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Vivre avec un organe artificiel, par Ysengrain

Cuk.ch a des lecteurs formidables!

Certains d'entre eux le sont tellement qu'ils nous offrents leurs services, sur des sujets qui les passionnent. Ysengrain est l'un d'eux, qui, après nous avoir parlé en octobre de la Viole de Gambe, prend la plume pour vous parler d'un domaine que, visiblement, il connaît bien.

Qu'il soit remercié ici publiquement, devant des milliards de lecteurs, pour son travail.

François Cuneo

 


 

Je vais essayer de vous faire approcher les éléments de l'équation du titre, en expliquant les difficultés techniques, les insuffisances de la méthode et comment y pallier.

Notre physiologie est faite de fonctions essentielles, indispensables à la vie.

Rapidement énoncées, la respiration, la digestion, la circulation sanguine, le foie qui à lui seul est une fonction essentielle, tant il est protée, l'élimination.

Elles sont pour la plupart, individuellement supportées par un organe à localisation définie.

La perte d'une de ces fonctions, engage le pronostic vital à plus ou moins long terme selon l'organe touché.

L'arrêt du cœur, l'arrêt respiratoire sont très rapidement mortels, la perte de la fonction digestive ou du foie, sont plus longues à être mortelles.

Un point très important noter dès maintenant: remplacer un organe défaillant quelques heures ne pose habituellement pas de problème. Le faire de manière durable et prolongé est un défi infiniment plus difficile à relever.

Un premier exemple de remplacement durable encore non résolu: le cœur.

Les premiers essais concernant le cœur datent de 1912.

La première mise en œuvre date de 1982, quand un patient du nom de Barney Clark, ici photographié avec De Vries qui l'avait opéré,

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et dont la défaillance cardiaque lui laissait aucune chance de survie a "bénéficié" de la première implantation du "Jarvik 7" du nom de son inventeur.

M. Clark a survécu 112 jours. J'écris survécu, car il était en perte complète d'autonomie tant le "système d'assistance" auquel il était soumis, le privait d'autonomie; autonomie que confère un organe naturel.

 

Les remplacements d'autres organes sont beaucoup plus anecdotiques tant les problèmes techniques restent irrésolus.

Cependant, un organe a trouvé, et reste encore aujourd'hui le seul, un remplacement durable, il s'agit du rein. Vous verrez tous les ajouts nécessaires, pour rendre possible la vie et l'autonomie.

Voyons les fonctions essentielles du rein: contrairement à ce qu'on peut imaginer, le rein ne sert pas seulement qu'à produire de l'urine.

Un petit préalable avant d'aller plus loin: on sait depuis Claude Bernard que la vie n'est possible que par la constance du milieu intérieur.

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Ce qui signifie qu'en faisant référence aux milieux liquidiens de l'organisme (nous sommes composés, en moyenne de 57 à 60 % d'eau), les proportions respectives d'eau et des différents composants doivent rester constantes, sous peine de graves dommages vitaux.

Le rein, dans sa fonction principale, assure la constance du milieu intérieur par ajustement des entrées et sorties d'eau, de déchets du métabolisme azoté, de sels minéraux: nous urinons.

Rapidement schématisé, nous filtrons 180 litres de sang par jour, en réabsorbons plus de 99 %, en concentrant activement 4 déchets dans les urines:

-  de l'urée métabolite ultime des protéines ingérées

-  de la créatinine composé azoté issu du métabolisme musculaire

-  des ions acides H+ issus de nos chaînes métaboliques

-  du phosphore

 

Le rein intervient majoritairement aussi dans

-  la régulation de la pression artérielle, improprement appelée la tension (TA).

-  la fabrication des globules rouges par le biais de la sécrétion d'érythropoïétine (EPO)

-  le métabolisme phospho-calcique

 

L'insuffisance rénale se définit par la perte de performance aisément calculable: il suffit

-  d'une prise de sang qui dose la créatinine sanguine,

-  du poids

-  de l'âge

-  du sexe

 

Il existe deux types d'insuffisance rénale:

-  celle où le rein cesse temporairement de fonctionner, on parle alors d'insuffisance rénale aiguë. L'origine en est multiple. Il s'agit aujourd'hui, d'un problème de réanimation; ce n'est pas le propos de cet article.

