Her­schel et Planck vont s’en­voyer en l’air avec Ariane…

In­tro­duc­tion

Alors que le CERN se débat pour faire fonc­tion­ner son énorme an­neau à re­froi­dir les bois­sons de son per­son­nel dans un trou noir, il vient d'an­non­cer pour la troi­sième fois une nou­velle date pour la re­lance de son LHC en sep­tembre 2009. Si tout va bien, les pre­mières col­li­sions au­ront lieu le mois sui­vant... on verra bien si les pre­miers ré­sul­tats pré­vus pour 2010 ap­por­te­ront des ré­ponses aux scien­ti­fiques.

Pen­dant ce temps-là, deux nou­veaux sa­tel­lites de re­cherche se­ront lan­cés. Ils pro­mettent d'ap­por­ter des ré­ponses à des ques­tions fon­da­men­tales que les scien­ti­fiques se posent... enfin, jus­qu'aux pro­chaines ques­tions.

Deux sa­tel­lites pour un lan­ceur

Si tout va bien, le 16 avril 2009 l'Eu­ro­pean Space Agency met­tra sur or­bite deux nou­veaux sa­tel­lites grâce son plus im­por­tant lan­ceur: l'Ariane 5 ECA. Les deux sa­tel­lites se­ront pla­cés au même en­droit, soit le se­cond point La­grange (L2). Cette zone si situe à en­vi­ron 1.5 mil­lions de ki­lo­mètres de la Terre.

Les cinq points La­grange (le so­leil est au centre)

Le pre­mier sa­tel­lite bap­tisé Her­schel est un té­les­cope spa­tial et son com­pa­gnon de route, Planck, a été construit pour me­su­rer le rayon­ne­ment cos­mique.

Comme beau­coup de sa­tel­lites de re­cherche, il aura fallu une di­zaine d'an­nées pour conce­voir, as­sem­bler et en­voyer dans l'es­pace ces pe­tits conden­sés de tech­no­lo­gie.

Quand je dis petit, il faut que je nuance mes pro­pos... le sa­tel­lite Her­schel et Planck pèsent res­pec­ti­ve­ment 3.3 tonnes et 1.9 tonne au dé­col­lage. Ci-des­sous, une illus­tra­tion avec les deux sa­tel­lites dans la coiffe d'Ariane:

Au-des­sus c'est Her­schel et au-des­sous c'est Planck

Vu la masse, qu'est-ce que ces sa­tel­lites vont em­bar­quer comme ins­tru­ments? Et pour ré­pondre à quelles ques­tions? En at­ten­dant le lan­ce­ment, je vous pro­pose un tour d'ho­ri­zon.

Her­schel

Ce sa­tel­lite porte le nom du cé­lèbre as­tro­nome et com­po­si­teur William Her­schel. On lui doit no­tam­ment la dé­cou­verte de la pla­nète Ura­nus en 1781 ainsi que des ondes in­fra­rouges en 1800. Ce té­les­cope spa­tial bé­né­fi­cie du plus grand mi­roir (3.5 mètres) ja­mais construit pour fonc­tion­ner dans l'es­pace et grâce à ses ins­tru­ments, il per­met­tra d'ob­ser­ver l'uni­vers dans un une gamme de fré­quences par­ti­cu­lière: in­fra­rouge et sub­mil­li­me­trique.

Le sa­tel­lite me­sure 7.5 mètres de haut et re­pose sur un dia­mètre d'en­vi­ron 4.3 mètres. Fon­da­men­ta­le­ment, en plus de son mi­roir, le sa­tel­lite est équipé de 3 ins­tru­ments qui opèrent à dif­fé­rentes fré­quences:

  • Pho­to­con­duc­tor Array Ca­mera and Spec­tro­me­ter (PACS)
  • Spec­tral and Pho­to­me­tric Ima­ging RE­cei­ver (SPIRE)
  • He­te­ro­dyne Ins­tru­ment for Far-In­fra­red (HIFI)

Ci-des­sous, une illus­tra­tion qui per­met de com­prendre dans quelle gamme de fré­quences cha­cun de ces ins­tru­ments ob­serve:

Image ap­par­te­nant au CNES

Pour bien fonc­tion­ner, l'en­semble des ins­tru­ments doit être main­tenu à des tem­pé­ra­tures très basses (2 K ou -271 C) pour ne pas al­té­rer les ob­ser­va­tions. Les ins­tru­ments sont main­te­nus à ces tem­pé­ra­tures grâce à un cryo­stat conte­nant 2'367 litres d'hé­lium.

Bien sûr, ces ins­tru­ments ne fonc­tionnent pas seuls. Ils re­çoivent la lu­mière au tra­vers d'un mi­roir qui a été spé­cia­le­ment fa­bri­qué pour l'oc­ca­sion (donc peu de chance d'avoir un mi­roir comme ça à la mai­son!):

Un mi­roir "par­fait" de 3.5 mètres de dia­mètre

Pour se rendre compte du pro­grès réa­lisé en terme de taille, il faut sa­voir que ce mi­roir est bien plus grand que celui du cé­lèbre té­les­cope spa­tial Hubble:

De gauche à droite: Hubble, Her­schel et James Webb

De­puis 1990, Hubble était le plus grand té­les­cope spa­tial avec un mi­roir de 2.4 mètres. Tou­te­fois, avec ses 3.5 mètres, Her­schel pro­met de voir plus loin et sur­tout, dans une gamme de fré­quences ja­mais ob­ser­vée jus­qu'ici. A droite, le gi­gan­tesque té­les­cope spa­tial James Webb de la NASA qui ne sera pas lancé avant 2013.

Pour­quoi vou­loir ob­ser­ver dans cette gamme de fré­quences?

Parce que hu­mai­ne­ment par­lant, notre oeil ne voit rien dans cette plage et d'ex­pé­rience, on sait que ce n'est pas parce qu'on ne voit rien à l'oeil nu qu'il ne se passe rien...

Des images sont tou­jours plus par­lantes que des mots. Ci-des­sous, une com­po­si­tion de pho­tos prises par Hubble:

A 7'000 an­nées lu­mières de nous, une pé­pi­nière d'étoiles (Eagle ne­bula)

Cette photo est très connue et je sup­pose que cer­tains d'entre-vous l'on déjà vue. Tou­te­fois, ce que peu de gens ont vu, c'est la même photo prise avec des ca­mé­ras in­fra­rouges. Ci-des­sous, une com­pa­rai­son de cette image dans dif­fé­rentes fré­quences:

A. Photo nor­male...
B. Photo en in­fra­rouge proche (1-2µm)
C. Photo en in­fra­rouge moyen-loin­tain (7µm)
D. Photo en in­fra­rouge loin­tain (50µm)

Comme on peut le voir, ces pho­to­gra­phies ap­portent une autre vi­sion des évé­ne­ments qui se dé­roulent au sein de ces amas de gaz.

