Bonjour à tous,
Ayant répondu présent à l’appel de François lancé en Juin dernier, je souhaite partager aujourd’hui avec vous un sujet sur lequel j’ai quelque peu réfléchi ces derniers temps: l’expérience économie.
Mais avant cela, je tiens à me présenter en quelques mots: j’ai 40 ans, je vous écris de France et mon parcours professionnel en tant qu’ingénieur et consultant m’a entrainé à travers toute l’Europe jusqu’à tout récemment en Finlande avec mon employeur actuel qui est Nokia. A ce propos, je tiens à préciser que mes propos ne reflètent que mes opinions et en aucun cas ne pourraient être attribués officiellement à Nokia. J’ajouterai qu’étant un lecteur fidèle de cuk depuis bien longtemps, c’est un plaisir de prendre le clavier aujourd’hui et de m’adresser à vous.
Ces deux dernières années, je me suis retrouvé avec l’équipe chargée du développement de la stratégie groupe de Nokia, sur un horizon allant d’un à 5-7 ans, portant principalement sur les relais de croissance et les évolutions de notre marché. Vous pensez bien qu’une certaine société au logo fruité a occupé nos conversations, si ce n’est nos interrogations. J’ai donc essayé de mieux comprendre la proposition de valeur d’Apple et sa différence en terme de modèle économique par rapport au reste de l’industrie des télécoms. C’est ainsi que j’ai (re-)découvert un article publié dans la revue Harvard Business Review de 1998 dont le titre était “Welcome to the Experience Economy”, écrit par Joseph Pine et James Gilmore.
Cet article confirmait mon impression que le modèle économique de nos pays dits développés basé sur trois secteurs (primaire: l’agriculture, secondaire: manufacturier et tertiaire: service) évoluait en ajoutant un quatrième: l’expérience. Plus pratiquement, ramené au domaine des télécoms, on peut maintenant distingué quatre niveaux de progression de la valeur économique:
- Commodité (extraire)
- Produit (fabriquer)
- Service (fournir)
- Expérience (mettre en scène)
Chacun de ces niveaux est caractérisé par des attributs différents:
Niveau | Nature | Type | Vendeur | Acheteur |
Expérience | Mémorable | Personnalisé | Organisateur | Invité |
Service | Insaisissable | Sur commande | Fournisseur | Client |
Produit | Tangible | Standard | Fabricant | Utilisateur |
Commodité | Périssable | Basique | Marchand | Consommateur |
D’un point de vue économique, chaque niveau a des conséquences différentes pour l’entreprise (données ici de façon indicative, chaque secteur industriel aillant des variations):
Niveau | Marge brute | Base de la compétition |
Expérience | Au delà de 50% | Sensation |
Service |
30-50% | Bénéfice |
Produit | 10-30% | Fonctionnalité |
Commodité | 5-10% | Caractéristique |
En essayant de positionner Apple dans ce cadre, on se rend vite compte que si le reste des fabricants de téléphones mobiles continue de se battre au mieux sur les fonctionnalités de leurs produits (mégapixels, gigaoctets, GPS), au pire sur le prix de leurs terminaux (MediaTek), la société de Steve Jobs vend (très cher) une expérience qui est unique pour chaque individu. Vous vous souvenez surement avec émotion de votre première interaction avec l’interface de l’iPhone en 2007-08, comme en son temps du premier appel que vous avez passé avec un Natel (surement un Nokia!) dans les années 90.
Si on reprend la liste des attributs listés ci-dessus, on se rend compte qu’Apple a réussi à:
- rendre le portable personnalisé grâce aux applications tierces qui vont rendre la configuration du téléphone unique et en lien avec les gouts du client (AppStore, iTunes),
- se positionner comme le véritable metteur en scène de l’iPhone, les opérateurs étant relégués au rôle de simple distributeur contribuant aux campagnes marketing de Cupertino,
- créer un lien permanent avec le consommateur final en forçant l’enregistrement systématique lors de l’activation du téléphone, bien souvent accompagné de l'obtention du numéro de carte de crédit de l'intéressé!
On comprend mieux ainsi les difficultés rencontrées par les constructeurs historiques en 2007 et 2008 lors du lancement de l’iPhone: beaucoup se focalisaient sur les performances techniques du téléphone plutôt que sur l'expérience nouvelle proposée au consommateur. A titre d'anecdote, je me souviens de discussions au siège de Nokia à Espoo sur les vertus des technologies tactiles capacitives (iPhone) et résistives (Nokia), ou sur les pauvres performances radio de l’iPhone, alors que le champs de bataille n’était déjà plus le même!