-  La cessation définitive, par perte d'unités de fonction du rein; on parle alors d'insuffisance rénale chronique terminale.

Ce long préambule a été fait pour poser la perspective du problème à résoudre.

Il faut pallier les déficits cités, un par un.

Techniquement, on met en jeu la propriété d'échange des solutés aqueux à travers une membrane, en fonction de leurs concentrations respectives. Il s'agit d'une dialyse.

Il s'agit de faire circuler le sang et un liquide épurateur appelé dialysat, séparés par cette membrane: on sait faire ça depuis à peu près un siècle.

Aujourd'hui, la très grande majorité des filtres ou dialyseurs utilisés sont des cylindres, de 25 cm de long sur 6 à 7 cm de diamètre contenant de 7000 à 13 000 fibres capillaires assurant selon le nombre de fibres une surface d'échange de 0,7 à 2 m2.

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Il y a 4 connexions, 2 pour le sang, une entrée, une sortie, 2 pour le liquide d'épuration ou dialysat, une entrée , une sortie.

Le fonctionnement est obtenu par connexion de ce filtre au moyen de tubulures appropriées sur un générateur qui produit le dialysat, le contrôle dans sa température et sa composition et qui surveille les principaux paramètres vitaux du patient.

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Le principe de fonctionnement est le suivant

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Première étape - technique: Depuis les années 1910, on savait, avec des modalités techniques différentes des nôtres, mettre cette technique en œuvre, théoriquement. La très grosse difficulté résidait dans l'anticoagulation indispenasable - le sang en dehors des vaisseaux coagule. Un anticoagulant fiable et utilisable en routine n'est disponible que depuis les années 1950: il s'agit d'un médicament appelé héparine

Deuxième étape - technique: le problème d'accès aux vaisseaux: En 1961, le premier patient est pris en charge de façon itérative en dialyse. Comment? Pourquoi?

La dialyse ou hémodialyse, exige de pouvoir faire passer de 2 à 300 ml/mn de sang dans le dialyseur. Aucun vaisseau sanguin fournissant un tel débit n'est aisément accessible. Il a donc fallu le génie d'un médecin américain Belding Scribner

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pour oser faire communiquer une artère et une veine au sein d'un shunt artério-veineux, nous avions le concept.

La mise en œuvre nécessitait l'implantation de tubes accédant aux vaisseaux et traversant la peau pour être accessibles; le shunt de Scribner.

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L'accès au sang se faisait par ouverture du shunt et connexion au dialyseur.

La création de ces tubes est d'ordre industriel. Scribner exerçait à Seattle où sont implantées les usines Boeing. À la fin des années cinquante, Boeing construit le B 707 qui utilise des canalisations hydrauliques à basse pression dans une matière plastique nouvelle pour l'époque: Le Teflon. Scribner a eu l'idée d'essayer ce matériau.

Depuis 1968-69, le dispositif est abandonné. On crée chirurgicalement une communication artério-veineuse: la fistule et on pique dedans, en utilisant une anesthésie locale, les aiguilles mesurant 2 mm de diamètre.

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Voici le dispositif au complet, en fonction:

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3e étape - médicale: que doit-on gérer?

La perte de la fonction rénale au stade ultime s'exprime sous la forme d'une anurie: le patient n'urine plus de manière significative, soit moins de 300 cm3 par jour.

         A- Les apports liquidiens habituels liés aux boissons et à la nourriture sont de l'ordre, sans restriction au minimum de 2 à 3 litres par jour. Dans de telles conditions, le patient va prendre du poids sous forme d'accumulation d'eau.

  • 1- L'idéal est de ne pas dépasser une prise de poids entre 2 séances (on en fait 3 par semaine) de 5 % du poids du corps. Dans ce domaine, on voit 2 catégories de patients: certains, disciplinés respectent par un régime approprié les entrées liquidiennes. D'autres n'y parviennent pas et augmentent leur poids corporel de 7 à 8 kg en 48 heures. Les conséquences cardio-vasculaires d'une telle attitude sont catastrophiques.
  • 2- l'augmentation de la quantité d'eau corporelle va faire augmenter la TA. Au delà des limites de valeurs définies, il s'agit d'un facteur de très mauvais pronostic et délétère.

