Voici quelques semaines (voir Le sang, encre de la mort), nous regardions couler un sang supposé rouge clair, celui de l’honneur et celui des frères ; en abordant la symbolique du sang sombre, nous allons à présent parler des femmes, car depuis l’aube des temps et dans beaucoup de cultures, celles-ci furent associées au sang impur et à la souillure.
Des deux sexes, c’est la femme qui perd le plus de sang lorsqu’elle est considérée comme « indisposée » (voir la note 1), lors de sa défloration ou quand elle accouche. Or, tout liquide échappé du corps a terrorisé l’humanité pendant des siècles, et en premier lieu le sang, ce fluide de vie et de mort qui n’a cessé de conserver sa part de mystère. Aussi, de la peur de leur sang à la crainte des femmes n’y eut-il qu’un pas souvent rapidement franchi.
Depuis l’aube des civilisations, les menstrues ont posé problème, quel pouvait bien être ce mauvais sang que la femme perdait régulièrement ? Pire encore, le sang échappé de la femme s’inscrivait non seulement dans la temporalité, mais il semblait en outre lié à la Lune, beaucoup de langues utilisant d’ailleurs le même mot pour désigner l’astre de la nuit et les menstrues ; il n’en fallut pas davantage pour que ce sang obscur effraie beaucoup de communautés. Toutefois, quitte à le redouter, autant prêter à ce sang inconnu d’hypothétiques vertus afin d’exorciser l’angoisse, et c’est ainsi que dans certaines cultures, le sang des règles se vit doté d’un pouvoir particulier ; au sein des populations indiennes d’Amérique par exemple, la force négative du sang menstruel était récupérée afin de défaire les ennemis.
Le judaïsme et l’islam ont fait preuve, au cours de leur histoire, de vigilance envers ce sang particulier des menstrues, le christianisme quant à lui ne pensant pas la femme réglée comme étant impure, même si les croyances populaires se sont parfois éloignées des textes sacrés et si l’Église a longtemps considéré que la femme perdait son sang afin d’expier la faute originelle.
Il fait peur, il punit, le sang des menstrues est un authentique fléau ; aussi rares sont-elles les civilisations qui l’ont véritablement loué. Ce fut le cas dans un Japon ancestral qui considérait les règles comme une purification naturelle, du moins si l’on en croit le poème d’amour composé par un guerrier pour sa fiancée, une jeune femme dont le vêtement se vit soudainement taché de sang :
« Au bas de ton vêtement
La nouvelle lune vient de paraître. »
Et l’intéressée de répondre :
« Au bas de mon vêtement
La nouvelle lune apparaît tout naturellement. » (voir la note 2)
Ce texte considéré comme étant le plus ancien du Japon, le Kojiki, semble démontrer que les temps reculés n’éprouvaient pas de répulsion à l’égard du sang menstruel. Bien au contraire, les jeunes filles réglées étaient proches des dieux et pouvaient exercer la fonction d’oracle, un proverbe affirmant même que « quand la femme avait ses règles, elle était purifiée et devenait la femme d’un dieu ». (voir la note 2)
Cette idée de purification sera abolie avec le temps, la notion de souillure présente dans le shintoïsme s’appliquant progressivement aux menstrues. La pensée occidentale envisagea également cette purification, même si le sang des règles s’est toujours heurté à une grande défiance qui a finalement prévalu.
Il convient ici de remarquer une étrangeté entourant le cygne dans beaucoup de civilisations ; en Extrême-Orient comme dans le monde turc anatolien, chez les Germains ou encore les Slaves, et nous pouvons naturellement songer à Piotr Ilitch Tchaïkovski, le cygne, animal par ailleurs associé au désir masculin et à l’élévation, fut soumis aux menstrues féminines, et ceci sans le faire entrer dans une disgrâce que l’on serait en droit d’attendre des mentalités d’autrefois. Au contraire, dans les cultures précédemment citées, il est fréquent que l’animal virginal se dépouille de ses plumes et révèle une jeune fille nue ; c’est alors qu’intervient un chasseur totalement envoûté par la belle apparition qui s’avise de la retenir captive auprès de lui en lui cachant sa parure de plumes.
Mais cette conception poétique des menstrues comme étant un bienfait divin s’avère exceptionnelle et, quelle que soit l’époque, nombreuses furent les civilisations qui ont éloigné ou même reclus la femme réglée, il convenait en effet de la tenir provisoirement en dehors du cercle social.
Et même à l’intérieur de ce cercle, la femme réglée se devait d’être vigilante dans sa fréquentation des personnes et son utilisation des objets ; de fait, on a longtemps considéré qu’elle avait une influence néfaste sur ce qui l’entourait immédiatement. Pline l’Ancien explique ainsi dans son Histoire naturelle qu’« aux approches d’une femme dans cet état, les liqueurs s’aigrissent, les grains qu’elle touche perdent leur fécondité, les essaims d’abeilles meurent, le cuivre et le fer rouillent sur-le-champ et prennent une odeur repoussante ». La femme réglée apparaît comme nocive et cette croyance a perduré dans les esprits ; au XXe siècle encore, on trouvait un nombre élevé de superstitions entourant les femmes indisposées.
