Djay (ou d’autres) trop cher? Al­lons-donc!

Je sais, j’en re­mets une couche, j’ai déjà ex­pli­qué ça, par exemple ici en d’autres termes il y a des an­nées.

Que ce soit bien clair, je n’ai rien contre le lo­gi­ciel qui ne coûte rien. Ceux qui veulent faire du gra­tuit, comme nous nous fai­sons du gra­tuit au ni­veau de l’écri­ture, c’est leur, notre pro­blème.

Main­te­nant, quand des dé­ve­lop­peurs veulent faire payer leur tra­vail, nom de dzou, il se­rait temps d’ar­rê­ter de leur re­pro­cher de le faire.

Je vais prendre un petit exemple:

L’autre jour, David nous a pré­senté un lo­gi­ciel de mixage, Djay 2.

J’ai lu l’ar­ticle, je me suis dit que oui, le lo­gi­ciel avait l’air bien sympa, mais bon, j’avais déjà un pro­gramme du même type (Me­ga­Seg, pour ne pas le nom­mer). Je n’al­lais pas en­core dé­pen­ser de l’ar­gent pour un truc que j’avais déjà.

J’ai lu les com­men­taires à pro­pos de l’ar­ticle de David, comme tou­jours, et je suis tombé sur l’un d’eux qui di­sait ceci.

“La ver­sion 1.x (de DJay donc, NDLR) était gra­tuite. 40€ pour un skin, je trouve ça un peu cher. Mais ça reste un bon lo­gi­ciel.”

Je n’ai pas réagi, d’abord parce qu’un lec­teur bien connu lui ré­pon­dait xx est très dur avec son ” 40€ pour un skin = un peu cher”. Ce lec­teur bien connu le fai­sait un peu à ma place, donc voilà…

Je n’ai pas réagi, aussi, parce que je ne connais­sais pas bien le lo­gi­ciel, voire pas du tout, à part ce qu’en di­sait David, qui me plai­sait bien.

Mais mardi, paf, je tombe sur une offre de Ma­cup­date, pro­po­sant le lo­gi­ciel à moi­tié prix, soit 25 $ au lieu de 50.

Je me dis, bon, allez, es­sayons tout de même, j’ai un petit mo­ment à dis­po­si­tion. Je fais mu­muse avec trois mi­nutes

Et là, je n’en re­viens pas.

Un truc tel­le­ment bien fait, tel­le­ment in­croyable au ni­veau de l’in­ter­face, au ni­veau des pos­si­bi­li­tés of­fertes, c’est tout bon­ne­ment in­croyable.

Je me suis vrai­ment bien amusé avec Djay, et j’ima­gine que si j’avais des soi­rées à ani­mer, il me se­rait vrai­ment bien utile.

Tout est pensé, jusque dans les moindres dé­tails.

Je n’ose même pas ima­gi­ner com­bien de cen­taines d’heures le dé­ve­lop­peur a dû four­nir pour par­ve­nir à une telle qua­lité.

Sans même pen­ser à son “génie in­ven­tif” et les an­nées d’ap­pren­tis­sage au ni­veau de la pro­gram­ma­tion.

Alors bon dieu, venir dire que le lo­gi­ciel est un peu cher… C’est tout de même un peu fort.

Fran­che­ment, 50 $, je les aurai mis sans le moindre re­gret, même si je suis bien content de n’avoir payé que la moi­tié, ma foi, c’est évident (eh oui, j’ai fini par ache­ter la chose).

Cela dit, je n’en veux pas à l’au­teur du com­men­taire, d’une part parce que tout le monde est libre d’ex­pri­mer ici ce qu’il veut, mais aussi parce cette ma­nière de pen­ser est de plus en plus de mise sur ce monde vir­tuel qu’est In­ter­net.

Lisez les com­men­taires sur MacGé par exemple: ce pro­gramme coûte 10 $? Mais c’est beau­coup trop voyons! Ou pire: 15 $ pour ce lo­gi­ciel? Le pro­gram­meur se fout de notre gueule…

Au point que j’hé­site à mettre le prix à la fin de mes ar­ticles, dès qu’un pro­gramme, même dingue, dé­pas­ser les 20 $.

Le prix, quel que soit le lo­gi­ciel, pour cer­tains, et ils sont nom­breux, est tou­jours trop cher.

Ben voyons…

Vous vous posez des ques­tions vous, pour sa­voir si votre ga­ra­giste pour­rait vous faire le ser­vice de votre voi­ture gra­tui­te­ment? Vous de­man­dez à votre mé­de­cin de ne pas vous en­voyer d’ho­no­raires? Votre der­nière carie, le den­tiste, il ne vous a rien fac­turé pour vous la soi­gner? Lorsque vous allez à la Mi­gros, à Ca­sino ou que sais-je, vous pas­sez la caisse sans payer?

Non n’est-ce pas?

Alors, ce brave pro­gram­meur, il faut bien qu’il bouffe, il me semble… il faut bien qu’il paie son mé­de­cin, son den­tiste, son ga­ra­giste, qu’il parte en va­cances et s’offre des pe­tits plai­sirs dans la vie.

Et il fait com­ment, le pro­gram­meur, avec vous, non pas vous, vous là, juste à gauche, qui ne vou­lez rien payer dès qu’il s’agit de vous four­nir en soft?

Enfin, je m’ex­cuse, mais j’écris ici sur un site dédié au Mac.

Et bon sang, si l’on gueule sur cinq lignes pour dire que nos ma­chines sont trop chères, on se fait ren­trer de­dans par les mêmes, ou une par­tie des mêmes qui ne veulent rien dé­pen­ser au ni­veau du soft.

Un peu pa­ra­doxal non?

Cela me fait pen­ser à l’ana­lo­gie de Mon­sieur Jobs par rap­port au Mac, qui se­rait… la BMW de l’in­for­ma­tique.

J’au­rais pré­féré d’ailleurs qu’il dise que le Mac était la Fiat 500 de l’in­for­ma­tique (puisque le pa­tron de Fiat avait dit l’in­verse): être as­si­milé aux conduc­teurs de cette char­mante voi­ture me fai­sant, di­sons… plus plai­sir.

Bref, pour re­prendre cette ana­lo­gie, ça me fe­rait bien ri­go­ler de voir un conduc­teur de BMW qui ne vou­drait pas mettre d’es­sence dans sa voi­ture sous pré­texte que 2 balles le litre, c’est bien trop cher.

Re­mar­quez qu’au train (si j’ose dire) où l’on va, on va bien­tôt en trou­ver, des conduc­teurs de grosses ba­gnoles, qui n’au­ront plus de quoi abreu­ver leur gros monstre.

Purée, je sou­ris tel­le­ment in­té­rieu­re­ment que ça se voit?

Non, si je sou­ris (aussi), c’est parce que ça fait du bien de se lais­ser aller sur une hu­meur, comme à l’époque, et ne pas dé­cor­ti­quer un lo­gi­ciel. Il me sem­blait que je ne fai­sais plus que ça ces temps…

Alors bon, pre­nez ça comme une pe­tite pause, et ne m’en vou­lez pas trop… même si vous rou­lez en BMW.

46 com­men­taires
1)
In­connu
, le 02.06.2008 à 00:11

Per­son­nel­le­ment, quand je trouve qu’un lo­gi­ciel est cher, c’est en rap­port avec ma ca­pa­cité fi­nan­cière. Il est de no­to­riété pu­blique qu’un étu­diant lambda est, par dé­fi­ni­tion, fau­ché, ou presque.

Donc oui, 20$ par ci, 30€ par là, même pour des ex­cel­lents lo­gi­ciels qui les valent, ces 20$ ou 30€, ça fait cher.

Après, en de­hors de tout constat sub­jec­tif et en re­gar­dant bien le lo­gi­ciel ob­jec­ti­ve­ment, payer 40€ pour Djay qui est un très bon soft, ne pose pas de pro­blème. Ce se­rait plu­tôt de dé­bour­ser plus de 150 CHF pour Of­fice 2008… Là, ça passe moins bien…

2)
Spa­rhawk
, le 02.06.2008 à 01:12

Ma­gni­fique, 100% d’ac­cord. Ces re­marques in­jus­ti­fiées sur le prix d’un soft ont aussi ten­dance à me cou­rir sur le ha­ri­cot… C’est vrai que c’est plu­tôt sur des sites comme MacGe que ça geint. Pour cer­tains, ce sera tou­jours trop cher. Hy­po­thèse: Un Mac­Pro pro­posé à 1000.–, d’abord ap­plau­dis­se­ments et après 6 mois, re­be­lote, c’est trop cher. Et cu­rieu­se­ment, une par­tie de ces gens se­ront les pre­miers à s’api­toyer sur les condi­tions de tra­vail et le sa­laire des ou­vriers chi­nois qui as­semblent leur Mac.