La séance de dialyse va faire perdre l'excès d'eau et ramener le patient au poids idéal, défini par le médecin et corrigera les chiffres de TA.

         B- L'accumulation de déchets azotés

Le dialysat ne contient pas d'urée ou de créatinine. La différence de concentration va créer une épuration maximale. L'urée et la créatinine vont baisser pendant la séance de dialyse.

         C- La correction ionique

L'anurie va créer 2 types de désordres, l'un extrêmement dangereux à court terme, l'autre influençant très sévèrement le "facteur de vieillissement".

- le potassium. L'anurie fait monter le potassium dans le sang: toxicité effroyable. Cette augmentation est potentialisée par l'accumulation des ions H+ issus de notre métabolisme.

4 types de solutions sont à mettre en œuvre

  1. régime appauvri au maximum en potassium: pas de fruits secs, de chocolat, de café soluble, pas plus d'un fruit frais par jour.
  2. ingestion d'une poudre au goût effroyablement mauvais - c'est du polystyrène - appelé Kayexalate qui diminue l'absorption digestive de potassium
  3. dialysat appauvri en potassium: on fait perdre une quantité limitée de potassium par limitation de la différence de concentration, car il ne faut faire baisser trop le potassium
  4. le dialysat contient du bicarbonate qui va "tamponner" les ions H+ et ainsi corriger l'acidose du sang favorisant l'excès sanguin de potassium qui s'ensuit.

Le patient arrive à la séance de dialyse en acidose relative et avec un potassium sanguin plutôt haut, il en ressort avec un équilibre acido-basique corrigé (temporairement, car dès la fin de la séance, l'acidose repart à la hausse) et un potassium, disons, normal bas.

- le phosphore c'est très compliqué.

Première cause d'augmentation du phosphore: La perte de la fonction rénale, nous l'avons vu s'accompagne de la perte de l'expulsion des ions H+ qui augmentent dans le sang. Ce mécanisme physiologique implique la perte de l'expulsion concomitante de phosphore urinaire.

Deuxième cause: les apports alimentaires; viandes, pissons, fromages, produits laitiers sont riches en phosphore

Troisième cause: Le calcium et le phosphore ont partie liée par une relation arithmétique: le produit arithmétique de leurs concentrations respectives est constant. Si l'un baisse, l'autre augmente.

Or, le rein a une fonction de glande endocrine, hormonale, sur le calcium. Il transforme la vitamine D que nous fabriquons dans la peau sous l'action des rayons UV du soleil en une substance active qui fait absorber le calcium digestif. Pas de fonction rénale conduit à une baisse sanguine du calcium et à une hausse du phosphore sanguins.

Il y a d'autres causes à l'augmentation du phosphore sanguin que je ne détaillerai pas ici. Il faut savoir que la dialyse épure imparfaitement le phosphore et que la prescription d'un régime alimentaire appauvri en phosphore - diminution des aliments concernés, à laquelle on adjoint la prescription d'un inhibiteur de l'absorption du phosphore.

Nous avons vu que la calcium était bas: en utilisant un gradient de concentration positif du dialysat vers le sang, en calcium, on apporte du calcium au patient par simple différence de concentration.

 

         D- les performances de la méthode

Les séances de dialyse durent en moyenne 4 heures assurant à 300 ml/mn de débit sanguin, un volume de sang échangé de 72 litres ce qui rapporté à la semaine à raison de 3 séances par semaine fait 216 litres. Un rein naturel fait 180l/24h soit 4320 litres par semaine. Notre dialyse est donc loin du compte, mais elle suffit.

 

Que reste-t-il à prendre en charge?

- L'anémie: L'insuffisance rénale s'accompagne de façon quasi constante d'une anémie (baisse du nombre de globules rouges). La cause en est rénale pure. La seconde fonction de glande endocrine du rein est la production d'érythropoïétine (L'EPO des vilains sportifs qui se dopent). Sans cette EPO, pas de fabrication de globules rouges. Jusqu'en 1982, où l'EPO a été commercialisée, il était assez fréquent de voir des patients avec un taux de globules rouges divisé par 3 ou 4. Inutile de vous dire que les performances physiques et la capacité d'effort étaient, dans ce cas, plus que réduites.

