a) quand le Père Noël viendra enfin (Parent a beaucoup de chance si Enfant l'interroge pour la première fois début novembre...)
b) quand il saura lire (sujet qui surgit généralement deux semaines après l'entrée en maternelle)
c) quand il pourra avoir une Playstation (voir ci-dessus)
d) quand il ira en vacances au bord de la mer (demande répétée assurée dès la mi-avril)
e) autre, remplissez à votre guise.
Evidemment, quand on est adulte, on sait que
a) le Père Noël est ou une ordure ou qu'il n'existe pas
b) à peine l'alphabet maîtrisé, il faut déjà remplir une déclaration d'impôts
c) la Playstation, il faut éviter d'y jouer, à moins d'aimer se faire battre par un morveux de cinq ans qui a encore un doudou sous le bras
d) les vacances sont souvent trop courtes
e) on n'a pas les moyens de s'offrir cet "autre" mais qu'on peut toujours rêver.
Bref, pour en revenir au point de départ, j'aimerais vous entretenir aujourd'hui du temps. Pas le journal, pas celui des cerises, pas celui qui, de Léo à Sylvie, fait oublier le visage et la voix. Ni celui de la météo, encore moins celui qui est pour moi mais que tant de gens voudraient autant....
Aujourd'hui, le temps dont il est question est bien plus prosaïque, plus basique : celui qui fait que la journée et la nuit se décomposent en 24 heures, que l'année compte (souvent) 365 jours, que ces jours sont une succession de minutes, de secondes.
Ce temps, il est très relatif : nous pouvons l'offrir, nous pouvons le voler, nous pouvons le gaspiller; il nous arrive même de le perdre et nous cherchons souvent à le gagner.
Toute petite déjà, j'ai appris que le temps devait être géré, comme une espèce d'entreprise : "prépare ton sac avant d'aller au lit parce que demain, tu n'auras peut-être pas le temps de le faire correctement avant d'aller à l'école", "fais tes devoirs maintenant, tu auras ensuite le temps de jouer".
Devenue adulte, j'ai surtout essayé de le rationnaliser, pour pouvoir "tout" faire, du moins pour pouvoir caser dans cette succession d'heures et de minutes des choses qui me plaisent vraiment et que j'ai choisies, découpant ce temps en "tranches", d'épaisseurs inégales et parfois frustrantes : en effet, sa répartition ne dépend pas de ma seule volonté. Ainsi, je suis bien obligé de prévoir du temps pour le boulot, réduisant le temps couple, pourtant indispensable, et le temps famille, primordial. Vous l'aurez noté, j'ai fait l'impasse sur le temps sport, tant pis pour mes CAF*.
J'ai donc acheté un micro-ondes, un lave-linge rapide, une machine à sécher, un agenda électronique, je fais mes courses sur internet; je priorise au maximum, je gère l'entreprise temps, toujours à la quête de minutes supplémentaires pour la rubrique "je fais ce que j'aime".
Toutefois, bien qu'étant capable de faire (au moins) trois choses simultanément, j'ai fini par admettre que même en étant une as de l'organisation, je ne pouvais pas l'étendre à l'infini, mon temps.
Parce que le temps a beau être relatif - personne n'hésite entre soixante minutes chez le dentiste et soixante minutes de sieste, surtout si elle est aussi crapuleuse - et après avoir longuement hésité, pesé le pour et le contre, le contre et le pour, j'ai décidé de céder ma place cukienne-du-lundi-en-quinzaine durant les deux prochains mois. Pour vous retrouver dès le mois d'octobre, si François le veut bien : j'espère alors avoir en poche un certificat de spécialiste en droit du travail qui, s'il est pour moi très chronophage dans sa préparation, représente un magnifique défi professionnel.
Bien sûr, ce n'est pas en supprimant la rédaction le-dimanche-en-quinzaine que je vais radicalement changer ma préparation d'examens : je suis consciente qu'un test, logiciel ou photo, prend très nettement plus de temps. Il se trouve simplement que j'ai besoin, pour pouvoir écrire, même des bêtises, d'avoir l'esprit qui vagabonde et en ce moment, il est trop tendu vers cet objectif de formation pour aller à la rencontre d'un lectorat.
En outre, j'ai besoin d'avoir aussi des "souffles", des "respirations" dans mon agenda, fût-il électronique : j'aime l'idée de pouvoir hésiter entre un bain moussant et une promenade en forêt.