3)
pter
, le 02.06.2008 à 01:50

hi­hihi, moi ce qui m’agace le plus c’est pas le prix, c’est que des fois je peut pas car cela ne passe pas de­puis la Chine. Et ça, ça met cha­fouin!

En­suite j’ai l’im­pres­sion que le pro­blème est du a notre per­cep­tion des choses (merci la pub, les “marques” qui nous font croire que si c’est connu et re­connu cela si­gni­fie qua­lité): et donc que ce qui est fait “a la mai­son” ne peut pas être aussi bien. La ma­jo­rité des gens ne sait plus re­con­naître un pro­duit de qua­lité de par leur seul ju­ge­ment, leur réel be­soin. Les mé­dias ont déjà lo­bo­to­misé une grosse par­tie de la po­pu­la­tion, et on vas pas dans le bon sens. ….. A ce pro­pos, le pa­tron d’ici pour­rait nous re­faire une ver­sion ‘smal­li­ma­ge3” com­pa­tible Ma­cin­tel? je suis pre­neur, ce petit soft me manque (il plante)…et, at­ten­tion hein, pas plus de 20­ro­ros, ok? :-))

4)
AleX54
, le 02.06.2008 à 04:09

Ces ré­ac­tions sont peut-être aussi la ran­çon du fonc­tion­ne­ment ac­tuel au ni­veau mar­ke­ting.

Au­jour­d’hui, le prix d’un pro­duit n’est gé­né­ra­le­ment pas lié à son coût de pro­duc­tion mais au prix que les gens sont prêt à mettre pour l’ob­te­nir (du moins tel que l’ima­gine ou l’étu­die le mar­ke­ting)…

Ré­sul­tat j’ima­gine, une perte de re­père de la part du consom­ma­teur sur la va­leur réelle.

1000 € un mac pro as­sem­blé par des ou­vriers chi­nois, c’est peut-être plus cher que 1500 € le même mac pro as­sem­blé par des ou­vriers eu­ro­péens.

Re­gar­dez par exemple en­core, le prix de Mac OS in­fé­rieur à celui de Win­dow… les chiffres de vente en nombre n’ont pour­tant rien à voir.

5)
Oka­zou
, le 02.06.2008 à 06:03

Quelques re­marques sur ce « tout-payant » et ce monde mar­chand obli­ga­toire… C’est éner­vant tout de même !

Il ar­rive un mo­ment, for­cé­ment, où l’on de­vrait at­ter­rir, bien se caler les pieds par terre et voir le monde comme il est, quitte, s’il le faut, à aller à sa ren­contre. Allez, Fran­çois, c’est le jour ; au­jour­d’hui, c’est ton tour.

Bon, d’ac­cord, je ne sais rien du ni­veau de vie du Suisse moyen ; peut-être qu’ils sont à l’aise, les Suisses, beau­coup plus à l’aise que les classes moyennes fran­çaises. Pos­sible, et même pro­bable, vu ce que je viens de lire.

Mais puisque ce site est d’abord fran­co­phone et que ses lec­teurs ne sont peut-être pas ma­jo­ri­tai­re­ment suisses (en fait, on s’en fout de sa­voir qui est ma­jo­ri­taire) je ne vais pas me gêner pour rap­pe­ler à ceux qui vo­le­raient un peu trop haut à quel point la terre est basse pour la ma­jo­rité de mes contem­po­rains fran­çais, par­ti­cu­liè­re­ment les jeunes, étu­diants ou jeunes tra­vailleurs.

En France, un foyer sur deux est équipé d’un or­di­na­teur. Outre que je viens de dire qu’un foyer sur deux ne pos­sède pas d’or­di­na­teur (vous aviez mal lu ?), cela si­gni­fie que le fis­ton ou la fi­fille dis­pose d’une ma­chine connec­table à l’In­ter­net, ce qui est le cas pour trois-quarts d’entre elles.

Fi­fille et fis­ton, en effet, sont sou­vent les seuls membres du foyer à connaître des be­soins en ma­tière d’in­for­ma­tique. Sco­laires ou étu­diants ils sont di­rec­te­ment visés par les plans in­for­ma­tique de l’Édu­ca­tion na­tio­nale. Pour les jeunes tra­vailleurs, c’est l’at­trait pour un outil de créa­tion, de di­ver­tis­se­ment et de com­mu­ni­ca­tion qui prime.

Hors le monde de l’ad­mi­nis­tra­tion et de l’en­tre­prise, donc, ce sont sur­tout les jeunes (non, Sa­luki, je ne parle pas de toi) qui sont usa­gers de l’in­for­ma­tique. Usa­gers. Pas né­ces­sai­re­ment clients.

« Bon, voilà l’an­tienne du Kam­rad O. (vous l’avez ou­blié, le Kom­rad qui si­gnait ici d’in­té­res­sants pa­piers ? cuk.​ch est plein de fan­tômes) qui re­vient, al­lez-vous dire, en­core et en­core : “Usa­ger égale ci­toyen, client égale consom­ma­teur.” » La faute à qui ?

Com­ment faire connaître aux Suisses la réa­lité du pou­voir d’achat en France (en at­ten­dant qu’un Afri­cain ne fasse état du sien par rap­port au nôtre !) sinon en leur ap­pre­nant qu’un foyer fis­cal sur deux (48 %) n’est pas en me­sure de payer d’im­pôt di­rect sur le re­venu par la chance qu’ils ont de dis­po­ser d’un re­venu an­nuel in­fé­rieur à 7 000 € ? Ou que 50 % de ceux qui ont la chance d’être im­po­sés le sont sur un re­venu moyen net dé­claré in­fé­rieur à 10 500 € ? Et en ou­bliant que chez nous, cer­tains mil­liar­daires se dé­so­lent d’avoir des conseillers fis­caux si ta­len­tueux (c’est la loi fis­cale qui est ta­len­tueuse) qu’ils leur épargnent le paie­ment de tout impôt, comme, par exemple, l’ex­cellent Mon­sieur Pi­nault-zéro-im­pôt qui, je ras­sure le bon peuple bien­no­nè­té­toué­tou, n’est pas un sa­laud égoïste puis­qu’il in­ves­tit à tour de bras dans l’art, ce qui l’exo­nère (la-la­lère…), pour aller ex­po­ser ses ri­chesses… en Ita­lie ; le brave homme.

Bref, la ma­jo­rité des pa­rents de fis­tons et fi­filles fran­çais dis­posent de re­ve­nus ric-rac voire pire et ils sont contraints, no­lens vo­lens, de tenir leurs dé­penses. La plu­part des jeunes Fran­çais, nour­ris, vêtus, logés, édu­qués ne dis­posent pas de sommes fa­ra­mi­neuses en ar­gent de poche une fois payée la carte titre de trans­port. Avec une place de ciné entre 8 et 10 €, le demi de bière entre 2 et 3 € qui va aug­men­ter avec l’ex­plo­sion du prix de l’orge (vous n’y pen­siez pas, à l’orge, n’est-ce-pas ?), le coût du CD à 20 € (sa­lauds de pi­rates !), le moindre bou­quin à 15 ou 20 €, on peut ad­mettre que le jeune Fran­çais d’une fa­mille hon­nête et pro­duc­tive de la classe moyenne ne peut être sé­rieu­se­ment consi­déré comme un consom­ma­teur.

Alors quand l’or­di­na­teur ré­clame sa part de dé­penses, pas ques­tion de faire appel aux pa­rents, on re­garde au fond de son porte-mon­naie et l’on se dit que le lo­gi­ciel libre (et gra­tuit) vient à point nommé pour sup­pléer les ca­rences d’une so­ciété si bien or­ga­ni­sée pour s’auto-dé­truire. Re­gar­dez comme la so­ciété or­ga­nise l’éco­no­mie de la pau­vreté : Ma­ga­sins Lidl, gammes de pro­duits su­per-éco­no­miques, voi­tures Logan, Res­taus du Cœur, soldes per­ma­nents, etc.
Un lo­gi­ciel à 50 € ruine le jeune – dont l’or­di­na­teur connecté au Net est sou­vent le seul luxe – qui a déjà du mal à ali­gner 15 €. Il n’hé­si­tera pas long­temps entre l’uti­li­taire gra­tuit et son ana­logue payant. Ou bien il uti­li­sera le se­cond, s’il est vrai­ment meilleur, sans prendre le temps de rè­gler une note trop im­por­tante, voire par­fois in­dé­cente, pour lui.

Le dé­ve­lop­peur n’en mourra pas, les jeunes et les adultes d’un mi­lieu so­cial plus pri­vi­lé­gié lui four­ni­ront de quoi vivre ; pour le « cou­lage » il devra l’ac­cep­ter de bonne grâce et se sa­tis­faire de voir, au moins, son tra­vail re­connu.

