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Le mythe du sang (1/3) — Le sang, encre de la mort

Bon­jour à toutes et à tous, je suis nou­velle sur ces pages et je sou­hai­te­rais me pré­sen­ter en quelques lignes. Je suis lit­té­raire de for­ma­tion et de cœur, sans pré­fé­rence par­ti­cu­lière pour une époque ou un genre, même si je fus mé­dié­viste voici quelques an­nées; je ne cesse d’être tou­chée par la mer­veille hu­maine et par la vie qui bat dans chaque œuvre, cette vie que l’art nous donne à voir. J’ai éga­le­ment tra­vaillé comme cor­res­pon­dante de presse, ce fut une belle ex­pé­rience que de tendre la plume à la mé­moire des autres. Je crois être pas­sion­née par beau­coup de choses, par l’his­toire des femmes et des hommes, les pay­sages qui sont des ailleurs, les sym­boles, le des­sin, les arts gra­phiques, la pho­to­gra­phie, la mu­sique, du chant ly­rique au rock, j’aime les re­flets de l’océan et le flot des étoiles… Et je suis vi­ve­ment in­té­res­sée par les pos­si­bi­li­tés in­for­ma­tiques, je dois d’ailleurs à cet in­té­rêt la dé­cou­verte de ces lieux; ici, j’ai lu des com­men­taires de per­sonnes cha­leu­reuses et je vous re­mer­cie de vos textes tou­jours vi­vants. J’es­père que ce que j’écri­rai sera tout aussi vi­vant, je sou­haite un échange entre mes mots et les vôtres, rien ne me tou­chera da­van­tage que vos lu­mières.

Pour mon pre­mier ar­ticle, j’ai choisi de par­ler du sang, de son his­toire et de sa sym­bo­lique, de ce qu’il convient d’ap­pe­ler le mythe du sang ; c’est un sujet très large et je n’au­rai donc pas la pré­ten­tion d’être ex­haus­tive, ar­ti­cu­lant es­sen­tiel­le­ment mon in­ter­ven­tion au­tour de la lit­té­ra­ture et de l’art. Cet ar­ticle sera di­visé en trois par­ties, vous trou­ve­rez la pre­mière sous ces lignes et les deux autres se­ront pu­bliées d’ici quelque temps ; la deuxième trai­tera du sang mé­connu et sou­vent mal­mené des femmes, de la souillure, de la vir­gi­nité, du som­meil et du désir, quant à la troi­sième, elle ten­tera de s’ap­pro­cher des vam­pires et du Graal, de son­der les nom­breux fan­tasmes liés au sang et de res­sen­tir sa trans­cen­dance. Vous re­mar­que­rez plu­sieurs ré­fé­rences re­li­gieuses dans cette ten­ta­tive d’es­sai, je me per­mets de pré­ci­ser que ce sont là des don­nées cultu­relles, le mythe du sang étant lié au sen­ti­ment re­li­gieux, et non une prise de po­si­tion quelle qu’elle soit, mes pro­pos se vou­lant avant tout in­for­ma­tifs et évi­dem­ment res­pec­tueux de tous. Après ce pré­am­bule, com­men­çons…

 

Le sang… Com­bien de for­mules lit­té­raires, com­bien d’images échap­pées de la mé­moire, liées à une sen­sa­tion ou à une his­toire et unies au sang ? Com­bien de fois évo­quons-nous ce li­quide qui nous donne vie pour par­ler de lien so­cial ou de vio­lence entre les hommes ? As­su­ré­ment sou­vent. C’est ainsi, le sang nous consti­tue et il est par­tout, inon­dant les jour­naux té­lé­vi­sés ou mis en va­leur sur des af­fiches qui nous in­vitent à don­ner le nôtre ; car le sang se ré­pand comme la mort, mais il se donne comme la vie, il porte en lui cette dua­lité, toute sa sym­bo­lique, tout ce qui construit son mythe dans l’his­toire des hommes étant en effet lié à cette double ap­par­te­nance. Le sang est à la fois la vie et la mort, le bien et le mal, la pu­reté et la souillure, le sa­cre­ment et le crime, il réunit dans une union étrange tous les contraires. Il fas­cine inexo­ra­ble­ment, ter­ri­ble­ment même, le goût de la mort et du sang versé n’étant hélas plus à dé­mon­trer, et pour­tant on conti­nue de le re­dou­ter, cer­tains ne s’éva­nouissent-ils pas à sa vue ? Le sang est comme la cou­leur rouge, am­bi­va­lent : rouge clair, il est la vie, la force, le jour, l’ac­tion, la li­bé­ra­tion, rouge sombre, il prend le vi­sage de la mort, du mys­tère, de la nuit, de la pas­sion et de l’op­pres­sion.

 

In­té­res­sons-nous tout d’abord au sang à ce point lié à la mort qu’il en de­vient son encre ; dans l’his­toire de l’hu­ma­nité et au cœur même de son ex­pres­sion ar­tis­tique, le sang est là de­puis tou­jours, on le verse, on le loue, on le venge, des fleuves de sang coulent de­puis des siècles sans qu’au­cune rai­son ne soit plus forte qu’eux, et l’art na­vigue sur ces fleuves rouges qui lui servent, bien sou­vent, d’encre pro­vi­den­tielle. On sait ainsi que cer­taines pein­tures ru­pestres furent réa­li­sées avec du sang ani­mal mêlé à des ma­té­riaux, on sait aussi com­bien les bains de sang purent être un spec­tacle prisé, pen­sons aux jeux ro­mains.

Le sang est vi­suel, celui qui perd son sang donne à voir une image concrète du pas­sage de la vie à la mort, le sang ser­vant à la fois d’illus­tra­tion et de preuve à la fin de l’exis­tence; en cela, il est tra­gique, il s’ac­corde au des­tin, il est un coup de théâtre. L’épo­pée mé­dié­vale re­gorge de pages qui mettent en scène un héros per­dant son sang au fil des mots, il en est de même pour la tra­gé­die qui pré­fère bien sou­vent la voie du glaive à celle du poi­son, c’est là une voie plus san­glante, plus fa­tale, plus noble peut-être, « quels ruis­seaux de sang coulent au­tour de moi » fera dire Jean Ra­cine à Oreste dans An­dro­maque. William Sha­kes­peare écrit quant à lui dans Mac­beth que « le sang at­tire le sang »; de fait, le sang versé pro­met le sang des len­de­mains fu­nestes, il an­nonce la rage, la guerre, la ven­geance et fi­na­le­ment la mort, au­tant de ré­ac­tions hu­maines fort pri­sées par la tra­gé­die. Dans Henry V, Sha­kes­peare fait de ce sang versé au nom d’une cause le ga­rant d’un lien in­dé­fec­tible; le roi Henry dé­clare ainsi, au cœur d’une ter­rible ba­taille, que « celui qui au­jour­d’hui ver­sera son sang avec (lui) sera (s)on frère; si vile que soit sa condi­tion, ce jour l’ano­blira ». Les sangs ver­sés au com­bat se re­joignent alors, le sang du ro­tu­rier est de la même eau que celui du roi, c’est là le sang glo­rieux des frères d’armes qui ont payé le prix du sang.

