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Re­tour d’Ita­lie, je vous em­mène (un peu tard) à Olten

J'étais en ita­lie. Je n'avais pas de té­lé­phone: j'ai laissé mon iPhone se dé­char­ger com­plè­te­ment, et comme j'ai changé ré­cem­ment la carte sim, je ne sa­vais pas le code par coeur. Mon té­lé­phone est de­venu un iPod touch. Je n'avais pas de liai­son in­ter­net. Je n'ai pas trouvé de wi-fi au­quel me rac­cro­cher. Et tout ayant eu du re­tard, je ne suis pas ar­ri­vée chez moi hier soir, mais ce matin. Me voici donc.

C'est tout de même in­té­res­sant de se re­trou­ver ainsi, dé­bran­ché. Ce n'est rien de nou­veau, j'avais vécu toute une vie avant in­ter­net. Mais j'avais ou­blié. 

J'avais eu l'in­ten­tion de vous en­cou­ra­ger à lire un livre dont je suis cer­taine qu'il plaira aux lec­teurs de Cuk. J'avais écrit un texte ra­pide, qui a paru dans un quo­ti­dien; je vou­lais dé­tailler pour vous. Pour ne pas lais­ser un blanc toute la jour­née, je fais un co­pier-col­ler. Que cela ne vous em­pêche pas de lire le livre.

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La ville dont le roi était un chat

Il y a un peu plus d’un an, j’ai été char­mée par un petit livre en al­le­mand in­ti­tulé Le Roi d’Ol­ten. Je n’en connais­sais pas l’au­teur, Alex Capus. J’ai été conquise dès la pre­mière page. 

J’ai aus­si­tôt of­fert de tra­duire Le roi d’Ol­ten, et le livre vient de pa­raître en fran­çais.

Je n’écris pas ce compte-rendu pour par­ler de mon tra­vail, mais pour par­ta­ger mon plai­sir, et pré­sen­ter un au­teur.

Alex Capus est né en Nor­man­die, et il parle par­fai­te­ment le fran­çais. Les aléas de la vie ont fait qu’il a grandi dans la ville de sa mère, Olten. Il a étu­dié à Bâle, en al­le­mand, a tra­vaillé comme jour­na­liste, no­tam­ment à l’Agence té­lé­gra­phique suisse, il a beau­coup voyagé, mais il est tou­jours re­venu à Olten. Il a écrit une dou­zaine de ro­mans, l’un plus beau que l’autre. En al­le­mand. Un seul a été tra­duit en fran­çais, Un avant-goût de prin­temps, et a eu une dis­tri­bu­tion si confi­den­tielle que peu de gens l’ont lu. Son der­nier livre, Léon und Louise, tout juste paru, est en tra­duc­tion aux Edi­tions Acte Sud, et j’es­père que quand il sor­tira en fran­çais il aura le suc­cès qu’il mé­rite.

En at­ten­dant, vous pou­vez faire la connais­sance d’Alex Capus en li­sant Le Roi d’Ol­ten, ça ouvre l’ap­pé­tit, et per­met d’ap­pro­cher un au­teur for­mi­dable et une ville dont la plu­part d’entre nous ne savent rien. Dans une série de vi­gnettes, Alex Capus dé­peint avec hu­mour et ten­dresse (et sans com­plai­sance) le cadre dans le­quel il vit: les po­li­ciers bour­rus et ta­tillons, l’ivrogne uni­jam­biste, les in­dus­triels qui dé­lo­ca­lisent (le pro­blème est dé­peint par pe­tites touches à tra­vers les odeurs qui flottent dans l’air d’Ol­ten), les bai­gneurs de la pis­cine mu­ni­ci­pale, et sur­tout Tou­louse, un chat noir et blanc au­quel au­cune porte ne ré­siste. Et dans ce cadre, Alex Capus se dé­peint lui-même. L’en­semble donne à la fois un por­trait in­édit d’Ol­ten, et un ex­cellent au­to­por­trait d’Alex Capus. On voit se pro­fi­ler l’écri­vain, le jour­na­liste, le res­pon­sable po­li­tique (Capus est pré­sident de la sec­tion d’Ol­ten du parti so­cia­liste), qui es­saie, pas tou­jours avec bon­heur, de tout faire à la fois: écrire, mi­li­ter, s’oc­cu­per de ses en­fants (il en a cinq), se pré­oc­cu­per de la vie so­ciale d’Ol­ten, évi­ter de mettre les pieds dans le plat. Je vous conseille un exer­cice (que j’ai fait): lisez le Roi d’Ol­ten puis allez faire un tour à Olten en sui­vant les iti­né­raires sug­gé­rés par Capus. Vous irez sans doute comme moi de dé­cou­verte en dé­cou­verte. Et consta­te­rez que, comme le dit l’au­teur, il y a des Olten par­tout, et que tout compte fait, même une grande ville est faite de cin­quante Olten mis bout à bout. 

Vous consta­te­rez peut-être en fin de compte, vous aussi, que la magie opère. En réa­lité, il y a à Olten plu­sieurs rois: Tou­louse, Alex Capus, et, le temps d’une vi­site, vous-même.

Si vous ne trou­vez pas Le Roi d'Ol­ten chez votre li­braire, vous pou­vez le com­man­der chez l'édi­teur, Ber­nard Cam­piche.

2 com­men­taires
1)
Sa­luki
, le 12.07.2011 à 11:35

Voici un dé­li­cieux apé­ri­tif.

Tu ne pou­vais pas dire que c’était à côté de Trim­bach et la pa­trie de Müller, l’in­ven­teur du DDT ? (Just kid­ding)

2)
ysen­grain
, le 12.07.2011 à 18:41

Un livre re­com­mandé par Anne… Je suis client.

Bises, Anne.