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Un roman – une trajectoire, une vie: Zaïda

Depuis que Zaïda, mon dernier roman, a paru, des dizaines de personnes m’ont félicité d’avoir traité tel ou tel aspect des choses. Or, la plupart du temps, je n’avais pas eu les intentions que l’on me prête.

Lorsque cela m’est arrivé un certain nombre de fois, j’ai exprimé ma perplexité devant François. Qui a fini par me dire que si mes raisons n’étaient pas celles qu’on me supposait, je n’avais qu’à expliquer le pourquoi et le comment. Sur Cuk de préférence. J’ai fini par me laisser convaincre.

[NDLR: ah ben tout de même… On a fini par y arriver. Qui peut mieux que toi parler de ce livre que je me réjouis de lire, premier qu’il est sur ma liste d’attente (sans jeu de mot, comprenne qui peut)? Personne. Merci donc de ce qui suit, ce d’autant plus que ça me donne encore plus envie de le lire]

C’est simple. J’avais voulu voir si j’étais capable d’écrire ce qu’on appelle en anglais une “romance”, terme qu’on pourrait traduire (mal), par roman rose, bien que “roman rose” ne corresponde pas vraiment à “romance”.

Un de mes amis, un éditeur anglais, m’avait confié la tâche de faire une analyse de la “romance” en général, qui est un mélange entre le roman d’amour et le roman d’aventures. Ce genre est mal connu en français parce que les traductions qui sont faites de certains titres sont généralement tronquées, mal (et vite) faites, et concentrées sur ce qui n’est, dans l’original anglais, qu’un des éléments de l’histoire: la sexualité explicite des héros.

C’est d’ailleurs la raison qui avait donné l’idée à mon éditeur anglais de me demander d’analyser le genre: il voulait un œil extérieur.

Je n’avais jamais lu de “romance”. J’ai découvert un genre, avec ses hauts et ses bas. Il y a des auteurs véritablement talentueux, et il y a beaucoup d’écrivaillons. Pour la plupart, ces auteurs sont des femmes, en tout cas la signature est toujours féminine, même si, une fois qu’on s’est familiarisé avec le genre, on commence à se demander si telle ou telle plume qui ne correspond jamais à aucune photo n’est pas masculine: certains éléments du style et du récit le donnent à penser.

J’ai fini par comprendre que ces écrivains recevaient sans doute un cahier des charges, et même des listes de mots à utiliser dans certaines descriptions. La plupart d’entre elles/eux produisent par ailleurs deux livres par année. Résultat: si le talent n’est pas au rendez-vous, et s’il n’arrive pas à transcender le cahier des charges, on lit des romans qui se ressemblent d’un auteur à l’autre. Même chez l’auteur que je considère le plus talentueux de ceux que j’ai lus, Amanda Quick; à force de romans écrits à la chaîne, se passant dans la même période historique, dans le même milieu londonien, les personnages, qui sont mieux décrits que par d’autres, et les aventures, qui sont plus intéressantes que celles de la plupart des autres, n’en sont pas moins vite interchangeables.

Comme je n’avais jamais lu de roman de cette nature jusque-là, pour faire une analyse littéraire digne de ce nom, j’en ai lu beaucoup (une cinquantaine) – et je dois avouer que même lorsque je voyais poindre la recette appliquée avec zèle, et que je voyais venir la suite de l’histoire à cent pas, je ne me suis jamais ennuyée. Ces romancières et ces quelques romanciers sont tous des pros, qui ont appris à écrire une histoire (aux États-Unis, cela est même enseigné dans les Universités), et qui savent, de rebondissement en rebondissement, retenir l’attention (même si le lecteur parcourt le livre, comme moi, d’un œil sceptique, crayon en main).

Bien entendu, le moment est venu où je me suis demandé: et moi? Saurais-je écrire une “romance”?