Le sang tra­gique est un sang-fleuve, un sang qui coule comme la des­ti­née des hommes. Tou­te­fois, quand la mort fait ces­ser cet épan­che­ment, le des­tin est scellé; dès lors, le sang se fige, et l’art est tout aussi at­tiré par cette sus­pen­sion de la vie qu’il ne l’est par son flot. Dans la mu­sique ba­roque, les élé­ments, et bien sou­vent les élé­ments li­quides, furent mis à l’hon­neur, on peut pen­ser aux nom­breuses larmes de­ve­nues la­men­ta­tions ou en­core aux ir­ré­sis­tibles tem­pêtes et averses de croches. An­to­nio Vi­valdi, dans son opéra Far­nace, re­prend le thème de son pre­mier mou­ve­ment du concerto pour vio­lon L’hi­ver, ex­trait des Quatre Sai­sons, pour ac­com­pa­gner la souf­france d’un père qui tient son fils mort, et ex­sangue, dans ses bras (voir la note 1); Vi­valdi pose alors les mots et le souffle du chan­teur sur un air qui illustre vis­cé­ra­le­ment la perte du sang, la mu­sique de­vient ex­sangue comme l’est l’en­fant dé­cédé. Voici la tra­duc­tion de cet air « Ge­lido in ogni vena » :

« Je sens cou­ler dans mes veines

un sang gelé,

l’ombre de mon fils ex­sangue

me rem­plit de ter­reur. »

Le sang est gelé, il cesse de cou­ler, il s’épuise, et la mu­sique met ce sang en mou­ve­ment jus­qu’au der­nier souffle du chan­teur, la tech­nique re­joi­gnant ici plei­ne­ment l’émo­tion re­cher­chée. Je n’ai pas choisi ce pas­sage au ha­sard, il m’in­té­resse car il parle de fi­lia­tion; or, nous l’avons vu avec Sha­kes­peare, le sang unit sur le champ de ba­taille des hommes qui ne se connaissent pas, mais il est aussi le lien que nous par­ta­geons avec ceux à qui nous don­nons la vie, notre pro­gé­ni­ture, le sang de notre sang. Pen­sons comme ce sang trans­mis est au cœur de l’ac­tua­lité : la gé­néa­lo­gie est à la mode, il s’agit de re­nouer les liens du sang, on fait aussi appel au sang quand on débat du droit à la na­tio­na­lité, droit du sol ou droit du sang, ou en­core quand il s’agit de par­ler de la fi­lia­tion des per­sonnes ho­mo­sexuelles; le sang est ainsi pris à par­tie pour jus­ti­fier d’une cer­taine idée de la na­ture, de l’iden­tité et de l’hé­ré­dité. Et d’hé­ré­dité il est éga­le­ment ques­tion avec Émile Zola qui a ima­giné une par­tie de son œuvre au­tour d’elle; ses écrits re­posent en effet sur les liens du sang unis­sant une fa­mille, des liens por­teurs de cer­taines tares et du dé­ter­mi­nisme so­cial si im­por­tant pour l’écri­vain. Le sang trans­mis re­cele donc en lui un mal pro­bable.

Cette concep­tion du sang liée à la ma­la­die et à une forme de me­nace s’est dé­ve­lop­pée ces der­nières an­nées avec les écri­vains souf­frant du sida; leur sang po­ten­tiel­le­ment dan­ge­reux, la peur sou­vent fan­tas­mée, la per­ma­nence du risque ainsi que l’iso­le­ment des ma­lades ont donné nais­sance à une lit­té­ra­ture qui a changé ce sang en encre. Hervé Gui­bert a ainsi mis sa ma­la­die en pages, il a im­pré­gné ses ro­mans au­to­bio­gra­phiques d’une encre trem­pée dans son sang en souf­france : « Il me fal­lait vivre, dé­sor­mais, avec ce sang dé­nudé et ex­posé, comme le corps dé­vêtu qui doit tra­ver­ser le cau­che­mar ».

     

Le sang est une encre de pré­di­lec­tion pour les écri­vains et les ar­tistes, il est puis­sant comme la vie tout en étant la si­gna­ture de la mort. Il est aussi un lien so­lide entre les hommes; en effet, quelle que soit la cou­leur de peau, le sang est tou­jours rouge et porte ainsi en lui une idée de fra­ter­nité uni­ver­selle; le sang des hommes les dé­fi­nit, il est leur na­ture et le ga­rant de leur santé.

Nous l’avons vu, le sang est bien sou­vent lié à la tra­gé­die; mais il peut éga­le­ment de­ve­nir un res­sort co­mique, com­ment ne pas se sou­ve­nir en effet de l’iro­nie de Mo­lière à l’égard des mé­de­cins et de leurs si fré­quentes sai­gnées? Ces fa­meuses sai­gnées, hé­ri­tées d’un Moyen Âge qui fai­sait sor­tir du corps les mau­vaises hu­meurs en même temps que le mau­vais sang, furent pour Mo­lière pré­texte à se mo­quer d’une mé­de­cine par­fois dé­pas­sée.

Le sang est le vé­hi­cule du mal, les sai­gnées ne di­saient rien d’autre, il est un ré­vé­la­teur, un té­moin pri­vi­lé­gié de ce qui nous consti­tue et nous dé­fi­nit, c’est une encre rare ; et c’est comme encre qu’il fut uti­lisé pour conclure des al­liances, bien des textes sa­crés l'at­testent, nous pou­vons pen­ser aux pactes de sang. Évi­dem­ment, ces pactes furent por­teurs d’un grand po­ten­tiel ar­tis­tique et lit­té­raire, si­gner un texte de son sang étant d’une por­tée sym­bo­lique ma­ni­feste; le mythe de Faust, un hu­main qui signe de son sang un pacte avec le Diable, s’ap­puie sur cette sin­gu­la­rité du sang qui ins­crit dans la chair toute en­tente conclue. Il est ques­tion d’hon­neur quand on signe de son sang, on se lie à la vie, à la mort avec une per­sonne. Et il convient bien de ne pas né­gli­ger les prin­cipes mo­raux quand on les ancre dans le sang; com­bien d’hon­neurs ba­foués se trouvent-ils en effet ré­pa­ra­tion que dans le sang versé? Cette idée de ré­pandre le sang en com­pen­sa­tion à un man­que­ment à l’hon­neur est fré­quente dans de nom­breuses cultures et à toutes les époques; dans la lit­té­ra­ture, nous pou­vons pen­ser aux mous­que­taires qui ra­chètent la ré­pu­ta­tion mal­me­née d’Athos en tran­chant la tête de Mi­lady de Win­ter, son épouse; même s’il s’agit d’une femme, il faut qu’elle paie de son sang l’hon­neur qu’elle semble avoir dé­robé à cha­cune de ses vic­times. « Tous pour un! Un pour tous! », ce sont là des com­pa­gnons d’armes et des frères de sang entre les­quels le sang lavé est un lien puis­sant.

