À pro­pos de Cuba…

Aver­tis­se­ment: cela fait quelques an­nées que j'évite de par­ler po­li­tique sur ce site, au grand désar­roi de cer­tains d'ailleurs. J'en avais un peu marre d'es­suyer les com­men­taires très vio­lents d'une cer­taine droite cha­touilleuse, contrés en­suite par ceux d'une gauche qui ne l'était pas moins, et de voir les choses dé­ra­per. Là, j'ai juste envie de dire cer­taines in­ter­ro­ga­tions qui suivent un ré­veil de ce jeudi qui m'ap­prend que l'UDC est à 29% et des pous­sières des in­ten­tions de vote pour nos élec­tions fé­dé­rales, in­for­ma­tion qui se té­les­cope avec un re­tour de Cuba qui m'a posé plein de ques­tions.

S'il vous plaît, si l'on pou­vait res­ter sobre en com­men­taires (si vous me faites le plai­sir d'en faire), ce se­rait tout de même... assez pas mal.

Voilà...

Je suis ren­tré d'un peu plus d'une se­maine à Cuba, un voyage que j'avais fait avec ma Mu­ni­ci­pa­lité.

Je vous avais parlé de mes in­ter­ro­ga­tions à pro­pos d'al­ler sou­te­nir ce que beau­coup disent être une dic­ta­ture par un ap­port sup­plé­men­taire de tou­ristes de 8 per­sonnes sur cette île.

Alors oui, 8 jours ne font pas de moi un spé­cia­liste de la ques­tion cu­baine, nous sommes bien d'ac­cord.

J'ai pas­sa­ble­ment lu sur Cuba, avant, pen­dant, et un peu après le voyage.

J'ai vu ce que des tou­ristes qui ne sont pas là bas pour plu­sieurs mois peuvent bien voir.

J'ai vu les cou­leurs, les mai­sons, belles, moins belles, les ca­banes dans les­quelles cer­tains vivent, tra­ver­sant les centres-ville, mais aussi les ban­lieues et les cam­pagnes, notre guide et notre chauf­feur ne nous fai­sant pas évi­ter quelques bi­don­villes.

J'ai vu un pays où une chose est assez éton­nante: la pu­bli­cité est to­ta­le­ment in­exis­tante et où on nous dit que pour avoir une pu­bli­cité, il faut avoir des choses à vendre.

J'ai vu un pays où lorsque nous de­man­dions com­ment se gé­raient les dé­chets, on nous a ré­pondu que pour qu'il y ait des dé­chets, il faut avoir des choses à jeter, qu'à Cuba, tout est re­cy­clé.

Je sais qu'à Cuba, il n'y a pas de li­berté de la presse.

Je n'aime pas ça.

Je sais qu'à Cuba, il y a tou­jours un parti unique.

Je n'aime pas ça non plus.

Je sais en­core que pour beau­coup de Cu­bains, l'une des pré­oc­cu­pa­tions est de sa­voir ce qu'ils vont bien pou­voir man­ger de­main, même si per­sonne ne meurt de faim là-bas.

Mais je sais aussi d'où vient Cuba.

De quels pillages elle sort, d'abord par les Es­pa­gnols, puis par les Amé­ri­cains.

Quel était l'état du pays sous Flu­gen­cion Ba­tista, in­féodé aux Etats-Unis, lorsque l'île était sous le contrôle de ce pays, mais aussi de la mafia, et que si tu n'étais pas d'ac­cord, tu étais mi­traillé.

Et vous savez comme moi quel blo­cus (ren­forcé par Bush, ben voyons) Cuba en­dure de­puis que les Amé­ri­cains ont dû re­non­cer aux ri­chesses de l'île.

Un blo­cus à tous les ni­veaux, celui des mar­chan­dises, mais aussi de l'in­for­ma­tion.

Vous savez cer­tai­ne­ment aussi tout ce qu'a fait la CIA pour ré­cu­pé­rer l'île, vous savez je pense la dés­in­for­ma­tion faite par bien des Cu­bains de Miami, qui d'un côté, c'est vrai per­mettent heu­reu­se­ment par l'en­voi de cer­tains biens de faire vivre des membres de leur fa­mille res­tés dans leur pays, le fai­sant sa­voir haut et fort, en nous fai­sant bien com­prendre que sans eux, tout se­rait en­core bien plus dif­fi­cile pour les Cu­bains de Cuba.

Sauf que sans ces mêmes gens, sou­vent in­féo­dés à la Mafia lo­cale, peut-être qu'Obama au­rait levé com­plè­te­ment le blo­cus sur Cuba, ce qu'il ne peut se per­mettre de faire, sa­chant que dans ce cas, une bonne par­tie des deux mil­lions de Cu­bains vi­vant en Flo­ride ne vo­te­raient pas pour lui aux pro­chaines élec­tions, qu'il per­drait ainsi cer­tai­ne­ment la Flo­ride, ce que ne peut se per­mettre de faire un can­di­dat à la pré­si­dence des Etats-Unis s'il veut être (ré)élu.

Com­ment un pays si petit a-t-il pu ré­sis­ter si long­temps aux ten­ta­tives d'in­gé­rence amé­ri­caine? Certes, avec l'aide de l'URSS pen­dant un cer­tain temps, mais de­puis la chute de l'em­pire so­vié­tique, en pleine "pé­riode spé­ciale" comme ils disent eux-mêmes, sans plus aucun sou­tien si ce n'est celui ré­cent du Vé­né­zuela d'Hugo Cha­vez et dans une moindre me­sure de la Chine?

Com­ment ne pas se poser quelques ques­tions lors­qu'on voit que la mé­de­cine cu­baine est l'une des meilleures mé­de­cines du monde?

Que de l'anal­pha­bé­tisme, il n'y en a pas là-bas, et qu'au contraire, le peuple cu­bain est l'un des plus culti­vés, en par­ti­cu­lier grâce à une té­lé­vi­sion na­tio­nale certes à la solde du gou­ver­ne­ment lors­qu'on parle po­li­tique, mais qui pré­sente des émis­sions cultu­relles, scien­ti­fiques, une sorte d'uni­ver­sité po­pu­laire semble-t-il hyper bien faite quo­ti­dien­ne­ment, pra­ti­que­ment matin au soir. Et grâce à une vo­lonté po­li­tique d'en­voyer tout le monde à l'école.

Que tout le monde a accès à des soins mé­di­caux et den­taires gra­tuits.

Que les ins­tances po­li­tiques sont à 45% te­nues par des femmes.

Que l'éga­lité homme-femme, même si le Cu­bain est semble-t-il un peu (beau­coup) macho dans le quo­ti­dien est une réa­lité dans ce pays, les cadres, les mé­de­cins par exemple étant tout au­tant des femmes que des hommes. 

Cette éga­lité est exi­gée d'ailleurs par l'ar­ticle 44 de la consi­tu­tion cu­baine: la femme et l’homme jouissent de droits égaux dans les do­maines éco­no­mique, po­li­tique, cultu­rel, so­cial et fa­mi­lial. L’Etat ga­ran­tit que l’on donne à la femme les mêmes op­por­tu­ni­tés et pos­si­bi­li­tés qu’à l’homme afin qu’elle par­ti­cipe plei­ne­ment au dé­ve­lop­pe­ment du pays.  L’Etat or­ga­nise des ins­ti­tu­tions telles que  cercles in­fan­tiles, semi-in­ter­nats ou in­ter­nats sco­laires, mai­sons pour les vieux, et ser­vices qui fa­ci­litent à la fa­mille des tra­vailleurs l’ac­com­plis­se­ment de ses res­pon­sa­bi­li­tés. L’Etat, veillant à sa santé et à une saine des­cen­dance, oc­troie à la tra­vailleuse, un congé de ma­ter­nité ré­tri­bué avant et après l’ac­cou­che­ment et la pos­si­bi­lité de tra­vail tem­po­raire com­pa­tible avec sa fonc­tion ma­ter­nelle. L’Etat s’ef­force de créer toutes les condi­tions né­ces­saires à la réa­li­sa­tion du prin­cipe d’éga­lité. 

Heuu... je pour­rais avoir le même ar­ticle chez nous siou­plet?

Tout cela dans une ré­gion où bien d'autres pays se sont écrou­lés, tout cela tout près d'un très grand pays qui se pré­tend la plus grande dé­mo­cra­tie du monde mais qui vient enfin, enfin seule­ment, de trou­ver moyen de faire pas­ser une as­su­rance ma­la­die pour tous, même que cela ne semble pas en­core tout à fait ac­quis.

Y a-t-il de bonnes dic­ta­tures? Certes non.

Mais que dire de nos dé­mo­cra­ties?

