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La Bel­gique et ses « com­mu­nau­tés », deuxième par­tie

Voici donc la suite (mais pas en­core la fin) de mon pre­mier ar­ticle sur la Bel­gique et ses pro­blèmes lin­guis­tiques.

Dans cet ar­ticle, je ferai un ré­sumé (très bref et for­cé­ment in­com­plet) de l'his­toire de la Bel­gique du point de vue lin­guis­tique, ce qui me pa­raît né­ces­saire avant d'abor­der fran­che­ment les pro­blèmes com­mu­nau­taires ac­tuels. En sa­chant que la Bel­gique, en elle-même, a une his­toire très très riche et qu'elle ne se ré­duit ab­so­lu­ment pas à cet as­pect lin­guis­tique. Mais puisque j'ai dé­cidé d'en par­ler de ce point de vue, je conti­nue vaille que vaille ! :-)

La for­ma­tion de la fron­tière lin­guis­tique sé­pa­rant la Flandre de la Wal­lo­nie en Bel­gique ne date pas d'hier, c'est le moins que l'on puisse dire. En fait, elle re­mon­te­rait à la fin de l'Em­pire ro­main et aux in­va­sions par les « Bar­bares » ger­ma­niques des ré­gions cor­res­pon­dantes.

À cette époque, ce qui de­vien­dra bien plus tard la Bel­gique était donc pla­cée sous le pou­voir ro­main. Mais ces der­niers n'oc­cu­paient pas uni­for­mé­ment ce ter­ri­toire. En fait, ils étaient prin­ci­pa­le­ment ins­tal­lés au sud de ce­lui-ci et au­tour d'une voie ro­maine très im­por­tante à l'époque qui al­lait de Bavay (au­jour­d'hui en France, près de la fron­tière belge) à Co­logne, en Al­le­magne.

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Les gens qui étaient éta­blis à ces en­droits par­laient des dia­lectes la­tins, les­quels dia­lectes évo­lue­ront plus tard vers des « langues d'oïl » (fa­mille de langues la­tines dont fait par­tie le fran­çais), dont le wal­lon, le pi­card, le lor­rain, etc. Plus au nord de cette voie ro­maine, les Ro­mains étaient peu im­plan­tés, et de fait les terres étaient ma­ré­ca­geuses et peu hos­pi­ta­lières.

Lorsque que les tri­bus ger­ma­niques en­va­hirent ces contrées, ils im­po­sèrent d'au­tant plus fa­ci­le­ment leurs dia­lectes au nord de cette fa­meuse voie ro­maine, que la pré­sence ro­maine y était spo­ra­dique. En re­vanche, au­tour et au sud de la voie Ba­vay-Co­logne, la pré­sence la­tine étaient tel­le­ment im­por­tante que ce sont les en­va­his­seurs qui se « la­ti­ni­sèrent » au fil du temps.

Et ainsi se forma en Bel­gique la fron­tière lin­guis­tique ac­tuelle, en sui­vant (gros­siè­re­ment) une pa­ral­lèle à cette voie ro­maine, glo­ba­le­ment un peu plus au nord.…

Cette fron­tière lin­guis­tique est de­meu­rée au fil des siècles éton­nam­ment stable, du moins sur ce qui al­lait de­ve­nir le ter­ri­toire belge. Elle y a certes subi quelques mo­di­fi­ca­tions, mais aucun vé­ri­table cham­bou­le­ment. Tan­dis que juste à côté, dans le nord de la France, elle a en re­vanche ré­gréssé net­te­ment en fa­veur du fran­çais, sur­tout au cours des siècles ré­cents, ainsi que le montre cette carte :

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Dé­solé, la lé­gende est en néer­lan­dais…« Taal­grens » si­gni­fie « fron­tière lin­guis­tique », « taal­ge­bied » dé­signe le do­maine où l'on parle une langue don­née, « eeuw » si­gni­fie « siècle », « twee­ta­lig » veut dire « bi­lingue ». Le reste de­vrait être com­pré­hen­sible, enfin j'es­père.

Il convient d'ailleurs de noter que la fron­tière lin­guis­tique n'a ja­mais eu aucun effet sur les dif­fé­rents ré­gimes qui s'éta­blirent dans ces ré­gions. En fait c'est seule­ment de nos jours qu'elle a ob­tenu un rôle po­li­tique im­por­tant. Au­tre­fois, les com­tés de Flandre, du Hai­naut, le duché de Bra­bant, la prin­ci­pauté de Liège, etc., s'éten­daient de part et d'autre de cette « fron­tière ». Ce qui est somme toute assez lo­gique : à l'époque, les dia­lectes par­lés par le « vul­gaire » n'étaient pas vrai­ment (eu­phé­misme) le souci le plus im­por­tant de leurs di­ri­geants, qui com­mu­ni­quaient entre eux, selon les cas, en latin, en « thiois » (l'an­cêtre du néer­lan­dais), en fran­çais, etc.

Et puis, au mi­lieu du XVIe, ar­rivent les guerres de re­li­gion…

À cette époque, ce qui est équi­vaut à peu près à la Bel­gique et aux Pays-Bas ac­tuels est ap­pelé glo­ba­le­ment « Pays-Bas » et est sous la coupe du très ca­tho­lique royaume d'Es­pagne. Mais la Ré­forme pro­tes­tante a lieu et connaît dans ces ré­gions un très im­por­tant suc­cès. L'Es­pagne, re­pré­sen­tée en par­ti­cu­lier par le san­glant duc d'Albe, par­vient au prix de luttes san­glantes, à conser­ver la main-mise sur la par­tie sud de son fief.

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Le tris­te­ment cé­lèbre duc d'Albe

Cette par­tie sud reste donc, par la force des choses, ca­tho­lique, et sera ap­pelé dé­sor­mais les Pays-Bas « ca­tho­liques » ou « mé­ri­dio­naux ». On est très proche de la Bel­gique ac­tuelle, plus le Luxem­bourg et ex­cep­tion faite de la prin­ci­pauté de Liège, sous tu­telle du Saint-Em­pire ro­main ger­ma­nique.

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Scis­sion des Pays-Bas mé­ri­dio­naux et sep­ten­trio­naux.

Une consé­quence di­recte de ce conflit est que le néer­lan­dais, consi­déré comme la langue des « hé­ré­tiques » perd tout droit de cité dans les Pays-Bas ca­tho­liques, au pro­fit du fran­çais. En­core une fois, cela ne concerne guère le peuple lui-même, qui conti­nue à par­ler ses dia­lectes. Mais à par­tir de cette date le fran­çais est l'unique langue des classes di­ri­geantes.

Deux siècles plus tard, cet état de fait est ren­forcé par la conquête des Pays-Bas ca­tho­liques par la France en 1795. C'est à cette époque que sont tra­cées les li­mites des pro­vinces belges ac­tuelles.

Après la chute de Na­po­léon en 1815, les Pays-Bas du nord et du sud sont réuni­fiés en un seul pays, le royaume des Pays-Bas. C'est l'oc­ca­sion pour son sou­ve­rain Guillaume Ier d'es­sayer de ré­in­tro­duire le néer­lan­dais comme langue of­fi­cielle en Flandre, et à terme comme langue vé­hi­cu­laire du pays tout en­tier, à l'image du cas­tillan pour l'Es­pagne. Mais cette po­li­tique dé­plaît aux élites du sud du Pays-Bas, fran­ci­sées de­puis long­temps, qui se plaignent éga­le­ment d'être sous-re­pré­sen­tées au plus ni­veau des ins­tances di­ri­geantes. Ajou­tez à cela l'in­fluence de l'Église ca­tho­lique, pour qui ce qui vient du nord, es­sen­tiel­le­ment pro­tes­tant, a des re­lents d'hé­ré­sie, et on abou­tit à une ré­vo­lu­tion en 1830 et à la Bel­gique ac­tuelle in­dé­pen­dante.

Ce pays neuf se dote alors d'une consti­tu­tion très li­bé­rale as­su­rant entre autres la iberté des langues au ni­veau in­di­vi­duel. Au ni­veau na­tio­nal le fran­çais de­vient la seule langue of­fi­cielle du pays : ce qui est lo­gique puisque c'est la seule langue de la classe di­ri­geante main­te­nant au pou­voir, fla­mande comme wal­lonne. Il s'agira donc de la seule langue en­sei­gnée dans les écoles, et de la seule langue uti­li­sée dans les hautes sphères du pou­voir.

Mais à par­tir de cette date, du fait de l'ac­cès plus im­por­tant à l'édu­ca­tion et de l'élar­gis­se­ment de la classe moyenne à cette époque de pro­grès in­dus­triel ef­fréné, se crée un mou­ve­ment pour la re­con­nais­sance de la spé­ci­fi­cité néer­lan­do­phone du nord de la Bel­gique, c'est-à-dire au nord de la fron­tière lin­guis­tique (la Flandre ac­tuelle), là où les dia­lectes po­pu­laires sont de la fa­mille du néer­lan­dais, et non du fran­çais. En re­vanche, le fran­çais s'im­pose assez na­tu­rel­le­ment au sud de cette fron­tière (la Wal­lo­nie ac­tuelle), où les dia­lectes sont quasi tous de la même fa­mille lin­guis­tique que le fran­çais.

En consé­quence de ce mou­ve­ment, la Bel­gique de­vient of­fi­ciel­le­ment bi­lingue, fran­çais-néer­lan­dais, en 1898. Il n'est pas en­core ques­tion de l'al­le­mand comme langue of­fi­cielle : les fu­turs « Can­tons de l'Est » ne se­ront in­cor­po­rés à la Bel­gique qu'après la pre­mière guerre mon­diale.

Ceci étant, du fait du « pres­tige » et de la bien plus grande por­tée in­ter­na­tio­nale et cultu­relle de la langue fran­çaise à l'époque, et mal­gré le fait que les Fla­mands soient assez net­te­ment ma­jo­ri­taires dans le pays, les classes di­ri­geantes res­tent es­sen­tiel­le­ment fran­co­phones. Et le fran­çais reste donc la langue à sa­voir ab­so­lu­ment si l'on sou­haite s'éle­ver so­cia­le­ment. Cet état de fait a per­duré jus­qu'à ces der­nières dé­cen­nies. De quoi créer et avi­ver un cer­tain res­sen­ti­ment chez les Fla­mands, res­sen­ti­ment qui per­dure en­core au­jour­d'hui.

À cette époque, ce­pen­dant, crai­gnant une pro­pa­ga­tion du néer­lan­dais en Wal­lo­nie et à la ca­pi­tale Bruxelles (où la po­pu­la­tion est néer­lan­do­phone d'ori­gine, mais se fran­cise pro­gres­si­ve­ment au fil des ans), des voix s'élèvent pour ob­te­nir la ga­ran­tie que le sud de la Bel­gique, la Wal­lo­nie, reste fran­co­phone.

Cela mène à l'ins­tau­ra­tion en 1932 de l'uni­lin­guisme ré­gio­nal : le fran­çais est of­fi­ciel­le­ment unique langue of­fi­cielle en Wal­lo­nie, le néer­lan­dais en Flandre. Seule Bruxelles reste of­fi­ciel­le­ment bi­lingue. La fron­tière lin­guis­tique est pour la pre­mière fois une réa­lité po­li­tique concrète. Elle reste ce­pen­dant « mou­vante ». Par le biais de consul­ta­tions, des com­munes peuvent pas­ser d'un rôle à l'autre si la langue ma­jo­ri­taire y change.

Ainsi des com­munes au­tour de Bruxelles, au dé­part uni­que­ment néer­lan­do­phones, de­viennent of­fi­ciel­le­ment bi­lingues (ce qui si­gni­fie « fran­co­phone » pour la Flandre) et sont rat­ta­chées à la ca­pi­tale, du fait de la crois­sance ré­gu­lière de celle-ci. Ce phé­no­mène de pro­pa­ga­tion du fran­çais au­tour de Bruxelles, ap­pelé « la tâche d'huile » (oliev­lek) par les Fla­mands, contri­bue à po­la­ri­ser les es­prits. Entre-temps, ce­pen­dant, signe de la re­mon­tée du pres­tige du néer­lan­dais, l'uni­ver­sité de Gand, au­tre­fois fran­co­phone, de­vient uni­lingue néer­lan­do­phone.

À cette époque, des mou­ve­ments na­tio­na­listes fla­mands voient le jour, ayant pour ob­jec­tif la créa­tion d'une Flandre in­dé­pen­dante et dé­li­vrée de tout « im­pé­ria­lisme » fran­co­phone. Pour leur mal­heur, la plu­part des lea­ders de ce mou­ve­ment se com­pro­mettent dans la col­la­bo­ra­tion avec l'Al­le­magne pen­dant la se­conde guerre mon­diale, et le na­tio­na­lisme fla­mand se trouve lar­ge­ment dis­cré­dité dans l'opi­nion dans l'im­mé­diat après-guerre, pour faire sur­face à nou­veau à la fin des an­nées cin­quante. Ainsi, à l'Ex­po­si­tion uni­ver­selle de 1958, qui a lieu à Bruxelles, des ma­ni­fes­ta­tions sui­vies ont lieu pour que le pa­villon belge, où les ins­crip­tions sont uni­que­ment en fran­çais, ait aussi des ins­crip­tions en néer­lan­dais.

