Je sais, l'affirmation est surprenante mais je vais illustrer mon propos par un exemple. Tenez, prenez le terme "ami".
Sans (trop de) difficulté, je peux donner une définition de "connaissance", qui, si elle ne correspondra pas exactement à celle d'un dictionnaire, ne devrait pas en être trop éloignée.
J'aurais même la prétention d'être en mesure d'enrichir le dictionnaire d'un terme qui n'y figure pas à ce jour en tant que tel : "très bonne copine" (comprenez également "très bon copain").
En revanche, je suis bien empruntée face au terme "ami-e". Pourtant, je crois savoir qui sont les miens.
Robert ne m'est pas d'une grande aide lorsqu'il indique, sous "ami, ie, personne liée d'amitié avec une autre personne; familier : copain, pote". Non, non et encore non : un pote n'est pas un ami et si je veux bien admettre que Robert ait pour mission notamment d'indiquer les antonymes, je ne suis pas convaincue que toute personne qui n'est pas mon amie soit pour autant mon "ennemi" ou me soit "hostile".
Ainsi, je me retrouve à la case départ, à me demander comment définir un ami. Par le nombre d'années de fréquentation ? Ebauche plausible : ainsi, Christophe, que j'ai rencontré en première maternelle. D'ailleurs, nous évitons de nous rappeler, depuis peu, que nous nous connaissons (et que nous nous apprécions) depuis 34 ans : ça nous "vieillit". Toutefois, il y a aussi Mary, que je ne connais que depuis cinq ans et pourtant, je la considère comme étant mon amie.
Un ami le devient-il parce qu'on a vécu avec lui des moments très importants, qu'ils soient heureux ou très tristes ? Pas exclu : j'ai rencontré Sandrine devant une tombe, il y a quinze ans et faire ensemble une partie de ce chemin que constitue un deuil nous a certainement rapprochées. Mais force m'est aussi faite de constater que celle qui a été ma témoin de mariage n'est plus mon amie et que l'importance d'un moment partagé n'est pas forcément un ciment "pour la vie".
D'ailleurs, un ami est-il une personne que l'on conserve "toute sa vie" ? Si cette hypothèse est correcte, je ne saurai que sur mon lit de mort qui a été mon ami-e et qui ne l'a pas été : absurde, la vie, c'est aujourd'hui et maintenant, pas à la veille de rendre son dernier souffle.
Un ami l'est-il parce qu'on a le sentiment qu'on peut "tout dire" à cette personne ? Cet aspect est indéniablement important parce qu'il évoque l'ouverture d'esprit, la confiance, la tolérance et le fait qu'on n'a pas besoin, dans cette relation, de se faire passer pour quelqu'un qu'on n'est pas. Toutefois, à nouveau, bien qu'on puisse, potentiellement, "tout dire" à un psy, il n'en devient pas pour autant un ami.
Un ami est-il une personne qui, même lorsqu'un sujet "fâche", reste ouvert au dialogue ? Un ami se caractérise-t-il par le fait qu'il est la seule personne à oser dire des "vérités" difficiles à son vis-à-vis, justement par amitié ? Ou est-il au contraire la seule personne qui continue à trouver "bien" ce qu'on fait même lorsque l'entourage tourne les talons ?
Un ami est-il cette personne qui est prête à sauter dans un avion "séance tenante" parce qu'on va mal ? Manou est indubitablement mon amie mais je sais qu'elle ne pourrait pas lâcher ses quatre enfants pour venir, à n'importe quel moment, me rejoindre en Suisse.
Peut-être qu'un ami est cette personne qu'on n'a pas revue depuis des mois mais qui, si elle venait à sonner à la porte, donnerait le sentiment qu'elle n'est jamais partie, la conversation reprenant sans hésitation et sans crainte.
J'ai lu un jour, je ne sais plus où ni sous quelle plume, qu'on peut remplacer un conjoint mais jamais un ami : à l'heure où les couples se composent et se décomposent, j'en viens à me demander s'il n'y a pas là une petite once de vérité.
Je vais arrêter ici mes cogitations parce que je pourrais continuer ainsi encore longtemps, d'autant que la "vérité" se trouve certainement quelque part dans toutes élucubrations : malgré toutes ces pistes et ces ébauches de réponses, je ne suis toujours pas en mesure de dire ce qu'est un ami. Mais je sais que sous "ami", je ne comprendrai jamais les 834 "contacts" que certains comptent sur Facebook...
Et pour vous, qu'est-ce qu'un ami ?