Liant entre les hommes, encre d’un pacte so­cial, le sang est à la fois la preuve d’une faute et son ra­chat; on exige le sang en dé­dom­ma­ge­ment du sang versé, on punit par le sang, et ré­pandre le sang de l’en­nemi n’est plus seule­ment une né­ces­sité an­ces­trale de sur­vie, ce qui était le cas aux ori­gines de l’hu­ma­nité, mais éga­le­ment une me­sure so­ciale et co­di­fiée. Lié à la mort, à la tra­gé­die et aux drames in­times, le sang est ce frère qui nous ré­vèle, il épouse notre iden­tité au point que le sui­cide par la perte de sang soit de­venu, dans plu­sieurs ci­vi­li­sa­tions, la ré­pa­ra­tion ul­time de l’hon­neur perdu. Pen­sons au sep­puku des guer­riers ja­po­nais qui choi­sis­saient de s’ou­vrir le ventre, siège de la vo­lonté, pour laver un échec et ra­che­ter leur di­gnité; le sang versé se pare alors d’une cer­taine no­blesse, il est lié à une vi­sion hié­rar­chique de la so­ciété, il res­taure l’in­té­grité des hommes et une concep­tion tra­di­tion­nelle de l’équi­libre col­lec­tif. On peut éga­le­ment pen­ser aux exé­cu­tions ca­pi­tales dif­fé­rentes selon les classes so­ciales et à la per­mis­sion ac­cor­dée aux nobles de mou­rir par l’épée, et donc dans le sang. Quant à la trace de sang séché, la ci­ca­trice, elle frappe d’in­fa­mie quand elle rap­pelle une faute ou une pu­ni­tion, mais elle de­vient une marque ho­no­rable si elle té­moigne d’un acte de bra­voure, la culture po­pu­laire trans­for­mant sou­vent la ci­ca­trice en coup de théâtre.

    

Le sang est in­ti­me­ment lié à la tra­gé­die hu­maine, aux com­bats des hommes et à leurs maux, à leurs fautes ou à leur gloire ; té­moin de leur hon­neur, le sang change les hommes en héros.

Dans l’ima­gi­naire col­lec­tif, le sang est as­so­cié aux guer­riers, il n’est donc pas éton­nant de trou­ver dans la my­tho­lo­gie des per­son­nages mar­qués par le sang et s’im­pré­gnant de sa force. Ainsi Sieg­fried, le héros de la Chan­son des Ni­be­lun­gen, com­bat-il le dra­gon Faf­nir et se couvre-t-il du sang de la créa­ture morte, un sang qui le rend in­vul­né­rable; tou­te­fois, une feuille mal­en­con­treu­se­ment tom­bée entre ses omo­plates em­pêche son corps d’être to­ta­le­ment re­cou­vert du sang pro­tec­teur, et c’est cette par­tie du corps sans dé­fense qui sera na­tu­rel­le­ment à l’ori­gine de la mort du héros.

Il est bien sou­vent ques­tion d’ini­tia­tion dans le sang, et donc de souf­france, pour de­ve­nir un homme, que ce soit dans l’His­toire, les men­ta­li­tés ou les lé­gendes qu’elles ont fa­çon­nées; lors d’actes ri­tuels, un jeune homme doit ver­ser le sang afin d’être re­connu comme un homme, c’est l’épreuve du sang qui dé­livre les clés de la ma­tu­rité. Ce choix uni­ver­sel de la vio­lence comme prin­cipe d’ac­tion et d’évo­lu­tion trouve un écho dans la pein­ture du Ca­ra­vage (voir la note 2); ses mises en scène réa­listes de sa­cri­fices et de crimes donnent à voir le sang qui gicle, un sang qui se fait cri, ce­lui-ci inonde les ombres des ta­bleaux de son rouge écla­tant, il est peint pour nous écla­bous­ser, presque pour qu’on le sente. Le sang est là pour ra­con­ter la vio­lence iné­luc­table du monde et peut-être aussi pour l’exal­ter, comme s’il s’agis­sait pour le Ca­ra­vage de cher­cher une forme d’ex­tase et de lu­mière au sein même des té­nèbres des corps et des cœurs.

Puis­qu’il est ques­tion de force entre les hommes, puisque l’exi­gence du sang versé semble in­évi­table, il faut dès lors co­di­fier la vio­lence qui en­toure ce sang, une so­ciété ci­vi­li­sée ne per­met­tant pas de le ver­ser à loi­sir, mais se de­vant au contraire de main­te­nir l’équi­libre in­dis­pen­sable à la vie. Tout le monde ne peut donc pas tuer ; mais qui est au­to­risé à ver­ser le sang ? C’est dans cette op­tique que la so­ciété éta­blit des ordres guer­riers et que le mythe du ver­seur de sang voit le jour ; pen­sons qu’on a au­tre­fois adoubé des hommes par l’épée pour qu’ils puissent ré­pandre le sang en­nemi et qu’au­jour­d’hui, le cé­lèbre es­pion James Bond 007 est doté du per­mis de tuer.

 

Le sang est l’encre d’une hu­ma­nité tou­jours en com­bat qui se trouve des ad­ver­saires, se cherche des frères et ido­lâtre des héros, il est le mal né­ces­saire des so­cié­tés hu­maines; fi­gure de la mort et de la vaillance, le sang est bien celui des hommes. Mais qu’en est-il du sang des femmes dans l’His­toire et l’ima­gi­naire col­lec­tif? Une femme au­rait-elle pu être au­to­ri­sée à ver­ser le sang? Quelques femmes firent of­fi­ciel­le­ment cou­ler le sang et furent consi­dé­rées comme des guer­rières, c’est le cas de la déesse Ar­té­mis, des Wal­ky­ries, de Jeanne d’Arc par exemple, mais vous consta­te­rez que ces com­bat­tantes sont im­pé­ra­ti­ve­ment as­so­ciées à la vir­gi­nité; il fal­lait en effet vider ces fi­gures fé­mi­nines de leur sang fé­mi­nin, si j’ose dire, pour qu’elles puissent ré­pandre le sang à leur tour. Nous ver­rons une pro­chaine fois que la femme et le sang sont in­évi­ta­ble­ment liés; la femme est ins­crite dans un cycle du sang qui lui est propre, un cycle ap­pa­rem­ment bien étran­ger aux hommes. Mais en at­ten­dant, es­pé­rons que l’hu­ma­nité n’ou­blie ja­mais que « le sang se lave avec les larmes et non avec le sang », comme l’écri­vait Vic­tor Hugo.