J’ai fait une liste des règles les plus évidentes que j’avais repérées, celles qui créent le genre: cela se passe souvent au XIXe siècle, entre gens de petite noblesse (nous sommes en Angleterre, généralement) ou parfois entre bourgeois riches – en tout cas entre gens de bonne famille. Il y a des pauvres, mais ils sont le plus souvent marginaux. Quelle que soit la superficialité du récit, la recherche historique est rigoureuse, et précise jusque dans les détails: les livres lus, les références, l’habillement, les us et coutumes, tout cela est parfaitement exact – les romans sont généralement datés au mois près.

Je me suis lancée.

Je réponds tout de go à la question que je m’étais posée: non, je ne suis pas capable d’écrire une “romance”. J’ai pourtant essayé. Mais le cadre du genre est étriqué, je n’ai pas réussi à m’y contraindre.

J’ai bien commencé de manière classique: le coup de foudre entre les deux protagonistes. Mais dans une “romance”, toutes sortes de difficultés interviennent ensuite – parfois les amoureux n’arrivent pas à se marier, parfois on les marie de force avant qu’ils ne soient sûrs de s’aimer, mais en tout cas ça ne se passe pas “bien” tout de suite. Ça finit bien, ça oui. Que cela soit parce qu’ils se marient, sont heureux et ont beaucoup d’enfants ou parce que, s’étant mariés à la va-vite en cours de route, ils finissent par réaliser que oui, ils s’aiment. Mais quoi qu’il en soit, cela se termine à la naissance du premier enfant, une naissance qui est rarement difficile – et jamais fatale. On parle certes de femmes et de bébés morts à la naissance (comme c’est situé au XIXe siècle, cela est plus fréquent qu’aujourd’hui), mais cela s’est toujours passé en dehors du roman.

Personnellement, au bout de vingt pages, j’avais déjà quitté le cahier des charges: j’avais simplement décidé que pour une fois la première naissance se passerait mal, et que mon roman se terminerait plutôt à la naissance du deuxième bébé.

Au départ, cela semblait un changement infime. Mais cela a fait dérailler le projet. Et soudain mon héroïne, Zaïda, a pris le pouvoir. C’est la chance la plus fantastique, pour un auteur, de se retrouver dans la position de devoir écrire ce que le héros lui dicte. Comme c’est un processus difficile sinon impossible à expliquer, je ne tenterai même pas d’aller au-delà de la constatation.

Une de mes grand-tantes, sœur aînée de mon grand-père Cuneo, se nommait Zaïda. Elle était née d’un premier mariage de mon arrière-grand-père et sa mère était anglaise. Lorsque je l’ai connue, elle avait autour des cent ans. Elle était fragile, certes, mais vive d’esprit: elle m’a appris à danser la valse, m’a confié la recette du tiramisu authentique d’avant la mode culinaire de ce dessert, m’a donné le goût de l’Angleterre, où elle avait dû vivre pendant des années. Je me souviens qu’elle faisait rire mon père, qui l’aimait beaucoup. Comme dans la famille personne ne s’intéressait particulièrement à elle sauf mon père – qui est mort avant elle – et moi, personne ne sait plus rien d’elle aujourd’hui. En plus de mes souvenirs, il ne me reste que quelques bribes, glanées ici ou là: elle était veuve, elle avait soigné les blessés de la guerre 1914-18 pendant laquelle tous ses enfants étaient morts. À partir de ces quelques minuscules fragments, je lui ai inventé une vie.

