"L'argent ne fait pas le bonheur !", dit-on. Certainement vrai.
"Mais sache que sans le sou, tu te paies une drôle de vie." C'est tout aussi vrai, à mon avis.
En même temps, il est possible d'être riche et de se payer une drôle de vie, à l'instar d'Ingvar Kamprad, fondateur de la chaîne de magasins Ikea :
Ingvar Kamprad, l'homme le plus riche de Suisse.
Voyons cela d'un peu plus près...
Qui veut d'un riche ?
Personne n'aime le riche. Parce qu'on est jaloux et qu'on aimerait aussi la même voiture que lui, parce qu'il est arrogant ou trop puissant. Chacun se raison. Pourtant, fiscalement et économiquement, il intéresse. Parce qu'il paie beaucoup d'impôts, parce qu'il dépense son argent. La votation suisse du 28 novembre l'a clairement montré. Notons d'ailleurs que les cantons qui accordent les plus grands "rabais" fiscaux ont refusé le plus majoritairement l'initiative.
Les résultats de l'initiative "pour des impôts équitables". En rouge, refusée ; en vert acceptée.
Certes, Zoug, par exemple, est l'un des cantons les prospères de Suisse. En croissance économique, évidemment, mais également dans les prestations sociales. De mémoire, il me semble avoir lu quelque part que les instituteurs y étaient les mieux payés de Suisse.
On pourrait s'interroger sur la légitimité d'une telle manière de faire. Ce n'est pas le sujet ici. Ce qu'il convient de relever, c'est que faire dépendre plusieurs milliers de personnes de quelques-unes pose des problématiques à propos desquelles il est nécessaire de réfléchir. Nous y reviendrons.
D'un autre côté, tous les riches ne sont pas aussi intéressants. Recitons ici Ingvar Kamprad, qui, s'il intéresse grandement les départements des finances, ne se présente définitivement pas comme un gros poisson pour le garagiste du coin. Bon, peut-être pour un spécialiste des Volvo "Old Timer". Et encore.
Volvo GL 240 (1993) - le modèle choisi et toujours roulé par Ingvar Kamprad.
D'autres, tels que André Hoffmann, posent de véritables problèmes lorsqu'ils décident de s'installer quelque part. D'après un récent article du Temps, l'arrière petit-fils du fondateur de Roche a véritablement fait imploser la commune vaudoise dans laquelle il s'est installé sous peu, j'ai nommé Vaux-sur-Morges. À visiter prochainement ; il paraît qu'ils tapissent routes communales avec des billets de banque...
La commune de Vaux-sur-Morges.
Il y a quinze ans, il paraît qu'ils n'avaient même pas le téléphone. Bon, ça, j'ai du mal à le croire. En tout cas, pour le papier de toilette, la solution s'impose d'elle-même :
Les installations sanitaires de Vaux-sur-Morges, version "luxe".
Encore une fois pour l'exemple d'André Hoffmann, on remarque qu'une seule personne "pèse" subitement plusieurs centaines de fois plus que les cent-septante autres (recensement officiel). Or, que ceci soit ou non une bonne chose, il convient de s'interroger quand à la gestion d'un tel rapport, de la part des semblables (les citoyens) et des autorités (la commune).
Voyons à présent le problème à une autre échelle.
Milliardaires et philanthropes ?
Je reviens dans cette deuxième partie sur un documentaire tourné par Geopolitis. "Milliardaires, que font-ils de tout leur argent ?", une vidéo d'une quinzaine de minutes que vous pouvez consulter gratuitement ici. Je vous invite à le faire, car c'est une émission vraiment enrichissante.
Bill Gates est le fondateur bien connu de Microsoft. Ayant fait fortune grâce à la boîte mentionnée précédemment (ne m'obligez pas la répéter), il n'est cependant plus l'homme le plus riche du monde, d'après le classement 2010 de Forbes. En effet, avec 53 milliards de dollars, il est dépassé par Carlos Slim (53,5 millards) et se place juste devant l'indéboulonnable Warren Buffett (47 milliards).
Bill Gates.
Créé en 1984 par William H. Gates (le père de Bill), la Fondation Bill et Melinda Gates (appelée ainsi dès 2000), gérait fin 2009 un peu plus de 33 milliards de dollars - financée en grande partie par le fondateur de Microsoft et son épouse, ainsi que par Warren Buffett. Par ailleurs, Bill Gates et Warren Buffett ont d'ores et déjà annoncé vouloir consacrer 95%, respectivement 80% de leur fortune à des oeuvres de bienfaisance. Autant dire que l'avenir ne s'annonce pas trop mal pour la fondation.
