Vous qui pas­sez sans me voir …


Au­jour­d’hui , je vais vous pro­po­ser de prendre le temps de vi­si­ter une ville dont vous connais­sez le nom, c'est sûr, mais où vous vous êtes ra­re­ment ar­rêté, c'est tout aussi sûr.

 

Il s'agît de la cité qui a vu le sacre de 33 rois de France, Jeanne d'Arc y ac­com­pa­gna le der­nier roi a y être sacré (Charles X), La fin de la se­conde guerre mon­diale y fût signé le 8 Mai 1945, une équipe de foot y fît des mi­racles dans les an­nées 50 (mais plus beau­coup de­puis).

 

Nous avons le Cham­pagne, le TGV, un tram­way de­puis peu, une splen­dide ca­thé­drale avec des vi­traux si­gnés CHA­GALL, une Ba­si­lique ma­gni­fique, et pour­tant les vi­si­teurs passent dans notre ville et ne s'ar­rêtent pas ou très ra­re­ment, la ville est trop proche de Paris et de ses ten­ta­tions.

 

Reims , donc, cité des sacres mil­lé­naires

 

Ce que je vous pro­pose, c'est de sor­tir des sen­tiers bat­tus et de vous don­ner envie de res­ter 2 jours dans notre belle cité et d'al­ler au delà de la simple vi­site de la ca­thé­drale.

 

Pre­mière jour­née :

 

En ar­ri­vant sur Reims, vous pou­vez com­men­cer par l'Of­fice de Tou­risme pour ré­cu­pé­rer un plan de la ville et quelques in­for­ma­tions utiles. La ma­ti­née se pas­sera dans les alen­tours de la ca­thé­drale (à vi­si­ter im­pé­ra­ti­ve­ment, l'été il et pos­sible de grim­per dans les toits pour avoir une vue su­perbe sur la ville). En sor­tant allez vers la place d'Er­lon et ne man­quer pas le Grand Théâtre de Reims (à droite en sor­tant de la ca­thé­drale). Ar­ri­vée Place d'Er­lon, vous pour­rez voir la fa­çade du ci­néma Opéra, ci­néma qui date des an­nées 20, l’in­té­rieur est mo­der­nisé, mais la grande salle donne en­core l'im­pres­sion d'être entre les deux-guerres.

 

Repas de midi : Pré­voyez un pique-nique et allez au Parc de Cham­pagne (un peu ex­cen­tré mais ac­ces­sible via le ré­seau de Bus), Ce parc pu­blic est chargé d'his­toire, il a été construit par le pro­prié­taire d'une grande mai­son de cham­pagne, puis a ac­cueilli plu­sieurs gé­né­ra­tions de spor­tifs émé­rites. Il est au­jour­d'hui un lieu très prisé et une oasis de paix.

 

L'après-midi, en sor­tant du Parc de Cham­pagne, vous ne pou­vez pas échap­per à la tra­di­tion­nelle vi­site de cave, ça tombe bien, vous avez une des caves les plus pres­ti­gieuses juste en face du Parc (je vous laisse de­vi­ner la­quelle, pas de pu­bli­cité), ne man­quer pas aussi de faire une vi­site de la villa De­moi­selle juste à côté, sim­ple­ment su­perbe.

 

Pro­fi­tez d'être en de­hors du centre-ville pour faire un dé­tour par le quar­tier du Che­min Vert voir l'église St Ni­caise, et la cité du Che­min Vert.

 

A ce sujet, sa­viez-vous que lors de la Pre­mière Guerre Mon­diale Reims fût dé­truite à 80%. Après la guerre, le chan­tier de re­cons­truc­tion de la ville fût lancé et des ca­bi­nets d'ar­chi­tectes du monde en­tier ri­va­li­sèrent d'in­ven­tions pour créer une ville très hé­té­ro­gène. Pen­sez donc, on y trouve au mi­lieu des bâ­ti­ments his­to­riques comme la ca­thé­drale et l'hôtel Le Ver­geur :

  • de l'art nou­veau comme au ci­néma l'Opéra,
  • de l'art déco comme la bi­blio­thèque Car­ne­gie ou le Grand Théâtre,
  • Des construc­tions en béton plus « mo­derne » comme les halles du Bou­lin­grin (en cours de ré­no­va­tion),

 

Une des grandes in­no­va­tions de la re­cons­truc­tion fût d'ima­gi­ner un en­semble de ci­tés-jar­dins qui de­vaient cein­tu­rer la ville. La cité-jar­din du Che­min-Vert est la plus ache­vée. Dans un style ins­piré des mai­sons du pays lan­dais, les lo­ge­ments étaient tous dotés d'un jar­din. La cité est équi­pée d'écoles et de com­merces et d'une mai­son com­mune , d'une bi­blio­thèque. Vous y trou­vez aussi une église (l’église Sainte-Ni­caise). Ce quar­tier a évo­lué de­puis les an­nées 20 mais il reste très proche de ce qu'il de­vait être à l'époque. Il y règne un sen­ti­ment d'har­mo­nie et presque d'uto­pie...