Bien sûr, on peut consi­dé­rer le jeune fau­ché comme un pa­ra­site po­ten­tiel­le­ment cri­mi­nel (vol, pi­ra­tage, etc.), ou comme un mau­vais consom­ma­teur, par­fai­te­ment im­mo­ral, qui n’a pas bien in­té­gré le rôle qui lui est si « li­bé­ra­le­ment » dé­volu : « Je sors mon lar­feuille et je paye », on en a le droit. Comme on a le droit d’être con. On n’est pas obligé de nier qu’une grande part des membres de notre so­ciété contem­po­raine n’a pas les moyens de vivre selon les ca­nons de ceux des classes su­pé­rieures. On est en­core moins obligé de faire sem­blant de ne pas croire que la moi­tié de la so­ciété de nos pays riches est com­po­sée de pauvres et de foyers qui ont des dif­fi­cul­tés im­por­tantes à bou­cler le mois cou­rant. 12 fois par an. On n’est pas du tout, mais alors pas du tout, obligé d’ou­blier que, si on le vou­lait vrai­ment, les ri­chesses se­raient plus équi­ta­ble­ment ré­par­ties, no­tam­ment vers ceux qui les pro­duisent et que l’on ne fait sans doute rien ou pas grand chose (cette ca­pa­cité d’ou­bli de son de­voir de so­li­da­rité !) puisque ce scan­da­leux dés­équi­libre per­dure. Cette lum­pen-so­ciété de­vrait-elle com­prendre qu’elle pour­rait au moins avoir la dé­cence d’ac­cep­ter, sans bar­gui­gner, de vivre chi­che­ment, selon les moyens congrus dont elle dis­pose ? Cha­cun à sa place, ceux qui ont le pou­voir d’achat : dans les bou­tiques, les autres… ailleurs.

Dia­logue im­pro­bable entre un jeune pourvu et un autre dé­pourvu :

« ’tain, je viens d’char­ger DJay, y dé­chire grave ; paye-toi le, c’est d’la balle !
— Wesh, gros, gé­niaaal ! mais com­ment tu m’prends pour Bill Gates… 50 € c’est d’la thune !
— Pas d’blème, cou­sin, j’te grave son ju­meau.
— Ta pro­po­si­tion est gé­né­reuse, Gaëtan-Georges, mais je me vois contrit de de­voir re­fu­ser ton offre. Je tra­verse, il est vrai, une si­tua­tion fi­nan­cière fâ­cheuse qui risque de per­du­rer mais je tiens au-des­sus de tout à res­pec­ter le prin­cipe d’hon­nê­teté. »

Ouah, l’aut’ ! Com­ment k’y m’cause !

Ainsi, dans une so­ciété in­éga­li­taire l’hon­nê­teté se ré­duit-elle à un mythe. Mais sous un tel ré­gime on n’est pas avare en ma­tière d’hy­po­cri­sie. Ces­sons donc, dans une so­ciété de plus en plus in­équi­table, de tenir des pro­pos qui ne pour­raient être re­ce­vables que dans une so­ciété de jus­tice, équi­table et res­pec­table.

Être jeune en France, au­jour­d’hui, est tout sauf une si­né­cure. Il faut sou­vent at­tendre long­temps un em­ploi pour es­pé­rer sur­vivre à peu près dé­cem­ment. Mais pas de ciné, pas de resto, pas de va­cances à la mer, pas de co­pine pour durer : le des­tin aus­tère de l’ana­cho­rète comme pro­messe d’une vie où la vertu exige de la pau­vreté !
Je connais un tas de jeunes tra­vailleurs (nous par­le­rons des jeunes RMIstes [447,91 €/mois] une autre fois, des tra­vailleurs pauvres aussi, qui bossent et couchent sous les ponts), des jeunes hon­nêtes, conscien­cieux et par­fois même ta­len­tueux qui, une fois leur loyer et les charges d’élec­tri­cité et de gaz payés, constatent qu’il ne leur reste pra­ti­que­ment que de quoi se nour­rir. Tiens, les prix de la nour­ri­ture de base sont jus­te­ment en train d’aug­men­ter. Merci aux spé­cu­la­teurs du monde en­tier. Qui ne sont pour­tant pas des sa­lauds ; ça se sau­rait.


Un autre monde est pos­sible.

6)
Fran­çois Cuneo
, le 02.06.2008 à 06:44

Assez d’ac­cord avec toi sur tout Oka­zou.

Tu re­mar­que­ras d’ailleurs que je n’ai pas gueulé contre le lo­gi­ciel gra­tuit, comme il y a des an­nées.

Cela dit, n’est pas parce qu’il y a des in­jus­tices crasses dans la so­ciété qu’il faut tom­ber sur le tra­vailleur (il s’agit sou­vent de toutes pe­tites équipes, voire de simples in­dé­pen­dants) qui pro­pose un pro­duit à un prix rai­son­nable pour que LUI puisse sur­vivre. Même s’il est vrai que beau­coup ne pour­ront pas se le payer.

Le pro­blème n’est pas le prix du pro­duit, le pro­blème est le fait qu’on n’ait pas de quoi se le payer.

Per­sonne ne remet en cause le prix d’une Blanc­pain, moi pas en tout cas, sa­chant le sa­voir-faire de ces hor­lo­gers, et pour­tant, mal­heu­reu­se­ment, je n’ai pas de quoi me la payer.

Ton al­lu­sion à Kom­rad est amu­sante, parce que c’est le der­nier ar­ticle sur ce sujet (je crois celui lié dans cette hu­meur) qui l’avait fait res­sor­tir d’outre-tombe…

7)
Oka­zou
, le 02.06.2008 à 07:14

« Assez d’ac­cord avec toi sur tout Oka­zou. »

Bien.

« Le pro­blème n’est pas le prix du pro­duit, le pro­blème est le fait qu’on n’ait pas de quoi se le payer. »

C’est bien là qu’on voit l’échec de l’éco­no­mie.

« Per­sonne ne remet en cause le prix d’une Blanc­pain, moi pas en tout cas, sa­chant le sa­voir-faire de ces hor­lo­gers, et pour­tant, mal­heu­reu­se­ment, je n’ai pas de quoi me la payer. »

Je suis tel­le­ment loin des mœurs sar­ko­ziennes que j’igno­rais jus­qu’à au­jour­d’hui ce qu’est une Blanc­pain. Res­pect pour l’ar­ti­san, mé­pris pour les ache­teurs bling-bling. Ils ne mé­ritent pas ce que leur po­gnon leur per­met d’ac­qué­rir.

« Ton al­lu­sion à Kom­rad est amu­sante, parce que c’est le der­nier ar­ticle sur ce sujet (je crois celui lié dans cette hu­meur) qui l’avait fait res­sor­tir d’outre-tombe… »

Les ar­chives de cette belle époque ont-elles ré­sisté au temps ? Si oui, com­ment les consul­ter ?

8)
Ma­dame Pop­pins
, le 02.06.2008 à 07:15

Bon, d’ac­cord, je ne sais rien du ni­veau de vie du Suisse moyen ; peut-être qu’ils sont à l’aise, les Suisses, beau­coup plus à l’aise que les classes moyennes fran­çaises. Pos­sible, et même pro­bable, vu ce que je viens de lire.

Pour connaître un nombre très im­por­tant de per­sonnes en France, je suis convain­cue que le ni­veau de vie du Suisse moyen n’est pas plus élevé que celui du Fran­çais moyen : en re­vanche, le fan­tasme que tel fût le cas est te­nace !

9)
Olympe
, le 02.06.2008 à 07:21

Deux points, le pre­mier est celle de “la ques­tion”. Quelle uti­lité vais-je ou ais-je du lo­gi­ciel ? Selon l’im­por­tance que je vais lui don­ner, je paye le prix de­mandé sinon ?! Et bien, le lo­gi­ciel en ques­tion aura tel­le­ment peu d’im­por­tance que je le consi­dé­rais trop cher !

Se­cond point, j’ai bien l’im­pres­sion que c’est ici le der­nier site sur le­quel je lis en­core les com­men­taires d’un ar­ticle ou concer­nant un pro­duit in­for­ma­tique ! L’in­té­rêt de ne plus lire les com­men­taire sautes aux yeux et en plus, c’est un gain de temps pour lire ou faire autre chose ;-)

10)
ocmey
, le 02.06.2008 à 07:26

On ne dit pas “Ce n’est pas bon”, mais “Ce n’est pas à mon goût” Pa­reil, il fau­drai dire “Ce n’est pas pour ma bourse” et non “C’est trop cher” ;-)

11)
Anapi
, le 02.06.2008 à 07:32

Il est éga­le­ment pos­sible que les prin­cipes de l’éco­no­mie de mar­ché soient bien an­crées dans la tête des gens.

