Fric-frac

Au­jour­d'hui, pas de ri­go­lade! On parle musée de Bièvres, culture, photo et po­li­tique. Donc : sé­rieux, le Mo­dane, au­jour­d'hui! Juste un petit per­si­flage de temps en temps pour al­lé­ger l'at­mo­sphère, un peu op­pres­sante, au­tour du de­ve­nir de ce musée.

Je dois dire, au préa­lable, que je ne suis qu'un sym­pa­thi­sant et que je ne suis en aucun cas un mi­li­tant. D'abord, je ne suis pas pho­to­graphe, et je n'ai au­cune ré­flexion per­son­nelle sur le sujet.

Je ne suis pas non plus en­carté et je n'émarge à au­cune as­so­cia­tion quelle qu'elle soit.

Je sais juste qu' un jour, à la de­mande d'un ami pho­to­graphe, je suis allé re­cueillir les sou­ve­nirs d'An­dré Fage, fon­da­teur de tout ce qui se passe de pho­to­gra­phique dans sa ré­gion, au point d'être in­ter­na­tio­na­le­ment connu. J'ai été charmé par les aven­tures mu­séo­gra­phiques de ce char­mant vieux mon­sieur, et par sa per­son­na­lité. Vous pou­vez d'ailleurs re­gar­der les rushes ici; ils sont à peine mon­tés...

Mais sur­tout, j'ai été confronté à l'in­di­gna­tion d'un hon­nête homme qui après avoir fait don à ses conci­toyens de l'oeuvre de sa vie se voit être vic­time de ce que j'ap­pelle, moi qui manque ter­ri­ble­ment de dé­li­ca­tesse et de di­plo­ma­tie, une spo­lia­tion.

 

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André FAGE © André Gun­thert

Mais à ne faire que dé­non­cer une si­tua­tion, ma sub­jec­ti­vité se­rait for­cé­ment sus­pecte. J'ai donc de­mandé à Joël Conan, pré­sident de l'As­so­cia­tion du Musée Fran­çais de la Pho­to­gra­phie, de me pré­ci­ser l'his­to­rique de l'af­faire. Je vous ra­conte le début, il vous ra­con­tera la suite...

Il était une fois...

Il était une fois à Bièvres, en 1937,  un homme, Jean Fage, pas­sionné de phy­sique, de mé­ca­nique et de chi­mie, qui trouva dans la pho­to­gra­phie l’oc­ca­sion d’ex­cel­ler dans ces do­maines.

Al­truiste, il dé­cida de faire par­ta­ger sa pas­sion et ses sa­voir avec ceux qui, comme lui, s’in­té­res­saient à la photo. Il créa, avec son fils André, le Photo-Club du Val de Bièvres en 1949.

Le Club conquiert ra­pi­de­ment une belle au­dience. De grands noms de la photo par­ti­cipent aux ac­ti­vi­tés et aux ex­po­si­tions. La com­mune de Bièvres prête un pre­mier local en 1962, et ce fût la créa­tion d’évè­ne­ments nom­breux et pres­ti­gieux, comme la Foire à la Photo (évè­ne­ment mon­dial de­puis 1964, 10 000 vi­si­teurs par an), qui se tient chaque année à Bièvres et dont Zit vous parle ré­gu­liè­re­ment comme d’un mar­ché de co­cagne pour trou­ver l’in­trou­vable...

Au fur et à me­sure des expos, les ar­tistes laissent, donnent leurs ti­rages au Club, qui de­vient pro­gres­si­ve­ment un fond d’une ex­tra­or­di­naire ri­chesse. Jean Fage col­lecte des ma­té­riels, sou­vent dé­pas­sés, mais utiles aux membres qui ne peuvent pas s’en ache­ter. Il gratte par­tout : chez les construc­teurs (un le livra par ca­mions en­tiers), dans les vide-gre­niers et les bro­cantes. Les par­ti­cu­liers se mirent à lui ap­por­ter le ma­té­riel de leurs dis­pa­rus, dans une idée de sa­cra­li­sa­tion. Jean et André col­lectent, ré­parent, en­tre­tiennent et ho­norent une col­lec­tion qui va crois­sant, et qui de­vient un jour la plus grande col­lec­tion mon­diale d’ap­pa­reils fran­çais, et une des col­lec­tions ma­jeures mon­diales de ma­té­riels en tous genres. Sans comp­ter le ri­chis­sime fond de do­cu­ments his­to­riques, des da­guer­réo­types aux ti­rages mo­dernes.

