Il y a très longtemps, je cherchais à faire comprendre un certain nombre de conceptions à un réalisateur avec qui je travaillais. J'avais fini par trouver un texte résumant ma pensée : "10 conseils à un réalisateur, ou : un monteur documentaire dit aux réalisateurs ce qu’ils devraient savoir". Miraculeux...
Ce texte me plaisait tellement que j'avais fini par le mettre dans la base de données que je destine à mes stagiaires de Gobelins.
Au hasard des crashes de mes disques durs, j'avais fini par le perdre. Et je viens de le retrouver. J'ai pensé qu'il vous serait peut être utile. L'article original était en anglais. Je l'ai retrouvé en français, publié sur documentaires.org par Steve Weslak
"Restez toujours ouverts à de nouvelles idées dans la salle de montage"
"Rien n’est plus difficile pour la créativité en montage que de sentir que l’on ne peut s’exprimer. De nombreux réalisateurs, souvent inexpérimentés, savent exactement quel genre de film ils veulent faire et désirent uniquement un monteur pour manipuler l’équipement. Pourtant le monteur regarde le tournage avec une nouvelle perspective et peut envisager des possibilités que le réalisateur n’avait jamais considérées. Je suis fermement convaincu que les meilleurs films sont obtenus par un processus organique qui fait émerger doucement le film du matériel filmé."
Permettez moi de rajouter que quel que soit le talent déployé à l'écriture, quel que soit celui exercé au tournage, il n'est pas rare, surtout en documentaire, que le résultat ne soit pas à la hauteur des espérances, en tout cas : différent. Un des premiers rôles du monteur est de regarder attentivement les rushes afin de discerner si le film prévu est bien présent dans les rushes, et dans le cas contraire, cela arrive, s'il n'y aurait pas possibilité d'exprimer les idées et les sentiments prévus à l'origine, mais avec d'autres rushes. Le monteur est donc une force de proposition importante, puisque n'ayant pas participé au tournage, il voit les images pour la première fois en tant que spectateur, et peut les instrumentaliser même si ce ne sont pas celles désirées auparavant...
"Coupez l’image et écoutez le son seul"
"Il y a de nombreuses années, je travaillais avec Ron Sanders, monteur de David Cronenberg. Une fois, alors que j’avais des difficultés avec une scène, Ron suggéra de couper l’image et de ne monter qu’avec le son en se fiant au rythme des dialogues. Cela allait à l’encontre de mon instinct de monteur. Le son et l’image ne sont-ils pas indissociables ? Je décidais d’essayer et miraculeusement la scène prenait forme. Sans les distractions causées par l’image, il est plus facile d’entendre les redondances, les respirations déformées (mangled ?) et une mauvaise cadence. Depuis "couper l’image" est un truc qui fait partie de mon arsenal de monteur."
Monteurs la plupart du temps "images", nous avons tendance à sous-estimer le son. Pourtant, le son, c'est le Temps. Trois images collées sur une bande son continue sont immédiatement reconnues comme trois regards à un temps T. La preuve? Ouvrez vos oreilles et regardez successivement une chose à votre gauche, une chose à votre droite, puis votre écran, devant vous : le son n'a pas changé, il est resté constant. Pas de coupe... Le son, c'est le Temps. C'est le rythme, la métrique, le groove, etc. Monter le son avec l'image synchrone, sans se soucier du résultat visuel, mais sonore, est souvent un bon premier pas vers la réussite d'une séquence. On aménagera les images ensuite! Vive le virtuel!
"Coupez le son et regardez l’image"
"Je suis persuadé que plus de la moitié de l’audience élimine le son et essaye de comprendre uniquement avec les images. Nous avons tous fait l’expérience mortifiante de regarder l’une de nos productions avec des connaissances. Toutes les nuances délicates dont nous avons parsemé l’émission sont perdues alors que tous s’assoient sur le canapé et se plaignent du temps ou discutent du prix des fraises. C’est très important que les images racontent une histoire à part entière. Quand je fais ma sortie sur ruban1 à partir d’Avid, je ferme souvent le son et vérifie mes appels téléphoniques en gardant un oeil sur le moniteur. C’est incroyable comme on repère alors rapidement une scène plus pauvre ou une transition tirée par les cheveux."
Sans vouloir en revenir au muet, l'image a son langage propre. Et le saviez-vous, comme dirait Caplan, nous somme incapables, physiologiquement, d'entendre en même temps que nous voyons. Si nous en avons l'impression, c'est que nos circuits d'analyse commutent très rapidement d'un circuit à l'autre.
