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Londres, Street­mu­seum: une autre ma­nière d’ex­plo­rer

Le Mu­seum of Lon­don est un des meilleurs mu­sées consa­crés à une ville que je connaisse. On part des ori­gines de Londres, avec une vue pa­no­ra­mique du che­mi­ne­ment de la Ta­mise il y a trois mille ans, et on passe par toutes les époques. Le Mu­seum of Lon­don a uti­lisé l’au­dio­vi­suel in­for­ma­tique à fond. Pa­no­ra­mas, lieux en trois di­men­sions sur grand écran, sons, dia­po­ra­mas (ou com­ment ap­pelle-t-on ça par or­di­na­teur?), et bien en­tendu re­cons­ti­tu­tions. La place étant li­mi­tée, elles va­rient selon la date de votre vi­site: une fois c’est une mai­son ro­maine, une autre fois ce sont des bains ro­mains, par exemple. On tra­verse ainsi les di­verses époques, et on re­monte jus­qu’à nos jours en pas­sant par une cui­sine de l’époque éli­sa­bé­thaine, une re­cons­ti­tu­tion du grand in­cen­die qui a pra­ti­que­ment dé­truit la cité de Londres en 1666 (avec ré­cits des té­moins), par une soi­rée du XVIIIe siècle aux jar­dins de Vaux­hall (maintes fois dé­crits dans la lit­té­ra­ture), les pre­miers «che­vaux de fer» (en d'autres termes des vélos) dans Londres, les bou­tiques de tailleur ou d’apo­thi­caire du XIXe siècle, un coin de rue noc­turne ins­piré par Di­ckens, une ca­serne de pom­piers pen­dant la Deuxième Guerre mon­diale (Londres était bom­bar­dée toutes les nuits), etc., etc., etc.

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Une soi­rée aux Jar­dins de plai­sance de Vaux­hall au XVIIIe siècle. Ces jar­dins au­jour­d'hui dis­pa­rus étaient un des en­droits où la bour­geoi­sie al­lait s'amu­ser, et la no­blesse s'en­ca­nailler. La pré­sen­ta­tion, sons, lu­mières, pro­jec­tions, fait qu'on a l'im­pres­sion d'y être (photo Oli Scarff)

Le Mu­seum of Lon­don est gra­tuit (tout comme la Na­tio­nal Gal­lery et la plu­part des autres mu­sées na­tio­naux). Et il ap­plique la phi­lo­so­phie de l’ou­ver­ture à tout le monde avec consé­quence.

La nuit des pre­mières dis­tri­bu­tions d’iPhone 1 était à peine ache­vée que le Mu­seum of Lon­don vous of­frait déjà une ap­pli­ca­tion. A l’ori­gine, elle s’ap­pe­lait Mu­seum of Lon­don, sim­ple­ment, entre temps elle s’ap­pelle Street­mu­seum, et quand je dis qu’il y a une ap­pli­ca­tion, je ne dis pas tout. Il y en a plu­sieurs, toutes dis­po­nibles sur l’Apple Store.

Com­men­çons par l’ap­pli­ca­tion ori­gi­nale. Vous vous pro­me­nez dans Londres avec votre iPhone, ou votre An­droid. Vous avez éteint Roa­ming parce que ça coûte trop cher, mais cela n’éteint pas votre GPS. Votre té­lé­phone sait où vous êtes. Vous ar­ri­vez, met­tons, à Pic­ca­dilly Cir­cus. Et vous vous de­man­dez: com­ment était-ce, Pic­ca­dilly Cir­cus à tel et tel mo­ment?

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Vous en­clen­chez votre ap­pli­ca­tion Mu­seum of Lon­don, vous visez de­vant vous avec votre té­lé­phone (il uti­lise la ca­méra pour ça), et ce que vous voyez sur votre écran, c’est le passé, ou quelques ins­tan­ta­nés du passé.

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Et si vous vou­lez en sa­voir plus...

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Cela dit, vous pou­vez re­cher­cher les images pour les nom­breux coins «des­ser­vis» par l’ap­pli­ca­tion même chez vous et faire de belles pro­me­nades ima­gi­naires – il ne vous manque que l’ac­tua­lité im­mé­diate. 

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Vous vou­lez vous faire une idée de Londres pen­dant la guerre: voici le Royal Ex­change en 1942, et un len­de­main de bom­bar­de­ment à proxi­mité.

