Au début de l'été (le 25 juin), Swisscom a dévoilé iO, une application de messagerie et de VOIP. Il n'y a qu'un pas à franchir avant de dire que l'opérateur historique tire profit du scandale PRISM qui emmène dans son tourbillon toutes les entreprises américaines ayant des services similaires. Toutefois, iO se présente comme étant une alternative à Whatsapp, iMessages, FaceTime, Viber, Skype et autres Google Talk. Est-ce que cette alternative est valable ? Voyons cela.
Swisscom iO : qu'est-ce à dire ?
Comme dit plus haut, Swisscom iO, c'est une application qui permet :
- D'envoyer des messages courts
- De passer des appels par la voix par IP (VOIP)
Les appels téléphoniques feront l'objet d'un développement plus bas, mais sachez que moyennant un abonnement, il vous sera possible d'appeler les USA, le Canada ou l'Europe (un fixe ou un mobile, l'appelé n'a pas besoin d'avoir iO) pour pas trop cher.
C'est ici que la différence se fait au niveau des abonnés : les NATEL Infinity verront l'illimité en Suisse, tandis que les abonnnements Postpaid et Prepaid devront s'acquitter de la dîme aupres de Swisscom (respectivement 15 CHF et 20 CHF).
Concernant les appels au USA, Canada et en Europe, les abonnés Natel Infinity XL ne payeront rien, tandis que les autres devront passer à la caisse et payer 25 CHF pour profiter du service.
La compatibilité (dixit Swisscom) est cantonnée à iOS et Android pour l'instant, et commence avec iOS 5 sur un iPhone 4 chez Apple, et avec Android 4.0 sur les derniers modèles (Samsung Galaxy S3 et S4, Sony Xperia Z et HTC One). Pas de frayeur à avoir, Swisscom semble ajouter des modèles pris en charge régulièrement, il semble que tout le catalogue sera pris en charge assez rapidement, je l'ai d'ailleurs activé sur l'iPhone 3GS de ma chère et tendre, preuve que la liste d'appareils supportés fournie par l'opérateur est loin d'être exhaustive.
Première remarque : les développeurs de Swisscom ont "oublié" Windows Phone et Blackberry 10 (et Symbian, dans une moindre mesure). Ces OS ne sont certes de loin pas majoritaires dans les parts de marché, mais je pense que Swisscom ferait bien de réparer cet oubli relativement vite. Un marché, ça change et parfois plus rapidement que l'on ne le pense. On notera aussi que les tablettes (iOS comme Android) manquent à l'appel. Au surplus, on notera que l'application n'est disponible que sur l'App Store Suisse pour l'iPhone.
Petit bilan intermédiaire : à la lecture de la documentation mise à disposition par Swisscom, on a du mal à voir comment iO pourrait rivaliser avec les services qu'il a pour tâche de concurrencer. Il n'est pas pour toutes les plateformes, ne prend (selon Swisscom) pas en charge tous les périphériques, Gingerbread (Android 2.3) qui condense encore un tiers d'utilisation n'y a pas droit (bon si on regarde le seul marché Suisse, ce choix est peut être plus justifié). Pour la bonne note, la version de l'application testée est la 1.01, sur un iPhone 5 sous iOS 7, un iPhone 4 et un iPhone 3GS, tous deux sous iOS 6.
Configuration
Pour IO, Swisscom a choisi de configurer le service avec le numéro de téléphone de l'utilisateur. Résultat on donne, certes notre numéro de téléphone, mais on garde une procédure simple, identique à celle de Whatsapp : l'envoi d'un numéro nous donne un code de sécurité qui nous permettra d'accéder à la configuration de notre nom d'affichage, à notre photo de profil. Notez que l'app, toujours à l'instar de Whatsapp, nous demandera d'accéder aux contacts stockés sur le téléphone ainsi que la permission pour vous envoyer des notifications. Bref, ici rien d'extraordinaire, c'est du basique.
Le chat
Swisscom IO adopte une interface "bateau" pour ce type de service. Niveau design, on est très proche de ce que Apple a fait pour iOS 7. On retrouve donc du flat design et un code couleur sous acides. Toutefois, force est d'amettre que l'UI est assez léchée, affichant l'essentiel sans surcharger visuellement l'application. L'envoi et la récéption d'images se fait de manière banale, comme chez les concurrents, et comme Whatsapp, l'état du correspondant est affiché et change selon selon qu'il est en train de rédiger ou non.
La vue en mode chat
Petit soucis (de jeunesse ?) lors de la récéption d'un message faisant plus de deux lignes, il sera affiché en entier pour autant qu'il soit le dernier message reçu. Autrement il sera tronqué et il faudra renverser le terminal en mode paysage pour pouvoir le lire en entier. (Mon correspondant test me signale que sur son iPhone 4 iOS 6 affiche correctement les messages, cela doit donc être un bug de iOS 7)
On notera que le fil de discussion ne regroupe pas seulement les messages et les photos, mais aussi les appels, s'il y'en a eu, ainsi que leur durée si ils ont abouti.
