Profitez des offres Memoirevive.ch!
De Yello à Erik Truf­faz: le rayon­ne­ment mu­si­cal Suisse

Au­jour­d’hui, je ne sou­haite pas vous par­ler de Nokia mais de mu­sique. Toute fois, en guise de tran­si­tion, je vous pro­pose quand-même de voir cette vidéo prise mardi der­nier à Londres pen­dant l’évé­ne­ment de lan­ce­ment du Lumia 800 avec le DJ Dead­mau5 qui a illu­miné les rives de la Ta­mise : Ama­zing !

S’il y a un pa­ra­doxe qui conti­nue de me sur­prendre, c’est bien la ri­chesse mu­si­cale en Suisse par rap­port à sa taille. Sans aller à pré­tex­ter que l’ori­gine pro­tes­tante d’une cer­taine par­tie de la po­pu­la­tion soit la cause d’une pra­tique mu­si­cale su­pé­rieure aux autres pays, il n’en reste pas moins in­té­res­sant de voir que dans les villes et vil­lages de Suisse que j’ai pu vi­si­ter la mu­sique est om­ni­pré­sente. J’ai, entres autres, d’ex­cel­lents sou­ve­nirs de la fête de la ville à Lau­sanne et ses mu­si­ciens à tous coins de rue ou lors de la fête du vil­lage à Weg­gis sur le bord du Vier­waldstätter­see…

Il se trouve qu’en pré­pa­rant cet ar­ticle, j’ai réa­lisé que la mu­sique d’ori­gine Suisse a ac­com­pa­gné les dif­fé­rentes phases de ma vie. N’ayant pas la pré­ten­tion d’être un ex­pert de la créa­tion mu­si­cale hel­vète, je sou­haite seule­ment par­ta­ger avec vous la « bande son » qui a rythmé mes pas et conti­nue de m’émer­veiller, ceci par ordre chro­no­lo­gique.

image

Tout d’abord il y a eu la fête du 1er Aout à Sul­lens, VD où ha­bi­taient mon oncle et sa fa­mille. Etant né le 2ème jour de ce mois, j’ai long­temps cru, enfin jus­qu’à 4-5 ans, que les ha­bi­tants de cette sym­pa­thique bour­gade fe­taient mon an­ni­ver­saire à grand ren­fort de lam­pions (j’avais une pré­fé­rence pour l’ours Ber­nois alors que ma cou­sine ar­bo­rait gé­né­ra­le­ment les armes de la ville de Ge­nève) et de mu­sique tra­di­tion­nelle. Sans être aussi typée que les œuvres de Luzi Ber­ga­min des Gri­sons, j’ap­pré­ciais déjà beau­coup le son de la cla­ri­nette em­porté par le rythme de la valse, une sau­cisse de veau dans une main et mon lam­pion dans l’autre !

L’ado­les­cence venue, j’ai dé­cou­vert par ha­sard dans un café al­le­mand la mu­sique de Yello; à l’époque il s’agis­sait de leur album Stella qui a vrai­ment lancé leur car­rière. Je ne me sou­viens pas trop de la jeune teu­tonne avec la­quelle j’étais en train de rompre, mais les nappes syn­thé­tiques et les per­cus­sions in­dus­trielles de « Oh Yeah » ou de « Vi­cious Games » ne m’ont plus ja­mais quitté. A par­tir de cette année, 1985, c’est pour moi comme un ri­tuel d’ache­ter les su­perbes opus que nous concocte le duo im­pro­bable de Zu­rich consti­tué du dandy Die­ter Meier et du ma­gi­cien so­nore Boris Blank. Je vous re­com­mande donc leurs der­nier album « Touch Yello » dont le titre « The Ex­pert » est vrai­ment in­croyable.

image

A la même époque, ma cou­sine me fai­sait dé­cou­vrir une radio FM qui al­lait elle aussi ryth­mer mes an­nées d’écou­teur fé­brile : Cou­leur 3. C’est en fi­nis­sant mon di­plôme d’in­gé­nieur à l’EPFL à Lau­sanne que l’ac­croche dé­fi­ni­tive s’est faite, en par­ti­cu­lier lorsque nous pré­pa­rions nos soi­rées lors des « happy hours » au Sa­tel­lite sur le cam­pus avant de finir au Bleu Lé­zard ou au 13ème Siècle (club pour étu­diants et an­ciens étu­diants : c’est écrit sur la porte !). C’est ainsi que j’ai dé­cou­vert les Young Gods de Fri­bourg dont la voix de Franz Trei­chler si re­con­nais­sable ac­com­pagne une mu­sique cou­vrant les re­gistres de la New Wave jus­qu’à l’Am­bient en pas­sant par le Rock et l’In­dus­triel. Je re­com­mande en par­ti­cu­lier l’al­bum ac­cous­tique « Knock On Wood » dont la re­prise de « Our House » mé­rite à elle seule l’écoute.