Le mou­ve­ment fla­mand re­nais­sant mi­lite en par­ti­cu­lier pour que cessent les re­cen­se­ments lin­guis­tiques et la pro­pa­ga­tion de la « tâche d'huile ». C'est chose faite en 1963 : la fron­tière lin­guis­tique entre la Flandre et la Wal­lo­nie est dé­fi­ni­ti­ve­ment fixée et ins­crite dans la consti­tu­tion belge (ainsi que la par­tie ger­ma­no­phone de la Wal­lo­nie). En par­ti­cu­lier Bruxelles et son bi­lin­guisme fran­çais-néer­lan­dais sont dé­fi­ni­ti­ve­ment li­mi­tés à 19 com­munes, en­cla­vées en Flandre.

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Les zones lin­guis­tiques de Bel­gique, fixées en 1963 et tou­jours en vi­gueur.

À cette oc­ca­sion sont aussi créées les « com­munes à fa­ci­li­tés ». Ils s'agit de quelques com­munes si­tuées de part et d'autre de la fron­tière lin­guis­tique, mais aussi au­tour de Bruxelles, qui tout en res­tant of­fi­ciel­le­ment uni­lingues (néer­lan­do­phones si elles sont si­tuées en Flandre, fran­co­phones — ou ger­ma­no­phones — si elles sont en Wal­lo­nie), pro­posent à la po­pu­la­tion des « fa­ci­li­tés » lin­guis­tiques : l'ad­mi­nis­tra­tion est tenue de cor­res­pondre avec l'ad­mi­nis­tré dans la langue de ce­lui-ci, si cette langue fait l'ob­jet de ces fa­ci­li­tés. Par exemple, un fran­co­phone ré­si­dant dans une com­mune fla­mande à fa­ci­li­tés pour les fran­co­phones peut de­man­der à re­ce­voir ses do­cu­ments of­fi­ciels en fran­çais, et vice versa pour un fla­mand dans une com­mune wal­lonne à fa­ci­li­tés pour les néer­lan­do­phones.

Pour l'anec­dote, toutes les com­munes ger­ma­no­phones de l'est du pays sont à fa­ci­li­tés pour les fran­co­phones, et des com­munes fran­co­phones avoi­si­nantes sont à fa­ci­li­tés pour les ger­ma­no­phones. Ces fa­ci­li­tés-là ne posent pas de pro­blème, au contraire des fa­ci­li­tés fran­co­phones-néer­lan­do­phones, dont je vais par­ler bien plus en dé­tail dans le pro­chain ar­ticle…

C'est en 1968, année dé­ci­dé­ment fa­meuse entre toutes, qu'a lieu un élé­ment dé­ter­mi­nant pour la suite de l'his­toire po­li­tique de la Bel­gique : la scis­sion de l'uni­ver­sité de Lou­vain.

L'uni­ver­sité ca­tho­lique de Lou­vain est une uni­ver­sité très an­cienne (15e siècle). Lou­vain (Leu­ven) est une pe­tite ville fla­mande du Bra­bant, à 20 km à l'est de Bruxelles et proche de la fron­tière lin­guis­tique. À l'époque qui nous in­té­resse, son uni­ver­sité, la plus im­por­tante du pays, était déjà di­visé en deux sec­tions dis­tinctes, la fla­mande et la fran­co­phone, mais toutes deux ba­sées à Lou­vain même.

Suite à la fixa­tion de la fron­tière lin­guis­tique, des voix s'éle­vèrent pour ré­cla­mer le dé­part de la sec­tion fran­co­phone de Lou­vain : une uni­ver­sité fran­co­phone en Flandre était selon elles en contra­dic­tion avec l'uni­lin­guisme néer­lan­do­phone de la ré­gion. Ajou­tez-y la fa­meuse crainte de la tâche d'huile (Bruxelles étant toute proche) et l'ex­plo­sion du nombre d'étu­diants en rai­son du baby-boom : le ré­sul­tat fut plu­sieurs an­nées (1963-68) de crise po­li­tique ma­jeure et de ma­ni­fes­ta­tions es­tu­dian­tines par­fois vio­lentes aux cris de Walen bui­ten! (Wal­lons de­hors!).

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Cela abou­tit à la chute du gou­ver­ne­ment belge en 1968 et au dé­part ef­fec­tif de la sec­tion fran­co­phone à Ot­ti­gnies, dans le Bra­bant wal­lon, à une tren­taine de ki­lo­mètres au sud de Lou­vain et Bruxelles, sur un site ap­pelé dès lors « Lou­vain-la-Neuve ». La com­mune d'Ot­ti­gnies chan­gea de nom pour l'oc­ca­sion et de­vint « Ot­ti­gnies-Lou­vain-la-Neuve ». Ceci étant, cette uni­ver­sité fran­co­phone s'ap­pelle tou­jours « Uni­ver­sité ca­tho­lique de Lou­vain » (UCL), de même que son vis-à-vis néer­lan­do­phone resté à Lou­vain de­meure la Ka­tho­lieke Uni­ver­si­teit Leu­ven (KUL).

Cet évé­ne­ment a ac­cé­léré l'évo­lu­tion de la Bel­gique vers l'état bi­cé­phale que l'on connait ac­tuel­le­ment : une des pre­mières consé­quences di­rectes a été, dès 68 et du­rant les an­nées 70, la scis­sion des prin­ci­paux par­tis po­li­tiques (so­cia­liste, chré­tien-dé­mo­crate et li­bé­ral) en sec­tions fla­mandes et fran­co­phones en­tiè­re­ment in­dé­pen­dantes, aux points de vue ir­ré­con­ci­liables, au dé­part sur Lou­vain et en gé­né­ral sur la ques­tion lin­guis­tique. Ce genre de scis­sion n'a, à ma connais­sance, aucun équi­valent dans les autres pays mul­ti­lingues eu­ro­péens.

Si bien qu'ac­tuel­le­ment l'élec­to­rat wal­lon n'a au­cune prise sur la po­li­tique fla­mande, et vice-versa, et la cou­pure du pays s'en est ap­pro­fon­die. Le seul en­droit où les deux rôles lin­guis­tiques co­ha­bitent de­meure Bruxelles. Plus pré­ci­sé­ment, l'ar­ron­dis­se­ment dit de Bruxelles-Hal-Vil­vorde (BHV), à che­val sur Bruxelles et une par­tie du Bra­bant fla­mand, sur le­quel se concentre les ten­sions po­li­tiques ac­tuelles. J'y re­vien­drai là aussi en dé­tail dans le pro­chain ar­ticle…

À par­tir de 1968, donc, l'évo­lu­tion vers un état fé­dé­ral consti­tué de plu­sieurs en­ti­tés dif­fé­rentes s'ac­cé­lère. De ré­forme en ré­forme, on scinde de plus en plus de com­pé­tences ad­mi­nis­tra­tives entre les deux prin­ci­pales ré­gions, Flandre et Wal­lo­nie, et les deux prin­ci­pales com­mu­nau­tés, fla­mande et fran­co­phone.

Le cas par­ti­cu­lier de Bruxelles, ville of­fi­ciel­le­ment bi­lingue, his­to­ri­que­ment néer­lan­do­phone, mais au­jour­d'hui lar­ge­ment fran­co­phone dans les faits, est réglé dé­fi­ni­ti­ve­ment (?) en 1989 : elle de­vient alors une ré­gion à part en­tière, consti­tuée de 19 com­munes (dont la ville de Bruxelles même), mais ce­pen­dant en­cla­vée en Flandre.

Il reste alors à scin­der en deux la seule pro­vince de Bel­gique tra­ver­sée par la fron­tière lin­guis­tique (ailleurs la fron­tière lin­guis­tique coïn­ci­dait déjà avec les li­mites des pro­vinces at­te­nantes) : le Bra­bant. C'est chose faite en 1995 : au nord le Bra­bant fla­mand, au sud le Bra­bant wal­lon, et, en­tiè­re­ment en­cla­vée en Bra­bant fla­mand, Bruxelles, de­ve­nue comme on l'a vu ré­gion à part en­tière. Si­mul­ta­né­ment la Bel­gique de­vient l'état fé­dé­ral, avec ses ré­gions et com­mu­nau­tés, que l'on connait main­te­nant et tel que je l'ai dé­crit dans le pre­mier ar­ticle.

Voilà pour la par­tie « his­to­rique » de cette série d'ar­ticles sur les pro­blèmes lin­guis­tiques de la Bel­gique. Le pro­chain et der­nier ar­ticle trai­tera des su­jets « qui fâchent » ac­tuel­le­ment, et qui contri­buent à plon­ger le pays dans une crise po­li­tique dont on ne voit pas en­core le bout (dé­mis­sion du gou­ver­ne­ment Le­terme, convo­ca­tion d'élec­tions fé­dé­rales pour le 13 juin)…

58 com­men­taires
1)
samd
, le 06.05.2010 à 01:03

Bon­jour à tous les cuk­siens et cuk­siennes.

C’est mon pre­mier com­men­taire sur ce mer­veilleux site que je suis tous les jours. Je vou­drais fé­li­ci­ter Frank pour ce très bon ar­ticle, pour un sujet qui n’est pour­tant pas évident même pour des Belges. Et en tant que Tour­nai­sien, je le salue éga­le­ment !

Il y a juste une pe­tite er­reur de frappe dans l’avant der­nier pa­ra­graphe. (fron­tière lin­guiste)

Je suis avide de lire la suite pour avoir ton point de vue “ex­té­rieur” sur bhv…

2)
Franck Pas­tor
, le 06.05.2010 à 01:21

Merci Samd ! :-) Et pour l’er­reur, je viens de cor­ri­ger.

3)
iker
, le 06.05.2010 à 02:31

Il y a quelques se­maines, à la lec­ture du pre­mier pa­pier, j’avais été im­pres­sionné par les ta­lents à la fois pé­da­go­giques et di­plo­ma­tiques que tu avais dé­ployé pour nous ex­pli­quer un des conflits lin­guis­tique les plus com­plexe qui mène ce pays au bord de la rup­ture.

De­puis, l’ac­tua­lité avec la dé­mis­sion, du i-xième gou­ver­ne­ment Le­therme, a rendu la lec­ture de ton pa­pier plus né­ces­saire que ja­mais, et c’était avec une vive im­pa­tience que je tré­pi­gnais dans l’at­tente de lire la suite… et plus en­core pour le troi­sième épi­sode.

[Im­pa­tience qui n’a été oc­cul­tée qu’un seul ins­tant, par l’at­ti­tude in­qua­li­fiable de DXO en­vers ce site, contrai­gnant Fran­çois à re­ti­rer son ex­cellent pa­pier. Je vois que je ne suis pas le seul à en­vi­sa­ger de ne pas re­nou­ve­ler ma confiance à DXO et son trai­te­ment par des­sus la jambe de ses clients sur Mac, d’au­tant que c’est à par­tir du pre­mier ar­ticle de cuk que j’en avais fait l’ac­qui­si­tion, il y a cinq ou six ans. Fer­mons la pa­ren­thèse]

L’Eu­rope des États Na­tions vibre de toute part.

Il y a vingt ans, Tchèques et Slo­vaques se sont sé­pa­rés, et re­trou­vés sous une même ban­nière eu­ro­péenne. Li­tua­niens, Let­tons, et Es­to­niens, en ont fait de même, avec les Fin­lan­dais, et leurs voi­sins Scan­di­naves dont cer­tains, les Nor­vé­giens, ont pré­féré vivre leur vie, comme les Is­lan­dais qui au­jour­d’hui ont des vel­léi­tés d’in­té­grer l’Union eu­ro­péenne ou la zone Euro.

Il y a qua­rante ans, à l’échelle in­di­vi­duelle, dans beau­coup de nos pays, les di­vorces par consen­te­ment mu­tuels étaient im­pos­sibles, dans les couples. Au fil du temps ils se sont ba­na­li­sés, même si c’est tou­jours un mo­ment dou­lou­reux pour les per­sonnes concer­nés, au point qu’au­jour­d’hui les pro­cé­dures se sont en­core sim­pli­fiées.

Les peuples, les na­tions sont des or­ga­nismes vi­vants, et non figés une fois pour toute dans l’his­toire… dans des unions qui furent sou­vent créées par la conquête et l’usage de la force, par­fois for­cées par d’autres.

À l’échelle col­lec­tive, nous de­vrions ap­prendre à de­ve­nir ci­vi­li­sés. On s’as­so­cie, on se dis­so­cie, on fait compte ban­caire com­mun, où au contraire on garde sa mon­naie, jus­qu’à ce qu’on change d’avis.

À l’ex­cep­tion de la Confé­dé­ra­tion Hél­vé­tique, qui est, à sa ma­nière, comme une sorte de frac­tale, une ver­sion en mi­nia­ture de l’Eu­rope, nous vi­vons dé­sor­mais dans une mai­son com­mune, l’Union Eu­ro­péenne.

Qu’y a-t-il de cho­quant à ce qu’au fil du temps nous dé­ci­dions de faire chambre à part, ou au contraire de nous re­grou­per avec tel ou tel de nos voi­sin, dans la me­sure où dé­sor­mais nos lois sont pour l’es­sen­tiel d’éma­na­tion eu­ro­péenne, et que, où que nous al­lions, ce ne sera ja­mais bien loin, qu’en tant que ci­toyen nous res­tons libres de cir­cu­ler et de nous ins­tal­ler dans un autre pays de l’Union ?

