Faut que je vous reparle de mes disques durs. Vous vous en souvenez? Nous en étions restés au moment où nous essayions de gommer des sens interdits sur les dossiers d'un NAS... Eh bien, c'est réglé ! Joie ! Noël Noël !
À force d'entendre qu'il fallait lire le manuel, vous n'allez pas le croire : je l'ai fait. Pas tout, quand même, faut pas exagérer, ça ne vaut quand même pas un Pattison ou un Matsumoto (ah, le Tokyo Express!...), mais sur les cent trente-cinq pages, quelques lignes, d'ailleurs signalées par nos amis commentateurs cukiens, valaient d'être lues.
D'abord pour le petit trou du derrière du disque. Jamais je n'aurais cru qu'il s'agirait d'y introduire un trombone pour lui réinitialiser l'interface. J'ai d'ailleurs cru mes disques d'une pudeur extrême, prétendant, en maintenant ce signal interdit sur les dossiers convoités, que ça ne leur faisait rien du tout, cette réinitialisation. Plein de fois je l'ai réessayé, ce petit coup de trombone à l'endroit magique. Et rien. Même après redémarrage, débranché, rebranché, toutes les positions : rien à faire.
Mais je faisais une erreur. La généralisation ne vaut rien. Traiter un Nas comme un banal FireWire n'apporte rien de bon. Il se ferme...
Un Nas, c'est un disque réseau. Il faut le traiter en disque réseau. Même si on le réinitialise souvent ? Oui ! L'usage intensif du petit trou de la face arrière ne doit pas empêcher le savoir-vivre...
Bon... Et alors ? me dites-vous. Tu vas dans le menu "Aller", tu le cherches sur le réseau, tu le trouves, tu l'ouvres, et c'est bon !
Ah non alors!... Moi, mes disques, je ne dis pas çà pour me vanter, mais ils ne sont pas comme çà. Il faut les harponner sur le web, les ouvrir à coup d'IP.
D'ailleurs, après avoir lu ça dans la notice, ce furent d'abord des coups d'IP dans l'eau. Parce que j'avais beau faire, impossible de trouver l'interface admin pour y rentrer en admin triomphant. C'est là que j'ai dû éplucher la notice. Car bien qu'elle spécifiât qu'il s'agissait de rentrer un identifiant et un mot de passe, elle n'indiquait pas où.
Alors j'ai re-relu la notice. Dans un sens. Puis dans l'autre. À l'envers. Sur un pied. Quatre-vingt-dix pour cent de manips sous Windows. Pour mac, je résume : branchez, ça marche. Encourageant, mais pas utile. Surtout que sur PC, on peut installer un logiciel de gestion du disque. Qui vous donne une zoulie interface de connexion. Sur Mac, çà marche tellement bien qu'il n'y en pas besoin. Mais où est-elle?
Je vérifie quand même sur le disque d'installation que j'avais récupéré (sous un des pieds de mon buffet, c'est juste l'épaisseur qu'il faut) à point nommé : non, il n'y en a pas, y' en a vraiment pas besoin, mais rognju de rognju, ouske je dois le mettre ce rognju de mot de passe réinitialisé, que quand je le mets là ouske je sais, ça marche pas !
Démoralisé, et à bout d'idées, café en main, je pose un oeil vague sur la notice, partie Windows restée ouverte. Il m'a fallu une bonne demi-cigarette pour m'apercevoir que je lisais : "il suffit de se connecter sur l'IP blablabla/local/bla... Pour mac, par Safari.
Évidemment, trop simple... J'ouvre Firefox. Bien... Ils n'ont pas dit Safari par hasard. Une bonne chose de faite. Faut toujours vérifier ce qu'on vous dit. Des fois que ça ne marche pas...
Je télécharge et j'installe Safari. Je rentre l'adresse. Yep ! Je l'ai enfin, cette rognju d'interface de connexion. Elle est carrément pré-installée sur le disque, mais n'est visible que par browser.
Je rentre les nouveaux identifiant et mots de passe réinitialisés. Je les connais, c'est marqué dans la notice : admin et 123456.
Je valide, et là, je dois dire que je ne me sens plus de bonheur, je crois même en avoir eu un moment la lèvre humide, dans un sourire béat qu'on ne connaissait jusqu'à présent qu'à Sainte Thérèse de Lisieux à l'idée du menu de la cantine, le mardi. Les boulettes de Kefta avec la salade de poivrons grillés. Ou les rognons de veau. Je ne sais plus...
Nous retrouvons donc notre héros au moment où il a à la fois un identifiant, un mot de passe et une interface de gestion, et où il valide. Clic.
Non. Les cieux ne s'ouvrent pas, les trompettes ne résonnent pas, les angelots sont partis se faire voir ailleurs. Rien. Nib. Que dalle. Erreur d'identification.
