Comment j’ai transformé mon iPhone en caméra vidéo

Prenons un exemple simple 

 

Vous désirez filmer le petit dernier qui joue un rôle important dans le spectacle de fin d’année de l’école. Pour cela, vous décidez d’utiliser votre iPhone. En bon caméraman qui se respecte, vous soudoyez le vigile de l’entrée en prétextant que vous êtes mandaté pour tourner le film officiel du spectacle, ce qui vous donne la possibilité de choisir la meilleure place pour l’exécution de votre œuvre. Au lever du rideau, vous tendez bien droit votre bras avec, à son extrémité, l’iPhone à son poste, prêt pour la captation de l’œuvre. Votre voisin de derrière râle un peu, car il ne voit plus son petit dernier qui joue, lui aussi, un rôle important dans le spectacle de fin d’année de l’école. Mais vous savez que les grands artistes seront à jamais des éternels incompris et vous vous concentrez entièrement sur votre ouvrage.

 

À la fin de la représentation, vous ne pouvez que constater, en toute objectivité, que votre petit dernier a proprement écrasé les autres par la supériorité de son talent. Ce n’est donc pas sans une certaine émotion que vous appuyez sur la touche « play » pour visionner ce qui s’annonce déjà comme un chef d’œuvre. Mais là, patatras ! Le petit dernier se résume en une tache blanche parmi d’autres taches blanches avec, en fond, une grosse tache noire qui symbolise le fond de scène. Tout cela tangue et roule à vous en donner le mal de mer. Question son, la sublime réplique « je suis l’ange de Noël » est complètement noyée par le bruit ambiant, amplifié il est vrai par le voisin de derrière qui ne comprend toujours rien à l’Art. Bref, votre film est un flop magistral !

 

 

On obtient parfois des trucs de ce genre-là (image internet assassinée pour la bonne cause) !

 

Mais tout n’est pas perdu, vous n’allez pas rester sur cet échec, alors, voici comment arranger les choses...

 

Stabilisation de l’objet

 

Tout bon photographe le sait, le bras fait un mauvais pied (veuillez apprécier,ici, le subtil jeu de mots anatomique). Mais l’iPhone ne possède aucun système de fixation. Passons au magasin des accessoires. Il existe plusieurs solutions pour munir l’iPhone d’un pas de vis standard pour les trépieds et autres systèmes d’accrochages. De mon côté, j’ai craqué pour la poignée Belkin LiveAction, une poignée avec pas de vis qui assure une bonne tenue en main et qui possède un bouton déclencheur pour la photo et un second pour la vidéo. Dommage que ces boutons ne fonctionnent qu’avec le logiciel dédié « LiveAction » (gratuit) qui n’est pas fameux, mais qui a le mérite d’exister. Malheureusement, la Belkin LiveAction n’est pas encore compatible avec l’iPhone5, mais est actuellement bradée pour les iPhone 4 et 4S. Je l’ai obtenue pour 23 euros 32 sur Amazon. En ce qui concerne le trépied, je suis assez fan des ces petites « pieuvres » qui existent en différentes tailles et qu’on peut facilement accrocher, par exemple, sur un dossier de chaise.

 

On stabilise l’appareil (photo internet)

 

Stabilisation de l’image

 

Les réglages automatiques de l’iPhone sont assez volages et donnent à l’image une constante impression de « bougé ». Pour cela le petit truc est de bloquer lesdits réglages quand ils sont en position correcte. Avec l’Apps intégré « Appareil photo », il suffit d’appuyer sur l’écran environ 2 secondes pour bloquer les réglages. Sur le bas de celui-ci, on peut lire alors « verrouillage Æ/AF ». Mas une autre solution est de se procurer pour 4 CHF le logiciel « FiLMiC Pro » (sur iTunes). Ce petit bijou permet les réglages et blocages des paramètres séparément. Il offre également un choix des tailles de fichiers et de résolutions qui permettent, entre autres, de doubler la qualité potentielle de l’image par rapport au logiciel « Appareil photo ». Pour l’envoi des fichiers, « FiLMiC Pro » offre un lien direct avec des prestataires connus comme « YouTube », « Vimeo » et autres. L’Apps comprend encore un stabilisateur numérique pas mal du tout, et un Vu-mètre témoin pour le son. Dommage, pour ce dernier, qu’il n’y ait pas de réglage manuel du volume ou de limiteur. Vous trouverez un petit test de l’Apps sur « icommephoto ». À noter qu’il existe maintenant une version « 2 » avec un zoom numérique 4x en plus (5 CHF), mais qui personnellement ne m’intéressait pas.