Le cas Belge, suivi par les consul­ta­tions en Ca­ta­logne ou le ré­fé­ren­dum d’in­dé­pen­dance écos­sais au mois d’oc­tobre pro­chain, pré­fi­gurent peut être une re­con­fi­gu­ra­tion du mo­dèle de la construc­tion eu­ro­péenne, moins axés sur une Union tech­no­cra­tique et de gou­ver­ne­ment d’États Na­tions, et peut être plus fé­dé­ra­tion de peuples et de ter­ri­toires co­opé­rant les uns avec les autres, sans vo­lonté d’hé­gé­mo­nie des plus grands sur tous les autres, avec des ins­ti­tu­tions élues au suf­frage uni­ver­sel, comme c’est déjà le cas pour le par­le­ment eu­ro­péen.

Nous vi­vons dans un monde qui bouge et se re­com­pose tous les jours. Le cli­mat change, les pay­sages avec, les or­ga­ni­sa­tions hu­maines s’adaptent… il n’y a pas de rai­son que ce ne soit pas le cas des États.

De­main ne res­sem­blera pas à hier. C’est le sens de la vie.

4)
doew
, le 06.05.2010 à 07:31

Merci Franck pour cette ex­cellent ar­ticle! J’at­ten­dais aveca im­pa­tience la suite du pre­mier ar­ticle et je ne suis pas déçu. D’au­tant que la qua­lité ré­dac­tion­nelle est à la hau­teur de la qua­lité du contenu (éle­vée).

Il ne me reste plus qu’à at­tendre la fin de la série..

5)
Ker­mor­van
, le 06.05.2010 à 08:47

La Suisse n’est pas prête à écla­ter, mais la Bel­gique, oui, c’est mûr, les belges fran­co­phones sont prêts à re­joindre la France.  Avec Bruxelles ? Dif­fi­cile : ils sont cer­nés par les fla­mands. Il faut se pré­pa­rer à un pont aé­rien. Comme à Ber­lin en 48. Un pro­blème : le par­tage des dettes. Écosse, ligue du nord de l’Ita­lie, Ca­ta­logne, pays Basque, j’ai déjà dé­coupé Fran­kreich, par an­ti­ci­pa­tion. La des­truc­tion eu­ro­péenne se doit d’af­fai­blir les états (au pro­fit des fi­nan­ciers : nous avons tout vendu, nous en voyons les ef­fets). You­go­sla­vie, Irak, même tac­tique : dé­mem­brer, vente à la dé­coupe ; sui­vons la Tché­co­slo­va­quie. L’em­pire Aus­tro-Hon­grois n’a été achevé qu’en 18.

6)
je­je31
, le 06.05.2010 à 09:10

Re­mar­quable ar­ticle. Merci pour ce tra­vail et sur­tout de nous aider à com­prendre la com­plexité de la si­tua­tion.

Bravo !

7)
guru
, le 06.05.2010 à 09:12

Re­mar­quable syn­thèse his­to­rique… La suite n’en de­vient que plus at­ten­due!

8)
Fa­bien Conus
, le 06.05.2010 à 09:18

J’ai dé­voré ton ar­ticle comme on lit un bon roman po­li­cier. Fé­li­ci­ta­tions, Franck !

9)
Emi­lou
, le 06.05.2010 à 09:32

Sur un plan stric­te­ment his­to­rique, rien à re­dire, c’est du très beau tra­vail. Au delà d’une saga un peu figée, des élé­ments nou­veaux ont quelque peu changé la donne his­to­rique de la Bel­gique. Le mou­ve­ment de ba­lan­cier éco­no­mique entre les deux com­mu­nau­tés est ac­tuel­le­ment en fa­veur de la Flandre suite au dé­clin de la si­dé­rur­gie avec pour consé­quence des flux fi­nan­ciers nord-sud, la si­tua­tion s’est donc in­ver­sée. L’ex­tré­misme fla­min­gant joue de cette nou­velle donne pour gal­va­ni­ser ses élec­teurs, jeunes en grande ma­jo­rité se gar­dant bien de rap­pe­ler cer­tains faits historiques.​Il est assez fa­cile de jouer la carte dé­ma­go­gique du wal­lon pa­res­seux pro­fi­tant de l’éco­no­mie flo­ris­sante de Flandre. Une autre réa­lité est l’af­fir­ma­tion de la langue “fla­mande” liée au droit du sol, un phé­no­mène in­exis­tant en Wallonie.​Paradoxa­le­ment, la jeu­nesse fla­mande ap­prend et parle de plus en plus sou­vent l’an­glais. La chan­son fla­mande de­vient de plus en plus an­glo-saxonne. Il faut le dire, la chan­son en langue fla­mande s’ex­porte mal. Au concours Eu­ro­vi­sion, l’ar­tiste fla­mand chante es­sen­tiel­le­ment en an­glais ! Pour com­plé­ter ce pa­ra­doxe, la jeu­nesse fla­mande dé­plore le manque d’in­té­rêt des wal­lons pour sa culture et sa langue…allez vous y re­trou­ver. Les chantres de l’unité du pays sont, par contre, plus nom­breux ou plus bruyants en Wal­lo­nie. …etc..

10)
In­connu
, le 06.05.2010 à 09:34

@Ker­mo­van: les belges fran­co­phones sont prêts à re­joindre la France: C’est un sen­ti­ment qui n’est par­tagé que par une très pe­tite mi­no­rité (dont cer­tains membres sont assez connus en France, comme Phi­lippe Ge­luck).

@Frank: pour l’as­pect lin­guis­tique, j’ai lu quelque chose d’in­té­res­sant. La France tire son nom d’une tribu (ou plu­tôt d’un en­semble de tri­bus): les Francs. Si on se ren­seigne sur les Francs, il ap­pa­raî­trait qu’ils sont ori­gi­naires de la ré­gion qui cor­res­pond au­jour­d’hui à la Flandre. La langue par­lée par les Francs était à la base de le fran­cique (qui re­groupe un en­semble de dia­lectes ger­ma­niques, à la base du néer­lan­dais et du luxem­bour­geois entre autres) , mais la classe su­pé­rieure de cette tribu se­rait pas­sée au latin (pour pro­gres­ser dans la hié­rar­chie ro­maine? là ce n’est pas clair). En tous cas, il reste des traces de cette in­fluence ger­ma­nique dans le fran­çais mo­derne: des mots, des sons qui n’existent pas dans les langues la­tines (“eu”, “u” le “r” et ce qui al­lait évo­luer vers “in”, “an”,…) et aussi des ap­ports gram­ma­ti­caux. Ceci ex­pli­que­rait aussi une pos­sible ori­gine de l’im­por­tance du fran­çais dans l’ar­tis­to­cra­tie eu­ro­péenne: les Francs ont en­vahi l’Eu­rope, et même si seule la France a gardé le nom de la tribu, la par­tie “ger­ma­nique” était tou­jours di­ri­gée par des Francs (le Saint Em­pire Ger­ma­nique s’ap­pe­lait à l’ori­gine: “l’Em­pire Franc d’Orient”).

Pour ce qui est des com­munes à fa­ci­li­tés fran­co­phone/néer­lan­do­phone le ta­bleau n’est pas si noir: seules les com­munes à fa­ci­li­tés au­tour de Bruxelles et les Fou­rons causent des pro­blèmes, il n’y a rien de com­pa­rable dans les com­munes à fa­ci­li­tés si­tuées le long de la fron­tière lin­guis­tique aussi bien dans celles si­tuées en Flandre que dans celles si­tuées en Wal­lo­nie.

11)
Hervé
, le 06.05.2010 à 09:36

Belge ex­pa­trié en Suisse de­puis plus de 50 ans, j’ai par­ti­cu­liè­re­ment ap­pré­cié cette syn­thèse du dif­fé­rent lin­guis­tique que j’ai de plus en plus de peine à com­prendre, d’au­tant que j’ai passé toute ma car­rière dans une ins­ti­tu­tion in­ter­na­tio­nale où ni la na­tio­na­lité, ni la langue par­lée n’avait d’im­por­tance et mon pre­mier pa­tron était néer­lan­dais !

Mais il ne faut pas ou­blier que ce dif­fé­rent lin­guis­tique est aussi le ré­sul­tat d’une “an­ti­pa­thie” fla­mande à l’égard de la France tout aussi his­to­rique. Je te mets ci-des­sous un début d’ex­pli­ca­tion que j’ai don­née à un ami “pur suisse” qui avait de la peine à com­prendre la si­tua­tion belge.

Ef­fec­ti­ve­ment, les ba­garres Fla­mands vs Fran­co­phones datent d’il y a bien long­temps. En fait, on peut re­mon­ter au 13e siècle (La Flandre était vas­sale de la France – Comté de Flandre – Comté d’Ar­tois), mais avait des liens com­mer­ciaux très forts avec l’An­gle­terre qui comme tu le sais à cette époque déjà était *l’en­nemi tra­di­tion­nel”. Et en 1302, les mi­lices fla­mandes in­fligent une dé­cu­lot­tée au roi de France à Cour­trai dans une ba­taille qu’on ap­pelle en­core “La ba­taille des Epe­rons d’Or” parce que la che­va­le­rie fran­çaise y a laissé tous ses épe­rons. Cette ba­taille est tou­jours cé­lé­brée en Flandre, non pas comme une ma­ni­fes­ta­tion folk­lo­rique comme notre Es­ca­lade, mais vrai­ment comme l’ex­pres­sion de la su­pré­ma­tie fla­mande sur les “frans­quillons”, un peu comme les ma­ni­fes­ta­tions oran­gistes en Ir­lande. C’est l’oc­ca­sion pour l’ex­trême droite fla­mande de réunir tous ses par­ti­sans.

Quelques an­nées plus tard, les Fran­çais se­ront dé­fi­ni­ti­ve­ment éli­mi­nés de Flandre grâce à Jacques Van Ar­te­velde avec un mas­sacre à Gand qui n’a rien à en­vier à la St Bar­thé­lemy fran­çaise. Il pro­fite ainsi de la su­pré­ma­tie an­glaise qui s’ins­talle sur le conti­nent pen­dant la Guerre de Cent Ans qui ne pren­dra fin qu’avec Jeanne d’Arc.

Mais on ne s’ar­rête pas là : c’est en­suite l’émer­gence du duché de Bour­gogne réuni au Comté de Flandre avec les épi­sodes Phi­lippe le Bon + son fils, Charles le Té­mé­raire (ça c’est connu chez nous) contre Louis XI. A la mort de Charles, Louis XI es­pé­rait bien ré­cu­pé­rer la Flandre en plus de la Bour­gogne, mais manque de pot, l’hé­ri­tière a épousé Maxi­mi­lien d’Au­triche et l’Au­triche, c’est un trop gros mor­ceau pour la France.

Puis cela conti­nue. : le grand en­nemi un peu plus tard, c’est l’Es­pagne et Charles-Quint et cou­cou qui est Charles-Quint : à l’ori­gine, le petit… comte de Flandre et duc du Bra­bant. Sa mère étant in­fante d’Es­pagne, le voici pro­pulsé sur le trône es­pa­gnol et en plus élu em­pe­reur du St Em­pire au grand dam de Fran­çois Ier, son concur­rent évincé.

On pour­rait conti­nuer comme cela tout au long de l’his­toire jus­qu’aux temps mo­dernes, _

12)
Franck Pas­tor
, le 06.05.2010 à 10:21

@ Iker : la Bel­gique n’est pas en­core « mûre » pour la sé­pa­ra­tion. Les es­prits le sont peut-être (pas sûr), mais la réa­lité éco­no­mique et po­li­tique est là pour les rap­pe­ler à l’ordre. Même la N-VA, le parti na­tio­na­liste fla­mand le plus im­por­tant ac­tuel­le­ment, ne pro­gramme pas l’in­dé­pen­dance fla­mande pour le court terme. De cela aussi, je re­par­le­rai.

@ Hervé : avec le recul, la ré­cu­pé­ra­tion par l’ex­trême-droite fla­min­gante de la ba­taille des Épe­rons d’or, comme sym­bole de leur lutte lin­guis­tique est assez co­mique, quand on pense qu’un des chefs de l’ar­mée fla­mande était le comte Jean de… Namur et qu’il avait amené avec lui des troupes du Na­mu­rois. En plus, de l’autre côté, il y avait des mer­ce­naires bra­ban­çons, au ser­vice des Fran­çais.

C’est comme le pé­le­ri­nage de l’Yser, lui aussi ré­cu­péré par l’ex­trême-droite fla­min­gante, qui re­pose à l’ori­gine sur la sup­po­sée dé­cou­vertes de deux frères, les Van Raem­donck, sol­dats fla­mands, qui se­raient morts dans les bras l’un de l’autre. En fait il s’est avéré que l’un d’entre eux était mort dans les bras d’un sol­dat… wal­lon, Amé Fié­vez. Notez comme le nom de ce der­nier a été presque com­plè­te­ment ef­facé sur leur pierre tom­bale com­mune…

@ Emile : j’au­rais dû par­ler en effet dans cet ar­ticle de l’évo­lu­tion éco­no­mique dif­fé­rente de la Wal­lo­nie et de la Flandre. Je vais es­sayer de ré­pa­rer cet oubli dans le der­nier ar­ticle.

@ Reno : bien d’ac­cord sur le fait que la plu­part des Belges fran­co­phones sont loin, très loin d’être fran­co­philes… Quant aux Francs, on peut noter que Clo­vis était jus­te­ment de Tour­nai. Quant à leur « la­ti­ni­sa­tion » dans la fu­ture France et la fu­ture Bel­gique fran­co­phone, je pense qu’elle est due à deux fac­teurs : la pré­sence im­por­tante d’une po­pu­la­tion gallo-ro­maine la­ti­ni­sée d’une part, et d’autre part à l’in­fluence de l’Église, après la conver­sion de Clo­vis no­tam­ment. Les évêques re­pré­sen­taient une force po­li­tique très im­por­tante à l’époque, qu’on a peut-être du mal à ima­gi­ner au­jour­d’hui.