Celles où l'on voit chez nous l'UDC (un parti d'ex­trême droite, quoi qu'on en dise, dont les der­niers ex­ploits chez nous sont cités en exemple par le Front Na­tio­nal fran­çais) cré­dité de 29% d'in­ten­tions de vote en grande par­tie parce ce parti mène des cam­pagnes élec­to­rales exé­crables en dis­po­sant de fonds sans au­cune com­mune me­sure avec les autres par­tis. Quand on voit main­te­nant dans bien des can­tons notre bon vieux parti ra­di­cal li­bé­ral (union de deux par­tis du centre droit qui di­ri­geait la Suisse jus­qu'il y a quelques an­nées) en chute libre ne trouve qu'un moyen de re­mon­ter la pente, an­non­cer un peu par­tout des rap­pro­che­ments sur des listes com­munes avec l'UDC.

Ces dé­mo­cra­ties où le nombre de lais­sés pour compte sont lé­gion.

Ces dé­mo­cra­ties où les té­lé­vi­sions, certes libres (quoique, sui­vez mon re­gard en France et en Ita­lie) ne semblent exis­ter que pour nous abru­tir.

Ces dé­mo­cra­ties où l'on en­ferme les gens dans l'une des pire pri­sons que l'on puisse ima­gi­ner  pen­dant des an­nées sans au­cune preuve. Au fait, sa­vez-vous que la base amé­ri­caine de Guan­ta­namo se trouve à Cuba de­puis 108 ans, et que, suite à un ac­cord re­nou­velé en 1934, cette pré­sence est per­ma­nente, mal­gré l'op­pos­tion ferme du gou­ver­ne­ment cu­bain en 1959 qui re­fuse d'en­cais­ser les chèques en­voyés par les USA de 2'000 dol­lars de lo­ca­tion an­nuels, puisque s'il le fai­sait, il va­li­de­rait la pré­sence amé­ri­caine sur sol cu­bain? Une seule fois dans la confu­sion de 1959, en pleine ré­vo­lu­tion, a suffi à le faire semble-t-il.

Ces dé­mo­cra­ties où l'on conti­nue à exé­cu­ter chaque année des di­zaines de per­sonnes et si ce chiffre a baissé en 2010, c'est juste à cause d'une pé­nu­rie de thio­pen­tal so­dique, le pro­duit qui est uti­lisé lors des in­jec­tions lé­thales.

Oui, que dire de dé­mo­cra­ties aux­quelles je conti­nue ce­pen­dant à croire, mal­gré tout, mais qui se per­mettent de don­ner des le­çons avant de ba­layer de­vant leur porte?

Alors, per­met­tez-moi de me poser des ques­tions, d'avoir plein de choses qui tournent dans ma tête.

Pour­quoi par exemple ai-je tou­jours eu dans ma chambre d'ado­les­cent un por­trait d'Er­nesto Che Gue­vara, que les pho­tos de cet homme me touchent tou­jours, alors que je sais qu'il a fait exé­cu­ter une cen­taine d'op­po­sants, certes selon lui des cri­mi­nels de guerre, certes dans un contexte dif­fi­cile de ré­vo­lu­tion, alors que je suis bien évi­dem­ment contre la peine de mort. Tout cela en n'ou­bliant pas que le 9 oc­tobre 1967, le Che a été exé­cuté en Bo­li­vie après une in­tense col­la­bo­ra­tion entre les ser­vices se­crets bo­li­viens et la CIA, qui n'est pas tout à fait in­no­cente dans les exé­cu­tions de nom­breux com­bat­tants de gauche dans les pays d'Amé­rique du sud à cette époque.

Cuba m'a tou­jours un peu fas­ciné, mais ce voyage, ces lec­tures en ont ra­jouté une couche.

Et  j'ai bien l'im­pres­sion que je ne suis pas près de trou­ver une ré­ponse à mes in­ter­ro­ga­tions.

57 com­men­taires
1)
Sa­luki
, le 29.04.2011 à 00:57

Ne te pose pas de ques­tions sauf sur le temps de pose de ton nou­veau jouet.

Nous avons glosé sur le fait que l’in­va­sion hel­vète de Cuba avait pro­vo­qué ce que tant de ten­ta­tives de la CIA n’étaient pas par­ve­nues à ob­te­nir au­pa­ra­vant : la mise à la re­traite de Fidel C.

Nous, bien-pen­sants re­plets, avons quand même peu de moyens d’ac­tion : tu vas boy­cot­ter les ci­gares ? Mais tu te punis toi-même et ça ne va pas chan­ger grand chose, chaque se­conde il y a un nou­veau riche chi­nois qui en achète une boîte ! Nous nous ré­jouis­sons de l’in­ter­ven­tion e l’OTAN en Libye pour aus­si­tôt avoir le goût âcre de la suie dans la­quelle nous nous fai­sons rou­ler pour des rai­sons de po­li­tique in­té­rieure franco-fran­çaise…

bon, je vais me cou­cher. C’est mieux ainsi.

2)
Oka­zou
, le 29.04.2011 à 02:51

Ré­flexions d’un hon­nête homme. Ça fait du bien tant l’hon­nê­teté est une den­rée rare de nos jours. Et je ne parle pas de l’ob­jec­ti­vité.

Il m’ar­rive d’être en contact avec de jeunes mu­si­ciens cu­bains. On n’ima­gine pas le ta­lent qu’ils ont. Deux jeunes flû­tistes de jazz (flûte tra­ver­sière) d’une ving­taine d’an­nées ont scot­ché sur son siège une co­pine pro­fes­seur de flûte lors d’un concert. Je me sou­viens aussi d’un jeune bas­siste de jazz arr­rivé avec sa Jazz Bass Fen­der tout écaillée et un seul jeu de cordes, celui monté sur la gui­tare, et qui nous a en­chanté toute la soi­rée, d’un jeu d’un en­thou­siasme non dis­si­mulé, le sou­rire aux lèvres. Je me sou­viens aussi de Damas de Cuba, un groupe de 11 jeunes femmes cu­baines aux voix di­vines. Qui m’ont vendu à un coût dé­fiant toute concur­rence, une boîte de co­hi­bas (au nez et à la barbe du fisc fran­çais). Je passe aussi sur ce groupe de bal cu­bain avec ses deux chan­teurs dan­seurs in­ci­tant la salle à dan­ser avec eux. On se sou­vien­dra enfin de Com­pay Se­cundo. Les vieux, là-bas, sont res­pec­tés et re­con­nus.

Une for­ma­tion mu­si­cale ne coûte rien à Cuba et les ins­tru­ments vous sont prê­tés.

Bref ce qu’on peut re­pro­cher à Cuba (qui voit la paille ne voit pas la poutre) est plus que lar­ge­ment com­pensé par une qua­lité de vie, certes plus que sobre, mais saine, cou­ra­geuse, so­li­daire et gé­né­reuse.

Merci Fran­çois pour cet ar­ticle qui fera cer­tai­ne­ment ré­flé­chir.

À part ça, que penses-tu du mo­jito, bois­son de La Ha­vane au rhum Ha­vana Club ?

3)
Sa­dique de la forêt
, le 29.04.2011 à 08:01

Merci Fran­çois!

Pour avoir eu la chance d’être aussi du voyage, sache que je par­tage à 100% tes im­pres­sions et in­ter­ro­ga­tions.

Ce pays et son his­toire sont tout bon­ne­ment fas­ci­nants! Ce deuxième voyage là-bas, ac­com­pa­gné d’une guide aux com­pé­tences re­mar­quables n’a fait que le confir­mer.

Oka­zou, lais­sant le mo­jito à Fran­çois, je peux te dire que pina co­lada, cuba libre et vieux rum sec, c’est du délir… ium tré­mens…! Gloup burp!

4)
pom­me­dapi
, le 29.04.2011 à 08:17

Je trouve votre ar­ticle cou­ra­geux et lu­cide. Vos pro­pos font par­tie de ces pe­tits scin­tille­ments qui me donne de la joie et qui me font es­pé­rer que le monde que nous lais­se­ront à nos en­fants sera peut-être moins con que celui dans le­quel nous vi­vons. Merci !

5)
ku­ber­nan
, le 29.04.2011 à 08:38

Ar­ticle très in­té­res­sant (et qui me semble hon­nête) sur un pays dont on en­tend peu par­ler.