La Fondation Bill et Melinda Gates.
Se définissant comme une fondation américaine humaniste et philanthropique, la Fondation Bill et Melinda Gates soutient principalement l'éducation et la santé, avant tout sur le continent africain. En 2005, par exemple, celle-ci a notamment dépensé 750 millions de dollars pour soutenir un programme de vaccination auprès des enfants.
Les montants présentés ci-dessus donnent le vertige. L'OMS (Organisation Mondiale de la Santé), grand coordinateur international suprême pour la promotion de la santé, présente à titre d'exemple un projet de budget 2010-2011 s'élevant à 4,5 milliards de dollars. Cet argent comprend bien sûr les cotisations des états-membres, mais également de plus en plus de donations privées ; parmi lesquelles on retrouve, par exemple, la Fondation Bill et Melinda Gates.
Le siège de l'OMS, à Genève.
Le produit intérieur brut du Togo, à titre de comparaison toujours, s'élevait en 2008 à 2,8 milliards de dollars, pour un peu plus de 6 millions d'habitants.
Vous avez dit disproportionné ?
En conclusion
Lorsque l'on place ces chiffres côte à côte, on remarque le très grand déséquilibre entre les aides étatiques et les aides privées. Cela laisse songeur, bien sûr.
De savoir que, avec toute la générosité dont ils font preuve, deux milliardaires américains peuvent travailler bien plus rapidement et avec dix à cent fois plus de moyens que les organismes officiels. De savoir aussi que la santé de millions de personnes dans le monde dépend des décisions du citoyen Bill Gates. C'est fou, non ?
Et Steve Jobs, me direz-vous ?
"J'échangerais toute ma technologie contre un après-midi avec Socrates..." aurait-il dit. N'est-ce pas là un bel acte de philanthropie ?
Merci pour votre lecture et à bientôt,
, le 07.12.2010 à 00:11
Bonjour,
En lisant l’article qui parle entre autre de la fondation Gates. Je ne peu m’empêcher de mettre le lien que j’ai lu hier sur cette fondation. La fondation Gates
Juste pour dire que la philanthropie n’est pas toujours là ou ont souhaite nous faire croire qu’elle l’est.
, le 07.12.2010 à 05:31
#Krynn: quel article? la page web en lien est un capharnaüm.merci.
#AdMem: c’est quoi la philanthropie? On est dans un monde de fous!
, le 07.12.2010 à 07:51
Je trouve plutôt bien l’usage que Bill Gates fait de son argent. Surtout qu’au lieu de faire des cheques a des organismes, il lance aussi des projets notamment sur la recherche pour un vaccin sur le paludisme. C’est d ailleurs la seule chose agréable qui me vient a l’esprit quand je me sers de Windows, alors je souffre en silence, pour la bonne cause.
, le 07.12.2010 à 08:13
La philanthropie c’est la version moderne des indulgences.
, le 07.12.2010 à 09:31
Je ne comprends pas bien le but de l’humeur… est-ce que l’objectif est de mettre en lumière les disproportions entre des sommes? Je ne vois pas l’intérêt de l’exercice mais quelque chose m’échappe sûrement.
Krynn: pointer un article qui est sensé révéler ce qui se cache derrière tout ça et qui mentionne: Créée en 1994 par le fondateur de Microsoft, la Fondation Bill et Melinda Gates gère un capital de 33,5 milliards de dollars pour financer ses projets “philanthropiques”. Un joli pactole investi à hauteur de 23 millions de dollars dans l’achat de 500 000 actions de Monsanto, comme le révélait la Fondation en août 2010. Acquisition aussitôt dénoncée par le mouvement international Via Campesina1. Gates-Monsanto, union entre deux monopoles des plus cyniques et agressifs : 90 % de la part de marché de l’informatique pour la premier, 90 % du marché mondial des semences transgéniques et la majorité des semences commerciales du monde pour le second. Négation même du fameux principe du capitalisme de “concurrence de marché”.
J’ai arrêté là… ainsi donc, cette fondation a investi 0.06% de sa fortune dans Monsanto et voilà que l’article parle d’union avec négation du principe de “concurrence de marché”.
Autrement dit, comment tout mélanger pour atteindre son propos.
