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Âme de bronze, cha­pitre 10

Ame de bronze

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Cha­pitres pré­cé­dents:

 

Les cha­pitres pré­cé­dents d’un roman po­li­cier sont trop dif­fi­ciles à ré­su­mer. Nous y ren­voyons le lec­teur: le feuille­ton pa­raît le di­manche et peut être consulté en ligne.

 

 

X

 

 

Madame Léon ne nous a pas tués, au contraire. Une fois que j’ai ex­pli­qué les choses, elle a même in­cité son mari à m’ac­com­pa­gner à la pri­son. Lorsque je suis des­cen­due de ma voi­ture, Léon était déjà là. Il fai­sait les cent pas.

Avant de le re­joindre, j’avais pris mes pré­cau­tions. J’étais pas­sée par le bu­reau, avais ap­pelé So­phie et je lui avais, à elle, tout ra­conté. J’avais ainsi une double as­su­rance-vie.

Puis j’avais ap­pelé Ro­sa­linde Schmidt. Il fal­lait que je sois sûre.

«Dites-moi, Ro­sa­linde, le prof de fran­çais de Jacques, lors­qu’il est re­venu de sa secte et qu’il est re­tourné au lycée, était-ce Ma­dame Van­nery?»

«Oui, pour­quoi?»

«Vous aviez parlé avec elle des pro­blèmes de Jacques?»

«Bien sûr. Elle était l’en­sei­gnante res­pon­sable de leur classe. Nous avons lon­gue­ment dis­cuté des me­sures à prendre, avec elle et avec le pro­vi­seur. Mais pour­quoi me de­man­dez-vous cela?»

«Ro­sa­linde, un de ces jours j’es­père pou­voir vous ex­pli­quer la rai­son de toutes ces ques­tions in­con­grues. Pour l’ins­tant, je n’en suis qu’aux vé­ri­fi­ca­tions.»

«Bon, je vous fais confiance. En tout cas, je peux vous dire que Ma­dame Van­nery est une ex­cel­lente pé­da­gogue. C’est en par­tie grâce à elle que Jacques s’en est si bien sorti, après sa casse. Elle avait déjà été le pro­fes­seur de mon aîné, elle ar­rive à faire de ses élèves de vé­ri­tables let­trés, des amou­reux des livres.»

«Oui, j’ai beau­coup en­tendu dire cela. Elle a été un idéal pour des gé­né­ra­tions d’ado­les­cents à ce qu’il pa­raît. Vous avez gardé une liste des en­sei­gnants du lycée, par ha­sard?»

«At­ten­dez… Oui, elle est là.»

«Don­nez-moi deux ou trois noms.»

Elle m’a in­di­qué quelques per­sonnes, parmi les­quelles un pro­fes­seur d’his­toire que je connais­sais.

Je l’ai ap­pelé. Un homme ser­viable et af­fable qui m’a donné le ren­sei­gne­ment que je cher­chais. Tout s’en­chaî­nait lo­gi­que­ment, dé­sor­mais. Je suis res­tée as­sise à mon bu­reau cinq bonnes mi­nutes, pour ajus­ter ma vi­sion à ce que je ve­nais de com­prendre.

Puis je suis allée à la pri­son, où Léon m’at­ten­dait pour que je puisse en­trer sans pro­blème, et aussi parce que j’al­lais y par­ler d’une af­faire qui était tout de même la sienne. Ce n’était pas en­core tout à fait l’heure de la vi­site, mais de pe­tits groupes at­ten­daient déjà. Une po­pu­la­tion aux ac­cou­tre­ments par­fois étranges où pré­do­mi­naient les femmes, au­tant (bien qu’in­di­rec­te­ment) vic­times des condam­nés qu’elles al­laient voir que leurs vic­times ef­fec­tives.

«Vous avez eu des nou­velles de Mo­ham­med ben Salem, de­puis qu’il a été condamné?» ai-je de­mandé à Léon.

«Une fois. Il étu­die, et il a de­mandé la per­mis­sion de pas­ser ses exa­mens.»

«Il en a en­core pour long­temps?»

«Il a été condamné à quatre ans et demi, le maxi­mum pour viol. S’il conti­nue à étu­dier nuit et jour et s’il ne fait pas de bê­tise, on le li­bère au bout de trois ans. Il lui reste… Com­bien de temps cela fait-il? Il en a pour un an et des pous­sières.»

En en­trant dans la pièce que la pri­son avait mise à notre dis­po­si­tion, le jeune homme nous a lancé un re­gard hos­tile, après quoi il a fixé le sol, obs­ti­né­ment, et, une fois assis, la table.

«Mo­ham­med ben Salem», ai-je dit au bout d’un long si­lence, «pour­quoi ne nous avez-vous pas dit que ce n’est pas vous qui avez violé Iris Mo­retti?»

Tout son corps s’est re­dressé, et il m’a re­gar­dée, cette fois, droit dans les yeux.