Comme fermer les yeux fait entendre mieux, d'où les aveugles traditionnellement accordeurs de pianos, ne pas entendre fait mieux voir. Et un des mystères de l'image auquel je pense toujours avec plaisir, est ce fameux effet Kouletchov qui fait apparaître des sens inédits de la confrontation de deux images banales. Magique!
"Ne restez pas trop absorbé par les détails de votre sujet lors de votre tournage"
"L’un des combats que je mène le plus souvent est celui qui consiste à mettre les éléments de base de l’histoire à l’écran. J’ai travaillé sur de nombreuses productions pendant lesquelles il nous manquait des éléments fondamentaux comme les plans larges de situation. Nous avons dû envoyer une équipe pour tourner ces éléments ou les acheter. Je pense savoir pourquoi cela arrive : il semble que lors du long processus de création, depuis la recherche jusqu’au tournage, le réalisateur devienne un expert de son sujet et qu’il se fixe donc sur ses multiples nuances. Il risque alors d’oublier que ce n’est pas le cas des spectateurs qui verront ce sujet pour la première fois. Restez simple, les films documentaires fonctionnent mieux quand les spectateurs peuvent en comprendre rapidement et utilement le contexte."
Ici, point trop de commentaire : nous revenons au concept du monteur comme premier spectateur. Et comme garde-fou, si j'ose dire, bien sûr!...
"Regardez souvent votre production avec d’autres personnes"
"Beaucoup de jeunes documentaristes croient qu’ils peuvent faire des films d’une façon que personne n’a essayée avant eux ; ils sont en train de réinventer le genre documentaire. C’est pourquoi ces films intéressent peut-être d’autres cinéastes mais sont incompréhensibles pour le grand public qui ne les aime pas. Cela met en avant une question qu’il faut se poser dans toutes les salles de montage : "à qui s’adresse ce film ?" Si la réponse est à l’audience la plus vaste possible, alors la meilleure voie à suivre est de faire des visionnements de test. Dans le vase clos de la salle de montage, il est très difficile de présager de la réceptivité de votre travail. Même un visionnement modeste avec quelques amis peut vous remettre dans la bonne voie. Beaucoup de réalisateur débutant sont hésitants à montrer leur travail avant qu’il ne soit complètement terminé, mais à cet instant il est alors trop tard pour faire des changements et solutionner des problèmes."
La destination du film est une question primordiale. Ne pas y penser, ou ne pas savoir, est un grand danger. Cela me rappelle que, oeuvrant à la formation continue, je récupérais parfois des docteurs en cinéma voulant "mettre les mains dans le cambouis" du montage, et qui rencontraient un vrai problème de style, et de choix. "Si je monte comme çà, c'est du Resnais, mais si je monte comme ça, c'est du Godard! Qu'est ce qui ne va pas?"
Eh bien ce qui ne va pas, c'est qu'on ne monte pas pour l'histoire du cinéma, mais pour des spectateurs! L'Histoire sera là de toute façon, avec ou sans nous! Il faut monter comme on parle, voire, comme on voit! Nous avons tous un rapport particulier aux images, et le style viendra de là. Contentons nous de raconter de façon intelligible des histoires à nos spectateurs. Seuls nous saurons le faire de cette façon.
"Ne devenez pas obsédé par votre film, sortez de la salle de montage"
"Quand je suis appelé pour regarder le travail d’autres personnes, souvent parce qu’ils ont un problème de montage, je n’ai généralement même pas besoin de regarder le film pour savoir ce qui ne va pas : il s’agit d’un "blocage au montage". Ma solution : sortez de la salle de montage ! Être capable de changer de perspective est essentiel au processus de montage, et si vous vous obstinez à regarder les problèmes toujours sous le même angle, vous serez incapables de les résoudre. Je suis amusé de voir comment un problème de structure qui semblait insoluble le vendredi soir, devient d’une facilité déconcertante à régler le lundi matin.
Un jour que j'étais dans cette situation là, à me prendre la tête et à patauger sans trouver, mon réalisateur repoussa sa chaise en se tournant vers moi. Il me regarda fixement, avec un grand sourire, et me dit : "Tu sais... Ce n'est qu'un film!"
J'ai compris d'un seul coup que l'important n'est pas de ravailler quinze heures par jour, de sortir le meilleur film du monde, ou qu'on porte une haute estime à mon travail. L'essentiel était que le film "parle".
