Lorsque le patron m'a informé qu'il avait programmé ma chronique bimestrielle pour aujourd'hui, je me suis dit que je ne pourrais pas vous emmener dans un voyage au long cours ou dans un test avec plein de captures d'écran, ma connexion analogique 56 k actuelle ne m'autorisant pas ce genre de pratique. Un léger espoir toutefois : lors de notre arrivée en Grèce, on nous annonçait la possibilité d'avoir une connexion ADSL jusqu'à 2 Mo dans notre coin. Délai : 2 jours. Ouf ! Malheureusement, comme souvent en Grèce, ces deux jours se sont transformés en une semaine, puis un mois, puis deux mois avec comme seule information :
Ça ne fait rien me suis-je dit, je vais pour une fois changer de genre et vous parler d'un problème de société qui me tient à coeur : nos votations de ce prochain week-end et surtout le thème de la naturalisation par les urnes. Et là, nouvelle déconvenue : deux des plus éminents chroniqueur/euse de ce site (Anne et TTE) ont choisi également ce sujet la semaine dernière et l'ont traité avec certainement plus de talent et de documentation que moi.
Et pourtant, au risque de vous lasser, je vais maintenir mon choix. Parce qu'à la lecture de beaucoup de commentaires et même de la chronique de TTE, il me semble qu'on confond un peu les choses : le sujet de la votation n'est pas de limiter la population étrangère en définissant qui peut venir s'installer et travailler en Suisse (ça, ce sera pour l'année prochaine), mais de dire si un non-suisse,
- installé dans ce pays depuis de nombreuses années, voire y être né,
- jouissant d'une excellente réputation, sans casier judiciaire,
- sachant tourner la fondue, fondre la raclette et dorer les röstis,
- parlant couramment le français, l'allemand ou l'italien,
- triant ses déchets consciencieusement,
- connaissant intimement Guillaume Tell ou Nicolas de Flüe
- pouvant citer dans l'ordre de leur élection les sept membres du Conseil Fédéral, les 5 ou 7 conseillers d'Etat de son canton, le maire (syndic) de sa commune (à Bofflens, c'est facile, tout le monde le connaît)
peut se voir refuser le passeport à croix blanche sous prétexte.... aucun prétexte, simplement le bon vouloir des habitants de sa commune qui, peut-être, ne le connaissent même pas.
L'argument principal des initiants doit s'inscrire en lettres d'or :
Doit-on comprendre cette souveraineté comme celle qui permettait aux rois de France d'émettre des lettres de cachet et aux souverains anglais d'appliquer strictement leur devise : Dieu et mon droit (en français, s'il vous plaît). Sont pas idiots les initiants, ils ne nous servent pas cet argument, ils se contentent d'appliquer strictement la définition du mot :
Et voilà l'astuce : la naturalisation n'est pas un droit (elle ne l'a jamais été d'ailleurs); elle n'est pas un acte administratif qui, sur demande de l'intéressé et après vérification par les organes compétents qu'il remplit bien toutes les conditions imposées par la loi - voir ci-dessus - régularise une situation conforme au droit édicté. Non, la naturalisation est un acte politique équivalent à une élection. Et on ne conteste pas une élection, quel que soit son résultat. Punkt Schluss !
Ainsi donc, il m'aura fallu 38 ans et la Propaganda (1) udécéenne pour apprendre que je suis un élu ! Mes amis, mes frères et soeurs naturalisés, nous sommes des élus et par extension, tous les Suisses sont des élus. Nous formons donc le peuple élu... Aie, faut que je m'arrête là, "peuple élu" est une AOC depuis plus de 5000 ans (2), nous avons un peu de retard pour la revendiquer.
Mais l'astuce est beaucoup plus subtile et la conséquence n'en est que pire : ce droit souverain, on ne le donne pas à tout le peuple, seulement à ceux et à celles qui veulent l'exercer. Chaque commune sera libre de prévoir ou non son exercice :
- à Trifouilly-les-Oies, on acceptera sans autre les Akanian, mais pas les Yourassof
- à Champignac-sur Rhône, les Apolatos seront les bienvenus, mais les Dürük éliminés
- à Foufny-les-Bains-de-Pieds, on ouvrira les bras aux Benkacem, mais les Reyhfuss seront rejetés.... Aie, dans ce dernier cas, je sens qu'il va y avoir des cris et des hurlements (3).