S’agis­sant des com­munes à fa­ci­li­tés, il y a aussi des pro­blèmes, même s’ils sont moindres, pour les com­munes concer­nées le long de la li­mite entre la Flandre et la Wal­lo­nie. Je pense en par­ti­cu­lier à Re­naix/Ronse, qui a de­mandé of­fi­ciel­le­ment l’an­née der­nière la sup­pres­sion de ses fa­ci­li­tés (dé­marche pu­re­ment sym­bo­lique, c’est au ni­veau fé­dé­ral d’en dé­ci­der) et à En­ghien/Edin­gen, dont la bourg­mestre vou­drait les voir liées à des moyens fi­nan­ciers sup­plé­men­taires qu’elle di­sait ne pas avoir. Mais j’en re­par­le­rai…

@ tous : merci pour les com­pli­ments !

13)
Sa­luki
, le 06.05.2010 à 10:31

Miam !

C’est bon, vite une troi­sième tranche !

Bravo et merci, Franck.

14)
Droopy
, le 06.05.2010 à 10:57

Ex­cel­lents ar­ticles, et per­met­tez moi d’ajou­ter quelques ré­flexions. Car dans cette dis­corde entre les 2 com­mu­nau­tés, il y a de la haine dont l’ori­gine re­monte, ente autre, à la ba­taille de l’yser. A cette époque les of­fi­ciers don­naient les ordres en fran­çais à la “bleu­saille” qui elle était issue des pro­vinces fla­mandes. Et il y eut de nom­breux morts par le fait que les ordres n’avaient pas été com­pris. Tous les ans, à Diks­mude ou est érigé une énorme tour, se dé­roule une cé­ré­mo­nie du sou­ve­nir, et il ne fait pas bon être wal­lon ce jour là. Par contre pas de haine vis à vis des fran­çais. Une autre rai­son de la ba­garre entre les 2 com­mu­nau­tés vient de l’époque ou toute l’in­dus­trie se trou­vait en wal­lo­nie. La si­dé­rur­gie, les mines, le verre, etc. Là aussi, on ne par­lait que le fran­çais, et les taches pé­nibles re­ve­naient aux ou­vriers fla­mands, qui y tra­vaillaient vu qu’à l’époque la cote belge n’était peu­plée que de quelques vil­lages de pé­cheurs. Le re­tour de bâton a eu lieu au mo­ment des avan­cées so­ciales, avec les congés payés, puis aussi le tou­risme, et les in­dus­tries. Les villes cô­tières se sont dé­ve­lop­pées, comme Os­tende, puis Knocke qui est le Deau­ville belge. Entre ces villes plein de pe­tits vil­lages sont de­ve­nus de sym­pa­thiques sta­tions bal­néaires et plein de cam­ping ont vus le jour. Là aussi, j’ai connu à Blan­ken­ber­ghe un cam­ping qui ne re­fu­sait une place à une belge wal­lon. Et per­sonne n’y trou­vait à re­dire. J’ai connu aussi un ami fran­çais qui a voulu mettre son ba­teau au port de Niew­port. Les belges (wal­lon) lui di­saient que l’at­tente était pour eux de plu­sieurs an­nées. Il a fait sa de­mande et a eu sa place en 48 heures. Main­te­nant en wal­lo­nie il n’y a qua­si­ment plus d’in­dus­trie. Des villes comme Mons ou Char­le­roi se re­lèvent pé­ni­ble­ment des fer­me­tures des acié­ries. Par contre sur la cote belge, on sent et l’on voit que la crise les touche bien moins. Le port de Zee­bruge n’ar­rête pas de s’étendre, et ce qui était il y a une gé­né­ra­tion qu’un petit port de pèche est main­te­nant un énorme port à contai­ner, et un lea­der dans la ré­cep­tion des voi­tures ve­nant du monde en­tier. D’ailleurs son suc­cès vient aussi des dif­fé­rentes grèves, des do­ckers, qui ont eu lieu en France à Dun­kerque par exemple, ou le port est si­nis­tré, alors que 50 kms plus loin Zee­bruge est de plus en plus étendu. Tout cela, je l’ai vu et vécu. J’ai 62 ans, et des amis en Flandres comme en Wal­lo­nie. Et ces faits viennent com­pli­quer en­core plus les pro­blèmes de la Bel­gique, mais je pour­rai écrire des pages sur cette si­tua­tion. Une der­nière chose que je fais re­mar­quer à mes amis belges. C’est qu’ils sont aussi en train de perdre leur langue. J’ai des amis fla­mands qui mettent de plus en plus de mots an­glais dans leur conver­sa­tion, en fla­mand comme en fran­çais. Un com­pu­ter pour or­di­na­teur. Tous les 4×4 sont des Jeeps, même si c’est un Toyota, Etc. Il y a une sim­pli­fi­ca­tion, par le bas, du lan­gage. Dra­ma­tique. Ha­bi­tant Lille, je re­garde sou­vent la RTB. Et je suis at­terré par la dé­for­ma­tion de la langue fran­çaise par des com­men­ta­teurs. L’un d’entre eux d’ori­gine es­pa­gnole je pense, les belges le re­con­naî­tront, a un ac­cent im­pos­sible et dé­forme les mots au point que je mets une se­conde ou deux à com­prendre ce qu’il vient de dire. Par exemple les wal­lons ne font plus la cui­sine, ils font la “coui­sine”. Eh oui, il pro­noncent comme ci il y avait un “o”. Et j’ai plein d’autres exemples hélas plus fa­cile à pro­non­cer qu’à écrire. Mais le plus beau, et je m’en sers lors­qu’un wal­lon est scep­tique sur le fait qu’il pro­nonce mal les mots, est le sui­vant. C’est un com­men­ta­teur de la RTB qui ex­pli­quait par rap­port à des in­cen­dies qui avaient eu lieu en Grèce que des per­sonnes étaient dé­cé­dées parce qu’elle n’avaient pas eu le temps de s’en­fuir. Mais il pro­non­çait ’s’en­fouir’ ! Alors ont elles ten­tées de s’échap­per ou de s’en­ter­rer ? Voilà, peut être, tout le pa­ra­doxe belge.

Merci de m’avoir lu.

15)
In­connu
, le 06.05.2010 à 11:03

la ré­cu­pé­ra­tion par l’ex­trême-droite fla­min­gante de la ba­taille des Épe­rons d’or, comme sym­bole de leur lutte lin­guis­tique est assez co­mique

À noter qu’il en va de même pour l’évé­ne­ment choisi pour la fête cor­res­pon­dante de la com­mu­nauté fran­çaise: l’ex­pul­sion des troupes hol­lan­daises de la ville de Bruxelles. À cette pé­riode, Bruxelles était une ville néer­lan­do­phone…

16)
Franck Pas­tor
, le 06.05.2010 à 11:18

Tous les ans, à Diks­mude ou est érigé une énorme tour, se dé­roule une cé­ré­mo­nie du sou­ve­nir, et il ne fait pas bon être wal­lon ce jour là.

Et pour­tant dans la crypte de la tour de l’Yser se trouve en­terré le Wal­lon Amé Fié­vez avec les frères Van Raem­donck. J’en parle un peu plus haut dans les com­men­taires.

Par exemple les wal­lons ne font plus la cui­sine, ils font la “coui­sine”. Eh oui, il pro­noncent comme ci il y avait un “o”. Et j’ai plein d’autres exemples hélas plus fa­cile à pro­non­cer qu’à écrire. Mais le plus beau, et je m’en sers lors­qu’un wal­lon est scep­tique sur le fait qu’il pro­nonce mal les mots, est le sui­vant. C’est un com­men­ta­teur de la RTB qui ex­pli­quait par rap­port à des in­cen­dies qui avaient eu lieu en Grèce que des per­sonnes étaient dé­cé­dées parce qu’elle n’avaient pas eu le temps de s’en­fuir. Mais il pro­non­çait ’s’en­fouir’ !

Ce n’est pas dû à une dé­gé­né­res­cence du fran­çais de Bel­gique. Ils ont tou­jours pro­noncé le « ui » comme cela, et conti­nue­ront sans doute à le faire. Moi-même, je me sur­prends à le faire de plus en plus sou­vent, sous l’in­fluence de mon en­tou­rage, en par­ti­cu­lier ma com­pagne, une Bruxel­loise ;-) Autre exemple : le nom de la ville de Huy, qui se pro­nonce « oui ».

Par contre, le Belge fran­co­phone sait très bien faire la dif­fé­rence entre les deux na­sales « in » et « un ». Les mots « brin » et « brun » sont pro­non­cés très dis­tinc­te­ment ici en Bel­gique, tan­dis qu’en France c’est de­venu qua­si­ment la même chose.

Quant à l’in­va­sion des termes an­glais, je l’ai aussi consta­tée. Autre exemple : ici, on ne fait pas ses courses, on fait du shop­ping. Mais qu’y faire ? Comme tu l’as dit, c’est toute la Bel­gique qui est at­teinte, la Flandre aussi. Et ça ne va pas aller en s’ar­ran­geant, m’est avis.

17)
Droopy
, le 06.05.2010 à 11:33

Plein de com­men­taires sont ar­ri­vés pen­dant que j’écri­vais ma longue ti­rade.

Ce qui ex­plique les com­men­taires en double.

Une autre anec­dote “pour la route”. Je pense que c’est en 1966, je fai­sais par­tie des per­sonnes qui ont sui­vis la vi­site du Gé­né­ral de Gaulle en Bel­gique. Le pre­mier jour à Gand, en Flandres. Le deuxième à Liége avec une ar­ri­vée en train. Le troi­sième à Bruxelles. Et lors du dis­cours de liége, un homme a crié “Liége rat­ta­che­ment à la France”. Il a été éva­cué vite fait. La presse en a parlé un peu. Comme vous voyez le pro­blème n’est pas nou­veau.

Bonne jour­née à tous.

18)
CHD
, le 06.05.2010 à 12:04

Bof, la fran­co­pho­bie est un sport in­ter­na­tio­nal très en vogue (e.g. le boy­cott des marques fran­çaises aux Etats-Unis, en Chine, …) et il existe même beau­coup de fran­co­phobe fran­co­phone (e.g. le “connard de frouze”, le “mau­dits Fran­çais”). D’ailleurs, avec le temps je suis de­venu un peu blasé sur ce plan…

Par exemple, je ne suis même pas étonné le jour ou une col­lègue Suisse al­le­mande et doc­teur en mi­cro­bio­lo­gie m’a de­man­der qui était Pas­teur. En fait, elle n’en avait ja­mais en­tendu par­ler du­rant ses études en Suisse, en Al­le­magne et aux Etats-Unis, alors qu’à la base les mi­crobes… Il y a aussi un col­lègue suisse ro­mand qui m’a sou­tenu que Da­la­dier était à l’ori­gine de la po­li­tique d’apai­se­ment avec Hit­ler en 38, et que de Gaulle avait pris le pou­voir par un coup d’état en 58… et le plus in­té­res­sant c’est qu’il au­rait ap­pris tout ça à l’école. Quoi qu’il en soit, lorsque l’on en­tend une de ces blagues sur les “gau­lois” qui cir­cule en Suisse et en Bel­gique, il ne faut sur­tout pas re­le­ver le dé­tail mes­quin selon le­quel les Hel­vètes et les Belges au­raient été (dans la li­mite des to­lé­rances doua­nières) des tri­bus gau­loises, car sinon on passe pour un fran­çais et il n’est pas pos­sible de vivre avec une telle honte !

Donc, si le wal­lon par­tage des points com­muns avec le fran­çais, alors il a tout les vices et au­cune qua­lité. C’est comme ça, c’est une loi uni­ver­selle, point. ;-)

19)
Hervé
, le 06.05.2010 à 12:10

Mon cher Droopy, la pro­non­cia­tion des mots est vrai­ment propre à chaque ré­gion : le par­ler chti ou pro­ven­çal n’est pas le même. Et donc, la Bel­gique a aussi son par­ler, qui peut d’ailleurs dif­fé­rer de Char­le­roi à Liège.

Ainsi, en ar­ri­vant en Suisse, j’ai passé une pre­mière fête de “Nowel” chez des amis et pour l’oc­ca­sion, j’avais mis une “propre che­mise”.

J’ai long­temps, et en­core sou­vent main­te­nant (ma femme – ge­ne­voise – se fait un plai­sir de me faire re­mar­quer que je re­de­viens belge) dit “houit” (8), mais je me marre tou­jours quand un fran­çais parle de Cruif (comme «suif»), foot­bal­leur néer­lan­dais bien connu alors que son nom se pro­nonce “Creuif” comme “feuille”

Ce qui est un dé­faut pour les uns n’est que la nor­male pour les autres

20)
Droopy
, le 06.05.2010 à 12:16

Ci­ta­tion de Hervé

Mon cher Droopy, la pro­non­cia­tion des mots est vrai­ment propre à chaque ré­gion

Peut être, mais lorsque le même mot pro­noncé dif­fé­rem­ment ne veut plus dire la même chose, comme s’en­fuir et s’en­fouir. Cela pose pro­blème à la bonne com­pré­hen­sion de la phrase

21)
Hervé
, le 06.05.2010 à 12:24

l ne faut sur­tout pas re­le­ver le dé­tail mes­quin selon le­quel les Hel­vètes et les Belges au­raient été (dans la li­mite des to­lé­rances doua­nières) des tri­bus gau­loises, sinon on passe pour un fran­çais (et il n’est pas pos­sible de vivre avec une telle honte)

Pe­tite nuance : ce sont des celtes, comme les ir­lan­dais, les écos­sais etc. Du temps de César, de nom­breuses tri­bus co­ha­bi­taient sur le ter­ri­toire que César a bap­tisé la Gaule pour sim­pli­fier. Et sa pre­mière ra­clée, ce n’est pas Ver­cin­ge­to­rix qui lui a in­fli­gée à Ger­go­vie, mais Bo­duo­gnat (Ner­viens ins­tal­lés dans ce qui est le Hai­naut ac­tuel) à la ba­taille de la Sambre (avec l’aide d’Am­bio­rix, Ebu­ron du Na­mu­rois).