Pour conclure, il me semble intéressant de revoir les positions des différents fabricants de mobile aujourd’hui pour mieux comprendre les chances de chacun dans ce marché de plus d’un milliards d’unité par an:
- RIM - originellement bien positionné en Service avec le courrier électronique en mode “push”, RIM risque fort de se retrouver en Produit avec une plateforme bien âgée,
- Motorola, Sony-Ericsson, LG, Samsung - historiquement en Produit avec beaucoup de retard sur les services, point de salut hors Android (Google)...
- MediaTek (Chine) - encore peu présent en Europe car seulement fournisseur de plateforme (OS) bon marché, cette société et son écosystème risque de rapidement évoluer vers le Service
- Nokia - présent de longue date dans le Service avec nGage, la messagerie professionnelle, et depuis quelques années avec OVI (Store, Navigation, Musique), Nokia a la volonté de se positionner en Expérience utilisant en particulier ses relations avec les opérateurs: ce n’est qu’une question de mise en oeuvre comme le dit OPK, notre PDG!
Je me permet maintenant de finir sur une question, pour copier le schéma maintenant classique des articles Cukiens: pensez-vous que la position unique d’Apple en Expérience soit vraiment durable?
Amitiés,
, le 09.08.2010 à 00:16
Tu oublies un élément dans ton analyse. Bien sûr qu’il y a l’expérience, mais il y a surtout l’identification à la marque. Ce qui fait la force d’Apple, c’est que ses clients, dont je compte, se reconnaisse dans ces produits. Think different… La vérité est là ;-)
Toutes les réflexions de Nokia et des autres, ne se font que “par rapport” à Apple. Pour répondre à ta question sur la durée, ça dépendra de la capacité d’Apple à sortir des produits géniaux. Et comme je pense que la vie est cyclique, le cycle d’Apple prendra aussi, et malheureusement, fin. Reste à savoir quand ;-)
, le 09.08.2010 à 08:07
Perso, en tant —aussi— que Macounet de la première heure (1984), je ne me retrouve pas du tout —par contre— dans l’offre actuelle d’Apple, en ce qui concerne l’iPhone.
J’ai d’ailleurs un HTC HERO, puisqu’il propose le même genre de services/capacités, mais en dehors de la prison Apple (et je suis loins d’être le seul afficionado Apple à en avoir fait autant. Je connais même pas mal de switchers, d’iPhone vers Android aussi).
Et je pense donc que si Apple ne vend bien ses produits (autres que les Mac que je mets à part), ce n’est que grâce à un marketing superbement travaillé, allié il est vrai à des gadgets attractifs, au moins en surface.
Pour ce qui est de la personnalisation, mouais… les autres téléphones aussi peuvent se personnaliser, et de toutes façons, les users n’utilisent, au bout du compte, que tous à peu près les même choses. Donc une offre pléthorique n’aura pas une grande valeur au bout d’un certain temps (où les gens arrêteront de télécharger n’importe quoi).
Ce qu’il y a aussi, c’est que la concurrence est assez molle (à part Android justement). L’offre est légère, avec des images de marque peu valorisante (LG ou Samsung —par exemple— sont loins d’avoir l’aura d’Apple).
Perso, je ne crois pas qu’Apple pourra continuer à être aussi insolente, à l’avenir, non. Je pense qu’elle va se planter, même, si elle continue à tout enfermer comme elle le fait: aucun produit au monde, à ma connaissance, n’a pu évoluer sans ouverture. Les gens s’éduquent au fur et à mesure de leur apprentissage/utilisation, et deviennent de plus en plus “aware”, donc rejettent de plus en plus tout fil à la patte considérés comme des entraves à une utilisation personnelle.
Et les prochains développements, en terme de géolocalisation, de pubs ciblées, etc… ne vont pas améliorer les choses (pour Apple et aussi pour Google je pense), surtout si, dans un domaine plus général il est vrai, les nouveaux systèmes de DRM et autres verrouillages “intelligents” voient le jour (car le débat, violent, qui s’ensuivra, débordera sur le système clos Apple, par exemple, n’en doutons pas).