"Très bien" me di­rez-vous, "Mais qu'est-ce qu'on veut trou­ver?"

C'est un peu comme d'ha­bi­tude, on veut com­prendre l'his­toire des étoiles et des ga­laxies qui nous en­tourent, y com­pris la nôtre. Dans cette quête per­pé­tuelle de com­prendre notre uni­vers, nul doute que nous trou­ve­rons quelques ré­ponses... qui lais­se­ront la place à des cen­taines d'autres ques­tions!

L'en­semble du sa­tel­lite une fois dans l'es­pace

Après le lan­ce­ment, il fau­dra at­tendre en­vi­ron 6 mois pour que le sa­tel­lite re­joigne le se­cond point La­grange (L2) et com­mence ses ob­ser­va­tions.

Planck

Comme d'ha­bi­tude, ce sa­tel­lite porte le nom d'un scien­ti­fique connu: Max Planck. Ce phy­si­cien a ob­tenu une série de prix pour ses re­cherches et en par­ti­cu­lier sur ses tra­vaux sur la loi spec­trale du rayon­ne­ment en 1900... qui porte dé­sor­mais son nom: la loi de Planck.

Les ob­jec­tifs de cette mis­sion sont im­por­tants et si elle se passe comme prévu, elle de­vrait ap­por­ter des ré­ponses à des ques­tions fon­da­men­tales comme:

  • Est-ce que notre uni­vers est en ex­pan­sion ou est-il en train de se contrac­ter?
  • Quel est l'âge de l'uni­vers?
  • Quel est la na­ture de la ma­tière noire?
  • Quel est la na­ture de l'éner­gie noire?

A la lec­ture de ces ques­tions, on se rend im­mé­dia­te­ment compte que la res­pon­sa­bi­lité de ce "petit" sa­tel­lite est énorme... et pour­tant avec une hau­teur de 4.2 mètres sur un dia­mètre de 4.2 mètres, il doit dé­par­ta­ger la com­mu­nauté scien­ti­fique sur bien des points.

Si vous sui­vez un peu l'ac­tua­lité scien­ti­fique, cer­taines de ces ques­tions vous pa­rais­saient tran­chées de­puis long­temps et j'avais même très briè­ve­ment parlé de la ma­tière noire il y a 2 ans.

C'est vrai mais le pro­blème c'est qu'il existe plu­sieurs théo­ries et ob­ser­va­tions contra­dic­toires. Le but est donc de ten­ter de confir­mer cer­taines de ces théo­ries.

Mais com­ment va-t-on ob­te­nir des ré­ponses à ces ques­tions?

En­core une fois, le sa­tel­lite est équipé d'ins­tru­ments pour étu­dier le rayon­ne­ment cos­mique et ils sont au nombre de deux:

  • Low Fre­quency Ins­tru­ment (LFI) de 27-77 GHz
  • High Fre­quency Ins­tru­ment (HFI) de 83-1'000 GHz

Pour mieux com­prendre le fonc­tion­ne­ment de ce sa­tel­lite, je vous pro­pose une pe­tite illus­tra­tion:

Elé­va­tion du sa­tel­lite Planck

Comme on peut le voir, le mi­roir de 1.5 mètre de dia­mètre ré­flé­chit les rayons cos­miques dans un se­cond mi­roir avant de pas­ser au tra­vers des deux ins­tru­ments.

Très som­mai­re­ment, le LFI qui fonc­tionne à 20 K ou -253 C conver­tira les mi­cro-ondes de basse éner­gie en élec­tri­cité. Par contre, le HFI qui fonc­tionne à 18 K ou -253 C conver­tira les mi­cro-ondes de haute éner­gie en cha­leur qui sera me­su­rée par un petit ther­mo­mètre élec­trique. Ces deux ins­tru­ments per­met­tront de trai­ter des mi­cro-ondes d'une lon­gueur d'onde de 25 GHz à 1 THz.

Grâce à l'illus­tra­tion sui­vante, on peut aper­ce­voir les "ré­cep­teurs" du LFI et HFI:

Les deux ins­tru­ments par­tagent le même mi­roir

Ce sa­tel­lite n'est pas le pre­mier de ce type... mais grâce à ses ins­tru­ments en­core plus per­for­mants, il de­vrait être beau­coup plus pré­cis que ses pré­dé­ces­seurs.

Pour­quoi faire?

Au-delà de ré­pondre aux ques­tions men­tion­nées plus haut, il doit no­tam­ment mettre à jour la carte du "fond dif­fus cos­mo­lo­gique". Ci-des­sous, un his­to­rique de la car­to­gra­phie du rayon­ne­ment fos­sile au fil des dif­fé­rentes ob­ser­va­tions:

Les prin­ci­pales cartes de 1965 à 2003

En 2008, le sa­tel­lite Wil­kin­son Mi­cro­wave Ani­so­tropy Probe (WMAP) offre une nou­velle carte à la com­mu­nauté scien­ti­fique:

Le WMAP offre une image beau­coup plus pré­cise

Entre 2003 et 2008, des ob­ser­va­tions com­plé­men­taires ont per­mis de mettre à jour la carte et confir­mer un point: la tem­pé­ra­ture moyenne de notre uni­vers est de 2.725 K ou -270.425 C... et vous vou­lez sa­voir la dif­fé­rence entre les points bleus (froid) et rouge (chaud)? C'est 0.0002 degré Kel­vin!!!

Ce sa­tel­lite pro­met de faire mieux...

Conclu­sions

L'ESA avec cette double mis­sions de­vrait faire un re­tour au pre­mier plan dans la re­cherche spa­tiale.

Tou­te­fois, cette mis­sion com­porte un risque ma­jeur: l'ESA va pro­pul­ser les deux sa­tel­lites en même temps à bord du même lan­ceur! En cas de pro­blème, il y a donc un risque de perdre les deux mis­sions en même temps.

Par exemple, hier, la NASA a es­sayé d'en­voyer le sa­tel­lite Or­bi­ting Car­bon Ob­ser­va­tory à bord d'une fusée Tau­rus. Mal­heu­reu­se­ment pour la com­mu­nauté scien­ti­fique, le lan­ceur a connu un pro­blème et le sa­tel­lite de USD 270 mil­lions est perdu... ainsi que les ré­ponses qu'il au­rait pu nous ap­por­ter sur un pro­blème ma­jeur: le taux de di­oxyde de car­bone (CO2) dans le monde.

Bien sûr, Ariane jouit d'un ex­cellent pour­cen­tage de tirs réus­sis et les as­su­rances peuvent rem­bour­ser les mis­sions. Tou­te­fois, cha­cune de ces mis­sions a de­mandé 10 ans entre l'idée et le lan­ce­ment. D'un point de vue tech­no­lo­gique, re­cons­truire à l'iden­tique ces exem­plaires se­rait pro­ba­ble­ment une perte de temps et d'ar­gent.