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Le pre­mier da­guer­réo­type...

Je sou­ligne que tout ceci a été une af­faire d’homme. Sans Jean, sans André, les choses n’au­raient pu se consti­tuer de cette ma­nière : on don­nait aux hommes peut-être plus en­core qu’au Club, et les va­leurs par­ta­gée étaient l'al­truisme, l'hu­ma­nisme, et l'amour de la tech­nique pho­to­gra­phique.

Joël Conan, Pré­sident de l’As­so­cia­tion du Musée Fran­çais de la Pho­to­gra­phie de Bièvres, nous dit qu’en­suite :

«Sou­hai­tant pro­té­ger leur col­lec­tion et en faire pro­fi­ter le pu­blic, Jean et André FAGE dé­cident de l’of­frir à l’Etat qui pro­pose que le bé­né­fi­ciaire en soit l’As­so­cia­tion qui fe­rait en­suite un don au Dé­par­te­ment de l’Es­sonne. Le Mi­nistre de la Culture ins­crit le musée de la pho­to­gra­phie de Bièvres au nombre des éta­blis­se­ments re­con­nus par son mi­nis­tère par lettre du 22 jan­vier 1968.

Les re­la­tions avec le Conseil gé­né­ral de l’Es­sonne sont for­ma­li­sées une pre­mière fois en 1974 dans une conven­tion du 14 juin.»

Et c’est là que tout se com­plique... Je laisse la pa­role à Joël Conan.... 

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La ga­ran­tie Da­guerre...

Do­na­tion, stra­té­gies po­li­tiques et ater­moie­ments en tous genres

En 1986, par un acte de trans­fert signé le 19 mars, la col­lec­tion de ma­té­riels, d’ou­vrages et d’images fait l’ob­jet d’un don au Conseil gé­né­ral de l’Es­sonne avec une condi­tion ex­presse : "la construc­tion d’un nou­veau musée de la pho­to­gra­phie dans un délai de 7 ans, faute de quoi l’As­so­cia­tion re­pren­drait ses droits et pro­prié­tés ; il est en­tendu que les col­lec­tions res­tent en leur place", c'est-à-dire à Bièvres.

Un mois plus tard, une conven­tion de ges­tion est si­gnée le 14 avril 1986.

En 1993, soit au terme des sept an­nées pré­vues, l’As­so­cia­tion est ame­née à consta­ter que le nou­veau musée n’est pas construit.

Après plu­sieurs mois de dis­cus­sions avec le Conseil gé­né­ral, ce der­nier ac­quiert une pro­priété sur les hau­teurs de Bièvres (le Bois du Ro­cher). Une nou­velle conven­tion est si­gnée le 15 mai 1996 pour pro­lon­ger les dé­lais tout en confir­mant la condi­tion es­sen­tielle de la do­na­tion.

Ce pro­jet ayant échoué, ainsi que celui qui a été étu­dié entre 2000 et 2002 sur un autre site, de nou­velles dis­cus­sions abou­tissent à une nou­velle conven­tion le 16 juillet 2003 dans la­quelle sont re­nou­ve­lés les en­ga­ge­ments ré­ci­proques de l’As­so­cia­tion et du Conseil gé­né­ral : "....dès ré­cep­tion des tra­vaux re­la­tifs à la construc­tion d'un nou­veau musée dé­par­te­men­tal de la pho­to­gra­phie à Bièvres, l’As­so­cia­tion trans­fé­rera au Dé­par­te­ment la pro­priété des ob­jets, épreuves pho­to­gra­phiques, livres et do­cu­ments qu'elle a réunis".