, le 15.12.2008 à 00:48
Bonne question Mrs Poppins… comme d’habitude dirai-je.
Une définition comme une autre “Un ami ou une amie est celui qui reste alors que tout l’entourage ou toutes les autres connaissances s’enfuient”.
, le 15.12.2008 à 01:17
Quelqu’un qu’on accepte tel qu’il est et qui nous accepte tel que nous sommes et avec qui on peut tout partager ? … et puis plus ou moins tous ce que tu dis et bien plus encore.
, le 15.12.2008 à 06:38
“Ami”… n’est-ce pas un de ces termes fourre-tout ???
L’ami c’est celui à qui on peut se confier… L’ami est disponible pour nous soutenir ou pour nous secouer… L’ami est celui que l’on ne voit pas durant un certain temps mais qui reste dans nos pensées… L’ami est celui qui tout à coup sans crier gare nous envoie un p’tit SMS pour nous dire “coucou, je pense à toi”… L’ami est celui que l’on croise par hasard et qui nous embrasse sans retenue ni arrière pensée… L’ami est cette personne avec qui l’on se sent bien, avec qui on se sent important…
Le terme “ami” ne prend-il pas un sens particulier lorsqu’il est rattaché à une personne particulière ???
Ma meilleure amie à moi… ben c’est la femme qui partage ma vie et ma couche… elle correspond en tous points à cette définition…
Je me sens bien avec vous chers Cukiens et Cukiennes… vous êtes donc mes amis bien que je n’en connaisse pas beaucoup…
, le 15.12.2008 à 07:22
Oui, “ami”, ça prend un sens différent dès que quand tu penses à l’un ou à l’autre, tu mets un visage dessus. Ça se sent dans l’estomac, on y pense avec affection, ça faut chaud, un peu comme on pense à sa femme ou à ses enfants.
Et puis d’autres sont mes amis simplement parce qu’ils sont mes connaissances. J’emploie le même mot, mais ça n’a rien à voir. Je le sais. c’est tout.
C’est totalement indéfinissable pour moi. Et tant pis.
Quant au terme d’amis dans FaceBook (que je suis indirectement avec un regard amusé parce que Mme Cuk s’est laissée prendre au jeu de ce machin), je ne comprendrai jamais non plus, comme toi, mais ça me fait bien marrer.
, le 15.12.2008 à 07:35
Il y a les amis fidèles, mais il y a aussi les nouveaux amis; les amis d’un moment et les amis de toujours.
Je préfère parler de moments d’amitié, et avec certains, ces moments sont très nombreux et avec d’autres, presque des inconnus, ces moment peuvent être uniques mais tout aussi réels et enrichissants sur le moment, justement.
L’amitié se vit et se sent plutôt qu’elle ce qualifie et se définie. Et moi j’aime bien aussi être un ami pour les autres.
Surtout l’amitié c’est pas quoté en bourse et ça ne le sera jamais car c’est gratuit.
, le 15.12.2008 à 07:47
Pour moi, c’est simple.
Un(e) ami(e) c’est quelqu’un dont on est amoureux, mais sans le sexe (physique). C’est cette relation, profonde, intense, mais non sexuelle, qui fait l’amitié. D’ailleurs, si deux amis couchent une seule fois ensemble, c’est foutu, leur amitié est morte.
Bon, c’est mon avis. :)
, le 15.12.2008 à 08:33
Quelqu’un qui sait vous écouter……. sans vous interrompre
, le 15.12.2008 à 09:12
C’est garder une relation privilégiée avec quelqu’un, malgré des habitudes de consommation diamétralement opposées! ;-)
Milsabor!
, le 15.12.2008 à 09:18
“C’est quelqu’un que l’on peut appeler à trois heures du mat’ pour se faire aider à se débarrasser d’un cadavre…”
Je ne sais plus où j’ai lu ça (je lis beaucoup de polars :o), mais ça me parait assez clair : c’est une personne en qui on a confiance.
D’ailleurs, qui d’autre qu’une personne en qui on a confiance peut vous trahir?
@ François “ça se sent dans l’estomac”, en ce qui me concerne, mes amis, je leur prépare un bon repas, mais ils ne constituent pas le plat principal…
z (a : préfixe privatif, mie : intérieur moelleux du pain, je répêêêêêêêête : l’ami, c’est une personne qui ne mange que la croûte ;^)
, le 15.12.2008 à 09:37
J’adore commencer ma journée par la lecture de si jolies “définitions”.