image

Plus tard, la ré­vo­lu­tion In­ter­net de la fin des an­nées 90 me per­mit enfin d’écou­ter en strea­ming mes émis­sions fa­vo­rites de la 3, deux en par­ti­cu­lier : La Pla­nète Bleue d’Yves Blanc dont je vous ai pré­cé­dem­ment parlé ici et une autre dis­pa­rue de­puis: le Mr Mou Mons­ter Show, le show de Mr Mou. C’est de­puis la pe­tite ville de Char­lot­tes­ville en Vir­gi­nie ou j’étu­diais pour mon MBA que j’écou­tais et ré­écou­tais ces grands mo­ments de dé­lire mu­si­caux où Noël-Noël ac­com­pa­gné de son chien Nicky fai­sait jouer dans un di­rect re­la­tif et ac­com­pa­gné du Grand Or­chestre du Dé­ve­lop­pe­ment des ar­tistes vi­vants et par­fois un peu mort. A ce pro­pos, si l’un d’entre vous a gardé quelques en­re­gis­tre­ments de cette émis­sion, qu’il me fasse signe ;)

Grâce à la Pla­nète Bleue, j’ai par la suite dé­cou­vert des ar­tistes aussi im­pro­bables que le duo de Stimm­horn que j’ai pu voir sur les bords du Léman il y a quelques an­nées, ou Sky76 de Ca­rouge et ré­cem­ment Da­niel Buser de Ge­nève. Je suis vrai­ment ad­mi­ra­tif de­vant leur in­ven­ti­vité et créa­ti­vité : il faut voir Chris­tian Zehn­der mai­tri­ser à la per­fec­tion le chant har­mo­nique (over­tone sin­ging en an­glais…) ac­com­pa­gné du cor des Alpes joué par Bal­tha­sar Streiff, un petit train élec­trique équipé d’un haut par­leur tour­nant au­tour de lui !

image

Enfin, il est in­té­res­sant que cette créa­tion mu­si­cale couvre de nom­breux genres mu­si­caux, en par­ti­cu­lier le Jazz que j’af­fec­tionne. Il y a en par­ti­cu­lier un Mon­sieur dont je sou­haite vous par­ler : Erik Truf­faz. Né Fran­çais, ce trom­pet­tiste ayant grandi à Gex, Haut-Jura, est un vé­ri­table ex­plo­ra­teur so­nore. Que ce soit avec son maître John Has­sell qui a in­venté cette so­no­rité basée sur le souffle co­piée entre autre par Nils Pet­ter Molvær, ou avec Mur­cof, in­croyable mexi­cain ma­riant la mu­sique élec­tro­nique et clas­sique dans leur ex­pres­sion la plus mi­ni­ma­liste, Erik Truf­faz a su se créer une iden­tité so­nore unique qui en fer­mant les yeux me rap­pelle le son du cor dans la brume des Alpes. Ayant une at­ti­rance presque fé­ti­chiste pour le piano élec­trique, je me dois de men­tion­ner Be­noît Cor­boz, du stu­dio du Flon à Lau­sanne, qui a re­pris les cla­viers du quar­tet d’Erik Truf­faz des mains non moins ta­len­tueuses de Pa­trick Müller. Ce diable d’homme est le seul mu­si­cien que je connaisse qui soit ca­pable de jouer du Fen­der Rhodes comme d’une gui­tare élec­trique ! Même si les al­bums sont su­perbes, l’ex­pé­rience de ce quar­tet en concert est in­con­tour­nable : l’in­ven­ti­vité de Mar­cello Giu­liani à la basse ou les dé­lires de Marc Er­betta à la bat­te­rie ne se vivent qu’en di­rect ! J’ai eu la chance de les écou­ter au Tri­anon à Paris le mois der­nier, ce qui m’a éga­le­ment per­mis de dé­cou­vrir Anna Aaron, une jeune et ta­len­tueuse chan­teuse Folk  de Bâle.

image

Je vous in­vite donc à cher­cher ces dif­fé­rents ar­tistes dans vos Music Stores res­pec­tifs (Zune Mar­ket­place, Nokia Store, iTunes,…) s’ils ne font pas déjà par­tie de votre col­lec­tion mu­si­cale, phy­sique ou di­gi­tale, en es­pé­rant qu’ils vous ap­portent au­tant de joie qu’à moi.