«Vous n’al­lez pas me dire que vous avez sou­dain dé­cidé de me croire?»

«Pour­quoi n’avoir rien dit?»

«Mais je vous l’ai dit cent fois.»

«Non. Dans la me­sure où vous ne nous avez pas donné le nom du vio­leur, vos dé­né­ga­tions n’avaient au­cune va­leur. La plu­part des vio­leurs nient, une fois pris. Vous devez avoir com­pris cela, non?»

Son re­gard est re­tourné à la table. Il a fallu que je sois plus di­recte.

«De quoi vous a-t-il me­nacé, pour que vous le cou­vriez?»

Cette fois il s’est levé, il s’est ap­puyé à la table sur les mains, et son vi­sage s’est rap­pro­ché du mien. Léon a fait un mou­ve­ment, mais je l’ai ar­rêté d’un geste.

«Allez, cou­rage. Qu’est-ce qu’il vous a dit?»

Il a ou­vert la bouche, l’a re­fer­mée, s’est ras­sis, mais n’a pas baissé le re­gard.

«Je ne vois pas de quoi il est ques­tion.»

«Vous voyez très bien. Et votre loyauté vous ho­nore. Ou alors vous avez peur parce qu’il vous a in­ti­midé. Mais je vais vous ap­prendre une nou­velle: Tho­mas Car­lyle est mort.»

Son re­gard est resté fixé à mon vi­sage.

«C’est un piège.»

«Non, ce n’est pas un piège. J’ai fait une sup­po­si­tion. Mais basée sur tant de faits que c’est pour moi une quasi-cer­ti­tude. Je vais vous dire com­ment je pense que cela s’est passé. Vous avez ren­con­tré Tho­mas Car­lyle, et il s’est vanté d’être votre com­pa­triote, ce qui est en par­tie vrai. Il par­lait sans doute votre langue. Vous avez passé quelques soi­rées en­semble. Il vous a fait boire, il vous a peut-être filé un peu de coke à snif­fer, et puis il vous a poussé à vous écla­ter. C’est ainsi que vous avez fini par mo­les­ter une ou deux femmes dans la rue. Juste ou faux?»

Un long si­lence.

«Vous êtes sûre qu’il est mort?»

«Mort, as­sas­siné et au­top­sié. L’ins­pec­teur Léon m’est té­moin.»

«Al­lez-y, mon vieux», a ren­chéri Léon. «Ça vau­dra mieux pour tout le monde. Sans comp­ter que main­te­nant qu’on a l’ADN de Car­lyle, on a déjà vu que les si­mi­li­tudes avec celui du vio­leur – même s’il était la­cu­naire – sont frap­pantes.» Là, il im­pro­vi­sait: il n’avait pas eu le temps d’al­ler vé­ri­fier. Mais ç’a été ef­fi­cace.

Mo­ham­med s’est mis à table.

«Un jour, il a sonné chez moi. Son père avait connu mon père. Il était sympa, c’était un ami de la fa­mille – enfin c’est comme cela que je l’ai vu. Il vou­lait tou­jours que je sorte avec lui, mais je n’avais pas le temps. Je fai­sais de pe­tits bou­lots pour nouer les deux bouts, parce que nous sommes trois fils aux études et que mon père n’est pas riche. Tho­mas m’a dit: laisse tom­ber ces bou­lots, concentre-toi sur tes études et amuse-toi un peu. Je t’ai­de­rai, tu peux bien ac­cep­ter cela d’un ami. Je ne sais pas com­ment vous ex­pli­quer, il m’a en­voûté. Au début, on ne par­lait que de phy­sique nu­cléaire, mes études l’in­té­res­saient, il po­sait des ques­tions in­tel­li­gentes, je ne me suis pas méfié du tout. Et puis peu à peu il a été ques­tion de femmes – et puis…»

Sa voix s’est éteinte, et c’est Léon qui a en­chaîné.

«… et puis il a créé une at­mo­sphère d’éro­tisme mal­sain, et un beau jour il vous a donné de la coke, et il vous a ex­cité jus­qu’à ce que vous vous met­tiez à cou­rir après les femmes comme un lapin.»

«Com­ment sa­vez-vous tout cela?»

«Vous n’êtes ni le pre­mier ni le seul avec qui il a joué ce jeu-là. J’en ai ra­massé une pe­tite col­lec­tion, de­puis qu’il a eu la bonne idée de se faire char­cu­ter.»

À mon tour de lui lan­cer un re­gard étonné. Il m’avait donc vrai­ment fait des ca­chot­te­ries.

«Vous étiez avec lui, lors­qu’il a violé Ma­dame Mo­retti?» ai-je de­mandé, comp­tant sur une ré­ac­tion. Car­lyle lui fai­sait en­core peur. S’il avait été vi­vant, Mo­ham­med n’au­rait ja­mais rien dit. Même ainsi, il hé­si­tait.

