A comme Asthénie
“Asthénie, de -sthénie (force, vigueur) et du privatif a- : affaiblissement de l'organisme, fatigue physique. Par extension, elle peut concerner l'état psychique, la libido ou l'intellect.
L'asthénie est un symptôme et un motif de consultation médical très fréquent : En médecine générale, 50% des patients se plaignent d'asthénie. L'enjeu de la consultation est de faire la différence entre une fatigue généralisée, bien souvent réactionnelle à un stress chronique, physique et/ou psychique (que l'on peut rapprocher de la lassitude, mais parfois secondaire à une maladie générale) et un véritable signal d'alarme d'un processus physiopathologique spécifique.” dit Wikipédia...
Traduction : “Pfff... Chuis claqué, moi! Je vais me faire un petit remontant!...” Ce qui aurait facilement pu faire évoluer ce début d’ abécédaire en A comme Alcoolisme, si la place n’avait pas déjà été prise par cette Asthénie présentant quand même un peu mieux.
Car Asthénie, convenez-en, c’est quand même plus présentable que cirrhose, cafard et capharnaüm. Surtout à la lettre A, me direz-vous, ce que je vous concède bien volontiers en soulignant toutefois qu’ils, cirrhose, cafard et capharnaüm, gardent tout de même un accessit pour la lettre C, leur tour viendra, si vous n’y voyez pas d’inconvénient.
Alors, puisqu’ Asthénie il y a, convenons-en : l’année a été fatigante. Pas tellement par l’activité, puisque les travaux ont été livrés, les cours donnés, les factures payées, non non, je vous assure, tout va bien, ça ronronne gentiment. Petit Modane va bien. Madame aussi. Et mon tonton Achille (A, rappelez vous !...) ne rôde presque plus avec sa tronçonneuse les nuits de pleine lune.
Tout va bien, alors?, me dites-vous...
Eh bien oui, vous rétorqué-je. Mais quand le Docteur Modane (c’est mon médecin) m’a dit que ce n’était qu’une légère asthénie, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander ce qui avait bien pu la provoquer.
Je me suis donc introspecté, ce qui n’est pas une vilaine manie contrairement à ce que vous sous-entendez, hâbleurs que vous êtes, et j’ai fini par entendre, au fond de mon être, comme un bruit de fond. J’en ai approché l’oreille, essayez donc de le faire, vous, là, en même temps que vous vous introspectez, et vous allez voir la performance...
Eureka!
J'ai entendu! Je l’ai trouvée, donc, la source de mon Asthénie... C’est Ruy Blas! La tirade de la deuxième scène de l’acte III! Vous vous en souvenez?
Bon... Je vous la remets, et vous allez comprendre tout de suite pourquoi Asthénie, il y a...
Extraits, donc...
“Bon appétit, messieurs ! – Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n’avez pas honte et vous choisissez l’heure,
L’heure sombre où l’Espagne agonisante pleure !
Donc vous n’avez ici pas d’autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après !"...
... "L’Europe qui vous hait, vous regarde en riant.
Comme si votre roi n’était plus qu’un fantôme,..."
... "Médina, fou d’amour, emplit Naples d’esclandres,
Vaudémont vend Milan, Legañez perd les Flandres.
Quel remède à cela ? – L’État est indigent,
L’État est épuisé de troupes et d’argent ;"...
... "Portant sa charge énorme et sous laquelle il ploie,
Pour vous, pour vos plaisirs, pour vos filles de joie,
Le peuple misérable, et qu’on pressure encor,
A sué quatre cent trente millions d’or !
Et ce n’est pas assez ! et vous voulez, mes maîtres !…"
... "Tout se fait par intrigue et rien par loyauté.
L’Espagne est un égout où vient l’impureté
De toute nation. – Tout seigneur à ses gages
A cent coupe-jarrets qui parlent cent langages."...
Voilà voilà...
Surprenant non, ce qu'on peut entendre quand on s'écoute? Je n'aurais jamais cru vivre avec des trucs pareils à l'intérieur?! Pouah! Sors de ce corps, Ruy Blas!... Victor! Débarrasse-moi le plancher!...
Mais en y repensant... C'est quand même très moderne, très actuel, çà !
Eh bien, je vous le confie, ne le répétez pas : c'est cette modernité-là qui me fatigue, finalement. Combien de temps, combien d'interrogations, combien de luttes, de combats pour, désespérante boucle, se retrouver à "Ruy Blas"?
Pfff... Finalement... Asthénie... C’aurait dû être le nom d’une fille de Victor Hugo...
, le 06.01.2009 à 08:26
Merci Modane d’avoir mis un mot sur cette fatigue. Dois aussi souffrir d’Hugotite aiguë en ce mois de janvier.
, le 06.01.2009 à 10:17
C’est un diagnostic fait “en vers et contre tout”
, le 06.01.2009 à 10:23
L’asthénie augmente le risque de lumbago, qui est un mot pas mal non plus.
, le 06.01.2009 à 11:08
Il y a aussi – la psychasthénie – la neurasthénie – l’hyposthénie et l’hypersthénie – la myasthénie (ça devient alors très grave)
J’arrête avant de devenir adynamique par étiolement.
, le 06.01.2009 à 11:53
Très actuel en effet, tout ça.
, le 06.01.2009 à 12:02
Modame a le coup de mou littéraire… Hugolien même !
Tiens… j’ai reçu une jolie carte de vœux : Vive la crise… de rire !
, le 06.01.2009 à 16:00
>Ysengrain : Excellent, “en vers et contre tout”! Vais-je le garder comme devise? :) >Marcolivier : J’y penserai pour la lettre L…
Merci à Jean-Baptiste qui m’a averti par mail de mes nombreux manquements aux règles de l’orthographe. Mea Culpa , corrections effectuées!
, le 06.01.2009 à 21:15
Tiens donc????
, le 07.01.2009 à 23:29
Aaahhh ! Modane se révèle hugôlâtre, ou à tout le moins hugophile ! Bravo ! Et je ne saurai trop encourager les un(e)s et les autres à se précipiter sur son “Napoléon le Petit”, pamphlet d’une extraordinaire actualité, dont je ne cite ici qu’une unique phrase, juste pour vous encourager à aller lire le reste :
«Annoncer une énormité dont le monde se récrie, la désavouer avec indignation, jurer ses grands dieux, se déclarer honnête homme, puis au moment où l’on se rassure et où l’on rit de l’énormité en question, l’exécuter».
On jurerait un commentaire de la méthode Sarko. Mais allez voir le texte en son entier. Il y a des passages bien plus extraordinaires que celui-ci.
, le 08.01.2009 à 08:58
Le texte du discours de N.Sarkozy, ce 07 01 08, est ici
Pour que ne se reproduisent pas les affaires gênantes
Qu’y a-t-il à attendre d’un homme qui, en Italie, a fait préfacer ses livres par Gianfranco Fini ? Nous savons où vont ses sympathies.