Le livre, la lec­ture et le lec­teur
Je pense que le plus beau ca­deau que j'ai reçu de l'ins­truc­tion pu­blique par l'en­tre­mise des quelques ex­cel­lents profs que j'ai cô­toyés se ré­sume par "sa­voir lire" ! J'irai même jus­qu'à af­fir­mer qu'à mes yeux, la lec­ture per­met d'ac­cé­der au monde en­tier, sym­bo­li­que­ment bien en­tendu; elle rend ac­ces­sible des mil­lions de pages, donc des mil­liards de su­jets, confé­rant au lec­teur des mil­liers d'heures de bon­heur dans une vie.

Dès que j'ai su lire, je me suis lancé un défi : lire tous les livres de la paroi du fond de la bi­blio­thèque, sec­tion en­fants. J'avais dans l'idée que c'était le seul moyen de ne pas pas­ser à côté d'un livre gé­nial, de ne pas man­quer une oeuvre es­sen­tielle selon ma vi­sion de fillette. Ainsi, toutes les deux ou trois se­maines, lorsque ve­nait le mo­ment de choi­sir, je pre­nais tout sim­ple­ment les quatre ou­vrages se trou­vant im­mé­dia­te­ment après le der­nier em­prunté, al­pha­bé­ti­que­ment par­lant.

J'étais alors trop jeune pour réa­li­ser l'ab­sur­dité de ce pro­cédé et le fait que mal­gré ma dé­ter­mi­na­tion, je lou­pe­rais quand même for­cé­ment plein de bou­quins : ceux em­prun­tés par les autres lec­teurs et non dis­po­nibles au rayon lors de mes pas­sages. J'igno­rais alors aussi en­core que des cen­taines de livres sont pu­bliés quo­ti­dien­ne­ment...

Peu im­porte : je garde de cette pé­riode un ex­cellent sou­ve­nir, d'une part parce que les bi­blio­thé­caires avaient tou­jours le temps d'échan­ger quelques phrases au sujet des livres que je po­sais de­vant elles, d'autre part parce que ces choix sys­té­ma­tiques m'ont fait dé­cou­vrir pêle-mêle no­tam­ment les ro­mans d'aven­ture, un petit bout de la science-fic­tion, des ré­cits de voyage ou des ro­mans his­to­riques, y com­pris les ro­mans à l'eau de rose.

Par la suite, la même ins­truc­tion pu­blique a bien failli me dé­gou­ter d'en­trer dans une bi­blio­thèque ou dans une li­brai­rie : il faut avoir une bonne dose de sa­disme pour exi­ger d'élèves de 15 ans qu'ils se pas­sionnent des heures du­rant pour un pas­sage de cin­quante lignes du "Rouge et noir" ou qu'ils se creusent du­rant un se­mestre la cer­velle sur un cha­pitre dé­ter­miné de "la Char­treuse de Parme" alors qu'il existe tel­le­ment d'oeuvres ma­gni­fiques, de ro­mans su­blimes, d'écrits cap­ti­vants pour des jeunes se trou­vant dans l'anti-chambre de l'âge adulte et dans les der­niers sou­bre­sauts de l'ado­les­cence.

Par chance, comme j'ai ten­dance à lire tout ce qui me tombe sous la main - sauf le mode d'em­ploi du sèche-che­veux (et pour cause : je n'ai pas de sèche-che­veux) -, j'ai éga­le­ment lu un essai qui m'a re­donné le plai­sir de lire et le cou­rage de ne pas ter­mi­ner un bou­quin, même si son au­teur est cé­lèbre, même si toutes les cri­tiques sont ex­cel­lentes : "comme un roman" de Da­niel Pen­nac.