Sur ce der­nier point, il faut sa­voir que les coûts sont de 1.1 mil­liard d'euro pour Her­schel et 600 mil­lions d'euro pour Planck! Pour ce prix, j'au­rais aimé qu'on puisse pro­fi­ter de ces sa­tel­lites plus long­temps... en effet, pour le pre­mier, c'est une mis­sion qui ne de­vrait pas durer plus de 3 ans et pour le se­cond, c'est 15 mois!

Ces "faibles" du­rées de vie sont liées à la ré­serve de "car­bu­rant" pour main­te­nir les ins­tru­ments à très basse tem­pé­ra­ture... si d'aven­ture ces sa­tel­lites de­vaient nous ap­por­ter des ré­ponses ex­tra­or­di­naires, il sera pra­ti­que­ment im­pos­sible de les ré­cu­pé­rer pour re­faire un "plein"... c'est dom­mage mais j'ima­gine qu'il fal­lait faire un choix entre l'au­to­no­mie, l'en­com­bre­ment et la masse.

Enfin, c'est avec des mis­sions de ce genre que l'hu­ma­nité avance dans sa com­pré­hen­sion de l'uni­vers et donc de notre pré­sence sur Terre. A l'in­verse, les mis­sions ha­bi­tées ne servent qu'à ré­pondre fa­vo­ra­ble­ment à l'ego dé­me­suré de l'être hu­main dans la conquête de son en­vi­ron­ne­ment.

T

41 com­men­taires
1)
Jé­ré­mie
, le 25.02.2009 à 00:33

Bel ar­ticle, bravo!

Je n’ai pas cli­qué sur tous les liens que tu donnes (il est mi­nuit et demi!…), mais je me pose quand même cette ques­tion : pour­quoi le deuxième point de La­grange? Je com­prend l’in­té­rêt des points de La­grange, mais pour­quoi choi­sir spé­ci­fi­que­ment le deuxième? J’ima­gine que les points 3, 4 et 5 sont trop loins, mais quid du nu­méro 1?

2)
eri­ma­crib
, le 25.02.2009 à 01:41

Fran­che­ment, vous pou­vez conti­nuer, je suis pour à 100%, in­croyable ce que vous avez pu col­lec­ter là.

3)
pter
, le 25.02.2009 à 02:31

merci pour l’hu­meur TTE, tres in­ter­res­sant!

4)
tom­cat
, le 25.02.2009 à 03:20

@Jé­ré­mie Les cinq points de La­grange sont les po­si­tions où l’at­trac­tion gra­vi­ta­tion­nelle de deux masses (la terre et le so­leil en l’oc­cur­rence) s’équi­librent, ce qui fait que tout objet (sa­tel­lite) po­si­tionné à l’un de ces point res­tera im­mo­bile par rap­port au sys­tème de ré­fé­rence (terre & so­leil). J’es­père avoir ex­primé la chose sans dire de sot­tise…

En tout cas, merci pour cet ar­ticle.

Texte

5)
El­lipse
, le 25.02.2009 à 03:35

@je­re­mie

re­gardes ou se si­tuent L1 et L2, et, relis l’ar­ticle en ce qui concerne les tem­pe­ra­tures de fonc­tion­ne­ment des ins­tru­ments. de­sole pour les ac­cents mais ce n’est pas pra­tique avec un ipod touch

6)
Fran­çois Cuneo
, le 25.02.2009 à 07:03

J’ima­gine l’an­goisse des scien­ti­fiques avant le lan­ce­ment…

C’est mar­rant TTE, là, tu nous parles de 1,7 mil­liards de per­dus en fumée en cas de pro­blème.

Il y a un ou deux ans, ça au­rait sem­blé énorme, de­puis quelque temps, on se dit que 1.7 mil­liards, c’est des ca­ca­hètes!:-)

10)
ysen­grain
, le 25.02.2009 à 08:13

Pas­sion­nant, et puis c’est fou ce que j’aime m’en­voyer en l’air aux ma­tines son­nantes

11)
je­je31
, le 25.02.2009 à 08:49

Merci pour cet ar­ticle très clair !

c’est dom­mage mais j’ima­gine qu’il fal­lait faire un choix entre l’au­to­no­mie, l’en­com­bre­ment et la masse

Ef­fec­ti­ve­ment, on est en li­mite de ca­pa­cité à tous les ni­veaux : masse au lan­ce­ment, en­com­bre­ment sous coiffe, mai­tien de tem­pé­ra­ture proche du zéro ab­solu (ja­mais réa­lisé sur des sa­tel­lites).

J’ima­gine que les points 3, 4 et 5 sont trop loins, mais quid du nu­méro 1?

Pour ob­ser­ver le fond cos­mique, il faut être le plus éloi­gné du so­leil : 1) pour être per­turbé le moins pos­sible par le rayon­ne­ment so­laire, 2) pour re­ce­voir le moins d’éner­gie pos­sible qui ten­drait à ré­chauf­fer les ins­tru­ments (le K coûte très très cher)

12)
levri
, le 25.02.2009 à 09:05

Merci TTE, comme d’hab un beau ré­sumé.

13)
To­TheEnd
, le 25.02.2009 à 09:31

Merci, que des “éloges” ce matin, c’est im­pres­sion­nant!

Jé­ré­mie: comme les autres ont ré­pondu, le L2 a été choisi en par­ti­cu­lier pour sa “neu­tra­lité” gra­vi­ta­tion­nelle mais éga­le­ment pour être à l’abri du so­leil… c’est un point pri­vi­lé­gier pour beau­coup de mis­sions de pré­ci­sion.

Fran­çois: 1.7 mil­liard ça reste énorme mais c’est dé­fi­ni­ti­ve­ment pour une bonne cause… si ça avait été pour en­voyer des ma­caques évo­lués dans l’es­pace his­toire de voir des sou­ris s’ac­cou­pler en im­pe­san­teur, là tu peux être sûr que ça m’au­rait énervé.

Ca­plan: je ne dé­nigre pas, je re­mets à sa place ce type de vol.

T

14)
Jaxom
, le 25.02.2009 à 09:55

Tout d’abord merci pour cet ar­ticle. J’ai tou­jours aimé suivre les aven­tures spa­tiales.

Pour le point L2, je cherche à bien com­prendre. L’at­trac­tion Terre-So­leil ne peut pas s’an­nu­ler à ce point, les deux astres at­tirent du même coté. Il faut sans doute ra­jou­ter la force cen­tri­fuge ?

Et juste une re­marque, on ne dit pas 0.0002 de­grés Kel­vin, mais 0.0002 Kel­vin. Ni -270.425 C, mais -270.425 °C.