Bref, j'ai toujours détesté les au revoir sur les quais de gare ou dans les aéroports, je constate que je ne les aime pas davantage lorsqu'ils sont virtuels mais oui, promis, je vous écris dès que je suis arrivée.
Du temps, de toute évidence, vous en avez puisque vous l'avez pris pour me lire jusqu'au bout (merci); dites-moi maintenant ce que vous faites de celui que vous volez.
* CAF = cuisses - abdos - fessier ;-)
, le 21.07.2008 à 02:55
“Volez…”
Oui, car il s’agit bien ici de voler un peu de temps, rémunéré par un employeur très regardant pour effectuer d’autres tâches…
Mais le mois d’août et la longue absence d’un certain nombre de membres de la hiérarchie vont me permettre de plonger d’une traite dans la lecture des trois tomes du fameux Millénium.
, le 21.07.2008 à 08:00
En tout cas repose-toi bien.
Et surtout, va au bout de ta formation, et reviens-nous vite!
Pour le temps volé?
Le temps volé à qui?
À la famille?
Au boulot?
A Cuk?
J’essaie de lire un peu… Mais tellement lentement…
, le 21.07.2008 à 08:26
En parlant de temps… j’ai un an de plus dans qq jours et cette unité supplémentaire m’em… royalement ! je sais que ce n’est pas rationnel que beaucoup sont plus vieux que moi sur ce site, que de toutes manières gna gna gna…, que je ne fais pas mon âge et j’en passe. C’est con mais c’est comme ça (la loi des cinq C).
@PS
Attention ! Millenium est chronophage ! Sache que tu risques comme beaucoup de fermer ton livre deux ou trois fois à 3h du matin, n’en pouvant plus d’attendre la suite, les conséquences et autres rebondissements.
, le 21.07.2008 à 08:50
Ah, je ne connais pas le livre, mais si ya de quoi le refermer à 3Heures du matin (Ce qui m’arrive souvent d’ailleurs XD), c’est que ça doit être un bon !
Et pour retourner sur le sujet: Profite bien de ce congé Madame Poppins !
, le 21.07.2008 à 09:10
Avant tout autre élément de réponse, il me faut couper les ailes d’un canard qui m’a nargué très longtemps, et qui continue de le faire par personne interposée, j’ai nommé le dialogue (monologue de fait) entre une mère/un père et son enfant, où le parent (peut-être agacé, oui, mais adulte ? on se pose la question) termine la phrase par un “allez hop, dépêche toi, allez, allez”. Hep, les parents, tentez d’imaginer combien cette phrase ou toutes leurs jumelles, sont traumatisantes pour un enfant préoccupé par …. qui voit s’abattre et s’imposer dans son espace mental le pouvoir de l’adulte. Là, à ce moment précis, dans le centième de seconde qui a suivi l’intégration du “allez, dépêche toi”, le temps se contracte à l’extrême, et l’anxiété de ne plus savoir, ne serait-ce qu’un instant, qu’on est plus aux commandes, est outrageusement anxiogène. J’ai écrit outrageusement, à dessein. Un tel niveau d’anxiété génère un blocage respiratoire. C’est montré expérimentalement. Les cours de physiologie médicale le montrent dans l’étude du stress. Je n’ai pas besoin de vous faire part des conséquences d’un blocage respiratoire. Pour élargir l’horizon, le stress en général est générateur de blocage respiratoire.
Voilà qui me parait empreint d’une grande sagesse. Prendre des souffles, et des respirations est élémentairement bienfaiteur dans la gestion personnelle.
J’ai la chance de pouvoir professionnellement gérer mon temps à ma guise. Bien sûr, des cas d’urgence peuvent interférer, mais rien de dommageable.
Un dernier point: je trouve avoir fait un énorme pas en avant le jour où j’ai compris qu’il n’était pas nécessaire de se dépêcher pour être performant.
P.S. prends le temps du repos, puis un peu plus tard, courage pour ton examen
, le 21.07.2008 à 09:20
Je sais pas si cela ce dit à une dame qui passe des examens, mais je le dis quand même…
M….. MAAAAAAAAAME POPPINS
, le 21.07.2008 à 10:06
Ce matin, comme tous les matins, j’avais du temps, car je m’organise pour ça. J’ai jeté un oeil à:
puis à Cuk.ch.
Alec6, un autre Lion! Moi , c’est le 24.
J’ai aussi pris le temps (10 minutes) de faire quelques exercices physiques dont on m’a parlé il y a quelques jours. J’aime bien vérifier tous ces trucs par moi-même.