Au­jour­d'hui, sur ma table de nuit, vous trou­ve­rez (outre des mou­choirs en pa­pier et une pe­tite bou­teille d'eau) plu­sieurs livres. Dont no­tam­ment le der­nier vo­lume du Clan des Otori, "le vol du héron" de Lian Hearn, "Rouge Bré­sil" de Jean-Chris­tophe Rufin, "un siècle dans la vie d'une femme" de Li­liane Ros­kopf et "la prin­cesse des glaces" de Ca­milla Läck­berg. Je sais qu'il y en a d'autres mais je ne m'en sou­viens pas par coeur : faute de place, ils ont été em­pi­lés par terre, at­ten­dant pa­tiem­ment leur tour. Ils se­ront lus dans un an, dans un jour ou peut-être même ja­mais.

Je ne sais pas en­core s'ils fe­ront par­tie de ces livres qui m'ac­com­pa­gne­ront toute ma vie, s'ils se­ront les com­pa­gnons d'une brève route, dans un train ou dans une salle d'at­tente; je ne sais pas en­core si j'en dé­vo­re­rai chaque ligne avec bon­heur ou si je sur­vo­le­rai cer­tains pas­sages avec ennui.

Je sais en re­vanche que je n'au­rai pas de scru­pules, dans la me­sure où ils m'ap­par­tiennent, à les poser ou­verts, quitte à en abî­mer le dos, à sou­li­gner des pas­sages dans cer­tains cas, à les an­no­ter si le coeur m'en dit, à écor­ner le coin d'une page, à les glis­ser dans mon sac ou à les ou­blier sur un banc pu­blic : le livre, si son contenu peut être pré­cieux parce qu'of­frant connais­sance, dé­pay­se­ment, éton­ne­ment, sus­pense ou en­core ré­flexions abou­ties, n'est pas pour moi pré­cieux en tant qu'ob­jet. Il y a quelque temps, la place dans ma bi­blio­thèque n'étant pas ex­ten­sible à l'in­fini, je me suis même ré­so­lue à en jeter cer­tains à la dé­chet­te­rie : ils n'avaient trouvé grâce aux yeux de per­sonne dans mon en­tou­rage et la bi­blio­thé­caire de ma ville n'en a pas voulu. Fran­che­ment, conser­ver un livre sans in­té­rêt ou dont on ne garde que de mau­vais sou­ve­nirs, à quoi bon ?

Bien sûr, il y a des livres an­ciens, qui ne sont ac­ces­sibles qu'à des col­lec­tion­neurs; bien sûr, il y a des ou­vrages de ré­fé­rence qui ont leur place dans une bi­blio­thèque pu­blique. Il y a en­core les pu­bli­ca­tions épui­sées et dont le nombre d'exem­plaires se ré­duit au fil du temps, et les ma­nuels scien­ti­fiques dont les lec­teurs se comptent sur les doigts d'une main. Mais ces bou­quins-là, ce n'est pas vrai­ment ma tasse de thé.

Ceux que j'aime lire, du­rant mon temps libre, sont tour à tour amu­sants, lé­gers, graves ou en­core tristes mais ja­mais doctes, ra­re­ment vrai­ment dif­fi­ciles; leur style doit me plaire, le verbe doit être vif et la trame non pré­vi­sible. Je pour­rai alors vi­brer, rire, sou­rire, par­fois même pleu­rer, m'im­mer­ger com­plè­te­ment dans l'his­toire et re­gret­ter par avance le mo­ment où je de­vrai les re­fer­mer, le mot "fin" ve­nant mettre un terme à mon tête à tête avec les per­son­nages. J'en­vie ainsi les gens qui n'ont pas en­core lu "Le par­fum" de Pa­trick Süskind parce que j'ai­me­rais avoir en­core de­vant moi le bon­heur de le dé­cou­vrir.

Parmi vous, cer­tains trou­ve­ront mes exi­gences face à un au­teur bien fu­tiles, bien su­per­fi­cielles; d'autres es­ti­me­ront que je ne suis guère res­pec­tueuse avec les ou­vrages : à tort ou à rai­son, je pense tou­te­fois qu'il n'existe pas de ma­nière "juste" ou "fausse" de lire, il n'y a que des at­tentes dif­fé­rentes. Peut-être aussi une édu­ca­tion dif­fé­rente face à l'écrit, face à l'ob­jet et à son contenu.