Les menstrues ont fait des femmes des êtres perçus comme potentiellement dangereux et surtout sempiternellement malades ; on s’est mis à penser les femmes fragilisées par leur propre sang et particulièrement menacées à la puberté, lors d’une grossesse et à la ménopause, on a imaginé des syndromes découlant des mutations successives du sang et surtout de grands dérèglements psychiques, souvenons-nous que le mot « hystérie » puise son origine dans le grec « hystera » qui signifie « utérus ».
Le sang de la femme est donc un piège et une souillure ; Antigone sera ainsi emmurée vivante afin que son sang versé ne touche pas la cité. Et Jean Anouilh de préciser dans sa pièce de théâtre :
« Je crois que j’ai entendu dire que pour ne pas souiller la ville de votre sang ils allaient vous murer dans un trou ».
C’est le cycle du sang qui lui est intimement lié qui a fait de chaque femme un être suspect au fil des siècles ; le corps féminin dans son ensemble est devenu potentiellement impur, et non plus seulement une partie de ce corps au moment des menstrues. Pour beaucoup de civilisations, la femme conserverait en elle son sang altéré. Une fois ce pas franchi dans la conception de la femme, on comprend bien que l’idée même de s’accoupler avec une telle créature dangereuse, porteuse d’un sang débordant et empoisonné, pose problème ; aussi le désir doit-il impérativement être normalisé et il apparaît dès lors nécessaire d’établir des codes sexués afin de se protéger des femmes, tout en continuant évidemment à vivre à leurs côtés, la nature humaine et la vie sociale ne pouvant heureusement pas être annihilées.
C’est ainsi que l’idée de purifier la femme s’est formée dans de nombreuses communautés, on peut penser à la virginité associée à Marie dans la tradition catholique ou aux immersions rituelles dans le monde grec et la pratique juive par exemple ; il s’agit de laver la femme de la souillure du sang. Toutefois, malgré le culte de la Vierge, je remarquais un peu plus haut que le christianisme n’envisageait pas systématiquement la femme comme étant impure. Cette notion apparaît vraisemblablement dans le Nouveau Testament, quand Jésus guérit une jeune femme souffrant de grandes pertes de sang, la Bible employant le terme d’hémorroïsse ; la tradition chrétienne aurait vu dans ce geste symbolique de Jésus la libération de la femme de la salissure permanente du sang.
En dehors des coutumes et des rites, nous pourrions penser que nos sociétés modernes ont gommé les peurs ancestrales liées au sang des menstrues. Pourtant, si nous observons les publicités de serviettes hygiéniques, le sang est totalement chassé de l’image et remplacé le plus souvent par de l’eau, on se doit d’éviter « d’indisposer » le spectateur, il s’agit de rendre les menstrues invisibles, encore et toujours, même dans un monde consumériste souvent éloigné des préceptes religieux.
Nous venons essentiellement de parler du sang des menstrues, car il pose véritablement problème, mais qu’en est-il du sang de la défloration ? Comme le sang versé est un passage initiatique pour le jeune homme, le sang perdu lors du premier rapport sexuel par la jeune fille a évidemment une portée symbolique, de même que les premières règles signent son appartenance à un autre âge de la vie.
Le sang prouve, en théorie, la perte de la virginité et fait entrer la femme dans sa vie d’épouse et de mère potentielle ; je pourrais ajouter dans sa vie d’amante, ce qui donnerait à la femme une plus grande liberté personnelle sur sa vie sexuelle et sociale, mais il s’agit ici d’observer les codes liés à la femme au sein des sociétés dites patriarcales, ceci sans jugement aucun, même si je pense que la précision est intéressante quand il s’agit de parler de l’histoire des femmes. Or, ce sang de la défloration, considéré comme une preuve de moralité dans beaucoup de cultures, est certes souvent exigé, mais aussi fort redouté, puisque nous avons vu que le sang des femmes faisait peur aux hommes. C’est ainsi que de nombreuses communautés ont codifié le premier rapport sexuel et l’Histoire nous enseigne qu’au fil des siècles, ce n’est pas forcément le conjoint qui fut le premier amant de sa compagne, mais parfois un passant, comme c’était le cas selon la loi babylonienne, un prêtre ou plus couramment un chef.