Les 5 tibétains
(Si ça marche, j’aurai plus de temps devant moi).
J’ai lu mes mails. Il y avait, entre autres, ce lien
Ensuite, puisque le temps s’améliore, je vais aller profiter un peu du Soleil qui, cette année, a vraiment pris tout son temps.
Profitez bien de chaque instant, car un jour, pour ceux qui sont en bonne santé, vous direz, en parlant d’aujourd’hui, et entre autres, de vos ballades sur Cuk: “Ah!, c’était l’bon temps!”
Et pour vivre, ou avoir l’impression de vivre, un peu plus longtemps, passons plus de temps à aimer (en commençant par nous-mêmes) qu’à critiquer :-))
Voilà, j’arrête là pour ne pas prendre trop de Votre temps :-)
, le 21.07.2008 à 10:07
Tu oublies le fameux “Quand est-ce que j’aurai un téléphone mobile”?
Question qui est désormais posée dès 3-4 ans et demande à laquelle cède déjà les parents quand le gamin à 10-11 ans!
Concernant le temps, il y a la théorie de la relativité dessus qui me semble de plus en plus concrète à mesure que je vieillis!
A 5 ans, une année représente 1/5 de sa vie et l’on raisonne à horizon une semaine; une journée s’écoulant lentement.
A 50 ans, une année représente 1/50 de sa vie et la journée s’écoule plus vite qu’un clin d’oeil! Je ne parle même pas des heures et minutes qu’on ne voit pas passer.
Je ne sais pas ce que vaut cette vision mais elle permet de comprendre pourquoi petit on accorde une telle importance aux demi-années (j’ai 6 ans et demi), pourquoi attendre son anniversaire pendant 1 mois est insupportable tellement c’est long et pourquoi le monde des adultes semble si inaccessible.
En fait, rien ne vaut le temps de l’insouciance et malheureusement, Madame Poppins, avec votre agenda, votre mesure du temps et votre optimisation, vous êtes dans le temps des adultes et je comprends qu’il est difficile de ne pas être nostalgique de son temps d’enfant!
, le 21.07.2008 à 10:10
Comme je fais partie de cette frange de personnes privilégiées scandaleusement bien rémunérées, disposant d’une période de vacances démesurée et ayant de plus beaucoup de temps libre générés par des horaires tellement si ridiculement bas qu’il serait possible de faire une semaine complète en 3 jours pour tous les salariés “normaux”… je profite donc de refaire complètement mon jardin (mais ça ça se sait déjà…) à “l’ancienne” à savoir sans machines, entièrement de mes petites mains… et seul… et c’est que du bonheur de ne pas être pressé par des impératifs financiers ou de plannings à respecter… ça fait deux ans que je suis en chantier… et alors… je préfère de beaucoup ça que lorsque je faisais des jardins pour les autres avec une épée de Damoclès au dessus de ma tête…
… et en plus je n’ai pas encore eu le temps de préparer 2-3 choses pour la reprise scolaire à la fin août…
Ah encore un truc… je suis des cours par correspondance… j’ai rédigé un nouveau support de cours pour les apprentis paysagistes… et je prends beaucoup de temps pour ma petite Bubulle (ceuces qui sont venus aux CukDay’s savent qui c’est) car je ne veux pas qu’elle subisse le même manque de temps de ma part que ses soeurs et son frère…
M’âââââm’ Popp’s respire et souffle et je me joins à FX pour le M…. et en forme pour ta reprise parmis nous…
Ben moi le 22… (août)
, le 21.07.2008 à 10:21
Oh eh ! Ça va, hein !!!
M’enfin. Grrr…
:-)
Ouaip.
Le seul souci c’est que dans la situation que tu cites, Parent (pour reprendre l’excellente terminologie Poppingesque :-) ), Parent donc, ça fait une heure qu’il a avisé Enfant qu’il va devoir se préparer pour quoi_que_ce_soit et que malgré 27 demandes gentilles, 10 plus fermes et 5 franchement agacées, Enfant est toujours sur sa console/télé/BD,…
Alors, je peux comprendre que Enfant soit définitivement traumatisé par un “Allez hop, dépêche…”, mais Parent, lui, il est quoi dans l’affaire ?
Quoi ? Qu’ouïs-je au fond, là-bas ? Je suis un monstre ? Enfant est le seul qui compte ? Parent n’a qu’à s’arranger pour partir quand Enfant n’est plus “préoccupé par…” ? Bien sûr…
Bon, ben Enfant_d’à_moi doit être traumatisée alors. (Si vous la connaissiez !… :-D ).