6)
guru
, le 29.04.2011 à 08:40

Merci de cette hu­meur. Je me suis, moi aussi, posé des in­ter­ro­ga­tions de cet ordre en ayant vécu pen­dant quelques se­maines à Sin­ga­pour où le sys­tème po­li­tique ne cor­res­pond pas vrai­ment à mes convic­tions pri­maires. Cha­cun a ses ré­ponses, et, ça va sans le dire mais mieux en le di­sant: l’herbe est tou­jours plus verte ailleurs.
Tenez, pre­nez mon pays… Mal­gré l’im­passe po­li­tique ac­tuelle, le belge n’a ja­mais été aussi riche et aussi heu­reux. C’est l’Eu­rope qui le dit. Ca de­vient trop com­pli­qué pour moi et je n’es­saye plus de com­prendre. Je me borne à consta­ter que le bon sens nous per­met en­core de tenir la route.
Comme le di­sait Jo­sé­phine, Pour­vou que ça doure!

7)
To­TheEnd
, le 29.04.2011 à 08:58

A quand le dé­mé­na­ge­ment?

Pas mal de cri­tiques sur les pays oc­ci­den­taux mais assez peu sur Cuba… qui a éga­le­ment la peine de mort par fu­sillade (ok, der­nière exé­cu­tion 2003 mais y a en­core 40 per­sonnes qui sont condam­nées à cette peine et qui at­tendent).

Les va­cances donnent sou­vent une vi­sion “rose” de tout et rien. Si Cuba a des avan­tages (ce qui est in­dé­niable), il a aussi pas mal d’in­con­vé­nients… et à la fin, je ne suis pas cer­tain que le sys­tème, glo­ba­le­ment, soit meilleur qu’un autre.

On (oc­ci­dent) a en­core pas mal de pro­grès à faire mais je ne pren­drais pas Cuba comme mo­dèle.

Enfin, si tu es sur­pris par le score de l’UDC, at­tends de voir celui du FN aux pro­chaines élec­tions na­tio­nales fran­çaises… ici ces chers mé­dias ne parlent que de ça.

8)
zit
, le 29.04.2011 à 09:05

Ah, oui, un de mes amis a été à Cuba l’an­née der­nière et il a lui aussi été (agréa­ble­ment) cho­qué par l’ab­sence de ré­clames. Éton­nant, non ?

À lire, les for­mi­dables ro­mans et nou­velles de Da­niel Cha­var­ria, pour se plon­ger dans un quo­ti­dien de Cuba chaud et ra­fraî­chis­sant (Adios mu­cha­chos) ou dans les ma­gouilles sor­dides de la CIA (Un thé en Ama­zo­nie), j’ai adoré tous ses bou­quins !

z (quand au mo­jito, je connais une re­cette pas du tout dans la ligne du parti, je ré­pêêêêêêêêêêêête : le zi­tito)

PS : et si j’avais le choix, je vo­te­rais tout de suite Fidel !

PS2 : et ces pho­tos, alors ?

9)
THG
, le 29.04.2011 à 09:10

Bref ce qu’on peut re­pro­cher à Cuba (qui voit la paille ne voit pas la poutre) est plus que lar­ge­ment com­pensé par une qua­lité de vie, certes plus que sobre, mais saine, cou­ra­geuse, so­li­daire et gé­né­reuse.

Fau­dra que je montre cet ex­trait à l’épouse cu­baine d’un de mes amis, qui vit main­te­nant en France de­puis quelques an­nées. Ça lui fera sû­re­ment plai­sir de sa­voir qu’elle avait une vie saine, elle qui de­vait faire la cui­sine par terre, à même le sol, parce qu’elle n’avait rien d’autre…

10)
Blues
, le 29.04.2011 à 09:49

Perso ça ne me dé­ran­ge­rais au­cu­ne­ment de vivre sous de type de ré­gime

et, les in­con­vé­nients … comme le dit Oka­zou sont : com­pensé par une qua­lité de vie, certes plus que sobre, mais saine, cou­ra­geuse, so­li­daire et gé­né­reuse.

11)
Fran­çois Cuneo
, le 29.04.2011 à 09:57

Oka­zou, j’adore le mo­jito, et le Ha­vana Club qui est de­dans!

Je dois dire, comme l’écrit Sa­dique de la forêt, que nous avons bien pro­fité de tous ces cock­tails, et j’ajou­te­rai en­core le Dai­kiri.

TTE, je ne dis pas qu’un sys­tème est meilleur que l’autre. Mais nous avons une lé­gère ten­dance à la condes­cen­dence en pen­sant que le nôtre est le su­pé­rieur aux autres, ce dont je ne suis pas vrai­ment cer­tain.

THG, bien évi­dem­ment que la pau­vreté existe à Cuba. Elle se­rait peut-être moins pré­sente s’il n’y avait pas le blo­cus de­puis tant d’an­nées. Et tu vois, je suis per­suadé que les di­ri­geants n’ont pas de comptes ca­chés là-bas. Fidel Cas­tro, que je n’ap­pré­cie pas par­ti­cu­liè­re­ment, ne s’est pas en­ri­chi sur le dos de son peuple.

12)
jean­bi­nus
, le 29.04.2011 à 10:11

Sa­chez, Cher Fran­çois, que je par­tage de­puis des lustres, les mêmes ques­tions que vous. Nous pour­rions for­mer un club ! Mon pro­chain livre que je compte lire en prio­rité est celui de Naomi KLEIN, La stra­té­gie du choc. La mon­tée d’un ca­pi­ta­lisme du dé­sastre. Et un autre de My­riam RE­VAULT D’AL­LONNES, Le pou­voir des com­men­ce­ments. Essai sur l’au­to­rité. J’ai dé­cou­vert cette der­nière grâce à une ex­cel­lente émis­sion de la Radio Suisse Ro­mande, His­toire vi­vante [Pod­cast gra­tuit sur iTunes His­toire vi­vante ], émis­sion qui a fait un rejet sur la TSR. (Si cela in­té­resse quel­qu’un, vous savez où me trou­ver).

Bien pire, après 17 ans de tra­vail avec des fa­milles dites mal­trai­tantes, ayant été aussi mal­traité moi-même, j’en suis ar­rivé à l’idée bi­zarre et sau­gre­nue que notre so­ciété fe­rait bien d’in­ves­tir dans leur prise en charge psy­cho­so­ciale et l’étude plu­ri­dis­ci­pli­naire de celle-ci, pour AP­PRENDRE à mieux vivre en com­mu­nauté et, même, trou­ver des mo­dèles de so­lu­tion pour ré­soudre cer­tains conflits ma­cro­so­ciaux, cas échéant les pré­ve­nir. Je pense no­tam­ment aux tra­vaux des di­plo­mates.

Je suis d’ac­cord, c’est pire que vous pen­siez. « Com­plè­te­ment toqué ce type-là. Com­plè­te­ment gaga ».

Tant pis pour la folie, pas­sons aux ques­tions pra­tiques. Or­ga­ni­sa­tions nous tout de suite. Nous avons be­soin de : — Un lieu hy­per­cool, ra­vi­taillé di­rec­te­ment de Cuba en rhum agri­cole et fruits tro­pi­caux, pour les mo­ji­tos, zi­ti­tos et autres pina co­lada, afin de dés­in­hi­ber nos ri­gi­di­tés et re­trou­ver nos restes d’ado­les­cence pleins de dé­sirs et d’en­vies. Comme di­sait notre su­per­vi­seur : « Il faut viser les étoiles pour ar­ri­ver jus­qu’aux nuages. » — Un lieu hy­per­cool où par­ta­ger « nos fo­lies d’avant 81 », as­sai­son­nées des ex­pé­riences et des lec­tures qui ont nourri nos vies. — Pour la dé­co­ra­tion, j’ai en­tendu par­ler d’une Mu­ni­ci­pa­lité qui a rap­porté d’un voyage d’étude des pos­ters et autres pho­to­gra­phies de bar­bu­dos, vieilles dames et sou­rires d’en­fants. Ça me pa­rai­trait bien.

Merci Fran­çois pour votre sin­cé­rité et de votre par­ler-vrai. C’est non seule­ment ra­frai­chis­sant, mais bien­venu.

La vie m’a ap­pris qu’il existe une dif­fé­rence entre le pou­voir et l’au­to­rité. Le pou­voir as­su­jet­tit et contraint. L’au­to­rité est la ca­pa­cité de rendre l’Autre au­teur de son his­toire. Peut-être qu’à Cuba, mal­gré les en­traves des bien-pen­sants et des pays et autres as­so­cia­tions à pou­voir dé­me­suré, leurs di­ri­geants ont fait preuve d’Au­to­rité et ont réussi ce que ce bon Mon­sieur de Cy­rano dé­cla­rait : « Ne pas mon­ter bien haut, mais tout seul » ?

Je suis aussi d’ac­cord pour re­con­naître que Cuba n’est pas un mo­dèle. À mon point de vue, c’est seule­ment une ré­fé­rence parmi d’autres.Il n’em­pêche que nous avons à ap­prendre de cette ex­pé­rience.