- quant aux Mamadou, va falloir qu'ils choisissent avec soin leur lieu de résidence.
(1), (2) et (3) sont des portes qui vous ouvrent la possibilité de gagner des points Godwin !
Finalement, j'ai tendance à penser qu'on atteint là les limites de la démocratie directe pour tomber dans l'arbitraire et que cette initiative n'a en fait qu'un seul but : prouver au peuple blochérien qu'il peut faire passer tout et n'importe quoi dès lors qu'il utilise les mots "étranger", "surpopulation", "sécurité".
Et le problème, c'est qu'il risque bien d'avoir raison. Du moins, c'est encore ce que disait il y a un mois le sondage de la TSR (48% de oui, 33% de non). Or, la semaine dernière, une grande bouffée d'espoir : le dernier sondage de la même TSR donnait 56% de non et 32% de oui. Un revirement spectaculaire que, j'espère de tout coeur, les urnes confirmeront. On a vu le peuple accepter des augmentations d'impôts, il est capable de refuser un droit qui serait un véritable déni de justice.
Ayant ainsi poussé mon coup de gueule, je vais quand même terminer cette chronique en vous montrant ce à quoi mes limitations techniques actuelles vous ont permis d'échapper ou, si vous êtes gentils avec moi, vous auront privé.
En fait, après les Moches et les Mayas, j'avais envie de vous entretenir d'une des plus vieilles civilisations entièrement disparue et qui a pourtant fleuri aux portes de notre continent.
Cette civilisation est née au sein du royaume du Hatti trois mille ans avant notre ère et les photos que vous avez ci-dessous représentent ce qui reste d'une des plus grandes cités antiques, leur capitale Hattusha, centre du peuple hittite. Leur pays est devenu au fil des aléas de l'histoire le Pont-Euxin des Grecs et des Romains, l'Empire byzantin, la Sublime Porte et finalement, plus prosaïquement la Turquie.
Bas-relief et Porte des lions de Hattuscha, capitale hittite située en plein coeur de l'Anatolie actuelle.
Avouez que cette porte n'a rien à envier à celle de Mycènes qui est pourtant près de 1000 ans plus jeune.
Pourquoi aurais-je voulu vous parler de la Turquie ? Parce que nos relations actuelles avec ce pays ne sont pas au plus beau fixe tant sur le plan sportif que politique. Et les Turcs ont longtemps représenté les étrangers qu'on ne désirait guère. Leur mauvaise réputation s'est transmise aux Kosovars et autres Albanais qui sont devenus nos nouvelles.... têtes de Turc !
Et pourtant, cette Turquie a des chances non négligeables de rejoindre l'Europe bien avant nous !
Alors, les Hittites, les Byzantins, les Turcs, ce sera pour la prochaine fois....
, le 27.05.2008 à 00:30
Je m’étonne d’une seule chose : que personne (si ma mémoire est bonne) n’ait ici poussé une gueulante contre l’article constitutionnel qui nous est si gentiment proposé dans le même paquet !
Signé Madame Poppins qui ne serait probablement pas suisse si, il y a quelques décennies, le “souverain” avait pu s’exprimer…
, le 27.05.2008 à 00:35
PS: “en remettre une sucée”, ça vient de quel coin ? Nord ou sud, est ou ouest, peu importe, ça m’a fait bien rire, comme expression !
, le 27.05.2008 à 06:55
Je vais faire le grand neinsager ce premier juin, de mon côté. Sur les trois objets soumis au vote.
Tu me rends l’espoir Hervé, je n’avais pas pris note du nouveau sondage. Donc ce n’est pas foutu? Malgré le pognon engagé par l’UDC?
, le 27.05.2008 à 07:51
Non, François, ce n’est pas foutu, depuis deux ou trois jours que j’ai vu ce sondage, je ressens, je dois le dire, un début de soulagement. Pourvu que ce soit vrai! Pour ceux que ça intéresse:
sondage
PS. Moi aussi, grande neinsager, trois NON s’imposent, ce week-end!
, le 27.05.2008 à 08:10
Concernant ces votations, pour moi aussi, ce sera 3Xnon. Faut pas déconner, non plus!
