Une partie de mon activité professionnelle consiste à créer pour différends clients (collectivités, entreprises, office de tourisme, etc.) un grand nombre de publications papier. Adepte de l’iPad depuis le début, j’étais en attente de solution pour pouvoir convertir ces documents pour une publication numérique.
Je suis également un grand lecteur de magazines sur iPad, ce qui m’évite d’avoir des monticules de revues que je ne relis jamais. Pour l’anecdote, en déménageant mon bureau, j’ai retrouvé des Chasseurs d’images qui vantaient la qualité du canon EOS 1 n… l’argentique. Bref l’iPad est une bonne solution pour ces types de documents que l’on peut archiver ou supprimer comme on le souhaite (d’autant que l’on peut retélécharger un magazine que l’on avait supprimé). Et puis, ces revues ne sont que des pdf sans aucune interactivité particulière, le seul intérêt étant de pouvoir agrandir les pages.
Et puis sont apparus sur l’iPad le magazine du Monde « M Magazine » et RMC sport. J’ai particulièrement apprécié l’application M magazine, très bien conçue, avec beaucoup d’enrichissements et un mode navigation fluide et agréable. Je connaissais déjà les outils de publication d’Adobe la « Digital Publishing suite », mais je trouvais l’utilisation lourde, difficile d’approche et plus proche des besoins de grosses structures d’édition, particulièrement dans le mode de publication sur l’App Store. En consultant l’ours de RMC sport, j’ai vu que l’appli avait été créée avec les outils d’Aquafadas. J’ai téléchargé le plug-in, la documentation, l’utilitaire sur l’iPad.
Très vite, j’ai créé des documents comme je le souhaitais. Et là, très rapidement, j’ai été confronté à la complexité de ce nouveau support : forme du document, navigation, enrichissements, tout à revoir, à repenser.
Ce qui d’ailleurs me conforte dans mon idée que les tablettes ne remplacent pas le papier, elles sont un outil nouveau et complémentaire dont nous devons imaginer l’utilisation pour nos clients et pour leur public.
J’imagine par exemple, pour mon client « Mouches de Charette », de garder le catalogue papier actuel de 240 pages et de créer un catalogue tablettes présentant la gamme de cannes à mouche et de moulinets en rajoutant sons, vidéos, témoignages, zoom sur le produit ou les matières ; bref tout ce qu’on aimerait avoir en plus lorsqu’on feuillette un catalogue papier. Le toit venant en « flyt ying » restant, lui, sur le support papier.
Du coup j’ai fait une formation à Paris pour mieux prendre en main l’outil. Formation de 2 jours qui m’a autant appris que remis en question. Vincent, le formateur, m’a présenté la publication numérique sous la forme de 3 calques :
- le premier, c’est le texte et l’iconographie, issus du papier ;
- le second, c’est l’enrichissement : son, graphique animé et vidéo. Mais rien de plus, finalement, qu’un écran d’ordinateur ;
- le troisième, c’est la gestuelle, le tactile, ce nouveau mode de navigation popularisé par l’iPad. Et c’est là que ça devient à la fois fascinant et particulièrement difficile à appréhender.
J’ai vécu la difficulté en direct, en voulant, durant la formation, créer une fiche de randonnée sur iPad en partant de l’existant papier. Simple me suis je dis, on décompose la fiche en différentes pages et le tour est joué.... en fait pas du tout ! Ça ne fonctionnait pas comme je l’attendais, techniquement tout se passait comme prévu, mais « l’expérience utilisateur » était vraiment désagréable. Les gestes à effectuer pour le passage d’un article ou d’une page à l’autre, le lancement d’une d’action, la lecture dune vidéo, tout était à revoir pour avoir cette impression de fluidité que l’on attend avec l’iPad. Il faut repenser complètement le document et l’application en fonction de cette « UE » (User Expérience), la gestuelle devient alors aussi primordiale (voir plus) que les autres « Calques ». Un texte ou une icono de qualité peuvent être ruiné par une mauvaise réflexion de la gestuelle sur la tablette.