Par ailleurs, vous pou­vez com­plé­ter vos iti­né­raires vous-mêmes, avec vos vues, vos in­for­ma­tions, bref, l’ap­pli­ca­tion est per­son­na­li­sable.

 Lon­di­nium

Mais bon, si tout cela ne vous suf­fit pas, je vous offre, par la même mé­thode, la Londres ro­maine: Street­mu­seum Lon­di­nium. Fonc­tion­nant selon le même prin­cipe: je l’ai trou­vée en­core plus in­té­res­sante, car der­rière l’image que cap­tait mon té­lé­phone, on m’of­frait une géo­gra­phie dont il ne reste ab­so­lu­ment rien de vi­sible.

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Et enfin le clou: la Londres de Di­ckens

Charles Di­ckens a dé­crit la Londres des an­nées 1830 à 70 de façon ex­haus­tive dans ses ro­mans. Mais avant, puis à côté de cela, il était jour­na­liste et te­nait une chro­nique in­ti­tu­lée Sketches, qu’il si­gnait Boz. Un cer­tain nombre de ces sketches ont été tra­duits en fran­çais sous le titre Londres, la nuit (Ri­vages Poche), et en an­glais il en existe plu­sieurs édi­tions, et ils sont tous té­lé­char­geables gra­tui­te­ment pour les di­verses li­seuses. Lors­qu’on met ces chro­niques bout à bout, on a une image de Londres vue dans une pers­pec­tive dif­fé­rente de celle du ro­man­cier, et on voit éga­le­ment où il est allé cher­cher son ins­pi­ra­tion.

Di­ckens était un grand in­som­niaque, et a passé de nom­breuses nuits de sa vie à ar­pen­ter les rues, en­core plus dan­ge­reuses la nuit que le jour à cette époque. Sa sil­houette était à tel point fa­mi­lière qu’il pou­vait se ba­la­der en toute im­pu­nité. En le voyant, on di­sait: «Ah, c’est lui», et on pas­sait à autre chose. Ainsi, Boz a pu se glis­ser dans les lieux les plus in­ac­ces­sibles, et grâce à son ta­lent, à ses dons d’ob­ser­va­tion, à sa plume in­com­pa­rable, il a fait de ses Sketches réunis en vo­lume un petit chef-d’oeuvre en­core très po­pu­laire au­jour­d’hui.

Nom­breux sont les tou­ristes qui s’achètent ces Sketches pour vi­si­ter cer­tains quar­tiers.

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Eh bien main­te­nant, on peut aussi vi­si­ter en com­pa­gnie de Di­ckens avec son té­lé­phone (iPhone et An­droid, peut-être aussi Nokia, je n’ai pas réussi à ob­te­nir de ré­ponse claire).

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On pour­rait ap­pe­ler la pré­sen­ta­tion des sketches une bande par­lée, pas vrai­ment un film d’ani­ma­tion, mais on n’en est pas loin: un des­si­na­teur illustre la voix d’un co­mé­dien qui lit des sketches qui dé­crivent Londres la nuit, et les images, ins­pi­rées des lieux vé­ri­diques, dé­filent; pen­dant qu’on vous parle, vous pou­vez consul­ter la carte, soit de 1860, soit sur une carte ac­tuelle. Bref, c’est gé­nial. Cela vaut la peine de par­cou­rir le quar­tier dé­crit, écou­teurs à l'oreille, en com­pa­rant les images vues et celles des­si­nées d'après Di­ckens (et les images d'époque).

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L’ap­pli­ca­tion et le pre­mier épi­sode, consa­cré à un quar­tier dont au XIXe siècle le mau­vais renom était mon­dial, Seven Dials, sont gra­tuits. Il y a en­suite toute une série d’épi­sodes payants: la pri­son de New­gate, le quar­tier des prê­teurs sur gages, celui des gin-shops, etc. Un nou­vel épi­sode fait de temps à autre son ap­pa­ri­tion. Ils coûtent £1.49 pièce (Fr. s. 2.20, 1.75€).

Puis­qu'on y est, et bien que ce soit un peu hors sujet (quoi que...), sa­chez que pour le même prix, on peut éga­le­ment se pro­cu­rer l'ap­pli­ca­tion «Royal Time Trip», qui ex­plore la royauté an­glo-saxonne de ses ori­gines au Ju­bi­lée de dia­mant d'Eli­sa­beth II. On peut bien en­tendu aussi, avec cette ap­pli­ca­tion, se pro­me­ner dans Londres à la re­cherche des lieux royaux et des évé­ne­ments dont ils ont été le cadre, l'ap­pli­ca­tion les illustre et vous en parle.