La femme est donc une promesse de sang versé, un sang dont l’homme ne sait pas toujours quoi faire, mais qui ne l’empêche pas de désirer cet autre si dissemblable et de vouloir éveiller son désir en retour. Je parle d’éveil, car le sang de la défloration est souvent associé au sommeil, les contes de fées étant une parfaite illustration de cette idée. Ainsi la jeune Blanche-Neige des frères Grimm est-elle une « enfant aussi blanche que la neige, aussi rose que le sang et aussi noire que le bois de la fenêtre », le blanc symbolisant la virginité (et parfois le sperme), le rose et le noir étant les deux facettes du sang, celui de la défloration et celui des menstrues. J’évoquerai plus longuement dans la troisième partie cette étrange union du sang et de la neige née dans Le Conte du Graal de Chrétien de Troyes ; le conte de Grimm reprend la métaphore pour peindre une héroïne virginale inscrite dans le cycle du sang et du désir. Cachée par la forêt, préservée de l’appétit des hommes par des nains peu menaçant sexuellement parlant (même si la figure du nain dans la littérature médiévale est ambiguë), Blanche-Neige tombe dans un sommeil protecteur de sa virginité en attendant le baiser de celui qui animera son sang et ses sens.
Mais c’est le conte de La Belle au Bois dormant, imaginé tour à tour par Charles Perrault et les frères Grimm à partir de sources plus anciennes et parfois plus violentes, qui unit intimement le sang de la défloration au sommeil ; en effet, l’héroïne tombe dans une profonde léthargie au moment même où elle se pique le doigt, ce sang versé étant la métaphore de la perte de sa virginité et des règles à venir, le sommeil symbolisant quant à lui la peur de la jeune fille et la mort de son innocence, mort que seul l’amour pourra enchanter. Dans les récits à l’origine de La Belle au Bois dormant figure le roman médiéval Perceforest qu’il me semble intéressant de mentionner ici. Dans ce texte, la princesse est fécondée par le prince alors qu’elle est encore endormie ; le sommeil est donc bien lié à la défloration, qu’il l’anticipe ou qu’il l’accompagne.
La femme éveille le sang, et par conséquent les sens, de l’homme, elle invite au désir. Une fois la défloration passée, il n’est plus question de premier sang, mais de sexualité ; or, le sexe et le sang demeurent viscéralement unis, que ce soit d’un point de vue physique, le sang étant une composante de la relation sexuelle, de manière consentie au sein de pratiques sadomasochistes ou encore au cours d’affrontements qui n’ont cessé, depuis les origines de l’humanité, de lier le sang versé des ennemis au sang des viols. En effet, faire la guerre, c’est souvent vouloir s’approprier un territoire, et ce besoin d’envahir la terre passe par la mise à mort de l’adversaire et la possession forcée de sa compagne ; il y aura donc sur les champs de bataille le sang répandu par le glaive et celui versé par le sexe.
Je parlais dans la première partie de l’exposé de la cicatrice, souvenir d’un sang versé en pénitence ou en faisant preuve de bravoure ; nous pourrions aussi remarquer que la cicatrice s’accompagne de fantasmes particuliers, elle est fréquemment associée à un imaginaire érotique qui unit la blessure à l’acte sexuel, la sexualité étant parfois une histoire de chasseurs et de proies. Ce qui nous amène à nous référer aux Liaisons dangereuses ; dans son roman épistolaire, Pierre Choderlos de Laclos met en scène des prédateurs étrangement unis dans un jeu cruel d’orgueil et de sang-froid, certes animés par un désir d’indépendance, mais qui n’hésitent pas à traquer leurs proies, quitte à en devenir eux-mêmes, et à finalement faire couler le sang.
S’agissant de prédation, il faut noter que l’histoire des mentalités atteste du lien manifeste des hommes et de la chasse, à l’exception toutefois de la divinité grecque Artémis et de sa transposition romaine Diane, déesses rendues nécessairement vierges et farouches afin de les préserver de toute ambiguïté sexuelle. La chasse et l’homme se rejoignent dans la sauvagerie du sang, de même que la chasse exclut la femme, considérée comme trop faible et pouvant faire fuir le gibier. Au fil des siècles, les femmes n’ont pas pu verser le sang, celui des bêtes sauvages notamment, essentiellement parce qu’elles en perdaient déjà beaucoup trop, tout n’étant pas foncièrement misogyne dans l’histoire de l’humanité et la plupart des femmes s’accommodant fort bien de la particularité supposée de leur sang ; beaucoup de femmes entretinrent ainsi avec conviction la notion paradoxalement sacrale entourant leur sang.