, le 09.08.2010 à 09:57
L’expérience utilisateur, c’est formidable. On peut utiliser l’iphone sans en avoir l’expérience. Puis on l’utilise et on apprend ses finesses. Puis les MacUsers découvrent que le Mac est plus ouvert, bidouillable aussi, qu’il peut s’adapter à une demande particulière. Par exemple, sur un Mac, Quicktime et lecteur vidéo se chargent de visionner les vidéos. Cependant, si vous le voulez, vous pouvez utiliser VLC ou tout autre lecteur, y compris pour les DVD. Point de VLC sur l’iphone, pire encore, point d’accès facile pour téléverser sur l’iphone le DVD favori des pitchounes pour un trajet en voiture, par exemple encore. Ces limitations se montrent de plus en plus gênantes. En outre le système fermé des droits musicaux va montrer ses limites. Mes achats itunes vont dépasser le quota. Je rachète donc des CDs. La comparaison entre MacOs et iOs montre à quel point Mac est un espace de liberté, et un espace de personnalisation, ou l’expérience de l’utilisateur ajoute une plus-value à chacune de nos machines. Mon métier m’oblige à faire des devis, chaque jour. Je n’ai toujours pas trouvé comment faire des devis puis les faxer depuis l’iphone, hors je peux le faire en quelques minutes depuis mon Mac. Pour le faire il suffit pourtant de générer un pdf, puis me connecter à mon compte Free, télécharger le pdf, et c’est envoyé. Depuis le monde Nokia, il est possible que le monde iphone est formidable, depuis le monde Mac, l’on ne voit que les bridages.
, le 09.08.2010 à 11:05
Une fois que tu as mangé, bu, que tu t’es vêtu, que tu as b…, tu as satisfait les besoins fondamentaux.
La “satisfaction client” c’est la mesure de la manière dont tu y es parvenu. Le paradigme de la tasse de café l’explique très bien:
Tu vas au café du coin tous les jours, prendre ton kawa après le déjeûner.
Le vrai besoin, c’est le contenu dans la tasse, c’est donc le basique.
Le serveur te rajoute quelquefois une soucoupe, mais toujours une touillette ou une cuiller et un sachet ou un morceau de sucre.
De plus en plus souvent, on te joint un biscuit, un choco, et plus rarement un verre d’eau.
Si tu as celà tous les jours pendant une certaine période, tu t’attends, le lendemain à avoir la même chose. C’est devenu ton nouveau basique.
Si le serveur tombe malade et que le remplaçant oublie un des constituants, tu es mécontent !
Et si le remplaçant te donne trois sucres, deux cuillers et quatre verres d’eau, tu n’es pas plus satisfait.
L’esssspérience consommateur , c’est comme les femmes, elle varie et “bien fol est qui s’y fie”.
, le 09.08.2010 à 11:11
Ça tombe bien, je lis la news de Oomark que je reçois chaque jour. Je vous livre le chapeau.
Topo : ” Comment faire des heureux “
A l’école :
Pierre a eu 8/20 a son contrôle : il est malheureux Le prof constate qu’il s’est trompé et rehausse la note à 12 : Pierre est heureux Paul a eu 14/20 à son contrôle : il est heureux Le prof constate qu’il s’est trompé et abaisse la note à 12 : Paul est malheureux Pour les économistes, la croissance est nécessaire au bonheur
Au bureau :
La société Pessi annonce un délai de livraison de 30 jours à son client : il est malheureux Pessi livre finalement en 3 semaines : le client est heureux La société Opti annonce un délai de livraison de 15 jours à son client : il est heureux Opti livre finalement en 3 semaines : le client est malheureux
Les colis d’Amazon arrivent toujours en avance
” La plus grande surprise du matin de Noël, c’est de lire : piles non fournies sur l’emballage.”
, le 09.08.2010 à 11:12
On parle d’expérience économique ou d’expérience utilisateur ? Est ce la même chose ou non ?
@fricotin Dans l’expérience utilisateur, il est nécessaire de s’appuyer sur le contexte d’usage. L’iPhone est pour un usage en mobilité, ton Mac pour un usage fixe et productif. C’est toutes la force d’Apple. Le premier iPod permettait juste d’écouter de la musique…
La différence d’Apple avec toutes les autres entreprises c’est qu’elle n’est pas conduite par des ingénieurs ou des marketeurs. Il suffit de regarder son organigramme, c’est la seule entreprise que je connaisse avec un département “design” au premier niveau.
