J'ai découvert le diptyque « Lord Kraven » (La Ligue des Héros et L'ère du Dragon), des romans de Xavier MAUMEJEAN à la médiathèque de ma ville. Je cherchais un livre différent de mes lectures habituelles plus traditionnelles. J'ai d'abord été séduit par la couverture qui me rappelait un Comics des années 70 et en feuilletant le livre j'ai été attiré par l'idée d'une série (la bibliographie contenait plus de 20 titres !).
Les deux romans sont basés sur le principe de l'UCHRONIE.
Wikipédia définit l'uchronie comme "une évocation imaginaire dans le temps. En littérature, c'est un genre qui repose sur le principe de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification d’un événement du passé".
Dans le cas des romans de X Mauméjean, l'Histoire est à la fois simple et très embrouillée, habile mélange d'époque Victorienne et de super-héros.
On y retrouve des références aux classiques des années 50 mais aussi à l'univers DC Comics, il y a du Batman/Robin dans le duo Lord Kraven/English Bob, on y croise entre autres un double de Tarzan, un cow-boy patriote, un magicien et Peter Pan.
C'est pour moi le trait de génie de l'auteur, puisqu'ici Peter Pan endosse le rôle du méchant !
Le premier roman La ligue des héros est axé sur la découverte du personnage central à travers une double histoire, qui devient ensuite un enchevêtrement d'histoires parallèles. On assiste en 1969 à l'arrivée d'un vieil monsieur dans sa famille et à son retour à la vie à travers ses lectures. En parallèle, on suit les aventures en 1902 d'un super-Héros luttant contre les forces du mal (les forces du Kaiser et l'Internationale Féérique dirigée par Peter Pan). Il est assez rapidement évident que les deux personnages n'en font qu'un seul. Et c'est à ce moment là que le roman part dans plusieurs autres directions pour converger vers un final "scoubidou" (plusieurs fins s'enchaînent ...).
Le second roman L'ère du dragon vous plonge au coeur d'un remake survitaminé des 55 jours de pékin où Charlton Heston aurait croisé le Baron rouge et des dragons ! Joyeuse pagaille en perspective et combats échevelés à longueurs de pages. Là aussi, cela devient un peu « too much » au bout d'un moment...
Au final, il me reste deux sentiments un peu contradictoire :
D'abord un vrai bonheur de gamin, l'écriture est énergique et fluide, le principe me rappelle mes mercredis entre copains quand j'étais gamin (On dirait qu'on ferait une bataille entre des cow-boys et des aliens de l'espace, Ouais et on dirait qu'en fait les gentils ce seraient les méchants) et ma petite soeur qui voulait toujours jouer avec nous avec ses poupées. Et bien le diptyque « Lord Kraven » c'est ça, Il y a des Fées, des personnages sortis de l'enfance, des supers héros, des super-méchants, des trahisons, du « steampunk », des histoires parallèles (je ne vous en dis pas plus pour ne pas spoiler le plaisir de la lecture) et c'est un vrai plaisir d'essayer de retrouver les références cachées dans ces romans.
Ensuite, pour être honnête, le lecteur finit par être un peu perdu dans toutes ces histoires qui s'entremêlent et se contredisent parfois, et je trouve que la fin du premier roman est un peu gâchée (là aussi je ne vous en dit pas trop pour ne pas spoiler) alors que le second est parfois trop touffu, trop riche.
Je disais en introduction que ce qui m'avait séduit c'était l'idée d'une série récurrente, je vous laisse découvrir tout le travail sur les bibliographies réelles ou inventées et les résumés de romans improbables. Il y a eu un énorme travail pour créer un univers cohérent. un conseil si vous vous lancez, lisez l'intégralité des bouquins, table des matières, annexes et notes comprises.
Au final, c'est vraiment un bon moment de lecture, qui vous fera penser à un mélange de la « Ligue des gentlemen extraordinaires » (superbe BD, mauvais film), de l'armée des 12 singes (Brad PITT enfin naturel ;-)), les DC Comics, les séries Z italiennes des années 70.