 

Note 1 :

Vous pou­vez écou­ter l’air de Vi­valdi sur cette page :

Ge­lido in ogni vena

 

Note 2 :

Vous pou­vez voir quelques œuvres du Ca­ra­vage en sui­vant ces liens :

Le Sa­cri­fice d’Isaac

David avec la tête de Go­liath

Ju­dith dé­ca­pi­tant Ho­lo­pherne

30 com­men­taires
1)
Or­ca­dis
, le 29.03.2013 à 07:21

Bien­ve­nue, bon sang ne se­rait men­tir…

2)
ChB
, le 29.03.2013 à 08:05

Le Ca­ra­vage

Flo­rence, Rome… An­drea Ca­mil­leri “La cou­leur du so­leil”

Ch.

3)
ysen­grain
, le 29.03.2013 à 09:55

Le sang est à la fois la vie et la mort, le bien et le mal, la pu­reté et la souillure, le sa­cre­ment et le crime, il réunit dans une union étrange tous les contraires. Il fas­cine inexo­ra­ble­ment, ter­ri­ble­ment même, le goût de la mort et du sang versé n’étant hélas plus à dé­mon­trer, et pour­tant on conti­nue de le re­dou­ter, cer­tains ne s’éva­nouissent-ils pas à sa vue ? Le sang est comme la cou­leur rouge, am­bi­va­lent : rouge clair, il est la vie, la force, le jour, l’ac­tion, la li­bé­ra­tion, rouge sombre, il prend le vi­sage de la mort, du mys­tère, de la nuit, de la pas­sion et de l’op­pres­sion.

Bon­jour et bien­ve­nue.

Pour un pre­mier billet, tu fais très fort: le sujet … l’écri­ture … le contenu du pro­pos ..;

Pour­tant, j’ai du mal et je crois en connaitre la rai­son. L’in­té­gra­lité de ce texte re­pose sur le mythe, l’image men­tale que nous avons, TOUS, construit au­tour de ce li­quide de vi­ta­lité.

Il se trouve que j’ai pro­fes­sion­nel­le­ment “vécu” dans le sang de nom­breuses an­nées et que j’ai des dif­fi­cul­tés à me lais­ser aller.

Mes­dames Mes­sieurs, à ge­noux et tête dé­cou­verte

Et puis Ca­ra­vag­gio, Ce­ci­lia Bar­toli, Vi­valdi. Merci

4)
Ar­naud
, le 29.03.2013 à 10:32

Merci, Anne, pour cette belle planche sym­bo­lique!

5)
Fran­çois Cuneo
, le 29.03.2013 à 11:32

Cet ar­ticle me per­met de dé­cou­vrir Far­nace de Vi­valdi que je ne connais­sais pas.

C’est très beau. Vive Qobuz qui me per­met d’écou­ter en qua­lité CD ce que je veux quand l’oc­ca­sion se pré­sente.

Les images du Ca­ra­vage sont d’une vio­lence in­ouïe.

Merci pour cette belle écri­ture, pour cet ar­ticle qui pa­raît… Ven­dredi Saint, et c’est un pur ha­sard, mais éton­nant tout de même.

Et der­nière pe­tite chose: il me semble que nous jus­ti­fions ra­re­ment le texte à gauche et à droite. Je suis étonné parce que je trouve le ré­sul­tat es­thé­tique beau. Sû­re­ment parce que tes pa­ra­graphes ont de la sub­stance.

Je vais es­sayer une fois avec mes ar­ticles, mais je pense que ce sera moins beau vu que mes pa­ra­graphes dé­passent ra­re­ment trois lignes!:-)

Bonnes fêtes de Pâques à toutes et à tous!

7)
Ma­dame Pop­pins
, le 29.03.2013 à 12:33

Bien­ve­nue et bravo pour cette en­trée : vi­ve­ment la suite !

8)
Alain Le Gal­lou
, le 29.03.2013 à 13:31

il me semble que nous jus­ti­fions ra­re­ment le texte à gauche et à droite.

Je le fais sys­té­ma­ti­que­ment, voir mon der­nier ar­ticle sur le nou­gat. Mais ef­fec­ti­ve­ment avec des pa­ra­graphes courts cela se re­marque moins.

9)
Ma­dame Pop­pins
, le 29.03.2013 à 13:37

Je plus­soie Alain, j’ai tou­jours jus­ti­fié mes billets et à gauche et à droite :)

10)
Tom25
, le 29.03.2013 à 17:17

Fran­çois ayant une grosse ten­dance à pen­cher à droite, je suis sur­pris qu’il ne jus­ti­fie pas ses textes à droite uni­que­ment ;-) .

Edit : J’ai écrit ma bla­gou­nette ci-des­sus avant de lire.
Fé­li­ci­ta­tion pour ce pre­mier ar­ticle.
Par rap­port au ma­laise que je res­sens par­fois quand je vois la ma­nière avec la­quelle l’homme traite cer­tains ani­maux pour ce nour­rir, j’ai envie de dire que leur sang est tout aussi rouge que le notre.

11)
Anne L
, le 29.03.2013 à 19:50

Merci à vous pour votre ac­cueil, je suis très tou­chée !

Merci, Or­ca­dis, Ar­naud et Alain pour vos sym­pa­thiques mes­sages !

Grâce à votre re­marque, ChB, je dé­couvre le roman d’An­drea Ca­mil­leri qui a l’air très beau, je vous re­mer­cie.

Merci beau­coup, ysen­grain, pour votre com­men­taire at­ta­chant, je res­pecte in­fi­ni­ment votre re­te­nue vis-à-vis du sang ; quand on re­garde en face celui que vous nom­mez jus­te­ment le « li­quide de vi­ta­lité », quand on le vit dans sa chair, il laisse une em­preinte in­dé­lé­bile dans le cœur, je vous com­prends très bien.

Merci, Fran­çois, à la fois pour l’ac­cueil, la confiance et la gen­tillesse ! C’est vrai que l’ar­ticle pa­raît en ce jour de Ven­dredi Saint, même si le sang lié à la di­vi­nité sera abordé un peu plus tard, la coïn­ci­dence est éton­nante. Quant aux pa­ra­graphes, je les ai jus­ti­fiés parce que j’ai l’ha­bi­tude de le faire, mais ty­po­gra­phi­que­ment jus­ti­fié ou non, chaque ar­ticle paru ici a de la sub­stance. Je sou­haite aussi une bonne se­maine pas­cale à celles et ceux qui passent en ces lieux.