 Cette conven­tion est re­nou­ve­lée pour 3 ans le 13 dé­cembre 2006.

Sans au­cune concer­ta­tion, le Conseil gé­né­ral dé­cide, par dé­li­bé­ra­tion du 22 juin 2009, donc avant le terme de la conven­tion en cours, de re­non­cer à son pro­jet à Bièvres et de trans­fé­rer la col­lec­tion à Etiolles.

 

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Le Géant, bal­lon de Nadar, au Champ de Mars

 

L’As­so­cia­tion dé­cide alors de faire va­loir ses droits et en­gage une né­go­cia­tion avec le Conseil gé­né­ral en vue de se voir res­ti­tuer la col­lec­tion qui lui ap­par­tient.

Ces né­go­cia­tions n’ayant pas abouti le 31 dé­cembre 2009, au terme de la conven­tion en cours, le Conseil gé­né­ral ne peut plus, alors, se pré­va­loir d’une au­to­ri­sa­tion pour ex­ploi­ter la col­lec­tion, ce qu’il conti­nue pour­tant à faire.

Tou­jours sou­cieuse de re­cher­cher une so­lu­tion, l’As­so­cia­tion pour­suit ses né­go­cia­tions en de­man­dant une réunion qui se tient fi­na­le­ment le 2 juin 2010.

Au­cune so­lu­tion n’émerge de cette réunion ; le Conseil gé­né­ral s’en­tête à vou­loir éta­blir un lieu d’ex­po­si­tion à Etiolles, en re­non­çant à Bièvres, et à conser­ver la col­lec­tion de l’As­so­cia­tion, en contra­dic­tion avec ses en­ga­ge­ments for­mels.

Une lettre datée du 21 juin 2010 est adres­sée au Pré­sident du Conseil gé­né­ral par l’As­so­cia­tion pour consta­ter cet échec et confir­mer la de­mande de res­ti­tu­tion de sa col­lec­tion.

Le 12 juillet 2010 le Pré­sident du Conseil gé­né­ral ré­pond qu’il ne se sent pas au­to­risé à res­ti­tuer la col­lec­tion, même à son pro­prié­taire, n'ayant pas de ga­ran­tie sur les condi­tions de conser­va­tion dont elle bé­né­fi­ciera et dé­cide de sou­mettre cette de­mande à la Di­rec­tion des Mu­sées de France.

Cette der­nière a in­formé l’As­so­cia­tion, par lettre du 24 août 2010, de son in­ten­tion d’or­ga­ni­ser une réunion de concer­ta­tion au début de l’au­tomne ; elle n’est pas pro­gram­mée à ce jour.

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La pre­mière photo de Niepce...

 

Au­jour­d’hui :

  • Le Conseil gé­né­ral a voté une dé­li­bé­ra­tion le 22 juin 2009 pour mettre fin à ses pro­jets à Bièvres (mal­gré son en­ga­ge­ment) et pour amé­na­ger un pa­villon his­to­rique de 1 000 m² à Etiolles dans le­quel il veut créer 250 m² d’ex­po­si­tion per­ma­nente (à Bièvres, il y en a en­vi­ron 170 à 180 m²). Pour cela, il a en­gagé 7 mil­lions d’Eu­ros.
  • Il existe un contrat de pro­jet Etat-Ré­gion pour la construc­tion d’un musée de la pho­to­gra­phie à Bièvres ; ce contrat est doté de 8M€ (1M€ de l’Etat et 7M€ de la Ré­gion Ile de France). Le Conseil gé­né­ral de l’Es­sonne est en­gagé à mettre la même somme, soit un total de 16M€.
  • La Com­mune de Bièvres a ac­quis un ter­rain situé à proxi­mité im­mé­diate de la gare et à 300 mètres du centre ville. Ce ter­rain de 6 200 m² ne pré­sente pas de dif­fi­cul­tés par­ti­cu­lières et per­met la construc­tion de près de 5 000 m² de SHON. La Com­mune le met gra­tui­te­ment à la dis­po­si­tion du Conseil gé­né­ral.