, le 09.08.2010 à 11:30
Et toutes les entreprises de mode…
, le 09.08.2010 à 12:35
N’est-ce pourtant pas ce que fait Apple depuis qu’Apple existe ?
J’adhère tout à fait à cette vision. Depuis iOS, désolé, je vais me faire allumer, je suis prêt, les limitations me font dire: tiens on se croirait dans un truc de Microsoft. J’ai revu il y a peu la superbe pub de 1984 d’Apple qui stigmatisait IBM, µMou et la pensée dominante. Apple y ressemble de plus en plus.
Quand à l’analyse d’Arnaud, elle me parait refléter la réalité. Apple est sur un autre terrain que les autres constructeurs, donc “bonne chasse à eux”. Et le line affectif de l’identification à la marque dont je me crois faire partie … mais cf le paragraphe ci dessus
, le 09.08.2010 à 14:19
Outre le marketing, c’est qu’ils correspondent à un besoin qu’ont beaucoup de gens d’avoir des appareils simples à utiliser et qui font “simplement” ce qui est annoncé. Et aussi parce qu’ils ont le culot d’ignorer le point de vue des technophiles, qui est à mille lieues de ce que les non-technophiles demandent.
Je dirais que c’est cette insolence qui fait leur succès: ils font des choix qui sont perçus comme insolents (et qui le sont, hein) par le “mainstream”, ce qui leur permet d’avoir un produit bien différencié et qui force les partenaires à jouer suivant les règles que eux imposent, au bénéfice de la différenciation du produit (qui leur permet cette arrogance) et ça continue en spirale. Or c’est (outre le marketing) le positionnement du produit qui fait que les partenaires commerciaux veulent faire partie du système.
Et si on prend le modèle extrêmement ouvert qu’est Linux, on peut aussi constater que la sauce ne prend pas et que l’ouverture n’est pas la garantie du succès. Et comme l’ouverture mène à la fragmentation, il est plus dur d’avoir des partenaires commerciaux sur des systèmes ouverts. Même si l’iPod/iPhone est fermé, c’est quand même le seul baladeur qui peut être contrôlé (à ma connaissance) à partir de l’autoradio (et les évolutions iOS vont vers encore plus d’intégration), c’est aussi le seul baladeur à avoir un rayon dédié pour les enceintes dans les FNAC, un large choix de housses et d’accessoires,…
Autrement dit, encore une fois Apple ne joue pas dans la même cour: les technophiles voient l’ouverture comme étant le veto qu’a une société à bannir quelque chose de sa platteforme, mais se limitent à l’appareil lui-même. Les non-technophiles se sentiront moins enfermés avec un iPhone qu’avec un autre smartphone (Android compris) car du fait qu’il y a peu d’appareils et d’OS à supporter, ça a certainement aidé à en faire un standard parmi les accessoiristes, même si la platteforme est plus fermée.
Maintenant que les choses soient claires: je n’aime pas Apple en tant que société notamment pour cette arrogance, mais ce genre de sentiment n’a pas sa place lorsqu’on essaye de comprendre quelque chose.
Ayant switché sur mac à l’époque d’OS X et ayant un père fan qui trouvait important de pouvoir choisir les composants utilisés dans son PC, j’ai toujours eu l’impression qu’Apple voulait imposer une autre “pensée dominante”, encore plus stricte que celle qu’ils critiquaient (car portant sur le hardware et software). Et lorsque Apple a fait preuve d’ouverture sur la platteforme mac, il m’a semblé que c’était plus par impératif économique ou stratégique, mais pas un vrai souci d’ouverture.
, le 09.08.2010 à 19:08
Belle Humeur, bienvenue Arnaud !
Beaux commentaires aussi.
À notre époque, la plupart de gens qui utilisent un ordinateur se fichent bien de comment il fonctionne. Même chose pour tout objet électronique. Il faut que ça marche tout de suite et sans mode d’emploi, c’est tout. Par contre, le look et l’image qu’il véhicule sont fondamentaux. Pensez à ce coup de génie du fil blanc du casque de l’iPod qui est repris par des affiches format mondial. Aujourd’hui, le fil blanc qui dépasse de votre col, c’est aussi efficace que le logo de certains vêtements.