Had­dock, un grand merci pour ce texte de Do­mi­nique Grange, il est très fort, merci pour ce « co­que­li­cot de la chan­son » ! Je vais par­ler de ce sang de vie, des fleurs ou en­core du « sang bleu », mais ce sera hélas moins mu­si­cal que votre lien.

Merci beau­coup, Ma­dame Pop­pins, la suite concer­nera les dames, les femmes et le sang, toute une his­toire très vi­vante…

Tom, merci beau­coup ! Oui, le sang des autres êtres hu­mains et celui des ani­maux par­tagent la même cou­leur et la même pul­sa­tion de vie, vous avez bien rai­son ; il sera ques­tion du sang lié à la chasse dans la deuxième par­tie et de la ma­nière de ver­ser le sang des ani­maux dans la troi­sième, je serai heu­reuse de lire votre com­men­taire.

En­core merci à toutes et tous, vos re­marques me font très plai­sir !

12)
Tom25
, le 29.03.2013 à 20:30

Je suis ren­tré tout à l’heure d’un rdv avec un client, que je vois en­vi­ron 4 fois par an comme la plu­part de mes bons clients (j’ai un grand sec­teur, 33 dé­par­te­ments).
On avait un rdv il y a 1 mois au siège de ma boîte, j’y étais ar­rivé la veille car j’avais pro­fité de mon dé­pla­ce­ment pour y faire d’autres choses (c’est à 4 h de route de chez moi). Il m’a ap­pelé le matin pour me dire qu’il ne vien­drait pas, et qui m’ex­pli­que­rait. Sa voix était plu­tôt sou­riante. Je m’étais ima­giné qu’il avait pris une bonne cuite la veille. Il m’a avoué tout à l’heure s’être ou­vert les veines la veille de mon rdv. Gros stress pro­fes­sion­nel, pour­tant sa boîte marche bien. Pe­tites ten­sions avec sa nou­velles co­pines. Il m’a dit qu’il était en train de faire la vais­selle, puis d’un coup qu’il a at­trapé un cou­teau et s’est tailladé. Par chance, sa co­pine l’a ap­pelé, et comme il a dé­cro­ché puis s’est éva­noui, elle a ap­pelé les se­cours.
Je ne pense pas que je choi­si­rais cette so­lu­tion pour en finir. Je n’y ai d’ailleurs ja­mais ré­flé­chi.
Je l’avais vu pour la der­nière fois en dé­cembre, et même si on se connait un peu, nos re­la­tions sont pro­fes­sion­nels. Pour­tant, je m’en veux et culpa­bi­lise de ne rien avoir vu.

Bref, tout ça pour le rap­port avec le sang, mais aussi pour dire qu’on a des fas­ci­na­tions (pour le sang et autre) qu’on ne s’ex­plique pas trop, mais qu’on ai­me­rait bien avoir des an­tennes pour ce genre de chose. Sen­tir le sang AVANT qu’il ne coule.

13)
Fran­çois Cuneo
, le 29.03.2013 à 21:46

Tom25, dis en­core une fois que je penche à droite et je te ban­nis à ja­mais!:-)

Dé­solé Mme Pop­pins, mais ça ne m’a pas frappé comme au­jour­d’hui.

Peut-être parce que tes pa­ra­graphes sont plus courts, je ne sais pas. Idem pour Alain.

14)
Sa­luki
, le 29.03.2013 à 23:36

Bien­ve­nue, dé­li­cieuse as­soif­fée d’hé­mo­glo­bine, sur cette nef des fous (de Mac, de photo, d’an­douillettes, de Ca­no­ni­kon, etc).

[fren­ch­Joke “on”]

En ce jour où toutes les ra­dios et TV bruissent de Carla, vous avez le front de faire chan­ter Ce­ci­lia !
[fren­ch­Joke “off”]

15)
Laurent Vera
, le 30.03.2013 à 07:23

Bien­ve­nue, anne et merci pour ce beau texte. Ef­fec­ti­ve­ment fran­çois, c’est plus joli quand c’est jus­ti­fié.

16)
Anne L
, le 30.03.2013 à 19:48

Merci beau­coup de votre ac­cueil, Laurent !

Sa­luki, merci pour le fren­ch­Joke ! Je suis ravie d’être dé­sor­mais à bord de « cette nef des fous », mettre un grain de folie dans la vie étant la chose la plus rai­son­nable au monde, n’est-ce pas ?…

Tom, ce se­rait bien de « sen­tir le sang avant qu’il ne coule », comme vous le dites, pour évi­ter des flots de larmes, mais même l’at­ten­tion la plus sin­cère aux autres ne sau­rait em­pê­cher cet ins­tant ter­rible qui fait tout bas­cu­ler. Nous sommes seule­ment hu­mains et nous fai­sons ce que nous pou­vons avec nos cœurs sou­vent dé­voués. Mais, di­sons-le, nous sommes aussi puis­sam­ment hu­mains, la vo­lonté d’être en­semble mal­gré nos dif­fé­rences étant par­fois le meilleur pan­se­ment ; vous avez sû­re­ment aidé la per­sonne que vous évo­quez avec émo­tion.

Votre mes­sage me per­met éga­le­ment de pré­ci­ser ceci : vous par­lez de fas­ci­na­tion pour le sang, et je com­prends ce que vous vou­lez ex­pri­mer, on peut être at­tiré in­tel­lec­tuel­le­ment ou ar­tis­ti­que­ment par un concept en le vi­dant de sa réa­lité. Je tiens à sou­li­gner que ce n’est pas mon cas, je ne suis pas fas­ci­née par le sang ou par la vio­lence, loin de là même ; la vie m’a ame­née à m’in­té­res­ser à de tels su­jets afin de me­su­rer leur im­pact sur la so­ciété et de ten­ter, au contraire, de pan­ser les plaies et d’évi­ter la vio­lence. Je n’ai pas de fas­ci­na­tion mor­bide pour la face sombre des choses, en re­vanche j’es­saie, à mon petit ni­veau, de mieux com­prendre les rouages de cette at­ti­rance afin de pré­ser­ver une cer­taine lu­mière, qui me semble tout aussi in­té­res­sante, si ce n’est plus, que les ombres. Je ne sais pas si mes pro­pos sont très clairs, mais ils sont sin­cères.

En­core merci de votre ac­cueil !