Les choix que j’ai faits se sont imposés à moi, je n’ai jamais vraiment réfléchi: cela collait, tout simplement. Je ne prends qu’un exemple. Je me suis dit que Zaïda pourrait étudier la médecine, et j’étais presque sûre que pour faire cela, il faudrait que je la fasse aller à Paris ou à Vienne. Et puis j’ai découvert qu’en 1880, la seule université au monde où les femmes fussent admises de plein droit était celle de Zurich – une ville que je connais bien, dont au fil de dizaines de reportages j’ai étudié le passé. Et dès que je me suis mise à chercher du côté du quotidien des étudiantes en médecine, je suis tombée sur la biographie de la première femme médecin suisse, le Dr Maria Heim-Vögtlin, qui décrit ce temps-là. Tout collait, il a suffi de travailler.

image

La photo de couverture représente Milan en 1906; c’est une rue toute proche de celle où vit Zaïda. Lorsque je l’ai vue, j’ai tout de suite su qu’elle symboliserait parfaitement mon personnage. Elle est l’œuvre de Giuseppe Pessina, photographe célèbre. Lorsqu’il l’a prise, il avait 13 ans.

Je n’avais presque aucune des intentions que les lecteurs ont prêtées au texte par la suite. Ma seule intention avouée est venue en cours de route. À un moment donné, il a fallu décider: Zaïda serait-elle pauvre ou ne manquerait-elle de rien? J’ai fini par décider qu’elle serait à son aise, et même riche, mais qu’elle mettrait en œuvre un principe qui a été celui d’un certain nombre de gens riches par le passé: l’argent et les avantages dont elle disposait créaient des devoirs. Et puisqu’elle était riche, qu’elle avait acquis des connaissances, Zaïda avait le devoir de se mettre au service de l’humanité, y compris la moins privilégiée.

Je suis horrifiée de voir que dans le capitalisme sauvage les gens accumulent pour accumuler, et que pour ce faire, ils en oublient la planète, les gens, ils produisent des millions de chômeurs d’un clic de souris, ils ne s’occupent que de pouvoir et de fric au nom d’un “progrès” qui a bon dos. Je voulais créer un personnage qui ferait ce qu’ont fait des Friedrich Engels (riche industriel, qui dépensait sans compter pour aider Karl Marx, dont il pensait qu’il pourrait aider à améliorer la condition ouvrière, en commençant par ses ouvriers à lui), ou des Eugène Meyer (financier américain qui s’est retrouvé multimillionnaire à quarante ans a décrété qu’il avait dorénavant le devoir d’être utile à ses concitoyens: il a mis fin à son travail en bourse, a racheté le Washington Post, quotidien qui a paru à perte pendant des décennies, mais qu’Eugene Meyer a continué à soutenir, persuadé qu’il était que la capitale américaine avait besoin d’un journal d’opposition indépendant). Et caetera. Il y a eu de capitalistes comme eux, sans doute en minorité, mais sur le plan symbolique, je les trouve intéressants.

Curieusement, rares sont ceux qui ont déchiffré ce qui était ma seule intention consciente en écrivant ce roman. Certains lecteurs (lectrices) y voient un brûlot féministe, d’autres soulignent l’internationalisme de l’héroïne, d’autres y voient une contribution à l’histoire de l’éducation médicale, d’autres encore sont sensibles aux faits historiques souvent inconnus (fidèle à la règle de fer des “romances”, je me suis documentée à fond), tels les “Cinq journées à l’envers” de Milan en 1897, ou la vie des émigrés antifascistes en Suisse pendant la 2e guerre mondiale.

J’ai fait pas mal de découvertes en cours de route: l’écrivain italien Paolo Valera, par exemple (pas traduit, je regrette, et difficile à trouver dans les librairies et les bibliothèques italiennes, mais dont beaucoup d’œuvres sont en ligne), ou le photographe Giuseppe Pessina, dont les photos m’ont donné une bonne idée de la Milan 1900. Il a promené son appareil de photos tant dans les beaux quartiers que dans les ghettos périphériques.

image

Sortie d’usine, Milan 1912. Comme Pessina a été oublié après sa mort, il est très difficile de trouver des photos de lui sur internet.