L’iPhone, c’est simple et c’est tout. Acheter des Apps pour le nourrir, c’est simple et c’est tout. En plus de ça, c’est joli, c’est tendance et c’est branché. Pourquoi donc s’en priver ?
Mais il y a plus fort qu’Apple : Pensez qu’un génie arrive aujourd’hui à vous faire boire du café 6 fois plus cher que celui de base, tout ça parce qu’il est dans une jolie capsule colorée et que selon la pub, ça coûte moins cher qu’au bistrot. Incroyable, non ?
P.-S. Je ne possède pas d’iPhone !
, le 09.08.2010 à 19:40
Pas un génie, Roger, deux !! celui que tu cites et celui qui, en France au moins a transformé “le petit noir au zinc à 1 franc” en “petit noir au zinc à 1 euro” (quand ce n’est pas deux euros !!). Taux multiplicateur de l’euro par rapport au “vieux” franc 6.57 !!
, le 09.08.2010 à 21:50
En premier lieu, bienvenue à toi, Arnaud. Tu auras sans doute éprouvé comme moi un plaisir intense à écrire, puis à voir publié ton article.
Pour Nokia, la situation m’intéresse depuis un article de 6ix en 2009, et qui avait poussé quelques-uns d’entre nous à une petite discussion (voir commentaires correspondants).
Pour être tout à fait franc, je pense que Nokia est appelé à disparaître si cette entreprise ne change pas radicalement sa stratégie: je trouve leurs appareils souvent laids et mal conçus au niveau de l’OS.
Un exemple tout simple: j’envoie un SMS depuis mon téléphone portable (Nokia 6300). J’introduis le numéro de mon correspondant, puis je tape le message et sélectionne le bouton “Envoyer”. Très bien jusqu’ici. Savez-vous ce que je reçois comme message?
“Message enregistré pour être envoyé”.
Il est bête ou quoi? Je viens d’envoyer le message!. La bonne interaction eût été de faire dire à ce foutu portable: “Message envoyé”. Rien de plus, rien de moins! On n’est même pas capable de cela chez Nokia?
Un autre exemple? C’est texto dans l’article de 6ix: en octobre 2009, le Nokia N97 fonctionnait encore… au stylet. Comme les hommes préhistoriques pour écrire!!!
Et pour programmer, cela semble dur dur, alors que tout a été fait par Apple et par Google pour faciliter la vie des programmeurs. Nokia, lui, n’a qu’un système compliqué et moins performant.
Comment dès lors s’étonner que sa part de marché sur les smartphones (là où se font les gros bénéfices!) se rétrécisse à ce point?…
, le 09.08.2010 à 21:53
Tient, un consultant à la recherche d’idées et qui veut confronter ses théories à la sagacité du lectorat… gratuit.
Mais non, je rigole…
Ben moi je ne partage pas du tout cette vision du 4ème niveau. Au contraire même, pour moi on s’enfonce toujours plus dans le service sonnant et trébuchant. Parler d’expérience, ce n’est qu’une autre manière de dire que le service est là où on l’attend… un peu comme quand un hôtelier garde le souvenir de vos fleurs préférées pour la prochaine fois. Il n’améliore pas l’expérience, il rend son service meilleur. Mais on pourrait jouer sur les mots longtemps.
Revenons plutôt au thème de base: Nokia. Je ne pense pas que cette marque ait besoin d’un nouveau niveau d’expérience… ou d’autres théories de ce genre. Au contraire, elle devrait se tourner sur elle-même et revenir à des fondamentaux, des choses très concrètes comme les ventes qui fondent, des bénéfices qui s’évaporent, les smartphones qui gardent du terrain (mais prennent peu de parts), etc.
Je sais, c’est du réchauffé et on pourrait discuter longuement sur chacun de ces points.
Je ne pense pas qu’un jour Apple aura 30% ou même 40% du marché du mobile, ce n’est pas ce qu’ils visent… par contre, si Nokia continue comme ça, ils seront toujours imbattables dans le dumbphone (marge faible mais volume important). Par contre, pour ce qui est du Smartphone, c’est une autre histoire. L’avenir est là et pas seulement d’un point de vue technologique ou d’expérience pour reprendre ton moto, mais c’est là que se trouve l’argent également. Et avec une moyenne de 39 Euro par téléphone vendu… et 20x moins d’applications téléchargées par téléphone, on voit qu’il y a un sacré problème à relever.