Le Musée de la Pho­to­gra­phie est de re­nom­mée in­ter­na­tio­nale, comme la foire à la photo. In­dé­pen­dam­ment du fait que le nom de Bièvres est as­so­cié à la photo de­puis plu­sieurs dé­cen­nies (même plus puisque Nadar y a pris la pre­mière photo aé­rienne en 1858), il n'est pas ac­cep­table que le Conseil gé­né­ral, qui a pris des en­ga­ge­ments for­mels, ré­gu­liè­re­ment re­nou­ve­lés, y com­pris par son ac­tuel Pré­sident, ne res­pecte pas sa pa­role et veuille s’ap­pro­prier une col­lec­tion de va­leur sans res­pec­ter ses en­ga­ge­ments.

Voilà... Vous avez les ar­gu­ments...

Pour ré­su­mer , un gars et son fils, fans de photo et al­truistes, montent sans rien de­man­der à per­sonne une asso photo qui car­tonne au delà de toute es­pé­rance, à force de don de de soi et des dons des par­ti­cu­liers qui ap­pré­cient. Au mo­ment de prendre leur re­traite, ils prennent des ga­ran­ties des pou­voirs pu­blics pour que ces dons soient res­pec­tés et ne se perdent pas dans la na­ture.

Et puis ça traîne, traîne, traîne en­core. Et au mo­ment où l'im­pos­ture se dé­voile, aucun en­ga­ge­ment n'est tenu : les pou­voirs pu­blics n'ar­rivent qu'à gar­der une col­lec­tion qui ne leur ap­par­tient pas, avec un demi musée dans un vil­lage in­ac­ces­sible, où per­sonne ne le sou­haite.

Sub­jec­ti­ve­ment, je dé­teste les gens qui, sous cou­vert d'être man­da­tés, changent les règles à leur gré. Et tout aussi sub­jec­ti­ve­ment, les di­plo­mates qui mé­prisent la vo­lonté de ceux qui oeuvrent, mais qui ré­cu­pèrent en­suite leur tra­vail pour en faire des choses in­ef­fi­caces mais ô com­bien avan­ta­geuses!

Donc, bien que pas im­pli­qué dans l'af­faire, celle-ci me gave! Je trouve qu'il se­rait bon de si­gni­fier à nos élus qu'ils sont man­da­tés pour gérer NOS af­faires. Je sais, pour nos lec­teurs suisses, cela doit être étrange à lire, mais en France, nous de­vons le rap­pe­ler de plus en plus sou­vent, ces temps-ci...

Après la pé­ti­tion, que vous pou­vez tou­jours si­gner ici, si vous ne l'avez pas en­core fait et que vous vous sen­tez brus­que­ment tou­chés par la grâce de l'his­toire pho­to­gra­phique, vous pou­vez pro­tes­ter en par­ti­ci­pant à la plus grande mo­saïque photo du monde, ici.

Et sur­tout, vous pou­vez en par­ler. À vos amis ar­tistes pho­to­graphes, vos or­ga­ni­sa­tions pro­fes­sion­nelles, vos clubs et as­so­cia­tions, vos jour­naux. Sur vos sites et vos blogs, en met­tant des liens, des com­men­taires. Je trouve que ça mé­rite!...

En at­ten­dant, une dou­ceur... Et en 3D re­lief, s'il vous plaît! Mo­derne, mo­derne!...

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Eh oui... Orsay, pas Bièvres. De­puis qu'on ne sait plus à qui elle ap­par­tient, cette fa­bu­leuse col­lec­tion, on ne peut plus s'en ré­cla­mer?!...