Je suis comme toi, François, le terme “ami”, je lui mets immédiatement un visage, il m’évoque tout de suite quelqu’un.
Et ElGeko, tu soulèves la question du débat “éternel” : l’amitié entre homme et femme est-elle possible ou une nuit “consommée” met-elle réellement fin à cette amitié ? A la première, je réponds clairement oui : je suis convaincue, pour le vivre, que l’amitié entre homme et femme est possible. Mais comme le pas n’a heureusement jamais été franchi, je suis bien en peine de savoir si une “nuit” gâcherait tout.
Zit, si j’ai bien compris, si sur ta table, je trouve des surgelés et des boîtes, je saurai que je ne suis pas ton amie ? ;-)
, le 15.12.2008 à 09:49
Tout comme la définition de l’amour donné par je ne me souviens plus qui…
< Il existe un seul amour, mais il en existe plusieurs millier de copies >
Et pourquoi ça ??? je le répète haut et fort… ma meilleures amie est mon épouse… et le sexe mn’a rien à voir avec l’amitié… ou pas…
, le 15.12.2008 à 10:05
Ha… beau sujet sémentico-sémiologico-sociologico-phylosophique (et je dois en oublier…) !
Si les phrases donnent le sens des mots (et non l’inverse), c’est encore le contexte qui vous fera ami ou vous révèlera des amis. Vaste programme !
C’est obligatoirement une relation réciproque. Bijective, comme on disait en math ?
, le 15.12.2008 à 10:14
J’ai lu qq part mais je ne sais plus où qu’un amis était celle ou celui pour qui on serait d’accord d’enterrer un cadavre une nuit. Et je trouve que c’est assez juste… Je dis pas que j’enterre des cadavres toutes les nuits, mais que c’est un bon moyen de savoir si quelqu’un est un ami ou pas: s’il fait quelque chose d’atroce, serais-je prêt à le soutenir ?
, le 15.12.2008 à 10:18
C’est rigolo, je me souviens d’une soirée entre “amis” où j’avais exprimé le point de vue inverse, à savoir un ami c’est quelqu’un avec qui on est capable de faire l’amour sans arrière pensée, de manière naturelle, si deux amis “couchent ensemble” c’est une complicité mêlée de tendresse qui s’ajoute aux autres expériences déjà partagées.
Avec un ami on peut tout partager y compris le sexe, sans subir le carcan du “romantisme” quasi imposé comme “donnée de base” de notre société depuis presque deux siècles.
Tiens, ça me rappelle quelque chose … :D
“Ami” c’est un de ces mots dont il est difficile de donner une définition “sèche”, chacun lui donnant un sens relatif à son expérience. Quelqu’un de superficiel pourra se satisfaire des 999 “amis” sur FaceBook, alors qu’un individu plus exigeant hésitera même à prononcer le mot.
, le 15.12.2008 à 10:23
je fait une différence entre mes
– connaissances : un fouz’y tout de tous les gens qu’on connait superficiellement, sans plus.
– copines-copains et camarades : extra pour faire la bombe et autres agapes, plus proches d’ami(e)s ok, mais je ne compterais pas trop dessus.
– ami(e)s = les intimes, les vrais… celles zé ceux sur qui on peut compter dans tout les cas = qui sont capables de tout pour vous dans les pires des moments (aides diverses, compréhension-empathie remontage de moral) = compagne-gnon, compère, condident(e)… c’est presque au même niveau que la famille.
Voilà pour moi… FaceBook = connaissances virtuelle, à coup sûr !
, le 15.12.2008 à 10:37
Pour ce qui me concerne, la meilleure définition de l’ami est celle qu’en a donnée Woody Allen (je crois) : un ami c’est quelqu’un qui vous connaît bien et qui vous aime quand même.
, le 15.12.2008 à 11:43
J’ai réfléchi deux minutes à la question et à chaque début de réponse, j’ai trouvé un argument contradictoire. J’en conclus qu’il n’existe pas de réponse absolue et que chacun pourra utiliser et comprendre ce mot à sa manière.
Sur le fond, et par expérience, toutes les amitiés ont leurs limites, surtout si l’on attend trop d’elles. Peut-être la meilleure définition serait-elle celle d’une relation du même ordre que celle établie par le lien familial, sans la filiation de sang ?
À ce propos, la locution “petit(e) ami(e)” m’a toujours amusé. Pourquoi “petit(e)” ? Le fait d’avoir une relation amoureuse rend-il l’amitié “petite” ?