On administre donc maintenant de l'EPO à tous les patients. Le coût pour un centre de 85 patients est d'environ 500 000 € annuels.

- L'hypertension artérielle (HTA) Il est encore hélas trop souvent insuffisant de faire perdre du poids pour corriger l'HTA. Une prescription de 2, 3 ou 4 médicaments anti-hypertenseurs est nécessaire.

Tout ceci, techniques et prescriptions médicamenteuses sont accompagnés d'une foule d'examens de surveillance consommateurs de temps et coûteux.

Cette méthode permet d'allonger la durée de vie des patients, certains ont atteint et même dépassé les 30 ans de vie en dialyse, mais....

Le prix à payer est dans

  • la restriction hydrique, la restriction alimentaire en protéines, en potassium, en phosphore
  • le fait de soumettre sans arrêt possible
    • à 156 séances par an où 2 aiguilles sont plantées, sans anicroche dans le meilleur cas. Je ne l'ai pas détaillé, mais il arrive que la séance de dialyse soit émaillée de crampes, de chutes tensionnelles, de vomissements, de maux de tête, ...
    • à la prise interrompue de médicaments pour pallier aux insuffisances de la technique
    • à une surveillance médicale lourde et répétée

C'est pourtant aujourd'hui la seule solution permettant de prendre en charge la défaillance d'un organe majeur.

Vous avez pu observer qu'il ne s'agit pas que de la mise en œuvre d'une technique, mais d'une prise en charge globale.

Il existe une autre méthode d'épuration extra-rénale: la dialyse péritonéale. Elle pose d'autres problèmes et est tellement minoritaire dans son utilisation.

À la question posée, en titre, en forme d'équation, je ne crois pas qu'on puisse répondre affirmativement, encore aujourd'hui. Et c'est pourtant la technique "d'organe artificiel" (et on est loin du compte) qui fait vivre - avec toutes les contraintes citées - des centaines de milliers de femmes et d'hommes dans le monde. Certains travaillent, des femmes en dialyse mettent des enfants au monde, d'autres sont simplement autonomes.

Enfin, dernier aspect loin de la problématique du titre, mais non des moindres: l'aspect du coût, en terme de santé publique. On évalue en France à 45.000 le nombre de patients dialysés. En Europe - à la notable exception de la Grande Bretagne, aux USA et au Japon, le nombre de dialysés est étroitement proportionnel à la population. Un patient pris en charge en hémodialyse, revient en moyenne entre 75.000 et 100.000 € annuellement.

Ysengrain

 

27 commentaires
1)
levri
, le 04.12.2008 à 03:42

J’avais un ami qui devait se soumettre à ce traitement, depuis il a bénéficié d’une greffe et mène maintenant une vie sans contrainte.

2)
Leo_11
, le 04.12.2008 à 06:57

Merci Ysengrain pour ces explications…

On entend parler de ces choses parfois mais sans jamais comprendre les enjeux… c’est dingue de voir ce qu’il se passe à l’intérieur de notre petite carcasse sans que l’on s’en aperçoive…

Perso… j’ai une frousse bleue qu’un truc chez moi se détraque et nécessite ce genre de prise en charge… je pense que je ne le supporterais pas…

3)
François Cuneo
, le 04.12.2008 à 07:26

Tu avais peur d’être trop technique, que non!

Merci.

Si je ne me trompe pas, en Angleterre, on estime qu’un patient coûte trop cher dès 80 ans. Donc à 80 ans, c’est fini, la dialyse.

Je trouve ça épouvantable.

4)
ysengrain
, le 04.12.2008 à 08:01

Je commenterai et répondrai à toutes les questions en fin de journée.

Je vais voir mes violes à l’atelier.

Bonne journée à tous

5)
JCP
, le 04.12.2008 à 09:24

C’est le premier article (excellent et instructif d’ailleurs) d’une série de deux.

Lundi prochain, Mme P. nous parlera de ça !!!

6)
alec6
, le 04.12.2008 à 11:07

Merci pour cet article instructif.

7)
AleX54
, le 04.12.2008 à 18:52

Merci de cet article.

Concernant le coût, est-ce qu’il est pris en charge par la sécurité sociale (en France, en Suisse, ailleurs ?)

et si oui à quel taux ?