 

Une fois la nuit tom­bée, il faut as­sis­ter au Son&Lu­mière pro­jeté sur la fa­çade de la Ca­thé­drale pour son 800ème an­ni­ver­saire, On re­trouve les fa­çades du mo­nu­ments telles qu'elles étaient sans doute au moyen âge, ainsi que des com­po­si­tions plus mo­derne. Si vous aimez la photo, il y a un joli effet à ob­te­nir en cap­tu­rant le re­flet de l'ani­ma­tion de la Ca­thé­drale dans les vitres de la mé­dia­thèque si­tuée juste en face.

 

 

Deuxième jour­née :

Le matin, pre­nez le temps de vous ba­la­der dans le centre-ville à la re­cherche des fa­çades et des im­meubles issus de la re­cons­truc­tion. La ville vous pro­pose un cir­cuit pas­sant par les prin­ci­paux points d'in­té­rêts (dis­po­nible à l’Of­fice de Tou­risme), et en com­plé­ment, je vous conseille de faire un tour sur le site Car­net­de­Sen­tier très bien do­cu­menté (Ru­brique Ran­don­née pé­destre/France/Cham­pagne) pour dé­cou­vrir 3 iti­né­raires pié­tons qui vous per­met­tront de faire le tour de la plu­part des fa­çades « re­mar­quables » de la ville. J'aime beau­coup la fa­çade du Comp­toir de L'In­dus­trie (main­te­nant une mai­son de re­traite) qui me fait pen­ser à un im­meuble Bat­ma­nien (pé­riode Tim Bur­ton).

image

L'après-midi vous devez vi­si­ter la ba­si­lique St Rémi dont l'in­té­rieur est de mon point de vue est plus ma­gis­trale que la Ca­thé­drale.

 

En­suite, je vous pro­pose de ter­mi­ner votre vi­site ré­moise par le Musée de l'Au­to­mo­bile situé Bd Clé­men­ceau. C'est un musée un peu ou­blié mais su­perbe, no­tament la col­lec­tion de voi­tures mi­nia­tures.

 

Et voilà, je viens de re­le­ver le défi, vous pro­po­ser 2 jour­nées bien rem­plies dans une ville qui n'at­tend que des vi­si­teurs pour se dé­voi­ler.

 

Venez, Venez, vous serez bien ac­cueilli.

14 com­men­taires
1)
Sa­luki
, le 04.08.2011 à 07:46

S C O O P :

Jeanne d’Arc y ac­com­pa­gna le der­nier roi a y être sacré (Charles X)

Charles X (châ­teau de Ver­sailles, 9 oc­tobre 1757 – Görz, Em­pire d’Au­triche, 6 no­vembre 1836), comte d’Ar­tois, fut roi de France de 1824 à 1830. Notre bonne Je­hanne est donc re­ve­nue ! Al­le­lu­jah !

Bon, si vous pas­sez par là, pro­fi­tez-en pour pas­ser chez nous, c’est le week-end pro­chain : vous êtes tous in­vi­tés. Thio­jas aussi !

2)
dbre­gnard
, le 04.08.2011 à 08:20

Cher Thio­jas,

Quelques pho­tos au­raient rendu ton sym­pa­thique ar­ticle plus vi­vant, et sus­cité des en­vies de vi­site.

3)
Le Cor­beau
, le 04.08.2011 à 08:30

Le même avec quelques pho­tos en di­rect, les liens ser­vant à ap­pro­fon­dir, si on le dé­sire
(J’ac­cu­sais mon proxy d’en­tre­prise jus­qu’à la re­marque de Di­dier)

4)
In­connu
, le 04.08.2011 à 09:07

Très jolie ville que j’ai vi­sité une fois, pour un en­tre­tien d’en­trée à Sup de Co. Je suis allé voire la Ca­thé­drale et les caves.

5)
dj­trance
, le 04.08.2011 à 09:20

+1… Plus de pho­tos, de ré­fé­rences et l’ar­ticle était top :))

6)
pilote.​ka
, le 04.08.2011 à 09:22

“Quelques pho­tos au­raient rendu ton sym­pa­thique ar­ticle plus vi­vant, et sus­cité des en­vies de vi­site”.

C’est vrai qu’il n’y a pas une seule photo, por­tant je ne suis pas aveugle.