15)
Ker­mor­van
, le 25.02.2009 à 09:55

Le pro­blème des trois corps n’est pas celui dé­crit dans l’ar­ticle de Wi­ki­pe­dia sur les points de La­grange

Le pro­blème est mieux ex­posé dans l’ar­ticle sur le pro­blème à n corps

Dé­ci­sive fut l’étude d’Henri Poin­caré (Le­çons de mé­ca­nique cé­leste), qui éta­blit l’ex­trême dé­pen­dance aux condi­tions ini­tiales ren­dant im­pos­sibles les pré­vi­sions à long terme, mais aussi les rup­tures dis­con­ti­nues de tra­jec­toires

(au pas­sage, voir l’ar­ticle sur Gri­gori Per­el­man)

La si­mu­la­tion in­for­ma­tique per­met de vi­sua­li­ser sur écran le phé­no­mène d’in­sta­bi­lité, par guère plus qu’une ligne de pro­gramme.

16)
To­TheEnd
, le 25.02.2009 à 10:07

Jaxom: merci pour ces pré­ci­sions.

Pour ce qui concerne le point La­grange, c’est clair que j’ai sim­pli­fié un maxi­mum… la contre­par­tie Wiki en An­glais est beau­coup plus pré­cise et dé­tail bien mieux ces zones… qui ne sont pas si stables que ça, mais c’est le mieux qu’on puisse trou­ver à notre proxi­mité.

T

17)
Ker­mor­van
, le 25.02.2009 à 10:58

Ne pas confondre in­sta­bi­lité et chaos, hein!

18)
alec6
, le 25.02.2009 à 12:51

Bon ar­ticle TTE ! et tou­jours d’ac­cord avec toi pour les vols ha­bi­tés qui sont une inep­tie to­tale (tant pis pour Ca­plan avec qui je me dé­so­li­da­rise pour une fois !!!). Je crois que l’une des rares re­tom­bées des vols ha­bité est le Té­flon de nos cas­se­roles… et la va­nité de ceux qui ex­pé­dient une poi­gnée de clam­pins pour le prix de cen­taines de mis­sions au­to­ma­tiques… Pour Mars je crois que le rap­port est de un à mille ! Mille mis­sions de type Mars Ex­press (mis­sion eu­ro­péenne dont mal­heu­reu­se­ment le mo­dule Beagle des bri­tan­niques s’est écrasé la­men­ta­ble­ment – consé­quence a priori des éco­no­mies that­che­riennes en ma­tière scien­ti­fique, mais c’est une autre his­toire que la France dé­couvre en ce mo­ment…) pour le prix d’une mis­sion hy­po­thé­tique ha­bité vers ce bout de caillou rouge al­lac’. Les condi­tions de vie en An­tarc­tique ne sont pas ter­ribles, mais en com­pa­rai­son c’est le pa­ra­dis !

A pro­pos de La­grange… je crois que Soho (sa­tel­lite d’ob­ser­va­tion so­laire) est situé sur l’un de ces points, le L1 je crois (sur­ement pas le L2), mais c’est à vé­ri­fier.

Et à pro­pos de sa­tel­lites et sondes je vais vous par­ler bien­tôt très som­mai­re­ment de la mis­sion Cryo­sat 2 qui doit par­tir en no­vembre en es­pé­rant que le bi­niou ne fi­nisse pas au fond de l’océan comme la pre­mière en 2005 après l’échec de la fusée russe qui de­vait le mettre en or­bite po­laire.
J’ai­me­rai bien aussi vous cau­ser de la mis­sion Ro­setta par­tie en 2004 et dont la ren­contre avec la co­mète Chu­ryu­mov-Ge­ra­si­menko alias Chury est pré­vue pour 2014. Mais j’ai le temps ! à moins que TTE nous en cause d’ici là.

19)
Jaxom
, le 25.02.2009 à 13:07

Merci pour les liens sup­plé­men­taires. J’au­rai pu pensé de moi-même à Wi­ki­pe­dia.

20)
ysen­grain
, le 25.02.2009 à 13:22

Je crois que l’une des rares re­tom­bées des vols ha­bité est le Té­flon de nos cas­se­roles…

Je croyais que c’était Du­pont de Ne­mours qui l’avait in­venté pour les ca­na­li­sa­tions d’hy­drau­lique basse pres­sion des Bpeing 707 dans les an­nées 50

21)
kro­nos
, le 25.02.2009 à 13:50

Mais si, les vols ha­bi­tés ont un grand in­té­rêt. Mais à beau­coup plus long terme.

Faites donc un petit (enfin, pas si petit que cela :) ) re­tour en ar­rière sur l’es­pèce hu­maine : S’il y a bien une constante dans l’his­toire de l’hu­ma­nité, c’est bien la vo­lonté (né­ces­si­tée ?) de co­lo­ni­ser de nou­veaux es­paces de vie. Les pre­miers hommes sont ap­pa­rus en Afrique (il me semble). Ils se sont dé­ve­lop­pés petit à petit et ont donc eut be­soin de co­lo­ni­ser de nou­velles terre. Pour cela, ils ont mar­ché vers les plaines en­vi­ron­nantes. Puis ils ont mar­ché de plus en plus loin pour fi­na­le­ment ar­ri­ver au bord des mers. La nage n’étant pas la pa­na­cée pour tra­ver­ser les océans, ils ont confec­tionné de ri­di­cules amas de bois qui avaient pour­tant la grande idée de flot­ter.

Si l’homme n’avait pas com­mencé à créer ces am­brions de ba­teaux, je me de­mande com­ment nous fe­rions au­jour­d’hui pour trans­por­ter une grande par­tie de nos mar­chan­dise.

Conti­nuons avec l’his­toire de l’homme. Plus pré­ci­sé­ment au temps de la conquête de l’ouest amé­ri­cain. Les pre­miers co­lons qui ont dé­cidé de tra­ver­ser l’Amé­rique d’est en ouest de­vaient être pris pour des ma­lades. Et pour­tant, c’est grâce à eux que le reste des co­lons on dé­cou­vert tout le po­ten­tiel que leur of­frait ce grand ter­ri­toire.

Main­te­nant, re­ve­nons-en aux vols ha­bi­tés : Nous sa­vons de­puis bien long­temps que la vie sur terre ne du­rera pas in­dé­fi­ni­ment (et je ne tiens pas compte ici de la bê­tise hu­maine). En effet, notre so­leil de­vrait finir en su­per­nova et en­trai­ner la terre dans sa chute. Alors que doit faire l’es­pèce hu­maine ? Se ré­si­gner et at­tendre pa­tiem­ment sont ex­tinc­tion, ou cher­cher des so­lu­tions (comme l’on fait nos an­cêtres en in­ven­tant le ba­teau) pour aller co­lo­ni­ser de nou­veaux es­paces ? Je pré­fère pen­ser que nos des­cen­dants trou­ve­ront une so­lu­tion pour aller sur d’autres pla­nètes ha­bi­tables. Mais com­ment fe­ront-ils pour dé­cou­vrir les moyens de trans­port spa­tiaux adap­tés si nous ne com­men­çons, des siècles à l’avance, à as­sem­bler quelque mal­heu­reux bout de ti­tane, de car­bone et de kev­lar pour pé­ni­ble­ment aller sur la lune ?