Bon, après tout, c’est pas si grave : elle se vengera sur Enfant(s)_d’à_elle plus tard… :-P
Maintenant, reviendons au sujet du jour : le temps.
Alors, à qui je vole quoi, j’en sais rien.
Ce qui est sûr, c’est que je fais partie de ceux qui n’en n’ont jamais assez. Et dès que j’ai un trou dans mon emploi dudit temps, ma nature ayant horreur du vide, surtout temporel, elle s’arrange pour vite me trouver une occupation.
J’ai choisi professionnellement d’être indépendant. Et bien entendu, je me suis trouvé une profession très chronophage. J’aurais sûrement pu faire mieux, je connais des indépendants qui ont choisi de se garder du temps. Moi pas.
Après quelques années d’exercice, ça c’est un peu (vraiment juste un peu mais bon…) calmé. Vite, je me suis trouvé un loisir dans une assoc.
Une fois passé un certain niveau dans cette activité, ça c’est à nouveau un peu calmé. Donc, hop, dépêche-toi ! ( ;-)) ), je me suis mêlé du comité de cette association.
Bien entendu, ça n’a pas suffit, j’ai fini par prendre (on m’a refilé ?…) la présidence de l’assoc. Et bien entendu, au pire moment de la vie soixantenaire de ce club !
Bref, après ça, faut pas s’étonner qu’à la maison ça finisse par un “Allez hop, dépêche-toi !”, parfois à tort, je le reconnais volontiers :-)
Mais bon, j’en connais d’autres ici (suivez-mon regard, hein chef_d’ici ? ) qui doivent être pire que moi quand je vois tout ce qu’ils font…
Bon, je viens de m’auto-voler une grosse poignée de minutes. Je vais vite me dire à moi-même, à haute voix, histoire qu’on m’imagine habillé d’une chemise blanche dont les manches s’attachent dans le dos :
– Allez, hop, dépêche-toi !!!
:-)))
Didier
Edit : argh ! J’allais oublier le M… à Maâme Poppins !!!
, le 21.07.2008 à 10:23
Madame Poppins,
Le temps, malgré sa définition scientifique, reste quelque chose de pleinement relatif. En outre, ce n’est qu’un mot qui prend de plus en plus de valeur au cours du siècle. Mais si il y existe une action plaisante, c’est de vous lire, car vous écrivez bien (et vite). Si vous aimez tout autant lire qu’écrire, je vous recommande la lecture de L’éloge de la fuite par Henri Laborit, qui vous aidera dans vos réflexions de proximité. Et je cite (à propos Du travail, page 109 aux Editions Folio Essais) : ” L’Homme est un être de désir. Le travail ne peut qu’assouvir des besoins. Rares sont les privilégiés qui réussissent à satisfaire les seconds en répondant au premier. Ceux-là ne travaillent jamais. “
, le 21.07.2008 à 11:38
J’aurais aimé pouvoir l’exprimer de cette manière, ça me convient parfaitement.
N’avait qu’à faire savoir à l’enfant que quand on dit …. il n’y a plus qu’à, sinon. (je ne suis jamais parvenu avec mes 2 à cette “excellence”)
@Alec6 “mais Parent, lui, il est quoi dans l’affaire ” Il est censé et sensé être un adulte responsable.
J’ai voulu dire que l’attitude parentale de mettre la pression sur un enfant est une chose, la manière dont elle sera reçue en est une autre. On ne peut nier la survenue de conséquences comportementales. Ce que j’ai rapporté est basé sur des faits auxquels j’ai assistés ou des témoignages.
@Action discrète: à propos de “L’éloge de la fuite par Henri Laborit ” Laborit dit, en résumé, que la fuite est le seul moyen de parachever le processus biologique lié au stress: perception de l’agression, secrétion de l’adrénaline et de ses “copines” pour augmenter le débit cardiaque et la pression artérielle, fuite qui génère une dépense physique qui “consomme” du débit cardiaque, fait baisser la pression artérielle et surtout fait sécréter les endorphines. Si ce mécanisme ne se déroule pas, il se dit aujourd’hui que ça prépare à la survenue de l’hypertension artérielle dont je rappelle qu’elle est sans cause connue dans 95% des cas. De fait, rien n’est actuellement prouvé.