Mais revenons à la chasse et au gibier : s’il est inconciliable avec la femme, l’animal est également en rivalité avec le chasseur, et c’est évidemment celui des deux qui fera triompher son sang puissant qui l’emportera sur l’autre. Ce rapport de force inscrit dans le sang est inhérent à la chasse, des textes confirmant que jusqu’au XVIIIe siècle, des chasseurs buvaient le sang de leurs proies et conservaient même un petit « gobelet à sang », ceci dans la région de Berne ; c’était là un signe de virilité et une passation de la force animale que nous retrouverons de manière dérivée dans le vampirisme. Toutefois, il convenait de ne pas faire couler le sang de certains animaux sauvages, certaines espèces ne pouvant pas être chassées parce qu’elles digèrent le sang cru, c’est le cas des renards par exemple ; on pensait ces animaux porteurs d’un sang noir, un sang tout aussi dangereux et maudit que le sang obscur des menstrues. Mais dans l’imaginaire collectif, les hommes sauvages, ceux qui ont peut-être un peu trop approché ce fameux sang noir au point de s’en imprégner, sont toujours là, ce sont ceux-là qui traquent le gibier, ce sont les mêmes qui chassent le plus assidûment les femmes.
Le sang a un lien immédiat avec la virilité et la possession, il est à l’origine du désir ; chez l’homme, il dirige l’acte sexuel, chez la femme, on a longtemps considéré que l’âge des premières menstruations donnait une indication précieuse sur le comportement sexuel de la jeune fille. Le sang annonce donc la sexualité, il la permet, il est son complice et son ombre.
Mais la sexualité n’est pas seulement liée aux coups de sang, à l’excitation comme à la sauvagerie, elle est aussi à l’origine de la reproduction ; c’est ainsi que le sang est systématiquement associé à la naissance alors qu’il n’est pas obligatoirement lié à la mort, chaque mort n’étant pas sanglante, à la différence de chaque naissance.
L’accouchement est une nouvelle fois l’occasion de constater que le destin de la femme est bien lié au sang puisqu’elle enfante dans le sang, un sang qui fit longtemps peur, comme celui des menstrues ; il y eut ainsi, dans beaucoup de civilisations, une période d’isolement de la femme sur le point d’accoucher et un temps dit de retour de couches où il s’agissait notamment de se protéger du sang versé lors de l’enfantement avant de retrouver une sexualité sans risque auprès de la jeune mère. On pensait aussi que le sang contenu dans le cordon ombilical était potentiellement dangereux, en France, on a même cru qu’il risquait d’empoisonner le nouveau-né. Aujourd’hui, des recherches sur le sang du cordon ombilical ont démontré qu’il véhiculait des cellules souches qui pouvaient guérir les leucémies ; désormais, le sang de la naissance se présente donc comme un sang porteur d’espoir.
Il est également intéressant de savoir qu’on a longtemps regardé le lait maternel comme étant du « sang blanchi », on croyait en effet que le sang menstruel absent de la gestation se transformait en lait. Ainsi ce qui était regardé comme impur et menaçant se fit source de vie, les femmes étant uniquement « sauvées » de leur sang par la maternité, l’importance de la mère passant avant l’émancipation de la femme.
Par le sang qu’elle perd, par ce sang méconnu, la femme donne la vie, et loin de toute peur ancestrale, le sang de la femme est celui de l’humanité qui se renouvelle. Car finalement, ce sang intriguant qui accompagne l’existence des femmes, celui du cycle, celui de la sexualité et celui de l’accouchement, c’est bien le sang de la vie qui ne s’arrête jamais. À des lieues du sang inondant les champs de bataille, stérile et terrible, nous voyons se dessiner l’image d’un sang quelque peu fantasmé qui distribue la force, on l’a bu pour retrouver la santé, on s’est baigné dedans pour puiser son énergie...
Et quand on parle de bains de sang, comment ne pas penser à la comtesse Élisabeth Báthory et à sa funeste soif de jouvence apaisée par le sang des jeunes filles qui la servaient ? La légende et l’Histoire se mêlent inévitablement dans ce fait divers liant la coquetterie supposée d’une meurtrière à la folie sanguinaire tout aussi incertaine d’une femme, une « verseuse de sang » que les hommes ont condamnée à être emmurée dans une pièce de son château, comme Antigone, soit dit en passant ; mais cette histoire porte en elle une illusion de jeunesse et un rêve de vie éternelle inhérents au sang depuis l’aube de l’humanité, elle est à rapprocher des vampires et du Graal que nous rencontrerons dans quelques semaines.
Le sang, lié au Soleil et souvent solidaire du feu dans de nombreuses civilisations, est avant tout source de vie ; mêlé à la terre, il a donné naissance aux êtres et aux mondes dans beaucoup de cultures, dans la tradition chaldéenne par exemple ou encore dans la mythologie scandinave qui regarde le monde naître du sang d’Ymir, un géant de lave et de givre tué par Odin.
« De son sang, il créa l’humanité », dit le Poème babylonien de la Création.
De nos jours, nous sommes tous encouragés à donner notre sang afin de sauver des vies ; le sang n’est plus une peur ou une salissure, il est un bienfait que les femmes et les hommes peuvent désormais partager.
Note 1 :
Nous pouvons relever la connotation quelque peu péjorative du terme.