8)
ysengrain
, le 04.12.2008 à 19:24

depuis il a bénéficié d’une greffe et mène maintenant une vie sans contrainte.

Oui, la greffe de rein qui a été la première greffe d’organe réussie (en 1952, en France par le Pr Hamburger, “inventeur” de la néphrologie) est une solution qui améliore sans aucun doute les sort des patients. Je rappelle que le propos de cet article était d’essayer de répondre à la résolution d’une équation….

Mais…. car il y a un mais, la greffe de rein est la meilleure solution de remplacement de la fonction rénale, mais elle est dans les modalités actuelles loin de permettre d’écrire: greffe de rein = vie sans contrainte. Je suis en consultation régulièrement des greffés: La vie d’un greffé n’est pas sans contrainte. Il faut se soumettre à des consultations régulières, des prises de sang, des examens de surveillance.

Les médicaments anti rejet administrés ou immunosuppresseurs ont des effets secondaires générant des troubles de la régulation des sucres pouvant aller jusqu’au diabète, même chose pour les lipides, donc régime contraignant et médicaments, la cortisone encore souvent prescrite a d’innombrables effets indésirables. La greffe peut ne pas “marcher” de manière optimale et laisse persister un certain degré d’insuffisance rénale. Les crises de rejet, devenues moins fréquentes qu’elle l’ont été, sont prises en charge par une thérapeutique très lourde (j’omets de citer les conséquences psychologiques importantes, en raison de la peur induite).

j’ai une frousse bleue qu’un truc chez moi se détraque et nécessite ce genre de prise en charge… je pense que je ne le supporterais pas…

Depuis 1969 que j’exerce la néphrologie, je n’ai rencontré personne ne pas pas accepter “en fin de compte” au traitement cité dans l’article. Certes, des refus temporaires ont été observés, mais l’évolution inéluctable qui passe par un stade d’étouffement sévère….ça calme.

Si je ne me trompe pas, en Angleterre, on estime qu’un patient coûte trop cher dès 80 ans. Donc à 80 ans, c’est fini, la dialyse

Ce n’est pas tout à fait ça. L’Angleterre a fait le choix en 1945, d’un système de santé qui structurellement limite les dépenses de santé. A la lumière de ce qui se passe ailleurs; l’Angleterre est hautement critiquable. En fait, en Angleterre, je le citais en conclusion de l’article, seuls les moins de 50 ans sont pris en charge en dialyse: le nombre de dialysés est étroitement proportionnel à la population, 45000 en France mais 6000 en Angleterre. Quant à dire qu’à 80 ans, “on” arrête la dialyse, c’est inexact.

@ JCP: à titre d’info: le laboratoire principal qui commercialise les prothèses péniennes cherche des sujets d’étude. Es tu volontaire ?

Concernant le coût, est-ce qu’il est pris en charge par la sécurité sociale (en France, en Suisse, ailleurs ?

Oui, prise en charge à 100% en France et dans l’UE, même chose en Suisse. Aux USA où la prise en charge sociale reste discutable et discutée, c’est variable selon les états.

9)
XXé
, le 04.12.2008 à 23:34

Ysengrain, un très grand merci pour cet article passionnant.

Je ne suis concerné ni de près ni de loin (et tant mieux !) par ce problème et ne suis pas particulièrement orienté vers les choses médicales, à part Dr House et autres Grey’s Anatomy :-P, pourtant ton article m’a vraiment beaucoup intéressé.

N’hésite pas à recommencer…

Didier

10)
Madame Poppins
, le 04.12.2008 à 23:50

Enfin un billet sur cuk que j’ai pu lire au boulot sans qu’on me soupçonne de glander !

Au niveau du ressenti, je me demande surtout comment vivent les gens qui ont bénéficié d’une greffe : vivre grâce à la mort d’une autre personne dans certains cas…

Alors, ces violes ?