Et vous, qu'at­ten­dez-vous des livres que vous ou­vrez en de­hors de vos heures de tra­vail et quel rôle jouent-ils dans votre vie ?

21 com­men­taires
1)
Smop
, le 10.05.2010 à 01:18

Hello Mam’ Pop­pins !

Ce que j’at­tends d’un livre ? Trois choses : Le plai­sir de m’éva­der en m’im­mer­geant dans un récit ; la sa­tis­fac­tion d’avoir quelques in­dices sup­plé­men­taires pour mieux com­prendre le monde et les autres ; le bon­heur de dé­cou­vrir les fi­nesses de la rhé­to­rique, où com­ment réus­sir à dé­li­mi­ter les contours d’une idée au tra­vers de simples mots…

A pro­pos de Jean-Chris­tophe Rufin, je n’ai pas lu “Rouge Bré­sil”, mais j’ai adoré “Glo­ba­lia”. Il pa­rait aussi que son der­nier roman, “Ka­tiba”, est ex­cellent.

2)
Sa­luki
, le 10.05.2010 à 06:15

Un livre est tout à a fois les lé­gumes, les épices de ma cui­sine de l’uni­vers.

Je com­mence à en avoir …beau­coup entre mes dif­fé­rents lieux de vie. Je vais en pio­cher l’un ou l’autre pour les re­lire, un peu au ha­sard, mais je ne suis pas cer­tain de l’in­no­cence du mou­ve­ment de ma main qui les sai­sit : n’est-elle pas gui­dée, jus­te­ment, par le sou­ve­nir de sa pré­cé­dente sai­sine?

Moi aussi, j’ai vécu le refus d’une bi­blio­thèque de vil­lage de prendre des livres …en double (ma meilleure moi­tié re­ce­vait, va sa­voir pour­quoi, iro­nie des fi­chiers, peut-être, des li­vrai­sons d’of­fice de cer­tains édi­teurs) eh bien, le vil­lage d’à-côté les a ac­cep­tés avec gra­ti­tude.

3)
macs­teph
, le 10.05.2010 à 06:50

Pour moi, la dé­fi­ni­tion d’un bon livre, c’est quand après une tren­taine de page, je re­garde com­bien il m’en reste dans l’es­poir qu’il en fasse mille, et qu’il y ait 3 vo­lumes dans la série… Ac­tuel­le­ment, je n’ai pas une pé­riode très “livre”. Les livres que je lis le + sont des livres pour en­fants pour mes 2 pe­tits qui ne savent pas en­core lire. Je me ré­jouis de cet hiver quand mon gar­çon saura lire… la grande, elle, me fait pen­ser à moi au même âge, elle dé­vore (presque) tout ce qu’elle trouve…

Que pen­sez-vous des livres audio ? (pra­tique en voi­ture)

4)
Ca­plan
, le 10.05.2010 à 08:40

Plus que les ro­mans, les livres qui m’in­té­ressent ont sou­vent trait à l’his­toire du XXème siècle ou, comme on peut le voir dans la ru­brique Lec­tures de Mil­sa­bor!, à l’image. Il faut vrai­ment qu’un roman soit cap­ti­vant pour que je le ter­mine, sinon j’ai l’im­pres­sion de perdre mon temps.

5)
coa­coa
, le 10.05.2010 à 08:49

J’at­tends d’un livre – comme de toute oeuvre – qu’il me trans­forme, qu’il éclaire des ter­ri­toires qui me sont in­con­nus.

Sinon, il me tombe des mains.

J’ai relu il y a peu un livre qui m’avait bou­le­versé il y a bien­tôt 20 ans, je me suis rendu compte que sa “ca­pa­cité de trans­for­ma­tion” était in­tacte. Je pro­fite du fil pour vous le conseiller, La Bouche pleine de Terre de Bra­ni­mir Sce­pa­no­vic.