Je m’ex­plique : les pê­cheurs fran­çais font grève car ils ne peuvent plus vivre de leur pêche. On est dans un cas où le prix du mar­ché n’équi­libre plus les dé­penses, et donc l’ac­ti­vité est en voie de dis­pa­ri­tion. Les pê­cheurs disent la même chose que Fran­çois, à sa­voir qu’il est in­juste de tra­vailler pour ne pas ga­gner sa vie. Mais qui parle de jus­tice en éco­no­mie.

Du côté nu­mé­rique, un lo­gi­ciel est un pro­duit dont la vente n’af­fecte pas la quan­tité de l’offre. Le lo­gi­ciel étant copié pour son consom­ma­teur final, l’offre est in­chan­gée après copie, et donc (dans les li­mites de la ther­mo­dy­na­mique) in­fi­nie. Offre in­fi­nie => prix nul. C’est la règle éco­no­mique.

La plu­part des consom­ma­teurs ont in­té­gré ça de ma­nière som­maire, je pi­rate, je vole des clés d’ac­ti­va­tions, et per­sonne n’est lésé, au contraire du vol d’une pomme, d’un oeuf ou d’un boeuf. L’ar­ri­vée de presque-équi­va­lents libres confirme ce sen­ti­ment : on peut ob­te­nir des lo­gi­ciels pour rien.

Donc 40 euros sont trop chers, 20 aussi, et même 1 trou­vera bien une per­sonne pour trou­ver ce coût exa­géré. Ceci du­rera tant que l’on n’aura pas admis que l’éco­no­mie nu­mé­rique ne res­pecte pas la loi du mar­ché, et que celle ci n’est pas uni­ver­selle. En at­ten­dant, on aura en­core beau­coup de dé­bats sur le pi­ra­tage et le coût des lo­gi­ciels.

12)
Oka­zou
, le 02.06.2008 à 07:32

«  je suis convain­cue que le ni­veau de vie du Suisse moyen n’est pas plus élevé que celui du Fran­çais moyen »

Si un Suisse sur deux ne paie pas d’im­pôt sur le re­venu et si un sans-abri sur trois, en Suisse, est une per­sonne qui va au tra­vail tous les jours, alors nous par­ta­geons ef­fec­ti­ve­ment le même ni­veau de vie.

13)
Oka­zou
, le 02.06.2008 à 07:41

« Mais qui parle de jus­tice en éco­no­mie. »

Mais, pré­ci­sé­ment, c’est bien là qu’au­jour­d’hui le bât blesse. Au­jour­d’hui, mais pas hier. Car hier, c’est-à-dire avant l’ap­pa­ri­tion de l’éco­no­mie li­bé­rale (ou ul­tra-li­bé­rale, comme on vou­dra), l’éco­no­mie était éco­no­mie po­li­tique, ce qu’elle n’est plus au­jour­d’hui. Entre l’éco­no­mie et l’éco­no­mie po­li­tique, il y a une marge énorme.

Les éco­no­mistes d’avant l’éco­no­mie li­bé­rale de mar­ché avaient pour fonc­tion d’adap­ter l’éco­no­mie au bien-être du plus grand nombre. C’était la pen­sée pre­mière de Keynes, par exemple. C’était le rôle de l’éco­no­mie po­li­tique que de s’adap­ter aux exi­gences du temps pour pro­po­ser des so­lu­tions éco­no­miques aux pro­blèmes posés et ser­vir la so­ciété. L’ou­til éco­no­mique était au ser­vice des po­pu­la­tions.

L’éco­no­mie d’au­jour­d’hui n’a de comptes à rendre qu’à elle-même et n’existe que pour elle-même. C’est le dogme éco­no­mique li­bé­ral et c’est exac­te­ment ce qui est per­vers. D’une ab­so­lue per­ver­sité.

14)
pat3
, le 02.06.2008 à 08:09

Fran­çois, je râle et j’ai tou­jours râlé contre le prix des lo­gi­ciels, et sur­tout contre le pas­sage au payant d’un lo­gi­ciel gra­tuit, parce que tout sim­ple­ment le dé­ve­lop­peur d’un gra­tuit com­mence son tra­vail par envie, pour s’en­traî­ner, par goût, et finit au bout d’un mo­ment par vou­loir être payé pour ça.

Mais dans le monde concur­ren­tiel du lo­gi­ciel, il y a des tas d’autres dé­ve­lop­peurs qui eux aussi ont envie de s’amu­ser, s’es­sayer, etc., sans comp­ter ceux pour qui le lo­gi­ciel libre (plus que gra­tuit, donc) est une phi­lo­so­phie. C’est là, et là seule­ment qu’est la concur­rence. Pour re­prendre ton exemple, si ton bou­lan­ger t’avait donné un crois­sant à chaque fois que tu achètes ton pain pen­dant 3 ans, et que du jour au len­de­maine il te dise: ah ben main­te­nant c’est 3 euros, ben ça pas­se­rait mal, et tu irais peut-être voir ailleurs si le crois­sant est of­fert.

Ou en­core: un dan­seur de rue, qui fe­rait tout d’un coup la quête avant d’avoir dansé, parce que c’est du temps, de l’éner­gie, etc.

Ben non: je ne vois pas pour­quoi je paie­rai, et puis pas donné, pour l’amé­lio­ra­tion d’un truc qu’un type a eu plai­sir à faire et à don­ner pen­dant X temps.

En plus, il y a le syn­drome du payant qui m’énerve un tan­ti­net: pas­sage au payant, nou­velle ver­sion et tout à coup: bug, dif­fi­culté à dis­cu­ter avec le dé­ve­lop­peur…

Ce qu’on paie, sou­vent, c’est la part de las­si­tude d’un type qui au dé­part of­frait le fruit de ses loi­sirs, ou le pas­sage à la pro­fes­sion­na­li­sa­tion d’un loi­sir. Oui, ça coûte du temps, oui c’est in­croyable d’in­gé­nio­sité, mais ce n’est pas pour au­tant que l’on doive payer pour cela (ou alors, le temps et l’in­gé­nio­sité, c’est seule­ment pour ceux qui ont les moyens).

D’un autre côté, il y a ces lo­gi­ciels payants qui ne font pas ce qu’ils disent faire, qui buguent sur ta ma­chine (mais c’est ta faute), ou qui de­mandent une mise à jour payante pour fonc­tion­ner nor­ma­le­ment. Mais c’est pas grave, t’as payé la pro­messe, pas sa réa­li­sa­tion. Des grosse boîtes ont mangé leur pain blanc à user de cette stra­té­gie, mais elles ont ins­piré de jeunes pousses rê­vant de­vant les ta­bleaux de leur chiffre d’af­faire.

Enfin, il y a vrai­ment un pro­blème de tarif: on passe de rien à 50 dol­lars, sans pa­lier, sans rien. Re­na­mer4­Mac, gra­tuit, passe d’une coup d’un seul à 25 dol­lars, par la grâce d’une mise à jour pas plus fonc­tion­nelle que la ver­sion gra­tuite pré­cé­dente. J’adore ce lo­gi­ciel, mais ce pas­sage abrupt au payant me heurte; Djay est passé de rien à 40 dol­lars. J’ai un peu l’im­pres­sion de fi­nan­cer l’étude de mar­ché du dé­ve­lop­peur, qui s’est doc­te­ment dit qu’au vu des prix du mar­ché, son lo­gi­ciel était bien po­si­tionné… Mais tout de même: je n’or­ga­nise pas des soi­rées tous les 4 ma­tins, et j’en ai fait pas mal avec le seul iTunes (et une liste soi­rée que tu nour­ris au fur et à me­sure), la fonc­tion­na­lité existe déjà, ailleurs; et d’autres la pro­pose gra­tui­te­ment.

Quand tu passes tes di­manches à coder du lo­gi­ciel, parce que tu aimes ça, je peux com­prendre qu’au bout d’un mo­ment,tu aies envie de com­pen­ser un peu le temps passé – ne se­rait-ce que pour ren­trer dans tes frais, voire te payer le nou­vel ordi qui dé­cu­plera ta pas­sion, ou le week-end à la mer en bonne com­pa­gnie qui te per­met­tra de dé­com­pres­ser. Mais ça, c’est un tarif sympa de 10 euros (x400 clients, 4000 euros, ça peut faire un week-end sympa, non?); à 40 euros, tu vises le coupé-ca­brio­let à plus ou moins brève échéance, et là, sorry, je ne fi­nance pas.