Nous sommes allés boire un coup au troquet d'à côté. Le vin blanc était fais, il y avait du soleil, et les filles étaient jolies. Nous avons discuté de choses et d'autres, et quand nous somme revenus dans la salle de montage, nous avons embrayé sur un propos d'une façon tout aussi naturelle. Et le film est venu, simplement...
"Souvenez vous de votre première réaction en voyant vos images"
"Nous sommes tous embarqués dans un cercle vicieux en montage qui nous fait rejeter aujourd’hui des scènes que nous avions auparavant trouvées irrésistibles. À force de regarder le matériel et le montage plusieurs fois, il arrive un moment où en modifiant une fois de plus, on commence à faire du travail destructif. Brusquement des moments magnifiques disparaissent et si vous demandez où ils sont partis, les réalisateurs semblent surpris que vous le remarquiez. Les premières réactions sont très importantes. J’essaie de me souvenir de ma réaction initiale en voyant pour la première fois les images car c’est comme ça ultimement que le public les verra : pour la première fois. J’utilise un système assez simple quand je visionne le matériel de tournage pour la première fois : je met une, deux ou trois étoiles derrière mes notes pour chaque séquence et ainsi il m’est facile de me remémorer mes premières impressions."
Très juste : les plans s'éliment à l'usage. Mais il y a autre chose...
Comment se fait-il que, après trois jours de dérushage, vous appeliez un de vos intervenant "ce sale con de..." plutôt que par son nom? En y réfléchissant, c'est certainement parce que lundi, vous n'aimiez pas sa voiture dans le plan 237, que mardi, ses Ray-Ban faisaient de lui un frimeur dans le plan 256, et que dans le plan 618 de mercredi, il coupe la parole à sa collègue. Sans le noter, vous avez inconsciemment synthétisé ces trois plans, et brusquement, le sobriquet apparaît. Il est donc très important de noter nos propres réactions aux rushes, pour instrumentaliser, eh oui encore une fois, le processus et en glisser la recette comme une méthode narrative. Si cela vous l'a fait à vous, il y a des chances que ça le fasse à d'autres. Ce n'est pas pour rien si la bibliographie est riche dans la rubrique Cinéma et Psychanalyse!
"Si vous êtes pressé par le temps, montez en ajoutant des éléments plutôt qu’en coupant des longueurs"
"De nombreux films sont montés selon le lent processus de la réduction du matériel de tournage jusqu’au film terminé. L’environnement moderne de montage et les périodes de montage de plus en plus courtes nous forcent à utiliser une approche plus agressive. Je recommande de fonctionner à l’inverse et d’étendre un montage de base : regardez votre matériel et assemblez les éléments qui sont indispensables, prenez ensuite cette forme réduite pour l’étendre à votre durée finale. J’ai utilisé cette méthode pour la première fois il y a de nombreuses années alorsque je montais avec Barbara Willis, "Sweete at Rhombus". Nous avions de graves problèmes pour intégrer de nombreux éléments à un film très complexe et en désespoir de cause nous avons enlevé tout ce qui n’était pas essentiel. Brusquement le film fut réduit au tiers de sa durée et nous pouvions enfin en voir le coeur. Autour de cette nouvelle structure, nous avons juste ajouté ce qui était nécessaire à la compréhension de l’histoire. Cette technique permet également une approche psychologique différente : plutôt que de détruire et enlever des portions de matériel montés ou non, vous vous retrouvez à bâtir en ajouter du matériel.
N'oubliez pas non plus qu'il souvent plus facile de reprendre une séquence de zéro plutôt que la rapetasser pendant des heures...
"Au tournage, le son est plus important que l’image"
"Cela parait incroyable mais en tant que monteur je pense fermement que le son est plus important que l’image. Je fais face à de nombreux problèmes sur tous les films que je monte. Les problèmes visuels peuvent être réglés selon de nombreuses méthodes plus créatives les unes que les autres, spécialement en documentaire, alors que les problèmes de son, en particulier en cas de tournage lointain, sont quasiment insolubles. J’ai monté un film sur l’équipe olympique de Hockey féminine canadienne. Dans une scène cruciale, l’équipe s’en va en prolongation. Le caméraman est accepté dans la chambre des joueuses mais cantonné dans un coin. Le son de l’entraineur qui avait un micro hf était fantastique, mais les images des joueuses au téléobjectif en longue focale étaient saccadées. J’ai finalement gardé une image fixe de chacune des joueuses et fait des ralentis accompagnés de fondus enchaînés pendant le discours de l’entraineur. La scène est devenue un des moments importants du film et le son avait besoin d’être bon !"
