la ré­fé­rence de La fille du temps pour une pro­chaine lec­ture.

Merci pour cet ar­ticle!

8)
marc­di­ver
, le 19.11.2013 à 19:33

j’adore ! Merci !

9)
Franck Pas­tor
, le 19.11.2013 à 22:29

Quand je lirai « Ri­chard III » (car je ne l’ai tou­jours pas lu), je le lirai donc moins bête. Merci Anne !

10)
Anne Cuneo
, le 20.11.2013 à 15:52

J’étais com­plè­te­ment ab­sor­bée hier par un tra­vail urgent, j’en ai même ou­blié que c’était mardi, et que mon “re­por­tage” pa­rais­sait. Merci pour les com­pli­ments. J’ai tou­jours eu une af­fec­tion par­ti­cu­lière pour Ri­chard III, un très bon roi, et je suis tou­jours du côté de ceux qui sont tra­his sur le champ de ba­taille même, et qui perdent parce que ceux qui leur avaient juré fi­dé­lité ont tourné ca­saque au mo­ment dé­ci­sif, quel que soit le champ de ba­taille.

Celui de Ri­chard III était réel. On voit ça par d’autres, ailleurs, au­jour­d’hui en­core.

@ iYan­nick : Tho­mas More a fini par res­ter ca­tho­lique et perdre la vie pour cette rai­son. Mais c’était un homme am­bigu, et il a d’abord, avant d’af­fir­mer sa foi ca­tho­lique, léché abon­dam­ment le c… du roi Henri VIII. Pour les Ca­tho­liques c’est un héros, pour tous les autres un op­por­tu­niste qui a fini par mal gérer son af­faire.

@mi­kélé Oui, tu dois avoir rai­son, on dit ADN en fran­çais.

@tous : lisez La fille du temps, vous sau­rez tout (et c’est bien plus que ce que j’ex­pose ici, en plus du fait que c’est un polar su­perbe).

11)
Anne Cuneo
, le 20.11.2013 à 19:39

Au­jour­d’hui nous n’at­ten­dons plus la mort du roi, voire du pré­sident pour en faire une image sou­vent loin de la réa­lité. On a même em­prunté un terme à l’an­glais le “ba­shing”

Ce n’est pas tout à fait la même chose: on peut ten­ter de dé­truire la ré­pu­ta­tion de quel­qu’un qui est au pou­voir: les Amé­ri­cains le font avec Obama – cette «dé­mo­cra­tie exem­plaire» a élu un Noir, quel bel exemple! Sauf que de­puis lors ceux qui tiennent le cou­teau par le manche font tout pour le dé­lé­gi­ti­mi­ser, le noir­cir (par­don pour le jeu de mots), le traitent de men­teur, de sau­vage, d’illé­gi­time afri­cain etc.

Avec Ri­chard, c’était autre chose: d’abord on l’a éli­miné phy­si­que­ment. Et en­suite on a jus­ti­fié l’éli­mi­na­tion par des men­songes. Il me semble qu’il y a une dif­fé­rence.

12)
Anne Cuneo
, le 20.11.2013 à 19:41

Quand je lirai « Ri­chard III » (car je ne l’ai tou­jours pas lu), je le lirai donc moins bête.

Je sais que je me ré­pète, mais lis d’abord La Fille du temps.

13)
Anne Cuneo
, le 20.11.2013 à 19:52

Si on fai­sait comme pour les tré­sors juifs de la 2ème guerre mon­diale, on pour­rait re­don­ner le trône d’An­gle­terre aux Plan­ta­ge­net …

Henri VII a épousé (de force selon les chro­niques) Eli­sa­beth d’York, la soeur de Ri­chard III, une Plan­ta­ge­net lé­gi­time, et ses en­fants sont ainsi à demi Plan­ta­ge­net. Ce qui n’a ja­mais em­pê­ché Henri VII, son fils Henri VIII, et ses pe­tites-filles Mary (Bloody Mary) et Eli­sa­beth de tuer tous les Plan­ta­ge­net qu’ils ont trouvé. Il y a eu des sur­vi­vants, soit parce qu’ils ont quitté l’An­gle­terre, soit parce qu’ils ne se sont plus ma­ni­fes­tés en po­li­tique. C’est chez eux qu’on a pré­levé l’ADN.

Il existe au­jour­d’hui une Plan­ta­ge­net Al­liance com­po­sée de des­cen­dants lé­gi­times di­rects et in­di­rects. Ce sont eux qui de­mandent que Ri­chard soit en­terre à York.

14)
Migui
, le 20.11.2013 à 20:10

Anne, je n’ai pas eu le temps de lire toute ton his­toire hier, mais c’était très bien, merci pour ce petit bain his­to­rique!