, le 07.12.2010 à 10:50
La charité est pourvoyeuse de pauvreté parce qu’elle en est la definitive légitimation. En fait ce n’est n’y plus n’y moins qu’un bizzness détourné. On a SES pauvres comme on a ses esclaves.
, le 07.12.2010 à 11:06
+1 à Catastrophy.
TTE : si tu avais continué la lecture, sur d’autres sites par exemple, tu saurais aussi que la fondation subventionne les plannings familiaux, sauf s’ils font la promotion de l’avortement comme méthode possible. Bonjour le progressisme.
Idem pour le développement des TIC, avec des licences gratuites de Windaube, qui torpille le développement des logiciels libres dans des pays où ce serait la meilleure solution de développement autonome (“apprends à pêcher à un homme…”).
Illustration qu’au delà de certaines sommes de plus en plus courantes, il vaut mieux prélever par l’impôt que faire confiance : les milliardaires œuvrent rarement pour le progrès social, mais plutôt pour la société telle qu’ils la voient.
, le 07.12.2010 à 11:51
Ce que je vais avancer est de l’ordre de l’idée que je me fais soit des gens mis en cause soit des situations, n’ayant accès à aucune info directe.
Gates est «génétiquement» programmé pour fonctionner dans le monde du fric, c’est sa culture. Alors, quand bien même sa fondation est dédiée à ce que vous choisirez, à travers cette fondation, il ne peut pas, ne pas faire autrement que «faire des sous», les gênes, mon bon, les gênes !!
Coluche ajoutait souvent, «Oui, mais ça aide à faire les courses !!»
, le 07.12.2010 à 14:11
Juste pour commenter la philanthropie de la fondation Gates…
En tant que jeune chercheur en biologie, je n’ai entendu que des retours négatifs sur la façon dont est distribué et utilisé l’argent. Sans doute l’effet de diverses jalousies entre autre… Mais aussi le fossé entre leur discours (débarrasser le monde de certaines maladies, le palu entre autre) et leurs actions (financer de la recherche fondamentale pas forcément très pertinente, là où les gens qui arrivent à faire changer les choses sur le terrain expliquent que les solutions techniques existent et que la mise en oeuvre est avant tout une question de moyens et de volonté politique).
De manière générale, il est rare que les meilleurs chercheurs soient de bons administrateurs et de bons communicants: les moyens reviennent souvent à ceux qui sont meilleurs pour entretenir leurs relations publiques.
Après, je préfère voir les milliardaires investir leurs moyens dans de la recherche que dans de l’immobilier… A noter pour finir une initiative intéressante: du mécénat pour le journalisme d’investigation que la plupart des grands médias ne se donnent plus les moyens de financer (ProPublica )
, le 07.12.2010 à 15:07
Sauf erreur, ce classement ne concerne que les personnes s’étant enrichi par le travail.
Je pense que M. Carlos Slim n’est pas l’homme le plus riche du monde si on le compare aux dictateurs, aux monarques,… qui s’approprient la richesse de pays…
C’est bien là tout le problème de la richesse concentré sur un petit nombre qui décide pour la majorité de ce qui mérite d’être soutenu ou aidé… à la place de l’état qui doit avoir ce rôle.
Si les droits de succession ont été créés, c’est pour éviter une trop grande concentration des richesses dans une seule famille! Ce principe ne choque personne.
Cela signifie-t-il qu’une nouvelle réflexion doit être engagée par les états sur la régulation des grandes fortunes?
Je n’ai pas la réponse.
Mais une seule chose est sûre, Bill Gates et consort ne sont pas philanthropes mais ils ont au moins la décence d’essayer d’agir selon leurs convictions avec leur argent plutôt que ne penser qu’à leur plaisir matériel.
A leur place, je ne ferai pas mieux et je ne suis même pas sûr que je serai capable d’en faire autant!
, le 07.12.2010 à 17:02
Et c’est aussi vrai pour les collectivités locales, dont plus du tiers du budget dépend de subventions (région, État, Union européenne), subventions qui ne s’obtiennent qu’avec des dossiers, pas toujours solides et biens lus, mais toujours longs à constituer.
Billou n’est pas mort ! :-D Et la fondation, au départ, est un moyen de diminuer l’impôt sur les successions. Par contre j’ai l’impression qu’il s’est pris au jeu, que c’est devenu son bébé. Ça doit être plus gratifiant de soigner des petits Africains que d’essayer de débugger Windows.
