Ysengrain est un lecteur fidèle de Cuk.ch. En commentaire, il parlait l'autre jour de sa passion pour la viole (de ci, de là). Suite à ce commentaire, il m'a proposé un article pour notre site.
C'est bien évidemment avec plaisir que je lui cède la parole, pour une présentation en texte et en images.
Merci Ysengrain!
La viole de ci, la viole de là, par Ysengrain
En 1992, deux coups de tonnerre, intimement liés, éclatent dans les cieux cinématographiques et du "hit-parade" musical: Le film "Tous les matins du Monde" fait les meilleures entrées cinéma et le CD de la musique du film est en tête de toutes les ventes de disques: de la musique du XVIIè joué sur instruments anciens!!
En quoi ces percées commerciales sont remarquables?
À l'origine, il s'agit d'un petit roman de Pascal Quignard
Le sujet: la relation supputée historique entre deux musiciens français du XVIIe siècle, Monsieur de Sainte Colombe et son élève Marin Marais; ces 2 musiciens n'ont qu'une seule pratique instrumentale: la Viole de Gambe ou Basse de viole.
En 1992, la viole de gambe est inconnue du public, seuls les "baroqueux" connaissent. Ils connaissent en particulier celui par qui beaucoup a été révélé, mais il n'est pas le seul, comme nous le verrons plus loin, Jordi Savall.
Comment ont éclaté ces 2 coups de tonnerre? Un sujet historique ou réputé tel, un excellent scénario, un peu agrémenté de sauce cinéma ( Jean-Pierre Marielle , Depardieu père et fils, Anne Brochet), un musicien hors pair Jordi, un metteur en scène très pro Alain Corneau et une promotion très intelligente.
Étant immergé dans le monde de cette musique, depuis longtemps déjà, j'ai regardé cette fusée grimper, grimper avec stupéfaction: pendant un moment, nous n'étions plus seuls au monde. Après cet article, vous en saurez un peu plus.
Qu'est ce qu'une viole de gambe?
Il s'agit d'un instrument, à cordes, frottées avec un archet.
Dans l'histoire le nombre de cordes a varié de 4 à 8. Le modèle a été pratiquement fixé par les luthiers français à 6 ou 7 cordes dans le courant du XVIIIe siècle.
L'aspect actuel de l'instrument est celui-ci:
Il s'agit d'un instrument de cachet typiquement français. Il s'agit d'une viole anonyme de 1683.
Une viole italienne est plus proche de l'aspect de la famille des violons.
Ci dessus, une superbe reproduction d'une viole italienne de Gasparo da Salo réalisée par le luthier Francois Danger.
Pour terminer le tour d'horizon des divers aspects des violes, voici une viole allemande.
Il s'agit d'une copie d'une viole de Joachim Tielke qui appartient à ma superbe amie Hille Perl que vous voyez ici photographiée.
Cette copie a été réalisée par le très respecté et très immense luthier Ingo Muthesius, un des plus grands spécialistes de Tielke au monde.
Notez sur les images ci-dessous, la richesse des instruments de Tielke.
Détaillons un peu l'aspect général de l'instrument.
La forme générale est apparentée à celle du violoncelle (dont elle ne descend pas, étant probablement antérieure).
Il s'agit d'une construction très légère (les épaisseurs ne dépassent pas 4 mm (6 à 8 mm sur un violoncelle). Le manche est muni de frettes comme une guitare.
Les doigts se placent naturellement pour le jeu sans avoir à chercher la position précise.
Une particularité: la tête est souvent ornée, sculptée de manière lyrique, folle, ce qui est très rare sur les instruments de la famille du violon, à l'exception des contrebasses.
Des têtes de viole respectivement de Nicolas Bertrand, Claude Boivin et Leonhardt Maussiel.
Vous avez vu un manche orné, des têtes sculptées, voici maintenant quelques délires:
Le plus grand "délireur", dont vous venez de voir un exemple entre les mains de Hille: Tielke. Voici un de ses instruments dont le destinataire est inconnu, mais la richesse de la facture indique sans aucun doute un prince.
Ces incrustations sont en ébène et ivoire.
D'autres exemples, toujours de Tielke:
Autre exemple: Un facteur anglais John Rose fait une viole pour un noble en 1598.
Il s'agit d'incrustations de pièces de bois dur dans celui de la table.