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Ayant par­couru Londres ces ins­tru­ments à la main, je ne peux que vous conseiller d’es­sayer: c’est pas­sion­nant, ins­truc­tif, et on s’amuse. Les ap­pli­ca­tions existent toutes tant pour iPhone que pour iPad. Ce que j’ai trouvé le plus sa­tis­fai­sant, c’est de les uti­li­ser avec l’iPad mini.

A part ça, si vous êtes à Londres, ne man­quez pas le Mu­seum of Lon­don lui-même. Un en­semble qui me pa­raît in­con­tour­nable pour com­prendre cette ville.

PS. Toutes les illus­tra­tions, sauf celle qui est si­gnée, viennent du Mu­seum of Lon­don. Cela vaut la peine de cli­quer des­sus, elles sont faites pour être vues en grand.

13 com­men­taires
1)
To­TheEnd
, le 10.09.2013 à 08:56

Pas vu mais si je re­passe par là, j’irai faire un tour là-bas.

Ceci dit, ce genre d’ini­tia­tive ne fait que mettre en exergue la pau­vreté de nos mu­sées ou au sens large, les ef­forts consen­tis par les dif­fé­rents or­ga­nismes qui s’oc­cupent du tou­risme en Suisse. Même si nous n’avons pas l’his­toire de grandes ville comme New York ou Londres, on a tout de même une his­toire qui s’étale sur plus de 3’000 ans et elle vaut plus que 3 pros­pec­tus pour­ris ou 2 af­fiches moi­sies ac­cro­chées à un mur de­puis 20 ans.

Je trouve fon­da­men­ta­le­ment dom­mage qu’en Suisse, les ac­teurs de ce sec­teur ne soient pas plus in­no­vants et n’uti­lisent pas ou peu les ou­tils exis­tants pour mieux pro­mou­voir notre passé.

2)
Mo­dane
, le 10.09.2013 à 09:05

Très bons choix! Merci!

3)
ce­rock
, le 10.09.2013 à 11:13

Super in­ter­es­sant pour vi­si­ter Londre. Je ne connais pas en­core cette ville, mais je re­tiens l’ap­pli­ca­tion avec plai­sir. Merci

4)
nic
, le 10.09.2013 à 12:43

merci beau­coup, anne!

je serai à londres pro­chai­ne­ment, j’ajoute ce musée, et les app, à ma, longue, liste de choses à voir!

5)
Anne Cuneo
, le 10.09.2013 à 14:20

Je ne connais pas en­core cette ville

Si je peux me per­mettre une sug­ges­tion pour qui vi­site Londres pour la pre­mière fois en cu­rieux: com­men­cez par aller au Lon­don Mu­seum (qui est lit­té­ra­le­ment assis sur la mu­raille ro­maine de Londres, qu’on voit par en­droits), vous ap­pré­cie­rez mieux bien des choses en­suite.

6)
ce­rock
, le 10.09.2013 à 16:56

Bien sur que tu peux te per­mettre des sug­ges­tions. Je la garde pré­cieu­se­ment. Car ce n’est pas avec un bébé de deux mois que je suis prêt pour vi­si­ter Londre ;)

7)
Fran­çois Cuneo
, le 10.09.2013 à 17:26

Oua­houh!

Gé­niales ces ap­pli­ca­tions!

Vrai­ment, c’est in­croyable ce que les gens sont in­ven­tifs. On di­rait que la tech­no­lo­gie mo­derne leur donne en plus des ailes.

Merci!

8)
Ma­dame Pop­pins
, le 10.09.2013 à 22:40

Ca, c’est vrai­ment top : je parie que ça va bran­cher aussi des jeunes qui ne met­traient pas le nez dans un dé­pliant… Merci pour cette trou­vaille !