7)
dj­trance
, le 04.08.2011 à 09:33

Si, il y en a une, juste après le pre­mière pa­ra­graphe de la deuxième jour­née (IMG_0110.jpg – lien cli­quable)

8)
Sa­luki
, le 04.08.2011 à 10:55

Je ne sau­rais trop in­sis­ter sur le re­mar­quable “Son & Lu­mières” (ce soir à par­tir de 21h30, merci” l’Est-Éclair”) qui rend des cou­leurs per­dues aux anges de la fa­çade de la ca­thé­drale, comme il fut fait déjà à Amiens, par exemple.

9)
fred02840
, le 04.08.2011 à 12:03

La fin de la se­conde guerre mon­diale y fût signé le 8 Mai 1945

Merci d’avoir rec­ti­fié l’ana­chro­nisme concer­nant le sacre de Charles X réa­lisé grâce au fan­tôme de la Jeanne. J’en ai re­levé un autre, plus léger et tel­le­ment fré­quent : la ca­pi­tu­la­tion al­le­mande n’a pas été si­gnée à Reims le 8 mai 1945, sinon on en par­le­rait en­core, mais la veille, le 7, donc. Plu­sieurs ré­fé­rences : ici ou . D’autre part, si saint Rémy n’a pas existé, saint Remi (ou Remy) a bien vécu (“grand bien lui fasse”, comme di­rait l’autre cor­niaud à la té­lé­vi­sion). Enfin, pour­quoi un ac­cent cir­con­flexe sur le “u” de “fut” (passé simple, 3e per­sonne du sin­gu­lier de “faire”) ? Je passe sur les autres fautes (ma­gna­nime)… Dé­solé pour la volée de bois vert.

10)
Fran­çois Cuneo
, le 04.08.2011 à 12:17

Merci pour cette vi­site.

J’irai donc à Reims!

J’ai re­trouvé l’image qui était mal liée.

Pour les autres, je me de­mande s’il n’y a pas un petit pro­blème tech­nique, mais je ne les vois pas.

11)
Sa­luki
, le 04.08.2011 à 13:10

J’irai donc à Reims!

Donc, tu passes à por­tée d’ar­ba­lète de chez nous : A5-Sor­tie22 : Ma­gnant

12)
Or­ni­tho
, le 04.08.2011 à 15:22

Lors des dé­buts du TGV, j’ai bé­né­fi­cié de billets Pa­ris-Reims à 1 euro et pu dé­cou­vrir cette ville. Je ra­jou­te­rai comme lieu à vi­si­ter la Cha­pelle peinte par Fou­jita qui est ma­gni­fique

13)
pe­le­rin
, le 04.08.2011 à 21:42

In­croyable !

Et moi qui pré­voyais m’ar­rê­ter à Reims de­main…

14)
dpesch
, le 05.08.2011 à 15:11

Voici 4 images de la Ca­thé­drale de Reims dont 3 re­flets (2 dans la fa­meuse ver­rière de la Mé­dia­thèque, 1 dans le capot d’une voi­ture garée là). Faites avec un Mi­nolta Di­mage A1 (Ben oui, cela a éxisté !), elles datent de l’hi­ver 2005.

Je ne vou­drais pas en ra­jou­ter trop, mais ayant vécu de longues an­nées à Reims, je trouve, cher Thio­jas, que tu nous a écrit un dé­pliant digne de l’Of­fice du Tou­risme. C’est très louable et Reims mé­rite bien qu’on s’y pose deux ou trois jours… Mais, un tel pa­né­gy­rique ! Peut-être as-tu un rap­port avec l’Of­fice ?

Certes, pas­ser à Reims sans vi­si­ter la Ca­thé­drale, c’est vrai­ment dom­mage. La Ba­si­lique St Remi, oui, elle vaut le dé­tour et, moi aussi, je la trouve plus belle, plus élé­gante et plus simple que Notre Dame. Mais de là à dire que l’on est sorti des sen­tiers bat­tus. Nous em­me­ner vi­si­ter les caves Pom­mery, il y a mieux à faire. La cité-jar­din du Che­min Vert est ef­fec­ti­ve­ment un exemple de l’ar­chi­tec­ture so­ciale réus­sie, mais il faut quand même sa­voir qu’au­jour­d’hui une ma­jo­rité de ces lo­ge­ments ont été ven­dus part les or­ga­nismes de HLM et que le quar­tier s’em­bour­geoise for­te­ment et abrite dé­sor­mais plus de bobos que de fa­milles ou­vrières. Et puis des cités de genre, il y en a un peu par­tout en France, en Bel­gique et ailleurs. Le pré­cur­seur a été Godin à Guise (Aisne).