Un mauvais son ne se rattrape jamais, nonobstant cette détestable phrase : "Ça s'arrangera au montage!". D'autant que l'espèce humaine, si elle a évolué par la binocularité, fusionnant les notions de crédibilité, de conscience et de visible, elle a gardé le son pour l'inconscient, le doute. Je dis souvent, bien que ce ne soit qu'une image, que l'image est branchée sur le cortex, mais que le son est branché, lui, directement sur le reptilien... Nous sommes donc souvent très conscients de l'image, et nous laissons gentiment le son nous intoxiquer, inconscient que nous en sommes. Un mauvais son fait paraître nulles de très bonnes images, un bon son magnifiera des images quelconques...
"Ne tomber pas en amour avec votre trame sonore temporaire"
"C’est difficile pour toute l’équipe de production depuis la secrétaire jusqu’au producteur en passant par le diffuseur. Avec l’évolution des stations de montage numériques, l’utilisation du son n’a jamais été aussi facile et la plus part des monteurs sont encouragés à créer des pistes sonores de plus en plus évoluées avec force musiques et effets. Naturellement le réalisateur et le monteur se payent du bon temps en mettant leurs auteurs préférés depuis Charlie Parker jusqu’à John Williams. Dur retour à la réalité quand on doit enlever cette trame sonore temporaire pour la remplacer par ce que le budget musique permet de s’offrir. Un bon moyen de contourner ce problème est d’utiliser une trame temporaire en salle de montage pour établir l’ambiance et le rythme mais ne jamais la jouer pendant des visionnements importants. Vous pouvez ainsi bénéficier de la musique quand vous en avez besoin et éviter de vivre l’agonie de devoir l’abandonner."
D'un autre côté, si vous avez un petit talent de compositeur, c'est un excellent moyen d'imposer votre musique! ;)
Dernier conseil, en bonus : "Ne paniquez pas !"
Souvenir souvenir... Lors de mon premier boulot, j'étais tellement impressionné par la salle de montage, que le film n'a été fait que parce que j'ai croisé la réalisatrice dans le couloir alors je m'enfuyais! En y repensant, ç'aurait été dommage!...
1. Maudit québécois! ;) Ici, on dit, ou on disait, sortie sur bande...
, le 04.04.2012 à 01:50
Ah merci Modane. Moi qui compose, enregistre et mixe de la musique, je me sens moins seul à la lecture de ton papier. Monteurs, mixeurs, même combat, même troubles obsessionnels.
Je fait occasionnellement du mixage son pour des films, je peux confirmer que la qualité de la prise de son en tournage c’est capital!
Combien d’exports OMF aux poignées ridiculement tronquées j’ai reçu pour m’apercevoir, après avoir demandé 3 secondes de rab’ avant et après le plan, qu’elles avaient été tronquées pour une bonne raison: “tournez”, “coupez”, éternuement, grincement de chaise atroce, bruit de chute de l’assistant, téléphone portable…
Pour une petite fiction, une fois, je n’avais que la perche (en mono donc) et ça avait été enregistré n’importe comment: saturations digitales, bruits d’autoroute dans une scène en pleine nature, son de casserole, souffle, échos douteux… il a fallu rebruiter, stéréophoniser, denoiser, déreverbériser, respatialiser, annulationdephasiser, resynchroniser, tricher, se démerder. Mais bon, c’était assez marrant à faire (jusqu’à la fin de la première semaine, on s’entend).
Il y a cependant un truc qui m’échappe: qu’ont fait ces pauvres perches pour se prendre autant de coup de pieds?
, le 04.04.2012 à 02:18
excellent, merci Modane. Je me retrouve dans ton texte lorsque avec ma femme on fait les vidéos. Une question, la version anglaise est récupérable quelque part? (C’est pour ma femme) :)
, le 04.04.2012 à 05:22
@ Martin : As tu remarqué aussi que plus le budget est petit, plus il y a de travail au son? ;)
@Pter : On me dit que le texte anglais serait dans cette région là : http://www.dgc.ca/, mais je ne l’ai pas trouvé. Mais peut être que toi…
, le 04.04.2012 à 09:34
Merci Modane,
Après une longue carrière comme chef opérateur du son en fiction et en docu, je regrette de ne pas avoir connu ce texte plus tôt, j’aurais pu le faire partager à certains de mes réalisateurs. Heureusement, les quelques uns qui ont comptés pour moi étaient issus de la même école que moi (INSAS) et nous partagions les mêmes convictions sur l’importance du son.