22)
To­TheEnd
, le 25.02.2009 à 14:27

kro­nos: et bien voilà, tu vas faire plai­sir à Ca­plan… mais pour moi, ce genre de pen­sée ou rai­son­ne­ment m’af­flige un peu.

La lit­té­ra­ture et l’his­toire pour­rait nous faire croire ce que tu dis. Mais la réa­lité est dif­fé­rente. Dans notre sys­tème so­laire, rien ne s’ap­pa­rente à la Terre… de près ou de loin. Vivre ailleurs que sur Terre au­jour­d’hui équi­vaut à vivre par -4’000 mètres sous le ni­veau de la mer avec 450 de­grés Cel­sius… ou dans un dé­sert par -140… au-delà, les pla­nètes de notre sys­tème so­laire offrent des condi­tions en­core pire.

Si ces pla­nètes n’abritent au­cune forme de vie, fi­gure-toi que c’est pour de bonnes rai­sons.

S’ar­ra­cher à notre pla­nète, ce n’est pas comme mettre quelques ron­dins à l’eau et se lais­ser aller à la rame ou grâce au vent… tout en se sus­ten­tant tout au long de notre che­min. S’ar­ra­cher à notre pla­nète ne peut être ac­com­pli qu’au prix d’une consom­ma­tion d’éner­gie dé­li­rante… les ba­gnoles ou les avions à côté, c’est des exemples d’ef­fi­cience éner­gé­tique.

A l’époque, prendre nos ba­teaux nous a conduit à “peu­pler” la Terre mais faire le même amal­game avec l’es­pace tient plus du dé­lire que d’un ob­jec­tif pour l’hu­ma­nité.

Notre place est ici et dé­pen­ser le moindre franc pour es­sayer de nous faire vivre au-delà de la stra­to­sphère, c’est jeter l’ar­gent par les fe­nêtres, ni plus, ni moins.

Je pro­pose un truc… fai­sons un mo­ra­toire sur les vols ha­bi­tés de 200 ans his­toire qu’on se concentre sur nos pro­blèmes sur Terre. Après ça, on pourra re­com­men­cer ces ri­di­cules vols spa­tiaux à grands frais his­toire de sa­tis­faire nos rêves de gosse les plus fous.

T

23)
levri
, le 25.02.2009 à 15:03

@ kro­nos : on ar­rive pé­ni­ble­ment a en­voyer des vols au­to­ma­tiques dans l’es­pace, cer­taines ex­pé­riences ha­bi­tées peuvent avoir un cer­tain in­té­rêt, mais point n’est be­soin de les mul­ti­plier sans rai­son vé­ri­table. De plus il vaut mieux ne pas dé­ve­lop­per cer­tains de tes exemples …

Sans être aussi ca­té­go­rique que TTE, je suis d’ac­cord pour dire qu’ac­tuel­le­ment les vols ha­bi­tés ont peu ou pas d’in­té­rêt.

24)
jd­muys
, le 25.02.2009 à 16:16

3 choses:

– l’ar­ticle omet “Probe” (sonde) comme mot pour la lettre P de WMAP.

– on ne peut par­ler de points de La­grange qu’en men­tion­nant les deux corps (au moins) dont il est ques­tion. Ici, il s’agit du sys­tème terre so­leil (le sys­tème terre lune en a aussi par exemple).

Mais sur­tout:

– je ne suis pas d’ac­cord avec ceux qui es­timent que les vols ha­bi­tés ne servent à rien. Je com­prends de quel rai­son­ne­ment cela pro­cède, dès lors qu’on cherche une uti­lité im­mé­diate à toute dé­marche scien­ti­fique. Même l’ar­ticle ici pose la ques­tion “A quoi servent ces sa­tel­lites”, alors que la seule bonne ré­ponse est “à aug­men­ter le champ de la connais­sance hu­maine”. A ce titre, les vols ha­bi­tés sont utiles. Et j’es­time to­ta­le­ment in­co­hé­rents les ar­gu­ments d’ “usage al­ter­na­tif”, qui disent qu’on fe­rait mieux de dé­pen­ser cet ar­gent au­tre­ment à des causes plus ur­gentes. Car si on ac­cepte cet ar­gu­ment, alors on ne peut pas re­fu­ser le même ar­gu­ment uti­lisé plus lar­ge­ment, et qui condui­rait à ar­rê­ter toute re­cherche scien­ti­fique tant qu’un en­fant meurt de faim dans le monde.

La vé­rité est qu’on peut faire toutes ces choses. Et qu’il faut faire toutes ces choses. Y com­pris les vols ha­bi­tés.

Si les Clé­ment Ader, Blé­riot etc… avaient rai­sonné comme cela, nous n’au­rions pas d’avion au­jour­d’hui. ( et un ga­zil­lion d’ana­lo­gies sem­blables).

25)
alec6
, le 25.02.2009 à 16:58

@ Kro­nos : Tsiol­kowsky s’est en effet fendu d’une belle mé­ta­phore “La terre est le ber­ceau de l’hu­ma­nité, mais on ne passe pas toute sa vie dans un ber­ceau !”

C’est joli, poé­tique même, mais la mé­ta­phore a ses li­mites. Pour en ra­jou­ter à ce que TTE vient d’écrire, des quatre pla­nètes tel­lu­riques (so­lides et non ga­zeuses), seule la Terre pos­sède une at­mo­sphère riche en oxy­gène, une tem­pé­ra­ture moyenne agréable (15°C ac­tuel­le­ment, sû­re­ment plus dans quelques dé­cen­nies et moins après, mais glo­ba­le­ment à l’échelle du vi­vant, rien de ca­tas­tro­phique, nos an­cêtres ont connu pire) et ac­ces­soi­re­ment une ma­gné­to­sphère qui pro­tège l’es­sen­tiel du vi­vant des rayon­ne­ment peu amènes du So­leil… Cela ex­plique entre autres la pré­sence d’une vie ici et non sur Mer­cure, Vénus ou Mars.