«Alors, vous étiez avec lui?»

«Bien sûr que non. J’étais si bourré que je n’au­rais pu vio­ler per­sonne. On avait pas mal bu, et il m’avait donné de la coke à snif­fer, c’est vrai. C’était la pre­mière fois, je ne m’at­ten­dais pas à ce que cela fasse cet ef­fet-là. On s’est dé­chaî­nés. Enfin, moi, en tout cas. Je ne pour­rais pas vous dire ce qu’il res­sen­tait, lui.»

Il m’a lancé un re­gard contrit.

«Fai­sons les fous, qu’il a dit, et sur le mo­ment, cela pa­rais­sait si in­no­cent… Et puis j’ai perdu Tho­mas. Il m’avait parlé d’une femme qui l’en­voû­tait com­plè­te­ment, qui fai­sait de lui ce qu’elle vou­lait. Cela ne lui était ja­mais ar­rivé au­pa­ra­vant, di­sait-il, et il n’au­rait pour rien au monde man­qué une nuit avec elle. J’ai sup­posé qu’il était allé la voir. J’ai erré. À mon pro­cès, j’ai vu la femme que j’au­rais me­na­cée dans la rue, ce soir-là. Je ne m’en sou­ve­nais que très va­gue­ment, mais vu l’état dans le­quel j’étais, je veux bien la croire. Pour­tant, je n’avais pas l’in­ten­tion de la me­na­cer, de lui faire de mal. J’étais dans un état d’exal­ta­tion poé­tique. Et puis j’étais bourré, d’ac­cord, mais pas au point de tout ou­blier: j’étais, je suis sûr d’être resté de­hors, de n’être entré nulle part. Le len­de­main, Tho­mas m’a dit: c’est vrai­ment cu­rieux, ce qui m’est ar­rivé hier soir. In­at­tendu. Rien d’autre. Et deux ou trois jours plus tard, nous avons re­com­mencé, on s’est remis dans le même état, et je me sou­viens qu’à un cer­tain mo­ment il m’a dit: dom­mage que pour cer­taines choses, la pre­mière fois soit aussi la der­nière, comme si j’avais dû sa­voir de quoi il s’agis­sait. Et puis on est par­tis en chasse, pour s’amu­ser. Et puis vous m’avez ar­rêté, moi. Lui, vous l’avez man­qué.»

«Pour­quoi n’avez-vous rien dit?»

«Met­tez-vous à ma place. Je n’ai violé per­sonne, et même ces femmes dans la rue, j’étais dans un tel état que je n’ai pas réa­lisé que je les ef­frayais. Dans mon état nor­mal je res­pecte les femmes, et ja­mais je ne se­rais in­cor­rect avec l’une de vous. Pen­dant les deux pre­miers jours en pri­son, je ne com­pre­nais pas ce qui m’ar­ri­vait. J’ai jugé plus pru­dent d’en dire le moins pos­sible et d’at­tendre.»

«Et puis?»

«Et puis Car­lyle m’a en­voyé un avo­cat. Je ne sais même pas de quel ap­par­te­ment on me parle, que je lui ai dit. Mon pauvre, vous étiez donc si bourré? Non, pas suf­fi­sam­ment bourré pour ou­blier d’avoir cou­ché avec une femme, ai-je ré­pli­qué. Et là, tout à coup, je me suis dit: mais Tho­mas, lui, pour­quoi ne dit-il pas qu’il était avec moi? Et j’ai com­mencé à pen­ser que c’était peut-être lui qui… Et puis mon avo­cat m’a lu la dé­po­si­tion de Ma­dame Mo­retti, je me suis re­mé­moré les pro­pos de Tho­mas. Je lui ai en­voyé une lettre par l’avo­cat. Je trou­vais ab­surde qu’il paie cet avo­cat et qu’il se taise. Ou si ce n’était pas ab­surde, il n’y avait qu’une conclu­sion pos­sible.»

«Et de quoi vous a-t-il me­nacé, alors?»

«Com­ment sa­vez-vous qu’il m’a me­nacé?»

«Je suis comme l’ins­pec­teur, j’ai ma pe­tite col­lec­tion d’his­toires.»

«Il m’a dit qu’il rui­ne­rait mon père si je di­sais un mot à son pro­pos. Dans notre ville, il a des oncles très puis­sants. Il a dit qu’il avait le bras long, et j’étais prêt à le croire. Il m’a dé­taillé ce qu’il fe­rait. Il dé­cri­vait les me­sures qu’il pren­drait avec un sou­rire sa­dique aux lèvres, je vous as­sure que je n’avais au­cune envie de le mettre au défi. Toute ma fa­mille au­rait été anéan­tie. Par contre si je fai­sais mes trois ans sans re­chi­gner, il veille­rait à ce que je fi­nisse mes études et à ce que je fasse une belle car­rière de phy­si­cien nu­cléaire. Je ferai de toi le plus grand phy­si­cien du Magh­reb, qu’il me di­sait.»