Note 2 :
J’emprunte ici la traduction proposée par Agnès Giard dans son ouvrage Dictionnaire de l’amour et du plaisir au Japon.
, le 22.04.2013 à 09:22
Tiens et si je me faisais du boudin aux oignons à midi !
Je travaille avec des personnes polyhandicapées, certaines, tétraplégiques, ont besoin de soins tout le temps, j’ai remarqué que plusieurs collègues masculins ont de véritables problèmes à effectuer les soins intimes lorsqu’une patiente à ses menstrues.
Donc, même dans ce milieu plutôt bien “au courant” de la physiologie humaine, il persiste des croyances ou du moins des restes de comportements liés à tous ces aspects acquis concernant ce sang “impur”.
Je crois vraiment que l’on est en train de perdre tous les rythmes, car aujourd’hui, une femme menstruée doit pouvoir tout faire comme “si de rien était”, elle se met un bouchon pour pouvoir aller à la piscine, elle prend des médicaments pour tenir le coup (malgré des chutes de pression, par exemple), etc. On exagère dans l’autre sens, il y a toujours un espèce de mouvement de balancier avant de trouver une certaine harmonie. Les hommes s’épilent et les femmes pissent debout où va-t-on.
Je relève aussi le mot sexiste donné aux menstrues : indisposée, donc plus à disposition, c’est très révélateur.
, le 22.04.2013 à 09:25
Très, très belle synthèse du sujet.
J’y ajouterai les dispositions de la cacherout et du rite hallal qui font, l’un comme l’autre référence à l’impureté du sang … enfin .. supposée telle.
Longtemps la médecine a saigné les gens malades afin d’évacuer les humeurs néfastes. Conception qu’on pourrait considérer comme ridicule si elle n’avait pas tué tant et tant de monde.
Les programmes de transplantation rénale auxquels j’ai participé, incluait jusque dans les années 90-93 un test immunitaire par transfusion sanguine programmée pour les candidats à la greffe. Certains de ces patients, souvent originaire des Antilles – et je ne fais pas référence aux Témoins de Jehovah refusaient ce protocole en prétextant “l’impureté” de la proposition.
, le 22.04.2013 à 11:41
Allo les Cukiennes, allo les Cukiens ? Vous êtes là ?
On est Lundi, il est 11h39 et 2 commentaires seulement sur le passionnant billet du jour ?
Vous n’avez plus de connexion Internet ? Vos Mac sont out après la proposition de Vendredi de CleanMyMac ? vos mac sont rincés ? La batterie de vos iPhones vous fait défaut ? Vos neurones seraient ils en désordre ?
Bon sang – si j’ose dire – bougez vous.
, le 22.04.2013 à 11:56
Je donne depuis quelques années des heures d’appui scolaire à des jeunes dont la plupart sont des enfants de migrants, et un certain nombre viennent du Sri Lanka. En 2012, une jeune fille sri-lankaise de 19 ans et sa cousine de 14 ans m’ont demandé d’aller sur un site, voulant me faire voir les nombreuses photos de la « cérémonie de la puberté » de la plus jeune des deux, qui s’était déroulée la semaine précédente.
J’ignorais totalement l’existence d’un tel rituel. Elles m’ont expliqué que leurs familles avaient réservé la salle des spectacles de la ville de Renens et qu’il y avait eu environ 600 invités, des Sri-Lankais issus de presque toutes les communautés tamoules de Suisse.
Les photos sont incroyables, c’est Bollywood. Partout plein de fleurs, de roses, d’éléphants de sagex, certes, mais superbement harnachés et peints. Le site est celui d’un Sri-Lankais, qui ne fait que se déplacer avec une caravane de dix véhicules à travers la Suisse voire ailleurs, pour organiser de telles cérémonies, c’est son métier.
Heureusement qu’elle avait aussi des photos faites par la famille, sans décor ni mise en scène, de cette cérémonie. Parce que côté kitsch indien, difficile de faire mieux …
Voici les cérémonies des derniers mois que l’on peut voir sur son site. La jeune fille est celle qui se prénomme Thilaksiga. Elle est totalement méconnaissable, maquillée comme une reine du cinéma. Elle disait avoir souffert des huit changements de tenue, et des heures de préparation pour son maquillage ! Vous la croiseriez en ville que vous ne la reconnaîtriez pas.
Lorsque ses premières règles surviennent, une fille Tamoule l’annonce à sa mère, laquelle en parle à son mari puis à une de ses sœurs, bref à une tante de la jeune fille. De là la nouvelle fait le tour de la famille, puis de la communauté.
Certaines photos ne se font qu’à la maison : le bain rituel de la jeune fille, sur un balcon, dans une baignoire en plastique remplie d’eau teintée symboliquement par des pétales de roses. La jeune fille est vêtue de trois robes couleur safran, porte un diadème et sur le front un tilak vermillon.