14 com­men­taires
1)
Or­ni­tho
, le 01.12.2010 à 06:06

Merci pour cet ar­ticle qui dé­nonce un scan­dale et sur­tout risque de dé­cou­ra­ger des ini­tia­tives de col­lec­tion­neur par la suite qui sou­haite trans­mettre leurs col­lec­tions. J’ai signé cette pé­ti­tion.

2)
kris
, le 01.12.2010 à 09:30

Salut Mo­dane,

y a-t-il un moyen pour sa­voir si on a déjà signé la pé­ti­tion ? Parce que je crois bien l’avoir déjà si­gnée il y a quelques mois. Et comme je suis hon­nête, contrai­re­ment à ceux qui ont res­pon­sa­bi­lité de « gérer NOS af­faires »… je ne vou­drais pas la si­gner une deuxième fois pour faire du chiffre mal­hon­nê­te­ment.

J’ajou­te­rais que, Suisse ou Fran­çais, ou en­core Belge ou Al­le­mand ou…, cela ne change rien. Sous pré­texte que l’af­faire est fran­çaise il ne faut pas s’exo­né­rer de si­gner. Il s’agit de dé­fendre un pa­tri­moine in­ter­na­tio­nal qui est en passe d’être kid­nappé.

3)
Mo­dane
, le 01.12.2010 à 09:41

>kris : Je vais me ren­sei­gner… @ tout à l’heure!

4)
Guillôme
, le 01.12.2010 à 10:23

Je vais aller à contre pied de l’hu­meur mais, fi­na­le­ment, rien de plus banal et nor­mal…

L’as­so­cia­tion a fait confiance à l’état pour gérer leurs af­faires et main­te­nant ils s’en mordent les doigts…

Un contrat dans le droit Fran­çais n’a pas force de loi et, en cas de non res­pect du contrat, dans la plu­part des cas, seul un dé­dom­ma­ge­ment peut être ob­tenu.

A plus forte rai­son quand cette pro­messe vient de l’état ou l’une de ses ins­tances! Les pro­messes n’en­gagent que ceux qui les re­çoivent comme di­sait le pré­sident Chi­rac en son temps.

En France, on ne compte plus les ré­duc­tions d’im­pôts re­misent en cause, les taxes pro­vi­soires per­ma­nentes, les en­ga­ge­ments ins­crits dans la loi non ap­pli­qués, les ac­cords eu­ro­péens non res­pec­tés… Alors, la pa­role du Conseil gé­né­ral de l’Es­sonne, je ri­gole!

Ma com­pré­hen­sion de l’his­toire c’est que l’As­so­cia­tion a fait preuve de lé­gè­reté et de cré­du­lité dans cette af­faire. Elle a fait confiance sur une base contrac­tuelle sans ga­ran­tie. Elle a elle-même créée son im­passe en re­fu­sant de consta­ter l’échec après la pre­mière pé­riode de 7 ans en de­man­dant la res­ti­tu­tion de ses biens, ce qui doit peser au­jour­d’hui dans les ar­gu­ments ju­ri­diques…

Même si l’on parle d’un mil­liar­daire (Fran­çois Pi­nault), ce der­nier n’étant pas un bi­sou­nours en af­faires, il ne s’est pas fait avoir par l’état Fran­çais et à créer son musée d’Art contem­po­rain à Ve­nise vu que la ré­gion était in­ca­pable d’avan­cer sur sa pro­po­si­tion de construc­tion à ses frais d’un musée sur l’île Se­guin (la dis­cus­sion a duré quand même 5 ans)! Je ne vous ra­conte pas ce qu’il se se­rait passé s’il avait fait don de sa col­lec­tion avec charge à l’état de bâtir le musée ;)

Pour moi, il y a deux cou­pables dans cette his­toire :

  • L’as­so­cia­tion pour lé­gé­reté et cré­du­lité
  • Le Conseil Gé­né­ral pour non res­pect de ses obli­ga­tions contrac­tuelles

Dé­solé, je ne si­gne­rai pas la pé­ti­tion ni ne par­ti­ci­pe­rai à la plus grande mo­saïque.