Les appels téléphoniques
Swisscom iO permet donc de passer des appels gratuitement entre possesseurs de l'application, mais aussi vers des fixes ou mobiles partout dans le monde, même si il n'ont pas iO. Cela se fera toutefois au prix d'un abonnement mensuel, avec les modalités énoncées plus haut.
Quant à l'application, elle se révèle assez proche de l'application native sous iOS, de par son clavier et aussi son "agencement".
La vue en appel
En appel, nous auront droit à une option haut-parleur et à la commande "Silence". Il sera tout à fait possible de masquer le fenêtre d'appel et même de quitter l'application : Comme Skype, celle-ci fonctionnera en tâche de fond.
Une fois la fenêtre d'appel quittée, on se retrouve dans l'application
Et une fois l'application quittée pendant un appel
Quant à la qualité d'appel, elle est tout juste correcte pour de la VOIP, mais reste en retrait par rapport à d'autre services. Mon correspondant et moi-même étions dans nos appartements respectifs, dans un silence quasi-total et nous avions l'impression d'être dans le hall de la gare de Lausanne pendant l'heure de pointe. Nous étions chacun sur Wifi avec une qualité de récéption maximale. Un point à améliorer.
Je regrette également que la visioconférence ne soit pas de la partie, mais bon FaceTime et Skype sont là pour ça, et il est fort possible que Swisscom continue d'implémenter des fonctions au fur et à mesure.
Le reste
Toujours au niveau des abonnements, iO proposera les pack de données Swisscom pour les appels. Notez, pour finir, que les numéros spéciaux et surtaxés ne sont pas pris en charge par iO.
Et la protection des données dans tout cela ?
C'est l'argument phare de Swisscom lors du lancement de iO. En plein scandale PRISM, l'opérateur historique se fait fort de conserver vos données, afin que les autorités américaines (ou d'autres) n'y aient pas accès, au contraire des services américains comme Whatsapp, Skype, iMessage et la ribambelle de services équivalents.
François Charlet s'est penché sur la question et son constat est assez amer : après lecture des CGU il s'est rendu compte que certaines données se retrouvaient, malgré la promesse marketing de Swisscom de ne rien en faire, envoyées sur des serveurs étrangers (à des fins de statistiques d'utilisation, disent-ils), dont certains appartenants à Amazon. Un lecteur utilisant un Android lui a envoyé un résumé de ce que ces serveurs recueillaient. On y retrouve pêle-mêle le modèle du smarphone, l'OS utilisé ainsi que sa version, la capacité de la carte SD...
Toutefois, il semblerait qu'aucune de nos photos, mails, ou de nos contacts ne filtrent.
Mais tout cela ne reste pas clair.
De là on peut choisir son point de vue : se dire que le transfert de ce genre d'informations n'est pas si grave, que depuis des années on envoyait, parfois sans le savoir, des données beaucoup plus confidentielles sur des serveurs du même acabit. Ou se retrouver offusqué de constater que Swisscom ne tient pas sa promesse, ou à tout le moins, ne la tient pas complétement.
Personnellement, je préfère que l'application n'envoie "que" ce genre de données. Et de toute manière comme ce n'est pas le seul service que j'utilise, je ne suis plus à ça près. Après chacun a son rapport avec la protection de ces données. Mais sachez toutefois qu'il semble peu probable que Barack puisse visionner vos photos de vacances à la Grande Motte.
Conclusion
Que dire de cet app ? Et bien commençons par le positif. Déjà, je la trouve très belle, et je dois dire qu'elle colle parfaitement avec le futur iOS 7, en un peu moins Bisounours peut être. Et avoir une belle interface, légère et agréable à utiliser influe beaucoup sur l'envie d'utiliser une application.
De deux, ça fonctionne bien, on voit que Swisscom n'a pas codé iO avec les pieds. Le seul bug rencontré est une conséquence de mon utilisation de la bêta de iOS 7.
Après, le négatif... Certes, nous parlons d'une app qui restera cantonnée au marché Suisse, mais ce même marché a connu tardivement les abonnements illimités, ce qui fait qu'à sa sortie en 2009, Whatsapp a cartonné dans notre pays. 4 ans plus tard, la base d'utilisateur mondiale est gigantesque, et personnellement je ne connais pas une seule personne qui n'a pas Whatsapp installé sur son smartphone. Pareil pour Skype. Et c'est, bien sûr, sans parler des applications natives comme iMessage ou Google Hangouts (ex Talk).
Swisscom iO arrive donc sur un marché saturé où des habitudes sont solidement ancrées. Pour dire, cela fait un mois que j'essaye de convaincre mon entourage d'essayer iO, très peu ont téléchargé l'application et pour ainsi dire personne ne l'utiise à l'écriture de ces lignes.