On se faisait la réflexion avec Dame Chloé, que si l’UDC n’avait pas été en pleine guerre intestine, ils auraient certainement pu être plus présents sur le terrain des votations. Et donc faire pencher la balance. Cela me fait donc une raison de plus d’être content que Cricri se soit fait ctrl-cmd-esc du Conseil Fédéral.
Sinon, je rejoins également Madame P. L’autre objet (concernant les caisses maladies) est tout aussi totalitaire. C’est vraiment donner un gros bâton aux caisses pour se faire taper dessus avec.
Allez, chaque vote compte : ceusse qui n’ont pas encore voté, c’est le moment!
, le 27.05.2008 à 08:36
Hervé a fort bien montré qu’il existe une grande différence entre souveraineté et arbitraire et que détenir un pouvoir n’empêche pas d’en voir l’exercice limité. Cela s’appelle entre autres démocratie. Les initiateurs de l’initiative avaient aussi à l’esprit (mais en ont-ils un?) la limitation du pouvoir judiciaire, l’un des trois pouvoirs essentiels au fonctionnement de cette démocratie. Sans doute n’ont-ils jamais lu Montesquieu. Mais quand on lit sur le site du quotidien le Matin les commentaires nauséeux dès qu’un article traite des étrangers en Suisse on ne peut qu’être effrayé par la mentalité ouvertement raciste affirmée par un certain nombre de lecteurs de ce journal.
, le 27.05.2008 à 08:41
Voilà… Voté (3x non), cacheté et envoyé!!!
Reste plus qu’à croiser les doigts!
, le 27.05.2008 à 08:44
Ca sera aussi comme Jérémie pour ma part, 3x non…
Merci pour l’article… Et les photos… Ca donne envie :)
, le 27.05.2008 à 08:48
Vivement la prochaine fois! En attendant on va voter et on croise les doigts.
Autrement une petite précision…
Je crois qu’on ne gagne pas de point Godwin, on l’atteint. C’est comme un point de non-retour.
EDIT. Je viens de googler un petit peu et apparemment on l’atteint ET on le gagne…
Ici Genève, 3x non + 4x non = 7x non au bout du lac!
, le 27.05.2008 à 08:55
Pour le point godwin, voici un peu de lecture .
Dans ton cas, je pense que le point godwin est frôlé, mais pas atteint. Y avait moyen de le choper en plein avec une thématique comme celle-ci, mais je ne pense pas que ce soit le cas.
Allez, encore un petit effort.
, le 27.05.2008 à 08:56
Voilà, c’est fais. Un neinsager de plus par ici. Merci pour vos avis éclairés :-)
, le 27.05.2008 à 09:13
Ainsi donc, l’helvète vote par correspondance ? On peut donc voter, et aller pêcher (pour ceux que ça amuse, hein)…
Bonne votation alors !
z (Hervé, y sont au courant, tes voisins de là–bas, que tu fais un article sur leur voisin préféré? je répêêêêêêête: à quand un témoignage du suisse ami des turcs expatrié en Grèce ?)
, le 27.05.2008 à 15:44
Je me trompe ou ça passionne pas les foules?
Ou alors, on a affaire à un cas particulièrement avancé de “majorité silencieuse”…
, le 27.05.2008 à 16:07
Marrant ces élections, j’ai voté également 3x non, respectant sauf erreur les mots d’ordre de mon parti (libéral). Il n’y aurait donc pas de fossé gauche-droite cette fois ?
En ce qui concerne les naturalisations, je me permets juste de rappeler que sauf erreur, le texte PERMET la naturalisation par le corps électoral d’une commune, mais ne l’instaure pas. Donc même en cas d’acceptation, l’impact réel sera probablement nul, car je ne vois pas une majorité de communes s’engouffrer dans système qui a prouvé qu’il était mauvais, compliqué et onéreux.
L’UDC a le chic de faire de l’agitation à partir de rien ! C’est comme proposer d’expulser les criminels étrangers, tu parles d’une nouveauté ! La Suisse a toujours expulsé les criminels étrangers !!
C’est vrai que le populisme primaire des cousins UDC (membres du centre-droit vaudois) commence gentiment à me les briser menu !
, le 27.05.2008 à 17:17
Vous voulez que je vous dise le fond de ma pensée à propos de notre rapport aux nazillons?… Non?… Ben je le donne quand même!
Dans les années 30, personne n’a soupçonné l’ampleur que prendrait l’extrême droite en Europe et les ravages qu’elle a causés. Le traumatisme est double: l’holocauste, les millions de morts, des pays détruits ET le regret de n’avoir rien fait pour empêcher que tout ça arrive.