11)
Guillôme
, le 05.12.2008 à 00:00

Au niveau du ressenti, je me demande surtout comment vivent les gens qui ont bénéficié d’une greffe : vivre grâce à la mort d’une autre personne dans certains cas…

A voir : 21 grammes

12)
alec6
, le 05.12.2008 à 10:04

Pour ma part, étant bien portant, je profite de cette chance pour filer mes globules aux plus “demandants” (les dons sont gratuits en France, pourvu que ça dure…), tous les deux ou trois mois selon mes disponibilités car il suffit d’un rhume, d’un détartrage chez le dentiste ou d’une aspirine pour freiner mes élans.
Plusieurs fois par ans donc je donne mes plaquettes voire exceptionnellement mes globules blancs. Dans ce cas il faut s’ingurgiter la veille, plusieurs comprimé de corticoïdes pour aider à la production des dits globules avec pour conséquence une nuit très claire, voire blanche…

On ne m’a jamais encore demandé de moelle, mais si nécessaire… en revanche j’ai bien spécifié qu’en cas de mort cérébrale, il sera possible de récupérer sur mon cadavre toutes les pièces de rechange possibles et de garder le reste pour jouer aux osselets dans les salles de dissection. Il ne manquera pas d’étudiante j’espère pour me faire un “salut Martin” de passage devant mon squelette suspendu dans quelque sombre recoin d’amphi ! (cf “les disparus de St-Agil”).

Cela est à la porté de tout bien portant je crois… perdre une petite matinée deux ou trois fois par an dans un Centre de Transfusion ne coûte rien ! Mais est vitale pour tous ceux qui n’ont pas demandé à passer sous les fourches Caudines hospitalières.
Je conçois que l’on puisse “craindre” une prise de sang, mais ce n’est en aucun cas une raison suffisante.

13)
ysengrain
, le 05.12.2008 à 10:21

je me demande surtout comment vivent les gens qui ont bénéficié d’une greffe : vivre grâce à la mort d’une autre personne dans certains cas…

Il faut bien distinguer la phase de traitement proprement dite de celle de préparation à la greffe. Encore que les 2 phases puissent se télescoper dans le temps, on peut parler avec un patient à l’occasion d’une mise au point thérapeutique, de la greffe.

Cette préparation est bien codifiée, et il existe en particulier un volet psychologico-social qui informe le patient que si le choix d’un greffe à partir d’un donneur en coma dépassé se fera (par opposition avec un donneur vivant, ce qui pose un autre ordre de problème), le donneur, ne va pas mourir à cause du/des receveurs (le plus souvent les prélèvements d’organes sont multiples). A la courte époque où je me suis occupé de greffe, j’expliquai que notre passage sur terre sert entre autres éléments à “passer la vie” et qu’une des modalités de passage est le don d’organe.

Je n’ai pas eu à gérer une difficulté d’ordre psychologique d’un greffé impliquant sa survie grâce à la mort de quelqu’un; mais plusieurs publications l’ont cité. A chaque fois on retrouvait la notion d’un trouble antérieur pas assez bien exploré.

Enfin, quant à écrire, penser ou dire qu’untel vit “grâce à la mort d’une autre personne dans certains cas”, je crois le concept erroné: un receveur a été greffé car “on” n’a pas laissé perdre définitivement l’occasion de “passer la vie”, et non grâce à la mort. Et puis rendre grâce à la mort, dans ce contexte …

14)
Inconnu
, le 05.12.2008 à 12:31

Survivre grâce à une greffe de hamburger, quelle horreur ! ;-)
Je préfère penser à ceux qui vivent grâce à don d’organe plutôt qu’à cause de la mort de quelqu’un. On ne dira jamais assez qu’il faut dire à ses proches qu’on est favorable au don plutôt que leur laisser un choix difficile le jour d’un accident fatal. On peut aussi avoir une carte

15)
ysengrain
, le 05.12.2008 à 13:55

Zut, j’aurais dû communiquer le lien signalé par Haddock sur la carte de don d’organes.

16)
zit
, le 05.12.2008 à 14:57

Merci pour ce super test, ysengrain, je crois que je vais pourtant attendre un peu avant de me décider, le modèle actuel ayant l’air encore un peu lourd, voir ce que va proposer la concurrence…

Bravo en tout cas d’avoir su si bien expliquer sans compliquer.