Android sera le gagnant de demain. Une plateforme hardware illimitée ou presque qui s’apparente à ce qu’a fait MSFT à l’époque: licencier son système à autant de monde qui le veut et inonder le marché.
Si Apple gère tout de A à Z, ce n’est pas seulement parce qu’ils sont bons ou géniaux, mais ça reflète une singularité.
Après avoir repris entièrement et à grand frais leur Symbian bancal, Nokia se lance (avec 2 ou 3 ans de retard) dans la même bataille : soit construire des devices et développer le système. C’est beau et courageux, mais je ne les donne pas gagnant à ce petit jeu. La cote est même très mauvaise.
Ces 5 dernières semaines, j’ai discuté avec les 2 plus grosses boîtes (CTO et COO) de dev ici en France et aux USA pour tout ce qui est mobile. Ils développent sur tout à l’exception de 2 produits majeurs: Nokia et Samsung. Raison? C’est simple, ces boîtes ne veulent pas investir dans un constructeur/developeur. Ils n’y croient pas.
Bien sûr, peut être que ces deux boîtes de dev sont une exception dans le paysage… mais quelque chose me dit que c’est avant tout une tendance.
Mais ce qui serait cool, c’est que tu sois toujours là dans 2 ou 3 ans… qu’on puisse en parler avec le recul nécessaire… et puis tu as oublié de parler de W7 mobile… je n’y crois pas non plus mais ils me semblent bien mieux placé que BB ou NOK à certains égards… et dire que BB va sortir une tablette à la fin de l’année, tout comme MSFT, etc. autant de produits qui permettront d’assoir encore plus les marques qui les fabriquent chez les développeurs… et les utilisateurs.
D’ici peu, peut être que les tablettes + smartphones qui partagent le même OS représenteront le double des ventes de Nokia… et là, il n’y aura plus de salut.
, le 09.08.2010 à 22:20
@YSENGRAIN: Apple fait des Mac. Les Mac ne sont pas fermés (verrouillés) que je sache. Tu peux utiliser leurs softs pré-installés… ou tout un tas d’autres softs dispos, sans passer par iTunes, par un store dédié, etc… Rien à voir donc. D’ailleurs, au contraire, si les Mac existent encore, aujourd’hui, justement, c’est grâce à l’ouverture vers M$ et ses applis bureautique!
@RENO: “faire des trucs simples”? Je ne vois aucun appareil fabriqué par Apple qui soit simple. Obliger les gens à passer par un soft, (nommé iTunes), pour faire la moindre manip que ce soit de sons (iPod), de tout (iPad), ou de synchro (iPhone) est tout sauf “simple” pour quelqu’un ne connait rien à l’informatique et qui n’a pas de PC donc.
Par ailleurs, plutôt que parler de LINUX en disant que la sauce ne prend pas pour parler d’ouverture, c’est un peu biaiser le débat je pense (Mac OS n’est pas fermé au sens strict). Nous parlons de téléphone (iOS), il vaudrait mieux parler d’ANDROID qui —justement— prend très bien grâce à cette ouverture qui fait cruellement défaut à iOS… selon moi.
Et je continue à penser qu’une boite arrogante ne peut avoir une image de marque satisfaisante et qu’aujourd’hui, l’image de marque est primordiale justement. Donc, pour l’instant, Apple s’en sort bien car ses gadgets ont la côte, mais lorsque l’arrogance atteindra un certain niveau, elle prendra le pas sur le côté “novateur” et ce sera le début du reflux. Regarde Facebook, par exemple: un succès incontestable. Soit. Jusqu’à quand? Septembre? (avec Diaspora qui pointe?). L’année prochaine? Dans 5 ans?
, le 10.08.2010 à 10:33
Ah et j’oubliais l’essentiel: bienvenue Arnaud et merci pour cette intéressante contribution.
Même si comme TTE je n’adhère pas à cette division en 4 de l’économie: en général le 4° secteur est le non-marchand (gouvernement, santé, formations, associations,…), et ça a beaucoup plus de sens que de faire un 4° niveau pour ce qui est inclus dans les services.
Pour répondre à la question finale: le modèle d’Apple est durable tant qu’ils arrivent en sorte d’avoir un des produits les plus désirables du marché.