La dernière partie ornée de la construction, qu'on ne retrouve pratiquement que sur les violes anglaises ou d'inspiration anglaise: la rosace.
Il s'agit, le plus souvent d'éléments de parchemin, assemblés à la colle et peints. Je vous garantis, pour m'y être essayé, sans succès, que c'est un boulot de fou.
Vous avez compris que la richesse de construction destinait ces instruments aux possédants, par opposition aux instruments de la famille du violon: violon, violoncelle. Pour en témoigner, je vous invite à parcourir les catalogues de collection de peinture à thème musical: les danses et musiques populaires sont accompagnées par le violon et les instruments de cette famille tandis que les violes montrent des scènes de musique de salon voire de cour.
Marais a été musicien à la cour de Versailles ("Ordinaire de la Chambre du Roy pour la Violle"). La fille de Louis XV, Madame Henriette jouait de la viole.
Au plan historique, la viole descend probablement d'un instrument d'origine espagnole la vihuela, plus ou moins ancêtre de la guitare
La nomination d'un pape aragonais Alexandre Borgia fait traverser la Méditerranée à une cour riche en artistes. Parmi eux, des joueurs de vihuela/viole, que le génie de la Renaissance italienne a transformé en violistes.
Ces musiciens italiens essaiment en Europe, et en particulier en Angleterre qui devient le berceau de cet instrument.
Un musicien français Maugars y séjourne et ramène la mode et l'instrument avec lui en France. Il transmet le flambeau à Nicolas Hotman lequel a pour successeur Monsieur de Sainte Colombe (on le retrouve), puis Marin Marais ...
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Une des premières représentations de viole, dans un tableau célèbre, se trouve dans les Noces de Cana de Paolo Veronese où le peintre s'est représenté jouant de la viole, mais il s'agit là - notez la subtilité - d'une viola da mano.
Au fait, pourquoi viola da gamba: parce qu'on la tient entre les jambes ou sur les genoux par opposition à celle de Veronese. Regardez ce détail des Noces de Cana
La musique de viole
Selon l'origine du compositeur, et l'époque, on a affaire à un type musical: sonates à l'italienne, mais cas particulier d'un ensemble de violes; exportées en Angleterre, ces musiques évoluent et deviennent des "viol consorts".
En France, à l'époque de Louis XIII, des musiques de type consort ont existé, les Fantaisies. Et puis, l'influence italienne avec les sonates (sonades comme on disait à l'époque), a fait apparaître les suites pour viole, seule, ou avec accompagnement - on parle alors de continuo réalisé au clavecin, au luth, avec une guitare baroque etc..., 2, 3 4 violes.
Le son d'une viole: au sens propre, pour ceux qui ne connaissent pas, un seul mot inouï. Regardez cette vidéo. Infiniment mieux, j'y reviendrai, écoutez non pas un mais des CD.
Mais pour saisir toutes les finesses et nuances infinies tout en délicatesse de cette princesse, il faut écouter un CD sur une très bonne chaine hifi, ou avec un très bon casque (j'exclus - sans aucune négociation possible - définitivement et formellement toute tentative d'écoute d'une viole au format MP3, destructeur et ne respectant rien). Bien sûr, au concert, bien placé, quel régal.
Les compositeurs de musique de viole
Avant tous autres, les célèbres Anonyme, Anonimous, Anonym ont publié plus de musique que tous les autres réunis: les bibliothèques sont remplies de leurs partitions.
En Angleterre, William Byrd, Orlando Gibbons, John (Giovanni) Coperario (Cooper), John Dowland,William Lawes, Anthony Holborne, Tobias Hume, Matthew Locke, John Jenkins, et enfin Henry Purcell (celui-là, vous devez le connaître: Didon et Énée? Non?)
En Allemagne, Johannn Herman Schein, Samuel Scheidt, et bien d'autres mal ou pas connus. N'oublions tout de même pas les 3 sonates pour viole J.S. Bach; et le dernier grand violiste Karl Friedrich Abel.
En France, grande richesse d'où sortent trois immenses noms: Monsieur de Sainte Colombe, Marin Marais et Jean-Baptiste Forqueray.