Quand aux dons d’organes, lire Joël Houssin, les vautours ou voir les mains d’Orlac, la version avec Peter Lorre, bien sûr. ;o)

z (quand à donner mes organes, pourquoi pas, effectivement, une fois qu’on est mort, de toutes façons… je répêêêêêêêêête : et puis ça fait des économies de frais d’obsèques, pour ceux qui restent…)

17)
Madame Poppins
, le 05.12.2008 à 16:03

Zit ;-))) des économies de frais d’obsèques ? Tu crois que les pompes funèbres font des prix au kilo ?

Merci pour ton explication complémentaire, Ysengrain : je n’avais jamais osé demandé à la fille d’une bonne connaissance comment elle vivait avec ce foie qui lui a été greffé alors qu’elle était encore toute petite.

Guillôme, merci pour le lien !

18)
Inconnu
, le 05.12.2008 à 16:07

ça fait des économies de frais d’obsèques

Même pas, le corps est recousu et rendu à la famille.
Mais tu peux donner ton corps à la science pour que les carabins s’exercent.

19)
zit
, le 05.12.2008 à 18:09

Ah, mais oui, Mâââââme P, Haddock, c’est bien à cette option (envisagée plus haut par Alec6) que je pensais, on file le tout aux carabins…

z (et s’ils en veulent pas ? je répêêêêêêêête : ouinnnn !)

20)
Madame Poppins
, le 05.12.2008 à 20:16

Un peu (beaucoup) hors sujet : j’aime bien l’idée que mon âme pèse la même chose qu’une barre de chocolat ou un colibri….

21)
XXé
, le 06.12.2008 à 01:30

j’aime bien l’idée que mon âme pèse la même chose qu’une barre de chocolat ou un colibri….

Et si, juste avant de mourir, on mange une barre de chocolat, on va finir par ruiner les pompes funèbres ?…
21 grammes x des milliards d’êtres humains : ça va leur faire quelques kilos imprévus en plus, ça…

Didier, qui va désormais manger constamment du chocolat, juste au cas où…
Ou un colibri.
Mais alors, vraiment quand y aura plus de chocolat.

22)
XXé
, le 06.12.2008 à 01:31

Après réflexion, je reste au chocolat.
C’est plus facile à attraper qu’un colibri.

Didier.

Miam.

23)
Kermorvan
, le 06.12.2008 à 12:55

Deux yeux, deux oreilles, c’est pour le relief.

Nous n’avons qu’un cœur, un foie…. pourquoi deux reins?

24)
Guillôme
, le 06.12.2008 à 13:35

Nous n’avons qu’un cœur, un foie…. pourquoi deux reins?

Bah, on a bien deux poumons, deux lobes, deux couilles pour certains… Bref, c’est au moins pour la symétrie :p

D’ailleurs, c’est plus étonnant qu’on ait qu’un coeur et qu’un foie!

25)
Kermorvan
, le 06.12.2008 à 14:59

Donc, vous n’êtes pas vraiment symétrique. Les diatomées le sont bien plus.

26)
ysengrain
, le 06.12.2008 à 20:11

Hum, un coeur, oui, mais un droit et un gauche; idem pour le foie, le poumon. Quant au cerveau, c’est connu que les droit et gauche n’ont pas la même fonction stricto sensu.

La nature est quelquefois un peu surprenante, tenez les ovaires, au nombre de deux comme chacun sait, contiennent 200 à 300 000 ovules. A raison d’un émis chaque mois de l’âge de 12 ans à … on est loin du compte. Quant au sperme, quel gâchis ces millions de spermatozoïdes, alors qu’un seul sera élu.

je n’avais jamais osé demandé à la fille d’une bonne connaissance comment elle vivait avec ce foie qui lui a été greffé alors qu’elle était encore toute petite.

Une jeune patiente, maintenant décédée, qui avait été greffée, m’avait stupéfait en me disant qu’elle regrettait de ne pas pouvoir jamais être donneur. J’avoue que je n’avais jamais pensé aux patients que je soigne en terme de donneur, mais toujours de receveur.

27)
Kermorvan
, le 06.12.2008 à 22:10

Nous sommes “apparemment symétriques”, mais la chimie du vivant est fondamentalement asymétrique. Pasteur en fut fasciné. Les sucres synthétisés par photosynthèse – à partir du gaz carbonique et de l’eau – sont dextrogyres – et sont seuls assimilables. Les acides aminés sont lévogyres, tandis que l’hélice de l’adn tourne à droite.