Ce qui m’a frappé, c’est l’importance pour cette jeune fille qu’a revêtue ce rituel. Presque d’un jour à l’autre, elle m’a parlé de manière plus assurée, plus posée, elle semblait se savoir devenue adulte, différente, considérée et respectée comme telle. Son frère, qui n’arrêtait pas de l’embêter sottement, de lui piquer ses affaires et de la traiter de nulle, a d’un coup cessé. Au contraire des connotations souvent négatives, et réelles, qu’évoque Anne au sujet du sang féminin, ce rituel me semble au contraire ne véhiculer que des aspects positifs de la femme, je l’ai ressenti pour Thilaksiga, il a été je suis sûr un élément identitaire constructeur de la vision de jeune fille qu’elle a maintenant d’elle-même. Avant, une petite fille timide, maintenant une jeune fille pleine d’assurance.
Nous n’avons plus du tout de rituels de ce genre dans nos cultures occidentales, on voit bien qu’on assiste à un amoindrissement des identités familiales ou générationnelles des uns et des autres dans nos vies, les rôles deviennent mal définis ensuite, ou caricaturaux dans nos sociétés, c’est sûrement une perte.
, le 22.04.2013 à 12:16
Le problème c’est qu’il n’y a rien à ajouter !
Une petite illustration sonore : Jeanne Cherhal
, le 22.04.2013 à 12:41
Merçi Anne! De la lecture d’où l’on sort moins bête, superbe!
, le 22.04.2013 à 12:51
Anne L, quelle classe, merci ! J’ajouterais simplement que chose amusante, dans les pubs pour serviettes hygiéniques, le sang est… bleu ! Est-ce à dire qu’à la TV, il se doit d’être noble ?
Finalement, il existe un arrêt de la Cour européenne absolument “délicieux”, où les juges (tous à moitié grabataires et, si ma mémoire est bonne, exclusivement masculins) examinent la question de savoir s’il y a abus de position dominante d’une entreprise fabriquant des tampons hygiéniques par rapport à une autre qui produit des protège-slip…. Je vais voir si je retrouve le texte, il est assez surprenant !
Vivement en fait la partie no 3 !
, le 22.04.2013 à 16:39
Il me revient une anecdote dont j’ai un peu fait les frais: étudiant en 4 ème année, j’avais été affecté dans une consultation de gynécologie. J’avais pour mission de remplir un questionnaire.
La première question en était: motif de la consultation ? La jeune femme que j’interroge me répond: “je ne vois plus”. Et moi de lui répondre que la consultation d’ophtalmologie était une porte plus loin ;o)))
, le 22.04.2013 à 19:19
Bigre ! diantre ! fichtre ! Très impressionnant.
Je n’aurais jamais imaginé que ce sujet pouvait évoquer tant de choses. Mais je ne dispose pas du type de cerveau approprié, aucun moyen de me projeter dans celui d’un autre humain, j’ai même l’impression de ne comprendre que les chats, et encore… à peine.
z (mais en tout cas, merci, Anne, je répêêêêêêêêêêêêêête : lecture enrichissante)
, le 22.04.2013 à 23:28
Merci à toutes et à tous pour votre gentillesse et vos très intéressantes remarques !
Je suis très touchée par votre enthousiasme, ysengrain, merci mille fois ! Et merci pour cette sympathique anecdote !
La médecine et les religions n’ont cessé au cours de l’Histoire de se parler, parfois de s’opposer, la connaissance du corps se faisant plus précise et répondant peut-être à l’appréhension (dans tous les sens du terme) de l’âme. Nous avons toutes et tous nos racines culturelles, nos vécus se nourrissent des enseignements et parfois des traditions, locales ou religieuses, que nous avons connus et que nous continuons quelquefois de respecter, selon nos choix de vie ; c’est pour cela qu’il est difficile de traiter de sujets, et le sang en fait partie, qui touchent à l’intime, à nos croyances, à notre relation à l’autre, il s’agit d’essayer être objectif tout en respectant l’histoire des hommes, et je ne sais si mes propos auront été perçus ainsi, mais je l’espère. Beaucoup de personnes absolument sincères, intelligentes et bienveillantes pensent encore de nos jours qu’il existe des impuretés inhérentes à nos corps d’hommes et de femmes, c’est ainsi et tant qu’il n’y a pas d’abus commis et de danger pour la vie, nous pouvons les entendre, même si j’imagine bien l’embarras du médecin qui voudrait sauver des vies, je vous comprends très sincèrement, ysengrain, et je vous remercie de nous faire part de votre expérience, c’est très enrichissant.
Merci à vous, Philob et Zallag, pour vos témoignages, je les trouve riches d’enseignements !