Un de tes lec­teurs a d’ailleurs donné une in­di­ca­tion im­por­tante sur la ta­ri­fi­ca­tion: il avait tra­duit gra­cieu­se­ment un lo­gi­ciel, parce qu’il n’était pas sa­tis­fait de sa tra­duc­tion, et c’est le dis­tri­bu­teur qui a fixé un tarif à la ver­sion fran­çaise.

À mon avis, il se­rait plus simple qu’un dé­ve­lop­peur se dise d’en­trée : je vais faire un lo­gi­ciel payant, quitte à pro­po­ser un tarif d’en­trée très ac­ces­sible (je com­mence à en voir, à moins de 10 euros). Ou bien: je vais faire un lo­gi­ciel gra­tuit (sou­vent, c’est: je me suis fait un lo­gi­ciel pour tel ou tel be­soin, et comme il marche pour moi, il peut mar­cher pour vous), quitte à être clair sur le non sup­port (c’est gra­tuit, mais je n’ai pas le loi­sir de ré­pondre au mail).

En tous les cas, il y a aussi des dé­ve­lop­peurs qui passent au payant et qui s’en ex­plique, clai­re­ment. Le dé­ve­lop­peur de Journ­ler le fait, et on com­prend mieux sa po­si­tion – et une fois es­sayé et adopté son lo­gi­ciel, on se dit que ça vaut le coup de mettre la main à la poche).

15)
Blues
, le 02.06.2008 à 08:10

Le lec­teur bien connu qui trouve que ce soft (Djay 2) n’est pas cher du tout, pense que:

– nous avons la chance dans la plu­part des cas de pou­voir tes­ter avant d’ache­ter = on sait ce qu’on a avant de pas­ser à la caisse

– si après l’avoir testé, il me convient, et que je le trouve “ren­table” (donc que j’em­ploie­rai ré­gu­liè­re­ment) le prix du soft est sou­vent mi­nime par rap­port au confort qu’il m’ap­porte

Main­te­nant c’est vrai qu’on “at­trape” de mau­vaises ha­bi­tudes avec la masse de free ou share-ware à notre dispo … (voir pire: ceux qui ré­gu­liè­re­ment crack tout sans gène) de là on pour­rait pen­ser que la gra­tuité, c’est la nor­ma­lité.

Pas évident.

16)
Fa­bien Conus
, le 02.06.2008 à 09:11

Je dé­ve­loppe (ou plu­tôt je dé­ve­lop­pais) des softs gra­tuits, le sujet me concerne donc par­ti­cu­liè­re­ment.

La pro­blé­ma­tique est plu­tôt com­plexe. Je pense que le débat va plus loin que “gra­tuit contre payant”. Per­son­nel­le­ment, ce qui me pose un pro­blème c’est “le juste prix”.

Quand je vois un lo­gi­ciel qui ne fait qu’ajou­ter une in­ter­face sur une com­mande shell, dont l’usage sera tout au plus an­nuel et dont le prix est fixé à $25, dé­solé mais c’est trop.

En­suite, il y a la pro­blé­ma­tique du gra­tuit de­venu payant. Si de nom­breuse fonc­tion­na­li­tés sont ajou­tées et si on laisse la ver­sion gra­tuite dis­po­nible, ça ne me pose pas de pro­blème. Par contre, ce qui me gène, ce sont les lo­gi­ciels qui sont of­fert gra­tui­te­ment afin que nous autres pi­geons soyons les beta-tes­teur­set qui une fois sta­bi­li­sés (grâce à nos com­men­taires) de­viennent payant. Là, je suis dé­solé, mais il y a un pro­blème.

Mes lo­gi­ciels sont gra­tuit car j’ai conscience que je n’ai pas les moyens de tes­ter tout ce qu’i fau­drait tes­ter et donc que mes uti­li­sa­teurs au­ront cette tâche.

17)
ysen­grain
, le 02.06.2008 à 09:22

Dites moi si je me trompe: le gra­tuit est ar­rivé, au moins en par­tie afin de mon­trer qu’on pou­vait faire aussi bine voire mieux et pour …pea­nuts. (Diego, si tu me lis …) Bien en­tendu comme notre monde per­met tous les dé­bor­de­ments… Très très sou­vent, et j’en ai été le té­moin, on payait très ra­re­ment les softs dans les dé­buts de l’in­for­ma­tique per­son­nelle. Vous met­tez le tout dans la même boite, agi­tez bine et vous sor­tez: “Quoi ? 20$, 15 € ce bout de pro­gramme qui ne fait que mettre de l’ordre à ma palce dans …. Pour avoir dé­ve­loppé pen­dant 15 ans, une usine à gaz, quand des col­lègues ont été in­té­res­sés, j’ai été bine en peine de fixer un prix. A tel point qu’il m’est ar­rivé de le dis­tri­buer gra­tos.

18)
Blues
, le 02.06.2008 à 09:33

Mes lo­gi­ciels sont gra­tuit car j’ai conscience que je n’ai pas les moyens de tes­ter tout ce qu’i fau­drait tes­ter et donc que mes uti­li­sa­teurs au­ront cette tâche.

Concer­nant ton fa­meux Co­coa­Book­let il fonc­tionne ni­ckel sur la 10.5, même si pas màj… Je connais énor­mé­ment de gens qui l’em­ploient ré­gu­liè­re­ment et qui trouvent éton­nant qu’un soft d’une telle qua­lité (et sur­tout si pra­tique) soit gra­tuit ! Je pense que 15 à 20 $ se­raient un prix cor­rect (oui, je sais, ils peuvent te ver­ser un don)

Merci en­core pour ce soft que nous em­ployons jour­na­liè­re­ment !

19)
Fran­çois Cuneo
, le 02.06.2008 à 09:38

Fa­bien, je sais que les Amé­ri­cains, tu me l’as dit, t’en­voient ré­gu­liè­re­ment de l’ar­gent pour tes lo­gi­ciels sans que tu ne de­mandes rien. Nous n’avons pas en Eu­rope cette men­ta­lité, en tout cas pas en Suisse et il me semble pas non plus en France.

Mme Pop­pins, je suis per­suadé que le ni­veau du Suisse moyen est mal­gré tout su­pé­rieur. C’est vrai que les Fran­çais, n’en dé­plaise à Oka­zou, ont des al­lo­ca­tions fa­mi­liales mieux fou­tues que chez nous, un sys­tème de soins plus so­cial, ce qui com­pense un peu. Mais quand je vois le sa­laire moyen chez eux, je me de­mande juste com­ment ils font pour vivre, ac­ces­soi­re­ment pour mettre de l’es­sence dans leur voi­ture, et payer les au­to­routes en sus.

Le litre de lait est plus cher en France qu’en Suisse, c’est fini les prix bas chez eux.

On ne dit pas “Ce n’est pas bon”, mais “Ce n’est pas à mon goût” Pa­reil, il fau­drai dire “Ce n’est pas pour ma bourse” et non “C’est trop cher” ;-)

Ex­cellent.

pat3, je ne suis pas d’ac­cord avec tout, mais c’est vrai qu’un lo­gi­ciel gra­tuit au dé­part ne de­vrait pas pas­ser à 40 $ comme ça. Cela dit, tu parles beau­coup de gra­tuité, de de­voir du dé­ve­lop­peur de faire en sorte que son amu­se­ment soit à la por­tée de tous, je veux bien.

Le pro­blème, c’est que tous ces gens qui veulent re­ce­voir, sou­vent (je ne dis pas que c’est ton cas), donnent bien peu.

Là ça me dé­range for­te­ment.

20)
To­TheEnd
, le 02.06.2008 à 09:41

Bon… Apple paye cer­tai­ne­ment aussi mal que les autres les pe­tites mains qui montent leur ordi. Le scan­dale se situe plu­tôt sur les 30% de marge qu’ils se prennent puisque le reste de l’in­dus­trie est plu­tôt à 15%, voire 20%.

Enfin, tout à un prix… tou­jours.

T

21)
Ca­plan
, le 02.06.2008 à 09:51

Fran­çois, je crois que tu crains que le dé­ve­lop­peur ne te doive rien.

Tu es très exi­geant face aux softs pro­po­sés et tu veux payer pour être en droit de de­man­der des amé­lio­ra­tions (et tu ne t’en prives pas…).

Si un dé­ve­lop­peur gra­tuit dé­cide de ces­ser de suivre son pro­duit, ça te dés­écu­rise et tu n’aimes pas être dés­écu­risé en in­for­ma­tique.

P.S: La consul­ta­tion psy est gra­tuite!

Mil­sa­bor!

22)
Je­Ma­Muse
, le 02.06.2008 à 10:08

Je suis d’ac­cord avec Fa­bien : le pro­blème est le juste prix.