TTE, pour me rendre très ré­gu­liè­re­ment dans des expos avec les en­fants, je constate une très nette amé­lio­ra­tion, dif­fé­rentes ex­po­si­tions ayant du ma­té­riel adapté aux en­fants, très bien fait et sympa. Je pense no­tam­ment à l’Her­mi­tage et au Musée du blé et du pain. Mais je te le concède, c’est pas com­pa­rable avec ce que Anne pré­sente et le Musée de l’Ely­sée par exemple ne semble même pas sa­voir qu’un gosse pour­rait mettre les pieds dans une expo…

9)
Ma­dame Pop­pins
, le 10.09.2013 à 22:42

(mode <hors sujet>) Ce­rock, c’est jus­te­ment avec un bébé de deux mois qu’il faut vi­si­ter une ville, une expo : bien nourri, langé, il se tient tran­quille dans un porte-bébé et pionce. Avec un en­fant de deux ans et demi, ça de­vient car­ré­ment plus ro­ck’n roll…. ;-)

10)
In­connu
, le 11.09.2013 à 04:32

Bon­jour, ce n’est pas pour me van­ter, mais ce musée à londres n’est pas unique. A Lima, Pérou a été ou­vert il y a peu de temps le MUSEO Me­tro­po­li­tano qui a cette par­ti­cu­la­rité de n’ex­po­ser AUCUN Objet, ni ar­tis­tique ni his­to­rique, mais il ra­conte l’his­toire de la ville de­puis les Em­pires pré­co­lom­biens à nos jours… Uti­li­sant toutes sortes de tech­niques au­dio­vi­suelles ac­tuelles : dia­po­si­tives, fims, vi­deos, sons et lu­mières, re­con­si­ti­tu­tions de lieux his­to­riques… il y a une sé­quence dans un cou­loir de la bi­blio­th­hèque Na­tio­nale où un per­son­nage (bien connu des li­mé­niens) a été re­cons­ti­tué et ap­pa­raît en 3D (ho­lo­gramme) et nous ra­conte sa vie… Dns une autre salle, le guide (car la vi­site du musée se fait sous la di­rec­tion d’un guide… ) prie les vi­si­teurs de s’as­seoir dans de bons fau­teils pour voir une re­con­si­tu­tion fil­mée (en 3D)d’un bal à la Cour de Vice-Roi (d’Es­pagne). Tout est bien jus­quau mo­ment où tout se met à trem­bler avec un bruit épou­van­table : l’écran, les spec­ta­teurs et même les lustres en cris­tal (???); une fois le calme re­venu, le film se pour­suit en na­rant l’éva­sion de di­zaines de pri­son­niers dé­te­nus dans le Pa­lais de Vice Roi, et dont le sort mal­heu­reux avait été évoque peu avant… Ce trem­ble­ment dé­trui­sit com­plè­te­ment la ville, qui fut cou­ra­geu­se­ment re­cons­truite avant que le s Es­pa­gnols ne soient ex­pul­sés. l’in­fluence des dif­féentes imi­gra­tions , tant ex­ternes que in­ternes du Pérou ont aussi leur place et montrent com­ment elles ont fa­çonné la ville et la men­ta­lité de ses ha­bi­tants… Une pro­me­nade de deux heures bien ins­truc­tive. qui de­vrait faire par­tie des “obli­ga­tions” des nom­breux tou­ristes qui vi­sitent Lima.

11)
Anne Cuneo
, le 11.09.2013 à 08:17

Ce­rock, c’est jus­te­ment avec un bébé de deux mois qu’il faut vi­si­ter une ville, une expo : bien nourri, langé, il se tient tran­quille dans un porte-bébé et pionce.

Je n’avais pas osé l’écrire, me di­sant qu’il y a trop long­temps que j’ai pra­ti­qué l’exer­cice, et que peut-être je ne me sou­viens plus très bien.

12)
Anne Cuneo
, le 11.09.2013 à 08:19

Une pro­me­nade de deux heures bien ins­truc­tive. qui de­vrait faire par­tie des “obli­ga­tions” des nom­breux tou­ristes qui vi­sitent Lima

Je ne sais pas si j’irai ja­mais à Lima, qui est un peu plus loin que Londres de la Suisse, mais je note, pour le cas où, et je ne man­que­rai pas. Je trouve l’idée gé­niale.

13)
So93
, le 14.09.2013 à 14:24

Voilà, ça m’ap­pren­dra à ne pas lire Cuk quand je suis à l’étran­ger… J’étais jus­te­ment à Londres cette se­maine et c’est seule­ment en ren­trant que je dé­couvre cet ar­ticle et ces ap­pli­ca­tions. Ti­ming dé­calé, dom­mage!

Je me ré­jouis de les es­sayer une pro­chaine fois, merci pour la dé­cou­verte!