, le 07.12.2010 à 17:45
C’est bon de voir dans les commentaires que la plupart ne sont pas dupes sur le philanthropisme des Gates/Buffet… vaccinaion, recherche sur les vaccins ou génie génétique.. ils sont flairés les marchés du futur et investissent net d’impôts dans les groupes qu’on comdamnent justement aujourd’hui pour leur pratiques plus que suspectes. Bien joué!
, le 07.12.2010 à 19:42
A lire beaucoup sur le web, on finit même par lire que les USA ont torpillés deux de leur symbole pour justifier l’invasion des terres arabes.
Et alors? Il faudrait lui interdire de donner son fric parce qu’il met des conditions dans la manière d’attribuer l’argent? La prochaine étape c’est quoi, se plaindre qu’il donne son argent en dollar et pas dans la monnaie locale?
Ces types ont beaucoup de ronds et comme le dit thomas, il vaut mieux qu’ils utilisent ces ronds dans ce type de projets qu’acheter une île à Peta Ô Shnock ou acheter le plus gros bateau du monde…
, le 07.12.2010 à 20:00
C’est marrant comme quel que soit le sujet, il est de bon ton de casser du Gates !
Et juste pour l’exercice, essayez, dans le monde financier actuel, d’investir (théoriquement bien sûr) 33 G$ de manière 100% éthique, l’exercice est simplement impossible.
PS. Parce que ceux qui pensent qu’il distribue le capital n’ont pas bien compris le principe d’une fondation : c’est bien sûr les intétêts du capital qui sont dévolus aux actions de la fondation
, le 08.12.2010 à 09:25
Ah bin Diego, ça me fait beaucoup de peine, ce que tu nous dit là. Donc, en gros, une fondation, ça sert à continuer à boursicoter (et donc le sympathique état d’esprit qui va avec) pour donner les miettes à ceux–là mêmes que l’on vient de pressurer…
En gros, je presse le citron à mort, et je lui rend très généreusement les pépins.
z (la classe, quoi, je répêêêêêêêêêête : vive la phynance !)
PS : TTE, paske ça l’empêcherait d’acheter une île ET le plus gros bateau du monde, aussi ?
Et puis là, on parle de milliards « officiels », on ne va quand même pas me faire croire que ces gens là n’ont pas aussi un petit bas de laine d’alpaca doublé soie sauvage du côté du Léman, des îles Caïman et autres coins accueillants…
, le 08.12.2010 à 11:08
@zit : Désolé de te faire de la peine, mais, néanmoins … (et voilà que je vais passer pour un grand pro-Gates, mais il faut quand même remettre l’église au milieu du village)
Pour obtenir le statut de fondation, il faut 3 conditions (peut être différent aux USA, mais le principe subsiste probablement).
L’objectif : quel est l’objectif de la fondation (act for health and education, fight against poverty)
L’indépendance : garantir l’indépendance stratégique et financière par rapport aux investisseurs (la fondation est reconnue “Public Charity Private Fundation” par le “United States Internal Revenue Service”)
La viabilité : L’autonomie financière doit être assurée, pérenne, et en rapport avec les objectifs visés (il n’est donc pas question de dilapider un capital et de “faire ses bonnes oeuvres” tant qu’y en a)
N’en déplaise aux humanistes, les fondations Abbé Pierre, Caritas, etc, ainsi que l’Institut Pasteur pour ne citer qu’eux “boursiconnent, dans le sympathique état d’esprit qui va avec pour donner les miettes à ceux–là mêmes que l’on vient de pressurer… ”, comme tu dis, et ceci afin de garantir leur viabilité financière.
, le 08.12.2010 à 13:42
C’est quand même marrant… j’ai l’impression que certains oublient le principal, là…
Même s’il a fait une fondation dans un but fiscal, ou pour investir, ce type a fait des dons, des vrais dons, pour des sommes que la plupart de ses détracteurs ne gagneront jamais dans leur vie entière. Ne parlons même pas de donner de telles sommes.
Plus il y a d’argent pour, par exemple, la recherche contre le sida, mieux c’est. Et si le donnateur ne fait ça que pour échapper à des impôts (ce qui reste à prouver) ou pour se donner bonne conscience, on s’en moque! Le but est là: il y a plus d’argent pour combattre la maladie.
ps: merci Diego pour tes commentaires. Je suis tout à fait d’accord avec ta réaction. :)