«Vous l’avez cru?»

«Une par­tie de ma tête me souf­flait que, en fait de belle car­rière, il s’ar­ran­ge­rait pour me tenir à sa merci toute ma vie. Mais il était très per­sua­sif, aussi. J’étais en pri­son, de toute façon, c’était ma pa­role contre la sienne. J’ai conti­nué à dire que ce n’était pas moi le vio­leur. Il vou­lait que j’avoue, d’abord, mais là je n’étais pas d’ac­cord, je ne me char­ge­rais pas de quelque chose d’aussi vil. Pour­tant, je ne l’ai pas mêlé à l’af­faire.»

Un si­lence.

«Vous me croyez? Vous allez me li­bé­rer?»

«Ce ne sera pas fa­cile», a dit Léon. «Son ADN sera plus res­sem­blant que le vôtre, mais la com­pa­rai­son ne pourra ja­mais être par­faite, et à part cela nous n’avons au­cune preuve ma­té­rielle. Et si on vous li­bère et qu’on vous ex­pulse, cela n’ar­ran­gera pas vos études. Il faut qu’on vous ré­ha­bi­lite. Je ver­rai ce que je peux faire.»

Lorsque nous l’avons quitté, Mo­ham­med sou­pi­rait beau­coup, mais son vi­sage était se­rein, presque ou­vert.

 

Léon et moi sommes mon­tés cha­cun dans sa voi­ture et sommes ren­trés à Lau­sanne. Il ne vou­lait pas abu­ser de la pa­tience de sa femme. Et j’avais en­core une dé­marche à en­tre­prendre pour la­quelle je ne vou­lais sur­tout pas qu’il soit là.

J’ai ar­rêté mon mo­teur de­vant chez Olga et je suis mon­tée. J’ai poussé la porte de son ap­par­te­ment (elle n’était bien en­tendu pas fer­mée à clef) et suis en­trée sans son­ner. Du li­ving sor­tait une mu­sique feu­trée.

Elle était as­sise dans un fau­teuil, les jambes re­pliées sous elle, en pei­gnoir de soie noire. Ses draps aussi étaient noirs, je les avais aper­çus en pas­sant. Elle te­nait une tasse et fixait sans le voir le lac qui se des­si­nait dans le loin­tain.

«Bon­jour, Olga.»

Elle a tourné la tête. Son vi­sage, tou­jours beau, avait pris dix ans. Elle était d’une pâ­leur ex­trême, et main­te­nant que je la voyais en pleine lu­mière, il me sem­blait qu’en quelques se­maines elle avait lit­té­ra­le­ment fondu. Elle avait tou­jours été menue, mais là, elle était quasi sque­let­tique.

«Salut, Marie.»

Rien de plus. Comme si elle m’avait at­ten­due. Sa voix avait pris un siècle.

Je me suis as­sise en face d’elle, mon sac sur les ge­noux.

«Qu’est-ce que tu veux?»

«Je t’ai vue hier soir, au bar du Pa­lace. Je me suis dit que tu n’al­lais pas fort.»

«Ça te re­garde?»

«Un peu. Au fond, je ne le sa­vais pas, mais c’est toi que je cher­chais tout du long. C’est idiot, mais je n’ai com­pris qu’hier soir. Je ne sa­vais pas, avant, que tu étais la maî­tresse de Tho­mas Car­lyle. Per­sonne n’a ja­mais com­pris que ce vio­leur n’au­rait pas du tout été un vio­leur, pour toi. Tu me l’as même dit, mais j’étais si loin de me dou­ter… Et lorsque tu as vu que je ne com­pre­nais pas ton al­lu­sion, tu as pensé tant pis pour elle, ou quelque chose dans le genre.»

Son simple re­gard était un ac­quies­ce­ment. Elle a tiré sur sa ci­ga­rette jus­qu’à ce qu’elle soit finie. Elle a avancé le buste pour écra­ser le mégot – le dixième, le ving­tième – dans le cen­drier.

«Tu fais er­reur», a-t-elle fini par dire. «Je ne sa­vais pas que c’était lui. Je sa­vais que l’ac­cusé était un de ses amis, bien sûr, et j’ai sou­vent sou­haité qu’il se soit trompé de chambre, ce soir-là, qu’il soit venu dans la mienne. Avec moi, il n’y au­rait pas eu de viol, mais un jeu. Moi, je traite les hommes de telle sorte qu’à la fin ils sont à ge­noux de­vant moi. Ils en veulent en­core. On ne peut pas me vio­ler, moi.»

«En somme, Tho­mas Car­lyle et toi for­miez un couple idéal.»

L’iro­nie dans ma voix a été per­due pour elle.

«Idéal. Cha­cun de nous était sou­mis à son tour. Il a fini par ram­per de­vant moi. Mais moi, je n’ai ja­mais rampé de­vant lui.»