Les 2 jours de formation ont portés sur l’utilisation de la palette d’outils disponibles, les diverses fonctionnalités qui permettent de créer une mini application, bien au-delà de la simple publication de documents. Par contre on découvre aussi l’instabilité du plug-in qui plante assez régulièrement...
Un nouveau métier à apprendre, réellement enthousiasmant, mais je suis bon pour la formation « User Experience » de 4 jours à l’automne.
Pour aller plus loin, et avant de vous présenter mes propres publications à venir, je vous propose de découvrir les références d’Aquafadas elles ont de qualités inégales et l’on voit bien que nous sommes justes au début de ces outils, tout reste à créer.
Et vous, que pensez-vous de ces publications pour tablettes et qu’en attendez-vous en général ?
Le mois prochain je reviendrai sur la comparaison Lightroom 4 et CaptureOne 7.
PS J’ai profité de ces 3 jours à Paris pour rendre visite à notre grand photographe Zit qui m’a accueilli à l’ENSAD, le lieu où il officie. J’ai pu découvrir un étage (en sous-sol par contre) entièrement dévolu à la photo, essentiellement argentique avec un magnifique labo plein d’agrandisseurs et une belle odeur de chimie que je ne n’avais pas senti depuis bien longtemps !
La preuve !
, le 20.03.2013 à 07:19
Je n’ai pas encore fais le pas de passer mes revues au numériques, faut-il encore qu’elles existent autrement qu’en PDF. Par contre le problème que je vois, c’est l’éclatement des solutions de lecture, comment faire pour un éditeur pour être sûr de toucher le plus grand nombre de clients ? iPad et iPad mini peuvent déjà avoir une interface différente du à leurs tailles, mais si on prend en plus Android + (Firefox OS, Ubuntu mobile), BB, Windows Phone, liseuses, et qu’en tant que lecteur je voudrais aussi pouvoir l’avoir sur Mac ou Windows ? J’espère qu’une solution universelle arrivera (ou elle existe ? )
, le 20.03.2013 à 07:47
Graphiste de longue date, je crée exclusivement pour le print grâce à la CS6. J’ai utilisé dès son arrivée la DPS de chez Adobe pour tester et proposer aux clients d’avoir une alternative Digital au print. Hélas ceux-ci ne sont pas près à passer le pas. D’abord parce que cela à un coût qu’ils ne veulent pas prendre en compte. De plus, avec l’éclatement du nombre de tablettes et donc du nombre de format, il faut créer autant d’alternatives ce qui devient rapidement très lourd. Au final, le PDF reste le moyen qu’ils utilisent pour diffuser leur document. Je me demande si le html 5 avec le responsive n’est pas la meilleur alternative… affaire à suivre.
, le 20.03.2013 à 09:26
Hello,
L’app M Le Monde est assez instable, comme celle du Monde en général.
La nouvelle mouture a un caractère insupportable qui est pour moi une régression : elle renvoie souvent au site lemonde.fr pour lire un article, que l’on soit abonné ou non. Quand tu es au restaurant, on ne t’envoie pas en face acheter ton fromage…
, le 20.03.2013 à 10:01
Je confirme ce commentaire. En revanche, la stabilité de “M Le Monde” dans la vacuité sidérale se confirme chaque semaine: des pubs de luxe – les montres qui vendent l’heure et qui ne la donnent pas – la vacuité des contenus; depuis un mois, il sort de ma boite à lettres et va directement à la poubelle. À la maison, personne ne se plaint et rien ne me manque.
Le billet de Laurent, sans entrer dans les détails confirme que la mise en page est un métier quelque soit le media de publication utilisé.
, le 20.03.2013 à 10:02
Effectivement, saluki, depuis 2 ou 3 numéros, M le monde est devenu payant sur une bonne partie des articles et c’est inadmissible ou alors il fallait le faire dès le départ…. Par contre je trouve le fonctionnement assez agréable.