Il existe une filiation entre ces trois-là. Tous les Matins du Monde vous a appris que Marais avait été l'élève de Saint Colombe. Mais ce que l'on sait historiquement tient en 2 points: l'épisode de la cabane de Saint Colombe où il s'isole pour jouer, quand Marais l'espionne. Sainte Colombe vivait dans le quartier de la rue de Rivoli, avec ses 2 filles, il donnait ensemble de petits concerts.
Tout le reste a été le fait de l'imagination de Pascal Quignard dans son roman.
L'histoire moderne de la viole
La viole de gambe a pratiquement disparu à la fin du XVIIIe siècle. Elle a survécu très anonymement, jusqu'aux années 30.
À cette époque un Anglais Arnold Dolmetsch ayant longtemps vécu en France (Le Mans) travaille sur la tradition à la fois des musiques "anciennes" et de leurs instruments. Une de ses filles Nathalie s'occupe, en Angleterre de viole.
En Allemagne qui a sans doute été le pays où la viole était le moins en veilleuse, Christian Döbereiner passe le flambeau dans les années 1930 à un Suisse August Wenzinger qui enseigne la viole à Bâle: la Schola Cantorum.
À partir de 1968, un jeune violoncelliste catalan Jordi Savall y étudie avec Wenzinger.
Tant et si bien qu'il lui succède jusqu'en 1990 où un de ses élèves Paolo Pandolfo lui succède.
Enfin, et pas le moindre des immenses, Wieland Kuijken, à la fois violoncelliste et violiste; entièrement autodidacte, a retrouvé la technique de viole en lisant les traités des XVIe et XVIIe.
Une anecdote liant Jordi et Wieland: Savall encore peu expérimenté dans le jeu de viole et encore imprégné du jeu du violoncelle dont le manche n'est pas garni de frettes qui le gênent, se fait construire une viole. Il fait peindre les frettes sur le manche. Il donne un concert devant Wieland, lequel lui dit après le concert avec son inimitable accent: tu joues avec un pinceau?
Les CD
Ce qui va suivre est de l'ordre de mon choix. Je vous déconseille formellement de choisir le premier CD de musique de viole venu: VOUS ALLEZ VOUS ENNUYER.
Ces musiques nécessitent qu'on y constelle de multiples artifices, ornements, changement de tempo, finesses, délicatesses. Il faut étonner l'oreille de l'auditeur, le surprendre.
Malheureusement, comme le dit Saint Colombe dans le film, beaucoup d'interprètes font de la musique, mais ne sont pas musiciens.
Ce qui conforte ce propos est le fait que tant que les interprètes que je vais citer n'ont pas eu leur place sur le marché, on restait dans le domaine de l'amateurisme et du désintérêt du public. Quand Wieland, Jordi, Paolo un peu plus tard et d'autres ont fait connaitre ces musiques par le mouvement dit des "baroqueux", il est arrivé ce que nous savons: le bonheur.
Cette musique ne se laisse pas apprivoiser à la première écoute, il faut y revenir, encore et encore.
Discographie totalement subjective
Wieland Kuijken
Son jeu est tellement fin et nuancé, qu'il vous force à l'écouter afin de pouvoir tout capter
Les Pièces de viole de François Couperin
Les 3 sonates pour viole de Johann Sebastian Bach
Les pièces de viole du Vè livre de Marin Marais (attention chef-d'oeuvre)
Jordi Savall
Les enregistrements des 5 livres de pièces de viole de Marais sont tous passionnants; j'adore le IV è.
Les Sainte Colombe père et fils
Les Musicall Humors du Captain Tobias Hume
Enfin, un récital absolument bluffant de divers compositeurs. Je vous recommande d'être bien préparé à l'écoute de la première pièce de Karl Friedrich Abel.
Paolo Pandolfo
Attention, comment dire ... Du jazz d'où il vient, il a gardé la pulsion.
Marais: Le Labyrinthe, Grand Ballet,
Un récital superbe A Solo
Son Tobias Hume, avec des tempi à couper le souffle et tellement d'expression musicale
Il a transcrit et joué à la viole les 6 suites pour violoncelle seul de Johannn Sebastian Bach. Je vous garantis un résultat inouï et totalement hallucinant.
Les 2 CD d'Antoine Forqueray
Son merveilleux Sainte Colombe
Un exercice d'improvisation de haute volée: Improvisando où il prend des thèmes musicaux de la Renaissance sur lesquels il improvise avec une bande de fondus comme on en voit rarement.