Comme le dit Levri, on a déjà du mal à ex­pé­dier au des­sus de nos têtes (moins loin en dé­fi­ni­tive que de Paris à Lau­sanne) l’équi­valent de deux ou trois ma­chines à laver au­to­ma­tiques et plus dif­fi­ci­le­ment en­core l’équi­valent d’un bus avec chauf­feur et contrô­leur mais sans pas­sa­ger au delà de la même dis­tance (la na­vette tourne à 400 km au des­sus de nos crânes) voire une fois tous les 50 ans pas­ser trois ou quatre jours sur un dé­sert gris sans même un tro­quet 360 000 km plus loin !

Le seul truc in­tel­li­gent pondu par Al­lègre en tant que mi­nistre fut de ne filer aucun ko­peck pour les vols spa­tiaux ha­bi­tés.

Le jour où les ter­riens se­ront ca­pables d’ex­pé­dier l’équi­valent de quelques pla­te­formes pé­tro­lières au­to­ma­tiques en qq heures au delà de Nep­tune, alors nous pour­ront son­ger à y confier une poi­gnée d’al­lu­més pour peu­pler les sys­tèmes so­laires “proches”. Mais même à une vi­tesse lu­mi­nique (sans abor­der l’épi­neuse ques­tion de l’éner­gie né­ces­saire), il fau­drait plu­sieurs an­nées pour at­teindre dans un in­con­fort total la pre­mière pla­nète un tant soi peu ac­cueillante en es­pé­rant que les étoiles proches en soient do­tées !

A ce jour on ne connait que trois ou quatre cents pla­nètes extra so­laires. L’ave­nir, le sa­tel­lite Corot et ses suc­ces­seur nous en di­ront plus sur le sujet, mais à ce jour c’est très mal barré !

Reste l’es­poir ! mais de notre vi­vant et de celui de nos ar­rières pe­tits en­fants, il est plus urgent de se pen­cher sur le sort du plus beau vé­hi­cule spa­tial qui nous ait ja­mais été donné, le plus confor­table, le plus grand et le plus au­to­nome qui fut : la Terre !
Un peu mal en point par les temps qui courent !

Notre So­leil va ef­fec­ti­ve­ment pas­ser à la vi­tesse “naine blanche” d’ici quatre à cinq mil­liards d’an­nées… Sta­tis­ti­que­ment une es­pèce ani­male ne dure pas au delà de quelques cen­taines de mil­liers d’an­nées… notre es­pèce dite “in­tel­li­gente” aura dis­paru de­puis belle lu­rette et son hé­ri­tage avec. Si d’autres es­pèces non moins “in­tel­li­gentes” nous suc­cèdent, ils au­ront alors le loi­sir d’or­ga­ni­ser qq chose ! Bon cou­rage et bon vent !

Je ne vou­drais pas jouer les ra­bats joies de ser­vice, mais il se­rait temps de prendre conscience que le père Noël n’existe pas, pas plus que le petit Jésus, les dieux, les diables, la vie après la mort, le Pa­ra­dis et autres ga­mi­ne­ries pseudo scien­ti­fiques…

Comme le dit Can­dide : Culti­vons notre jar­din.

26)
To­TheEnd
, le 25.02.2009 à 17:08

jmuys: j’ai cor­rigé le P…

Les vols ha­bi­tés dé­ve­loppent et réa­lisent des ex­pé­riences “ap­pli­quées” et non “fon­da­men­tales”. En­voyé 12 ma­caques cher­cher des cailloux sur la Lune pour les étu­dier, c’est tout sim­ple­ment 100x plus cher et ris­qué que d’en­voyer quelques ro­bots qui fe­ront la même chose plus vite et mieux.

D’ailleurs, qu’est-ce que le pu­blic a gardé des 6 vi­sites hu­maines sur la Lune à part un dra­peau planté à chaque fois? En quoi est-ce que des hommes ont ap­porté une va­leur ajou­tée à la “cueillette” de 385 kilos de cailloux?

C’est ça le pro­blème. Le gamin at­tardé qui est en­core en nous à l’âge adulte veut voir l’homme dans l’es­pace… mais à y re­gar­der de plus près, il ne fait rien qu’un robot ne pour­rait faire tant les ex­pé­riences sont ba­siques.

T

27)
alec6
, le 25.02.2009 à 17:14

@ Jd­muys : Pour ma part je pense que le rap­port de un à cent voire plus entre le coût d’une mis­sion au­to­ma­tique et celui d’une mis­sion ha­bité est rédhi­bi­toire pour cette der­nière. Cela si­gni­fie qu’on s’in­ter­dit quelques di­zaines ou cen­taines de mis­sions ex­plo­ra­toires du type Ro­setta, Corot, Plank, Her­schel, Mars Ex­press et consort pour avoir le “plai­sir” d’en­voyer en l’air trois ploucs faire le tour de la Terre en quelques pe­tites heures…

Là est le pro­blème. Sa­cri­fier une re­cherche pro­duc­tive à un égo na­tio­na­liste dé­me­suré et in­utile. Toutes les mis­sions ha­bi­tées n’ont eu d’autres re­tom­bées que tau­to­lo­giques : com­ment main­te­nir en vie trois pi­gnoufs dans des condi­tions ef­froyables. Pour ce prix là nous au­rions pu ex­pé­dier des mis­sions ro­bo­ti­sées sur la Lune, Mars ou ailleurs, ins­tal­ler un té­les­cope en An­tarc­tique, mettre en or­bite des tas de mis­sions bien plus pro­duc­tives que le bros­sage de dents d’un cos­mo­naute à 400 km au des­sus de la che­mi­née.

28)
levri
, le 25.02.2009 à 17:20

@ jd­muys : c’est pour ça que j’ai nuancé mon opi­nion sur les vols ha­bi­tés, je les trouve in­uti­le­ment coû­teux tant qu’ils ef­fec­tuent des tâches que pour­raient ac­com­plir des vols au­to­ma­tiques, si on parle de bâtir une base lu­naire au­to­nome ou une sta­tion spa­tiale per­ma­nente et au­to­nome, par exemple, ils au­raient leur uti­lité, mais je ne pense pas que nous ayons les moyens tech­niques pour ce genre de choses ac­tuel­le­ment, donc comme je le sug­gé­rais pré­cé­dem­ment, réa­li­ser de ma­nière ponc­tuelle un vol ha­bité lors du quel on grou­pe­rait toutes les in­ter­ven­tions né­ces­si­tant une pré­sence hu­maine, oui, des vols ha­bi­tés in­utiles, non.

@ 25-alec6 : je suis à peu près d’ac­cord avec toi, sauf en ce qui concerne l’exis­tence du Père Noël !

Il faut conti­nuer de rêver, c’est comme ça qu’on se dé­passe et qu’on trouve des so­lu­tions à des pro­blèmes qui n’avaient même pas été posés. Le voyage vers les étoiles, même loin­taines, pour­quoi pas, mais nous n’en sommes pas en­core là, et ce n’est pas quelques vols ha­bi­tés sans in­té­rêt qui fe­ront avan­cer la re­cherche.