Il réessaiera. Et réessaiera encore. Et la vie deviendra comme une grande purée d'escargots sans ail. Lost!...
Nous allons donc retrouver notre héros plus tard, deux jours, pour être précis. L'usure de la vie a marqué son beau visage buriné. Entre temps, il a perdu la notice et l'a retéléchargé en remarquant qu'elle n'avait pas le même nom de fichier. Mais c'est pas grave, parce que toutes les manips sont les mêmes. D'ailleurs, il les recommence toutes, les manips. Du joyeux coup de trombone à la connexion IP. En lisant la notice. Elle finit par être jolie, la notice, à force de la lire, même.
Ce n'est que la troisième fois qu'il remarque, au chapitre “Joyeux coup de trombone” une petite phrase en italique 9 : “Les identifiants seront réinitialisés admin/admin”.
Ah tiens ? Pas 123456?!... C'est bizarre, c'est quoi, cette notice ? Oh ben tiens ?! C'est celle du WD 4Go!... Alors c'est pas bon... Non?!... Et si ça marchait?... Non, ça ne peut pas marcher... Et si j'essayais quand même ? Je sais que c'est idiot, mais...
Oui... Ça a marché. Et le deuxième disque a été réinitialisé en deux minutes. Montre en main. J'ai même vu disparaître les sens interdits en temps réel, comme une guirlande de Noël qu'on débranche. Y' avait, y' a plus. C'était beau. C'était bon. Trop de bonheur...
Je vous écris maintenant de la sympathique clinique de Saint Théophraste du Pou de Corps, où je prends à présent un peu de repos, et où mes médecins essaient de faire disparaître ces brusques et incoercibles quintes de rires qui me secouent à chaque fois que quelqu'un glisse les mots “disques durs” dans la conversation. Ce matin, on m'a montré des photos d'ordinateurs qui ne m'ont presque rien fait, ce qui m'a fait baisser ma prescription de Lexomil de soixante milligrammes. Plus que cent! Je vais mieux. Oui. Je vais beaucoup mieux, maintenant...
, le 14.07.2010 à 00:22
J’y crois pas…:-)
J’adore!:-)
Comme tout le reste!
, le 14.07.2010 à 01:57
, le 14.07.2010 à 07:30
Tout simplement heureux pour toi!
, le 14.07.2010 à 08:31
Oh ! Modane ! on dirait du Desproges !!
Tu m’as fait tellement rire de bon matin ! génial !!
, le 14.07.2010 à 08:46
J’avoue que le “coup d’IP dans l’eau” est assez grandiose :-D
, le 14.07.2010 à 08:54
Le “coup d’IP dans l’eau”, ça éclabousse …
, le 14.07.2010 à 08:55
Comme GG, j’apprécie beaucoup le “ce furent d’abord des coups d’IP dans l’eau”. Mais non les ordinateurs n’ont pas d’âme! Ils ne méritent pas un séjour dans un hospice ou de solides hommes en blanc vous gavent de pilules qui font sourire.
, le 14.07.2010 à 10:57
Vachement balaise la fonction RTFM ! Pourvu que TFM ne soit pas traduit par un ouzbek parlant finnois d’une cabine de Tombouctou à un moldave de langue maternelle thaï dictant dans son bureau de Redmond en turc à son secrétaire bantou tapant sur son clavier cyrillique…
La belle image du chevalier Modane ahanant en attaquant son NAS à coup d’IP et de trombone…
z (les dossiers de Modane étaient pris dans le NAS, je répêêêêêêêêêête : rien de pire qu’un NAS naze !)
PS : je crois que Thérèse, c’est les rognons blancs qu’elle préfère.
, le 14.07.2010 à 11:19
J’adore, merci, maintenant je me soigne les zygomatiques; mais ça ne me donne pas envie de m’enfiler dans un NAS.
Très belle journée à tous
, le 14.07.2010 à 11:59
Modane, on devrait te confier la rédaction des manuels, ils seraient lus !
, le 14.07.2010 à 14:37
Rien à rajouter…. à part merci pour ce moment de détente humoristique ;-)
, le 14.07.2010 à 14:48
– Modane, eh, Modane?
– Disque dur…
– Hé hé ;o)
, le 14.07.2010 à 16:57
Sublime.
, le 15.07.2010 à 14:03
Excellent :-D
En tout cas, moi je n’ai jamais été ennuyé par Begon (c’est le petit nom de mon NAS Synology, installé en RAID) qui gère même directement Time Machine.
Didier
, le 15.07.2010 à 15:23
>François : Si si! Je t’assure!
>Diego : C’est payé combien? C’est déclaré? Quand est-ce qu’on mange?
>Marcolivier : ce n’est vraiment pas charitable de me parler de disqahahaohohohahahahahah!
>À tous : heureux de vous avoir fait rire!