Elle a eu un rire mé­pri­sant. Hi­deux.

«Toutes ces mi­jau­rées qui se plai­gnaient, sa femme lé­gi­time qui s’est pra­ti­que­ment laissé tuer. Très peu pour moi. Moi, je l’ai maté. Il était à moi. Avant, il cou­rait. Hommes, femmes, cela lui était égal, pourvu qu’il puisse do­mi­ner. Il a même sé­duit son oncle.»

«Et c’est comme ça qu’il le fai­sait chan­ter?»

«Il avait réussi à prendre des pho­tos de ses propres ébats avec lui. Pour sou­mettre ses vic­times dé­si­gnées, Tho­mas Car­lyle avait une ima­gi­na­tion in­épui­sable.»

Je me suis sou­ve­nue de l’oncle Fran­cis: je l’ai aimé comme un fils, il au­rait fait un ex­cellent am­bas­sa­deur… culture le­van­tine. Tu parles d’une culture le­van­tine.

Olga conti­nuait à dé­bi­ter d’une voix mo­no­tone.

« … et on nous re­gar­dait de tra­vers. Mais à par­tir du jour où nous nous sommes trou­vés, plus per­sonne d’autre n’a existé. Il n’a plus mo­lesté per­sonne, et je n’ai, moi aussi, plus été qu’à lui. Nous ne fai­sions de mal à per­sonne, nous étions entre adultes consen­tants.»

«Iris mise à part, bien en­tendu.»

«Iris, c’était une er­reur. Il était ivre, ce qui ne lui ar­ri­vait que ra­re­ment. Il s’est trompé de chambre. Il n’était guère venu chez moi; le plus sou­vent c’était moi qui al­lais à son hôtel. Et ce soir-là, je lui avais dit que je ne le ver­rais pas, car le len­de­main j’avais des exa­mens oraux à faire pas­ser, de sept heures du matin jus­qu’à tard dans l’après-midi. Je ne m’at­ten­dais ab­so­lu­ment pas à ce qu’il vienne.»

«Com­ment se fait-il qu’Iris ne l’ait pas re­connu?»

«Tho­mas et elle ne s’étaient ja­mais ren­con­trés. Un ha­sard. Il était mon ami de­puis quelques mois seule­ment, je te l’ai dit, c’était la fin de l’an­née sco­laire, nous étions très oc­cu­pées, de­puis quelques se­maines nous vi­vions sous le même toit, mais nous nous voyions à peine.»

«Et une fois son er­reur com­mise, il ne t’a rien dit.»

«Non, il ne m’a rien dit.» Le ton était à la lèse-ma­jesté.

«Et tu n’as pas ima­giné…?»

« … qu’il au­rait trans­gressé? Mais tu rêves, ma pa­role! Nous étions conve­nus que si l’un de nous déso­béis­sait, l’autre avait le droit de le tuer.»

J’ai es­sayé de ne pas avoir l’air ef­faré.

«Mais tu as fini par lui faire cra­cher la vé­rité.»

«Il avait tou­jours parlé de Ben Salem. Ce sa­laud de Ben Salem al­lait payer, Ben Salem avait été ignoble, et ce­tera, et ce­tera.»

«Mais au fond de toi, tu sa­vais.»

Tout son corps a été par­couru d’une es­pèce de cou­rant, d’un spasme, cela m’a fait pen­ser à un ser­pent qui se dresse.

«Non. Je ne sa­vais pas. Il était à moi, je connais­sais les moindres re­coins de sa pen­sée.»

«Mais il a cou­ché avec ta co­pine. Sous ton nez. Par er­reur, sans doute. Mais enfin, voilà quelque chose que tu as long­temps ignoré.»

«Il a tout de même fini par l’ad­mettre.»

«Oui, mais quand? Il y a quelques se­maines à peine, je pense.»

Je jouais une par­tie ser­rée. Il ne s’agis­sait pas de me trom­per. Elle a eu un de ces gestes hau­tains, si ty­piques, pleins de mé­pris.

«Quelle im­por­tance? Il y a quelque temps.»

«Et c’est pour cela que tu l’as tué.»

Elle s’est im­mo­bi­li­sée. J’avais réussi à la sur­prendre, et une frac­tion de se­conde son re­gard a dit «oui».

«Qu’est-ce que tu ra­contes?»

«Je ra­conte que tu as pré­texté ton cours sur les mo­nu­ments de la Suisse au lycée pour en­traî­ner Tho­mas dans cette bi­blio­thèque qui, comme par ha­sard, se trouve être une église, et là tu lui as fait ex­pier sa faute. De­vant Dieu et de­vant les hommes. Tu l’as fait mettre à ge­noux, tu t’es of­ferte à lui, et pen­dant que sa tête était ap­puyée sur ton ventre, tu l’a poi­gnardé. Il était à toi, et tu l’avais pré­venu: un écart, et tu le tue­rais.»