6)
Zal­lag
, le 10.05.2010 à 08:52

Ma­dame Pop­pins, je viens de lire ce petit pas­sage de votre chro­nique :

Il y a quelque temps, la place dans ma bi­blio­thèque n’étant pas ex­ten­sible à l’in­fini, je me suis même ré­so­lue à en jeter cer­tains à la dé­chet­te­rie : ils n’avaient trouvé grâce aux yeux de per­sonne dans mon en­tou­rage et la bi­blio­thé­caire de ma ville n’en a pas voulu. Fran­che­ment, conser­ver un livre sans in­té­rêt ou dont on ne garde que de mau­vais sou­ve­nirs, à quoi bon ?

Faites comme moi, je les laisse faire des voyages, à cer­tains livres. Il y a plu­sieurs as­so­cia­tions ou groupes plus ou moins in­for­mels qui pro­posent de col­ler dans des livres des pe­tits pa­piers qui disent que ce livre a été laissé vo­lon­tai­re­ment là pour être pris par qui vou­dra le lire. Vous en connais­sez pro­ba­ble­ment. C’est la meilleure so­lu­tion que j’ai trou­vée pour cer­taines de mes lec­tures : aller plus loin nour­rir l’ima­gi­na­tion d’autres per­sonnes.

Book­cros­sing, en­core un an­gli­cisme, mais bon, puisque le fran­çais in­vente peu et len­te­ment, je vous lâche ce mot… Allez voir com­ment ils s’y prennent pour faire voya­ger les livres. Voici l’adresse pour la Suisse ro­mande.

Mal­heu­reu­se­ment, le site semble être de­venu un peu dé­serté, je n’y étais pas re­venu de­puis un cer­tain temps.

On trouve aussi au CHUV, du côté de la Bi­blio­thèque de la fa­culté de mé­de­cine (BDFM), une éta­gère qui s’ins­pire de ce prin­cipe. Je tra­verse cet hô­pi­tal assez sou­vent, je dis bon voyage à cer­tains de mes bou­quins, j’en dé­couvre de fraî­che­ment ar­ri­vés aussi…

7)
No-the-turtle
, le 10.05.2010 à 09:26

Ma­dame Pop­pins,

Votre texte m’a fait ré­flé­chir une fois de plus à ma re­la­tion à la lec­ture. Une fois de plus, car cette ques­tion re­vient ré­gu­liè­re­ment, par des che­mins dé­tour­nés par­fois, se pré­sen­ter de­vant moi. Et à chaque fois, j’en ar­rive à la même conclu­sion : elle est vi­tale. Je ne me sou­viens pas avoir ap­pris à lire, bien que cela soit une im­pos­si­bi­lité, j’ai l’im­pres­sion d’avoir tou­jours su. Avant d’al­ler à l’école, c’est un fait. Et de­puis toute pe­tite, j’ad­mi­rais ces tré­sors qui s’ali­gnaient sur les éta­gères fa­mi­liales, ami­cales, je cou­rais les bi­blio­thèques pour em­prun­ter un maxi­mum de livres, je pas­sais des heures dans les li­brai­ries pour dé­cou­vrir les nou­veaux chefs-d’oeuvres pro­duits. J’ai grandi en­tou­rée de livres, à pas­ser des heures plon­gée de­dans en es­pé­rant comme vous que le livre ait sou­dain 1000 pages sup­plé­men­taires, conti­nuer d’évo­luer dans ces uni­vers mer­veilleux ou ter­ribles. Les contes m’ont tou­jours fas­ci­née, leurs ver­sion pour adultes bien en­tendu. Avec leur cruauté, leur beauté. Et puis est venue l’époque du lycée et des lec­tures clas­siques obli­ga­toires, très mau­vais sou­ve­nir éga­le­ment de la Char­treuse de Parme, que j’ai trou­vée in­si­pide au pos­sible. Mais éga­le­ment époque de la dé­cou­verte des Liai­sons Dan­ge­reuses, livre qui ne me quitte plus de­puis lors. J’ai dé­cou­vert Jo­stein Gaar­der et son Monde de So­phie, son Mys­tère de la pa­tience (un livre ma­gique à mes yeux, tel Alice au Pays des Mer­veilles), Alexandre Jar­din et son Île des Gau­chers, Pen­nac et sa saga Ma­laus­sène. Même ré­flexion que pour Le Par­fum, tous ces livres, j’ai­me­rais sa­voir les ou­blier pour mieux les re­lire ! Et je réa­lise à pré­sent ce que se­rait ma bi­blio­thèque idéale : une bi­blio­thèque où je n’ai en­core rien lu, où tout reste à dé­cou­vrir, tré­sors ali­gnés sur des rayons, m’in­vi­tant à les prendre au pas­sage.