D’ailleurs “Horum om­nium, for­tis­simi sunt Bel­gae…” C’est lui qui l’a dit :-))

22)
To­TheEnd
, le 06.05.2010 à 12:27

Pil poil…

Le cas Belge, suivi par les consul­ta­tions en Ca­ta­logne

Je me de­man­dais bien où tu vou­lais en venir avec ta longue ti­rade pleine de com­pas­sion et d’ana­lo­gies alam­bi­quées… je te re­com­mande une pe­tite étude gé­né­tique sur les Basques et leur soi-di­sant re­ven­di­ca­tion de peuple “unique” qui jus­ti­fie plei­ne­ment le droit d’être in­dé­pen­dant (quelle blague).

Si le pre­mier fléau pour la pro­gres­sion de l’hu­ma­nité reste les re­li­gions, le se­cond qui n’a rien à lui en­vier est bien dans cette re­ven­di­ca­tion à la con d’une langue, d’une ré­gion ou d’une fron­tière ima­gi­naire sur une carte…

Tous ces pro­blèmes d’ego et de nom­bril montrent à quel point nous sommes en­core pri­mi­tifs.

T

23)
Hervé
, le 06.05.2010 à 13:39

Je sup­pose que tu in­clus dans ces “pri­mi­tifs” tous les Ju­ras­siens qui ont voté la sé­pa­ra­tion avec Berne en 1974 ?

24)
pti­suix
, le 06.05.2010 à 13:51

J’ai long­temps, et en­core sou­vent main­te­nant (ma femme – ge­ne­voise – se fait un plai­sir de me faire re­mar­quer que je re­de­viens belge) dit “houit” (8)

Point be­soin d’al­ler si loin pour trou­ver le “houit”… Il n’est qu’à aller à Fri­bourg !

P.

25)
CHD
, le 06.05.2010 à 14:03

@Hervé n’em­pêche que les ro­mains et les ger­mains étaient déjà gal­lo­phobes ;-)

26)
Hervé
, le 06.05.2010 à 14:07

CHD : En fait de “phobe”, se ré­fé­rer à Co­luche !

27)
Franck Pas­tor
, le 06.05.2010 à 14:35

mais je me marre tou­jours quand un fran­çais parle de Cruif (comme «suif»), foot­bal­leur néer­lan­dais bien connu alors que son nom se pro­nonce “Creuif” comme “feuille”

Ça ne s’ar­range pas au­jour­d’hui, quand j’en­tends mes chers com­pa­triotes Fran­çais pro­non­cer le nom de Tom Boo­nen (le prin­ci­pal cou­reur cy­cliste belge du mo­ment). Ils disent « Bou­nènn » alors que cela se pro­nonce comme cela s’écrit, avec un « o » al­longé et un « e » sans ac­cent. De la part d’une per­sonne lambda, ce genre d’er­reur ne me choque pas. Mais quand ça vient des jour­na­listes spor­tifs, qui sont quand même bien pla­cés pour de­man­der à qui de droit com­ment cela se pro­nonce, c’est quand même sur­pre­nant !

Le pom­pon, c’était quand ils de­vaient pro­non­cer « Johan Mu­seeuw », autre cy­cliste belge fa­meux re­traité il y a quelques an­nées. Ça se pro­nonce à peu près « Yo­hann Mus­séou ». Mais pour ce nom-là, j’au­rais en­tendu toutes les va­riantes de la part des jour­na­listes hexa­go­naux : Mussé, Moussé, Muzé, Mous­seux, Mus­sau, etc.

Petit test pour les non-Belges qui me lisent : com­ment pro­non­cez-vous le nom « Poe­laert » ? ;)

28)
fxc
, le 06.05.2010 à 14:42

Horum om­nium, for­tis­simi sunt Bel­gae…

“de tous les peuples de la gaule les belges sont les plus braves” la phrase n’est pas com­plète car il a ajouté:” et les plus té­mé­raires” et là César il me fend le coeur…

29)
Hervé
, le 06.05.2010 à 14:45

com­ment pro­non­cez-vous le nom « Poe­laert

SVP, évi­tez “Poélaërt” et rap­pe­lez-vous la guerre des Boères :-))

30)
Hervé
, le 06.05.2010 à 14:54

@fxc Soyons hon­nêtes : il fal­lait qu’il ju­si­ti­fie face à son opi­nion pu­blique le fait que La­bie­nus s’était fait tailler des crou­pières par Bo­duo­gnat et qu’il avait donc be­soin de ren­forts et de sous . Les Belges avaient des armes de des­truc­tion mas­sive !

31)
In­connu
, le 06.05.2010 à 16:15

Petit test pour les non-Belges qui me lisent : com­ment pro­non­cez-vous le nom « Poe­laert » ?

Je pré­fère : com­ment pro­non­cez-vous le nom « Hoe­gaar­den » ?

32)
fxc
, le 06.05.2010 à 16:22

Je pré­fère : com­ment pro­non­cez-vous le nom « Hoe­gaar­den » ?

et le traité de Maas­tricht, cette ville hol­lan­daise, dont la pro­non­cia­tion fran­çaise est à mou­rir de rire.

33)
Hervé
, le 06.05.2010 à 16:33

“Hoe­gaar­den” en Suisse Ro­mande, ça se pro­nonce “Car­di­nal”. Mais c’est pas tout à fait la même chose :-((

34)
To­TheEnd
, le 06.05.2010 à 16:39

Vi­si­ble­ment, il y a en­core des connec­tions à In­ter­net en Grèce.

Oui, faire des com­bats pour des langues, des fron­tières et des re­li­gions est pri­mi­tif.

T

35)
iker
, le 06.05.2010 à 16:59

TTE

Ver­sion courte

Ce se­rait bien de lire les textes avant de les com­men­ter, et m’at­tri­buer des pro­pos que je n’ai pas tenus. Mes contri­bu­tions, par­fois an­ciennes, sur le sujet, dé­mentent toutes les in­ten­tions que tu me prêtes.

Je me de­man­dais bien où tu vou­lais en venir avec ta longue ti­rade pleine de com­pas­sion et d’ana­lo­gies alam­bi­quées…

Si le pre­mier fléau pour la pro­gres­sion de l’hu­ma­nité reste les re­li­gions, le se­cond qui n’a rien à lui en­vier est bien dans cette re­ven­di­ca­tion à la con d’une langue, d’une ré­gion ou d’une fron­tière ima­gi­naire sur une carte…

Jus­qu’à main­te­nant la conver­sa­tion était éclai­rée et cour­toise. Un mo­dèle d’in­tel­li­gence col­lec­tive.

Le pre­mier fléau de l’hu­ma­nité c’est d’ex­pri­mer à l’autre “tes convic­tions sont fausses, seules les miennes comptent, et comme je n’ai pas envie d’ar­gu­men­ter et je vais te les im­po­ser par l’in­vec­tive ou par la force”.

Tous ces pro­blèmes d’ego et de nom­bril montrent à quel point nous sommes en­core pri­mi­tifs.

Tu l’as dit bouffi

•••• Ver­sion ar­gu­men­tée

je te re­com­mande une pe­tite étude gé­né­tique sur les Basques et leur soi-di­sant re­ven­di­ca­tion de peuple “unique”…

J’ai lu l’ar­ticle dans le jour­nal Pu­blico le 19 fé­vrier der­nier, merci. De mé­moire, avec un échan­tillon d’une tren­taine de per­sonnes du Pays Basque, com­paré avec au­tant de per­sonnes dans neuf autres ré­gions de la pé­nin­sule ibé­rique… Pu­blico est un jour­nal dont les en­quêtes sont aussi fouillées que celles de “Metro” ou “20 mi­nutes”. Sur le mo­ment ça m’a fait pen­ser à ces or­ga­nismes cen­sés me­su­rer les sen­ti­ments pro­fonds de l’opi­nion pu­blique sur la crise par exemple en se li­vrant à un mi­cro-trot­toir sur l’Ave­nue Mon­taigne ou les Champs Ély­sée, à la sor­tie des chaînes de té­lé­vi­sion ou de radio.

J’at­tend avec im­pa­tience la lec­ture des ré­sul­tats dans “Na­ture” ou “Science”. Juste pour ma culture gé­né­rale.

En at­ten­dant, cet ar­ticle m’a aussi dis­trait que la lec­ture de l’ho­ro­scope ou une conver­sa­tion de comp­toir.

…les Basques et leur soi-di­sant re­ven­di­ca­tion de peuple “unique” qui jus­ti­fie plei­ne­ment le droit d’être in­dé­pen­dant (quelle blague).

Ça tombe bien :

• pour une fois je n’en ai pas parlé des basques, c’est ton vieux ca­ma­rade Ker­mor­van qui l’a fait ;-)

• au cœur de l’Eu­rope, nous sommes tous des peuples mé­tis­sés, et donc l’hy­po­thèse gé­né­tique n’est in­té­res­sante que d’un point de vue an­thro­po­lo­gique, pour dé­crire un monde qui n’existe plus au même titre qu’on peut se pen­cher sur di­no­saures… et per­son­nel­le­ment je n’ai pas une pas­sion dé­me­su­rée pour la pa­léon­tho­lo­gie ;

• Ceux qui ont en­vi­sagé cette hy­po­thèse pour lui don­ner un corps po­li­tique l’ont fait en 1895, à une époque où le concept de race était à la mode chez tous les hommes po­li­tiques du mo­ment, toutes ten­dances confon­dues. De­puis, tout le monde sauf quelques simples d’es­prits un peu ob­ses­sion­nels, est passé à autre chose, vu le nombre de crimes et de gé­no­cides qu’on a com­mis au nom de ce concept de race.

• per­son­nel­le­ment, j’ai tou­jours ré­futé cette thèse, en par­ti­cu­lier lors­qu’il s’agit de s’ap­puyer des­sus pour re­ven­di­quer une in­dé­pen­dance ; Il y a d’autres cri­tères qui sont bien plus per­ti­nents pour re­ven­di­quer des droits, mais cer­tai­ne­ment pas la gé­né­tique.

• j’en pro­fite pour ré­pé­ter que je ré­fute éga­le­ment l’idée même de na­tio­na­lisme, et je vais te confier un se­cret, c’est sur CUK et grâce à la bien­veillance de ses lec­teurs que j’ai peau­finé et rodés mes pre­miers ar­gu­men­taires pu­blics pour ré­fu­ter cette idée là et qu’au­jour­d’hui je les dé­ve­loppe de­vant des au­di­toires de plu­sieurs cen­taines de per­sonnes dans des réunions pu­bliques, face no­tam­ment à des in­dé­pen­dan­tistes ou des na­tio­na­listes, qui en gé­né­ral en sortent ébran­lés. Je de­vrais re­mer­cier beau­coup de contri­bu­teurs de CUK, y com­pris et je di­rais même sur­tout ceux qui es­sayaient de ré­fu­ter mes ar­gu­ments avec le plus de vé­hé­mence, à l’insu de leur plein grès, ils m’ont beau­coup aidé, et ça a eu quelques d’ef­fets sur les­quels il est en­core pré­ma­turé d’écrire.

• je parle de “com­mu­nauté des ci­toyens”, com­po­sée de tous les ha­bi­tants d’un ter­ri­toire, d’où qu’ils viennent. Je suis moi même un fils d’im­mi­gré.

• par ailleurs, TTE, je suis at­ta­ché à la no­tion de droit, en par­ti­cu­lier des droits uni­ver­sels. “Le droit à l’au­to­dé­ter­mi­na­tion” est un droit re­connu par tous les trai­tés in­ter­na­tio­naux et s’im­pose sur les droits des États et des in­di­vi­dus qui pensent comme toi que ce n’est pas im­por­tant.

• ça ne veut pas dire que lors­qu’on se dé­ter­mine, on doive né­ces­sai­re­ment le faire en choi­sis­sant l’in­dé­pen­dance. Le droit au ma­riage ou au di­vorce existe, il n’est pas une obli­ga­tion, ce doit être une li­berté, in­alié­nable, en fonc­tion des cir­cons­tances. Il en est de même pour les peuples.

• ma po­si­tion sur l’in­dé­pen­dance est simple : c’est un prin­cipe éphé­mère ap­pa­rue vé­ri­ta­ble­ment au XVIIIe siècle, qui a pris corps no­tam­ment à tra­vers l’in­dé­pen­dance de la Corse, vite re­con­quise, des États Unis et d’Haïti… cette idée s’est ré­pan­due comme une traî­née de poudre tout au long du XIXe et du XXe siècle, pour som­brer corps et biens dans les dé­co­lo­ni­sa­tions pu­re­ment for­melles des an­nées 50/60.