, le 15.12.2008 à 11:51
L’amitié engendre une certaine réciprocité et surtout du partage. C’est aussi une relation privilégiée où ne pas parler alors qu’on est ensemble ne nous met pas mal à l’aise. Enfin, l’ami c’est quelqu’un avec qui on peut se disputer et s’engueuler. Tout dire, quoi!
, le 15.12.2008 à 11:57
Là caplan ne vise personne mais suivez son regard, et puis ne dit-on pas “qui aime bien châtie bien”
, le 15.12.2008 à 13:33
J’ai quant à moi une définition un poil provocatrice: l’amitié c’est un choix que l’on fait. Un peu comme en amour sauf qu’en amitié on ne se marie pas et on dit rarement “je suis ton ami”. Le choix de ses amis n’est donc pas dit, mais montré, par exemple par des invitations particulières, le choix d’accorder sa confiance à telle ou telle personne ou le fait de rechercher la compagnie de l’ami.
Bien sûr, ce choix se base sur quelque chose: une affinité particulière, des goûts ou des expériences partagés, des circonstances extérieures, l’intérêt, etc…, mais c’est avant tout un choix, qu’il faut assumer.
Encore une remarque: peut-être que, comme beaucoup de choses, l’amitié n’est pas une alternative, mais une gradation entre l’Ami de toujours et l’ami lointain.
En toute amitié, mssieudames, je vous salue bien bas!
, le 15.12.2008 à 13:47
Il y a quelques années j’étais tombé là dessus. Je trouve l’analyse intéressante même si bon, ça reste une proposition.
(Début citation)
“L’amitié, une passion calme
LE MONDE | article de Catherine VINCENT paru dans l’édition du 22.06.05
Bien sûr, l’amitié n’est pas que souffrance, tant s’en faut. Pour la plupart d’entre nous, elle évoque au contraire des sentiments joyeux et conviviaux. Avoir des amis, c’est ne pas être seul, c’est avoir des échanges complices, partager souvenirs et projets, compter les uns sur les autres toutes choses qui aident à traverser les difficultés de la vie plutôt que les alourdir. Mais l’amitié, la vraie, ne peut se réduire à cette entente bienveillante, qui caractérise également et peut-être mieux la camaraderie. Si la majorité d’entre nous, selon les enquêtes psycho-sociologiques, dit avoir “entre trois et quatre amis intimes” , c’est que l’amitié implique des affinités très électives. Comme l’amour, elle repose sur un choix d’objet qui ne doit pas grand-chose au hasard, mais dont les ressorts, la plupart du temps, échappent à notre conscience.
“Du fait de sa relation avec sa mère, l’enfant connaît l’amour avant de connaître l’amitié, et cette première expérience le guidera toute sa vie, à son insu, dans ses choix amoureux et amicaux” , souligne la psychanalyste Danièle Brun, dont le dernier ouvrage, La Passion dans l’amitié (Ed. Odile Jacob, 2005, 236 p., 21 euros), puise dans la littérature, l’histoire de la psychanalyse et sa propre expérience clinique. De façon plus générale, ajoute-t-elle, les relations en matière d’amitié sont rarement duales, car elles s’appuient “sur les traces oubliées des impressions composites datant de la petite enfance” . Celles des premiers soins (en général dispensés par la mère), de la première figure idéale (le père), des premiers amis avec lesquels ont été partagés les rires, les disputes et les joutes corporelles. Comme la relation amoureuse, l’amitié serait ainsi, en quelque sorte, une manière de régler ses comptes avec ses amours d’enfant… Corollaire : elle comportera nécessairement sa part d’idéalisation. Un cadeau empoisonné qui peut être mortel. Ou décevoir si fort que plus rien, la désillusion venue, ne sera comme avant.
“On ne sait pas toujours dans le vif des choses que l’amitié comporte un but à atteindre. Mais à partir du moment où l’un des partenaires paraît se soustraire aux exigences, fussent-elles tacites, de l’autre, la relation évolue sur un fond d’amertume” , précise Danièle Brun. La psychanalyste va même jusqu’à soutenir qu’il existe une forme d’amitié “au négatif” , au sens où “elle vient s’échouer sur une demande qui, dès l’origine, paraissait difficile sinon impossible à satisfaire” . Ce que signifiait peut-être à sa manière La Rochefoucauld, qui affirmait que “quelque rare que soit le véritable amour, il l’est encore moins que la véritable amitié”.