, le 21.07.2008 à 13:23
Je suis de tout coeur avec toi ! Sortant d’une série d’examens auquel j’ai consacré trois mois plein (avec quelques pauses bières avec Sylvain, faut pas déconner non plus!), je compatis. Mais vraiment ça vaut la peine une fois que c’est derrière.
Les examens, c’est comme le dentiste : ça fait du bien quand ça s’arrête.
, le 21.07.2008 à 13:50
@ Ysengrain 12 : n’accable pas ce pauvre alec6, c’était moi dans les 2 cas que tu cites :-)
Didier
, le 21.07.2008 à 14:02
J’occupe mon temps en préparant un diplôme de spécialiste du droit à la paresse
François m’impressionne : en plus de cuk, de son mandat de syndic, de sa famille et de ses chats j’ai entendu à la radio qu’il recevait le Tour de France ! Où trouve-t-il le temps ?
, le 21.07.2008 à 14:11
Le billet de Madame Poppins, dont le talent lui permet d’écrire sur des sujets sérieux, voire graves, avec légèreté et drôlerie, m’a rappelé un « Eloge de la lenteur » (éd. Marabout, poche) écrit en 2004 par un journaliste canadien, Carl Honoré.
Déjà traduit en plus de vingt langues, ce livre tente de répondre à quelques questions sur notre relation au temps : Pourquoi sommes-nous si pressés ? Comment guérir de cette obsession du temps ? Est-ce possible, et seulement désirable, d’aller moins vite ?
D’après l’auteur, nous sommes tous contaminés. En Occident, personne ou presque, n’échappe au virus. Il en résulte un constant décalage entre ce que nous attendons de la vie et ce que nous en obtenons. Ce décalage nourrit le sentiment que nous n’avons jamais assez de temps. Du coup, la tentation d’aller plus vite, de courir contre la montre, devient irrésistible. Nous sommes devenus des drogués de l’activité.
« Quelle est la solution ? » s’interroge Carl Honoré. Il s’agit de trouver un meilleur équilibre entre activité, repos, travail et temps libre, dit-il, chercher à vivre ce que les musiciens appellent « tempo giusto », la bonne cadence, retrouver ce qu’il nomme joliment « sa tortue intérieure ».
Entendons-nous bien, faire l’éloge de la lenteur ne veut pas dire prôner le retour au « bon vieux temps » (je n’y crois pas), mais plutôt faire meilleur usage de la modernité et de ses prodigieux avantages tout en remettant en question le culte de la vitesse et en privilégiant un meilleur équilibre entre rapidité et lenteur.
Mais revenons au constat que fait Carl Honoré :
« Le monde s’efforce toujours désespérément de tout faire vite et en paie le prix élevé. Nous ne connaissons que trop des victimes de cette culture de la pression constante. C’est non seulement la planète mais encore nous-même que nous menons à l’épuisement. Nous manquons tellement de temps, nous entretenons avec lui une relation si pathologique, que nous négligeons nos amis, nos familles, nos conjoints ».
Mais l’auteur ne désespère pas :
« Pourtant tout n’est pas perdu ! Il est encore temps de changer de cap. Le mouvement en faveur de la lenteur est en marche. Au lieu de tout faire plus vite, beaucoup de gens décident de ralentir le rythme, et découvrent que cette lenteur les aide à vivre mieux, à travailler mieux, à mieux réfléchir et négocier les chose.
(…) Persuader les gens du mérite de la décélération n’est cependant qu’un premier pas. Ce changement de rythme exigera une lutte tant que nous n’aurons pas réécrit les règles qui gouvernent presque tous les domaines de la vie – l’économie, le travail, l’urbanisme, l’enseignement, la médecine. Cela implique un cocktail détonnant de persuasion douce, de dirigeants visionnaires, de solides dispositifs légaux et de consensus internationaux. Oui, c’est un défi, mais un défi crucial. Il y a des raisons d’espérer. Au niveau collectif, nous sommes conscients que nos vies sont trop frénétiques et nous voulons ralentir. La grande question est de savoir quand ce constat individuel va passer au niveau collectif. Quand toutes ces initiatives personnelles disséminées de par le monde atteindront-elles une masse critique ? Quand la philosophie de la lenteur deviendra-t-elle une révolution ? »
, le 21.07.2008 à 15:58
Cet ali (16) quel type tout de même. Encore un qui me rend jaloux. Chapeau bas.