• en tant qu’ob­ser­va­teur de la vie po­li­tique, on ne peut pas ex­clure que des ter­ri­toires ac­cèdent en­core à l’in­dé­pen­dance y com­pris en Eu­rope oc­ci­den­tale. Les Fla­mands, les Ca­ta­lans et les Écos­sais mettent cette ques­tion à l’ordre du jour d’une ma­nière ou d’une autre cette année soit par le biais de consul­ta­tions ou de ré­fé­ren­dums, soit par des crises po­li­tiques qui font chu­ter des gou­ver­ne­ments fé­dé­raux. Ça c’est ce que j’ob­serve. Ce sont des faits.

• en tant qu’ac­teur po­li­tique, par contre, je pense que c’est trop tard, il me semble que ça ne se fera pas, en par­ti­cu­lier pour le Pays Basque, sauf si la crise pré­ci­pi­tait les États Eu­ro­péens, dans les vieilles ten­ta­tions hé­gé­mo­niques des États cen­traux tra­di­tion­nels (pour faire bref, les an­ciennes puis­sances : la France, l’Es­pagne, l’An­gle­terre, l’Al­le­magne…)

Peut être que les faits me don­ne­ront tort… en par­ti­cu­lier par les temps trou­blés que nous tra­ver­sons avec la pro­fon­deur de la crise dont nous ne sommes en­core qu’aux pre­mières étapes, et qui dis­tend les re­la­tions de so­li­da­rité entre les peuples ; La confu­sion qui pour­rait sor­tir du vote bri­tan­nique d’au­jour­d’hui, par exemple, pour­rait me contre­dire. L’hy­po­thèse d’une vic­toire des conser­va­teurs sen­si­ble­ment mi­no­ri­taires en voix, mais ma­jo­ri­taires du fait du mode de scru­tin des bri­tan­niques [pour le coup alam­bi­qué] pro­vo­que­rait un rai­dis­se­ment des par­le­men­taires an­glais, et pré­ci­pi­te­rait la ra­di­ca­li­sa­tion des Écos­sais dans le ré­fé­ren­dum d’in­dé­pen­dance d’oc­tobre pro­chain.

• dans mon en­ga­ge­ment, je fais le pari du contraire, que l’in­tel­li­gence et les so­li­da­ri­tés pri­me­ront sur les ten­ta­tions de repli der­rière des fron­tières plus fic­tives que réelles ;

• car les in­dé­pen­dances les plus ré­centes sont pu­re­ment for­melles, au point que même un État comme la Suisse qui n’ap­par­tient pas à l’Union Eu­ro­péenne, voit sa sou­ve­rai­neté mise à mal, sur la ques­tion ban­caire par exemple par la com­mu­nauté in­ter­na­tio­nale. Nous sommes, et c’est un truisme de le dire, dans des mondes in­ter­dé­pen­dants, une éco­no­mie mon­dia­li­sée, où ce qui s’est passé au fin fond de l’Ohio ou de la Ca­li­for­nie, a di­rec­te­ment af­fecté, qua­si­ment ins­tan­ta­né­ment l’em­ploi des fi­nan­ciers bri­tan­niques, le lo­ge­ment du jeune tra­vailleur an­da­lous, ou la re­traite par ca­pi­ta­li­sa­tion des classes moyennes y com­pris hel­vé­tiques

• j’irais jus­qu’à dire que plus l’idée d’in­dé­pen­dance for­melle re­cule, que les fron­tières s’es­tompent, plus la no­tion d’em­po­werment, d’au­to­no­mi­sa­tion des ter­ri­toires, est né­ces­saire, pour faire contre­poids à des gou­ver­ne­ments phy­si­que­ment éloi­gnés comme l’Union Eu­ro­péenne.

C’est la no­tion de pou­voirs et de contre-pou­voirs, de “check and ba­lances”.

36)
To­TheEnd
, le 06.05.2010 à 17:28

Jus­qu’à main­te­nant la conver­sa­tion était éclai­rée et cour­toise. Un mo­dèle d’in­tel­li­gence col­lec­tive.

Mmmhhh… les in­ter­ven­tions louaient le ca­ma­rade F qui a fait un très bon bou­lot, je l’ai aussi dit en pre­mière par­tie. Le lien que je donne fait ré­fé­rence à une étude scien­ti­fique et c’est le CI qui en pu­blie un ré­sumé… je n’ai pas l’im­pres­sion que le Pu­blico ait des jour­na­listes gé­né­ti­ciens dans ses rangs… d’ailleurs, dire jour­na­liste c’est déjà une grosse es­cro­que­rie de nos jours.

Bref, di­vor­cer à l’amiable est quelque chose de “nor­mal” à l’échelle de 2 per­sonnes… vou­loir par­ta­ger un pays en deux parce que deux com­mu­nau­tés ne s’en­tendent plus à cause de lea­ders po­li­tiques qui exa­cerbent les ten­sions, c’est un autre pro­blème à mon humble avis.

Si de­main des po­li­ti­ciens vou­laient l’au­to­no­mie de la Ro­man­die en tant que na­tion, je trou­ve­rais ça tout aussi pri­mi­tif.

Notre salut vien­dra de sa­voir vivre en­semble, pas de vivre sé­pa­ré­ment ou re­clus sur soi-même.

T

37)
Fran­çois Cuneo
, le 06.05.2010 à 19:42

J’ai enfin pu lire ton ar­ticle (vous com­pren­drez de­main).

Un seul mot Franck, merci!

38)
iker
, le 06.05.2010 à 20:21

TTE

Il y a des can­tons mixtes, comme Berne, Fri­bourg ou le Va­lais me semble-t-il.

Il me sem­blait que les can­tons de Vaud, Ge­nève, du Jura, de Neu­châ­tel ont déjà leur au­to­no­mie, une des plus avan­cée d’Eu­rope même ? et que ton pays n’était consti­tué que d’au­to­no­mies. C’est un État fé­dé­ral non ? vous avez changé de ré­gime de­puis un an ? ça m’avait échappé ! ;->

39)
Hervé
, le 06.05.2010 à 20:41

Ra­me­ner les dé­sirs d’au­to­no­mie, voire d’in­dé­pen­dance uni­que­ment à des ques­tions gé­né­tiques, re­li­gieuses ou lin­guis­tiques, c’est avoir une bonne mé­con­nais­sance his­to­rique. Je ne par­le­rai pas de la Bel­gique pour ne pas in­ter­fé­rer sur le pro­chain ar­ticle de Frank, mais pre­nons un autre exemple assez proche de nous : l’Ir­lande.

Pas de pro­blème gé­né­tique : les Ir­lan­dais, Ecos­sais et An­glais ne dif­fèrent guère gé­né­ti­que­ment.
La langue : c’est vrai que le gaé­lique est en­core pré­sent, mais n’a pas été une cause de la scis­sion.
La re­li­gion : c’est celle qu’on in­voque le plus sou­vent et peut-être s’ap­plique-t-elle en­core à la par­tie Nord.

Mais ce qui a mo­tivé la longue lutte ir­lan­daise pour une in­dé­pen­dance ob­te­nue en 1929, c’est : – les pe­tits mas­sacres de Crom­well au 17e siècle
– les spo­lia­tions des terres au 18e siècle
– la grande fa­mine du 19e siècle pro­vo­quée par les ré­qui­si­tions an­glaises

Quand un peuple se sent brimé, spo­lié (ma­té­riel­le­ment ou cultu­rel­le­ment), il de­vient vite “pri­mi­tif”

40)
To­TheEnd
, le 06.05.2010 à 22:31

et que ton pays n’était consti­tué que d’au­to­no­mies. C’est un État fé­dé­ral non ? vous avez changé de ré­gime de­puis un an ?

D’abord, ce n’est pas vrai­ment mon pays même si tech­ni­que­ment par­lant, c’est un de mes pas­se­ports. Tou­te­fois, dans mon âme ou es­prit, j’y vis, c’est tout. Je me sens plus proche du “monde” que d’un pays.

Mais je te ras­sure, le ré­gime de ce pays n’a pas changé alors qu’il fau­drait ou qu’il au­rait tout in­té­rêt à chan­ger! Au­jour­d’hui, les can­tons se font une guerre éco­no­mique stu­pide et com­plè­te­ment contre pro­duc­tive. Je ne parle même pas des mil­liers d’em­plois qui sont à double ou triple…

Ra­me­ner les dé­sirs d’au­to­no­mie, voire d’in­dé­pen­dance uni­que­ment à des ques­tions gé­né­tiques, re­li­gieuses ou lin­guis­tiques, c’est avoir une bonne mé­con­nais­sance his­to­rique.

On ne re­mer­ciera ja­mais assez les an­ciens pour édu­quer cette jeu­nesse dé­cé­ré­brée et to­ta­le­ment in­culte.

Les Ber­nois ont en­vahi Vaud il y a plus de 200 ans… j’ima­gine qu’il y a eu quelques morts et quelques pro­blèmes… et alors? Est-ce que ça vou­drait dire qu’au­jour­d’hui ces deux can­tons ne pour­raient pas fu­sion­ner? Est-ce que ça vou­drait dire qu’il faut cre­ver les pneus de toutes les voi­tures ber­noises qu’on croise en ville? Et la fu­sion de Vaud-Ge­nève, pour­quoi est-ce qu’elle n’au­rait pas de sens?

J’avais écrit sur le sujet en 2004 et pour moi, dans ce genre de conflit lin­guis­tique, on fe­rait bien mieux d’im­po­ser une langue étran­gère comme l’An­glais ou même le Chi­nois au ni­veau na­tio­nal tout en gar­dant ré­gio­na­le­ment les langues lo­cales plu­tôt que de vou­loir for­cer une ou plu­sieurs langues ré­gio­nales aux autres.

Mais voyons ce qui va ar­ri­ver dans le troi­sième volet de cette aven­ture… pour voir à quel point on peut être pri­mi­tif pour des rai­sons qui me dé­passent com­plè­te­ment mais qui au ni­veau élec­to­ral valent as­su­ré­ment leur pe­sant de ca­ca­huètes…

T

41)
Hervé
, le 06.05.2010 à 22:48

@ TTE Dé­ci­dé­ment tu ne te dé­par­ti­ras ja­mais de ton grand amour pour moi :-))

Alors, laisse à l’an­cien le soin de t’ap­prendre quelque chose sur TON his­toire (pas la mienne) : Les Ber­nois n’ont pas en­vahi le can­ton de Vaud il y a 200 ans, mais ils l’ont piqué au Duc de Sa­voie avec l’aide de la France en 1536, soit presque 500 ans. Il y a en­vi­ron 300 ans, ce fut l’épi­sode du Major Davel (un vrai pri­mi­tif ce­lui-là) et il y a 212 ans, Vaud de­ve­nait enfin pri­mi­tif en se li­bé­rant de la tu­telle ber­noise, grâce à Na­po­léon, en­core Buo­na­parte.

Mais je connais MON his­toire de Bel­gique un peu mieux que tu connais la tienne et le conflit Wal­lons-Fla­mands n’a pas uni­que­ment une source lin­guis­tique, comme a es­sayé de le dire Ver­schue­ren et d’autres et que Franck a, lui, par­fai­te­ment com­pris.

42)
fxc
, le 06.05.2010 à 22:54

Alors, laisse à l’an­cien le soin de t’ap­prendre quelque chose sur TON his­toire (pas la mienne) : Les Ber­nois n’ont pas en­vahi le can­ton de Vaud il y 200 ans, mais ils l’ont piqué au Duc de Sa­voie avec l’aide de la France en 1536, soit presque 500 ans. Il y a 300 ans, ce fut l’épi­sode du Major Davel (un vrai pri­mi­tif ce­lui-là) et il y a 212 ans, Vaud de­ve­nait enfin pri­mi­tif en se li­bé­rant de la tu­telle ber­noise.

A coté de cela BHV* c’est de la r…. de san­son­nets

*BHv ne veut pas dire bazar de l’ho­tel de ville mais bien ” Bruxelles, Halles, Vil­vorde” et là c’est vrai­ment le bazar.

43)
Hervé
, le 06.05.2010 à 23:02

A coté de cela BHV* c’est de la r…. de san­son­nets

Quand j’étais en­core en Bel­gique, le b…azar (on reste poli sur cuk), c’étaient les Fou­rons ! Pas loin de chez toi, si je ne m’abuse !

44)
To­TheEnd
, le 07.05.2010 à 00:08

Re­mets tes lu­nettes ou ar­rête de res­pi­rer des gaz la­cry­mo­gènes, j’ai dit plus de 200 ans. J’ai cité cette date uni­que­ment comme ré­fé­ren­tiel par rap­port à la créa­tion du can­ton… je sais que ça re­monte avant ta nais­sance mais il y a eu un épi­sode dra­ma­tique entre Vaud et Berne. Fi­gure toi que j’ai gardé un bou­quin d’his­toire sur Vaud qui m’a été remis en 1991… je cite:

—-

Le Pays de Vaud était stra­té­gi­que­ment im­por­tant ; les Confé­dé­rés vou­lurent stop­per le tran­sit des troupes ita­liennes qui tra­ver­saient les Alpes pour re­joindre l’ar­mée de Charles. Ils s’at­ta­quèrent d’abord aux pos­ses­sions d’une fa­mille bour­gui­gnonne vas­sale de la Sa­voie, les Cha­lon-Orange et s’em­pa­rèrent de Grand­son, d’Orbe, de Mon­ta­gny et d’Echal­lens en avril 1475. A l’est, les troupes ber­noises mirent la main sur Aigle et sur une par­tie du Cha­blais.