Peut-être est-il difficile pour des hommes d’approcher le sang de vos patientes réglées, Philob, peut-être demeure-t-il une hésitation mêlée à de la pudeur… Je crois que la théorie est une chose, car nous sommes, comme vous le dites, informés des différences physiologiques humaines, et que la pratique en est une autre ; en effet, quand un être humain se trouve devant nous, qui plus est d’un autre sexe et demandant des soins intimes, nos constructions psychologiques prennent le pas, notre éducation, nos souvenirs, nos peurs et nos pudeurs reviennent, c’est ainsi. Mais c’est humain, et c’est cela qui me touche dans votre témoignage !
Ce que vous remarquez sur les rythmes et l’harmonie est juste, il faut du temps et de l’intelligence pour que le monde évolue, pour que chacun trouve sa place dans le respect qui lui est dû, le respect de son identité, de sa différence (supposée ou réelle), de son droit à l’émancipation… Cette notion de rythme est intéressante, car la femme, par le retour de ses règles, est inscrite dans le cycle du temps, à l’inverse de l’homme ; cette différence a joué dans la construction des mythes et dans l’imaginaire collectif. Aujourd’hui, de nombreuses personnes ne veulent pas être définies par un genre, cela peut sembler parfois excessif, mais les pistes intellectuelles soulevées par ces personnes depuis de nombreuses années contribuent à faire bouger l’humanité, tout comme les idées proposées par d’autres sur la nécessité de suivre la nature.
Car la grande question se trouve peut-être là, il s’agit de déterminer la part de nature et de culture présente en la femme et en l’homme, qu’est-ce qui est naturel et qu’est-ce qui est culturel dans le genre ? La nature serait-elle un conditionnement et un repère, le destin de l’être humain serait-il de vivre au mieux, et dans le respect mutuel, avec ce qui nous a été donné à la naissance ou bien de s’en émanciper, le rêve des hommes étant souvent un idéal de liberté, d’envol finalement ? La réponse réside peut-être dans l’équilibre, comme vous le supposez. Encore merci pour votre message très humain !
Zallag, votre commentaire me touche beaucoup, il parle lui aussi de l’humain, de votre humanité, de l’humanité de ces jeunes filles, c’est très beau ! J’imagine combien le rituel dont vous nous faites part est important pour ces jeunes filles et je le respecte sincèrement, je vous remercie d’ailleurs de l’avoir évoqué sur cette page, car je ne le connaissais pas. Ces jeunes filles appartiennent à une culture dont elles connaissent les codes, elles ont été élevées dans le respect de cette culture, leur imaginaire et leur perception d’elles-mêmes en dépendent, inconsciemment peut-être. Mais ce que je dis là n’est pas propre à ces jeunes filles, tout être humain, homme ou femme, croyant ou non, obéit souvent instinctivement aux structures sociales et morales qu’il a toujours vues autour de lui, et ce même quand il souhaite les briser, car il s’y réfère tout de même, n’étant pas complètement dans la tranquillité d’esprit. Se construire, s’élever, c’est peut-être se tenir debout sur nos cultures de toute la force paisible de nos identités.
Je comprends tout à fait que ces jeunes filles se soient libérées, se soient même affirmées, comme vous le soulignez, après le rituel que vous décrivez ; il est inscrit dans leur histoire, il est inscrit dans le regard que les autres portent sur elles. Toutefois, si une jeune fille ne souhaitait pas suivre cette tradition, comment serait-elle perçue par sa communauté et par elle-même ? Je ne le sais pas, je me pose simplement la question. Mais il est souvent difficile, quelle que soit notre latitude sur cette Terre, de se construire en s’éloignant de ce qui constitue nos racines et notre identité culturelle, c’est souvent douloureux et parfois impossible. Mais c’est respectable de vouloir le faire, comme sont tout aussi respectables ces jeunes filles qui ont suivi cette tradition qui les a enthousiasmées. Je leur souhaite tout le bonheur du monde dans leur vie de jeunes femmes.
Je ne sais pas si nos cultures occidentales ont réellement perdu ce genre de rituels ou si d’autres cultures les préservent totalement, je crois que le monde est en mutation et que chacun, où qu’il soit sur la planète, cherche son identité, sa liberté, sa lumière, parfois ses racines, tantôt sa vocation, et beaucoup refusent que leur identité dépende seulement de ce qui est matériel, que l’on soit religieux ou non, cela n’a pas d’importance. Toutefois, je comprends ce que vous voulez dire, Zallag, il existe des caricatures dans nos sociétés souvent égarées, on mime les sentiments, on confond les âges, on les anticipe, on les efface, on perd les repères, mais ces incertitudes ne sont pas forcément propres à l’Occident, je ne le crois pas.