Entre ces deux états qui, l’un et l’autre, participent à notre équilibre affectif et psychique, où se nichent donc les différences ? Dans l’union des corps, répondra-t-on. De fait, c’est aux amants, pas aux amis, que revient cette dernière. Mais la sexualité, affirment les psys, affleure aussi dans l’amitié. Entre personnes du même sexe (les tendances homosexuelles, écrivait Freud, constituent “la contribution de l’érotisme à l’amitié” ), et, plus encore sans doute, lorsqu’elles sont de sexe opposé. Les adolescents le savent bien, qui entretiennent avec leur “meilleur (e) ami (e)” de l’autre sexe des “amitiés amoureuses” dans lesquelles s’ébauchent sensations et contacts physiques, sans pour autant que soient envisagées, avec ce (tte) même partenaire, de relations sexuelles ni même de véritable flirt. Est-ce du fait de cette sexualité latente que les amitiés entre homme et femme restent si minoritaires ? Pour avoir mené, à trente ans d’intervalle (en 1960 et 1990), deux enquêtes fouillées et similaires sur le thème de l’amitié, le psycho-sociologue Jean Maisonneuve, professeur émérite à l’université Paris-X, confirme en tout cas la stabilité de cette tendance. “Pour l’ensemble cumulé des “vives amitiés” déclarées au cours de nos enquêtes, la proportion de personnes du même sexe est très majoritaire (de l’ordre des trois quarts)” , précise-t-il (Psychologie de l’amitié, PUF, 2004, 128 p., 7, 60 euros). Une homophilie qui ne s’est que faiblement réduite ( 5 %) depuis 1960, malgré la généralisation de la mixité. Ce qui montre que “l’évolution des opinions de principe devance très largement celle des conduites effectives” , puisque plus de 80 % des personnes interrogées affirment que l’établissement de liens amicaux entre les deux sexes est tout à fait possible.
Sur ces affinités pour le même sexe, les sujets interrogés s’expliquent par des raisons psychologiques : sentiment de sécurité, d’identification, complicité masculine ou féminine. En amitié, “l’attrait du même l’emporterait de loin sur celui de l’autre sexe, voire le protégerait contre ses sortilèges” , en conclut Jean Maisonneuve. Bien plus que l’amoureux, l’ami est “un autre soi-même” . Une image de soi qui, parfois, plonge loin ses racines dans le temps, pour faire renaître l’enfant de naguère.
“Mon ami ne donnait jamais d’explications. Il me croyait peut-être semblable à lui. Mais moi, malheureusement, je ne sais pas voir les moutons à travers les caisses. Je suis peut-être un peu comme les grandes personnes. J’ai dû vieillir” : par le biais du Petit Prince, n’est-ce pas à lui-même, enfant, que Saint-Exupéry tente de s’adresser, pour surmonter l’angoisse de sa perdition dans le désert ? Autre différence majeure : si l’amour peut être à sens unique, l’amitié ne se conçoit que dans le partage et la réciprocité. “Si je vous aime, écrivait Goethe, en quoi cela devrait-il vous concerner ?”
L’affirmation, en amitié, perdrait tout son sens. Le psychiatre suisse Ludwig Binswanger (1881-1966), grand ami de Freud, distinguait quant à lui l’amitié de l’amour par l’aspect dual, non fusionnel, de la première. “Une part de chacun est avec l’autre, une part reste avec elle-même, notait-il. Il subsiste un peu d’espace entre mon ami et moi, ce qui nous permet à chacun de nous connaître mieux, l’autre et soi-même.” Un espace qui permet au passage un meilleur respect de l’autre, de sa liberté d’action et de ses choix affectifs.
L’amitié, une passion ? Sans doute, mais une passion calme. Possession, fidélité : avec ou sans mariage, l’amour conjugal convie les partenaires à passer un contrat, dont la condition première est l’exclusivité. L’amitié n’a pas ces exigences. La jalousie, certes, peut y tenir sa place, mais elle est le plus souvent mal venue : les enfants protestent lorsque leur “meilleur ami” va jouer avec d’autres, mais ils apprennent vite à composer avec cette réalité. Avant tout et bien plus que l’amour, l’amitié est une union libre.
(Fin Citation)
, le 15.12.2008 à 14:52
@ Nouwanda : cet article du Monde reste un pot pourri de citations, je préfère les interrogations de Mme Poppins …
Bizarre quand même cette constante affirmation de l’asexualité dans l’amitié.