Les Voix Humaines
Les Voix Humaines Deux magnifiques canadiennes, anciennes élèves de Wieland,
Leur enregistrement Folies où elles ont transcrit plusieurs pièces pour un duo de violes.
Hille Perl
Ma grande amie Hille Perl qui défriche le répertoire avec son mari Lee Santana
Il s'agit du modèle typique d'un ensemble de violes anglais: le consort
Leur Gibbons-Byrd est sublime et vous donnera une idée de ce qu'est cette musique.
Leur transcription pour consort de violes de l'Art de la Fugue est assez stupéfiante.
Enfin, si vous souhaitez percevoir la quintessence de la "viol consort musik" je vous recommande plus que chaudement leur enregistrement de William Lawes bine plus intéressant et surtout bine plus dans l'esprit que l'enregistrement de Savall.
Comme le dit le Canard Enchaîné, les enregistrements des autres interprètes à de rares exceptions font partie des CD qu'on peut ne pas entendre.
Pour terminer: deux anecdotes, l'une fait sourire, l'autre me fait encore grincer des dents après plusieurs années:
Le tableau ci-dessous a été acquis en 1997 par le Musée de la Musique à Paris.
Les experts se sont très longuement posé la question de savoir si le violiste regardait la partition ou bien ....le décolleté de la dame. Ce n'est pas une blague.
Autre "triste" histoire dont j'ai été l'un des acteurs: Je me rends à Paris par le train. Je lis un livre écrit par une autre de mes amies (oui, j'en ai un certain nombre dans ce milieu assez féminin!!!), musicologue Annette Otterstedt . Vous constatez que le titre "The Viol" est suivi de la mention "History of an instrument".
Une des villes traversées est connue, hélas, pour être une banlieue "chaude". A cet arrêt montent 2 gamines qui s'asseoient face à moi. Elles me regardent, se murmurent des confidences à l'oreille, pouffent; puis l'une me dit: "Vous êtes gonflé de lire un livre sur le viol en public". Fin de l'histoire.
Ysengrain
P.S. Au fait, la viole de quoi?
, le 09.10.2008 à 00:42
J’ai failli une fois craquer pour une viole… Mais j’ai des excuses, c’était une viole d’amour et elle avait des cordes sympathiques ! :)
, le 09.10.2008 à 06:33
Viole.
Silence.
Viole.
Bonheur
, le 09.10.2008 à 07:03
Le décolleté, ça me semble évident !
Merci d’avoir enfin partagé avec nous un bout de ta passion : si l’écrit rend bien ton intérêt et ton amour pour cet instrument et son histoire, je regrette de ne pas pouvoir voir tes yeux et tes gestes lorsque tu en parles !
Bonne journée,
, le 09.10.2008 à 07:40
Et bien j’ai appris bien des choses. Merci Ysengrin pour avoir procuré ce plaisir . Et en ce moment je me repasse un CD de Jordi Savall. Téléchargé en FLAC, ce qui est bien meilleur qu’en MP3. Et d’ailleurs, qu’en pensent les spécialistes ?
, le 09.10.2008 à 07:43
Absolument MER-VEIL-LEUX !!! Sans conteste l’enregistrement le plus charnel qu’il m’ait été donné d’entendre des suites de Bach. Le prelude de la première suite est comme une nuit d’amour, la sensualité, la passion, la montée de la sève jusqu’à la libération finale…
Hallucinant est le mot !
, le 09.10.2008 à 07:55
Merci pour cet article, on sent que tu l’aimes, cet instrument !
Comme souvent sur Cuk.ch, ça donne envie d’approfondir…
, le 09.10.2008 à 08:04
Trop bien, cette présentation. Je n’ai pas aimé le film Tous les matins du monde, mais je l’ai vu trois fois à cause de la musique, que je me suis empressée d’acheter.
, le 09.10.2008 à 08:29
J’adore en particulier les photos.
Elles sont toutes belles, et je sais pourquoi: l’instrument est sensuel, beau, charnel, chaud.
J’ai fait presque 20 ans de violon (j’ai arrêté il y a… ben 20 ans aussi, parce que Noé qui avait un an hurlait à chaque fois que je jouais), quand je vois ces images, je me dis qu’il faut que je m’y remette.
Et merci pour cette transmission de passion.
Je vais me procurer le CD que coacoa a tant aimé.