Depuis, plus ou moins inconsciemment, certains souhaitent presque voir une extrême droite aussi puissante et aussi méchante qu’à l’époque, pour avoir une deuxième chance de terrasser le monstre et, en quelque sorte, sauver l’honneur.
Le côté vicieux de cette histoire, c’est que ce sont les ennemis de l’extrême droite qui lui donnent de l’importance, pour que la victoire soit plus belle. Ainsi, les Blocher et compagnie sont tout heureux de jouer les vedettes et ne se privent pas de faire leur cirque, alors qu’ils ne valent pas le millième de l’encre qu’on leur consacre.
Ouste, les nazillons! Du balais! A la niche! Coucouche panier!
J’ai voté 3x non, Evidemment!
Milsabor!
, le 27.05.2008 à 17:47
Rien que le fait de permettre de le faire, c’est déjà un abus de pouvoir !
, le 27.05.2008 à 18:15
Alors, chic, ça ne me gêne pas de faire demain les 500 kilomètres qui me séparent des urnes pour pouvoir dire 3 X NON, moi aussi. J’espère gagner ainsi le gros lot, ce serait une des seules fois que je serais en accord avec de la volonté de la majorité du “bon peuple”, je suis trop souvent dans le camp contraire… Que la vague Cukienne me porte !!!
, le 27.05.2008 à 18:57
Effectivement, Eric, cet article permet la naturalisation par les urnes, et ne l’impose pas. Ce qu’elle impose, par contre, c’est la souveraineté totale des communes en la question. Ainsi, suite à une décision, il n’y aura pas moyen légal de demander un explication, quel que soit le moyen pour prendre cette décision. Encore moins de faire un recours. Or, recourir contre une décision administrative est un des fondements de notre démocratie, qui nous garanti une protection contre l’arbitraire possible des autorités.
Et comme on s’en doute, l’UDC adorerait user d’arbitraire envers les étrangers sans avoir à rendre des comptes… Avant, qui sait, de s’attaquer à d’autres libertés fondamentales?
, le 27.05.2008 à 20:41
Bonjour,
Pour le non-suisse que je suis, c’est quoi un
Pour le reste, votez bien ! Avec l’histoire que l’Europe a, nous sommes tous des étrangers de quelque part … MarOS
, le 27.05.2008 à 20:44
Salut Hervé, t’es encore dans ton petit coin près d’Epidaure ? il parait que le température monte grave ces jours… Perso je descends dans un mois env. Merci pour le papier… Kai “kales diakopes”.
—–—–——-Qui peut le prouver ?
Tous ici disent, j’ai voté (bien sûr, également, évidemment, moi aussi, aussi, etc..) 3x NON… ok, moi aussi… mais qui peut le prouver ?
Sur Cuk, on est plutôt (légèrement) à gauche, ça ferait bien moche de dire, OUI j’ai voté 3x oui (ou, oui à ceci et non à cela) – ça ne serait pas facile à justifier/argumenter, ça c’est sûr.
Cela représente la vie de tous les jours, les collègues, les connaissances (pas les amis ni les proches) tout le monde me dit j’ai voté 3x Non… mais bon qui peut le prouver ? ;-)
On verra dimanche … Blues, vraiment tendu jusque-là !
—––PS: il paraît qu’une des prochaines initiative UDC risque d’être : plus de double nationalité = choisissez votre patrie ! jettez l’autre passeport ou foutez-moi le camp :’(
, le 27.05.2008 à 20:54
Kalispera, Blues
Né, eimai akoma stin Epidavros os sabbato.
Kanei poly poly zesti
Pas moyen d’écrire en grec ici !
, le 27.05.2008 à 21:19
MarcOS : si j’en crois mes connaissances rudimentaires de l’allemand, confrontées à ma maîtrise plus poussée de la langue néerlandaise voisine, et confirmées par le contexte (pfiuuu) « neinsager » doit vouloir dire « celui qui dit non », sous-entendant par là qu’il le fait systématiquement. J’ai bon, là ?