13)
Ca­tas­tro­phy
, le 29.04.2011 à 10:11

Sans vou­loir po­lé­mi­quer, c’est aussi une ques­tion de conscience : conscience du mal ir­ré­pa­rable du sta­li­nisme. Culte de la per­son­na­lité, c’est un eu­phé­misme pour Cuba. Il faut être aveugle de la conscience pour ne pas voir et dé­non­cer cette dic­ta­ture sta­li­nienne. C’est « grave » (je vou­drais mettre un autre ad­jec­tif, mais il vaut mieux mo­dé­rer ma co­lère) lors­qu’on est un homme de gauche de ne pas dé­non­cer ce can­cer dont nous somme en par­tie res­pon­sables et qui a fait pas­ser des mil­lions hu­mains de l’es­poir vers la déses­pé­rance et l’hor­reur et la mort ; mais en­core, laissé des mil­liards d’autres désem­pa­rés sur le car­reau. Bien en­tendu, on sait que le sta­li­nisme est un monstre en­fanté au sein du ca­pi­ta­lisme. Sys­tème qui à me­sure pour se sur­vivre fa­brique des monstres et s’en nourri. Il n’y a AUCUN ar­gu­ment qui puisse jus­ti­fier la conser­va­tion du pou­voir par un être vi­vant, sans consul­ter le peuple “dé­mo­cra­ti­que­ment”(dans le sens le plus noble et ra­di­cal ce mot). Cette conser­va­tion du pou­voir, qu’elles qu’en soient les rai­sons in­vo­quées pour la jus­ti­fier, est une at­ti­tude cri­mi­nelle. Aussi, aucun mot n’est in­no­cent, il faut grat­ter des­sous pour en dé­cou­vrir les os et la moelle idéo­lo­gique.

14)
THG
, le 29.04.2011 à 10:36

Il y a éga­le­ment une chose qui se pro­duit à Cuba et qui, à ma grande sur­prise, est soi­gneu­se­ment évité dans cette dis­cus­sion que je trouve très condes­cen­dante par rap­port à ce qui se passe là-bas (so­li­da­rité gau­chiste ?), c’est le tou­risme sexuel.

Il y a de nom­breux oc­ci­den­taux qui y vont plu­sieurs se­maines pour s’en payer une bonne tranche à peu de frais : lan­goustes ma­tin-midi et soir, al­cool à gogo et co­pines payées à la se­maine ou au mois.

Pas de com­men­taires là des­sus ?

15)
Iris
, le 29.04.2011 à 10:48

C’est ainsi que les voyages sont mar­quants…

Si tu as l’oc­ca­sion, re­garde le film tout en fi­nesse de Tomas Gu­tier­rez, “Fresa y cho­co­late”. Il date de 1993 mais comme le temps semble un peu sus­pendu sur cette île, ce n’est pas grave.

16)
jean­bi­nus
, le 29.04.2011 à 11:23

@THG Si, il y a une ré­ponse. Les agres­sions sexuelles sur mi­neurs se com­mettent dans plus de 70 % des cas au sein de la fa­mille et des per­sonnes qui ont la confiance de la vic­time. Toutes les classes so­ciales et toutes les com­mu­nau­tés hu­maines sont concer­nées (j’ignore s’il y a des ex­cep­tions). Le tou­risme sexuel fait par­tie des ± 30 % res­tant. Selon les études pros­pec­tives, une fille sur 4 et un gar­çon sur 7 sont concer­nés. Des vies sont ir­ré­mé­dia­ble­ment gâ­chées par des adultes dont le pre­mier de­voir consiste à pro­té­ger les plus faibles, qu’elles soient de pe­tites per­sonnes ou de grandes per­sonnes. Cer­tains en meurent, y com­pris dans notre pays. D’autre part, beau­coup d’agences de voyages font leur part de tra­vail pour lut­ter contre le fléau du tou­risme sexuel.

MAIS CE N’ÉTAIT PAS LE SUJET DE L’AR­TICLE. Je trouve per­son­nel­le­ment assez la­men­table de ten­ter de le dis­qua­li­fier avec ce type d’ar­gu­ments. L’ex­pé­rience cu­baine a eu en­core une fois ses forces et ses fai­blesses à l’ins­tar de celles de nos pays. Et c’est bien ce que Fran­çois écrit.

Il n’a pas ou­vert cet ar­ticle sen­sible pour abou­tir à ce type de re­marque, mais pour par­ta­ger son in­sa­tiable cu­rio­sité. Il était in­quiet de le faire. Vous lui dé­mon­trez qu’il avait rai­son. Je suis per­son­nel­le­ment triste de m’être senti en de­voir de vous ré­pondre.

Vous condam­nez beau­coup d’entre nous à nous cen­su­rer, pour nous pro­té­ger de telles ré­ac­tions. Peut-être ne vou­liez-vous pas nuire ? Vous l’avez tout de même fait.

17)
In­connu
, le 29.04.2011 à 11:23

Bel ar­ticle, il pour­rait pas­ser dans le Monde Di­plo­ma­tique ;-)
@jean­bi­nus +1

18)
graf­fati
, le 29.04.2011 à 11:29

Voyage à Cuba il y a quelques an­nées et mêmes in­ter­ro­ga­tions, mêmes doutes…. Com­ment enter en contact “vrai­ment” avec des gens qui nous per­çoivent comme mil­lion­naires (pour faire le voyage et se payer les hô­tels…) . On a trouvé des gens sympa, des “pièges” à tou­ristes (mais com­ment leur en vou­loir…) et des en­droits un peut plus glauques… Un peut comme par­tout, en fait… On a pris pas mal de monde en stop, avec notre voi­ture de lo­ca­tion et c’était assez sympa…

L’em­bargo… On trouve du Coca à tous les coins de rue: il en faut, éton­nam­ment, pour le Cuba Libre :-) , ex­porté par Coca du Mexique, pour contour­ner l’em­bargo…

Est-ce que les gens sont heu­reux à Cuba ?? Avant la ré­vo­lu­tion, Cuba était le bor­del des USA… quand on voit cer­taines îles des Ca­raïbes, qui ne sont pas “sous” dic­ta­ture… les mêmes vil­lages pauvres, les mêmes ga­mins qui tendent la main… Les mêmes tou­ristes ar­ro­gants… Est-ce que les gens y sont plus heu­reux ?

19)
THG
, le 29.04.2011 à 11:31

@ jean­bi­nus

Vu la condes­cen­dance de l’ar­ticle et des com­men­taires – y com­pris les votres – en­vers ce qui se passe là-bas, j’ai es­timé né­ces­saire de rap­pe­ler cer­taines choses qui fâchent, d’au­tant que j’ai la chance de connaître un adulte qui vient de Cuba et qui m’a donné son point de vue d’in­si­der, alors que le point de vue des tou­ristes est dé­formé par la vitre du taxi et de l’hô­tel cli­ma­ti­sés.

Et quand je lis qu’on y mène une vie saine, je me dis qu’il n’y a pas de li­mites à la conne­rie de cer­tains.

20)
graf­fati
, le 29.04.2011 à 11:41

@ THG Vous avez rai­son de par­ler du tou­risme sexuel, à Cuba: c’est une réa­lité. Il y a aussi les ma­riages ar­ran­gés pour fuir le pays (ou la mi­sère). Mais ce pro­blème n’est pas propre à Cuba: il existe dans nombres d’autres pays et aussi des dé­mo­cra­ties… En Eu­rope éga­le­ment… Lors de la coupe du Monde de foot en Al­le­magne en 2006, une “im­por­ta­tion” mas­sive de filles/femmes avait eu lieu dans ce pays… là aussi, bière , foot et sexe… Donc, il est faux à mon sens, de lier Cuba au tou­risme sexuel, qui, mal­heu­reu­se­ment, est uni­ver­sel…

21)
THG
, le 29.04.2011 à 11:55

Je sais bien qu’il existe ailleurs qu’à Cuba… mais là, il s’avère qu’on dis­cute de Cuba.

22)
To­TheEnd
, le 29.04.2011 à 13:00

Fran­çois, je ne dis pas que tu l’as dit mais tes im­pres­sions le laisse pen­ser puisque tu t’in­ter­roges et que tu com­pares. Or, dès que tu com­pares, tu éva­lues et juges (ce n’est pas pé­jo­ra­tif, c’est très sein pour l’es­prit).

Ajoute à ça des com­men­taires du style: “ce genre de truc m’irait à ravir…” et je pense que le pays d’Alice au pays des mer­veilles n’est plus très loin.