, le 09.10.2008 à 08:37
Bonjour à tous, décidément cuk.ch s’améliore de jour en jour. La photo, c’étatit top, le mac le bonheur et là c’est l’apothéose : la viole de gambe : un instrrument extraordinaire qu’un copain (qui en a fabriqué une) m’a fait découvrir. Bon, il ne vous reste plus qu’a me faire un petit article sur la vielle à roue (dont je joue), le poêle de masse (avec lequel je chauffe ma maison bioclimatique) et je déménage de france pour pouvoir suivre tous les apéros cuk. Bonne continuation et encore bravo.
, le 09.10.2008 à 08:49
C’est un investissement qu’on ne peut regretter… Tu peux en avoir un aperçu ici
, le 09.10.2008 à 10:03
Effectivement, cela change du mac et de la bourse en ce moment! Bon, je ne suis pas grand fan de la viole de gambe. mais merci quand même pour cet article. (Je réécouterais bien Bach en tout cas!)
, le 09.10.2008 à 10:11
Merci pour ce bel article si richement illustré. J’apprécie beaucoup la liste des oeuvres que tu nous proposes. A découvrir sans faute!
, le 09.10.2008 à 11:20
Merci Yssengrain de me faire découvrir Paolo Pandolfo que je ne connaissais pas ! Je ne pense pas le télécharger sur le site d’Apple comme le suggère COacoa, ils sont assez riches sans moi. Je vais essayer de trouver le CD.
Je pourrais tester à leur juste valeur une paire d’enceintes trouvée dans la rue récemment ! A Paris comme ailleurs certains jettent tout et n’importe quoi sans savoir, tant pis pour eux. Pour les connaisseurs il s’agit de Cabasse…
, le 09.10.2008 à 11:33
Les 6 suites pour violoncelle seul de Johannn Sebastian Bach, je les ai par Tortelier, et c’est un gros problème pour moi. Si, je les écoute, je ne peux plus rien passer comme disque après.
Je me suis précipité sur iTunes, merci coacoa pour le lien direct. C’est fort beau, mais je n’ai pas envie de pleurer comme avec Tortelier. Le côté “jazzy” de Pandolfo signalé par Ysengrain, peut-être. Pas vraiment sûr, je ne l’ai pas ressenti. J’ai eu plus l’impression d’une interprétation de salon de l’époque. Joli, plaisant, mais pas émouvant.
Je n’ai donc pas acheté cette version, mais le CD de Lawes, et Marin Marais. Merci Ysengrain, pour cette introduction à la viole. Car il est, en effet, très difficile d’acheter dans un domaine que l’on ne connaît pas. Sur l’étale d’Amazon vous avez cinquante titres du domaine et vous restez là, incapable de choisir, ne sachant pas quel sont les bons interprètes. Encore merci, Ysengrain, pour cette introduction.
, le 09.10.2008 à 11:50
Cabasse c’est devenu du milieu de gamme*. Et leur faillite, et rachat n’a rien arrangé. Changement de gamme très fréquent, certain modèle correct, d’autre nul. Ceci en dépit du fait qu’ils font de bon HP eux-même.
J’ai des Cabasse Iroise pour mon Homecinéma. L’Iroise était leur haut de gamme à leur bonne époque, bien avant leur faillite. C’est inécoutable en HiFi tant l’aigu est dur. Par contre son punch et tenu des graves est bien pour le cinéma. (Je les ai acheté neuve à moitié prix, sinon j’aurai pris probablement des B&W803.)
, le 09.10.2008 à 12:05
En fait se sont des Cabasse Dinghy 2VT avec ampli incorporé (un par HP) + alim et filtre actif, construites dans les années 70.
L’alim était déficiente et le filtre n’était plus alimenté. Un collègue d’atelier a trouvé la panne : deux résistances de 330 ohms raides ! Coût… 20 centimes d’euro !
Même sans être hifi maniaque, il faut reconnaître que le son n’est pas dégueu… il suffit d’un pré ampli. Pour l’instant c’est mon imac qui en fait office à l’atelier.
Les vieux modèles Cabasse semblent avoir la côte… ça me fait une belle jambe !
, le 09.10.2008 à 13:59
Alec, avec les Cabasses Dinghy 2VT tu as probablement fait une bonne affaire. Pas parce qu’elles étaient gratuites abandonnées sur le trottoir, mais parce qu’elles avaient bonne réputation.