Une anecdote: Alors que la production nous disait: on fera ça en postsynchro parce que le plan nécessitait une mise en place un peu plus longue que d’habitude, Bernard Blier (qui est devenu mon ami et que j’aimais) est intervenu en me faisant un clin d’oeil: “je ne reviendrai pas pour un studio de quelques minutes” et on a fait le plan en son direct. Je ne sais pas si en Suisse, c’était pareil, mais en Belgique, il y a 30 ans il y avait très peu de postsynchro sur les œuvres de fiction malgré le travail obligatoire à la perche (dame! ces maudits micros émetteurs n’existaient pas encore). A l’époque, l’imagination devait remplacer le pognon pour les ingénieurs du son.
Le cinéma belge est sorti de la dèche mais la tradition a été conservée et mes collègues actuels semblent la perpétuer.
, le 04.04.2012 à 15:56
Il m’a semblé détecter une tendance de cet acabit! Travailler au forfait et voir son salaire horaire fondre comme pellicule dans un bain d’acide.
Un autre truc, c’est ceux qui enregistrent avec le micro caméra, une perche, un micro-cravate, un enregistreur zoom et qui te filent ça dans un gros dossier pleins de 01052009-34.wav et de 02-03-2002-697.mp3. Personne ne sait plus qui est quoi est quand est où. Après des jours de tri et renommage, après une semaine de bricolage pour créer un semblable de cohésion sonore, on te dit encore “ah j’ai retrouvé des fichiers de séquences avec la perche” et “t’auras sans doute remarqué que des fois on n’a pas le micro cravate parce qu’il était loué ailleurs”.
Une chose est sûre, e marque cette page pour mon prochain mandat!
, le 04.04.2012 à 16:30
Excellentes remarques et j’apprécie les nuances de certaines d’entre elles. Car, bien sûr, il n’y a pas une démarche unique, cela dépend du sujet, du matériel sans certes oublier le monteur. Monter un film c’est aussi se baser sur un rythme musical,avec ses temps forts, ses moments plus calmes. Et finalement, la forme sonate peut apporter quelques indications. En son temps, j’avais été fasciné par le montage de L’Heure des brasiers, film argentin de Solanas.
, le 04.04.2012 à 18:42
Comment, Martin, tu composes de la musique ? Ciel, un concurrent sur Cuk ! Bien, Modane, comme ton pense-bête est plutôt bien fait, Je vais pouvoir le présenter à mes élèves et, si tu es bien sage, je dirais même que c’est de toi :-)
, le 05.04.2012 à 10:06
Eh oui Roger, mais un concurrent loyal! Et prêt à collaborer. Je me souviens avoir été intéressé par tes Sennheiser MD21 lorsque tu liquidait une partie de ton matériel. Bonne chance à nous!
, le 09.04.2012 à 19:03
Mouais… Tout ça, c’est bien beau, mais je crains que les “ingénieurs du son” ne pensent plus qu’à leur son et en oublient le projet final. Ils n’apprécient plus que leurs prouesses dans le son… J’essayais de regarder dernièrement un reportage sur arte: un groupe des femmes se remémorait leur déportation sur les ruines d’un camp. On les entendait parler entre elles dans leur langue, et en surimpression, il y avait la traduction en français. En plus, de la musique classique bien choisie ajoutait à l’ambiance à pleurer, et pour faire bien dans le pathos, on entendait des cris et des hurlements… Quatre “couches” de sons superposées, au même niveau sonore. Une bouillie infâme. L’ingénieur du son a-t-il regardé le reportage comme un spectateur lambda, ou a-t-il écouté ses prouesses techniques sonores, oubliant totalement le sujet du reportage? Mais rassurez vous! J’ai autant de griefs envers les monteurs qui utilisent maintenant les tables de montages numériques. Ils nous présentent le catalogue de toutes les possibilités offertes: des zoom ultra-rapides, des transitions, des effets hachés, speedés, des accélérés (ah, les accélérés!)… On croirait les films de mon beau-frère qui vient de recevoir son nouveau caméscope!
, le 09.04.2012 à 19:31
Papa Bib, il y a des choix regrettables et le mauvais goût s’invite dès qu’il le peut. Peut-être était-ce une volonté du réalisateur? Moi je pense que le son est le meilleur quand il sait tantôt se faire oublier au profit du propos du film, tantôt servir de porte d’entrée à l’image. Vaste et délicate question qui appelle tant à la sensibilité qu’au bon sens de l’équipe de post-production.
, le 09.04.2012 à 21:23
L’équilibre est une position difficile! Ensuite, il y a la question du talent. Et puis la ligne éditoriale, et puis le diffuseur… Ça en fait des raisons de rater le coup!