, le 20.03.2013 à 10:10
Merci pour cet article d’actualité. Je pense aussi me former dans l’utilisation d’outils pour faire des publications numériques et on ne sait pas trop pour où commencer. Quark a ajouté le “App Studio” à Xpress mais je n’ai pas eu l’occasion de l’essayer.
Ta réflexion sur l’approche différente nécessaire au numérique est vraiment importante. Comme exemple du pire: je cherchais un guide voyage sur iPad et j’ai vu que le Petit Futé proposait toute sa gamme papier en version iPhone/iPad. J’en ai acheté un et le résultat est une vrai catastrophe.
Vais jeter un coup d’œil chez Aquafadas.
, le 20.03.2013 à 12:15
Je suis comme apreslapluie du commentaire 2, dans le cadre de mon boulot, j’ai évalué la possibilité de créer des livres numériques, pour le moment il n’y a rien de bon:
– Autant de formats que de supports (iPhone, iPad, samsung, blackberry, etc.) – Flash non supporté sur les produits Apple – Protection des fichiers numériques: cela doit être sécurisé et accessible à des gens (ou un groupe) définis = App store (seul moyen de diffusion à grande échelle, jailbreak impossible (Etat))
Tant qu’il n’y aura pas de moyen “universel”, ça sera galère!
, le 20.03.2013 à 12:54
Je ne suis pas spécialiste du domaine, mais ceux que cela intéresse feraient bien de jeter un coup d’oeil sur le site de Twixl, une entreprise belge dont le produit, TwixlMedia, permet de transférer aisément sur l’iPad un texte formaté avec InDesign.
Je travaille avec eux dans le cadre de ma profession, mais en rapport développement d’autres applications. Des gens sérieux et sympas!
, le 20.03.2013 à 14:41
Chanceux, moi il ne m’a même pas proposé!
, le 20.03.2013 à 18:41
Et moi j’ai profité de mon mi-temps complet à Paname pour forcer sa porte !!!
, le 20.03.2013 à 20:31
Étant le seul à la maison à ne pas disposer d’ail truc, j’avoue que cette histoire de gestuelle m’interpelle, moi qui ne suis encore qu’un pôvre presse bouton.
Va bien falloir que je m’y mette un jour, à ce genre de zinzin, mais le coût me rebute encore. Parce que il ne s’agit pas juste du prix d’achat d’un appareil, mais il faut aussi compter les app. que l’on va vouloir y installer, un abonnement data, et puis bien sûr, l’envie d’en changer qui se manifestera forcément à un moment ou à un autre, à ce que j’ai cru comprendre, il ne s’agit même plus d’un problème d’obsolescence programmée, mais d’une course folle de tous les acteurs (fabricants, éditeurs de logiciels, consortiums de fabricants édictants les normes…) vers toujours mieux et plus (vite, de pixels, de gestes, que sais–je encore).
Déjà que j’ai du mal à rentrer dans la danse avec la photo qui pourtant me passionne (je ne joue pas le jeu des fabricants, achetant des objectifs, d’occase, mais étant très calme sur les boîtiers; nonobstant, je pense que je vais avoir bien du mal à résister longtemps au D800E, dont chaque test que j’en fait me convainc plus de son adéquation avec mes besoins, et puis un Nikon V1, ça ne fait pas sérieux, mais le prix, tout de même…).
Guillôme, ça peut s’arranger…
Saluki, d’ailleurs, on va remettre ça encore cette année.