17)
Tom25
, le 31.03.2013 à 09:16

Par fas­ci­na­tion, j’avais plu­tôt à l’es­prit ce qu’il se passe quand il y a un ac­ci­dent par exemple. Plu­sieurs fois (je roule beau­coup pour mon tra­vail), j’ai été blo­qué sur l’au­to­route car il y avait un ac­ci­dent sur les voies d’en face. Donc au­cune rai­son pour nous, mais les gens re­gardent, j’en soup­çonne même de faire des pho­tos.
Et je dois avouer que je me mo­tive, que je me contrôle, pour ne pas tour­ner la tête et re­gar­der droit de­vant moi. Mais il y a une sorte d’ins­tinct, de fas­ci­na­tion mor­bide qui pousse à re­gar­der.

Mais loin de moi l’idée d’as­so­cier votre ex­cellent ar­ticle à ce genre d’at­ti­tude. Vous c’est tout le contraire du vouyeu­risme pri­maire, vous étu­diez.

18)
Anne L
, le 31.03.2013 à 10:23

Ne vous in­quié­tez pas, Tom, je n’ai pas pensé que vous m’as­so­ciiez à ce genre de fas­ci­na­tion mor­bide et je suis réel­le­ment dé­so­lée si c’est l’im­pres­sion que mon mes­sage a lais­sée. Comme vous sou­le­viez cette idée de fas­ci­na­tion, j’ai seule­ment sou­haité pré­ci­ser le sens de ma dé­marche parce que je ne l’ai pas fait dans l’ar­ticle d’une part, et que cela me semble aussi né­ces­saire qu’hon­nête d’autre part ; je vous re­mer­cie donc sin­cè­re­ment d’avoir évo­qué ce sujet et pour la gen­tillesse de vos pro­pos.

Vous avez rai­son, la vio­lence ou en­core les chocs sus­pendent le temps et fo­ca­lisent le re­gard, c’est hu­main, c’est ins­tinc­tif comme vous le re­mar­quez, c’est peut-être une ma­nière d’exor­ci­ser les peurs. Je crois qu’il existe mal­gré tout une dif­fé­rence entre re­gar­der et pro­ba­ble­ment s’in­quié­ter, et prendre un drame en photo, ce qui re­lève du voyeu­risme, comme vous le dites.

En­core merci de votre mes­sage et bon di­manche pas­cal à toutes et à tous !

19)
M.G.
, le 31.03.2013 à 17:41

Merci, Anne, pour cette belle planche sym­bo­lique!

C’est cu­rieux mais lorsque j’ai fini la lec­ture de votre ar­ticle (que j’avais im­primé pour mieux le goû­ter et l’an­no­ter), je me suis fait la même re­marque !

le sang est tou­jours rouge et porte ainsi en lui une idée de fra­ter­nité uni­ver­selle 

« Vous devez scel­ler ici de votre sang l’en­ga­ge­ment que vous venez de contrac­ter. Consen­tez-vous à ce qu’il soit ré­pandu pour rendre in­dis­so­lubles les liens de la fra­ter­nité qui doivent vous unir à l’Ordre ? »

De quel Ordre s’agit-il ? De la Fra­ter­nité Uni­ver­selle, jus­te­ment, dans la­quelle se réunissent les Fils de la Lu­mière.

Les sym­boles m’ont tou­jours fas­ciné et c’est un plai­sir de vous lire. J’at­tends les ar­ticles sui­vants avec beau­coup d’in­té­rêt et j’ai hâte de vous lire sur le Graal, sym­bole de la per­fec­tion ul­time.

Ah ! Si les planches qui me sont sou­mises de Midi à Mi­nuit étaient aussi tra­vaillées, je se­rais le plus heu­reux des ber­gers.

La phrase de Giono que vous re­pre­nez dans votre si­gna­ture est aussi d’une grande ri­chesse.

20)
Alias
, le 31.03.2013 à 19:39

Pour un pre­mier texte, c’est assez réussi et il faut le re­con­naître lar­ge­ment su­pé­rieur à ce qu’on lit d’ha­bi­tude sur ce site (coin­cés que nous sommes entre les or­gasmes consu­mé­ristes et ex­hi­bi­tion­nistes de son ad­mi­nis­tra­teur et les ques­tions ab­surdes d’une dia­bé­tique an­gois­sée…).

Tout ceci est donc très pro­met­teur mais je crains que der­rière les for­mules de po­li­tesse, l’in­té­rêt gé­né­ral de­meure faible : je doute que vous trou­viez ici de nom­breux Per­ce­val fixant avec ques­tion­ne­ment la neige mou­che­tée de rouge…

Pré­avis fa­vo­rable donc mais tou­te­fois dé­pê­chez d’en venir à des su­jets plus cap­ti­vant, par­lez nous iPhone ou iPad que diable! Nous sommes ici pour cela!

Bien à vous.

21)
Anne L
, le 01.04.2013 à 06:49

Alias, je vous re­mer­cie sin­cè­re­ment de l’at­ten­tion que vous avez ac­cor­dée à l’ar­ticle. Per­met­tez-moi tou­te­fois d’ob­ser­ver que je ne suis pas la seule en ces lieux à ne pas par­ler d’iPhone ou d’iPad ; si j’en crois les ar­ticles ré­di­gés en mars, il fut ques­tion d’un jeu sur Le Petit Prince, de pho­to­gra­phies de guerre, d’œuvres d’art, de nou­gat, du de­voir de mé­moire, de bandes des­si­nées, de poé­sie et de bien d’autres su­jets en­core qui sont tous in­té­res­sants et peuvent tou­cher les lec­teurs de Cuk. En effet, la ri­chesse d’un site comme ce­lui-ci est jus­te­ment sa di­ver­sité, chaque lec­teur pou­vant trou­ver ici de quoi nour­rir sa cu­rio­sité selon ses goûts, per­sonne n’étant obligé de lire un ar­ticle ou d’y adhé­rer.

Il faut sou­li­gner que cette di­ver­sité est per­mise par l’ad­mi­nis­tra­teur de ces pages et peut-être Fran­çois vous fera-t-il part de ses choix édi­to­riaux à son re­tour de va­cances s’il le dé­sire. Pour ma part, je re­marque que le pen­chant consu­mé­riste que vous sem­blez re­gret­ter (un pen­chant qui ne me saute pas aux yeux, je me per­mets de le men­tion­ner) n’em­pêche pas le maître des lieux d’ac­cor­der toute li­berté à ses ré­dac­teurs, je le re­mer­cie d’ailleurs de sa confiance.