J’in­ven­tais – enfin pas tout à fait, il m’était re­venu, sou­dain, que le jour où nous avions trouvé le corps de Car­lyle j’avais re­mar­qué une trace sur son pan­ta­lon qui m’avait fait pen­ser, fu­gi­ti­ve­ment, qu’il avait dû s’age­nouiller. Je n’y avais guère prêté at­ten­tion, plus re­pensé, mais là, tout à coup, j’étais dans un état se­cond, c’était comme si je li­sais dans les pen­sées d’Olga, je sui­vais ses rai­son­ne­ments, je voyais les images dé­fi­ler dans sa tête à me­sure qu’elle les pro­dui­sait. Son vi­sage était dur, ses lèvres avaient comme dis­paru, ses yeux étaient fixes.

«Il était à moi. S’il avait avoué, le len­de­main du jour où il a violé Iris, je l’au­rais puni, mais en­suite je lui au­rais par­donné. Là, des mois plus tard, ce n’était pas ex­cu­sable. D’ailleurs, il ne s’est pas ex­cusé. Il a même dit que l’ex­pé­rience avait été in­té­res­sante.»

«Et tu l’as tué.»

Je vou­lais qu’elle le dise, mais elle ne m’a pas donné cette sa­tis­fac­tion.

«Iris m’a in­vi­tée à sa pre­mière, à Vienne, et elle m’a en­voyé deux billets. J’ai pro­posé à Tho­mas de venir avec moi. Il a ri: “Bonne idée, je n’ai plus revu ta co­pine de près de­puis le soir où je l’ai prise pour toi, où je lui ai fait l’amour. Elle n’était pas comme toi, cette im­bé­cile, elle a fait tout un tas d’his­toires, après.” “C’est toi qui as violé Iris?” J’en avais les jambes cou­pées. Pen­dant tout le pro­cès, il n’avait ja­mais rien dit, cela avait paru ne pas l’in­té­res­ser, même. “Vio­lée, vio­lée, n’em­ploie pas les grands mots. Pas toi, tout de même.” J’ai vu qu’il ne com­pre­nait pas. Il ne com­pre­nait pas que nous étions conve­nus, qu’il avait man­qué à sa pa­role en­vers moi. Et il com­pre­nait en­core moins que des rap­ports, même vio­lents, entre per­sonnes consen­tantes, c’est une chose, mais que for­cer qui que ce soit c’en est une autre. Je ne peux pas t’ex­pli­quer, mais sou­dain il m’a fait d’au­tant plus hor­reur qu’il n’avait même pas l’air de re­gret­ter.»

«En n’ayant rien dit, il a réussi à te vio­ler, toi aussi.»

Une pause.

«Com­ment as-tu su que c’était lui le vio­leur, Marie?» Sa voix était mé­con­nais­sable.

«Tout est venu d’un coup lorsque j’ai ap­pris que tu étais sa maî­tresse.»

«Sa Do­mina. Il était à moi.»

«C’est alors que j’ai com­pris que c’était toi qui me l’avais en­voyé, lorsque j’ai fait sa connais­sance. Que c’était toi qui lui avais pro­posé de se re­com­man­der de Ro­sa­linde Schmidt, ce qu’il n’a pas fait per­son­nel­le­ment, mais qu’il a sug­géré plus tard à Varek. Dans le cercle de mes connais­sances, il n’y avait que toi qui étais au cou­rant, pour Jacques Schmidt. J’au­rais dû y pen­ser plus tôt, d’ailleurs.»

Elle n’a dit ni oui ni non. Ses yeux, exor­bi­tés, fixaient un point dans le vide.

J’étais sur le point de ré­pé­ter mon af­fir­ma­tion «tu l’as tué» lorsque d’un geste ra­pide elle a ou­vert son pei­gnoir. Elle por­tait des bas noirs à jar­re­telle, et de l’élas­tique elle a ex­trait un poi­gnard long et ef­filé. Une vraie pe­tite gouape. Ses yeux avaient la fixité de la folie. Je m’étais pré­pa­rée à cette mé­lo­dra­ma­tique éven­tua­lité, et je la vi­sais déjà de mon re­vol­ver avant qu’elle n’ait eu le temps de lan­cer. Elle ne pa­rais­sait même pas avoir re­mar­qué mon arme.

«Tu t’es mise en tra­vers de ma route, tu vas payer. Elle aussi.»

«Elle qui?»

«Mais sainte Iris, bien sûr.» Sa voix était stri­dente. «Tu t’es mise en tra­vers de ma route au début, tu m’as blo­quée à Vienne, tu viens me pro­vo­quer main­te­nant.»

«À Vienne?»

At­ten­tion, Marie, garde ta concen­tra­tion, c’est une ques­tion de vie ou de mort au sens propre, main­te­nant. J’ai été sub­mer­gée par une nou­velle vague de pers­pi­ca­cité.