Pour améliorer passe par une borne AirPort Express, qui a une puce de décodage numérique-analogique de bonne qualité, et tu n’auras pas besoin de pré-ampli. A ce sujet je vous prépare une série d’article sur : modification de la borne AirPort Express pour la HiFi, et serveur iTunes sur Time Capsule.
Mais, j’ai mis cela de côté pour un article que François attend depuis longtemps. Cette phrase est pour l’empêcher de dormir, car je ne l’ai pas prévenu. Sortie prévue, pas aujourd’hui, il y a du soleil, rare en Bretagne en cette saison, et ce matin à cause de Ysengrain je n’ai rien fait dessus, et uniquement écouté de la viole et acheté des CDs.
, le 09.10.2008 à 14:13
Je rectifie : je ne suggère pas d’acheter l’album sur iTunes…
Je pense comme Ysengrain qu’un enregistrement aussi subtil mérite une pleine qualité (et comme iTunes ne propose pas de téléchargement en qualité CD, autant ne pas l’acheter là).
J’ai mis le lien uniquement pour pouvoir entendre des extraits en deux clics… Peut-être une mauvaise idée : ce qui fait la valeur de cet enregistrement exceptionnel est sa cohérence de bout en bout.
, le 09.10.2008 à 14:17
Au temps pour moi Coacoa !
, le 09.10.2008 à 14:37
Tu es tout pardonné :-)
, le 09.10.2008 à 15:16
Merci Ysengrain pour ce tour d’horizon très complet et pour les très belles photos qui l’accompagnent.
Je n’ai pas voulu voir le film “Tous les matins du monde” (à la place j’ai lu le livre) de crainte de lier définitivement la tête de Gérard Depardieu à la musique de Marin Marais. Mais je n’y ai pas échappé: avec tous les extraits de ce film diffusés par le différentes chaînes de télévision, pendant longtemps son visage et celui de Jean-Pierre Marielle m’ont poursuivi toutes les fois que j’écoutais de la viole de gambe. La force des images est redoutable.
Cela dit, j’approuve tout ce qui a été dit sur les transcriptions des suites de Bach par Paolo Pandolfo. C’est une pure merveille (écoutez la Sarabande de la 4e Suite), tout comme, dans un genre très différent, son interprétation des variations sur le thème de la Folia de Marin Marais. Et il y a un petit bijou qui se trouve sur le premier disque de son album Grand Ballet, je veux parler de la version à deux violes de la Muzette du IVe Livre (de Marin Marais). Le thème semble d’abord se chercher dans une suite d’arpèges ascendants et descendants, puis il devient balancement, et puis danse… On a l’impression d’assister à une improvisation.
Enfin, je salue au passage le travail de la Schola Cantorum Basiliensis, véritable pépinière où ont passés (d’où sont sortis et où enseignent) tous les grands noms de la musique ancienne.
Merci encore de nous faire partager cette passion.
, le 09.10.2008 à 18:52
Merci Ysengrain pour cet article encyclopédique!
Mais:
Je me souviens qu’il n’y a pas si longtemps, les “vrais” mélomanes disaient la même chose à propos du CD…
Bien qu’étant conscient que le mp3 n’égale de loin pas la qualité du CD, je suis certain que des néophytes comme moi auraient pris plaisir à se faire une idée de quelques morceaux. De la même manière que tout le monde trouve que les photos sont très belles, malgré une définition qui n’est pas optimale.
Mais, comme tu l’as dit: ce n’est pas négociable. Alors je m’incline. ;-)
Milsabor!
, le 09.10.2008 à 19:58
… et le disent toujours !
Mais bon pour certains trucs, il n’y a plus de choix, et même le MP3 bien rippé peut être intéressant pour se faire une idée… même s’il est évidemment préférable d’utiliser du flac ou autres formats lossless qui ont un son identique au CD.
, le 09.10.2008 à 20:22
Merci à tous de vos élogieux commentaires. je répondrai directement demain (oversurbooked today) sur quelques points. Bizatousses.
Y
, le 09.10.2008 à 21:28
Attention Caplan, Ysengrain ne parle pas de bas rock… Hein ?
, le 09.10.2008 à 21:53
@15
J’ai des Iroise 500, l’aigu est dur ? Dire que ce modèle est inécoutable en hifi, hum…
Ces enceintes sont connues pour être très neutres, coloration minimum, tolérance zéro vis à vis de l’enregistrement.