, le 21.07.2008 à 17:19
Mon truc à moi est de me réserver chaque jour, quoi qu’il arrive (ou presque), une heure qui n’appartient qu’à moi. Une heure dont je fais ce que je veux ; une heure pendant laquelle je ne suis accessible qu’à ceux que je choisis ; une heure pendant laquelle (par exemple) je peux poser mon cul quelque part et ne rien faire. Mon heure de liberté, mon heure égoïste. Le fait de savoir qu’elle existe, cette heure qui n’appartient qu’à moi, me permet d’accepter sans broncher ce qui peut se passer pendant les 23 autres heures de la journée.
Ben moi aussi, bientôt, j’en prends une, alec6. Et je m’en tape comme de l’an 40. Chaque âge a ses avantages et ses inconvénients et on vieillit tous à la même allure, seconde pour seconde.
Pour t’aider (pour aider tout le monde) à ne pas trouver ce temps vain, je t’invite à écouter tout l’été la retransmission par France-Culture des sessions hivernales de l’Université Populaire de Caen de l’excellent Michel Onfray (jamais philosophe ne fut si près de nous).
Dans le cadre de la Contre-histoire de la philosophie, Michel Onfray nous offrait en cette 6e année des pépites sur Les deux XIXes siècles.
Recevez votre comptant de culture populaire chaque jour ouvrable à 19 heures, ou faites-comme moi, écoutez l’émission en différé, sur le site de France-Culture ou en podcast.
Je suis sûr, mon vieil (!) alec6, que les propos tenus vont te rajeunir chaque jour un peu plus.
Un petit bonheur quotidien, il ne faut jamais cracher dessus !
, le 21.07.2008 à 17:26
Bel éloge Ali !
Nous en sommes encore loin, du moins dans sa version volontaire à l’instar de la “décroissance” qui devrait être le sujet de tout discours politique aujourd’hui et qui risque de s’imposer dans la douleur d’ici peu.
A moins comme le dit Jean Pierre Dupuy (encore un X, tout comme Jancovici !), philosophe des sciences, élève d’Ivan Illich et auteur de Vers un catastrophisme éclairé, qu’il ne faille après tout qu’accepter la catastrophe en essayant de la faire durer le plus longtemps possible. On revient donc au sujet.
Une petite conférence pour changer de celles de Jancovici.
Un bon complément au livre de Carl Honoré (que je n’ai pas encore lu !)
, le 21.07.2008 à 17:35
Salut Madame Poppins,
Tout d’abord : Bonne chance pour ton certif’ ou pltuôt trois fois M** !
Mon temps volé : je joue, je m’évade, j’imagine ! Je laisse ma petite cervelle aller là où elle en a envie sans me soucier des autres ! (d’avance j’entends ma copine me dire : “et moi ?” … oups).
Bref, mon temps volé il n’est qu’à moi et rien que pour moi. Sinon ce n’est pas MON temps. Il faut dire que j’en vole tous les jours où que ce soit. Quelques minutes par ci, quelques minutes par là; rarement plus de cinq à la fois. Ce temps volé c’est comme une respiration, ça ponctue ma journée par de l’air frais.
Au plaisir de te lire Madame Poppins !
G
, le 21.07.2008 à 17:35
Il faudrait remplacer « Le monde » par « Notre monde ». Car on ne se gêne pas pour critiquer ceux qui ne suivent pas le mouvement. Il est bien connu, n’est-ce pas, que les populations non « occidentales » ne doivent de ne pas profiter des énormes succès dudit Occident et du confort de notre vie, qu’à leur flemme et au faible rythme de leur productivité.
, le 21.07.2008 à 20:37
Alors je vole le temps de vous écrire “bon été”, Mme P. J’évolue pour 2,5 semaines encore dans un environnement sans temps pour moi si ce n’est celui de la nuit. Réduite à qq heures à rêver de ma todo liste du lendemain.
Je vous comprends si bien. “Mç&%ç” pour vos exas, et bon bain moussant !
, le 21.07.2008 à 22:35
Si Mme Poppins n’intervient pas, c’est qu’elle est, je crois, déjà partie en… vacances.
Et qu’elle n’a pas Internet là où elle est.
Elle en était toute désolée, et m’a prié à l’avance de l’excuser.
, le 21.07.2008 à 23:30
Oh tiens, je viens de comprendre pourquoi une amie (de plus psychologue spécialisée en psycholgie enfantine) est partie d’un grand rire quand, en réponse à sa question “tu as quel âge ?”, je lui ai dit “vingt-neuf ans et demi”. :-)
, le 22.07.2008 à 10:33
Elle aurait un iphone, on n’en serait pas là ! :-)