Je vou­drais aussi pré­ci­ser que chaque par­ti­ci­pant mé­rite le res­pect et qu’il en va de même pour les ar­ticles parus ici ; c’est donc na­tu­rel­le­ment que je res­pecte votre com­men­taire, Alias, tou­te­fois, per­met­tez-moi de ne pas adhé­rer au ju­ge­ment de va­leur que vous ap­po­sez sur tel ou tel ar­ticle. En effet, je n’ai ja­mais trouvé en ces lieux de ques­tion­ne­ments pé­nibles ou de prose ex­hi­bi­tion­niste, je n’ai lu en re­vanche que des textes de per­sonnes bé­né­voles et pas­sion­nées.

Pour ma part, je ne cherche aucun Per­ce­val mo­derne et ne sou­haite en­nuyer aucun lec­teur po­ten­tiel avec mes ar­ticles, j’es­père seule­ment par­ta­ger quelques connais­sances avec des per­sonnes qui me fe­ront part de leurs lu­mières en re­tour, et j’in­vite cha­cun à par­ti­ci­per, cha­cun ayant un sa­voir et une ex­pé­rience à com­mu­ni­quer. Si l’in­té­rêt pour les ar­ticles que je ré­dige s’avère faible, eh bien, il en sera ainsi ; je pense néan­moins qu’au­cun sujet ne de­vrait être in­ter­dit sous pré­texte d’un éven­tuel dé­ca­lage avec le monde qui est le nôtre, au contraire, je crois que par­ler avec pas­sion de lit­té­ra­ture, d’art et de l’his­toire des hommes peut être en­ri­chis­sant pour tous, je pense ici à l’ex­cellent tra­vail que pro­pose Jean-Fran­çois Zygel à la té­lé­vi­sion afin de prou­ver que la mu­sique clas­sique n’est pas éli­tiste, mais qu’elle peut tou­cher cha­cun d’entre nous.

Vous par­lez d’iPhone ou d’iPad, ces in­ven­tions tech­no­lo­giques qui vous cap­tivent avec rai­son… Quand on conçoit un objet, j’ima­gine qu’on en­vi­sage un mar­ché po­ten­tiel au­tour de ce pro­duit et qu’il est de fait lié à ce monde consu­mé­riste dont vous par­lez ; mais je crois éga­le­ment, pour avoir ren­con­tré des créa­teurs, qu’un pro­duit naît avant tout dans l’ima­gi­naire d’une per­sonne, l’iPad et l’iPhone étant cer­tai­ne­ment nés dans l’es­prit d’un vi­sion­naire que nous connais­sons tous. Or, re­gar­der du sang sur la neige, comme le fait Per­ce­val, et ima­gi­ner alors le vi­sage de la femme aimée, c’était pour l’époque la marque d’un vi­sion­naire, en l’oc­cur­rence de l’au­teur du Conte du Graal, Chré­tien de Troyes. Per­ce­voir le monde au­tre­ment, cher­cher un Graal qui nous est propre, et pour cer­tains, ce Graal sera l’iPad ou l’iPhone, c’est là l’aven­ture de l’hu­ma­nité ; ima­gi­ner et créer, voilà le rêve de l’être hu­main, que l’on soit lit­té­raire ou scien­ti­fique, nous par­ta­geons tous un désir d’ailleurs, n’est-ce pas ? Cette soif de dé­cou­vertes, c’est celle des créa­teurs, c’est aussi celle des per­sonnes qui s’ex­priment ici, je le crois, même si je ne sau­rais par­ler à leur place ; je pense que cha­cun ici est en­thou­siasmé à l’idée de par­ta­ger ses rêves et sa vi­sion des choses, sinon à quoi bon écrire ? C’est pour cela que je vous re­mer­cie à nou­veau pour votre vi­sion des choses ex­po­sée ici, Alias.

Marc, je vous re­mer­cie sin­cè­re­ment de votre gen­tillesse et je suis heu­reuse que l’ar­ticle ait pu vous in­té­res­ser. Je ne peux pas ca­cher que je serai très heu­reuse de par­ler du Graal, de l’hu­ma­nité à la­quelle il est lié et de la mer­veille qu’il met dans le cœur de ceux qui le cherchent. Le Graal est bien plus qu’un mythe, sans qu’on s’en rende for­cé­ment compte, il est dans bien des choses, com­bien de fic­tions et de créa­tions étant nées de cette quête hé­ri­tée du passé, mais tou­jours là sous d’autres noms et sur d’autres vi­sages ?

La phrase de Jean Giono est tirée du Hus­sard sur le toit, un roman ma­gni­fique qui parle aussi d’élé­va­tion, comme les ro­mans du Graal ; c’est la mère du héros qui conseille à son fils d’être fou, je trouve ça su­perbe.

Une nou­velle fois, je vous re­mer­cie tous pour vos com­men­taires et vos re­marques, je vous lis avec at­ten­tion. Pas­sez une bonne se­maine !

22)
Fran­çois Cuneo
, le 01.04.2013 à 09:16

Pour un pre­mier texte, c’est assez réussi et il faut le re­con­naître lar­ge­ment su­pé­rieur à ce qu’on lit d’ha­bi­tude sur ce site (coin­cés que nous sommes entre les or­gasmes consu­mé­ristes et ex­hi­bi­tion­nistes de son ad­mi­nis­tra­teur et les ques­tions ab­surdes d’une dia­bé­tique an­gois­sée…).

Tout ceci est donc très pro­met­teur mais je crains que der­rière les for­mules de po­li­tesse, l’in­té­rêt gé­né­ral de­meure faible : je doute que vous trou­viez ici de nom­breux Per­ce­val fixant avec ques­tion­ne­ment la neige mou­che­tée de rouge…

Pré­avis fa­vo­rable donc mais tou­te­fois dé­pê­chez d’en venir à des su­jets plus cap­ti­vant, par­lez nous iPhone ou iPad que diable! Nous sommes ici pour cela!Bien à vous.

Et pour­tant tu nous lis!:-)

Ri­golo!

23)
M.G.
, le 01.04.2013 à 09:46

La phrase de Jean Giono est tirée du Hus­sard sur le toit, un roman ma­gni­fique qui parle aussi d’élé­va­tion, comme les ro­mans du Graal ; c’est la mère du héros qui conseille à son fils d’être fou, je trouve ça su­perbe.

Comme beau­coup de lec­teurs, j’ai dé­cou­vert Jean Giono par la tri­lo­gie de pan. Je suis vite de­venu accro de la Pro­vence et des per­son­nages hu­mains que nous fait vivre Giono.

Sou­ve­nir par­ti­cu­lier du Ser­pent d’étoiles lu en par­cou­rant la plage in­fi­nie et dé­serte de MBoro pen­dant la pause de midi alors que nous tra­vail­lions dans la mine de phos­phate proche.

Bi­zar­re­ment, je n’ai pas lu Le Hus­sard sur le toit. En re­vanche, j’ai vu avec plai­sir le film qu’en a tiré Jean-Paul Rap­pe­neau.