Une nou­velle conquête du Pays de Vaud: En oc­tobre 1475, les Confé­dé­rés dé­cla­rèrent la guerre à Jacques de Sa­voie, mas­sa­crèrent les gar­ni­sons des Clées et de La Sar­raz qui avaient ré­sisté, et oc­cu­pèrent les autres bourgs vau­dois qui ca­pi­tu­lèrent avant d’avoir été at­ta­qués. Au début de 1475, Jacques de Sa­voie réus­sit à re­prendre le Pays de Vaud aux oc­cu­pants.

Mais les dé­faites dé­ci­sives de Charles le Té­mé­raire à Grand­son (fé­vrier 1476) et Morat (juin 1476) en­traî­nèrent une nou­velle conquête du Pays de Vaud. Le pays tout en­tier fut dé­vasté et les vain­queurs le ran­çon­nèrent lour­de­ment. La du­chesse de Sa­voie s’était rap­pro­chée du Té­mé­raire, dé­ci­sion lourde de consé­quences. Les Ber­nois tou­te­fois ne purent ob­te­nir ce qu’ils de­man­daient, – l’en­tier du Pays de Vaud, le Cha­blais et Ge­nève -, leurs Confé­dé­rés ne dé­si­rant pas voir gran­dir la puis­sance ber­noise et Louis XI pro­té­geant les in­té­rêts de son neveu le duc de Sa­voie. La du­chesse Yo­lande ré­cu­péra contre une forte ran­çon le Pays de Vaud. Berne conserva une par­tie de ses conquêtes, les man­de­ments d’Aigle, d’Ol­lon, de Bex et des Or­monts. Avec Fri­bourg, elle garda Orbe, Echal­lens, Mon­ta­gny-sur-Yver­don, Grand­son et Morat qui de­vinrent des bailliages com­muns des deux can­tons suisses

Ainsi donc, les guerres de Bour­gogne, qui mar­quèrent pour les Can­tons suisses l’apo­gée de leur gloire mi­li­taire et le début d’une po­li­tique eu­ro­péenne, furent pour les ducs de Sa­voie un coup fatal porté à leurs pos­ses­sions au nord du Léman et pour les ha­bi­tants du Pays de Vaud sy­no­nymes de dé­so­la­tion et de ruines. Bien plus, elles furent pour les Ber­nois et les Fri­bour­geois l’oc­ca­sion de s’im­plan­ter au cœur du pays.

—-

Dé­solé à F d’avoir un peu pourri les com­men­taires… mais Hervé tra­verse une phase dif­fi­cile en Grèce…

T

45)
Hervé
, le 07.05.2010 à 07:12

Ce qui a pourri les com­men­taires c’est

Le pre­mier fléau de l’hu­ma­nité c’est d’ex­pri­mer à l’autre “tes convic­tions sont fausses, seules les miennes comptent, et comme je n’ai pas envie d’ar­gu­men­ter et je vais te les im­po­ser par l’in­vec­tive ou par la force”.

Et ta par­faite connais­sance des pro­blèmes com­mu­nau­taires belges ! Sans ou­blier les Thi­bé­tains, Ca­ta­lans, Ko­so­vars et ces pri­mi­tifs Ukrai­niens, Bié­lo­russes et Géor­giens (et j’en passe) qui ont quitté la Sainte Rus­sie. Quant aux Is­raé­liens et Pa­les­ti­niens, ils n’ont qu’à tous de­ve­nir boud­dhistes et par­ler chi­nois et le pro­blème sera ré­solu.

46)
To­TheEnd
, le 07.05.2010 à 10:12

Quel réa­lisme, com­paré des pays en guerre (au sens lit­té­ral) avec la Bel­gique ac­tuelle…

T

47)
dpesch
, le 07.05.2010 à 10:26

Je vais m’adres­ser à toi, Franck, mais aussi à vous tous (for­cé­ment !). Ce qui ex­plique ce mé­lange ha­sar­deux de “tu” et de “vous”. Je vous de­mande d’avance de me par­don­ner pour cet “effet de style”…

Tout d’abord, je veux sa­luer, comme d’autres ici, les qua­li­tés de ton ar­ticle, no­tam­ment une ré­dac­tion soi­gnée et une très bonne li­si­bi­lité. Mais, tu le sou­lignes toi-même, il est bref et ne peut être com­plet.

J’ai­me­rais y faire quelques ajouts qui je l’es­père éclai­re­ront, si c’est pos­sible, le débat.

Tout d’abord j’ai­me­rais pré­ci­ser que ce que Jules César ap­pe­lait Gal­lia Bel­gica s’éten­dait au sud d’une ligne al­lant de Bou­logne à Co­logne (cette ligne que tu in­dique sur la pre­mière carte qui illustre ton ar­ticle et qui pas­sait par Ba­vais et qui suit assez fi­dè­le­ment et à quelques ex­cep­tions près l’ac­tuelle fron­tière lin­guis­tique). Au nord de cette ligne, Jules nous dit que c’est la “Ger­ma­nia In­fe­rior”. L’his­toire com­mune des peuples ac­tuels de la Bel­gique ne com­mence donc pas à cette époque.

Plus tard, tu l’in­diques avec rai­son, les com­tés, duché et prin­ci­pauté di­vers conti­nuent de se si­tuer de part et d’autre de cette même ligne. Tou­jours pas d’his­toire com­mune.

La pre­mière “uni­fi­ca­tion” se fait par la force sous l’oc­cu­pa­tion es­pa­gnole. A cette époque l’élite s’ex­prime plu­tôt en latin qui est la langue vé­hi­cu­laire de l’époque, comme l’an­glais au­jour­d’hui. De­puis le moyen âge, les noms propres sont la­ti­ni­sés (Erasme : De­si­de­rius Eras­mus Ro­te­ro­da­mus, Geh­rard Kre­mer : Mer­ca­tor, An­dries van Wesel : An­dreas Ve­sa­lius (André Vé­sale), etc…) et pen­dant la Re­nais­sance, c’est le fran­çais (un fran­çais que nous pou­vons à peu près lire, mais qui, si l’on nous le par­lait comme à cette époque, nous se­rait la plu­part du temps in­com­pré­hen­sible) qui prend le re­lais.

Plus tard, comme tu le dis, les Fran­çais créent les pro­vinces.

Tu sou­lignes fort jus­te­ment l’échec de Guillaume d’Orange à uni­fier, en 1815, son pays avec ce qui de­vien­dra, pas plus de 15 ans plus tard, la Bel­gique. Pour des rai­sons po­li­tiques et re­li­gieuses, les “Belges” s’unissent pour bou­ter le Hol­lan­dais au nord (avec une aide sub­stan­tielle des Fran­çais, il faut le dire !).

C’est là qu’in­ter­vient un évé­ne­ment dont tu ne parles pas et qui est, à mon sens, pri­mor­dial : la Confé­rence de Londres. Là, se réunissent les grandes puis­sances de l’époque (Royaume-Uni, Au­triche-Hon­grie, Prusse, Rus­sie et France) qui dé­ci­de­ront du sort des pro­vinces qui se sont ex­clues des Pays-Bas. En 1831, un pre­mier traité sor­tira de cette confé­rence : le “Traité des XVIII Ar­ticles” qui est re­fusé par Guillaume d’Orange car il ex­clut des Pays-Bas le Lim­bourg et le Luxem­bourg qui sont in­té­grés à la fu­ture Bel­gique.

Je vous épargne les épi­sodes concer­nant le choix du sou­ve­rain. Il y eut, en effet, plu­sieurs can­di­dats. L’homme pro­vi­den­tiel est trouvé en la per­sonne de Léo­pold de Saxe-Co­bourg Gotha, can­di­dat des An­glais. Il est fi­na­le­ment choisi à condi­tion qu’il épouse la fille de Louis-Phi­lippe, Roi de France. Anec­dote : pour pou­voir épou­ser Louise d’Or­léans (et de­ve­nir, ac­ces­soi­re­ment, roi des Belges), Leo­pold Georg Chris­tian Frie­drich von Sach­sen-Co­burg-Saal­feld, duc de Saxe, prince de Saxe-Co­bourg-Go­tha, veuf de l’hé­ri­tière du trône d’An­gle­terre morte en couche, doit di­vor­cer d’une ac­trice, Ka­ro­line Bauer, qu’il a épousé en se­cret ! Ce prince réunit bien des atouts : il est al­le­mand, né à Co­bourg, en Ba­vière, il a servi le Tsar (Léo­pold a été nommé co­lo­nel de l’ar­mée im­pé­riale à 5 ans !) car il est le beau-frère du futur po­ten­tiel Tsar. Il sera bien­tôt le gendre du Roi de France. Au mo­ment de son ac­ces­sion au trône de Bel­gique, il se trouve en An­gle­terre où, suite à son veu­vage royal, il touche une pen­sion non né­gli­geable que la liste ci­vile an­glaise se pas­se­rait bien de lui ver­ser.

En 1839, un se­cond traité est signé à Londres : le “Traité des XXIV Ar­ticles”, qui sort le Lim­bourg et le Luxem­bourg de la Bel­gique pour les ré­in­té­grer aux Pays-Bas et in­dique entre autres que la Bel­gique sera un État per­pé­tuel­le­ment neutre sous la ga­ran­tie des cinq puis­sances. Sous ce vo­cable, les grandes puis­sances créent en réa­lité de toutes pièces un état tam­pon entre les An­glais, les Al­le­mands et les Fran­çais qui doit ga­ran­tir une paix du­rable… On sait ce qu’il en ad­vien­dra ! Étant don­née sa neu­tra­lité im­per­méable (contrai­re­ment à celle de la Suisse qui est dite per­méable), la pe­tite Bel­gique sera par trois fois obli­gée de se dé­fendre de­vant “l’ogresque” en­nemi venu de l’Est. L’Etat tam­pon se trans­forme alors en champs de ba­taille, ce qu’il fût déjà à de nom­breuses re­prises pré­cé­dem­ment (rap­pe­lez-vous , entre autres, Wa­ter­loo).

Voilà com­ment est né ce pays im­pro­bable qu’est la Bel­gique.

Pour ce qui est de la suite de l’his­toire, tu la ra­contes très bien.

Un dé­tail ce­pen­dant : la carte qui montre l’évo­lu­tion de la fron­tière lin­guis­tique, lé­gen­dée en Néer­lan­dais, doit pro­ve­nir de re­cherches d’ori­gine fla­mande. Les noms des villes de Wal­lo­nie et du Nord de la France sont “fla­man­di­sées” (Ri­js­sel pour Lille, par exemple). Cela n’au­gure pas d’une grande ob­jec­ti­vité. D’autre part elle n’est pas très li­sible, pour­rais-tu nous en don­ner la source ? Je trouve que lorsque l’on évoque les lieux bi­lingues mais à ma­jo­rité fran­co­phone (Twee­ta­lig maar een Franse meer­de­rheid) et qu’on ne men­tionne pas les quelques com­munes des en­vi­rons de Bruxelles qui sont dans ce cas, ce n’est pas très hon­nête.

J’at­tends, comme nombre d’entre nous, la suite de ton ar­ticle qui tombe à pic puisque la Bel­gique vit ac­tuel­le­ment une crise ma­jeure dont elle aura du mal à se sor­tir sans de grands bou­le­ver­se­ments. Il faut sa­voir que pour des rai­sons com­plexes mais réelles (consti­tu­tion­nelles), cer­tains ma­gis­trats du nord vont très cer­tai­ne­ment de­man­der l’in­va­li­da­tion des élec­tions qui au­ront lieu en juin pro­chain. Et que des bourg­mestres fla­mands vont pro­ba­ble­ment re­fu­ser de les or­ga­ni­ser…

Voir :

Le Soir

Ecou­ter (pas­sez votre sou­ris sur les pe­tits por­traits du Pre­mier, c’est du flash) si vous avez 12:45 à y consa­crer :

RTBF – La Une

A bien­tôt,

Da­niel.

48)
Franck Pas­tor
, le 07.05.2010 à 14:15

Un dé­tail ce­pen­dant : la carte qui montre l’évo­lu­tion de la fron­tière lin­guis­tique, lé­gen­dée en Néer­lan­dais, doit pro­ve­nir de re­cherches d’ori­gine fla­mande. Les noms des villes de Wal­lo­nie et du Nord de la France sont “fla­man­di­sées” (Ri­js­sel pour Lille, par exemple). Cela n’au­gure pas d’une grande ob­jec­ti­vité. D’autre part elle n’est pas très li­sible, pour­rais-tu nous en don­ner la source ? Je trouve que lorsque l’on évoque les lieux bi­lingues mais à ma­jo­rité fran­co­phone (Twee­ta­lig maar een Franse meer­de­rheid) et qu’on ne men­tionne pas les quelques com­munes des en­vi­rons de Bruxelles qui sont dans ce cas, ce n’est pas très hon­nête.

J’avais trouvé et té­lé­chargé cette carte sur la ver­sion néer­lan­do­phone de Wi­ki­pé­dia, il y a déjà un bout de temps. De mé­moire on y ci­tait sa source, mais je ne l’ai mal­heu­reu­se­ment pas conser­vée (la source). Elle semble ne plus fi­gu­rer sur Wi­ki­pe­dia, mais je l’ai re­trou­vée ici (site néer­lan­dais qui dé­fend une autre théo­rie sur la nais­sance de la fron­tière lin­guis­tique que celle qui est gé­né­ra­le­ment ad­mise et que j’ai ex­po­sée plus haut). Je n’en ai pas trouvé l’au­teur.