Mais si un lo­gi­ciel payant s’avère utile, voire très utile, il n’y a pas de rai­son à ce que son au­teur ne soit pas ré­mu­néré. La plu­part des lo­gi­ciels peuvent être tes­tés. Si ça ne convient pas, on ne garde pas. Pas be­soin d’ache­ter tout ce qui existe.

Si un uti­li­sa­teur à be­soin de Djay, c’est qu’il anime (peut-être) des soi­rées. Dans ce cas, per­sonne ne lui in­ter­dit d’amor­tir l’achat de son lo­gi­ciel en fac­tu­rant sa pres­ta­tion de DJ. En quatre soi­rées à €10, son lo­gi­ciel est ac­quis :-)

23)
Karim
, le 02.06.2008 à 10:18

Merci, Kom­rad O. Pour un peu, les riches ar­ri­ve­raient à culpa­bi­li­ser les pauvres avec leur mo­rale. Sa­lauds de pauvres ! Déjà que l’on sait main­te­nant que les pauvres au chô­mage, c’est de leur faute.

Ne prends pas la mouche, Fran­çois : l’al­ter­na­tive n’est pas tou­jours “J’achète ou je pi­rate” mais pour un cer­tain nombre “Je pi­rate ou je n’achète pas”. Comme l’a ex­pli­qué plus lon­gue­ment et avec sa verve ha­bi­tuelle le sé­di­tieux agent ter­ro­riste in­fil­tré Kom­rad O.

24)
Fran­çois Cuneo
, le 02.06.2008 à 10:26

Karim, ici, il n’y a pas d’ap­pel à la mo­rale ni de mo­rale faite à qui que ce soit.

Il y a juste une de­mande d’ar­rê­ter de dire que telle ou telle chose est trop chère, sim­ple­ment parce qu’elle n’est pas gra­tuite, et qu’elle n’est qu’in­tel­lec­tuelle.

25)
To­TheEnd
, le 02.06.2008 à 10:35

Être jeune en France, au­jour­d’hui, est tout sauf une si­né­cure. Il faut sou­vent at­tendre long­temps un em­ploi pour es­pé­rer sur­vivre à peu près dé­cem­ment. Mais pas de ciné, pas de resto, pas de va­cances à la mer, pas de co­pine pour durer : le des­tin aus­tère de l’ana­cho­rète comme pro­messe d’une vie où la vertu exige de la pau­vreté !

Alors là… j’ad­mire la France! En effet, grâce à cette vie, tu règles pas mal de pro­blèmes et je te cite:

Pas de ciné: c’est une éco­no­mie de ne pas aller dans des com­plexes qui vendent plus de pop corn que de droits d’au­teur!

Pas de resto: par­fait car la res­tau­ra­tion est une branche qui compte le plus d’em­ployés au noir… ou com­ment tuer dans l’oeuf les res­tos qui ex­ploitent des tra­vailleurs.

Pas de va­cances à la mer: la mer et les plages sont biens assez pol­luées comme ça! Tu veux la mer: prend un bain à l’eau froide et dé­verse 3kg de sel à l’in­té­rieur!! Et tu feras des va­cances à l’au­toch­tone qui ne vit pas loin de la plage parce que quand il a acheté il y a 30 ans, il vou­lait vivre tran­quille pas loin de l’eau mais de­puis, il part lui-même en va­cances ailleurs (pol­lu­tion!) chaque année quand le pa­rigo ar­rive sur zone (il peut voir le flux mi­gra­toire sur bison futé).

Pas de co­pine: mais c’est très bien ça! Ima­gine que dans leur pau­vreté quo­ti­dienne et entre leur 3 bou­lots à mi-temps, ils trouvent du temps pour bai­ser?? Pire, l’ar­gent se fai­sant rare… elle ne prend plus la pi­lule et lui n’uti­lise pas de ca­pote (trop cher!)… il pour­rait faire un gosse! Et un gosse dans une fa­mille de pauvre, c’est quoi? Un futur pauvre! Et on en a bien assez!

Voilà, voilà, à y re­gar­der de plus près, être pauvre pour­rait sau­ver la pla­nète.

T

26)
Guillôme
, le 02.06.2008 à 10:59

Aux ré­ac­tions en com­men­taire, je m’aper­çois que j’ai une lec­ture dif­fé­rente de l’hu­meur de Fran­çois qui semble plus s’of­fus­quer de la ré­ac­tion épi­der­mique qu’ont cer­tains à un lo­gi­ciel payant quel qu’en soit le prix plus qu’au fait que les gens re­fusent de payer un lo­gi­ciel par exemple…

Et en effet, je suis d’ac­cord avec Fran­çois, ces­sons de cri­ti­quer les dé­ve­lop­peurs/édi­teurs qui vendent du lo­gi­ciel. Libre à nous d’ache­ter ou non, mais de quel droit pou­vont nous dire que vendre Djay x euros est in­dé­cent?

Moi qui ait 90% de lo­gi­ciels gra­tuits sur mes or­di­na­teurs, je suis de ceux qui ré­flé­chit à deux fois avant de payer un lo­gi­ciel. Ce­pen­dant, ça ne me choque pas, ça ne me gêne pas… que des gens vendent le fruit de leur tra­vail.

Çà me choque da­van­tage quand une ad­mi­nis­tra­tion pu­blique ou des dé­marches cou­rantes né­ces­sitent l’usage de for­mats pro­prié­taire ou de lo­gi­ciels spé­ci­fiques qui sont payants et fort cher, alors qu’il de­vrait tou­jours être pro­posé une so­lu­tion gra­tuite ou du moins un choix concur­ren­tiel.

Main­te­nant, il faut quand même être ra­tion­nel :

  • citer des concur­rents gra­tuits à un payant n’est pas mal­sain. Au contraire, si cela peut évi­ter le pi­ra­tage et/ou éle­ver vers le haut le ni­veau de la so­lu­tion payante, tant mieux!
  • un lo­gi­ciel ne se me­sure pas aux nombres d’heures pas­sées des­sus. On peut faire 100h de tra­vail pour quel­que­chose d’in­utile et buggé comme on peut faire 1h de tra­vail pour une idée gé­niale et ré­vo­lu­tion­naire…
27)
giam­paolo
, le 02.06.2008 à 11:09

Merci Fran­çois! Je serai très bref: je te re­joins 5 sur 5.

28)
Fran­çois Cuneo
, le 02.06.2008 à 11:25

Guillôme, c’est exac­te­ment ce que je vou­lais dire.

29)
de­fois
, le 02.06.2008 à 11:41

Bon­jour

Gra­tuit payant, a un mo­ment ou un autre l’on paie, la plaie de nos so­ciété, c’est de dire gra­tuit. Qui tra­vail pour rien, la no­to­riété peut être. Le lo­gi­ciel libre se dé­ve­loppe par les grandes so­cié­tés com­me­ciales qui y ont trouvé un in­té­ret, et paie des gens pour le libre. Pour ma part je suis op­posé au pa­ral­lèle libre donc gra­tuit. Quand à la so­ciété fran­çaise, je di­rais que l’on a la so­ciété que l’on mé­rite. Quand une grande sur­face dit vous ga­gnez tant si vous ache­tez mon pro­duit, un pa­quet de mé­na­gère se pré­ci­pitent pauvre ou moins pauvre. Solde , re­mise ra­bais, les mots ma­giques. Il ya bien long­temps de ça un gou­ver­ne­ment dont je ne me sou­viens pas a dé­cidé la li­berté des prix tous les zozos de ser­vice ont ap­plau­dit, mis a part que un jour ou l’autre le prix le plus bas se­rait celui ou l’on paie les gens, nous y sommes. Le prix d’un lo­gi­ciel pour un pro a son im­por­tance, mais le ser­vice aussi. Com­bien de petit lo­gi­ciel ne sont ja­mais fini ls sont gra­tuits. Au­tre­fois un pro­duit avait un prix de re­viens , main­te­nant il a un prix de vente qui est fonc­tion de la de­mande, donc de la pub.

Cor­dia­le­ment

Jacques

30)
Leo_11
, le 02.06.2008 à 12:06

Pour moi ache­ter un lo­gi­ciel qui me sera utile ne me re­bute ab­so­lu­ment pas… ce qui me choque et contre quoi je vais me bra­quer c’est les prix pro­hi­bi­tifs que pra­tiquent cer­tains dé­ve­lop­peurs… exemples les plus fla­grants…

• Pho­to­shop de Adobe à en­vi­ron 1500.—

• Of­fice de Mi­cro­soft Stan­dard Edi­tion à en­vi­ron 800.—

ça c’est hon­teux… heu­reu­se­ment qu’il y a des pos­si­bi­li­tés de faire au­tre­ment avec du gra­tuit…

31)
ReReX
, le 02.06.2008 à 12:23

Bon­jour, C’est moi l’un d’eux qui di­sait ceci.