 

Ami­tiés,

 

Ar­naud

19 com­men­taires
1)
fxc
, le 01.12.2011 à 00:55

le rayon­ne­ment mu­si­cal Suisse

en li­sant ton titre mes sou­ve­nirs de va­cances en Suisse sont re­mon­tés comme par en­chan­te­ment:” le son des cors qui ré­sonnent dans la mon­tagne”, la scie mu­si­cale en­ten­due dans une stube de l’ober­land ber­nois, j’étais tout gamin…… je fus déçu par l’ar­ticle à ce point de vue, pour le mo­der­nisme mu­si­cal rien à re­dire.

2)
Ca­plan
, le 01.12.2011 à 07:58

J’ai vu Anna Aaron sur scène. Elle est très, très bien!

3)
In­connu
, le 01.12.2011 à 09:16

pour moi, la Suisse se ré­sume à Sté­phan Ei­cher.

Parce que je compte pas Az­na­vour comme chan­teur suisse. Je de­vrais?

4)
To­TheEnd
, le 01.12.2011 à 09:24

Re­naud: dé­trompe toi, plein d’ar­tistes et de spor­tifs sont suisses… enfin, fis­ca­le­ment par­lant en tout cas! Mais ça à l’ex­cep­tion de quelques cas connus, ces ex­cel­lents mé­dias et jour­na­listes en parlent assez peu.

Ar­naud: vu les en­droits où tu as traîné, l’école où tu as fait tes études, les groupes que tu aimes bien et pour peu que tu aies bri­colé au­tour de Ba­le­lec, on doit cer­tai­ne­ment se connaître dans la vraie vie…

5)
coa­coa
, le 01.12.2011 à 09:27

Sté­phan Ei­cher, pé­riode Grau­zone

A noter qu’il a aussi fait par­tie de Star­ter

My­thique !

6)
mon­mac
, le 01.12.2011 à 09:40

Oui, le rayon­ne­ment mu­si­cal Suisse ne s’ar­rête pas à la Youtse et les ar­tistes cités sont tous très bon. J’y ajou­te­rais un groupe ex­cellent et bien connu des ro­mands, c’est Aloan Voix ma­gni­fique, show puis­sant sur scène, ori­gi­na­lité des com­po­si­tions. D’ailleurs la presse ne tarit pas d’éloges, ils sont bien épau­lés par Cou­leur 3 et ont reçu le prix du meilleur groupe Suisse de la DRS 3.

7)
Di­dier
, le 01.12.2011 à 10:22

merci pour cet ar­ticle, c’est vrai que l’on a vrai­ment gâté dans notre pays, il suf­fit de cher­cher un peu. Truf­faz est pour moi le mu­si­cien de génie par ex­cel­lence, aucun bar­rières mu­si­cales et pour moi qui ne suis guère adepte du jazz, j’ai ap­pré­cié cha­cun de ses “pro­jects”.

8)
ysen­grain
, le 01.12.2011 à 15:16

Côté Ba­ro­queux, il y a aussi ça en Suisse; et croyez moi, “ça” compte

9)
Ar­naud
, le 01.12.2011 à 16:06

Bon, sinon, per­sonne n’au­rait d’en­re­gis­tre­ments du Mr Mou Mons­ter Show???

@TTE, comme in­di­qué dans le texte, je n’ai fait que ter­mi­ner mon di­plome à l’EPFL et ai donc connu qu’une seule édi­tion du Ba­le­lec :(

@ah-mac, je te re­mer­cie pour Aloan que je n’avais pas en­core dé­cou­vert. C’est main­te­nant fait sur Spo­tify.

Je me rend compte main­te­nant que j’ai ou­blié de par­ler de Double, groupe Zu­ri­chois au suc­cès unique: Cap­tain of her Heart (1985/86)…

10)
Franck Pas­tor
, le 01.12.2011 à 16:49

Alors quoi, per­sonne ne parle d’Henri Dès? Pour­tant on peut dire qu’il en a in­fluencé un pa­quet, ce­lui-là, de Fran­co­phones de tous ho­ri­zons ! :-))

11)
Mar­co­li­vier
, le 01.12.2011 à 17:12

La dé­cou­verte du son aé­rien sor­tant de la trom­pette de Truf­faz fut une ré­vé­la­tion qui m’a ac­com­pa­gné quelques an­nées, jus­qu’au jour où mes oreilles sont tom­bées en écou­tant le souffle par­fait d’En­rico Rava.