, le 15.12.2008 à 14:57
Ooops, mon doigt douloureux a du bégayer …
, le 15.12.2008 à 15:42
On a justement eu cette discussion vendredi soir avec deux dames libres (qui ne vous représentent pas toutes.. qu’on se le dise)… il en est ressorti, qu’elles préfèrent souvent l’amitié d’un homme-homo avec qui elles risquent rien ou si peu, et avec qui, souvent l’amitié reste durable… à un “mec-mec” qui dans la plupart des cas a le plumart en arrière-pensées (à moins qu’il n’ait réellement aucune attirance). Je ne sais pas si c’est une généralité, mais c’est vrai que la plupart des mecs ont de la peine à “rester” amis avec une personne du sexe opposé sans vouloir finalement conclure.
Il semble, d’après leur dires, justement qu’une nuit “consommée” met fin à l’amitié…
Perso, je n’ai pas d’avis, mais la discussion (vu de l’autre côté de la lorgnette) était intéressante pour moi. Il parait qu’on est tous
les mecsles mêmes ;-), le 15.12.2008 à 16:49
Je suis assez d’accord avec Blues sur la hiérarchie connaissances/copains/amis sauf que je ne compare pas ces derniers à la famille. Comme le dit le proverbe : “Ses amis on les choisit, sa famille on la subit”.
, le 15.12.2008 à 17:00
@ Blues : évidemment, si on part du principe qu’à partir du moment où on a une relation sexuelle avec un(e) ami(e), c’est une “conclusion” … :P
Si on part de l’idée que le partage sexuel est une “consommation” (c’est bien pour valider un mariage, une “consommation” ?), ça ne peut que dégénérer, il me semble qu’un partage intime des corps sans arrière pensée liée aux schémas classiques de l’amour romantique inculqués depuis l’enfance ne peut que renforcer l’affection amicale, mais bon, il semblerait que mon opinion soit minoritaire.
, le 15.12.2008 à 17:39
Un ami c’est celui qui se déplace à 3h du matin pour vous écouter. Qui devine ce que vous pensez sans que vous n’ayez à le dire Et vice et versa.
C’est plus qu’une connaissance, c’est plus qu’un camarade, ni un copain C’est une sorte de réplique d’un frère jumeau.
, le 15.12.2008 à 17:42
Nouwanda, tu ne fais pas une citation, tu fais un copier/coller d’un texte soumis à droit d’auteur!
Il est préférable et souhaitable de remplacer ta “citation” par un lien vers l’article que tout un chacun pourra lire s’il le souhaite ;)
http://www.lemonde.fr/aujourd-hui/article/2005/06/21/l-amitie-une-passion-calme_664481_3238.html
, le 15.12.2008 à 17:56
Il y a, aussi, les “amis de trente ans”.
, le 15.12.2008 à 18:07
Non-non… tu n’es pas seul…
, le 15.12.2008 à 18:11
Ouf ! … tu me rassures, je pensais encore passer pour un malade ! :D
, le 15.12.2008 à 18:33
Les mots “ami” et “amour’ quoiqu’en disent les dictionnaires ont, à mon regard, la même racine. Et ce n’est pas sans raison.
Dans les 2 cas, chronologiquement, il y a création d’un lien, mise en jeu des personnes; et la synthèse se fait naturellement selon une alchimie toute mystérieuse. Il me parait que la mise en jeu des personnes est l’aspect le plus important. Il y a don, réception, échange.
Est-ce la relation sexuelle qui différencie l’amitié de l’amour ?
J’ai rencontré à plusieurs reprises des femmes dont je crois avoir été très proche et qui l’ont été de moi, sans que nous ayons eu de relation sexuelle. Je ne suis pas homosexuel et ai une relation très proche avec un homme avec lequel je travaille journellement depuis plus de 30 ans: c’est un ami sans aucun doute.
Est-ce que la distance est importante ?
J’ai une amie néo zélandaise depuis une trentaine d’années qui a été mon prof et puis la relation a évolué. En trente ans nous avons été dans les bras l’un de l’autre, une seule fois, et pourtant, pas un jour ne se passe sans que je l’évoque. Se rencontrer n’est donc pas une obligation.
Faut-il connaître “in vivo” l’ami(e) ? J’ai correspondu pendant des années avec plusieurs personnes avant de les rencontrer. Ca continue encore.
Après avoir cimenté le lien, on s’en sert comme d’un socle commun, et ce genre de contrat n’autorise pas de remise en question.