z (qui ne mesure qu’un mètre soixante–treize, je répêêêêêêêêêêête : ce n’est pas si grand)
, le 25.03.2013 à 18:58
Zit, tu peux utiliser beaucoup d’applis gratuites et fonctionnelles, et beaucoup d’applis payantes passent gratuites momentanément; il te suffit de 3/4 applis (gratuites) de suivi des promotions sur l’AppStore pour bien t’en sortir. Perso, j’ai mon iPad 3 depuis deux ans, je n’éprouve absolument pas le besoin d’en changer, bien qu’il soit sorti deux modèles (4 et mini) et une nouvelle itération (128 go) depuis… bon, d’accord, les 128 go, ça me tenterait bien, pour intégrer encore plus l’iPad comme outil de travail – mais rien de bien nécessaire…
Je suis comme toi, je ne joue pas le jeu des fabricants, seulement le mien ;-)
La gestuelle est essentielle sur iPad (comme sur l’iPhone), mais le problème est sans doute de partir du print; il vaut mieux penser le projet comme un projet web, d’entrée de jeu, et là plusieurs technos sont directement compatibles (d’ailleurs, on utilise assez facilement une appli web bien conçue sur iPad): html, css, javascript.
Bon, on obtient de meilleurs résultats avec une appli native, et on peut pousser assez loin l’interaction… souvent quand même au détriment de la lecture (mais au bénéfice d’autres perceptions/sensations). L’approche idéale, à mon sens, c’est l’approche de type jeu vidéo; on part des game mechanics (la palette des interactions avec l’appareil) pour concevoir le gameplay, et le jeu se construit autour. Avec une tablette, le champ des possibles est assez grand, entre gyroscope et interface tactile.
Difficile à intégrer/accepter quand on vient du print, mais si quelques règles de mise en page sont transposables, le reste, l’essentiel, consiste vraiment en des règles d’interaction, qui régissent le développement web et jeu. Avant d’aller à une autre formation, ça peut valoir le coup de lire les Human Interface Guidelines d’Apple pour iOS, instructives quant à leur conception de l’ergonomie d’une interface interactive.
Je trouve qu’un bon exemple de ce qui est faisable en terme de magazines est démontré par les applications de lecture de flux RSS, dans lesquelles les technos web sont foison (Feedly, ma préférée, mais il y en a des tas d’autres: YouMag version web ou iPad, Pulse, Flipboard, bien sûr).
Le format universel existe, c’est l’ePub c’est juste qu’il est relativement peu performant, dès qu’il s’agit de magazines enrichis; mais très suffisant pour des livres. Hyper pratique, car les outils de lecture sont intégrés aux tablettes.
Enfin, à se faire la main avec un outil pratique et pas cher, si vous avez un iPad, tentez iBook Author, gratuit; on apprend déjà pas mal de choses sur la conception des interactions.
—–—–—–—–Edit: liens ajoutés, un peu plus pratique que d’avoir à faire toutes les recherches…
, le 26.03.2013 à 09:39
Merci pat pour ces précisions, je vais aller regarde tout ça. Je crois que tu as raison, venir du print est un handicap, on a trop d’habitudes.
, le 26.03.2013 à 17:05
J’avais pas trop le temps ce matin, mais à la faveur de l’alerte m’indiquant ton billet, j’en ai profité pour ajouter tous les liens qui facilitent la recherche…
En fait, en venant du print on a des réflexes acquis de longue date, et la navigation papier en tête (le feuilletage); même si encore beaucoup d’interface en reprennent le principe, il y a déjà de très nombreuses productions qui s’en sont plus ou moins affranchies et qui propose une forme de pilotage/navigation au sein de l’interface.
L’appli AveComics d’Aquafadas avait ouvert la voie en France, pour ce qui est de la BD numérique, en scénarisant la lecture d’une BD, mais depuis Aquafadas est allé beaucoup plus loin et propose une suite d’outils concurrente à celle d’Adobe.
MotionComposer, leur outil d’édition d’animation web, utilise par exemple les technos HTML5 (il exportait en Flash au début, et même si le Flash demeure, en moins d’un an ils sont passés du Flash au HTML5, axant maintenant leur communication sur le dernier format) pour créer des animations insérables dans n’importe quels applications ou produits pour smartphones et tablettes.
Au passage, Motion Composer est disponible dans le bundle de MacUpdate qui expire dans deux jours, au tiers de son prix (49,99$ le bundle, pour 149$/109€ l’application), et avec neuf autres apps, c’est l’occasion pour ceux qui veulent essayer.