Rava, c’est une sus­ten­ta­tion entre ciel et terre, une maî­trise du souffle, un cri, un abîme, une mon­tagne, l’ho­ri­zon à perte de vue. C’est su­perbe et je vous re­com­mande de com­men­cer (com­man­der) tout de suite avec l’al­bum Easy Li­ving de chez ECM Re­cords. Quel son, mais quelle qua­lité d’en­re­gis­tre­ment éga­le­ment.

Je ne connais pas Pa­trick Müller ni Be­noît Cor­boz mais je vais en­quê­ter. Mais un ma­gi­cien du Fen­der (et du reste), j’en connais un qui s’ap­pelle Mal­colm Braff, à voir chaque année tous les soirs au ca­veau des Vi­gne­rons, lors du Cully Jazz Fes­ti­val. Un ma­gi­cien au­tant dans le jazz clas­sique que dans les en­vo­lées élec­triques plus free. Du très barge, du très bon. En live à Cully, le voyage est mer­veilleux.

12)
Joël (ex­Gli­mind)
, le 01.12.2011 à 17:47

@Ar­naud Énorme le Mon­sieur Mou Mons­ter Show !!! Je dois avoir quelque part une cas­sette en­re­gis­trée d’un épi­sode, été 1999, en di­rect du grand cha­pi­teau de Sa­ra­jevo avec comme thème l’éclipse so­laire. Main­te­nant il faut que je re­trouve ou est ce quelque part…

13)
Alexandre
, le 01.12.2011 à 17:47

et Alain Mo­ri­sod?!?

14)
To­TheEnd
, le 01.12.2011 à 17:48

Ouais mais vu que j’ai du faire une di­zaine d’édi­tions…

16)
Ar­naud
, le 01.12.2011 à 19:14

@a­lexandre: je ne suis ni Ar­lette, ni Mi­che­line mais il est vrai que les Sweet People est une va­leur qui per­dure ;)

@Had­dock: où sont les femmes, ce n’etait pas en­core mon epoque!

@Joël: si tu le re­trouve, je suis pre­neur.

17)
Gr@g
, le 02.12.2011 à 07:06

Truf­faz est éga­le­ment l’homme qui m’a fait aimer la trom­pette! The Dawn est juste un album in­croyable!

Sinon, les mu­si­ciens de jazz ta­len­tueux sont lé­gions: Thierry Lang, Bo­vard, tous les membres ayant pas­sés au sein de piano seven (pro­jet à 7 piano), et j’en passe. Per­son­nel­le­ment étant at­ta­ché à la scène rock lo­cale, je pour­rais éga­le­ment parlé des heures d’ama­teurs ta­len­tueux… Mais il y a un gui­ta­riste in­croyable, qui de­vrait être da­van­tage connu, c’est Simon Ger­ber, qui a tourné avec Sar­clo et Bel Hu­bert par ex

18)
fap76
, le 03.12.2011 à 16:37

Très bon ar­ticle et très bons com­men­taires, comme d’ha­bi­tude !!

Cela me donne envie de com­men­cer le jazz :-)

Sinon, autres très très bon groupes suisses, dans un style pop-rock élargi :

– Favez (leur “un­plug­ged” A Sad Ride On The Line Again est juste une mer­veille)

– Moon­rai­sers (très bon groupe de rag­gae, qui vient mal­heu­reu­se­ment de se sé­pa­rer… Pup­pet Mas­ter à écou­ter ab­so­lu­ment)

– Dis­tant Calls (chez iTunes : http://​itunes.​apple.​com/​ch/​album/​distant-calls-remix-by-remy/​id407394678?​i=407394880&​l=fr)

– My heart be­longs to Ce­ci­lia Win­ter (groupe suisse-al­le­mand, po­pu­la­risé en Suisse grâce à Cou­leur3, et qui a tra­duit un de ces titres en fran­çais pour re­mer­cier son pu­blic suisse-ro­mand :-) ) (http://​www.​youtube.​com/​watch?​v=kqcz-h-ayC8)

Et sinon, je plus­soie++ pour Simon Ger­ber qui est juste in­croyable (avec son petit ac­cent jur­ras­sien :-) )

19)
Argos
, le 07.12.2011 à 13:26

Die­ter Meier, âme est créa­teur de Yello, est tou­jours vi­vant. Je l’ai vu il y a peu au ver­nis­sage d’une ex­po­si­tion où il pré­sen­tait, avec suc­cès, plu­sieurs de ses ins­tal­la­tions. C’était à Tbi­lissi en Géor­gie.