Sans aucun doute, oui, ne serait-ce que mentalement. La vie m’a séparé d’ami de lycée que je ne pas vu depuis plus de 30 ans: je ne passe jamais devant chez lui sans l’évoquer; j’ai retrouvé il y a peu un copain commun, nous n’avons pas cessé de parlé de Lui.
Mais oui, bien sûr, et même avec quelqu’un qu’on a pas encore rencontré: Hille Perl et moi avons correspondu pendant des années avant de nous jeter dans les bras l’un de l’autre
Quant à Facebook, c’est dans la mouvance actuelle de donner l’illusion.
Pour terminer, un peu de …
Jean de La Fontaine (1621-1695), Fables
Second recueil (1678), fable 11 : « Les deux amis »
Deux vrais amis vivaient au Monomotapa : L’un ne possédait rien qui n’appartînt à l’autre : Les amis de ce pays-là Valent bien dit-on ceux du nôtre. Une nuit que chacun s’occupait au sommeil, Et mettait à profit l’absence du Soleil, Un de nos deux Amis sort du lit en alarme : Il court chez son intime, éveille les valets : Morphée avait touché le seuil de ce palais. L’Ami couché s’étonne, il prend sa bourse, il s’arme ; Vient trouver l’autre, et dit : Il vous arrive peu De courir quand on dort ; vous me paraissiez homme À mieux user du temps destiné pour le somme : N’auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu ? En voici. S’il vous est venu quelque querelle, J’ai mon épée, allons. Vous ennuyez-vous point De coucher toujours seul ? Une esclave assez belle Était à mes côtés : voulez-vous qu’on l’appelle ? — Non, dit l’ami, ce n’est ni l’un ni l’autre point : Je vous rends grâce de ce zèle. Vous m’êtes en dormant un peu triste apparu ; J’ai craint qu’il ne fût vrai, je suis vite accouru. Ce maudit songe en est la cause. Qui d’eux aimait le mieux, que t’en semble, Lecteur ? Cette difficulté vaut bien qu’on la propose. Qu’un ami véritable est une douce chose. Il cherche vos besoins au fond de votre cœur ; Il vous épargne la pudeur De les lui découvrir vous-même. Un songe, un rien, tout lui fait peur Quand il s’agit de ce qu’il aime.
, le 15.12.2008 à 18:57
Zit et Mirou dans mes bras.
J’allais dire la même chose (et moi aussi je ne sais plus d’où cela sort ?).
Faire quelque chose d’insensé pour quelqu’un… mais heureusement qu’on n’a pas besoin de prouver tous les jours.
, le 15.12.2008 à 20:19
oupssssssss J’avais pas vu le commentaire de zit avant de poster le mien… Désolé Zit !
, le 15.12.2008 à 21:11
On peut aisément, ou du moins avec l’aide de Desproges, distinguer l’amour de l’amitié :
« Laissons face à face deux personnes nues de sexe opposé dans une chambre tendue de velours rouge, avec des glaces au plafond, de la moquette angora par terre, du champagne dans un seau d’argent et du blues en sourdine. Si au bout d’un quart d’heure, une des deux personnes s’exclame : « C’est con. Si on serait trois, on pourrait faire une belote », on ne peut pas parler d’amour. C’est l’amitié. En revanche, laissons côte à côte deux éboueurs à l’arrière d’une benne à ordure à six heures du matin. Si, au bout d’un quart d’heure, l’un des deux éboueurs regarde l’autre avec intensité en disant : « ça m’excite de vider les poubelles auprès de vous », on ne peut pas parler d’amitié. C’est l’amour. »
, le 15.12.2008 à 22:03
C’est bien sur Cuk ces thèmes là :)
Pour moi, un(e) ami(e) c’est d’abord quelqu’un qui ne juge pas. Qui écoute, qui est ouvert d’esprit, qui peut émettre un avis différent, mais ne porte pas de jugement. Bien sûr il n’y a pas que ça, mais c’est selon moi l’un des fondements de l’amitié, une base de confiance.
, le 15.12.2008 à 22:19
Deux amis, nouvelle de Maupassant
, le 15.12.2008 à 22:34
Je constate qu’en somme j’héberge beaucoup de monde dans mon coeur. En fonction de la place, j’attribue méticuleusement des clés à tous ceux qui méritent une chambre (ils sont nombreux).
Mes amis, eux, ont un pass.
, le 15.12.2008 à 23:05
Un peu pêle-mêle, sans être exhaustive, je m’en excuse par avance (je sais, on ne peut pas s’excuser tout seul)…
Smop, je suis comme toi : chaque fois que j’ai cru tenir un début de piste, je me suis rendue compte que j’avais, dans ma vie, l’illustration qui démentait mon “ébauche”.