, le 09.10.2008 à 22:15
De ci, de là, c’est moi; mon époux, Ysengrain pensait cahin-caha. Personne, me disait-il, ne s’intéressera à cet instrument disparu. Je le priai de n’en croire rien et lui affirmai que son sujet en passionnerait plus d’un, la musique fédère les relations. Je vous remercie pour lui de tous vos commentaires, j’en ai été très émue.
Je sable pas, rien ne s’efface (on ne fera pas de pâtés)
, le 09.10.2008 à 22:50
@ levri: la viole d’amour n’a été qu’avatar tardif de la viole, un peu mélangée de violon. J.S. Bach s’en est servi plusieurs fois, même dans les cantates, et surtout dans la Saint Matthieu.
@Saluki: tu as tout compris. Paolo m’a dit un jour que dans l’interprétation de ces musiques, les silences étaient aussi importants que les sons
@Madame Poppins: François Couperin a dit: “j’avouerai de bonne fois que j’aime mieux ce qui me touche que ce qui m’émeut”. Tu m’as touché.
@Argos: aucune négociation possible. Ce qui est important avec cet instrument, et d’autres aussi, c’est la quintessence des nuances et de la dynamique des sons matinés de micro-intervalles. Toute compression tue irrémédiablement tout ces aspects
@coacoa tu as tout compris aussi.
@ Anne Cuneo: dans le CD de la musique du film, il y a entre autres pièces , la 3 ème Leçon de Ténèbres de François Couperin interprétée par Montserrat Figueiras (Madame Jordi Savall) et Marie Christian Kiehr. Un joyau jamais réédité.
@patron d’ici: Quand te mets tu à la viole ? Veux tu que je te présentes à Paolo ?
@ pinaudico: Merci. Tu m’explques ce qu’est un poële de masse
@ Alain Le Gallou: longtemps, Tortelier a été ma version préférée, mais c’était avant que je tombe dans la marmite de potion magique du baroque. J’ai alors évolué vers, ce qui reste à mes oreilles comme les 2 meilleures versions au violoncelle. J’ai nommé celles d’Anner Bijslma. Il devait en enregistrer une 3 ème l’an dernier, et puis un accident de voiture lui a détruit l’épaule droite, et il ne peut plus jouer. J’espère que tu vas te régaler à l’écoute de tes achats.
Rien à ajouter, je suis en plein accord.
Dans un récent festival de viole, Jordi Savall jouait le samedi soir et Paolo Pandolfo jouait le dimanche après midi. Les programmes étaient imprimés. Comme il le fait souvent, Jordi change son programme et joue ce que Paolo avait prévu de jouer. Avec Francois Danger, dont je vous ai parlé, nous allons prévenir Paolo. Il répond: “Ma, c’est pas un problème, je vais improviser”. Le lendemain, nous avons eu droit à 80 minutes FLAMBOYANTES, absolument sublimes, d’intelligence, de souffle, de liberté, avec tellement de musique …
@Caplan: non négociable je te dis !! Rooonnntidjjuuuuuu !!
@Hersant: dis donc toi, tu aurais pu me prévenir que tu étais aussi inscrite. C’est vrai que de tout ce chemin que nous avons parcouru ensemble, rien n’est effacé.
@ TOUS merci de votre superbe accueil
, le 09.10.2008 à 23:54
ysengrain : je sais pour la viole d’amour… elle n’est pas de gambe. Mais j’avais flashé sur la bête chez un luthier, et une espèce de violon alto avec plein de cordes et des cordes sympathiques en prime, je trouvais ça vraiment planant… ;)
Bon le fiddle à la hanche c’est pas mal non plus, mais peut-être un peu plus barbare que la viole.
, le 10.10.2008 à 08:56
Ysengrain, felicitations, super article! vive la musique!
oui, oui, oui!!!
ciao, n
, le 10.10.2008 à 09:10
@ levri si tu veux voir de magnifiques violes d’amour, la collection Orpheon en contient ici
, le 10.10.2008 à 09:21
Citation d’Alain le gallou Sortie prévue, pas aujourd’hui, il y a du soleil, rare en Bretagne en cette saison
oui, c’est vrai depuis presque 1 mois!