Deuxième petit soucis, hormis le système d'abonnement qui est relativement original pour une application de ce type, iO est une application de messagerie banale, ne permettant pas de faire grand-chose de plus que ses concurrents. Ajoutons aussi une compatibilité extrêmement restreinte, iO peine à convaincre à l'heure où les killers apps sont multiplateformes.
Swisscom reste laconique sur la question de la protection des données, mais je me sens personnellement plus en sécurité avec iO qu'avec Whatsapp ou Skype. Reste qu'il faudra bien un jour que l'opérateur soit plus clair sur ce point dont il a fait son cheval de bataille.
Bilan final : une belle application, qui fait le boulot sans rien proposer d'extravagant, mais qui a le mérite de fonctionner au poil et qui séduira peut être ceux qui veulent s'affranchir du monstre Whatsapp. Encore faut-il que toute une communauté d'utilisateurs fasse le pas, et à ce niveau les habitudes sont tenaces.
Et vous, vous avez essayé iO ? Qu'en avez-vous pensé ?
J'adresse mes remerciements à Patrick pour m'avoir aidé à réaliser les captures d'écrans et à tester l'application.
, le 19.08.2013 à 11:52
Essayé iO est un bien grand terme… je l’ai installé, mais n’ai aucun contact (je crois) qui l’a également. Je n’ai donc pu faire aucun test. C’est d’ailleurs un reproche que je fais à cette application : dans la liste des contacts, j’y trouve tous mes contacts, alors que ce serait plus pertinent de n’y trouver que ceux qui ont également iO.
, le 19.08.2013 à 11:54
Je l’ai installé lors de son annonce. J’ai fait quelques tests. Depuis, je l’ai supprimé car elle ne m’apporte rien. Les autres services (whatsapp et autres) font aussi bien, voir mieux.
, le 19.08.2013 à 12:18
Très clairement, lancer cette App dans un pays qui compte 8 millions d’habitants face à des WhatsApp qui comptent plus de 300 millions de comptes actifs, ce n’est pas comparable et de ce point de vue, c’est voué à l’échec.
Ceci dit, il y a des rumeurs insistantes sur le service WhatsApp et il semblerait que les fondateurs pensent sérieusement à en faire une version payante annuellement… on parle de 1 dollar par an. C’est rien mais dans un monde “gratuit”, combien d’utilisateurs renonceraient à cette référence et changeraient leurs habitudes en optant pour les deux principaux concurrents: WeChat et Viber? A noter que ces deux concurrents offrent des fonctionnalités supérieures non négligeables: la voix et la vidéo y compris pour le dernier sur le desktop (Mac et PC). Le tout gratuitement alors que WhatsApp est devenu payant il y a belle lurette. Il faudra bien que ces gens là aussi gagnent de l’argent un jour.
Dans le genre intégrées et mutli-plateformes, ces deux applications font mieux et plus que WhatsApp.
Ainsi donc, peut être que Swisscom se tient en embuscade avec son soft au cas où tous ces acteurs deviendraient payants… ça donnerait une alternative attractive et une bonne façon de rendre captif le client car j’imagine que l’affaire ne fonctionnera jamais sur un autre réseau que celui de Swisscom à part des partenaires étrangers qui auraient la même idée?
Enfin, les problèmes légaux n’en sont pas. Ce qui n’est pas clair dans les CGU de Swisscom, c’est le fait que chaque plateforme recueille des informations différentes mais de manière anonyme. Swisscom ne veut pas et ne peut pas garantir à son utilisateur final qu’aucune donnée est récoltée de son téléphone et finit hors suisse car elle ne peut pas l’empêcher. Chaque OS et constructeur à son modèle pour recueillir des stats et Swisscom n’y peut rien.
, le 19.08.2013 à 13:01
J’étais à deux doigts de répondre “Moi” à ta question sur WhatsApp, mais en fait, je l’ai, mais ne l’ai utilisée depuis deux ans pratiquement qu’une dizaine de fois.
Avec les nouveaux forfaits Swisscom justement, je préfère toujours utiliser la téléphonie mobile classique pour les téléphones et les SMS.
, le 19.08.2013 à 13:23
@TTE : Whatsapp deviendra payant annuellement sur iOS, mais ceux qui l’ont payée jusque là en achat unique sur l’App Store ne repasseront pas à la caisse, pour eux l’app sera gratuite à vie.
Petite précision qui a son importance et dont j’ai oublié de faire état : les abonnés Orange et Sunrise peuvent utiliser iO, ici pas de problèmes ils n’auront juste pas les mêmes tarifs que les abonnés Swisscom.
, le 20.08.2013 à 07:36
Oui, ça c’est sûr… mais quid de la v3 qui apportera probablement voix et vidéo comme les autres? A mon avis, il y aura un WhatsApp Full payant et à l’année…
, le 25.02.2014 à 15:42
WhatsApp vient d’annoncer la « voice » pour Q2…
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