En revanche, par pitié, je n’ai pas envie de mettre l’amitié sur le même plan que la famille : quand je vois à quel point ma tante est… cmment dire…. pas la personne que je préfère sur cette planète… tous mes amis me sont plus chers que cette femme.
Ysengrain, je retiens que tu as échangé “pendant des années” avant de rencontrer certaines personnes ? ;-)
Levri, je te rejoins au moins sur un point : il serait faux de considérer l’amitié entre hommes et femmes comme “asexuée”, le charme étant à mon sens une composante importante même en amitié.
Invité, qu’est-ce que j’ai ri, merci ! Desproges, c’est juste trop drôle !
Ici, tu pointes sur un élément important : “on” dit certainemnt trop rarement “tu es mon ami” et c’est un tort !
Merci à toutes et tous pour vos commentaires : une fois de plus, j’apprécie de découvrir un peu de vous derrière votre passion première, l’informatique.
Bonne semaine à toutes et tous,
, le 16.12.2008 à 00:46
Je me suis longtemps posé la question de savoir si le rôle d’un ami était de partager sans juger, ou bien alors, si au contraire, il ne devait pas apporter le recul d’un conseiller, évitant ainsi de tomber dans une complaisance aveugle. Je n’ai pas encore trouvé de réponse.
Par ailleurs, je fais partie de ceux qui envisagent difficilement l’amitié avec des personnes de sexe opposé. Hommes et femmes sont – fort heureusement – différents, et l’amitié étant une forme de communion d’esprit, il est des mécanismes psychologiques qui ne peuvent être, à mon avis, pleinement partagés. Sans oublier, bien sûr, l’ambiguïté d’une situation où l’intimité d’esprit est mêlée à un désir plus ou moins conscient.
J’ai osé la comparaison car il existe un point commun fort entre la famille et les amis. Celui d’un lien établi et inaltérable. Dans le cas de la famille, celui-ci est évident. Avec les amis, comme avec les “ex”, le partage d’une intimité forte et sans fard crée une “brique” qui sera présente à jamais, qu’on le veuille ou non. N’avons-nous pas tous des ami(e)s perdu(e)s de vue, parfois de manière conflictuelle, mais qui n’en restent pas moins dépositaires d’une partie de nous-mêmes, et vice-versa ?
, le 16.12.2008 à 10:28
Pas par pitié.. pourquoi ? Je me demande s’il faut en faire une généralité… car ce n’est peut-être pas le cas de la majorité.
La maxime dit: on choisi ses amis, mais pas sa famille, ok… mais perso je connais bien des familles (dont la mienne) qui s’entendent super bien et qui sont prêt à tout les uns pour les autres (comme des amis) … bien sûr qu’il y a toujours un(e) mouton(e) noir, mais ça c’est normal/humain.
Je préfère la deuxième partie du message précédent (40. Smop) il existe un point commun fort entre la famille et les amis. Celui d’un lien établi et inaltérable.
Il faut aussi différencier la vraie famille = la proche (grands-parents / parents / enfants) et la famille élargie (cousin-e-s, tante-oncle etc..) ou par alliance (beau-parents etc…)
, le 16.12.2008 à 14:22
Blues,
En fait, je n’étais pas vraiment sérieuse en écrivant “pitié” : c’est juste que ma tante, franchement, elle est…. Cela dit, je conçois fort bien que puissent être nombreux ceux pour qui la famille constitue un point d’ancrage important et j’espère qu’il en ira ainsi pour mes enfants.
Smop,
“Difficile” ne veut pas dire impossible, heureusement…
, le 22.12.2008 à 08:32
Personnellement, je n’ai pas de définition abstraite du terme. Un ami – une amie – est toujours un être, une visage. Lorsque je me dis que telle ou telle personne est un ami, ce n’est pas nécessairement pour les mêmes raisons: ce peut être une expérience forte qui, quoiqu’il arrive, nous lie. Ce peut être ce sentiment étrange, ressenti dans les tripes (l’estomac de François) qui m’indique l’importance de l’autre. Ce peut être encore le sentiment d’une confiance ou d’une fidélité.
Il y a peut-être une chose dans le patchwork de mes amitiés: chaque fois que je retrouve un ami (une amie), même après une longue absence, j’ai toujours l’impression de les avoir quitté la veille, comme si le temps, le silence, n’avaient rien altéré…