Dans Un roi sans di­ver­tis­se­ment de Fran­çois Le­ter­rier, le sang ap­pa­raît de ma­nière ré­cur­rente en contraste à la pu­reté de la neige des pay­sages.

L’ex­hor­ta­tion de Jean Giono que vous citez dans votre si­gna­ture m’en rap­pelle une autre, celle de Steve Jobs à l’Uni­ver­sité de Stan­ford en 2005 « Soyez in­sa­tiables. Soyez fous ! »

C’est le même qui m’a sauvé la vie en 1984 avec son Apple II et nous a légué l’iPad et autres iBi­dules dont nous par­lons en effet sou­vent avec pas­sion sur Cuk.

24)
Tom25
, le 01.04.2013 à 10:58

Alias, comme je suis un peu neu­neu il faut me par­ler sim­ple­ment. En gros tu es content d’avoir enfin un contri­bu­teur à la hau­teur de ton ta­lent et de ton in­tel­li­gence. Et tu es in­quiet que les lour­dos que nous sommes ne la fassent fuir.
J’ai bien com­pris ?

Dé­solé pour notre nou­velle amie d’écrire cela dans un com­men­taire de son pre­mier ar­ticle, mais ça me reste un peu en tra­vers ce genre d’in­ter­ven­tion. Fran­çois est un grand en­thou­siaste qui s’émer­veille de tout, et pas uni­que­ment des der­niers gad­gets élec­tro­niques. Et on peut sou­hai­ter par­ta­ger cer­taines ques­tions sans être an­gois­sée pour au­tant. Et quand bien même, mieux vaut tout ça que de l’agres­si­vité.

25)
zit
, le 02.04.2013 à 07:52

Sois la bien­ve­nue, Anne.

Bon sang, mais c’est bien sûr ! bien que mon oncle soit hé­mo­phile, je coa­gule très vite ;o).

z (aura–t–on un dé­ve­lop­pe­ment au sujet de l’ho­mo­pho­nie entre sans, sent(ir) et sang ? je ré­pêêêêêêêêêêêêête : sens ce sang, mais pas sans sens, l’es­sence des sens s’en suit : es­suie ce sang et suis la suie, je panse, donc j’es­suie)

26)
Anne L
, le 03.04.2013 à 06:59

Merci pour ce très agréable voyage dans l’œuvre de Jean Giono, Marc ! Le film adapté du Hus­sard sur le toit ne se ter­mine pas comme le roman (tou­te­fois, je ne sau­rais pré­fé­rer une fin à l’autre, les deux étant en­thou­sias­mantes), mais il est fi­dèle à l’es­prit de ce livre ma­gni­fique qui parle d’aven­ture et de li­berté.

Votre re­marque sur le sang lié à la neige dans Un roi sans di­ver­tis­se­ment est très juste, c’est d’ailleurs Giono qui re­prend le plus fi­dè­le­ment ce thème mis en lit­té­ra­ture par Chré­tien de Troyes, même si les contes s’en sont éga­le­ment em­pa­rés, nous le ver­rons no­tam­ment avec Blanche-Neige.

C’est vrai que la vo­lonté d’être fou a animé, et anime en­core je l’es­père, le cœur de bien des vi­sion­naires, et Steve Jobs illustre par­fai­te­ment cette idée, son désir d’ima­gi­ner l’im­pos­sible était beau, je vous re­mer­cie de le sou­li­gner.

Ne vous ex­cu­sez pas, Tom, au contraire, je trouve juste et tou­chant de rap­pe­ler ici l’en­thou­siasme de Fran­çois, votre com­men­taire a donc plei­ne­ment sa place sur cette page.

Merci beau­coup pour votre ac­cueil et votre hu­mour, zit ! Vous ne pen­sez pas si bien dire en re­mar­quant l’ho­mo­pho­nie entre « sans », « sent » et « sang », j’en par­le­rai dans les pa­ra­graphes consa­crés au Dra­cula de Bram Sto­ker, j’y ajou­te­rai même du « sens », je l’es­père. :-)

Merci à tous, pas­sez une bonne jour­née !

27)
M.G.
, le 04.04.2013 à 00:37

Votre re­marque sur le sang lié à la neige dans Un roi sans di­ver­tis­se­ment est très juste, c’est d’ailleurs Giono qui re­prend le plus fi­dè­le­ment ce thème mis en lit­té­ra­ture par Chré­tien de Troyes, même si les contes s’en sont éga­le­ment em­pa­rés, nous le ver­rons no­tam­ment avec Blanche-Neige.

Blanche-Neige ? Per­met­tez à Grin­cheux d’être im­pa­tient de vous lire sur ce sujet pré­cis ;-)

(Re­marque des­ti­née à un lec­teur as­sidu de Cuk. Il se re­con­naî­tra)

28)
Anne L
, le 19.04.2013 à 05:32

Je ré­ponds très tar­di­ve­ment à votre com­men­taire, Marc, la faute à un disque dur dé­faillant, mais sa­chez que je serai très heu­reuse de voir Grin­cheux, Joyeux, Prof et même Ti­mide s’in­té­res­ser aux pro­blèmes de Blanche-Neige. ;-)

Bonne jour­née à vous !

29)
art_­gra­phic
, le 22.04.2013 à 14:31

À la ques­tion est-ce que les croyances de cha­cun sont-elles sa­crées ou doit-on les exa­mi­ner comme n’im­porte quelles idées pro­duites par l’être hu­main, je pro­pose de ré­pondre par l’ana­lyse, la dé­mys­ti­fi­ca­tion, la dé­cons­truc­tion plu­tôt que la croyance, la sou­mis­sion et l’es­cla­vage, fut-il re­li­gieux. Merci Anne L. pour vos textes.

30)
Anne L
, le 17.05.2013 à 05:13

Veuillez m’ex­cu­ser, art-gra­phic, de n’avoir dé­cou­vert votre sym­pa­thique com­men­taire que ré­cem­ment et de n’y avoir pas ré­pondu plus tôt.

Vous avez rai­son, il est im­por­tant de conser­ver son libre ar­bitre dans la vie, que ce soit vis-à-vis des croyances ou des connais­sances, quel que soit le sujet, il faut ten­ter de l’abor­der sans pré­ju­gés et en toute li­berté ; ce n’est pas tou­jours fa­cile, car nous avons tous des vécus et des ex­pé­riences qui nous en­traînent vers tel ou tel cou­rant de pen­sée, mais es­sayer d’ap­pré­hen­der avec sa­gesse toutes les fa­cettes de l’hu­ma­nité s’avère vé­ri­ta­ble­ment en­ri­chis­sant.

En­core merci pour votre mes­sage !