«Tu es allée à Vienne pour la tuer, et si je n’avais pas été là, tu l’au­rais fait.» Il a fallu que je rie, dou­lou­reu­se­ment. «Tu l’au­rais punie d’avoir été vio­lée. Char­mant.»

«Tu te mets tou­jours en tra­vers de ma route.»

Elle a levé son poi­gnard. Pen­dant un quart de se­conde, son arme s’est ba­lan­cée au-des­sus de sa tête. J’étais prête. J’ai tiré. Coup de chance, je n’ai vrai­ment tou­ché que la lame, comme je l’avais voulu. Le cou­teau lui a sauté de la main et le choc l’a désar­çon­née. J’ai bondi et avant qu’elle n’ait re­trouvé ses es­prits, je vi­sais sa tempe. À cet ins­tant-là, j’ai com­pris ce que res­sent un tueur. Il ne pense pas à la mort de sa vic­time. Il est dans une autre lo­gique. La rage me ren­dait dan­ge­reuse, mais je n’avais pas le temps de me contrô­ler.

«Allez, de­bout.»

Je l’ai tirée par le bras de ma main libre, bru­ta­le­ment. De­bout, je la dé­pas­sais d’une tête.

«Tue-moi», a-t-elle dit, d’une voix sourde. «Je ne veux pas vivre sans lui, et puis j’ai un can­cer du foie, je n’en ai pas pour long­temps. C’est aussi pour cela que je l’ai tué. Il était à moi, et je ne vou­lais pas qu’il sur­vive.»

«C’est ça, api­toie-moi. Juste ce qu’il faut pour que je te laisse le temps de me des­cendre.»

«De toute façon, à par­tir de main­te­nant, je nie tout, ce sera ta pa­role contre la mienne, je ne t’ai rien dit.»

«Trop tard, chère pe­tite ma­dame.»

La voix venue du seuil nous a sur­prises toutes les deux.

So­phie était là, vi­sant Olga au cœur, elle te­nait ce que j’ai pris pour le pis­to­let d’or­don­nance de Gilles. Nous ne l’avions pas en­ten­due en­trer.

Ins­tinc­ti­ve­ment, Olga a porté les mains à ses cuisses.

«Je ne fe­rais pas ça, à votre place», a dit So­phie d’une voix que je ne lui avais ja­mais en­ten­due. Douce et dure en même temps. «Ma­dame Ma­chia­velli a eu la bonté de viser la lame de votre poi­gnard. Je n’au­rai pas ses scru­pules.»

Der­rière elle, j’ai été en­core plus éton­née de voir poindre la mous­tache de Rico.

Olga est res­tée figée un ins­tant, puis s’est écrou­lée dans une sorte de spasme qui res­sem­blait à l’idée que je me fais d’une crise d’épi­lep­sie. Ni So­phie ni moi n’avons bougé, nos re­vol­vers sont res­tés bra­qués sur elle. Elle sa­li­vait, cra­chait du sang, ses yeux rou­laient dans ses or­bites, elle criait, nous in­vec­ti­vait entre deux râles. C’était hor­rible. Je ne la connais­sais pas suf­fi­sam­ment pour com­prendre si c’était du ci­néma.

«Il faut ap­pe­ler une am­bu­lance», a dit Rico en s’age­nouillant près d’elle. Elle ne voyait plus rien ni per­sonne. Ce n’était pas du ci­néma.

«Oui, je crois même que c’est urgent.»

J’avais de la peine à re­con­naître le son de ma propre voix. Je me suis di­ri­gée vers le té­lé­phone.

Ils sont ar­ri­vés très vite. Lors­qu’ils sont en­trés, nos armes avaient dis­paru. D’un coup de pied dis­cret, j’ai fait glis­ser le poi­gnard sous le sofa. C’était pro­ba­ble­ment avec lui qu’elle avait tué Car­lyle et, même tordu comme il était, un chi­miste un peu ha­bile en au­rait sans doute tiré des preuves ir­ré­fu­tables.

«Faites at­ten­tion», a dit Rico aux bran­car­diers, «c’est une ma­niaco-dé­pres­sive, elle par­lait de tuer quel­qu’un.»

Ils lui ont fait une pi­qûre qui l’a cal­mée presque ins­tan­ta­né­ment.

J’ai mur­muré à celui qui pa­rais­sait être le chef:

«Elle a dit tout à l’heure qu’elle avait un can­cer du foie. Je ne sais pas jus­qu’à quel point c’était du dé­lire.»

«J’aver­ti­rai le mé­de­cin de garde. L’un de vous peut nous ac­com­pa­gner?»

«Je viens vo­lon­tiers», a dit Rico.

«Nous sui­vons en voi­ture», ai-je ajouté.

En par­tant, Rico a pris le sac à main d’Olga, qui gi­sait ou­vert dans un fau­teuil.