Pour conclure, je dirai qu’en fait, j’ai laissé Zaïda me conduire là où elle voulait aller; je me suis contentée de la suivre tout au long d’une vie intéressante, mais difficile, traversée par deux guerres mondiales, des épidémies, la perte d’êtres chers, des malheurs et des bonheurs personnels. Et, contrairement aux “romances”, une fois que Zaïda a été mariée et qu’elle a eu des enfants, mon roman ne s’est pas arrêté. En fait, il est écrit sous la forme d’une autobiographie rédigée par Zaïda pendant l’été de ses cent ans. Il faut croire que les lecteurs ont trouvé l’itinéraire à leur goût: plusieurs milliers d’entre eux l’ont lu et continuent à le lire.

Quant à vous, amis de Cuk, vous avez eu les motivations sans le livre. L’idée d’expliquer ici mes raisons est de François, je me suis donc exécutée. Vous pouvez jeter un coup d’œil au début du texte à www.campiche.ch.

Les deux photos de Giuseppe Pessina proviennent de la Photothèque des Musées civiques de Lecco (Italie), où les archives Pessina (50 ans de photos) sont déposées.

--

PS. Je parle plus haut de Amanda Quick, que je trouvais être la meilleure dans le genre “romance”. Tout à fait par hasard, j’ai lu dimanche un roman social que j’ai beaucoup aimé (All Night Long) écrit par un écrivain américain inconnu de moi: Jayne Ann Krentz. Et je découvre après avoir fini ce livre haletant que Amanda Quick et Jayne Ann Krentz sont en fait la même personne: j’avais raison de penser qu’elle avait un talent fou, qui transpire même dans le corset de la “romance”. Ayant fait cette découverte avant que l’humeur ne soit en ligne, j’ai pensé que je vous la devais.

28 commentaires
1)
Saluki
, le 15.01.2008 à 05:52

Non mais?

Tu tapes “Pessina, photo” dans google et la première occurence est cette humeur?

D’accord, puisque le diable shabille en Prada, il faut bien que quelques bouts de code dans la page y contribuent, mais c’est prompt comme recherche.

Anne nous surprend toujours, dans le sens agréable du terme, avec plus d’humanité que bien des titres de journaux ;°)

2)
Okazou
, le 15.01.2008 à 06:33

« Depuis que Zaïda, mon dernier roman, a paru, des dizaines de personnes m’ont félicité d’avoir traité tel ou tel aspect des choses. Or, la plupart du temps, je n’avais pas eu les intentions que l’on me prête. »

C’est très bien ainsi.
Le lecteur a toujours raison. L’auteur n’écrit pas la vérité dans le marbre, il fait des propositions comme s’il s’adressait au vent. Il propose et ses lecteurs disposent. Le lecteur dépossède l’auteur en s’appropriant son œuvre. À chaque lecteur sa version de l’œuvre. La force du roman est tout entière dans ce phénomène de don et d’appropriation.

3)
François Cuneo
, le 15.01.2008 à 06:35

Bon ben depuis ma petite NDLR en début de texte, que j’avais ajoutée dimanche soir lors de la mise en ligne, j’ai largement commencé ton livre.

Et maintenant, je vais me dépêcher de le finir. Je veux savoir la suite!

Elle est géniale cette Zaïda!

4)
Madame Poppins
, le 15.01.2008 à 07:02

Y a-t-il uniquement que pour ce dernier livre que les lecteurs y ont trouvé des “choses” que tu n’avais pas déposées ? Est-ce particulièrement pour celui-ci ?

Quoi qu’il en soit, je pense qu’il doit en aller d’un livre comme d’un tableau ou d’une sculpture : chacun l’appréhende à sa manière et s’y sent ou non à l’aise en fonction de son propre parcours.

Mais c’est la première fois que j’ai la chance de lire les réflexions de l’auteur(e) face à ces découvertes que font les gens “à l’insu de son plein gré” : merci beaucoup !

Et vivement le livre suivant !

