J’ai eu l’occasion le Week-end dernier de revoir un film dont j’aimerai assez vous faire deviner le titre à partir des éléments suivants :
- L’action se déroule dans le désert, entre les deux guerres mondiales
- L’histoire s’articule autour d’une cité perdue dans les sables du désert
- Le héros est un aventurier un peu macho doté d’un sale caractère et d’un fouet
- Le héros tient tout autant du cow-boy que de l’aventurier (pistolet, chapeau, amateur d’alcool et de femmes)
- Il y a bien aussi sûr une belle héroïne détentrice d’un secret pour corser le tout…
Normalement, à ce stade avec une culture cinéma des années 80, Héros un brin macho, désert, chapeau et fouet, vous devriez penser à Indiana Jones, Harrison Ford, Steven Spielberg …
Et bien vous avez perdu, le héros du film en question s’appelle Joe January, le film « La cité Disparue » date de 1957 (voir ici). En fait seul le héros du film (interprété par John WAYNE) peut rappeler Indiana Jones 30 ans avant, le reste de l’intrigue est complètement différent, beaucoup plus axé sur l’histoire d’amour et le classique triangle amoureux. Si vous avez l’occasion, ne le ratez pas, c’est un bon petit film d’aventures avec Sophia LOREN en prime et John WAYNE qui persiste à jouer aux Cowboys ou qu’il soit (dans le désert dans le cas présent).
Mais a-t-on jamais reproché à Steven SPIELBERG d’avoir emprunté un personnage à ce film assez méconnu des années 50 ? Je ne pense pas, certainement parce que SPIELBERG a largement reconnu avoir puisé ses sources dans les films de sa jeunesse et a su renouveler le genre en apportant un souffle nouveau (mon lyrisme m'étonne parfois J).
Au fond, comment distinguer une coïncidence (c’est le cas à mon sens dans l’exemple que je donne en début d’article), d’un emprunt volontaire ou d’un plagiat ? Une actualité récente autour d’une biographie d’un romancier-aventurier du 20ème siècle pose encore une fois la question ?
Sans rentrer dans le débat autour du droit d’auteur et de la propriété intellectuelle (je suis un fervent défenseur de ces droits, il faut de la création et des gens capables de nous transporter dans des histoires, à travers un récit, un film, une œuvre au sens large, et il faut que ces personnes puissent vivre du travail qu’ils produisent), ce qui m’a choqué dans le débat récent autour de la bio d’Hemingway, c’est le manque d’honnêteté dans le discours de l’éditeur et du « romancier » - emprunteur.
De tout temps, des artistes se sont inspirés de leurs pairs et de leurs maîtres pour créer des œuvres, c’est le principe même des courants littéraires ou des écoles de peintures, mais dans ce cas cela se fait ouvertement ou en tout cas sans que l’auteur ne le renie.
Emprunter les idées d’un autre, se faire prendre « la main dans le sac de bonbons » et expliquer que c’est une erreur de version de document (ici) je trouve que c’est une insulte à l’intelligence des lecteurs et donc des acheteurs que nous sommes.
Et pour finir et pour rester dans la tradition poppinesque, une question ouverte :
« D’après vous, comment mesurer en photo les emprunts à un autre artiste ? A partir de quels critères objectifs peut-on parler de plagiat ou d'oeuvre originale ? »
, le 13.01.2011 à 01:01
Le plus marrant avec l’histoire PPD, c’est qu’apparemment il ne sait pas ce qu’est un bon à tirer.
, le 13.01.2011 à 01:42
Je crains de trouver vos questions bien innocentes et de ne pas me poser le problème du plagiat dans les mêmes termes que vous.