Et sou­dain, après toute cette agi­ta­tion, So­phie et moi nous sommes re­trou­vées seules, face à face.

«Je suis vrai­ment sur­prise de vous voir faire des heures sup­plé­men­taires», ai-je ob­servé juste pour dire quelque chose. «Et en­core plus sur­prise de vous voir sur­gir armée comme une Mi­nerve.»

«Ben quoi, je suis lieu­te­nant à l’ar­mée.»

«Ah bon? Moi qui vous croyais gau­chiste.»

«Je suis plu­tôt à gauche, c’est vrai, bien que je m’abs­tienne de toute po­li­tique. Selon vous, il fau­drait lais­ser l’ar­mée ex­clu­si­ve­ment aux gens de droite?»

«Non, non, l’ar­mée est à tout le monde, je suis d’ac­cord. Vous ne m’aviez ja­mais dit que vous fai­siez du ser­vice mi­li­taire, c’est tout. Et com­ment se fait-il que vous ayez réussi une en­trée en scène digne de Zorro?»

«Vous me té­lé­pho­nez, vous me ra­con­tez votre polar de A à Z et me dites que si vous avez rai­son, après la pri­son vous vien­drez ici. Je n’étais pas tran­quille: tous les livres le disent, c’est le pre­mier meurtre qui est le plus dur. Une fois qu’on a brisé le tabou, on ré­ci­dive fa­ci­le­ment. L’idée que vous ve­niez dans cet ap­par­te­ment isolé, pour confron­ter une tueuse, ça me trou­blait. Et fi­na­le­ment j’ai dit à Gilles que je pré­fé­rais venir pour rien que res­ter chez nous à y pen­ser. J’ai ap­pelé Mon­sieur Ke­pler pour lui de­man­der son avis. Nous nous sommes dit que mieux va­lait pous­ser jus­qu’ici.»

«Vous avez en­tendu son his­toire?»

«En grande par­tie, je di­rais. C’est in­croyable.»

«Pas si in­croyable: un type ivre, deux chambres aux deux bouts du cou­loir. Il a l’in­ten­tion de tour­ner à droite, mais dans le noir il va à gauche et n’est pas assez lu­cide pour s’en aper­ce­voir. Il a cru que c’était Olga, et en­suite, ça l’a amusé de conti­nuer.»

Une simple er­reur. Un jeu. Ça m’an­gois­sait d’y re­pen­ser. Au­tant chan­ger de dis­cours.

«Je me de­mande si Olga est vrai­ment ma­lade.»

So­phie est tou­jours un mo­nu­ment de bon sens.

«Al­lons à l’hô­pi­tal, nous le sau­rons. Et ame­nons-lui quelques af­faires.»

Elle est par­tie dans les pro­fon­deurs de l’ap­par­te­ment, des ti­roirs se sont ou­verts et re­fer­més. Pen­dant ce temps, je me suis mise à quatre pattes, j’ai res­sorti le poi­gnard de sous le divan, l’ai en­ve­loppé dans mon mou­choir et l’ai glissé dans mon sac. L’opé­ra­tion était à peine ache­vée que So­phie est re­ve­nue avec un fourre-tout re­bondi.

En par­tant, j’ai re­tiré la clé de la ser­rure in­té­rieure, et j’ai fermé l’ap­par­te­ment der­rière moi. À double tour. Le geste était gra­tuit. Iris au­rait dit que ça ne la dé-vio­lait pas, mais il m’a fait du bien.

 

 

 

© Ber­nard Cam­piche édi­teur, CH 1350 Orbe (Suisse)

«Ame de bronze» a été réa­lisé par Ber­nard Cam­piche avec la col­la­bo­ra­tion de René Be­la­kovsky, Béa­trice Ber­ton, Ma­rie-Claude Gar­nier, Ma­rie-Claude Schoen­dorff et Da­niela Spring. Photo de cou­ver­ture: Da­niel Co­chet.

 

3 com­men­taires
1)
zit
, le 26.10.2008 à 10:18

Dès le début, je ne sen­tais pas bien “le tu­ni­sien vio­leur” sous la plume d’Anne Cuneo, ça avait un côté tel­le­ment in­con­gru que j’étais cer­tain de sa non culpa­bi­lité.

Quand à Tom et Olga, quel joli couple ! C’est le genre dont on ne sou­hai­te­rait même pas qu’ils ren­contrent nos pires en­ne­mis (quoique, mes pen­sées vont à un couple d’ex–voi­sins avec qui ils se se­raient ap­pa­riés har­mo­nieu­se­ment ;o).

z (vi­ve­ment di­manche pro­chain, je ré­pêêêêêêêête : com­ment ça, c’est déjà fini ?!!!)

2)
Sa­luki
, le 26.10.2008 à 10:19

Ah… Les femmes !

3)
Franck Pas­tor
, le 28.10.2008 à 10:44

Des gens comme ça, j’ai­me­rais ne pas en croi­ser, c’est sûr…