5)
Karim
, le 01.12.2010 à 11:01

Guillaume, je suis consterné par ton ar­gu­men­ta­tion. Celle qui consiste à dé­mon­trer tou­jours la culpa­bi­lité de la vic­time ; ar­gu­men­ta­tion di­ver­se­ment trans­po­sée dans les pré­toires. « Elle l’a bien cher­ché, M’sieur le juge ! ». Le plus grave dans cette af­faire est que l’agres­seur est la puis­sance pu­blique, celle qui pré­ci­sé­ment est cen­sée ré­gu­ler la pré­da­tion pri­vée. Même si ce rôle est sou­vent ou­blié, tu ne peux poin­ter un doigt ac­cu­sa­teur vers ceux qui se sont fait spo­lier, tout à leur pas­sion pho­to­gra­phique, et à qui on ne peut de­man­der des connais­sances ju­ri­diques et des tac­tiques de po­li­ti­ciens.

6)
kris
, le 01.12.2010 à 11:10

Guillôme, je trouve que tu ac­ceptes un peu fa­ci­le­ment les em­brouilles dont on nous gra­ti­fie de­puis long­temps, pour ne pas dire tou­jours. C’est pas une rai­son !

« … rien de plus banal… », je suis d’ac­cord, « et nor­mal… », dé­solé ce n’est pas nor­mal ! D’au­cuns consi­dèrent ces pra­tiques comme nor­males parce qu’on nous roule dans la fa­rine de­puis des lustres sur tous les thèmes.

L’as­so­cia­tion n’a pas pris suf­fi­sam­ment de ga­ran­ties et « fait preuve de lé­gè­reté », vu comme ça il n’y a plus rien à dire mais, mal­gré que je ne sois pas féru de « droit » et que je ne connaisse pas le dos­sier, ici c’est une ques­tion de res­pect et de dé­tour­ne­ment de la bonne vo­lonté des gens. Tout le monde n’a pas, comme F. Pi­nault, l’ha­bi­tude des « af­faires » et les moyens de payer de bons conseils en droit et ma­gouilles.

Si per­sonne ne gueule, on n’a pas fini de se faire en­tu­ber. On le sait par­fai­te­ment que les pro­messes s’en­volent, mais il n’y a pas que les urnes… Et ce n’est pas une rai­son pour bais­ser les bras.

7)
ar­cheos
, le 01.12.2010 à 11:15

Guillaume, 1re er­reur : un contrat a force de loi pour les par­ties, en droit fran­çais. 2e er­reur : il y avait une ga­ran­tie, jus­te­ment le contrat et la men­tion de la construc­tion obli­ga­toire du musée.

La ci­ta­tion de Pas­qua, que tu at­tri­bues à Chi­rac, est le comble du cy­nisme. Je ne sais si tu es de pro­fes­sion li­bé­rale ou sa­la­rié, mais j’ima­gine ta tête si ton em­ployeur ou tes clients ap­pli­quaient tes prin­cipes à ton égard.

Par contre, à un mo­ment, ils au­raient dû prendre langue avec d’autres ins­ti­tu­tions. Un quart de siècle, c’est long.

et +1 avec Karim, sur le

Celle qui consiste à dé­mon­trer tou­jours la culpa­bi­lité de la vic­time

8)
Guillôme
, le 01.12.2010 à 11:50

Guillaume, 1re er­reur : un contrat a force de loi pour les par­ties, en droit fran­çais. 2e er­reur : il y avait une ga­ran­tie, jus­te­ment le contrat et la men­tion de la construc­tion obli­ga­toire du musée.