Être in­ter­pellé par une si­tua­tion et y ré­flé­chir est évi­dem­ment po­si­tif. Il est néan­moins im­por­tant de gar­der à l’es­prit qu’on a une vi­sion dé­for­mée de la réa­lité car on est de “pas­sage” et qu’on a le choix (chose que ces gens n’ont pas!).

Alors oui, Cuba est en­viable sur cer­tains points mais à mes yeux, on pour­rait en dire tout au­tant de la Corée du Nord et d’autres pays qui sont sous une cer­taine forme de dic­ta­ture. Per­son­nel­le­ment, ce n’est pas ce type de sys­tème – de près ou de loin – que je sou­haite pour l’hu­ma­nité.

23)
In­vite
, le 29.04.2011 à 13:16

Fran­çois, […] tes im­pres­sions […], c’est très sein pour l’es­prit).

Tu n’es pas en train d’in­si­nuer que Fran­çois a fait du tou­risme sexuel ?

24)
Fran­çois Cuneo
, le 29.04.2011 à 13:36

Je peux te dire que ja­mais, je ne me suis fait apos­tro­pher par une pros­ti­tuée. Je n’en ai même ja­mais vu une.

Mais oui, c’est une réa­lité, comme dans bien d’autres pays semble-t-il.

Je pour­rai te par­ler d’un in­si­der comme tu dis en France qui n’est pas content du ré­gime po­li­tique de son pays? Ou d’un autre qui n’avait même pas de quoi vivre et cui­si­ner sur la terre bat­tue, parce qu’il ha­bi­tait sous les ponts. Un SDF je crois…

Et n’y a-t-il pas chez vous une bande d’ar­tistes qu’on ap­pelle les En­foi­rés? C’est quoi leur but? Ah oui, don­ner un repas à ceux qui n’ont rien.

Où ça déjà?

25)
Diego
, le 29.04.2011 à 14:35

J’ai eu la chance de vi­si­ter Cuba il y a quelques an­nées déjà. His­pa­no­phone, je m’étais passé de guide et avais sim­ple­ment loué une vieille ba­gnole à la Ha­vane, changé des “conver­tibles” à la banque et acheté des pesos au mar­ché noir.

J’ai en­suite sillonné l’ile de San­tiago à Pinar en m’ar­rê­tant dans les vil­lages et en dor­mant en “casa par­ti­cu­lar” (chez l’ha­bi­tant). J’ai adoré ce pays, ses ha­bi­tants, et ses in­co­hé­rences.

Ça ne fait en aucun cas de moi un spé­cia­liste de la ques­tion. Je me suis, comme dans tous mes voyages, contenté de ré­col­ter quelques anec­dotes que je prends plai­sir à consi­dé­rer comme si­gni­fi­ca­tive.

Dans un vil­lage de la côte nord par exemple, nous man­gions l’in­con­tour­nable pollo con cris­tia­nos y moros (pou­let rôti ac­com­pa­gné de riz et ha­ri­cots noirs, tra­duit lit­té­ra­le­ment “chré­tiens et maures”), pen­dant que nos hôtes nous ex­pli­quaient l’ef­fi­cience du sys­tème mé­di­cal cu­bain. En par­ti­cu­lier, la tout aussi in­con­tour­nable té­lé­vi­sion al­lu­mée pré­sen­tait la ré­cente opé­ra­tion d’un vieux cam­pe­sino (pay­san) aveugle qui, grâce à une in­ter­ven­tion chi­rur­gi­cale “que même les Amé­ri­cains ne mai­trisent pas” avait re­trouvé la vue.

Au même mo­ment, la fille du voi­sin pé­né­trait sur la ter­rasse. Elle avait à un œil une in­fec­tion pu­ru­lente qui de­vait dé­pas­ser la taille de mon pouce. J’ai alors de­mandé ce qui lui ar­ri­vait et j’ai ap­pris que bien que par­fai­te­ment diag­nos­ti­qué par un oph­tal­mo­logue gra­tuit, ils ne pou­vaient rien faire car il était im­pos­sible de trou­ver sur l’ile un an­ti­bio­tique “à cause de l’em­bargo”. Il va sans dire que ma boite de “Bac­trim de voyage” est res­tée chez eux.

Lors d’une bal­lade dans un parc na­tio­nal, nous avions dis­cuté avec un ser­veur de bar “à tou­ristes”. J’étais assez sur­pris par ses pro­pos très éclai­rés sur la po­li­tique na­tio­nale et in­ter­na­tio­nale et ses avis nuan­cés et pré­cis. Ce n’était pas le pro­fil type du ser­veur de bar que l’on ren­contre ha­bi­tuel­le­ment chez nous. Au cours de notre dis­cus­sion, nous avons dé­cou­vert trois choses :

– Il était doc­teur en phy­sique de l’uni­ver­sité de la Ha­vanne.

– Il tra­vaillait dans ce bar parce qu’une fois sorti du monde aca­dé­mique, le gou­ver­ne­ment, ne sa­chant que faire d’un doc­teur en phy­sique, s’était in­té­ressé au fait qu’il par­lait par­fai­te­ment l’an­glais, le fran­çais et l’al­le­mand et l’avait en­voyé tra­vailler avec les tou­ristes.

– Dans le cadre de ses études, il avait pu avoir libre accès à In­ter­net (ça s’est peut-être dé­mo­cra­tisé de­puis, mais je parle là de 2000) et il avait donc lu tout tout ce qu’il trou­vait comme ar­ticles en po­li­to­lo­gie des uni­ver­si­tés oc­ci­den­tales

Une pe­tite der­nière pour re­prendre les pro­pos de THG : dans les coins où nous sommes rendu, il n’y avait (à l’époque) pas l’ombre de début d’un tou­risme sexuel. Par contre, les quelques jours que j’ai passé à la Ha­vanne m’ont per­mis de voir une pros­ti­tu­tion in­tense, vul­gaire, et avi­de­ment consom­mée par les Cu­bains.

Merci Fran­çois pour ton billet qui m’a remis quelques sou­ve­nirs en mé­moire !

26)
THG
, le 29.04.2011 à 15:25

Les filles qui ac­ceptent d’être “des co­pines” de tou­ristes oc­ci­den­taux pour plu­sieurs jours, se­maines ou mois ne sont pas des pros­ti­tuées per se. Ce sont des filles ou des femmes, ayant par­fois des en­fants, qui ac­ceptent ça pour sor­tir, pen­dant quelques temps, de leur ma­rasme, à la plus grande joie des gros cons de beaufs fran­çais, al­le­mands ou suisses qui se rendent là-bas.

Bien sûr que vous ne les avez pas vues, puis­qu’on ne parle pas de ta­pi­neuses comme on en voit chez nous, mais bien de femmes ten­tant de mener une vie nor­male.

Mais bon, on ne voit que ce qu’on veut voir n’est ce pas ? Et le rap­pro­che­ment des sen­si­bi­li­tés po­li­tiques doit aider à fil­trer…

27)
Diego
, le 29.04.2011 à 15:42

THG, ne confon­drais-tu pas par ha­sard Cuba et la Ré­pu­blique Do­mi­ni­caine ?

C’est plu­tôt dans la se­conde que l’on ren­contre ce que tu évoques ici, issu prin­ci­pa­le­ment de res­sor­tis­sants-es de sa demi-sœur pauvre (ou de­vrais-je dire “en­core plus pauvre” ?) d’Hispañola : Haïti. La proxi­mité d’un pays à fort tou­risme de masse avec un autre très pauvre et sans tou­risme gé­nère mal­heu­reu­se­ment en tous points du globe le même schéma (Sé­né­gal/Mali – Thaï­lande/Laos – …), ceci in­dé­pen­dam­ment du sys­tème po­li­tique.

28)
THG
, le 29.04.2011 à 16:36

THG, ne confon­drais-tu pas par ha­sard Cuba et la Ré­pu­blique Do­mi­ni­caine ?

Euh… c’est une plai­san­te­rie ?

29)
lilou
, le 29.04.2011 à 17:02

*Salut à tous, C’est mar­rant comme on peut avoir des vi­sions dif­fé­rentes de la même réa­lité ! Mon voyage pro­fes­sion­nel à Cuba a été mon plus gros flip pa­ra­noïaque im­mé­dia­te­ment suivi par ma tra­ver­sée du ri­deau de fer en Hon­grie en 1972. J’ai vécu ce voyage comme un en­semble de pri­sons en cercles concen­triques: 1) L’hô­tel, très classe, ana­chro­nique dans la pau­vreté am­biante, pis­cine, bonne bouffe, belles femmes et re­gard concu­pis­cent des tou­ristes, hommes seuls ou couples re­trai­tés. On parle ci­gare, on parle santé et on parle femmes éga­le­ment. Aux murs des pho­tos des ar­tistes “de gauche” ayant eu la bonne idée de pas­ser par ici (Pi­casso, He­ming­way, le Che…). 2) De­hors, des ma­ga­sins pour tou­ristes avec une de­vise pour tou­riste (peso conver­tible). 3) Une ville, le Ha­vane, avec des quar­tiers comme bom­bar­dés, avec des rues pleines de flics.