, le 10.08.2010 à 11:05
Intéressant comme point de vue!
Voir comment réagit la concurrence de l’intérieur…
Et désolé d’intervenir si tard, j’avais oublié mon ordinateur au bureau hier, et je voulais intervenir le soir.
Merci Arnaud, et bienvenue!!
, le 10.08.2010 à 11:49
, le 10.08.2010 à 13:07
Je vous laisse trouver Nokia dans ce truc…
Ça sent bon le départ chez RIM…
, le 10.08.2010 à 13:08
Je m’excuse de donner mon avis devant un tel aréopage de professionnels avertis. Mais, pour moi, l’iPhone m’a démontré que je n’avais pas besoin d’un téléphone dans ma poche ou si peu. J’avais besoin dans ma poche d’un petit appareil qui soit une extension de mon ordinateur personnel. S’il fait téléphone tant mieux (c’est indispensable mais ce n’est pas sa fonction première). Il suffit d’analyser le temps d’utilisation pour chaque fonction (téléphone, agenda, contact, web, jeux, etc.) et l’on constatera que la téléphonie est une fonction accessoire. Apple a su faire ce produit avant et mieux que tout le monde (mon expérience du BlackBerry est très décevante dans ce contexte). Tout le monde lui court après. La réponse n’est plus dans le téléphone (c’est toujours indispensable mais c’est déjà dépassé, car accessoire). La réponse est dans la définition de ce produit et dans sa facilité d’utilisation. Tant pis pour ceux qui ne l’auront pas compris. Personnellement, j’aurais été incapable de décrire ce produit avant sa sortie.
, le 10.08.2010 à 14:20
Squint, tu as raison de donner ton avis, ça me permet, bien que n’ayant toujours pas d’ail faune, de dire que je suis tout à fait d’accord avec toi… D’ailleurs, s’ils sortaient le même appareil sans téléphone mais avec le même genre d’abonnement 3 G que l’ail padre, ça me tenterait bien plus (vu que je dois donner environ 3 coups de fil par mois…).
z (et bienvenue à Arnaud, je répêêêêêêêêête ; plus on est de fous…)
, le 10.08.2010 à 14:34
Qui me parle ?
, le 10.08.2010 à 20:12
J’ai donc une part de marché de 5% par an environ dans tes appels… C’est énorme.
Nokia me fait penser aux moucheurs de chandelle ou aux allumeurs de réverbères à gaz vers 1880. Ils ont très fortement amélioré leur productivité en accomplissant leur mission au pas de course. Mais ils ont perdu leur bizenesse : on a pu les voir alors, manifester en nombre clamant : “Edison, salaud ! Le Peuple aura ta peau”
, le 12.08.2010 à 06:13
D’accord avec Squint, et pas tellement avec ElGecko (tu te souviens des vendredis TidBits, lézard?); avant l’iPhone, perso, j’utilisais un téléphone Sendo (le plus bas prix sur CDiscount) avec un abonnement Débitel (devenu Simpleo puis Simplissime) à 9 euros. Bref: je me foutais totalement du teléphone et des SMS. En revanche, j’avais un Palm, acheté après des années d’utilisation de PalmDesktop sur mon mac (et commencé timidement avec ClarisOrganizer). Le Palm, c’était bien pour avoir un agenda nomade enfin synchronisé avec celui de l’ordi devant lequel je passais un certain nombre d’heures quotidiennes.
Puis l’iPhone est arrivé, j’ai attendu patiemment avant de l’acheter (toujours mettre un an entre mon envie première et l’acte d’achat, voir comment il résiste), puis j’ai eu un boulot qui me l’a offert – avec la nécessité de téléphoner très très souvent, d’envoyer très très souvent des SMS, de lire les mails dans les transports, d’enregistrer des réunions et de synchroniser mon agenda sous exchange. Bref, l’iPhone est arrivé avec les usages qui en faisait un outil indispensable. C’est là que l’intox a pris, pour moi, et j’utilisais l’iPhone à 90% en contexte professionnel.