Tout d’abord, Legend of the Lost est un film d’Hathaway qui ne laisse pas un souvenir impérissable : s’il comporte de beaux plans ses dialogues ne sont pas sans faiblesses et la distribution est un joli ratage ; Wayne et la Loren ne s’accordaient pas et Hathaway rendit cette dernière responsable de l’échec du film. Quand je pense à ce film il ne m’évoque guère Spielberg ; je pense bien plutôt à Hathaway lui-même qui, trois ans plus tôt, filmait déjà le même sujet dans un autre cadre. Regardez Garden of Evil (1954). Vous auriez même là un bon sujet : combien de réalisateurs se sont plagiés eux-mêmes…
Ensuite – puisqu’après tout ce n’était là qu’un prétexte pour évoquer le scandale autour d’une biographie d’Hemingway – vous supposez qu’un certain personnage médiatique français a pillé le travail d’un essayiste américain aujourd’hui disparu. Honteux pillage. Mais le scandale n’est sans doute pas là. Qu’est-ce qui vous fait supposer que ce personnage médiatique serait l’auteur du pillage ? Innocent il l’est même, très certainement. Car vous voyez un auteur où il n’y a qu’une signature médiatique, une simple posture artistique, un ramasse-cash pour un éditeur. UNE MARQUE COMMERCIALE. Derrière, des petites mains s’agitent, celles des documentalistes et des nègres. Lui, par contrat il met son nom sur la couverture et il signe des dédicaces à tour de bras dans une après-midi ; il lira bientôt, plus tard, le contenu de”son” livre. Mais voilà que, débordé, son nègre n’a pas fait un travail très propre, que son éditeur, qui n’est pas un éditeur littéraire, n’a pas fait son travail non plus, et qu’un foutu journaliste a osé mettre son nez dans la jolie tambouille de tout ce beau monde. Et voilà le scandale qui éclate. Alors on le déguise. On parle de fichiers confondus, de dossiers ressources partis tout seuls chez l’imprimeur, de… On présente même ses excuses à “l’auteur” ! Et l’on se défend maladroitement du plagiat. Rideau de fumée pour ne pas parler de la petite fabrique clandestine. Pendant ce temps on a mis une équipe sur le pont pour sauver la mise à la vedette ; mes petites messagères me disent que, le 19, un nouveau livre tout neuf, bien poli, bien expurgé va sortir et le scandale (contenu) sera même chargé de lui assurer du succès. Et notre Narcisse littéraire pourra encore plastronner.
Ce n’est pas de plagiat, monsieur, qu’il est certainement question dans cette affaire. Mais d’escroquerie. Il y a quand même pas mal de nègres dans les soutes de l’édition française – pour que le gratin politico-médiatique puisse encore se pavaner de cocktail en cocktail, un livre à la main, ô vernis des incultes…
, le 13.01.2011 à 06:03
Port Royal, quel talent pour résumer la situation… à croire que vous connaissez votre sujet comme si vous en étiez vous même l’auteur ;-)
, le 13.01.2011 à 08:27
Je suis de ceux qui pensent qu’il faut remettre à plat l’entièreté de la gestion des “copies”, “piratages”, “contrefaçons” et autres “plagiats”.
En effet, nous sommes aujourd’hui à l’ère des “multimédias globaux instantanés pour tous et tout le temps”, il me paraît juste impossible de croire que personne ne pourrait avoir la même idée, graphique, visuelle, sonore ou textuelle en même temps qu’un autre.
Si, pour la musique par exemple, ou pour un roman, la probabilité d’une coïncidence est quand-même assez limitée, pour ce qui est des métiers de l’image, c’est une autre histoire. Des milliards de photos/vidéos sont postées, chaque jour, sur le web.
Comment croire que 2 visiteurs de la Tour Eiffel… ou de Varanasi… n’auraient pas la même vision photographique de ces endroits? Si l’un des deux publie son image, l’autre a-t’il le droit de crier au plagiat?
Nous ne sommes plus des humains isolés, inconscients de ce qui se passe de l’autre côté du monde.
Il faut revoir cette histoire de “droits”, à mon sens, ce n’est pas le piratage qui met en péril ces métiers créatifs, mais plutôt les vélléïtés permanentes de les verrouiller pour se faire un max de pognon sur chacun.
Et quand j’entends dire qu’il faut que les artistes puissent vivre de leur travail, je suis un peu d’accord, mais en même temps, je ne peux que penser à tous ces artistes morts dans la misère et dont seuls les héritiers et ayant-droits, aujourd’hui, se gavent allègrement.
, le 13.01.2011 à 08:33
A propos de plagiat, mais est-ce vraiment du plagiat…
Dans les années 60, une petite religieuse belge devenait Sœur Sourire en chantant une chanson bien entraînante. “Dominique, nique, nique…”(se rendait-elle bien compte?)