5)
Anne Cuneo
, le 15.01.2008 à 08:46

L’auteur n’écrit pas la vérité dans le marbre, il fait des propositions comme s’il s’adressait au vent. Il propose et ses lecteurs disposent. Le lecteur dépossède l’auteur en s’appropriant son œuvre.

En fait, j’ai toujours pensé que les livres qu’on écrit sont comme les enfants qu’on fait. Une fois qu’ils ont les jambes solides, ils vivent leur vie, et nous échappent complètement. Au bout d’un moment ils ont à tel point une vie propre que lorsque pour une raison ou une autre je dois en relire un passage, j’ai souvent la sensation qu’ils ont été écrits par quelqu’un d’autre. Parfois, ça me donne la sensation que je suis schizophrène, et que ma tête consciente n’a rien à voir avec ma main écrivante.

Y a-t-il uniquement que pour ce dernier livre que les lecteurs y ont trouvé des “choses” que tu n’avais pas déposées ? Est-ce particulièrement pour celui-ci ?

Non, ce n’est pas la première fois, mais cette fois-ci c’est extrême. La fois la plus spectaculaire, c’était avec le Trajet d’une rivière: je m’étais intéressée à un homme qui refusait l’extrêmisme religieux de son très catholique de père autant que celui des calvinistes les plus fanatiques, un homme dont je pensais qu’il avait essayé de vivre dans l’oeil du cyclone du XVIIe siècle européen, acceptant la religion comme une donnée de base, certes, mais cela représentait un des critères de ce qui fait un homme (ou une femme), et non LE critère (quand je pense que j’ai écrit cela tout au début de la guerre de Yougoslavie, c’est ce qu’on appelle une intuition…). Cela m’était égal d’où ce héros venait: ce personnage historique méconnu se prêtait bien, tout simplement. Il se trouvait qu’il venait de Cornouaille anglaise, mais pour moi ce n’était pas décisif. Et comme il a assez vite commencé à prendre le pouvoir, je me suis laissé faire.

Lorsque le livre est sorti en poche, j’étais en vacances à Belle Île (Bretagne). j’ai été étonnée de voir, tant à Le Palais qu’à Quimper, le livre en pile à côté de la caisse. En Bretagne, surtout à ce moment-là, j’étais une illustre inconnue. Et le livre n’était certes pas en pile à Paris, mon éditeur ne s’était pas trop fendu pour le lancer. J’ai donc posé la question (sans dire que j’étais l’auteur, évidemment). Et la caissière m’a regardée comme si j’étais retardée avant de me répondre: “Mais enfin, le héros est un Celte!”

Et c’est vrai. Comme les Bretons de petite Bretagne, les Kernevotes (c’est le terme) de Cornouaille anglaise sont celtes.

Je n’avais, moi, jamais considéré cet aspect des choses.

6)
Soheil
, le 15.01.2008 à 10:05

Merci Anne pour cette présentation de votre travail. Comme je le disais dans mes voeux, il y a quelques jours, votre “Maître de Garamond” m’a ému jusqu’aux larmes. Peut-être la relation que j’entretiens avec la typographie a-t-elle favorisé et renforcé le processus d’identification, mais si ce processus a si bien fonctionné c’est parce que tout le travail de documentation qui alimentait le récit (et que je salue ici) rendait vos personnages très présents, vivants, au point que leur mort ne me laissait pas indifférent (même si je savais bien qu’ils étaient tous morts depuis cinq cents ans). C’était le premier de vos livres que je lisais, le seul pour l’instant, et cette expérience m’a donné envie d’en découvrir d’autres. J’inscris donc Zaïda en bonne place sur ma liste d’attente.

7)
Mirou
, le 15.01.2008 à 14:04

C’est toujours extrèmement intéressant de connaître les processus d’écriture.

Au gymnase, je détestais toujours l’analyse de texte, car j’avais l’impression qu’on voulait nous faire croire que l’Auteur avait voulu écrire telle ou telle chose. Et ça non seulement j’y ai jamais cru, mais en plus ça me démollissait mon plaisir de lecture, vu qu’en général, je “voyais” beaucoup plus de chose que des suites “allitération en “r” qui indiquent une ambiance orageuse”….