Bref une étrange et an­gois­sante im­pres­sion, c’est la pre­mière et seule fois du­rant un congrès que les ses­sions com­men­çaient par un dis­court po­li­tique… Bref, après 3 jours de pa­rano aiguës (je ne marche pas dans le trip tou­ristes pleins de fric au so­leil) et la pau­vreté est criante dans les rues, Je suis allé à l’aé­ro­port 12 heures en avance en priant pour qu’il n’y ai pas de pro­blème avec le visa de sor­tie. Et je me suis juré de ne ja­mais voya­ger dans des dic­ta­tures de droite comme de gauche. Cela li­mite pas mal, mais c’est mieux pour mes co­ro­naires,

30)
Ant
, le 29.04.2011 à 17:12

Per­son­nel­le­ment, ce n’est pas ce type de sys­tème – de près ou de loin – que je sou­haite pour l’hu­ma­nité.

C’est sûr que tes poches se­raient moins rem­plies…

Je ne suis pas sûr que le “cha­cun pour sa gueule” soit vrai­ment pré­fé­rable pour l’hu­ma­nité!!!

Au final, pour le bien de l’hu­ma­nité, j’es­père que l’on trou­vera autre chose!

31)
Lok Ta
, le 29.04.2011 à 18:22

Merci Fran­çois pour cet ar­ticle tout en fi­nesse et nuances. j’ha­bite le Cam­bodge après avoir vi­sité beau­coup de pays pauvres (dont la France dont je suis ori­gi­naire, où des gens meurent de froid et d’autres sur­vivent en ap­pro­vi­sion­nant leur nour­ri­ture dans des pou­belles, mais bon, ce n’est pas le débat). Je n’ai pas les chiffres sous la main, mais il me semble in­té­res­sant de com­pa­rer le nombre de vic­times après le même ty­phon à Cuba et en Haiti. Com­bien d’illet­trés à Cuba et com­bien dans les îles ou pays avoi­si­nants? Je ne suis pas un te­nant du ré­gime Cas­triste, mais je constate qu’à Cuba quand un ma­lade meurt, c’est faute de mé­di­ca­ment blo­qué par l’em­bargo. Ailleurs, c’est parce que les pauvres ne peuvent payer ni l’hô­pi­tal, ni les mé­di­ca­ments. Le reste n’est que ver­biage. Je me doute que la ré­fu­giée Cu­baine est heu­reuse de ne plus cui­si­ner “par terre”. Il y a des gens en France, au Cam­bodge et ailleurs qui vou­draient bien avoir quelque chose à cui­si­ner, fusse “par terre”. Mo­deste et mal­adroite contri­bu­tion à deux Riels. Le Riel est le nom de la mon­naie du Cam­bodge, il pro­vient du Réal Por­tu­gais im­porté ici vers 1520 par les na­vi­ga­teurs qui dé­cou­vraient le monde. Avant? Bin avant y’avait pas de mon­naie. Les gens tro­quaient, ils conti­nuent d’ailleurs en 2011 à la cam­pagne (95 % du ter­ri­toire Cam­bod­gien).

32)
je­so­pog
, le 29.04.2011 à 18:41

Une simple re­marque, mais je peux me trom­per, à pro­pos de l’em­bargo. Il me semble que ce­lui-ci ne concerne que les USA vis-à-vis de Cuba. Tout autre pays, la France pour prendre un seul exemple, pour­rait par­fai­te­ment com­mer­cer avec Cuba – pour au­tant que cela ne soit pas déjà le cas.

D’ailleurs “graf­fati le sug­gère dans son post # 18 (im­por­ta­tion de Coca via le Mexique).

La pé­nu­rie, le manque (de cer­tains mé­di­ca­ments, comme dans le post # 25 de “Diego”) sont mis com­mo­dé­ment (ou par eu­phé­misme…) sur le compte de l’em­bargo. Cette ex­pli­ca­tion ne re­pré­sente pas autre chose que la re­prise tel quel du slo­gan du ré­gime cas­triste lui-même qui en use et abuse avec constance de­puis fort long­temps.

33)
To­TheEnd
, le 29.04.2011 à 19:42

Fran­çois, tu es en­core en train de faire une com­pa­rai­son. Je ne pense pas qu’il soit bon ni même juste de comp­ter ou ten­ter de com­pa­rer les mi­sères de chaque pays ou sys­tème… il n’y aura pas de ga­gnant. La ques­tion est plu­tôt de sa­voir si dans l’en­semble, la po­pu­la­tion dans une large pro­por­tion est pros­père (au sens large, pas juste sur le plan fi­nan­cier).

Bref, en oc­ci­dent tu as tout de même le choix et une li­berté qui va au-delà de tout ce que tu peux trou­ver dans un pays qui vit sous dic­ta­ture. Si tu veux vivre très mo­des­te­ment, voire dans une ca­hute je ne sais où, c’est fai­sable. A l’in­verse, si tu as du ta­lent, un ego dé­me­suré, une soif d’ar­gent in­sa­tiable, il existe une série de moyens lé­gaux ou non pour y ar­ri­ver.

Pour les Cu­bains, ce n’est pas exac­te­ment ça et quand tu af­firmes que Fidel ne s’est pas en­ri­chi sur le dos de son peuple, c’est un peu naif tout de même. Pour info, Forbes a dé­claré que Fidel avait 900 mil­lions de dol­lars… il a bien en­tendu ré­futé en bloc. Mais si on y re­garde de plus près dans les pays qui ont ré­cem­ment perdu leur “dic­ta­teur”, il y avait beau­coup de fric en jeu mal­gré la re­la­tive pau­vreté des pays. Mal­gré l’em­bargo, Cuba ex­porte des ma­tières… le GDP du pays est tout de même es­timé à USD 110 mil­liards et les ex­por­ta­tions se montent à USD 2.5 mil­liards (éton­ne­ment, le Ca­nada est le plus gros client)! Vu les mon­tants, ce n’est pas exac­te­ment rien.

Enfin, je re­mer­cie Ant d’avoir fait le rap­pro­che­ment entre “hu­ma­nité” et “mes poches moins rem­plies” ou com­ment ap­pli­quer à la lettre le pa­ra­graphe d’in­tro­duc­tion à l’hu­meur du jour. Vi­si­ble­ment, sa­voir lire et écrire ne veut pas dire com­prendre.

34)
ala­rache
, le 29.04.2011 à 23:46

Mais la pu­bli­cité est ab­sente aussi des rues en Aus­tra­lie et en Nou­velle Ze­lande!!! In­croyable et les eco­no­mies tournent!!! Sur 3 000 km en Aus­tra­lie j ai du voir 12 pan­neaux au­tour de Syd­ney… On peut faire sans et elles ne servent a rien, qu on se le dise!!

35)
ChB
, le 30.04.2011 à 06:32

Je rentre d’Haiti où j’avais vécu il y a quelques an­nées, de Port-au-Prince. Le plus im­pres­sio­nant est qu’en fait après le 12 jan­vier 2010 c’est à peine pire.

point de re­pères? in­fra­struc­ture? in­exis­tante!, mal­nu­tri­tion? com­mune!ser­vices de santé? ONG!,nombre d’ille­trés ± 50%….la liste est longue

dis­tance Cuba-Haiti 80 km.

36)
In­connu
, le 30.04.2011 à 08:36

Et à part ça, est-il vrai qu’il est dif­fi­cile de trou­ver du cacao à Cuba?

Bon, je re­tourne me ca­cher…

37)
Ca­plan
, le 30.04.2011 à 09:02

Fran­çois, merci pour cet ar­ticle avec le­quel je suis en­tiè­re­ment en phase!

Dans la fou­lée, n’ou­bliez pas de vous pro­cu­rer le der­nier re­cueil photo de Re­por­ters sans Fron­tières consa­cré à René Burri:

38)
Ma­dame Pop­pins
, le 30.04.2011 à 09:19

Je me sou­viens avoir consa­cré une cer­taine éner­gie et une éner­gie cer­taine pour trou­ver un code pénal lors de notre sé­jour à Cuba…. No way….

Pour le sur­plus, plein de gens pen­saient que je m’étais of­fert un “local” lorsque je me pro­me­nais au bras de Mis­ter, qui est phy­si­que­ment plus proche du Cu­bain que du Nor­vé­gien (dans le genre sté­réo­type….).