Son immense succès, dû à un engouement des américains, devait d’ailleurs la mener à sa fin (voir à ce sujet le nouveau film de Stijn Coninx avec Cécile de France – qui est belge de Namur alors que Claire Denamur est française)
Ayant essayé de comprendre ce succès inattendu, je me suis dit que cette musique devait titiller quelque chose dans l’inconscient collectif des Américains. Essayons donc ce test:
1. La version religieuse ici
2. une version de 1960 par Pete Seeger ici
3. Il faut savoir que “The wreck of the old 97” raconte un accident ferrovaire survenu en 1903. La version que vous entendez ici date de 1923 et a été le premier enregistrement country à être vendu à plus d’un million d’exemplaires.
Jeannine Deckers avait-elle entendu cette musique ou bien s’agit-il d’un bienheureux hasard ? Seul le ciel peut répondre désormais…
, le 13.01.2011 à 08:55
Port-Royal est bien informé, c’est Pascal qui le lui a soufflé.
Un mien ami, interrogé ce week-end m’a raconté la même chose que l’on peut retrouver ici avec même le nom du nègre (attention, je ne suis pas Eric Zemmour)
, le 13.01.2011 à 10:13
Ce que j’ai du mal à comprendre, c’est que ce guignol à la voix suave soit toujours dans les parages vingt ans après la bouffonnerie de « l’interview exclusive » du Lider Maximo (qui lui aussi est encore là, d’ailleurs). On vit une époque formidable !
Port–Royal, très bien décrypté, on vit une époque formidable ! Mais l’utilisation des nègres, ce n’est pas si nouveau.
Pour ce qui concerne le plagiat, l’inspiration en photographie, pour ma part, moi, personnellement, en ce qui me concerne, je ne fréquente ni les musées, ni les expositions, ni ne lit de livres ou de magazines, souhaitant garder mes rétines vierges, de sorte à ce que je produit soit exempt de toute trace extérieure. Évidemment, c’est impossible et idiot, j’ai forcément déjà été influencé à l’insu de mon plein gré par les milliers d’images que j’ai vues sans les regarder ! Mais je n’en continue pas moins à me leurrer, et à me dire que les quelques bonnes photos que je fait ne sont que le fruit du hasard et des connexions synaptiques de deux ou trois neurones souffreteux. Quel con !
Il eu fallu que je sois aveugle, pour ne point me laisser influencer par des images, mais alors, il aurait été bien difficile d’en faire…
z (on vit une époque formidable, je répêêêêêêêêêêête : vive le XXI eme siècle !)
, le 13.01.2011 à 10:56
Je suis un peu fataliste (ou réaliste, à choix), mais je crois que tout le monde copie tout le monde, depuis la nuit des temps. Y a-t-il vraiment une différence entre la copie, le plagiat, la reprise, ou l’inspiration…? Si ce n’est le degré et l’importance, ça reste de la copie.
Juriste dans l’âme, je rappellerais quand même qu’en droit suisse (et dans d’autres pays d’Europe), le principe général est qu’on peut copier. Il y a essentiellement deux limites à ce principe : la concurrence déloyale et la propriété intellectuelle. Si on n’entre pas dans ces deux domaines, la copie est libre.
@ zit : c’est pas con comme méthode, si ça te permet de dormir la conscience tranquille. :-)
, le 13.01.2011 à 11:21
Là je ne suis plus vraiment d’accord, en matière de copie, la loi prévoit que dès qu’il s’agit d’une oeuvre personnelle(la photo est reconnue comme telle actuellement), la “création” en est incessible, et si l’auteur le mentionne ou non, toute modification, altération, en est interdite, la licence Creative Commons par exemple cite très bien la liberté possible avec une oeuvre.
La citation de Khannibal est valable en matière générale peut-être, et à partir du moment où on touche à la propriété intellectuelle ou commerciale, mais en matière artistique il en est autrement.
On voit déjà cela très simplement en forum photo quand au moment où est proposée une retouche, l’auteur s’empresse soit de demander d’abord s’il peut, ou alors de préciser qu’il la retire sur simple demande.