C’est vrai que la re­cons­truc­tion des an­nées 20 a été assez anar­chique, mais il est in­dé­niable que cela a ef­fec­ti­ve­ment donné un ca­rac­tère très par­ti­cu­lier à la ville. On est loin des re­cons­truc­tions très dis­cu­tables d’après 45, comme au Havre, à Lo­rient, Cher­bourg ou Brest. Et c’est pro­ba­ble­ment ce que je pré­fère à Reims : ces construc­tions hé­té­ro­clites et de tous styles. On trouve aussi de très belles mai­sons en de­hors du centre, dans les quar­tiers pé­ri­phé­riques de la ville. On trouve aussi pas mal de merdes que nous ont laissé la deuxième moi­tié du XXè siècle et (no­tam­ment et entre autres) un cer­tain Jean Tait­tin­ger… C’est l’un des pères des ghet­tos d’au­jour­d’hui.

Concer­nant les Halles, sur les­quelles tu passes un peu vite, elles ont été conçues par l’in­gé­nieur Freys­si­net qui a aussi construit la voûte de la gare de Reims. Ce n’est pas d’une es­thé­tique folle, mais c’est pro­di­gieux pour l’époque.

La Ca­thé­drale a aussi beau­coup souf­fert de la guerre pré­fé­rée de Georges Bras­sens. Les Al­le­mands l’ont ca­nar­dée de bombes in­cen­diaires, la toi­ture de plomb a fondu, la char­pente a été en­tiè­re­ment dé­truite. La craie avait elle aussi pris un as­pect de métal fondu, le cal­caire s’étant vi­tri­fié sous l’ef­fet de la cha­leur et cou­vert de suie noire. Un ar­chi­tecte des Bâ­ti­ments de France à res­sus­cité le mo­nu­ment grâce à son ta­lent, son in­gé­nio­sité, sa pa­tience, une vo­lonté sans failles et il est mort in­connu de tous et sans le sous. Henri De­neux ,puisque c’est de lui qu’il s’agit, nous a rendu la ca­thé­drale grâce a une in­tui­tion ex­tra­or­di­naire : peu avant la guerre, il a fait faire une cam­pagne de pho­to­gra­phie au­tour et dans l’édi­fice, créant ainsi un énorme fond do­cu­men­taire tel­le­ment pré­cieux que l’on s’en sert en­core au­jour­d’hui pour res­tau­rer cette mer­veille du go­thique. Je pour­rait en par­ler long­temps tant j’ai d’ad­mi­ra­tion pour cet homme.

En­core un dé­tail concer­nant la Ca­thé­drale : Le Cor­bu­sier avait sou­mis l’idée de gar­der l’édi­fice dans l’état où il se trou­vait juste après la guerre de 14-18 afin de sym­bo­li­ser les des­truc­tions guer­rières. Il n’a été en­tendu que pour une pe­tite part : long­temps, l’angle Nord de la fa­çade Ouest (la fa­çade prin­ci­pale) est res­tée dans l’état où l’avaient lais­sée les Al­le­mands. Sou­vent les gens de­man­daient pour­quoi c’était dans cet état et cela per­met­tait de ra­con­ter l’hor­reur qu’on vécu les Ré­mois du­rant ce conflit. Au­jour­d’hui, cette par­tie de la fa­çade a été res­tauré (assez mal, à mon sens) et les ques­tions ne se­ront plus po­sées, c’est dom­mage.

Bon, on l’a déjà dit, mais Charles VII et non X. Ne pas ou­blier la Cha­pelle Fou­jita, le Parc de la Patte d’Oie, avec son cirque et son Ma­nège, 2 des salles de spec­tacle de Reims (qui furent mon lieu de tra­vail du­rant 20 ans). On peut aussi aller voir l’Hô­pi­tal Amé­ri­cain (hô­pi­tal des en­fants) en al­lant vers Éper­nay. Non loin de là, un cu­rio­sité : le café de la Chaise au Pla­fond ; si vous le trou­ver, le te­nan­cier vous ex­pli­quera…

Bref, mieux vaut aller le nez au vent sans bro­chure ni guide. Re­pé­rer les deux ou trois mer­veilles à ne man­quer sous aucun pré­texte et puis ex­plo­rer au petit bon­heur. La Place d’Er­lon n’est qu’un re­père de res­tau­ra­teurs et ca­fe­tier sans grand in­té­rêt.

Bien­ve­nue à Reims pour ceux qui iront la vi­si­ter, elle pos­sède de beaux atouts. Moi, j’ha­bite dé­sor­mais Sète et je n’échan­ge­rais pour rien au Monde !