Quand j’ai retrouvé mes fonctions “simples” de prof de fac, inutile de dire que j’ai vite racheté un iPhone (chance, c’est le moment où on est passé au 3GS); et là, à côté de ses fonctions pro, j’ai découvert ses fonctions loisirs et les dizaines d’applications qui l’agrémentent, de Dis-moi où à Stanza (grâce auquel je lis les Victor Hugo que je n’avais pas lu), de ConvertBot à 750 grammes en passant par SleepCycle… Je m’en sers jour et nuit, c’est mon réveil matin (Horloge et/ou SleepCycle), mon coach d’amaigrissement (WeightBot), mon plan de métro parisien (Metro, qui existait sur Palm), mon plan tout court (Plans), mon avertisseur de radar (iCoyote), mon autoradio (avec un iTrip), mon dictionnaire (Dixel, Dictionnaire – branché sur le TLFi ) et… j’arrête là, ce serait une liste infinie.
Ce n’est qu’accessoirement un téléphone, c’est d’abord un ordi mobile, pensé pour la mobilité dans son concept, et des tas d’applications sont mieux pensées sur iPhone que le site qu’elles relaient (AlloCiné , Withings pour n’en citer que deux).
Le reste, c’est du discours économique et publicitaire, et je n’aurais pas la prétention d’y apporter des arguments pour ou contre; ce qui est indéniable, c’est l’incroyable richesse de l’expérience utilisateur que l’engin m’apporte (d’accord, étant un peu macophile depuis des années, j’ai peut-être une expérience un peu plus développée que la moyenne), et apporte à la floppée de gens que je connais qui ont acheté ce téléphone. Et la fermeture indéniable du système iOS… améliore cette expérience jusqu’à un certain point; pour moi qui branchait mon Palm tous les soirs, et qui suis devant mon mac tous les jours de travail, rien de plus simple que de synchroniser (je ne cracherais pas sur une synchro wifi sélective, cependant) avec iTunes. L’AppleStore fonctionne un peu pour moi comme MacUpdate pour mon mac. Quand je cherche une appli pour un besoin spécifique, je vais d’abord voir le choix qui m’est proposé.
C’est sûr, quand on tâte du code, qu’on écrit soit même ses scripts AppleScript et Automator, on doit se sentir frustré aux entournures avec le système contraignant d’Apple (et encore, ça se discute# ), mais pour le reste… et je ne parle même pas de ce que ma fille (deux ans et demi) fait avec mon iphone (regarder photos et films, dessiner – elle utilise aussi des crayons, je vous rassure – et parfois jouer…). Je doute qu’avec un HTC Hero, elle arrive à quoique ce soit de similaire.
C’est avec l’expérience utilisateur que les autres concurrents sont à la rue. Apple a su créer le besoin en mettant sur le marché l’outil pour le satisfaire.
Cependant, je suis d’accord avec le fait que Google fait avec Android ce que MS avait fait jadis avec Windows – et qu’on verra comment Apple se sort de ce guêpier, et si SJ ne reproduira pas les erreurs du passé. Mais bien que mon rapport à la marque se soit largement dépassionné avec le temps, je continue à être admiratif devant la capacité d’innovation de cette boîte – d’innovation utile pour “the rest of us”, et sa capacité d’entraînement – les développeurs s’ingénient toujours plus à nous fourner l’application de la mort qui tue. C’est ce qui différencie Apple des autres, pour moi.
, le 12.08.2010 à 08:24
J’adore constater que d’autres ont les mêmes pensées et références que ceux que j’utilise depuis … Merci Pat3, tu as tout dit.
, le 12.08.2010 à 22:35
Dis nous Arnaud, tu es pas timide quand même? Tu veux pas nous dire quelque chose? Je sais, c’est un peu la panique chez vous car les projections Gartner sont sorties et pour les Smartphones Nokia, c’est la Bérézina!
En gros, entre Q2 2009 et Q2 2010, Nokia a perdu le nombre sonnant et trébuchant de 10% des PDM. Seul Apple contient la percée de Android… et très faiblement. Tous les autres trébuchent. Attendez Q3 et Q4… encore 70 modèles basés sur Android doivent sortir!
Let’s see what OPK has to say…
, le 13.08.2010 à 19:32
Étant en vacances en Italie sans Internet il m’est difficile de m’exprimer et de réagir a vos commentaires! Je vous remercie cependant pour vos réactions et vous donne rendez-vous pour un autre article en Septembre. Amitiés, Arnaud
, le 10.09.2010 à 15:39
Tient, c’est marrant… OPK s’est fait larguer en plein vol et est remplacer par un top MSFT business… on rigole d’avance.