Bien­ve­nue à la mai­son, Fran­çois, j’ai adoré les pho­tos de ton ar­ticle pré­cé­dent, merci.

39)
Diego
, le 30.04.2011 à 14:54

@THG Ce n’en était pas l’in­ten­tion, mais si c’est drôle, tant mieux !

40)
pat3
, le 30.04.2011 à 14:54

Fran­çois, ton ar­ticle cou­ra­geux et un peu naïf aussi (Cas­tro ne s’est pas en­ri­chi sur le dos des cu­bains) in­ci­tait à la pru­dence des com­men­taires, et ça a plu­tôt fonc­tionné. Ce que je re­tiens de tes im­pres­sions, c’est que rien n’est tout blanc tout noir, et que la pu­reté n’est qu’un ar­te­fact idéo­lo­gique. Je veux dire: tout sys­tème est théo­ri­que­ment pur, et de ce point de vue non hu­main: c’est ce qu’il pro­duit dans la pra­tique qui compte.

Pour ce qui concerne les voyages, j’ai très long­temps re­noncé à en faire parce que noir, j’étais to­ta­le­ment mal à l’aise avec le tou­risme – je n’ai tou­jours pas quitté ce ma­laise, je m’en ac­com­mode seule­ment plus ou moins au­jour­d’hui. Et aussi parce qu’ani­ma­teur, j’avais lar­ge­ment ma dose de fortes re­la­tions hu­maines en bos­sant. Mais le temps a passé; au­jour­d’hui, j’ai envie de voya­ger parce que j’en ai marre de voir le monde à tra­vers le prisme des mé­dias, qui plus est fran­çais. La len­tille dé­for­mante du pas­sage tou­ris­tique n’exempte pas un “vécu”; celle du mi­roir mé­dia­tique nous en dis­pense; ce qu’on sait, c’est ce que l’in­tel­li­gent­sia mé­dia­tico-po­li­tique nous a dit. Voya­ger per­met d’en gom­mer ne se­rait-ce qu’une toute pe­tite part.

J’ai dé­cidé de­puis un cer­tain temps que je me fie­rais tou­jours, même avec in­for­ma­tion li­vresque et jour­na­lesque, au res­senti du face à face avec les gens que j’au­rais ren­con­tré. C’est à ça que servent les voyages; pour le reste, il y a in­ter­net.

Cuba est une dic­ta­ture, soit. Pour au­tant, il est pos­sible d’y vivre, hu­mai­ne­ment. Je n’au­rais pas, à ta place (mais je n’ai pas fait ton voyage), mis en doute l’as­pect dic­ta­to­rial de Cuba, sans preuve tan­gible du contraire: mais tu as aussi mon­tré, avec ton œil sub­jec­tif (et que pour­rait-il être d’autre? Les ob­jec­ti­vi­tés prin­ci­pielles cachent tou­jours plus qu’elles ne disent), que la vie y exis­tait, pou­vait être heu­reuse, et que cer­taines va­leurs hu­maines y de­meurent, dont nous sommes pri­vés, ou en manque, ici.
Après: la France… trop à dire, en gé­né­ral, et en par­ti­cu­lier d’un point de vue non cau­ca­sien, pour ou­vrir un quel­conque débat et dé­pas­ser les bornes que tu nous as fixé et aux­quelles je me tien­drais jus­qu’au bout, pour ce fil (je me rap­pelle trop les em­por­te­ments sté­riles et dé­lé­taires que tu évo­quais en début de ton post).

Pour finir Lok Ta, tu viens de ga­gner un membre à vie de ton as­so­cia­tion: FDL­PAA vain­cra!

41)
dpesch
, le 01.05.2011 à 07:32

Concer­nant la for­tune de Cas­tro es­ti­mée par Forbes, vous pou­vez tou­jours lire ceci :Forbes, la « for­tune » de Fidel Cas­tro et sa ré­per­cus­sion mé­dia­tique , c’est peut-être de la pro­pa­gande, mais Forbes (très lié à la fa­mille Bush) n’est cer­tai­ne­ment pas un exemple d’ob­jec­ti­vité.

Je ne connait pas Cuba et je ne peux donc au­cu­ne­ment por­ter de ju­ge­ment à l’égard de son ré­gime (je sais néan­moins que ce n’est pas rose). Mais je connais le ré­gime de la Vè ré­pu­blique fran­çaise et je peux dire que c’est l’un des pires qui soit. Sous des de­hors dé­bon­naires, la dic­ta­ture n’y dure que 5 ou 10 ans, mais elle marque du­ra­ble­ment la vie des cocus de vo­tants.

43)
To­TheEnd
, le 01.05.2011 à 10:56

Mais je connais le ré­gime de la Vè ré­pu­blique fran­çaise et je peux dire que c’est l’un des pires qui soit.

Si ça c’est pas un joli dé­ra­page… J’ai une pen­sée pour les mil­lions de gens qui vivent réel­le­ment sous les pires ré­gimes et je rêve à un pro­gramme d’échange.

44)
Lok Ta
, le 01.05.2011 à 12:35

To­TheEnd a écrit “J’ai une pen­sée pour les mil­lions de gens qui vivent réel­le­ment sous les pires ré­gimes et je rêve à un pro­gramme d’échange”.

Echan­ge­rai vo­lon­tiers 2 TF1 contre une télé qui ne me prenne pas pour un de­meuré.

Echan­ge­rai aussi une Edu­ca­tion Na­tio­nale (na­guère Ins­truc­tion Pu­blique) qui vire ses en­sei­gnants, contre un sys­tème ou il n’y a plus d’illet­trés.

Comme ça pour­ront lire la pro­pa­gande du Parti…

Certes, mais pour­ront lire aussi tout le reste de ce qui s’est écrit et im­primé.

Je ne sais plus qui a dit: “pire que le bruit de bottes, le si­lence as­sour­dis­sant des pan­toufles”.

45)
obé
, le 01.05.2011 à 15:03

Merci pour cet ar­ticle.

O.

46)
In­vite
, le 01.05.2011 à 15:44

Echan­ge­rai vo­lon­tiers 2 TF1 contre une télé qui ne me prenne pas pour un de­meuré.

Mais tu as le choix… de ne pas re­gar­der TF1, et de pio­cher selon les heures dans le reste de l’offre pu­blique ou pri­vée afin de trou­ver un soup­çon d’in­tel­li­gence.

C’est jus­te­ment l’ar­gu­men­taire (juste — à mon sens —) de To­TheEnd, cette no­tion de choix (plus ou moins libre). Tu peux même pas­ser pour un re­belle en te van­tant de ne pas re­gar­der TF1. Pas sûr qu’il était pos­sible de se van­ter de ne pas écou­ter les dis­cours in­ter­mi­nables de Fidel Cas­tro à la télé ou à la radio.

@To­TheEnd,

je suis sur­pris qu’un type comme toi plu­tôt per­ti­nent gé­né­ra­le­ment sur les su­jets éco­no­miques, jus­ti­fie les es­ti­ma­tions au doigt mouillé de Forbes par la si­tua­tion de la Tu­ni­sie ou de l’Égypte.

47)
To­TheEnd
, le 01.05.2011 à 17:33

In­vite: même si Forbes se trompe un peu/beau­coup, jus­qu’à au­jour­d’hui, je n’ai ja­mais vu une dic­ta­ture ne pas pro­fi­ter fi­nan­ciè­re­ment de sa po­si­tion. Les pays qui sont tom­bés ré­cem­ment ont mis en évi­dence cet élé­ment, une fois de plus. Plus un sys­tème per­dure, plus l’ins­ti­ga­teur et/ou ses proches pro­fitent. C’est dailleurs comme ça que ce type de sys­tème per­dure car il est fon­da­men­ta­le­ment in­juste et la cor­rup­tion s’ins­talle plus que dans tout autre sys­tème.

Ce pays, mal­gré un bras­sage fi­nan­cier de plus 100 mil­liards de dol­lars, ne gé­né­re­rait que de la pau­vreté et per­sonne n’en pro­fi­te­rait?

Que le lec­to­rat ad­mi­ra­tif de­vant le sys­tème Cu­bain ex­cuse mon manque de cré­du­lité…

48)
Tom25
, le 01.05.2011 à 20:02

Je n’ai rien à dire, sauf que ce fût en­ri­chis­sant à lire, y com­pris les com­men­taires.
Merci.

49)
cae­sar mo­ri­turi
, le 01.05.2011 à 23:17

Comme le di­sait Jo­sé­phine, Pour­vou que ça doure!