Oui, par­don, ce que je veux dire c’est que tu ne peux pas for­cer l’ap­pli­ca­tion d’un contrat. Le tri­bu­nal ju­gera sur la base du contrat éta­blit entre les par­tis (le contrat fait loi s’il est en ac­cord avec la loi) mais, sauf cas par­ti­cu­liers, il n’y aura pas obli­ga­tion d’ap­pli­quer le contrat mais an­nu­la­tion du contrat, dom­mage et in­té­rêts…

De là, il en dé­coule qu’un contrat n’offre au­cune ga­ran­tie puis­qu’en cas de non ap­pli­ca­tion du contrat, il faut un ju­ge­ment qui, bien sou­vent, se tra­duira en dom­mage et in­té­rêts et non en l’obli­ga­tion for­cée d’ap­pli­quer le contrat (en l’oc­cur­rence, construire le musée).

Je ne sais si tu es de pro­fes­sion li­bé­rale ou sa­la­rié, mais j’ima­gine ta tête si ton em­ployeur ou tes clients ap­pli­quaient tes prin­cipes à ton égard.

Ben, c’est le cas bien sou­vent…

Pour la ci­ta­tion, moi aussi j’avais en tête Pas­qua, mais en goo­glant j’ai trouvé Chi­rac… Au final, je ne sais plus trop qui des deux l’a sorti le pre­mier ^^

Celle qui consiste à dé­mon­trer tou­jours la culpa­bi­lité de la vic­time

Loin de moi l’idée de jeter la pierre à l’as­so­cia­tion.

Quelle se dé­fende et qu’elle soit dé­fen­due par des mil­liers d’in­ter­nautes tant mieux :) Si elle gagne, tant mieux aussi.

Main­te­nant, n’étant pas proche des per­sonnes im­pli­quées et ne connais­sant pas le fonds du dos­sier, ma po­si­tion est neutre : pas de sou­tien.

Car au final, si je com­prends bien, le pa­tri­moine pho­to­gra­phique sera pré­servé, en­tre­tenu et à terme mon­tré au pu­blic, ce qui est l’es­sen­tiel.

Après sur le lieu, le moyen d’ac­cès, le délai… se sont des tur­pi­tudes qui ne me semble pas un com­bat prio­ri­taire.

9)
zit
, le 01.12.2010 à 11:58

C’est vrai, ça, faire confiance à l’État, quelle naï­veté condam­nable ! Il fau­drait brû­ler ces gens là, avec tout leur fa­tras de vieille­ries, sur la grand place d’Etiolles, pour l’exemple…

Voilà en tout cas ma contri­bu­tion à la mo­saïque, bon on ne voit pas bien l’ap­pa­reil, mais l’es­sen­tiel est de par­ti­ci­per, non ? Et puis de toute façon, je n’ai pas vrai­ment « d’ap­pa­reil pré­féré », tout au plus de nom­breux jou­joux ou­tils, que j’ap­pré­cie plus ou moins…

z (bon allez, j’avoue, j’ai quand même un petit faible pour le MP, je ré­pêêêêêêêêêêête : mais j’uti­lise plus sou­vent le M7…)

PS : et mon pre­mier boî­tier, le F2, je l’aime bien aussi…

PS 2 : et le F4s, je l’adore, lui…

PS 3 : heuu, non, c’est tout.

10)
Mo­dane
, le 01.12.2010 à 12:04

Car au final, si je com­prends bien, le pa­tri­moine pho­to­gra­phique sera pré­servé, en­tre­tenu et à terme mon­tré au pu­blic, ce qui est l’es­sen­tiel.

Après sur le lieu, le moyen d’ac­cès, le délai… se sont des tur­pi­tudes qui ne me semble pas un com­bat prio­ri­taire.

Pré­servé, c’est sûr. En­tre­tenu, il faut voir. Quant à la pré­sen­ta­tion “à terme”, on peut se de­man­der quoi, quand et dans quelles condi­tions.