Pour ré­agir au billet de Zal­lag, et ap­por­ter ma contri­bu­tion, il existe un site in­ter­net, Le Passe-Livre qui pro­pose de li­bé­rer les livres une fois lus. Je n’en ai ja­mais trouvé moi-même, mais je n’ex­clus pas d’y par­ti­ci­per pro­chai­ne­ment !

8)
Guillôme
, le 10.05.2010 à 10:03

Dont no­tam­ment le der­nier vo­lume du Clan des Otori,

Écri­ture sim­pliste, livre des­tiné aux en­fants, je n’ai pas trouvé d’in­té­rêt par­ti­cu­liers à cette his­toire et j’ai ar­rêté au deuxième tome.

“Rouge Bré­sil” de Jean-Chris­tophe Rufin

Très belle écri­ture et beau livre, mais ce n’est pas un livre que je lirai de nou­veau contrai­re­ment aux livres de Jean Eche­noz ;)

“la prin­cesse des glaces” de Ca­milla Läck­berg

Tra­duc­tion hor­rible qui donne envie de par­ler sué­dois pour lire en langue ori­gi­nale. Néan­moins, c’est un ton bien en des­sous par rap­port au plai­sir de lec­ture de Mil­lé­nium qui est lui aussi tra­duit de façon hor­rible…

J’en­vie ainsi les gens qui n’ont pas en­core lu “Le par­fum” de Pa­trick Süskind parce que j’ai­me­rais avoir en­core de­vant moi le bon­heur de le dé­cou­vrir.

En même temps, je n’ai pas du tout aimé ce livre que je me suis forcé à finir… Comme quoi, la lec­ture, c’est très per­son­nel.

Et vous, qu’at­ten­dez-vous des livres que vous ou­vrez en de­hors de vos heures de tra­vail et quel rôle jouent-ils dans votre vie ?

Du plai­sir, de l’éva­sion et, par­fois, de la ré­flexion… et c’est déjà pas mal ;)

9)
Bi­galo
, le 10.05.2010 à 10:51

Parmi vous, cer­tains trou­ve­ront mes exi­gences face à un au­teur bien fu­tiles, bien su­per­fi­cielles

On se pose la ques­tion dès le pre­mier pa­ra­graphe, ef­fec­ti­ve­ment :

elle rend ac­ces­sible des mil­lions de pages, donc des mil­liards de su­jets, confé­rant au lec­teur des mil­liers d’heures de bon­heur dans une vie.

En gros, 1000 su­jets par page, et 1000 pages lues à l’heure, c’est im­pres­sion­nant, mais à ce rythme, on ne peut qu’ef­fleu­rer les mul­tiples su­jets !

Je plai­sante. Cette phrase m’a fait sou­rire. Elle n’est bien évi­dem­ment pas à prendre au pre­mier degré, mais je soup­çonne tout de même qu’elle ré­vèle un ma­laise ou un manque de maî­trise des ordres de gran­deur.

J’es­saie­rai de don­ner mon avis sur les livres, quelque chose de vital pour moi aussi, un peu + tard dans la jour­née.

10)
hump­tius dump­tius
, le 10.05.2010 à 12:04

Ce que j’at­tends d’un livre, c’est une ques­tion qui se pose à chaque fois que j’en achète un. Avec le temps, c’est in fine de sa­voir si ça tien­dra sur les éta­gères (60 m-l), sur celles de la cave, ou dans une caisse, ou si je trou­ve­rai quel­qu’un à qui le don­ner.