Euh, il me semble que la ci­ta­tion est de Ma­dame Mère et non de sa bru…

50)
guru
, le 01.05.2011 à 23:41

@ cae­sar mo­ri­turi
Exact, c’est l’alz­hei­mer qui com­mence.
Exact, c’est l’alz­hei­mer qui com­mence.
Exact, c’est l’alz­hei­mer qui com­mence.
Exact, c’est l’alz­hei­mer…

51)
Sa­luki
, le 02.05.2011 à 01:07

@ cae­sar mo­ri­turi et aussi à guru

Alz­hei­mer n’est pas la perte de mé­moire, mais la perte des re­pères : c’est par exemple être de­vant sa porte et ne pas sa­voir où l’on est, pire, ne pas en avoir conscience; c’est dire “Bon­jour Ma­dame” à sa femme…

Un des tests pro­bants de dé­pis­tage est, pour le pra­ti­cien de se faire ra­con­ter le che­min par­couru par le pa­tient pour venir au ren­dez-vous : s’il sait dire qu’il a pris le métro à Place des Fêtes, changé à Jau­rès pour aller sur la ligne 5, des­cendre à Gare du Nord et re­mon­ter la rue ma­chin-truc jus­qu’à l’hô­pi­tal Fer­nand-Wi­dal, le diag’ est simple : pas trace d’Alz­hei­mer et l’his­toire du nom du co­pain de vingt ans croisé la veille dont on ne se sou­ve­nait pas du nom est à mettre plu­tôt sur du sur­me­nage.

Exemple vécu…

52)
Mar­co­li­vier
, le 02.05.2011 à 11:57

Des rues sans pu­bli­cité et sans en­seignes, des vi­trines sobres, j’en rêve…

Cela dit, s’il y a de ter­ribles choses à Cuba (pen­sons à la per­sé­cu­tion des Chré­tiens par exemple), il y a éga­le­ment d’ex­cel­lentes choses. De même, dans le ré­gime suisse ou dans la ba­na­ne­raie fran­çaise, il y a de bonnes choses et d’autres mons­trueuses (l’hy­po­cri­sie hu­ma­ni­taire au ser­vice d’in­té­rêts fi­nan­ciers oc­ci­den­taux par exemple).

Alors sor­tons de cette lo­gique bi­naire, ef­frayante et in­fan­tile qui veut jus­ti­fier l’un ou l’autre des sys­tèmes. Pre­nons ce qu’il y a de bons chez l’un comme chez l’autre, et re­je­tons les mau­vaises pra­tiques de là-bas, ainsi que celle de chez nous. Sur­tout, ayons la dé­cence et l’hon­nê­teté de re­con­naître, ne se­rait-ce qu’in­di­vi­duel­le­ment, les dé­rives de nos so­cié­tés oc­ci­den­tales.

La clé, c’est de ré­in­té­grer un peu de sa com­plexité dans notre ap­pré­hen­sion de la réa­lité. C’est la pen­sée sim­pliste et im­ma­ture qui nous per­met de qua­li­fier l’autre de bar­bare, de le dia­bo­li­ser puis, fi­na­le­ment, de l’ex­ter­mi­ner. Re­gar­dez très concrè­te­ment ce que nous sommes en train de faire à la Libye de Kha­dafi par exemple…

53)
Mo­dane
, le 02.05.2011 à 13:06

Merci Fran­çois. Très belle sen­si­bi­lité…

Il y a ef­fec­ti­ve­ment des pays pauvres où la culture est pré­sente. Il y a des échelles dans la dic­ta­ture. La pros­ti­tu­tion n’est pas tou­jours sor­dide. Je trouve très heu­reux que tu saches ou­tre­pas­ser les lieux com­muns. Merci in­fi­ni­ment.

54)
REGIS B
, le 04.05.2011 à 22:13

Bravo pour cet ar­ticle qui a eu le mé­rite de faire ré­agir. Que de belles pen­sées ! Main­te­nant, si vous de­man­diez leur avis aux cu­bains ?

55)
Bruno L
, le 05.05.2011 à 11:15

In­ter­es­sant ar­ticle.

Même si en va­cance on est for­cé­ment pas très ob­jec­tif. Je ne connais pas bien l’his­toire de ce pays en de­hors des cli­chés ha­bi­tuels mais j’avais juste envie de ré­agir à :

Y a-t-il de bonnes dic­ta­tures? Certes non

Ce n’est pas l’avis de Pla­ton, il n’aime pas la de­mo­cra­tie et ne trouve pas que ce soit un bon sys­tème. Sa des­crip­tion de la de­mo­cra­tie est in­croya­ble­ment d’ac­tua­lité (wiki livre VIII)

La li­berté et l’éga­lité en­traînent des troubles, les en­fants ne res­pectent plus leurs pa­rents (562d). On as­siste à une di­vi­sion de la cité en trois classes : les pa­res­seux qui passent leurs temps à s’oc­cu­per des af­faires pu­bliques, ceux qui ont su tirer parti de la li­berté de com­mer­cer et se sont en­ri­chi, et les tra­vailleurs qui ne s’oc­cupent pas des af­faires po­li­tiques. Ce der­nier groupe est le plus nom­breux. Au mi­lieu de l’anar­chie qui s’ins­talle, le tyran va ap­pa­raître, se pré­sen­tant tout d’abord comme un pro­tec­teur. Se sen­tant sou­tenu par la masse, et le pou­voir lui mon­tant à la tête, il s’as­sure le sou­tien des classes moyennes en pro­met­tant de re­dis­tri­buer les ri­chesses en leur fa­veur. Aidé par le peuple, il lui de­mande des gardes du corps. « Il clame qu’il n’est pas un tyran, il se ré­pand en pro­messes, aussi bien en privé qu’en pu­blic, il li­bère les gens de leurs dettes, et il re­dis­tri­bue la terre au peuple et à ceux de son en­tou­rage, et à tous il se montre agréable et plein de dou­ceur. » (566e). En­suite, il pro­voque des guerres, pour que les ci­toyens aient be­soin d’un chef. Dans ces guerres, il s’ar­range pour que ceux qui meurent soient ceux qui nour­rissent le plus des idées de li­berté. Ce n’est qu’en­suite qu’il sera re­connu comme tyran. Mais la peur de mou­rir et l’ar­gent calment ceux qui pour­raient le ren­ver­ser.

De­puis main­te­nant quelques di­zaines d’an­nées on ne peut plus vrai­ment être fière de nos dé­mo­cra­ties et vou­loir ab­so­lu­ment l’im­po­ser comme sys­tème aux autres est une er­reur mo­nu­men­tale.

Cette ana­lyse de dedefensa.​org

m'a interpelé :

Cette dé­fi­ni­tion gé­né­rale mo­di­fie com­plè­te­ment l’orien­ta­tion de la nar­ra­tive qui est gé­né­ra­le­ment col­por­tée au­jour­d’hui, qui est celle d’un mou­ve­ment gé­né­ral de li­bé­ra­tion vers la “dé­mo­cra­ti­sa­tion”, c’est-à-dire vers le mo­dèle néo­li­bé­ral oc­ci­den­tal que ces dic­ta­tures n’au­raient pas été par consé­quent. Mais il se trouve que ces dic­ta­tures, loin d’être des struc­tures “dis­si­dentes” de l’ordre gé­né­ral, et du mo­dèle néo­li­bé­ral oc­ci­den­tal, étaient au contraire com­plè­te­ment conformes à ce mo­dèle, sinon en avance sur lui.

Donc la dic­ta­ture se­rait le fu­ture de la de­mo­cra­tie et non son passé. ef­frayant non ?

Selon Pla­ton d’ailleurs le meilleur sys­tème se­rait une dic­ta­ture bien­veillante et en­ca­drée par des lois

Je ne suis pas un bon écri­vain et je ne sais pas si j’ai bien fais pas­ser le mes­sage que je vou­lais. Mais en ré­su­mer : non nos dé­mo­cra­ties ne sont pas des mo­déles digne d’être suivi.

Le­quel alors : je n’en sais rien du tout.

56)
ber­nie14
, le 06.05.2011 à 15:12

Un film cu­bain à voir ab­so­lu­ment après ta vi­site à Cuba:

FRESA Y CHO­CO­LATE

et un autre du même réa­li­sa­teur qui re­trace le voyage d’un mort d’un bout à l’autre de l’île, ….

ma­gni­fique poé­sie …

57)
To­TheEnd
, le 10.05.2011 à 00:10

De la nou­veauté:

Pour la pre­mière fois de­puis plus de 50 ans, les Cu­bains vont avoir l’au­to­ri­sa­tion de voya­ger à l’étran­ger. Mais les condi­tions au­to­ri­sant la sor­tie de l’île res­tent en­core à dé­fi­nir dans le cadre des ré­formes lan­cées par le pré­sident Raul Cas­tro.

Avec un peu de chance, dans 50 ans, ils vont re­ce­voir un pas­se­port?