 

 

On stabilise l’image (photo internet)

 

Améliorer le son 

 

Je n’ai trouvé qu’une solution, celle d’équiper l’iPhone du « Shotgun », toujours de chez Belkin. Ce petit micro se fixe sur la prise casque, est monophonique et possède un mode « directionnel » et un autre « très directionnel ». Autant oublier le second qui offre un son épouvantable. Mais en mode « directionnel », le Belkin fait clairement mieux que le micro interne de l’iPhone. Ce dernier est en effet omnidirectionnel et peu sensible (ce qui ne veut pas dire mauvais), alors que le Belkin isole bien la voix des sources parasites et est a une meilleure dynamique. D’autre part, il possède un petit système de suspension qui atténue bien les bruits de doigts sur l’iPhone. 

 

 

On améliore le son (photo internet)

 

Voici trois exemples pris dans les mêmes conditions : source vocale à 1 mètre des capteurs et bien en face, source « parasite » (un cours d’italien) diffusée à 2 mètres des capteurs dans un angle de 110 degrés (donc, légèrement sur le côté arrière de l’iPhone). À noter que j’ai réaligné les volumes de ces trois exemples, mais, au départ, le son interne de l’iPhone est un peu plus faible que celui du Belkin en position « medium » et beaucoup moins fort que celui du Belkin en position « étroite » :

Micro interne

Belkin, position medium

Belkin, position étroite

 

Et si on élargissait notre horizon ?

 

Cet accessoire n’était pas prévu au départ, et sera inutile pour enregistrer le petit dernier qui joue un rôle important dans le spectacle de fin d’année de l’école. Mais l’« Olloclip » était vraiment trop craquant (voir test Macworld ici). Cet accessoire était assez cher au départ (tout est relatif), mais je l’ai obtenu, neuf , bradé au prix de 29 CHF 90 sur « ricardo.ch » (merci à l’iPhone5, pour lequel le gadget n’est pas encore compatible). En ce qui concerne son efficacité, je vous laisse juge (appareil utilisé : iPhone 4s) :

 

 

Sans complément optique

Avec le complément grand-angle

Avec complément fisheye

 

À noter que ce triple objectif (il a encore une fonction macro) se « clip » simplement sur l’iPhone 4 ou 4S. Sur le mien, il glissait un peu, problème résolu avec un simple petit bout de toile isolante servant d’anti dérapant.

 

En usage

 

 

L’ensemble prêt à l’emploi

 

C’est là que cela devient vraiment intéressant. Je dois bien vous l’avouer, j’ai vraiment été bluffé par les améliorations apportées. Le fait de bien pouvoir tenir l’appareil grâce à la poignée, aidée en plus par le stabilisateur numérique et la bonnette grand-angle qui a le pouvoir de gommer un peu les tremblements, l’image est vraiment très stable. Le fait de pouvoir régler, puis bloquer des paramètres comme la balance des blancs, la luminosité et la mise au point font qu’on a une image propre de bout en bout. Pour le son, nul doute que le petit « shotgun » fait, dans bien des cas, son travail bien mieux que le micro intégré. Mais si on prend un magnétophone dédié, on gagne en plus la stéréo et un spectre sonore plus large. L’exemple joint est réalisé dans les mêmes conditions que les précédents. Le fichier commence avec le micro Belkin en position «medieum», puis enchaîne avec un Zoom H2n en position «X/Y» :

Son Belkin plus Zoom

Mais le plus surprenant, c’est que durant mes essais, personne n’a fait attention à moi. Lorsqu’on enregistre dans une foule avec une petite caméra, bien des gens se sentent gênés par votre action, voire vous interdise de filmer. Avec une caméra pro, les gens se sentent le plus souvent flattés, vous demandent à quelle heure cela passe à la télé, mais perdent leur naturel. Avec l’iPhone, rien de tout ça. Il est tellement « normal » d’avoir aujourd’hui un portable dans la main, que tout le monde m’ignore ! Bien sûr, si l’objectif complémentaire ou la poignée sont peu visibles, le micro est un peu plus voyant. Mais suivant où, aucun problème.

 

La conclusion

 

L’iPhone ne remplace pas une « vraie » caméra, comme il ne remplace pas un « vrai » appareil photo. Mais quel bon bloc note à images! De plus, la qualité est aujourd’hui suffisante pour intégrer quelques plans dans un flux de production de qualité. C’est même ce que font certains journalistes devant travailler en terrain sensible. Un truc rigolo à ce sujet : bien des gens filment « vertical » (en portrait), car c’est la tenue naturelle d’un téléphone portable. J’ai vu un jour un reportage où certaines images prenaient ce format pour bien montrer qu’on était en mode « iPhone », car sur le terrain, cela devenait chaud !

Mise à jour : tout va tellement vite aujourd’hui, que FILMIC Pro s’est maintenant transformé en FILMIC Pro 2 via une mise à jour automatique. En plus du zoom numérique, cette version a surtout la possibilité de produire des accélérés et des ralentis allant de 1 à 30 images/seconde. Pas mal, non ?