“La ver­sion 1.x (de DJay donc, NDLR) était gra­tuite. 40€ pour un skin, je trouve ça un peu cher. Mais ça reste un bon lo­gi­ciel.”

Je re­mer­cie pat3 d’avoir dé­fendu mon point de vue. Je ne cri­ti­quais pas le prix d’un lo­gi­ciel, ni en par­ti­cu­lier celui de DJay. 40€ pour un lo­gi­ciel abouti qui per­met peut-être même à cer­tains de mixer en soi­rée et de ga­gner de l’ar­gent avec, c’est presque trop peu. Mais quel est cet étrange état d’es­prit hy­per-li­bé­ral, hy­per-ca­pi­ta­liste qui base ses va­leurs uni­que­ment sur le tra­vail et l’ef­fort? (C’est d’ailleurs une vi­sion dé­ri­vée de l’ana­lyse de Marx et En­gels qui les pre­miers posent comme éta­lon de me­sure éco­no­mique le tra­vail) Il me semble qu’au dé­part de l’in­ter­net, ce de­vait être une pla­te­forme d’échanges gra­tuits. Il me semble que Linux, que les lo­gi­ciels GNU (ce que le lo­gi­ciel en ques­tion n’est pas) sont sen­sés être ou­verts et col­la­bo­ra­tifs. Com­ment passe-t’on d’une idée gé­né­reuse à l’ap­pat du gain? C’est un triste chan­ge­ment de men­ta­lité que je dé­plore. Tout le monde veut sa part du ga­teau. Et j’in­siste, entre la ver­sion 1 et la ver­sion 2 je n’ai vu qu’un lis­sage de l’in­ter­face et de 3 bou­tons pour 40€. C’est tou­jours moins que le re­des­sin du logo de swiss(air)!

32)
Guillôme
, le 02.06.2008 à 12:30

ça c’est hon­teux… heu­reu­se­ment qu’il y a des pos­si­bi­li­tés de faire au­tre­ment avec du gra­tuit…

Je ne suis pas d’ac­cord avec toi Leo_11, tout sim­ple­ment parce que dire qu’un mar­teau pi­queur est à un prix pro­hi­bi­tif n’a pas de sens! Celui qui achète un mar­teau pi­queur est un pro­fes­sion­nel du bâ­ti­ment qui gagne sa vie avec!

De même pour un EOS 1D Mark III Gold Pre­mium, libre à Fran­çois de se l’ache­ter s’il en a envie et les moyens mais ce type d’ap­pa­reil est pour les pros qui gagnent leur vie avec et qui ren­ta­bi­lisent le ma­té­riel!

Donc, en gros, ache­ter Pho­to­shop pour faire mu­muse chez soi n’a pas de sens, Pho­to­shop Ele­ments est fait pour ça à un prix beau­coup plus ac­ces­sible!

De même, Of­fice Stan­dard Edi­tion Fa­mille et Etu­diant est à 100Eur soit à peine plus cher que iWork! Pas 800… Me dis pas que tu as be­soin de la ver­sion t’au­to­ri­sant à faire des af­faires avec ? Si oui, alors tu es un pro­fes­sion­nel et ce coût lo­gi­ciel est très vite amorti dans ton ac­ti­vité!

Je ne parle même pas des concur­rents payant ou gra­tuits qui te ren­dront le même ser­vice…

Et si tu me dis que tu es étu­diant sans le sou, tous les édi­teurs ont des prix étu­diants et tu peux aussi avoir des lo­gi­ciels à dis­po­si­tion via ton école/uni­ver­sité dans cer­tains cas ;)

33)
To­TheEnd
, le 02.06.2008 à 12:52

Il me semble qu’au dé­part de l’in­ter­net, ce de­vait être une pla­te­forme d’échanges gra­tuits.

Heu… Tu parles du pro­jet ini­tié par l’ar­mée amé­ri­caine et qui de­vait per­mettre au ré­seau de gar­der ses com­mu­ni­ca­tions fonc­tion­nelles en cas de guerre nu­cléaire? Ou du WWW qui cher­chait avant tout à rendre les com­mu­ni­ca­tions “stan­dards” d’un or­di­na­teur à l’autre?

L’un ou l’autre, In­ter­net n’a ja­mais été créé pour que toutes don­nées bi­naires soient gra­tuites… ou ou­vertes.

Enfin, si un mec fait une ap­pli­ca­tion gra­tuite et qu’après il l’a rend payante, où est le pro­blème? Toi, vi­si­ble­ment, tu es­times que de pas­ser du gra­tuit au payant, c’est étrange, voire même dé­plo­rable.

Je suis peut être trop ca­pi­ta­liste, mais pour moi cette évo­lu­tion me pa­rait nor­male à par­tir du mo­ment que cha­cun est prêt à vendre une idée et que d’autres sont prêts à payer pour ça.

T

34)
Fran­çois Cuneo
, le 02.06.2008 à 12:54

Rerex, oui, c’est bien de toi que je par­lais, mais je ne vou­lais pas mettre ton nom dans l’ar­ticle, vu que je sais bien que tu es ici un re­pré­sen­tant d’un cou­rant de pen­sée et que mon but n’était vrai­ment pas de t’at­ta­quer, je pense que tu l’as bien com­pris.

Eh bien oui, moi j’en suis resté en­core au bête “tra­vail et ef­fort” pour cal­cu­ler une ré­tri­bu­tion… quand il s’agit de la cal­cu­ler.

Tu parles d’échange, oui, nous sommes d’ac­cord, c’est bien ça, ECHANGE. Or échange, y a-t-il vrai­ment? Pas sûr. Ce se­rait in­té­res­sant de voir quelle est la pro­por­tion de de­man­deur et de don­neurs. Peut-être que je me trompe, je se­rais in­té­ressé de sa­voir.

35)
Diego
, le 02.06.2008 à 14:21

Quelques ra­pides in­cur­sions puisque je suis nommé plus haut.

Lo­gi­ciel libre ne veut pas dire lo­gi­ciel gra­tuit, loin s’en faut. S’il n’y a pas d’in­ves­tis­se­ment fi­nan­cier lors de l’ac­qui­si­tion d’un tel lo­gi­ciel, il y a de ma­nière in­dé­niable un in­ves­tis­se­ment en temps. La com­mu­nauté at­tend d’un li­briste qui a at­teint un cer­tain ni­veau d’ex­pé­rience qu’il par­tage celle-ci avec, selon ses com­pé­tences, les dé­ve­lop­peurs, les do­cu­men­teurs, les tra­duc­teurs, les uti­li­sa­teurs ou les néo­phytes. Et ça marche. Pour mieux com­prendre le mé­ca­nisme, je vous in­vite à lire un do­cu­ment fon­da­teur de la com­mu­nauté The Ca­the­dral and the Ba­zaar ou sa ver­sion fran­çaise . Cette théo­rie se ré­sume en une phrase ” Étant don­nés suf­fi­sam­ment d’ob­ser­va­teurs, tous les bogues sautent aux yeux.

A un ni­veau plus avancé, une en­tre­prise qui dé­cide d’im­plé­men­ter un lo­gi­ciel libre sur ses sites fera for­cé­ment évo­luer ce der­nier en fonc­tion des be­soins (hé oui, plus be­soin de pas­ser par ces in­cer­tains “users groups” pour es­pé­rer voir l’édi­teur de son ERP im­plé­men­ter la fonc­tion que vous at­ten­dez de­puis des lustres, vous la faites vous mêmes !). Ce dé­ve­lop­pe­ment sera par dé­fi­ni­tion libre éga­le­ment et donc dis­po­nible pour les autres. L’en­tre­prise a donc payé son lo­gi­ciel en in­ves­tis­se­ment temps, le­quel in­ves­tis­se­ment aura pro­fité à un autre.

Main­te­nant, concer­nant le prix à payer pour un lo­gi­ciel, je re­joins de plus en plus cet “état d’es­prit” qui semble plus cou­rant outre at­lan­tique car il n’est pas rare que je clique sur le petit bou­ton pay­pal “Do­nate” que je trouve sur la page d’un pro­gramme qui m’a bien rendu ser­vice.

36)
ReReX
, le 02.06.2008 à 14:44

…mon but n’était vrai­ment pas de t’at­ta­quer, je pense que tu l’as bien com­pris.

Bien­sur que je l’ai com­pris. Heu­reu­se­ment que je ne prends pas tout au pre­mier degré. Mais de la même ma­nière qu’il y a en­core des tas de BONS groupes de mu­sique qui ne tiennent pas à faire du pro­fit, mais de la mu­sique, j’ose croire qu’il y a en­core des dé­ve­lop­peurs qui gardent un es­prit d’abord créa­tif. Quand au tra­vail, ce n’est qu’une des va­leurs sur la­quelle on peut s’ap­puyer, ce n’est pas la seule, sinon l’art n’exis­te­rait pas, l’in­ven­tion scien­ti­fique non plus. Pour ga­gner plus on n’au­rait qu’à tra­vailler plus et le tour se­rait joué!