, le 10.10.2008 à 10:59
Je viens d’écouter les Suites de Bach par Pandolfo. C’est très beau, mais je continue à préférer l’interprétation au violoncelle de Jérôme Pernod. Point de vue subjectif bien sûr.
P.S.qui n’a rien à voir. Une compression lossless n’altère en rien le son et je défie quiconque d’entendre la différence à l’aveugle. C’est comme la compression lossless des NEF sur un Nikon.
, le 10.10.2008 à 11:54
@ 31. ysengrain : merci pour les photos… mais je regarde avec les doigts et les oreilles. :)
J’écoutais les Suites de Bach par Pandolfo, et il y a quand même quelque chose qui me choque, ce sont des prises de son peu naturelles, le micro est presque collé contre la table d’harmonie, et il y a trop de réverb électronique. Est ce juste mon impression ou bieen ?
Je retrouve la même impression sur d’autres enregistrements récents en ma possession, il faudrait que je cherche dans mes vieux vinyles, qui dans mon souvenir sonnaient plus réalistes…
@ Argos : d’accord avec toi pour le lossless, le son des CDs est préservé.
, le 10.10.2008 à 15:06
@34 levri: 2 réponses; 1-A titre personnel, j’ai la même impression de gros son avec prises de son peu naturelles. 2- C’est un phénomène généralisé: je connais beaucoup de monde dans ce milieu et ai eu la chance d’être présent lors d’enregistrements, de Hille Perl en particulier. L’ingénieur du son est là, fait son boulot et ce qui en sort est “propre” Ce qu’est la version définitive est retouchée par la maison de production. Un exemple ? le Sainte Colombe de Hille est caricatural sur ce plan Je sais que tant Paolo qu’Hille protestent systématiquement, mais rien n’y fait. Quant à Savall, il en ferait peut-être un peu moins, dirigeant sa société de production Aliavox.
J’ai fait il y a 2 ans, une émission sur France-Musiques en compagnie d’un ami dont je suis très proche au plan musical et qui possèdait des enregistrements “perso” très propres de 1975 réalisés avec un Revox et une simple paire de micros. Tant le producteur que les 2 techniciennes de Radio France ont été subjugués par le naturel de la prise de son, au point qu’elles ont demandé l’autorisation d’en prendre une copie.
Une fois de plus, peut-être “c’était mieux avant”
, le 10.10.2008 à 16:56
@ ysengrain : un preneur de son n’est pas seulement un technicien, le feeling compte aussi, actuellement on a surtout des “techniciens du son”.
Dans les années 70 et 80, pour la musique acoustique certains avaient remis en honneur les prises de son à 2 micros (parfois en utilisant une tête artificielle pour reproduire au mieux l’écoute humaine), évidemment dans ce cas il faut savoir placer les micros et enregistrer dans un local ayant une acoustique adaptée à la musique jouée. Certains recherchaient même de vieux Studer à tubes pour avoir le son. Pour les instruments acoustiques le tout numérique n’a pas été un plus, et l’argument des multiples copies sans perte n’a pas d’intérêt dans le cadre d’une prise de son directe (pas besoin de multipistes, re-recording et mixage pour ce type de musique)
Je ne sais pas si la réponse “du mieux avant” est la bonne, peut être que c’est juste l’époque qui est “bling bling”, on fait dans le clinquant. :P
J’écoute Middle Pallavi de Shankar sur l’album Raga Aber
, le 29.10.2008 à 13:51
@ Isengrain Un poele de masse est un poele à bois. Il est constitué de briques ou de pierre, pour un ensemble allant de 2tonnes à 7/8tonnes, voir plus. L’idée est de faire un feu tres rapide, de façon a obtenir l’autocombustion du bois (tres peu de rejets de CO2, environ 0,03%) la chaleur produite se stocke dans les briques et lorsque le feu est éteint (au bout d’une heure) c’est la masse qui rayonne à l’intérieur de l’habitat. Avantages : 1 feu par jour, pas defeu quand on est pas la, peu de rejets dans l’atmosphère, excellent rendement, chauffage par rayonnement, four à pain intégré possible, tout type d ebois admi (pin aussi) donc bois pas cher, …
, le 10.12.2015 à 00:54
I assume you, Ysengrain, are now familiar with the recordings from Paolo since this conversation took place. Do you think he still settles for what the engineers give him?