Voici quelques années, j’ai travaillé dans un groupe de recherche qui avait pour but d’encourager et de défendre l’égalité entre les femmes et les hommes, et ce groupe a accueilli des personnes venues du monde entier, avec leurs croyances, leurs identités, leurs compétences également, ce cercle étant formés de médecins, de psychologues, de sociologues, d’ethnologues, de littéraires, d’historiens, bref, j’ai beaucoup appris au contact de ces personnes et auprès de personnes qui travaillaient également sur le terrain. Entre autres choses, j’ai compris qu’il existe beaucoup plus de personnes qu’on ne le croit qui s’interrogent sur les codes culturels qu’on leur a inculqués, que la soif de liberté et de respect est universelle, qu’elle peut faire peur aussi à d’autres personnes, que l’Occident et l’Orient sont riches de leurs différences, mais bien frères de cœur, et que parfois, les libertés et les blocages ne sont pas là où l’on penserait les trouver. L’Occident a de belles valeurs, l’Orient aussi, le Sud également, le Nord de même, mais notre monde est un peu perdu, tout noyé qu’il est peut-être par la place que l’on donne de plus en plus à ce qui est matériel ; l’homme et la femme se cherchent des ailes, partout, toujours, ne les leur coupons pas… Il est normal qu’un être humain veuille avoir un nid, des biens, qu’il veuille protéger les siens et se faire plaisir, mais il rêve souvent, il souhaite aimer pleinement, tenter malgré tout et toucher le ciel, son ciel, celui qu’il imagine en toute liberté.
Encore une fois, je vous remercie infiniment, Zallag, je vous souhaite le meilleur dans votre belle vocation d’aider ces jeunes, et je souhaite le meilleur à toutes ces jeunes filles.
Haddock, merci d’avoir mentionné cette chanson de Jeanne Cherhal, je ne la connaissais pas et elle m’a beaucoup touchée. Comme quoi il y a toujours quelque chose à ajouter, et ce d’autant plus qu’il semble difficile de trouver des musiques se référant aux règles. Merci mille fois donc !
Merci à vous, Passant, je suis touchée par votre message ; ce qu’il y a de formidable sur Cuk, c’est cet échange, lire vos commentaires, vos ajouts, vos anecdotes, tout cela m’enrichit et je vous en remercie. J’espère seulement n’endormir personne avec mes textes ; car je suis certaine que chacun a un souvenir, une expérience, une réflexion liés au thème du sang.
Madame Poppins, merci infiniment ! C’est vrai que le sang est bleu dans les publicités, probablement pour la raison que vous donnez d’ailleurs… Il me tarde de lire l’arrêt de la Cour européenne dont vous parlez, je dois dire que je suis surprise que des juges se penchent sur ce sujet ; quoi qu’il en soit, le cas examiné semble porteur de sens, comme vous le soulignez. Encore un très grand merci !
zit, merci beaucoup ! Rassurez-vous, si la lecture du texte vous a enrichi (ce qui me touche), c’est que vous vous projetez fort bien dans le cerveau des autres humains.
Un grand merci à toutes et à tous, passez une très belle semaine !
, le 24.04.2013 à 09:24
Ouais ben pour être plus terre à terre et pratique, ma copine va avoir les siennes et … merde tiens !
Plaisanterie à part, merci pour cet article.
, le 24.04.2013 à 16:12
Cela m’a pris un moment pour cogiter cet article :
) Cela fait du bien de lire du bon français de temps en temps :) en tout cas pour le cerveau!Et aujourd’hui en me levant, j’y ai repensé et cela m’a fait penser à une histoire d’un de mes ex-collègues.
Durant sa jeunesse, il a vu un accident de vélo, et le cerveau du malheureux cycliste étaient visible dans une mare de sang. Il en a tellement été choqué, que depuis ce moment, il s’évanouissait en voyant la moindre goute de sang. Quelques années plus tard, sa femme, enceinte, voulait absolument que son mari assiste à la naissance de leur premier enfant. Cela malgré le problème de son mari avec le sang. Et cette naissance a été pour lui une sorte d’exorcisation, il ne s’est pas évanoui, et il en a été “transformé”. Maintenant, il n’a plus aucun problème, mais ce sang de la naissance a été pour lui vraiment une sorte d’antidote.
Merci encore pour cet article, et j’attend avec impatience la 3e partie!
Alessandro
, le 25.04.2013 à 05:15
Merci beaucoup, Tom, pour votre humour et votre gentillesse !
Et merci beaucoup, Alessandro, pour l’histoire que vous partagez avec nous, je la trouve magnifique… Ce sang de la vie qui parvient à effacer de la mémoire un sang tragique, c’est d’une grande beauté, merci infiniment !
J’espère que la troisième partie enthousiasmera ceux qui l’attendent, en tout cas je prends beaucoup de plaisir à l’écrire, du sang bleu à l’âme, de Dracula au Graal (entre autres), je peux vous dire que c’est un véritable voyage dans l’imaginaire.
Encore merci à vous !