Pas­sons au cas in­té­res­sant, ceux qui gagnent au plai­sir, à la sueur de leur front, à l’ou­bli ou à la sainte flemme, le droit de res­ter sur des éta­gères du haut. Pas­sons sur la lit­té­ra­ture réel­le­ment pro­fes­sion­nelle qui m’en mange la moi­tié. Le reste est assez équi­ta­ble­ment par­tagé entre po­li­ciers, lit­té­ra­ture de se­cond rayon à do­mi­nante co­mique (j’adore Tom Sharpe (pas le der­nier) ou Carl Hiaa­sen), lit­té­ra­ture au sens un peu plus strict et phi­lo­so­phie.

D’où, chose re­mar­quable, on com­pren­dra sans doute que c’est l’in­som­niaque per­pé­tuel qui, selon ses di­vers états de lu­ci­dité, s’at­taque à faire pas­ser le temps, le­quel dure long­temps, et selon cir­cons­tances, sai­sit l’un ou l’autre dans l’un ou l’autre genre. A une époque un peu dés­œu­vrée, je mon­tais à 6 par jour. On com­pren­dra que le souci de la grande lit­té­ra­ture n’y est pas né­ces­sai­re­ment.

De tout cela, il me reste mon cher Musil, Jo­seph Roth (lisez les Cro­quis de voyage), Law­rence Sterne, Jo­na­than Swift, William Gad­dis et Hans Blu­men­berg.

Ce que j’at­tends des James Lee Burke que j’ai en com­mande chez ma li­braire, c’est qu’ils l’aident à payer ses fac­tures et, plus ac­ces­soi­re­ment, à épui­ser mes veilles.

Do­nald West­lake, RIP.

11)
zit
, le 10.05.2010 à 12:33

J’adore lire, par­fois bou­li­mi­que­ment, quand un livre me plais, je ne le lâche plus, et plus il est long, plus c’est bon. Par­fois, par contre, il faut que je me force, j’ai du mal à avan­cer, comme en ce mo­ment, sur « Les voix de l’as­phalte » de Phi­lip K. Dick.

Je ne sais pas pour­quoi j’aime lire, ni pour­quoi j’aime plus un au­teur ou un autre, ni pour­quoi je fais de la photo, ni pour­quoi je suis en vie, et ça ne m’em­pêche pas de dor­mir… ;o)

z (merci pour cet ar­ticle, il me fait pen­ser qu’il faut que je courre ache­ter Ré­sur­gence, le der­nier Ayer­dhal, je ré­pêêêêêêêêête : Ayer­dhal, c’est un de ces au­teurs dont je n’ar­rive pas à lâ­cher les livres avant de les avoir finis)

PS : Ouiiii, Hiaa­sen, West­lake, j’adore…

12)
Puzzo
, le 10.05.2010 à 13:39

J’adore lire. Je lis un peu tout ce qui me tombe sous la main.

Si je de­vais citer un bou­quin que j’ai lu re­la­ti­ve­ment ré­cem­ment qui m’a énor­mé­ment plu c’est “Les pi­liers de la terre” et lé­gè­re­ment moins sa suite “Un monde sans fin” de Ken Fol­lett. Aven­ture, Ro­mance le tout sur un fond his­to­rique très bien do­cu­menté.

Je suis d’ac­cord avec Guillôme concer­nant “La prin­cesse des glaces”. J’ai été ex­trê­me­ment déçue par l’his­toire et par l’écri­ture vrai­ment mé­diocre (due à la tra­duc­tion ?). En tout cas, j’avais adoré Mil­le­nium (que j’avais dé­cou­vert avant que tout le monde n’en parle).

Pe­tite anec­dote : lorsque j’étais pe­tite et que j’ai vu pour la pre­mière fois La Belle et la bête de Walt Dis­ney, ce qui m’avait le plus im­pres­sionné c’était la bi­blio­thèque que la bête m’était à dis­po­si­tion de Belle :-)

Enfin, je suis émer­veillée par mon neveu qui dé­couvre les joies de la lec­ture.