Votre article apporte encore un témoignage pour la diversité des interprétations possible et ça fait du bien !

8)
XXé
, le 15.01.2008 à 15:10

Dis Anne, c’est quoi “la recette du tiramisu authentique d’avant la mode culinaire de ce dessert” ?

Comment ça, c’est pas le sujet ?
Comment ça, chui gourmand ?
Oui, bon… Pfff…
;-)

Didier

9)
zit
, le 15.01.2008 à 15:26

Merci Anne de nous faire partager ces impressions. Avec tout ça, j’en ai l’eau à la bouche! Je vais de ce pas essayer de trouver ma première vraie–fausse “romance” ;o)

Mirou, je partage ton point de vue sur l’analyse de textes, comme sur l’analyse d’oeuvres d’art en général: soit ça me parle, soit ça ne me dit rien, mais glosser à n’en plus finir sur ce qu’aurait voulu dire l’artiste… Je suis d’ailleurs en porte–à–faux sur ce sujet à mon travail (dans une “grande école d’art”), certains profs insistent pour que les élèves soient capables de parler de leurs projets, d’expliciter tout, et c’est même aussi, voire plus important que les images elles mêmes! Moi qui ne suis même pas capable de dire pourquoi je fait de la photo (et je m’en fout complètement ;^), si ce n’est que j’en ai besoin, ça me fait bizarre, cette exigence, comme si le verbe étayait l’oeuvre. Ça tient debout ou ça se casse la gueule, point à la ligne!

z (vive la littérature, je répêêêeête: et vive les auteurs)

10)
zit
, le 15.01.2008 à 15:33

Heuuu, oui, Anne, je plussoye avec XXé, dis, c’est quoi “la recette du tiramisu authentique d’avant la mode culinaire de ce dessert”? hein? dis. (aucun rapport avec l’Angleterre, j’espère ;–)

z (comment ça, moi, gourmand aussi? je répêêêêête: l’authentique est–il aussi bon que celui de Coacoa? )

11)
Anne Cuneo
, le 15.01.2008 à 16:06

Dis Anne, c’est quoi “la recette du tiramisu authentique d’avant la mode culinaire de ce dessert” ?

Heuuu, oui, Anne, je plussoye avec XXé, dis, c’est quoi “la recette du tiramisu authentique d’avant la mode culinaire de ce dessert”? hein? dis.

Dites, les gars, faut voir à pas confondre, tout de même! On leur parle de LITTERATURE (avec allitérations en L et en R, svp) et ils se fixent sur l’estomac. Pas croyable!

Notez qu’on m’a souvent dit, pendant que j’essayais de grandir dans un monde où une femme ça reste au foyer, qu’un livre de recettes, ce serait un but louable puisque j’avais envie d’écrire – tandis que les romans… fi!

Bon, blagues à part, je répondrai à votre question, mais à l’endroit approprié: dans le forum RECETTES DU MONDE.

Ch’sais pu c’que j’dois dire, moi: bonne lecture – ou bon appétit?

12)
Anne Cuneo
, le 15.01.2008 à 17:03

Ça y est, la recette du Tirami su façon Zaida est en ligne. Forum>cuisines du monde.

13)
alec6
, le 15.01.2008 à 18:11

Merci Anne…

“L’indépendance” de ton héroïne me fait penser à celle du “Roman de Sophie” (excellent livre de vulgarisation philosophique). Un ami écrivain à ses heures m’a de même raconté à quel point ses personnages n’en font qu’à leur tête passé la moitié du roman. Peut-on appeller cela de “l’écriture automatique”.

Ton humeur me donne envie d’écrire à mon tour quelque histoire… ayant déjà commis 130 pages il y a dix ans pour les PUF. Mais être “auteur” est aisé, devenir écrivain est tout autre chose !