, le 27.05.2008 à 21:25
Pieds dans le plat
Ben voilà, j’ai voté oui et 2 fois non. Je ne vois pas pourquoi on restreindrait le droit de vote. Il aurait donc des questions à ne pas poser ? Cela dit, si on me demandait de faire naturaliser les étrangers par élection, je refuserai mais cela n’est pas la question ici.La question est de savoir si on peut me poser cette question et là j’estime que oui.
, le 27.05.2008 à 21:28
… et pour poursuivre sur la lancé de Franck, qui a parfaitement raison, j’ajouterai qu’en Suisse on parle souvent de Neinsager en se référant à Blocher & Cie, à l’UDC, à la droite dure quoi, parce qu’ils s’opposent le plus souvent à tout (à la nationalité automatique pour la 3e génération d’immigrés, à l’entrée en Europe, à…. à… à… Parce qu’ils bloquent certains votes au parlement. Ils viennent même de dire NON à une ministre qui est pourtant de leur parti. Bref ils ont tendance à s’opposer à tout ce et à tous ceux, qui ne marchent pas au son de leur propre tambour – et avec des moyens qui ne sont pas toujours particulièrement élégants.
Par extension, un Neinsager est un type qui, en politique, refuse toujours tout. Les cuckiens ont repris le terme par ironie (moi, en tout cas) – et puis il est expressif.
, le 27.05.2008 à 21:57
Désolé de poser un question sûrement idiote, mais actuellement chez vous seuls les enfants à la 3e génération sont naturalisés automatiquement?
(chez nous, toute personne née sur le territoire national a droit à la nationalité française)
, le 27.05.2008 à 22:25
Effectivement levri, contrairement à la France, qui pratique un droit du sol, la Suisse pratique un droit du sang (avec quelques naturalisations par-ci par-là). Donc, naître sur le territoire ne change rien au schmilblick.
, le 27.05.2008 à 23:10
Même en se plaçant sur le terrain nauséabond de l’UDC, il est surprenant qu’une commune (infime partie d’un pays) puisse accorder ou refuser une nationalité.
Je le souligne car on sent bien que cet argument du “peuple souverain” ou de la démocratie reine titille les opposants à ce texte : or il y a une contradiction flagrante entre l’enjeu (la nationalité suisse) et les acteurs (qui ne représentent au mieux que leur commune).
Mais peut-être ai-je loupé un épisode… Pour me faire pardonner, écoutez cette superbe voix étrangère et revenez m’en dire des nouvelles : Irme Kero de Yasmin Levy
, le 27.05.2008 à 23:16
Même pas levri : il n’y a pas de naturalisation automatique. Elle peut être “facilitée” dans certains cantons dans des cas précis, mais ce n’est pas une règle absolue.
@Karim : pour comprendre cette situation, il fait savoir qu’on ne devient Suisse que si on est “bourgeois” d’une commune. Le fait d’être ressortissant d’une commune confère donc le statut de citoyen du canton et en tant que citoyen du canton, on devient suisse. A Genève, et pour autant que je me rappelle la succession des démarches ; la demande est transmise par le canton à la Confédération qui dit si, selon elle, tout est juridiquement en ordre (casier judiciaire, temps de séjour). Dans ce cas, le canton s’adresse à la commune et lui demande si elle est d’accord d’accueillir en son sein le requérant. Si la commune dit non … on en reste là. Si la commune dit oui, le canton fait sa propre enquête et avalise la décision de la commune (intégration, relations sociales, etc.). On est donc intronisé citoyen du canton de Genève, ressortissant de la commune de Vernier (dans mon cas) et le canton informe la confédération qu’il a un nouveau citoyen.
, le 27.05.2008 à 23:56
merci pour les réponses.
, le 27.05.2008 à 23:57
Je participe rarement à des fils politiques surtout “étrangers”, mais une chose me chiffonne depuis ce matin, je n’ai pas fait beaucoup de latin et je crois que c’est plutôt Tris repetita placent et comme il y a longtemps je me suis renseigné ici
Je puis bien évidemment me tromper…
, le 28.05.2008 à 07:08
Si j’ai bien compris ton raisonnement, tu es contre l’arbitraire , mais tu es prêt à ce qu’on te l’impose !
, le 28.05.2008 à 14:47
Si l’arbitraire est décidé par le peuple oui. Pour qu’une démocratie fonctionne sainement elle doit pouvoir se poser toutes les questions, sans tabou. Et nous devons accepter les décisions majoritaires mais les combatre par les urnes.
