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Juste après dresseuse d’ours

Normalement, j’aurais dû vous présenter la suite de mes articles concernant l’audiophilie, mais mes petits soucis informatiques se sont prolongés... Jusqu’à lundi où j’ai enfin reçu un nouvel iMac fonctionnant normalement ! Il faudra d’ailleurs que je pense à vous raconter mes mésaventures avec Apple et son comportement de plus en plus inqualifiable envers ses petits revendeurs. Mais ça, c’est une autre — longue — histoire.

Aujourd’hui, j’ai décidé de vous poser une question : quand vous étiez petit, quel métier vouliez-vous faire ? Pompier ? Gendarme ? Voleur ? Médecin ? Physicien spécialisé en énergie thermonucléaire ? Miss Univers ? Dresseur d’ours ?

Dresseuse d’ours ! Voilà le métier que voulait faire Jaddo jusqu’à l’âge de 7 ans où elle se rendit compte que... « les yeux se croisent dans la tête. (...) Il fallait tirer cela au clair, il fallait être neurochirurgien ». Du coup, elle décida (à notre grand bonheur à tous) de renoncer à sa « prometteuse carrière de dresseuse d’ours » pour entreprendre des études de médecine et devenir médecin généraliste.

Après plus de douze ans de pratique, elle décide de raconter ses différentes aventures au travers d'un blog, puis d'un magnifique ouvrage où elle va recenser ses « histoires brutes et non romancées » : Juste après dresseuse d’ours, Jaddo, aux éditions du Fleuve Noir, Paris, 2011.

 

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Alors, autant vous prévenir de suite : ce livre est addictif ! Et comme toutes choses addictives, il doit être lu avec parcimonie, pas plus d’une histoire par jour, sous risque de développer tous les effets indésirables que peut provoquer une dépendance...

Tout le talent de Jaddo se retrouve dans le fait qu’elle arrive à raconter des histoires de la vie courante d’une étudiante en médecine — devenue interne, puis médecin généraliste — de manière si naturelle et touchante que même les choses les plus terrifiantes, émouvantes ou révoltantes deviennent supportables. Mieux même, tous ses récits sont placés sous le sceau de l’humour et de la tendresse, nous apportant une vision très humaine du monde médical. Comme le dit d’ailleurs très bien un des lecteurs du blog, « de chaque lecture, on ressort un peu grandi, un peu plus soucieux du monde — pour ne rien gâcher, c’est très drôle ».

Ce qui est encore plus frappant, c’est que ce livre ne s’adresse pas uniquement aux médecins et étudiants en médecine — même si cela devrait être une lecture obligatoire pour eux — mais à toute personne ayant à faire au domaine médical de près ou de loin. Bref, ce livre touchera tout le monde, en apportant à la fois une vision de ce que ne doit pas faire le médecin, mais également de ce que ne devrait pas demander le patient. Un exemple ?

 

C’est beau, une garde, la nuit...

« (...) À celui qui est venu réclamer sa radio de genou, là ce soir, à 22 h 30, pour une douleur qu’il traine depuis deux semaines et pour laquelle il a, au fond de sa poche, une ordonnance de son médecin traitant pour une radio en ville le lendemain après-midi, quand il vous toise de tous ses centimètres et qu’il dit « Mais demain je travaille, moi, madame ! »

(Ah ? Moi demain, j’vais courir nue dans un champ de luzerne, connard...). »

En plus de nous raconter son vécu, Jaddo transmet sans trop de pudeur ses pensées, ses réactions face à ce qu’elle vit. Le tout avec une bonne dose de détachement et de distance face aux événements. C'est cela qui est remarquable ! Dans un milieu relativement nombriliste, elle va apporter une distance salutaire face aux comportements de chacun, tant des soignants que des soignés.

 

Fracture spiroïde comminutive diaphysaire du tiers distal

« (...) Mais mon meilleur souvenir de traumato, c’est sans doute parce que j’ai une sensibilité exacerbée à l’humour absurde et au comique de répétition.

La même scène, à chaque fois, et chaque fois ça me faisait marrer. De préférence quand il y avait un public attentif suspendu à nos lèvres.

Un gars s’était vautré en scooter (on voit préférentiellement des gars qui se sont vautrés en scooter, en traumato), on était un belle rangée de blouses blanches avec nos 10 ans d’études et nos 150 de QI à examiner la radio avec attention, et avec cette fois vraiment le menton entre les doigts, pendant 5 bonnes minutes de silence, dans un moment de réflexion totale.