… par contre j’ap­prouve ton com­men­taire 27, ainsi que le 26 de TTE.

29)
Ca­plan
, le 25.02.2009 à 17:48

Bon ar­ticle TTE ! et tou­jours d’ac­cord avec toi pour les vols ha­bi­tés qui sont une inep­tie to­tale (tant pis pour Ca­plan avec qui je me dé­so­li­da­rise pour une fois !!!). Je crois que l’une des rares re­tom­bées des vols ha­bité est le Té­flon de nos cas­se­roles… et la va­nité de ceux qui ex­pé­dient une poi­gnée de clam­pins pour le prix de cen­taines de mis­sions au­to­ma­tiques…

Traître! Je vais te dé­non­cer à la Sé­cu­rité Sar­ko­zienne aux ini­tiales déjà cé­lèbres! ;-)

[mode pro­voc’] A l’in­verse, fi­na­le­ment, on en aura quoi de plus quand on saura ce qu’il y a à l’autre bout de l’Uni­vers? On en aura quoi de plus quand on saura ce qui a pro­vo­qué le Big Bang? Et si les mi­li­taires s’em­pa­raient les pre­miers des se­crets de la ma­tière noire? Et si les dé­cou­vertes concer­nant l’éner­gie noire me­naient à des ca­tas­trophes qui fe­ront pas­ser Tcher­no­byl pour un pé­tard de foire? Lors­qu’elle ma­ni­pu­lait son ura­nium, Marie Curie pou­vait-elle ima­gi­ner Hi­ro­shima? [/mode pro­voc’]

Mil­sa­bor!

30)
zit
, le 26.02.2009 à 08:20

Très chouette ar­ticle, T.

Concer­nant les vols ha­bi­tés,, je suis un peu de l’avis de tout le monde ;o) :

C’est très coû­teux, mais, sans la na­vette et quelques clam­pins pour lui mettre son lor­gnon, Hubble se­rait en­core myope ! Dom­mage, non ?

Concer­nant la vie sur d’autres pla­nètes, c’est d’une vie com­pa­rable à celle des hu­mains que vous par­lez ? Paske quand on voit l’ha­bi­tat de cer­tains or­ga­nismes du fond des océans, dans les che­mi­nées vol­ca­niques…

z (Planck, il n’avait pas une fille ? je ré­pêêêêêêête : mais si, Constance)

31)
jd­muys
, le 26.02.2009 à 09:38

levri (et d’autres): à la place de toutes vos mis­sions au­to­ma­tiques, té­les­copes, ex­pé­riences scien­ti­fiques et autres, on pour­rait éra­di­quer la faim dans le monde.

/iro­nie off

rayez vites vos ar­gu­ments _à la place de _

32)
To­TheEnd
, le 26.02.2009 à 12:11

Viens de me lever il y a une heure… grosse soi­rée hier soir…

zit: ef­fec­ti­ve­ment, en­voyer des mé­ca­nos pour ré­pa­rer des trucs, c’est quelque chose qu’on fait parce qu’on avait plus ou moins le choix. Cette po­li­tique était sur­tout liée à une stra­té­gie lan­cée dans les an­nées 80 avec les USA et son Space Trans­por­ta­tion Sys­tem (STS). On pen­sait que chaque tir ha­bité coû­te­rait entre 50 et 100 mil­lions de dol­lars.

Tou­te­fois, 30 ans plus tard, on se rend compte que chaque lan­ce­ment d’une na­vette ha­bi­tée coûte entre 0.5 et 1.5 mil­liard de dol­lars… pour ce prix là, tu en­voies un nou­veau sa­tel­lite par tri­mestre.

Contrai­re­ment à Hubble qui se trouve à peine à 560km au-des­sus de nos têtes, au­jour­d’hui on va plu­tôt faire des mis­sions qui sont “one way only”. Ty­pi­que­ment, toutes les fu­tures grandes mis­sions d’ob­ser­va­tion se­ront en­voyées dans la zone L2… cette zone se trouve à une dis­tance 5x plus grande que le plus loin qu’un être hu­main n’a ja­mais été (la Lune)!!!

jd­muys: je n’op­pose pas quelque chose à autre chose (ça se­rait un débat sans fin qui n’au­rait aucun sens!). Le point est: ça ne sert stric­te­ment à rien.

T

34)
To­TheEnd
, le 26.02.2009 à 19:53

Heu… c’est exac­te­ment l’in­ci­dent dont je parle dans mon hu­meur dans la der­nière sec­tion…

T

35)
alec6
, le 26.02.2009 à 22:09

Oups !

36)
CHD
, le 28.02.2009 à 12:21

J’ima­gine la tête des mi­cro­mé­téo­rites qui vont pas­ser par là: oh le mi­roir pri­maire, que c’est bôôô… splurf, aïeuuh ! CVertes, le sys­tème de re­froi­dis­se­ment sera mort bien avant le mi­roir, mais on a une idée du vieillis­se­ment que su­bissent ces ma­chines ?

@Je­je31 Ce ni­veau de tem­pé­ra­ture est une évo­lu­tion im­por­tante mais pas une ré­vo­lu­tion. Cela fait déjà bien long­temps que des ima­geurs sont for­te­ment cryo­sta­tés, en par­ti­cu­lier sur les sa­tel­lites mi­li­taires (ne pas ou­blier que pour un Hubble-like on en­voie dix sa­tel­lites es­pions tout aussi per­for­mants, y com­pris en in­fra­rouge).

Pour les vols ha­bi­tés, il faut gar­der à l’es­prit que la pro­pa­gande of­fi­cielle n’est ja­mais loin. Mal­gré un demi-siècle de pro­grès les pertes d’équi­page sont tou­jours d’ac­tua­lité. A ce ni­veau de risque, c’est uni­que­ment un choix po­li­tique, à l’image des mis­sions lu­naires qui étaient tel­le­ment du grand n’im­porte quoi sur le plan de la sé­cu­rité que seule la guerre froide pou­vait les jus­ti­fier (d’ailleurs le pro­gramme Ap­polo a été in­ter­rompu pour ces même rai­sons po­li­tiques). Quand on sait que les fai­blesses des boos­ters de la na­vette étaient par­fai­te­ment connues dès la concep­tion, puis confirmé qua­si­ment à chaque lan­ce­ment (de la fumée noire in­dique que des joints sont en train de cra­mer), c’est bien une dé­ci­sion po­li­tique qui est der­rière ce jeu de poker (sur­tout que rien n’a vrai­ment été changé de­puis la ca­tas­trophe de Chal­len­ger, tout au plus les lan­ce­ments sont re­por­tés en cas de tem­pé­ra­tures trop basses et de vent mal orienté – ce qui évite que les boos­ters ne soit trop re­froi­dis par leur proxi­mité im­mé­diate avec le ré­ser­voir cen­trale dont l’iso­la­tion est d’ailleurs à l’ori­gine de la perte de Co­lum­bia).