13)
ysen­grain
, le 10.05.2010 à 15:48

Et le livre qui ouvre le “ri­deau du temple” et qui va orien­ter dé­fi­ni­ti­ve­ment ta vie: tous les livres d’Erich Berne De ma­nière un peu ad­ja­cente, le livre qui re­garde un sujet sous un angle au­quel tu n’avais pas pensé. Je pense à “Les Bien­veillantes” de Jo­na­than Lit­tel

Le livre qu’on par­tage avec l’en­tou­rage, per­met­tant la dis­sec­tion chi­rur­gi­cale de la si­tua­tion du/des per­son­nages.

Le livre qui te donne le sa­voir sur un sujet, une bible en somme.

Le livre qui te fait sou­rire parce que ce qui y écrit est tel­le­ment fa­mi­lier.

Le livre des autres livres d’un au­teur que tu vas di­gé­rer d’un seul te­nant: Je ne ra­te­rais pour rien au monde un Cy­rul­nik, ou un Pen­nac.

Et tant d’autres ….

14)
yoghi
, le 10.05.2010 à 17:37

Pa­reil étant ado je de­vo­rais les livres…et pour pas avoir de pro­blèmes concer­nant la fin d’un livre qui ar­rive trop vite… plu­tot que les prendres dans l’ordre… je choi­sis­sais en fonc­tion de leur épais­seur… les plus gros!!! alors évi­dem­ment je suis passé par la tri­lo­gie du sei­gneur des an­neaux… et en­suite de re­tour dans des livres plus fin mais pas moins évi­dents… (par ex. les ro­mans d’Éric-Em­ma­nuel Schmitt). C’est rare que je lache un livre en mi­lieu, je me force tou­jours a le lire et c’est tou­jours une bonne sur­prise, un style nou­veau, une idées sur­pre­nante… sur ma table de nuit en ce mo­ment: “la dure loi du Karma” de Mo Yan…

ps… et belle-ma­man est bi­blio­thé­caire… alors la se­lec­tion est de qua­lité….

15)
jibu
, le 10.05.2010 à 17:41

Le truc cool avec les bou­qins c’est qu’on trouve tou­jours la bonne épais­seur pour câler une ar­moire… on sera bien em­bêté avec l’ipad :-)

16)
Fran­çois Cuneo
, le 10.05.2010 à 19:00

C’est cer­tai­ne­ment toute cette lec­ture bou­li­mique qui te per­met d’écrire aussi bien.

J’aime les ro­mans po­li­ciers, et les BD.

J’ai un peu honte…

Et je ne peux plus m’en­dor­mir sans avoir lu quelques pages le soir.

17)
Mo­dane
, le 10.05.2010 à 19:34

Ma chambre est pour­vue main­te­nant d’une double iso­la­tion glo­bale et mul­ti­couche de 50 cen­ti­mètres de bou­quins que je relis sou­vent plu­sieurs fois. Dans mes com­pa­gnons ré­gu­liers : La Pierre et le Sabre de Yo­shi­kawa, la col­lec­tion des Mai­gret de Si­me­non, les po­lars ti­bé­tains de Pat­ti­son, Les mys­tères de Paris (Léo Mal­let), les poèmes de Ryo­kan, Dogen et Basho. En ce mo­ment à l’an­tenne : La conju­ra­tion des im­bé­ciles, drôle de roman d’un drôle d’au­teur, qui me rem­plit d’in­ter­ro­ga­tions, et que je vous re­com­mande.

18)
Iris
, le 10.05.2010 à 22:00

Un coup de coeur ré­cem­ment dé­voré: “Le cercle lit­té­raire des ama­teurs d’éplu­chures de pa­tates” de Mary-Ann Shaf­fer et Annie Bar­rows. Un bou­quin épa­tant qui fait du bien et qui parle jus­te­ment de la dé­cou­verte de la lit­té­ra­ture par des gens qui n’y étaient pas pré­des­ti­nés.