Bonne lecture,
, le 29.11.2010 à 08:33
J’ai aussi beaucoup aimé cette lecture, moi aussi j’ai été attirée par la couverture et je ne m’attendais pas à dépasser la page 3, et puis… nuit quasi blanche. Il faut abandonner l’idée de vouloir juger ça intellectuellement, se laisser faire, et alors c’est très bien, et tant pis si on se perd.
Le seul point où je ne suis pas d’accord, c’est je jugement sur La Ligue des gentlemen extraordinaire, que j’ai trouvé très poétique, que j’ai pris au second degré, et qui du coup m’a beaucoup fait bien rire. Qui plus est, c’est très esthétique, et bourré de comédiens talentueux utilisés délicieusement à contre-emploi.
, le 29.11.2010 à 16:49
Merci de cette présentation. Tu m’as donné envi d’en savoir plus.
Alors je présenterai vite une autre uchronie qui introduit un élément de surnaturel : Les futures mystères de Paris de R.C. Wagner. L’auteur s’inspire explicitement des enquêtes de Nestor Burma et des mystères de Paris (XIXe). L’uchronie est très “récente” puisque l’évènement de divergence a eu à la fin des années 90, je crois.
Dans ces histoires, le monde réel et la psychosphère se sont entremêlée lors de cet évènement divergent et certaines personnes se sont retrouvées avec des dons. Ainsi on suit les enquêtes de Tem, détective “invisible”. Les gens, ou les machines, ne le remarque pas et il doit se faire voire en portant des habits extravagants. De plus les traces de son existence disparaissent des mémoires, quelles soient organiques, électronique ou même physique (les photos s’efface par exemple). Bref un avantage, s’infiltrer ou espionner sans se faire voire. Et un défaut, votre client oublie qu’il vous a engagé, votre proprio veut relouer votre appartement, votre don fait soudain défaut au beau milieu d’une filature…
, le 29.11.2010 à 17:16
Merci pour cette revue, ça me donne envie d’essayer, bien que le thème de l’uchronie donne parfois des romans un peu trop délirants, mais un petit, de temps en temps, ça détend…
z (qui a bien aimé l’exercice dans les aventures de Thursday Next de Jasper Fforde, je répêêêêêêête : dans le genre délirant et rigolo…)
, le 29.11.2010 à 18:25
Jaxom, j’adore « les futurs mystères de Paris », mais il ne s’agit pas (encore) vraiment d’une uchronie puisque l’histoire se déroule au début des années 2060. La « grande terreur primitive », qui va transformer la vie humaine (plus de guerres, presque plus d’homicides, quelques mutants comme Tem –Temple Sacré de l’Aube Radieuse, est son nom complet –) débute le 23 mai 2013…
z (le rendez vous est pris, je répêêêêêêêêête : bienvenue aux archétypes…)
, le 29.11.2010 à 21:15
Merci pour vos commentaires…
@Anne : Je partage ton avis positif sur l’esthétique du film, et je suis heureux de voir que tu partages mon avis sur Brad PITT (qui ne dis mot consent)…
@Jaxom : Je vais jeter un oeil à ces mystères de Paris …
@zit : Et voilà, je savais bien que j’avais oublié quelqu’un : Thursday NEXT of course, excellente série…
, le 30.11.2010 à 06:37
bonjour, puisque l’on parle de la ligue des gentlemen extraordinaires (la bd), je ne peux m’empêcher de dire qu’Alan Moore est un peu mon scénariste gourou, celui dont je guette chaque nouvelle œuvre avec fébrilité.
, le 30.11.2010 à 10:39
@zit : je sais bien que ces histoires sont dans le futur et que les classer comme uchronie peut paraître bizarre. Cependant je ne peux vraiment pas considérer ces romans comme une utopie ou une dystopie. Et en considérant que l’auteur décrit les conséquences dans le déroulement de l’histoire d’un évènement, certes futur, “divergent”, je pense que cela correspond à une définition d’une uchronie.