Pour les photos retouchables avec autorisation de l’auteur, il a été crée des posts spécifiques où il est précisé dès le départ que c’est autorisé par le propriétaire intellectuel de l’oeuvre, et ce pour ne pas s’exposer à des poursuites ultérieures si après deux ans l’auteur changeait d’avis.
La manière de tricher utilisée par les médias par rapport au droit moral sur la photo est de mentionner le fameux “DR” pour “droits réservés” qui dit que c’est utilisé sans que l’on sache qui l’a faite, mais que les droits sont versés quand même à l’organisme national chargé de cela, dans le fait ce n’est jamais le cas.
, le 13.01.2011 à 13:52
Sans compter que… un bon paquet de photos étant marquées comme DR sont tout à fait liées à un auteur bel et identifié. Sans même parler de la récup qui est faite sur certains sites qui collent leur propre copyright sur une photo pompée ailleurs. Pas terrible… :-/
, le 13.01.2011 à 13:55
l’AFP a d’ailleurs été récemment condamnée pour avoir détournée la photo d’un photographe http://www.macandphoto.com/2011/01/lafp-navait-pas-le-droit-dutiliser-des-photos-publi%C3%A9es-sur-twitter.html
, le 13.01.2011 à 13:58
Et d’ailleurs, voici une nouvelle toute chaude sur le sujet.
Michel Drucker condamné en justice AFP 13/01/2011 | Mise à jour : 12:03 Réactions (32) L’animateur de télévision Michel Drucker a été condamné par la cour d’appel de Paris à verser 40.000 euros à Calixthe Beyala, pour n’avoir pas rémunéré l’écrivaine qui en 2006 avait écrit un livre à sa place, selon un arrêt rendu hier.
En juin 2005, un contrat de commande d’ouvrage avait été conclu entre Michel Drucker et les éditions Albin Michel, pour un livre d’entretiens où le présentateur télé devait répondre aux questions de Régis Debray. Un projet avait été rédigé mais l’ouvrage n’avait finalement pas été publié.
L’écrivaine française d’origine camerounaise affirme avoir rédigé à la requête de son ancien compagnon les réponses aux douze questions de Régis Debray, mais n’avoir jamais reçu les 200.000 euros qu’il lui avait promis.
, le 13.01.2011 à 14:59
Et comme je ne connaissais pas Calixthe Beyala, je suis allé sur Wikipedia. Elle a apparemment un lourd passif en matière de plagiat. Décidément…..
, le 14.01.2011 à 00:13
Le seul abus en matière de droit d’auteur, et qui semble vouloir se maintenir voire augmenter, c’est la durée des droits après la mort de l’auteur: 70 ans, et un projet de loi pour prolongation à 90 ans! Ce n’est pas l’auteur qu’on protège, c’est son arrière petit enfant. C’est appliquer une protection de caste à la création, confisquer la production culturelle de façon générationnelle. Je hais cette vision de la culture.
Si seulement on pouvait au contraire réduire le droit d’auteur à 20 ans après la mort de l’auteur, de façon à ce que, même si ce dernier mourrait en laissant une progéniture en gestation, cette dernière pourrait être majeur et toucher des droits avant passage au domaine public. Et on pourrait accéder, plus rapidement, plus facilement, dans le domaine éducatif notamment, sans droit restrictif (le droit de citation) à des œuvres relativement récentes, et non pas seulement à celles du siècle dernier. Ce qui pouvait se comprendre pour la littérature se comprend mal pour le cinéma, par exemple.
Quant au scandale évoqué… à quoi bon reprendre le bas de gamme de l’information littéraire; n’avons nous pas mieux à lire? à penser?
, le 14.01.2011 à 01:26
Cette législation ne touche que la France actuellement, même si ils aimeraient l’étendre à l’Europe entière, ce n’est pas dans la poche, d’ailleurs elle touche à l’absurde puisque même la photo d’une oeuvre dans un catalogue de vente aux enchères y est soumise en principe. C’est aussi pour cela que nombre de tableaux de très haut niveau ne sont pas mis en vente en France, c’est le pays de la tracasserie administrative par excellence alors qu’il y plus à faire au niveau du recel et autres délits.