14)
zit
, le 15.01.2008 à 19:51

Merci Anne, dis donc, tu la tenais pas toute prête, sous le coude, en attendant que l’on te la demande, la recette de zia Zaida? ;–)

Sinon, du pain rassis, je n’en manque pas, pour les soupes, on va donc tenter cela bientôt!

Sinon, tu as bien fait de ne pas écouter “on” et de t’en tenir à ce que tu avais envie de faire (nonobstant, certains romanciers émaillent leurs ouvrages de vraies recettes pour le ventre, l’un n’empêche pas l’autre).

z (entre la cuisine et l’appareil photo, je répêêêête: miam, clic, slurp, clac)

z

15)
Caplan
, le 15.01.2008 à 20:17

Dis donc, Anne, tu n’aurais pas des fois une recette de soupe aux lettres? ;-)

Milsabor!

16)
Anne Cuneo
, le 15.01.2008 à 20:23

Un ami écrivain à ses heures m’a de même raconté à quel point ses personnages n’en font qu’à leur tête passé la moitié du roman. Peut-on appeller cela de “l’écriture automatique”.

Je dois dire que j’ai été éblouie que cela m’arrive, et j’ai d’abord cru que cela n’arriverait qu’une fois. Et puis cela s’est répété, et finalement j’ai compris que je pouvais être sûre d’arriver au bout de la chose le jour où le héros ou l’héroïne n’en faisait plus qu’à sa tête, Ou la mienne, de tête, bien sûr. Je pense que lorsqu’on met en place un personnage, un travail inconscient se fait. Non, nous ne sommes pas dans l’autobiographie. Mais dans l’inconscient cette part d’universel que nous portons en nous s’identifie soudain avec la situation et la personne particulière que nous avons mis en place.

Je ne peux pas mieux expliquer cela que ça. Le fait est que c’est seulement lorsque le phénomène se produit que je suis sûre que je finirai.

17)
Anne Cuneo
, le 15.01.2008 à 20:30

Merci Anne, dis donc, tu la tenais pas toute prête, sous le coude, en attendant que l’on te la demande, la recette de zia Zaida? ;–)

Non, je n’ai jamais pensé à l’écrire avant, je l’ai gardée dans ma tête. Tu as la primeur zit, je n’ai fait que répondre à ta demande.

18)
cmic
, le 15.01.2008 à 22:10

Bonjour, J’ai dévoré votre livre du début à la fin, une héroïne que votre Zaïda! On regrette presque qu’elle soit un personnage de fiction ;-) En tout cas, c’est mon livre du jour

19)
Soheil
, le 15.01.2008 à 23:05

Mon nom et mon mot de passe n’étant pas reconnus sur le forum, je poste mon commentaire ici:

Très intéressante la recette transmise par Zia Zaïda (surtout en raison de son apport calorique relativement faible), je l’essaierai certainement un jour. Mais il me semblerait plus exact de parler d’ancêtre du Tiramisu, titre auquel pourrait prétendre également le sabayon.

Les créateurs du Tiramisu (et inventeurs du nom de ce dessert) se nomment Aldo et Alba Campeol, et tenaient un restaurant, “Le Beccherie”, à Trevise. Si j’ai bien compris, ils sont à présent retraités et le restaurant est tenu par leur fils Carlo.

Pour ceux que le sujet intéresse, je mets en lien vers ce site qui leur consacre plusieurs pages:

http://www.annamariavolpi.com/tiramisu_trip.html

http://www.annamariavolpi.com/page38.html

http://www.annamariavolpi.com/tiramisu.html

20)
Anne Cuneo
, le 16.01.2008 à 07:37

Les créateurs du Tiramisu (et inventeurs du nom de ce dessert) se nomment Aldo et Alba Campeol, et tenaient un restaurant, “Le Beccherie”, à Trevise. Si j’ai bien compris, ils sont à présent retraités et le restaurant est tenu par leur fils Carlo.