On regardait ça, en faisant « Mmmmmmm…… »

 

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Image tirée du site de Jaddo

 

Et puis quand le suspens était à son comble, quand tout le monde attendait le verdict du chirurgien, il hochait la tête, et il faisait :

« Mmm…. C’est cassé. »

 

Une médecine humaine...

Ainsi, au travers de ce livre, à part de franches rigolades, vous allez entrer dans un monde où la médecine est redevenue humaine, où tant le patient que le soignant sont des hommes et des femmes avec leurs qualités, leurs défauts, leurs humeurs, leurs joies et leurs peines. La prochaine fois que vous aurez à faire à votre médecin (respectivement votre patient), après la lecture de ce livre, vous aurez probablement une attitude différente — plus saine — et ça, c’est tout le mérite de Jaddo !

11 commentaires
1)
Ornitho
, le 05.09.2013 à 06:14

Merci de nous faire découvrir ce livre. Je viens d’envoyer un mail à mon libraire de quartier (le seul pour une commune de 80 000 habitants) pour le commander. Bonne journée

2)
Diego
, le 05.09.2013 à 08:52

Merci pour cette découverte, je vais procrastiner un peu sur ce blog.

PS. La question en chapeau de billet, c’est un nouveau concept ? Dépose un brevet, j’en connais une qui s’est fait piquer une idée du genre …

;-()

4)
ysengrain
, le 05.09.2013 à 10:14

Un médecin avec un QI à 150 ? Sur quelle planète ?

5)
Guillôme
, le 05.09.2013 à 11:30

quand il vous toise de tous ses centimètres et qu’il dit « Mais demain je travaille, moi, madame ! »

Effectivement, toiser son interlocuteur n’est pas acceptable mais en même temps, je me dis que ce cher monsieur devait être exaspéré du nombre de professionnel qui considère qu’il est libre à tout moment.

Pour beaucoup de monde, il n’est pas possible de prendre des congés ou d’envisager de manquer à son travail. Bien souvent, quant on appelle pour un rendez-vous chez le dentiste, l’opticien ou le médecin, on se voit proposer naturellement le jeudi à 10h30 comme si c’était naturel de ne pas travailler ou de poser un jour de congé…

Systématiquement je demande le soir ou tôt le matin, voire le samedi quand le praticien reçoit ce jour. Je ne reproche rien au médecin sur le fait qu’il ne soit disponible qu’en journée mais c’est parfois loin d’être réciproque.

6)
Stilgar
, le 05.09.2013 à 14:56

Un médecin avec un QI à 150 ? Sur quelle planète ?

Vu l’humour du livre c’est la somme des dix cerveaux qui donne un QI de 150 :o)

7)
Renan Fuhrimann
, le 05.09.2013 à 15:27

Stilgar a très bien résumé :) Après il faudrait demander à Jaddo herself !

@Guillôme : Je crois surtout que ce qu’elle voulait montrer par là, c’est qu’elle aussi, elle travaille. Et sincèrement, beaucoup de patients ont tendance à oublier qu’ils sont pas les seuls au monde à avoir des soucis de santé. Ce d’autant plus, que la loi permet à un employé d’aller chez le médecin : uniquement le temps de trajet devrait être rattrapé. L’employeur ne peut pas s’opposer à ce qu’un membre du personnel ait rendez-vous chez le médecin. Après, il y a toujours ceux qui exagèrent, tant chez les patients que chez les employeurs, mais c’est une autre histoire.

8)
Madame Poppins
, le 05.09.2013 à 19:23

J’ai lu le billet au saut du lit et, profitant d’une pause de midi plus longue que prévue, j’ai filé acheter le livre : je me réjouis de le lire, bossant souvent avec des médecins et dans le domaine médico-social. Merci donc pour cette humeur.

9)
TroncheDeSnake
, le 05.09.2013 à 21:29

En attendant d’acheter le bouquin (dont je m’Evernote les références), j’ai fait un saut sur le blog. Et ben, Jaddo, j’adore! (Même pas honte!)

Merci pour cette découverte!

10)
Renan Fuhrimann
, le 05.09.2013 à 23:37

Content de vous avoir fait découvrir Jaddo :) J’espère que la lecture de son livre vous apportera beaucoup de plaisir.

11)
Pom
, le 06.09.2013 à 07:23

Concernant les heures de travail … @Guillôme et @Renan Fuhrimann: le “moi, je travaille” quand on parle de services que nous trouverions normal d’être disponibles tôt et tard dans la journée, voire dans la nuit, c’est une question de perspective: et si l’on vous demandait de travailler avec des horaires du genre 5-8h le matin, 11-13h30 et 18-22h, vous seriez d’accord, vous-même ? Alors pensons-y la prochaine fois qu’on l’exige d’autres !