37)
Ca­plan
, le 28.02.2009 à 14:03

Mal­gré un demi-siècle de pro­grès les pertes d’équi­page sont tou­jours d’ac­tua­lité. A ce ni­veau de risque, c’est uni­que­ment un choix po­li­tique

Oui, à l’in­verse, c’est vrai qu’après plus d’un siècle de pro­grès dans les che­mins de fer, dans l’avia­tion et l’au­to­mo­bile, on n’a plus au­cune vic­time…

Mil­sa­bor!

38)
To­TheEnd
, le 28.02.2009 à 15:53

Oui, à l’in­verse, c’est vrai qu’après plus d’un siècle de pro­grès dans les che­mins de fer, dans l’avia­tion et l’au­to­mo­bile, on n’a plus au­cune vic­time…

Aha­ha­hah… ac­tuel­le­ment, pour le seul pro­gramme STS de la NASA, on en est à 2 mis­sions per­dues sur 131 lan­ce­ments… en pertes hu­maines, c’est 14 per­sonnes ou au­tre­ment dit, c’est 1.5% des gens à qui on met un gros pé­tard sous le cul qui meurent.

En 2007, le trans­port aé­rien civil a trans­porté 1.5 mil­liard de per­sonnes… il y a eu 136 ac­ci­dents et 965 morts… c’est 0.000006%.

Mais j’ima­gine que pour toi, 1 tir sur 66 qui rate, c’est ac­cep­table. Heu­reu­se­ment pour nous, l’in­dus­trie de l’avia­tion, du train et de l’au­to­mo­bile n’a pas le même seuil de to­lé­rance.

T

39)
CHD
, le 28.02.2009 à 16:59

En l’état ac­tuel des choses on peut com­pa­rer l’es­pace à l’al­pi­nisme en très hautes al­ti­tudes. Toutes ces mis­sions qui, pour des rai­sons très di­verses, sont pas­sées à un che­veu de la perte de l’équi­page (y com­pris Apollo 11) font froid dans le dos. Certes, on sait faire et même très bien quand tout ce passe bien mais ce cas de fi­gure est rare puisque l’on joue avec les li­mites (de poids, de tem­pé­ra­ture, de tout en fait) et ceci dans un en­vi­ron­ne­ment hos­tile (par exemple la Lune est un bon en­droit pour prendre une dose lé­tale en cas d’orage so­laire comme celui qui est sur­venu quelques jours après le re­tour d’Apollo 16). En gé­né­ral, il y a plu­tôt mille et un petit pé­pins à ana­ly­ser (une panne peut en ca­cher une autre) et à gérer au mieux (en gé­né­ral en ac­cu­mu­lant des res­tric­tions d’uti­li­sa­tion des sys­tèmes). Et bien sur, le moindre petit in­ci­dent mes­quin peut avoir de nom­breuses consé­quences.

Par exemple, en cas de com­pli­ca­tion du­rant une sor­tie dans l’es­pace il faut sa­voir qu’il fau­dra plus de 30 min pour qu’un col­lègue s’équipe et sorte vous aider… Le pro­blème est en­core plus cri­tique si une na­vette de se­cours doit être en­voyée comme cela au­rait été né­ces­saire pour sau­ver l’équi­page de Co­lum­bia (à chaque vol un deuxième pas de tir est pré­paré dans cette op­tique – mais sans convic­tion). Etc, etc, etc.

Après je ne cri­tique pas, je dis juste que c’est un choix po­li­tique et que la science (ex­pé­ri­men­tale) n’a pas grand chose a voir dans tout ça (sans comp­ter que les as­tro­nautes ne sont pas tou­jours de bon ex­pé­ri­men­ta­teurs et le dé­clarent ou­ver­te­ment). Par exemple, un des ar­gu­ment avancé par le gou­ver­ne­ment amé­ri­cain pour jus­ti­fier la construc­tion de l’ISS au­près du congrès (outre les sub­ven­tions ca­chées pour sau­ver Boeing, etc.) était que si l’on réus­sis­sait à im­pli­quer suf­fi­sam­ment la Rus­sie dans le pro­jet, elle de­vrait ré­duire son ar­se­nal nu­cléaire pour rai­son éco­no­mique ! Sauf qu’avec deux guerres et une ba­lance com­mer­ciale de­puis long­temps in­gé­rable, c’est fi­na­le­ment les USA qui se re­trouvent à faire des choix comme celui, iro­nique, de se désen­ga­ger de l’ISS (com­pre­nez qu’ils pré­fèrent conser­ver leur ar­se­nal nu­cléaire).

De toute ma­nière, c’est sur­tout un pro­blème de so­ciété: de nos jours tout le monde s’en fout de la science (les ré­sul­tats spor­tifs des équipes na­tio­nales sont bien plus in­té­res­sant). Par exemple, l’ISS est, entre ses longues séances de main­te­nance, un la­bo­ra­toire spa­cieux, fonc­tion­nel et tout et tout… (en cher­chant bien on doit même pou­voir y trou­ver une ma­chine à café). Mais j’ai le sen­ti­ment que fon­da­men­ta­le­ment rien ne pousse à ren­ta­bi­li­ser au maxi­mum l’ISS sur le plan scien­ti­fique. D’où mon sen­ti­ment de gâ­chis. Car si on es­saye d’ou­blier les re­tards et le cout “as­tro­no­mique” (ne de­vrait-on pas plu­tôt dire “as­tro­nau­tique” ?), l’ISS pré­sente un bilan tech­no­lo­gique plu­tôt im­pres­sion­nant vu que cet énorme bi­dule marche sans trop de couac (en com­pa­rai­son sou­ve­nez vous de Sky­lab, qui avait été aux amé­ri­cains ce que la Lune avait été aux Russe, i.e. une hu­mi­lia­tion). Le bilan di­plo­ma­tique et co­opé­ra­tif est lui aussi po­si­tif, ne se­rait-ce que pour les mis­sions de la na­vettes vers la vé­né­rable sta­tion Mir, les trans­ferts de tech­no­lo­gies entre pas moins de 16 pays, etc.

41)
To­TheEnd
, le 19.06.2009 à 18:38

Ci-des­sous, pre­mière photo d’une ga­laxie par Her­schel (droite)… l’équipe a com­paré le ré­sul­tat à une photo de la même ga­laxie prise par le Spit­zer Space Te­les­cope (gauche):

On se rend compte du pro­grès quand on sait le Spit­zer Space Te­les­cope a été lancé il y a 6 ans…

Les ré­sul­tats sont bons mais le té­lé­scope n’est pas en­core ar­rivé à des­ti­na­tion.

T