Je dirais qu’ils l’ont peut-être mis au goût du jour. Il y a un demi-siècle, Zia Zaida parlait bien de Tirami su, et pas d’un simple dessert sans nom.

21)
Anne Cuneo
, le 16.01.2008 à 07:43

On regrette presque qu’elle soit un personnage de fiction ;-)

Quelques-unes des femmes qui m’ont servi de modèle (il y en a eu plusieurs) ont eu des vies qui, couchées dans un romans, seraient incroyables pour beaucoup de lecteurs. Zaïda est un condensé de plusieurs personnes plus vraies que nature. Ce qu’on appelle la fiction est toujours de la vérité concentrée, sur un autre plan peut-être.

22)
Soheil
, le 16.01.2008 à 08:34

Il y a un demi-siècle, Zia Zaida parlait bien de Tirami su, et pas d’un simple dessert sans nom.

Intéressant. Ce nom, qui ne figure dans aucun livre de recettes avant les années 80, aurait donc une origine populaire et familiale, contrairement à ce que laissent entendre Giuseppe Maffioli et Anna Maria Volpi. L’histoire de ce dessert reste à écrire. Il mériterait en tout cas qu’un(e) journaliste lui consacre une enquête, si vous voyez ce que je veux dire…

23)
Anne Cuneo
, le 16.01.2008 à 15:08

J’ai transféré le débat sur le Tirami su sur le forum, cuisines du monde, où il est plus à sa place. Je vous rappelle que pour participer aux forums il suffit de s’inscrire. Oui, vous avez bien compris, on s’inscrit une fois pour les humeurs, une fois pour les forums. On peut utiliser le même pseudo et le même mot de passe, l’essentiel est de s’inscrire.

24)
Soheil
, le 16.01.2008 à 15:18

Désolé, je pensais que la même clé ouvrait toutes les portes sans qu’on ait besoin de s’inscrire une deuxième fois. A l’avenir je saurai.

25)
XXé
, le 16.01.2008 à 23:40

Anne, désolé d’avoir lancé le débat sur le Tiramisu. Malheureusement, pas assez de temps en ce moment pour te dire tout le bien et tout le reste (non non, pas de mal :-) ) que je pense de ton article. Dès que ça se calmera de mon côté, j’aimerais y revenir.

Ah Anne, au fait, tes allitérations littéraires t’ont elles tentée de t’échapper du Tiramisu ou t’a-t-on tirée de justesse de la trappe traumatisante de la littérature ?
;-)

Didier

PS : je suis très fatigué, moi ! :-P

26)
lemon
, le 17.01.2008 à 08:52

Bonjour, Je suis un vrai fan de vos livres et à chaque nouveau roman que je découvre je suis captivé dès les premières pages.

Zaida n’a pas fait exception à la règle et comme souvent les personnages du livre m’ont beaucoup touché.

Juste avant ou juste après j’ai aussi lu “Station Victoria” que j’ai trouvé magnifique et que je recommande aussi vivement à tous les visiteurs de Cuk.

Anne, merci pour vos récits qui donnent encore toute ça raison d’être au livre et qui sont autant d’occasion de partage. Aucun de vos livres n’est resté dans ma bibliothèque et tous ont été lu par au moins cinq personnes de mon entourage.

Claude

27)
vibert
, le 29.01.2008 à 16:24

petit test

28)
zit
, le 10.02.2008 à 22:48

J’ai fini par le trouver dans une grande (par la taille) librairie du quartier latin, et je viens de le finir. Magnifique, un grand moment d’humanité, beaucoup d’émotions que je ressent rarement en lisant. Merci, Anne, et merci aussi pour cette humeur introduisant si bien le livre (vais essayer d’en trouver d’autres…).

z (bin, maintenant, ce tiramisu, je répêêêête: non, non, pas les oreilles!)