, le 28.05.2008 à 15:58
Aucune démocratie ne fonctionne sainement lorsqu’elle accepte l’arbitraire. Cela s’appelle totalitarisme ou dictature au choix, même si elle est approuvée par le peuple (1933 – 3e Reich – Point Godwin !)
, le 28.05.2008 à 16:08
Resalut
Nous ne sommes pas tous obligés d’être d’accord avec ce Monsieur. Disons que cela est un point contreversé. Que pensez-vous de l’élection du Hamas à Gaza ? Beaucoup d’intellectuels de gauche qui excrètent l’UDC estime que ce vote doit être respecté.
Disons que tant qu’une décision peut être renversée par les urnes (ce qui est le cas dans cette votation), je ne vois pas le problème.
, le 28.05.2008 à 16:28
Les démocrates qui votent démocratiquement pour la mort de la démocratie. Ubuesque. On marche sur la tête. C’est le mal d’aujourd’hui. Un monde qui atteint à la folie, persuadé que c’est la voie de la raison.
Du bon usage du point Godwin !
Encore les Nazis n’avaient-ils atteint qu’une majorité relative (40 % des voix) et les Allemands ne savaient-ils pas ce qui les attendait, même s’ils ont joué le jeu du nazisme, par la suite, au-delà de l’horreur.
Nous, nous n’avons pas d’excuse, nous savons. Mais les têtes sont tellement chamboulées aujourd’hui que le terreau est prêt, à nouveau, à l’acceptation des pires populismes portés par les plus habiles démagogues.
Quand le citoyen à la pensée libre se mue en consommateur à la pensée façonnée et contrainte on peut s’attendre au pire.
—
Un autre monde est possible.
, le 28.05.2008 à 16:44
Retournons sur terre,
Le problème c’est que mon arbitraire n’est pas votre arbitraire. Comparer ce vote à l’émergence du nazisme…. Faut pas pousser quand même. Je dois dire que ce qui me fais tiquer le pluis est que si en gros 30 % des Suisses sont pour cette initiative, personne dans les commentaires de Cuck n’ose donner des arguments contradictoires au courant “main stream” ce que je trouve désolant.
, le 28.05.2008 à 17:54
… Et à fortiori les citoyens qui la composent. Mais il suffit d’utiliser certains mots clefs, pour déclencher une réaction de rejet irraisonné. Les tabous existent, et le “point Godwin” récompense ceux qui ferment la porte à la réflexion grâce à l’horreur qu’évoque le parallèle avec une dictature immonde (tabou non discutable).
, le 28.05.2008 à 18:01
Pardon, mais, euh… a-t-on envisagé que ce «courant main stream» pourrait s’appeler «majorité», tout simplement, vous savez, ce nombre de personne qui dépasse 50% et qui décide par son avis de l’acceptation ou du rejet d’une élection ou votation?
Ce n’est pas une question d’«oser». Tu exprimes ton opinion, la plupart des autres qui s’expriment ne sont pas de ton avis. Ce n’est pas une question de timidité, mais d’opinions diverses.
, le 29.05.2008 à 06:39
Exact. C’est pourquoi à la question posée ce week end qui est : “En matière de naturalisation, le souverain a-t-il le droit de faire preuve d’arbitraire”, je réponds “NON” parce que l’arbitraire ne doit pas faire partie de la panoplie de la démocratie.
, le 30.05.2008 à 06:40
Bon je pense que le débat tourne ne rond depuis quelques postes. Voci ma dernière réponse. En effet nous ne sommes pas d’accord même si je comprends votre point de vue. J’estime en effet que les communes doivent pouvoir avoir le droit de décider démocratiquement de la manière dont elles naturalisent les étrangers. Je comprends bien vos réticences concernant la porte ouverte à l’arbitraire, mais c’est le cas de nombreuses votations, comme nous montre l’histoire. Il se trouve que toute iniatitive populaire doit passer devant le Tribunal Fédéral qui juge de sa constitutionalité, ce que je présume a été fait pour celle-ci. Finalement, je pense que l’iniative sera refusée, la campagne de l’UDC a été beaucoup trops polarisante, dégoutant de nombreux démocrates qui auraient pu voter pour l’idée d’élargir les droits populaires contre le législatif/exécutif. Je vois asser un 45 % oui et 55 % non avec quelques cantons de Suisse centrale et le Tessin pour. Qui vivra verra…