250m2 d’IUFM désaf­fecté, dans un vil­lage mal des­servi par les trans­ports col­lec­tifs, et ou­vert sur ren­dez-vous, on ne peut pas dire que ce soit à la hau­teur de la col­lec­tion, ni du sou­hait des fon­da­teurs de mon­trer la col­lec­tion au GRAND pu­blic! Il me semble que le pro­jet de l’As­so­cia­tion res­pecte plus l’es­prit du do­na­teur?! C’est vrai que ma dé­marche est d’abord af­fec­tive!….

Mais merci quand même, Guillôme, de pro­vo­quer le débat!

11)
Mo­dane
, le 01.12.2010 à 12:23

>Zit : Ah la la! Qu’elles sont bien, tes pho­tos!

12)
Sa­luki
, le 01.12.2010 à 23:48

Guillôme.

Je ne suis qu’un ci­toyen lambda.
C’est pour­quoi les pas de côté des ins­ti­tu­tions re­pré­sen­ta­tives du per­son­nel (CE d’Air France) ou des ci­toyens me ré­vulsent. Le mal­frat qui casse un Musée a ins­tan­ta­né­ment toutes les po­lices de France, de Na­varre et même d’Hel­vé­tie au trousses. L’élec­tri­cien qui s’est fait don­ner ou a un peu fait main basse sur des œuvres de Pi­casso est au pla­card, je crois, et les zélus de la Ré­pu­blique pour­raient donc étouf­fer sans honte un pa­tri­moine ? Grrrr !

Zit.

Est-ce bien le ré­tro­vi­seur du kat­kat de ton voi­sin ?

13)
Pierre.G.
, le 02.12.2010 à 19:55

Puis­qu’il s’agit d’une par­tie de mon “mé­tier”, je veux juste vous rap­pe­ler le don fait par le roi de France dans les an­nées 1980 au roi de Rus­sie de l’époque de la paire de pis­to­lets ayant servi au duel qui vit Pou­ch­kine dé­cé­der (pour une his­toire de co­cu­fiage dans d’atroces souf­frances mais c’est une autre his­toire et l’His­toire).

Le hic, c’était que la paire de pis­to­lets en ques­tion ap­par­te­nait à un col­lec­tion­neur qui l’avait mis en dépôt dans un Musée ré­gio­nal, ce dont le roi de l’époque se sou­ciait peu puisque mo­narque.

En France, dans le do­maine de l’ART, il n’y a ni règles ni lois si ce n’est celles de l’usure du temps sur les re­qué­rants, le seul sys­tème fonc­tion­nant ac­tuel­le­ment est la da­tion, qui est en fait une prise d’otage sur une oeuvre d’art sous peine de se voir guillo­ti­ner par le fisc.

J’al­lais ou­blier le droit de pré­emp­tion qui per­met de léser un ven­deur dans des pro­por­tions in­ima­gi­nables puis­qu’il est as­sorti d’une in­ter­dic­tion de quit­ter le ter­ri­toire pour les ob­jets en ques­tion(donc une va­leur dé­pré­ciée jus­qu’à 70-80%).

Donc cette triste his­toire ne me sur­prend pas le moins du monde, en­core heu­reux qu’un grand musée d’Etat ne l’aie pas ré­cla­mée.

14)
Ma­dame Pop­pins
, le 03.12.2010 à 06:03

Guillôme,

En droit suisse, en cas de “non res­pect” d’un contrat, la par­tie a dif­fé­rentes pos­si­bi­li­tés, dont de­man­der au juge l’exé­cu­tion du contrat (si l’autre s’obs­tine à ne pas l’exé­cu­ter); bien sûr, le juge ne peut pas contraindre une par­tie à exé­cu­ter le contrat, il peut en re­vanche faire exé­cu­ter le contrat par un tiers mais aux frais de la per­sonne res­tée in­ac­tive.

Il a fallu 50 ans au gou­ver­ne­ment suisse pour tenir sa pa­role au sujet du congé ma­ter­nité…. La len­teur et la mau­vaise foi ne m’étonnent donc plus mais elles m’at­tristent tou­jours au­tant.