19)
Mar­cel­Pa­hud
, le 10.05.2010 à 22:08

La lec­ture… Alors qu’elle était de­ve­nue sy­no­nyme de de­voir sco­laire à par­tir de l’école se­con­daire et plus en­core au gym­nase (lycée), j’ai re­dé­cou­vert le plai­sir de lire à l’Uni­ver­sité grace no­tam­ment à l’im­mense Neil For­syth, di­rec­teur de la chair d’An­glais (c’est pro­ba­ble­ment pas son vé­ri­table titre mais bref…) qui m’a donné envie de lire tous les grands au­teurs an­glais. Je ne l’ai pas fait, mais ça aura eu le mé­rite de me re­don­ner le goût de lire.

Mais seule­ment ce dont j’ai envie, et ne venez plus me par­ler de “grande lit­té­ra­ture”, j’en ai ma claque. C’est très dom­mage et ça prouve qu’il y a un gros pro­blème dans notre sys­tème édu­ca­tif et c’est pour­quoi, en tant qu’en­sei­gnant, j’es­saie de faire en sorte que mes élèves aiment la lec­ture avant de de­voir dé­cor­ti­quer des oeuvres dans le seul but d’avoir une note don­nant accès à l’un ou l’autre exa­men… C’est pro­ba­ble­ment plus que cela, mais mes en­sei­gnants me l’ont fait com­prendre ainsi à l’époque… Merci à eux…….

La seule oeuvre de la grande lit­té­ra­ture que j’ai lue de­puis c’est “Le por­trait de Do­rian Gray” et là, à nou­veau, pas de lit­té­ra­ture fran­çaise… Ce qui me per­met le plus de m’éva­der ce sont les ré­cits de Fan­tasy : Le cycle de “l’As­sas­sin Royal” et des “Aven­tu­riers de la Mer” (Robin Hobb) ou, de la même au­teur, “Le Sol­dat Cha­mane”. J’at­tends avec im­pa­tience le pro­chain vo­lume “d’Era­gon” et je suis en­train de ter­mi­ner la triple tri­lo­gie de Pierre Bot­tero (mal­heu­reu­se­ment dis­paru l’an passé…) “Ewi­lan” puis “El­lana”. J’ai adoré “A la Croi­sée des Mondes” de Phi­lipp Pull­man ainsi que sa série “Sally Lock­hart”. “Harry Pot­ter” aussi, sans au­cune honte. Je ne sais pas avec quoi je vais conti­nuer mais j’adore ce style.

C’est très orienté lit­té­ra­ture jeu­nesse, mais je m’en ba­lance, ça me pro­cure du plai­sir, ça fait mar­cher mon ima­gi­na­tion sans cesse, je m’évade, c’est tout ce dont j’ai be­soin !

Ah, je lis de temps à autres des bio­gra­phies ou des an­tho­lo­gies (sur­tout sur la mu­sique) mais sans for­cé­ment cro­cher long­temps. C’est plu­tôt un mou­ve­ment de va-et-vient avec ce genre de livres là.

20)
soi­zic
, le 11.05.2010 à 10:07

La lec­ture, c’est vital pour moi, au point que j’ai ins­crit mon mari à la bi­blio­thèque mu­ni­ci­pale sans lui de­man­der pour pou­voir em­por­ter six livres au lieu de trois ! Comme Zit, je ne sais pas pour­quoi j’aime cer­taines choses et cela ne me sou­cie guère tant que je peux en pro­fi­ter. Les bons livres, je les lis une deuxième fois car je vais trop vite dans me pre­mière lec­ture, alors là, je sa­voure. Ce que j’ap­pré­cie le plus est la qua­lité de la langue et la clarté de la pen­sée. Si Sten­dhal avait écrit un mode d’em­ploi de ma­chine à laver, je le re­li­rais tous les jours !

Je lis tous les soirs une bonne heure dans mon lit jus­qu’à ce que le som­meil s’n­nonce. Dire qu’au­tre­fois je per­dais bê­te­ment un temps fou à at­tendre le som­meil…