37)
Hervé
, le 02.06.2008 à 18:32

Quand au tra­vail, ce n’est qu’une des va­leurs sur la­quelle on peut s’ap­puyer, ce n’est pas la seule, sinon l’art n’exis­te­rait pas, l’in­ven­tion scien­ti­fique non plus. Pour ga­gner plus on n’au­rait qu’à tra­vailler plus et le tour se­rait joué!

Cette phrase me pose pro­blème : veut-elle dire : “la créa­tion ar­tis­tique ou l’in­ven­tion scien­ti­fique n’est pas un tra­vail” ou bien “la créa­tion ar­tis­tique ou l’in­ven­tion scien­ti­fique ne doit pas être ré­mu­né­rée” ?

38)
ekami
, le 02.06.2008 à 19:58

C’est bien d’avoir des pro­blèmes de riches, ça dé­montre qu’on pos­sède pas mal de choses ( à moins que ce soient ces mêmes ob­jets qui ne fi­nissent par nous pos­sé­der et nous alié­ner en fait). Mon grain de sel : à quand des lo­gi­ciels gra­tuits pour les op­tions de base, et à contri­bu­tion payante très mo­dé­rée pour un temps d’uti­li­sa­tion dé­ter­miné. Je n’or­ga­nise pas des soi­rées né­ces­si­tant DJay tous les soirs, alors pour­quoi payer “aussi cher” pour un soft qui ne sera uti­lisé que quelques heures par an ?

39)
Ma­dame Pop­pins
, le 02.06.2008 à 22:18

Alors il faut croire que j’ai une “chance” énorme : je cô­toie, dans le cadre de mon bou­lot, plein de per­sonnes, sou­vent des femmes seules avec en­fants qui, mal­gré leur job, ne tournent pas, qui n’ar­rivent pas à payer les fac­tures cou­rantes (et rai­son­nables), qui ne paient pas d’im­pôts, qui sont sub­ven­tion­nées pour la caisse ma­la­die et qui ne peuvent pas chan­ger de verres de lu­nettes, faute de moyens… Ou alors j’ai une autre chance : toutes les per­sonnes que je connais en France sont des per­sonnes “for­tu­nées” au­cu­ne­ment re­pré­sen­ta­tives de la France.

Quand j’en­tends ma belle-soeur me re­la­ter que bon nombre des en­fants qu’elle a en classe viennent à l’école le ventre vide, je me dis que cela ne peut pas être un choix pour tous…

Mais bon, je veux bien ad­mettre que la si­tua­tion du Fran­çais est en­core plus dif­fi­cile que celle du Suisse : je suis juste un peu triste que la re­pré­sen­ta­tion clas­sique du Suisse soit celle d’une per­sonne aisée.

Dé­so­lée, je suis hors sujet.

40)
To­TheEnd
, le 02.06.2008 à 22:43

Dé­so­lée, je suis hors sujet.

Tu n’au­rais pas des co­pines seules et sans gosse plu­tôt? C’est pour une étude…

T

41)
levri
, le 02.06.2008 à 22:58

@ Maaame Pop­pins : Pour ce qui est des en­fants qui ar­rivent à l’école le ventre vide, j’avais par­ti­cipé à l’éla­bo­ra­tion d’une revue où ce fait était re­laté et m’en était in­quiété. Il s’agis­sait d’une école pri­vée avec des pa­rents plu­tôt aisés, ce­pen­dant l’en­quête a ré­vélé que de nom­breux en­fants ne dé­jeu­naient pas le matin mais re­gar­daient la TV avant de venir à l’école.

Quel est le pa­rent qui ne sau­rait se dé­brouiller pour four­nir une tranche de pain le matin à son en­fant ? La France est loin d’être par­faite, la vie n’y est pas fa­cile pour tous, mais c’est un pays riche et je n’y ai ja­mais vu quel­qu’un mou­rir de faim.

(dé­solé de te suivre dans le hors sujet) ;)

42)
Smop
, le 03.06.2008 à 00:46

Au-delà du simple droit d’uti­li­sa­tion, le fait de payer pour un lo­gi­ciel crée éga­le­ment un lien de ser­vice plus ou moins contrac­tuel avec son concep­teur. Dans un contexte non com­mer­cial, le dé­ve­lop­pe­ment peut être vu comme un hobby dénué de contraintes. En re­vanche, le sup­port des uti­li­sa­teurs de­vient ra­pi­de­ment une cor­vée et il me semble donc na­tu­rel de le ré­mu­né­rer.

Pour moi, l’in­for­ma­tique est avant tout un outil. Je n’ai donc pas envie de perdre de temps avec et suis prêt à payer pour créer cette re­la­tion de ser­vice. Voilà pour­quoi le monde du free­ware et du libre ne m’ont ja­mais vrai­ment sé­duits, même si j’adhère pour l’es­sen­tiel au com­men­taire #5 (Oka­zou).

Pour le reste, je ne sais pas s’il y a pro­por­tion­nel­le­ment plus de “pauvres” au­jour­d’hui qu’il y a dix ou vingt ans, mais en tout cas, une sé­rieuse pa­ra­noïa du manque s’est ins­tal­lée. Il ne reste plus grand-chose de la gé­né­ro­sité. Aisés ou pas, la plu­part des gens que je vois au­tour de moi n’ont qu’une seule ob­ses­sion : ca­pi­ta­li­ser par peur du len­de­main. Et pour être franc, ça m’in­sup­porte…

43)
hen­rif
, le 03.06.2008 à 10:58

His­to­ri­que­ment le “Sha­re­ware” / “Lo­gi­ciel par­tagé” est ap­paru grâce à d’en­thou­siastes ama­teurs qui sou­hai­taient rendre ac­ces­sibles des lo­gi­ciels fonc­tion­nel­le­ment suf­fi­sants pour des non pro­fes­sion­nels. Il n’y avait pas en­core In­ter­net et les quelques francs de­man­dés cou­vraient es­sen­tiel­le­ment les frais de gra­vure et d’en­vois de dis­quettes.

L’im­per­fec­tion, la lente et né­ces­saire mise au point avec les re­tours des uti­li­sa­teurs al­laient de soi. Il ne s’agis­sait pas de “vendre une idée et que d’autres soient prêts à payer pour ça” (ci­ta­tion de TTE, très en verve ca­pi­ta­liste !) mais d’of­frir une al­ter­na­tive au bu­si­ness des Apple, Mi­cro­soft et du petit pou­cet nais­sant Adobe, afin que les lo­gi­ciels de­viennent abor­dables aux pas­sion­nés de la mi­cro-in­for­ma­tique d’alors.

Ce mo­dèle s’est très bien dé­ve­loppé et re­couvre au­jour­d’hui dif­fé­rentes fa­cettes. L’im­por­tant est que puisse vivre des mode de dif­fu­sion, d’échange, de par­tage ou de troc autre que la sainte éco­no­mie de mar­ché que les dé­vots ca­pi­ta­listes li­bé­raux adulent au nom du pro­fit et de l’ar­gent.

Gar­dons à l’es­prit que don­ner quelques mon­naies ou rien pour un lo­gi­ciel par­tagé ne re­lève pas de la même dé­marche qu’ache­ter un lo­gi­ciel com­mer­cia­lisé par un édi­teur.

44)
jan­pyer
, le 03.06.2008 à 14:02

en p2p c’est moins cher ;-)

45)
Guillôme
, le 03.06.2008 à 15:03

La France est loin d’être par­faite, la vie n’y est pas fa­cile pour tous, mais c’est un pays riche et je n’y ai ja­mais vu quel­qu’un mou­rir de faim.

Pas contre ceux qui meurt de froid (ou même de chaud), c’est mon­naie cou­rante… comme quoi, avant les gens cre­vaient de faim dans des tau­dis, au­jour­d’hui ils crèvent de froid de­hors mais le ventre plein…

46)
levri
, le 03.06.2008 à 15:28

@ Guillôme : je pen­sais à ce que tu écris, alors que je ré­di­geais le texte que tu cites.

Il y a ce­pen­dant moins de sans logis que de gosses qui ne mangent pas le matin. C’est la ran­çon du “pro­grès”, les tau­dis sont in­ter­dits, tous les jours des gens meurent de quelque chose, par­fois pour de “mau­vaises rai­sons”, mais ce n’est pas en op­po­sant en quelques mots des choses to­ta­le­ment dif­fé­rentes qu’on ap­porte des ré­ponses.