Cette carte est-elle pour au­tant dis­cu­table ? Je l’ai in­sé­rée parce qu’elle cor­res­pon­dait par­fai­te­ment à ce que j’avais lu et en­tendu lire sur le sujet, et qu’elle le met­tait bien en image. No­tam­ment sur les poches his­to­riques de bi­lin­guisme éparses de ci – de là au­tour de la fron­tière lin­guis­tique. De plus, chaque dé­li­mi­ta­tion de la « taal­grens » est as­so­ciée à un nom pré­cis, no­tam­ment celui de Mau­rits Gys­se­ling, un lin­guiste re­connu, dont j’avais en­tendu par­ler.

Il faut faire at­ten­tion au fait que cette carte est en fait une sorte de jux­ta­po­si­tion de deux cartes avec deux lé­gendes dis­tinctes. L’une du nord de la France, s’ap­pelle « Evo­lu­tie van de taal­grens in Frans Vlaan­de­ren (évo­lu­tion de la fron­tière lin­guis­tique en Flandre fran­çaise). Celle-ci s’at­tache entre autres à re­cen­ser les zones ef­fec­ti­ve­ment bi­lingues de cette ré­gion. L’autre lé­gende concerne la « evo­lu­tie van de taal­grens in België » (évo­lu­tion de la fron­tière lin­guis­tique en Bel­gique), et celle-ci dé­crit non pas la ré­par­ti­tion ef­fec­tive ac­tuelle du bi­lin­guisme en Bel­gique, mais sa ré­par­ti­tion « of­fi­cielle ». Un choix fait pour mé­na­ger les sus­cep­ti­bi­li­tés ? Ou tout sim­ple­ment parce que les re­cen­se­ments lin­guis­tiques of­fi­ciels en Bel­gique sont in­ter­dits, sous pres­sion de la Flandre, de­puis les an­nées 50-60 ?

Par ailleurs, à peu près toutes mes images viennent de Wi­ki­pé­dia (fran­çais ou néer­lan­dais). Merci à lui ! Je compte citer com­plè­te­ment mes autres sources à la fin du troi­sième ar­ticle. Je peux déjà dire que les prin­ci­pales sont deux livres, l’un fran­co­phone, l’autre néer­lan­do­phone (tra­duit en fran­çais) : « Les éton­nantes ori­gines de la fron­tière lin­guis­tique », par Jean-Ma­rie Gil­let, éd. J.M. Col­let, et « Het Bel­gisch La­by­rinth / Le la­by­rinthe belge, par Geert Van Is­ten­dael, éd. « Le Cas­tor As­tral » pour la tra­duc­tion fran­çaise.

49)
dpesch
, le 07.05.2010 à 16:41

Il faut faire at­ten­tion au fait que cette carte est en fait une sorte de jux­ta­po­si­tion de deux cartes avec deux lé­gendes dis­tinctes. L’une du nord de la France, s’ap­pelle « Evo­lu­tie van de taal­grens in Frans Vlaan­de­ren (évo­lu­tion de la fron­tière lin­guis­tique en Flandre fran­çaise). Celle-ci s’at­tache entre autres à re­cen­ser les zones ef­fec­ti­ve­ment bi­lingues de cette ré­gion. L’autre lé­gende concerne la « evo­lu­tie van de taal­grens in België » (évo­lu­tion de la fron­tière lin­guis­tique en Bel­gique), et celle-ci dé­crit non pas la ré­par­ti­tion ef­fec­tive ac­tuelle du bi­lin­guisme en Bel­gique, mais sa ré­par­ti­tion « of­fi­cielle ». Un choix fait pour mé­na­ger les sus­cep­ti­bi­li­tés ? Ou tout sim­ple­ment parce que les re­cen­se­ments lin­guis­tiques of­fi­ciels en Bel­gique sont in­ter­dits, sous pres­sion de la Flandre, de­puis les an­nées 50-60 ?

De­puis la loi de 1963, plus exac­te­ment, cette loi qui fixe une bonne fois pour toute cette fron­tière lin­guis­tique et in­ter­dit les re­cen­se­ments lin­guis­tiques de­puis cette date.

Avant, un re­cen­se­ment lin­guis­tique avait lieu tous les dix ans et l’on re­mo­de­lait la fron­tière lin­guis­tique en fonc­tion des ré­sul­tats. Comme de plus en plus de fran­co­phones al­laient ha­bi­ter dans les com­munes fla­mandes des en­vi­rons de Bruxelles, la com­mu­nauté fla­mande per­dait à chaque fois des mor­ceaux de ter­ri­toire. Sans cette loi de 1963, les com­munes à ma­jo­rité fran­co­phone qui en­tourent au­jour­d’hui Bruxelles fe­raient par­tie de Bruxelles-Ca­pi­tale qui au­rait donc une fron­tière com­mune avec la Wal­lo­nie. C’est ce que re­ven­diquent ac­tuel­le­ment les par­tis fran­co­phones (du moins le dé­clarent-ils !) dans la né­go­cia­tion sur BHV.

Mais n’an­ti­ci­pons pas trop sur ton ar­ticle à venir.

Merci pour tes in­di­ca­tions bi­blio­gra­phiques. Je vais es­sayer de trou­ver ces livres que je connais pas à la bi­blio­thèque mu­ni­ci­pale, mais j’en doute… J’ha­bite Sète et pour les Sé­tois, la Bel­gique c’est dans l’arc­tique…

50)
In­connu
, le 07.05.2010 à 18:33

Les noms des villes de Wal­lo­nie et du Nord de la France sont “fla­man­di­sées” (Ri­js­sel pour Lille, par exemple). Cela n’au­gure pas d’une grande ob­jec­ti­vité.

Si le fait que les noms des villes sur une carte soient ins­crits dans la langue du do­cu­ment du­quel la carte est tirée est un cri­tère de par­tia­lité, je pense qu’on peut écar­ter 99% des cartes pu­bliées dans le monde. As-tu déjà vu beau­coup de cartes en fran­çais où Londres est écrit “Lon­don”? (pour l’anec­dote, il y a aussi une com­mune fla­mande dont le nom est Lille).

Sans cette loi de 1963, les com­munes à ma­jo­rité fran­co­phone qui en­tourent au­jour­d’hui Bruxelles fe­raient par­tie de Bruxelles-Ca­pi­tale qui au­rait donc une fron­tière com­mune avec la Wal­lo­nie.

Cette loi a fixé la fron­tière lin­guis­tique (et l’ap­par­te­nance ex­clu­sive d’une com­mune à un ré­gime lin­guis­tique) sans tenir compte des ma­jo­ri­tés lin­guis­tiques en place. Et en “échange” le concept des fa­ci­li­tés a été in­tro­duit par cette loi.

51)
dpesch
, le 07.05.2010 à 19:26

As-tu déjà vu beau­coup de cartes en fran­çais où Londres est écrit “Lon­don”?

Sur le net, j’en trouve pas mal. Mais dans le cas qui nous oc­cupe c’est une carte de la Bel­gique avec un petit bout de France et Via­Mi­che­lin dit bien Gent, Bruxelles-Brus­sel, Namur, Lille et Lon­don. Ce qui me semble frappé du bon sens. La carte dont nous par­lons est des­tiné à des lec­teurs néer­lan­do­phones et in­dique qu’une par­tie du Nord de la France parle le fran­çais et le néer­lan­dais (twee­ta­lig). Moi, je veux bien, mais les quelques an­ciens qui parle en­core un pa­tois plus ou moins proche du néer­lan­dais dans cette contrée, on doit pou­voir les comp­ter sans dif­fi­cul­tés avec quelques doigts de quelques mains.

Cette loi a fixé la fron­tière lin­guis­tique (et l’ap­par­te­nance ex­clu­sive d’une com­mune à un ré­gime lin­guis­tique) sans tenir compte des ma­jo­ri­tés lin­guis­tiques en place. Et en “échange” le concept des fa­ci­li­tés a été in­tro­duit par cette loi.

Nous ver­rons, suite au pro­chain ar­ticle de Franck, en quoi consis­tait l’échange, qui en dé­ci­dât et ce que sont de­ve­nues ces “fa­ci­li­tés” de nos jours !

52)
In­connu
, le 07.05.2010 à 21:43

Sur le net, j’en trouve pas mal. Mais dans le cas qui nous oc­cupe c’est une carte de la Bel­gique avec un petit bout de France et Via­Mi­che­lin dit bien Gent, Bruxelles-Brus­sel, Namur, Lille et Lon­don. Ce qui me semble frappé du bon sens.

Sur le net c’est vrai que c’est la règle, mais le net est mal­heu­reu­se­ment l’ex­cep­tion. Sur les cartes dans la presse écrite, les atlas, la télé, les pan­neaux rou­tiers, la norme est plu­tôt de mettre les noms dans la langue du “canal de dif­fu­sion” (ça a même d’ailleurs un côté ri­di­cule, je trouve, car en plus ça ne cor­res­pond pas tou­jours à la pra­tique orale).

Pour ce qui est du dia­lecte néer­lan­dais en France, ça m’a in­tri­gué, et d’après wi­ki­pe­dia, il y en au­rait en­core 20000 qui le pra­tiquent quo­ti­dien­ne­ment et 40000 oc­ca­sion­nel­le­ment. Mais ils étaient en­core ma­jo­ri­taires dans les an­nées 70 (date la plus ré­cente in­di­quée sur la carte), en tous cas pour la pré­fec­ture de Dun­kerque (ce qui colle avec la carte)

53)
two
, le 08.05.2010 à 01:12

De tous les peuples de la gaule… Cette ci­ta­tion qui a été re­mise au gout du jour au mo­ment de l’in­dé­pen­dance de la Bel­gique est in­com­plète,… car à l’ori­gine pas aussi élo­gieuse pour les “belges” que ce que l’on peut pen­ser… Et de belges cités par César, un tiers seule­ment cor­res­pond au ter­ri­toire oc­cupé ac­tuel­le­ment par le royaume de Bel­gique : http://​fr.​wikipedia.​org/​wiki/​Horum_​omnium_​fortissimi_​sunt_​Belgae

54)
Hervé
, le 08.05.2010 à 07:56

De tous les peuples de la gaule… Cette ci­ta­tion qui a été re­mise au gout du jour au mo­ment de l’in­dé­pen­dance de la Bel­gique est in­com­plète,… car à l’ori­gine pas aussi élo­gieuse pour les “belges” que ce que l’on peut pen­ser… Et de belges cités par César, un tiers seule­ment cor­res­pond au ter­ri­toire oc­cupé ac­tuel­le­ment par le royaume de Bel­gique : http://​fr.​wikipedia.​org/​wiki/​Horum_​omnium_​fortissimi_​sunt_​Belgae

Ma ci­ta­tion n’était qu’une bou­tade, mais les com­men­taires ne per­mettent pas d’ajou­ter des smi­leys :-D.

55)
Fi­loir
, le 09.05.2010 à 19:24

Comme l’a fait re­mar­quer très à pro­pos Droopy plus haut, il manque un cha­pitre im­por­tant dans l’his­toire de la brouille belge: la pre­mière guerre mon­diale, qui a per­mis de mon­trer que les classes su­pé­rieures par­laient fran­çais, y com­pris à des trou­fions fla­mands qui n’avaient pas la chance de les com­prendre. Une rage ven­ge­resse s’en est sui­vie, ma­té­ria­li­sée par l’érec­tion de la tour de l’Yser, dy­na­mi­tée par des “vrais belges” après la se­conde guerre mon­diale, elle-même mar­quée par une col­la­bo­ra­tion avec le voi­sin ger­ma­nique net­te­ment plus im­por­tante en Flandre. Pas grave, les Fla­mands ont donc construit une nou­velle tour de l’Yser, deux fois plus grande, de­ve­nue point de ren­contre tra­di­tion­nel des ex­tré­mistes du nord, par­fois très très bruns…

Bonne chance pour par­ler des “fa­ci­li­tés” dans le pro­chain cha­pitre. C’est tout sauf fa­cile.

PdF

56)
zit
, le 10.05.2010 à 16:09

Merci, Franck, très in­té­res­sant ar­ticle.

Et de quand date l’an­nexion de la France par la Bel­gique ?

bin oui, quand on achète n’im­porte quel pro­duit en grande sur­face en ré­gion pa­ri­sienne (pa­pier toi­lette, eau mi­né­rale, pro­duits d’en­tre­tien –c’est à peu près tout ce que j’y achète– ), les éti­quettes sont toutes bi­lingues fran­çais/fla­mand, et ça m’agace !

z (déjà que j’ai du mal avec les grandes sur­faces, je ré­pêêêêêêêêêêêête : notez que je n’ai rien contre le fla­mand, hein…)

57)
PE­Cour­te­joie
, le 01.06.2010 à 08:45

Je re­viens sur cet ar­ticle grâce à la vi­tesse re­trou­vée du site pour re­mer­cier Frank Pas­tor, et me de­man­der si l’on ne va pas de­voir faire un Cuk Day à Tour­nai, car j’y ha­bite éga­le­ment!

58)
Mé­dard
, le 27.06.2010 à 20:26

Merci pour ce très in­té­res­sant ar­ticle ! Quoique fron­ta­lier (et de la Flandre) je n’ai ja­mais très bien com­pris la ques­tion lin­guis­tique belge ;-)