Ce mois-ci, je ne vais pas vous parler de métal mais d’une chose que j’ai découverte récemment et que j’ai eu la chance de filmer cet été: le GN. Hein? GN? Qu’est-ce qu’il est encore allé nous chercher pour un truc celui-là? Du calme, je vous explique.

GN est l’abréviation de “Grandeur Nature”. Je sais, ça ne vous avance pas plus. Par “grandeur nature”, il faut comprendre “jeu grandeur nature”. Un GN est un jeu dans lequel chaque participant incarne un personnage de son choix le temps d’une aventure. Il y a bien sûr des critères définissant les types de personnages à incarner. Le jeu se déroule généralement en plein air et les participants ne sont pas au courant du scénario. Ils ne connaissent que le vécu du personnage qu’ils incarnent (background) ainsi que d’autres informations telles qu’un court synopsis fourni pas les organisateur ou des éléments concernant leur clan. À partir de ce point, ce sont les joueurs qui, par leurs actions, vont influencer sur le scénario. Si le scénario dérape, ce sont les PNJ (Personnages Non Joueurs) qui sont chargés de réorienter les choses. Ces PNJ sont en étroite collaboration avec les organisateurs et peuvent revêtir plusieurs rôles différents au cours du jeu. Un GN pouvant durer plusieurs jours, cela demande une organisation assez importante tant au niveau de la logistique qu’au niveau du scénario.

Si vous avez compris ces concepts, tout est possible. Un GN peut être de plusieurs genres. Le scénario peut se dérouler dans une ambiance futuriste ou, au contraire, se passer à l’époque du Roi Arthur. Il existe aussi des GN western ou même policiers. Mais la tendance est plutôt du côté des GN médiévaux-fantastiques.

Le scénario de base

Comme dit plus haut, un GN doit avoir un scénario. En ce qui concerne le GN auquel j’ai participé, “Les Dessous d’Avalon”, je dois vous dire que j’ai été très impressionné par la qualité de l’histoire inventée par les scénaristes du Troll du Caveau. Ils ont réussi à tirer parti de la célèbre légende d’Excalibur afin d’inventer un scénario dans lequel la fameuse épée du même nom est en réalité une jeune fille employée à la taverne du village. Naturellement, les joueurs n’étaient pas du tout au courant de ce paramètre. Seuls les organisateurs, les PNJ (dont je faisais partie) en avaient le secret.

Un bon scénario est essentiel. Il doit être motivant et propice aux initiatives personnelles. Les joueurs ne doivent pas s’ennuyer.

Les joueurs

Quelque temps avant le jeu, les joueurs doivent choisir leur camp. Comprenez par là, le groupe de joueurs auquel ils appartiendront durant le GN. Les camps disponibles sont définis par les organisateurs. Ils peuvent être inventés ou alors bien réels (Romais, Vikings, etc.) À eux ensuite de se fabriquer un personnage selon des critères établis par les organisateurs. Par exemple, le clan des Romains doit compter un centurion et 5 légionnaires. Un légionnaire ne peut pas avoir plus de 2 aptitudes à la fois, etc.

Le joueur devra bien sûr incarner son personnage durant toute la durée du jeu et agir en conséquence. Il doit aussi se vêtir d’un costume en rapport avec son personnage et respecter un certain nombre d’éléments historiques. Cela peut aller d’un déguisement très sobre (une robe) à du très sophistiqué.

Image tirée du site de Conquest Of Mythodea Un des plus grands GN d’Europe.

Lors des Dessous d’Avalon, ce sont les Romains qui ont, à mon sens, obtenu la palme du meilleur costume.

La plupart des costumes, à l’exception de certains accessoires, sont fabriqués par les joueurs eux-mêmes. Impressionnant non?

Les joueurs se doivent aussi d’avoir un camp correspondant à leur clan. Un joli exemple avec ce camp de la délégation de kaamelott lors des Dessous d’Avalon.

C’est, notamment, des costumes et de la qualité de la reconstitution des camps que dépendent la bonne ambiance et le réalisme d’un GN.

Les PNJ

Vous l’aurez compris, les PNJ sont des éléments indispensables au jeu. Ils permettent aux organisateurs de contrôler le scénario sans avoir à stopper le jeu, ce qui briserait la dynamique.

Lors des Dessous d’Avalon, les PNJ étaient aussi bien des alchimistes que des forgerons ou encore des marchands. Aucune importance. Leur rôle est d’interagir avec les joueurs afin de les guider et de les renseigner dans la mesure de leurs connaissances. Par exemple, si un joueur doit recourir à une potion magique, il doit s’adresser à l’alchimiste qui lui-même est un PNJ. Lors de la transaction, l’alchimiste peut discrètement donner un indice sur une quête en cours, faisant ainsi avancer le scénario. Le but étant qu’un clan ou l’autre trouve la clé du mystère au bout du jeu.

Les interactions

L’interaction entre les joueurs est essentielle. Mais vous vous en doutez, les conversations ne sont pas tout à fait conventionnelles. On n’y parle pas forcément comme dans la vie de tous les jours. Lors de conversations publiques ou impliquant de nombreuses personnes, il convient d’adapter son langage à la situation. Par exemple, on ne dira pas:

“Salut, je pourrais avoir une bière?”

mais

“Hé tavernier! Une cervoise, et que ça saute!”

Notez que j’ai choisi l’exemple de façon tout à fait hasardeuse. ;-)

Il suffit de s’y habituer et d’avoir regardé des films ou lu quelques ouvrages de “capes et d’épées” pour se forger un petit vocabulaire. Mais la plupart du temps, les joueurs parlent normalement et l’on assiste régulièrement à des subtils mélanges de langages donnant lieu à des anachronismes parfois hilarants.

Les conversations entre les différents clans servent également à faire avancer le scénario. En effet, cela va créer des alliances ou alors créer des conflits. Des groupes vont se former et ainsi enrichir l’histoire. Plus les dialogues sont riches et intéressants, plus le réalisme est grand. Et je peux vous assurer que, parfois, on sort totalement de la réalité. En revanche, si l’on veut sortir du cadre du jeu pour faire une annonce, il suffit de dire “hors-jeu” avant de parler.

Les combats

Les combats sont une partie importante des GN qui ne se concluent jamais sans la fameuse bataille finale opposant les diverses alliances créées au fil du jeu. Des petits combats (frictions, embuscades, attaques surprises, etc.) peuvent aussi avoir lieu durant le jeu.

Qui dit “combat” dit “armes”. Or, si on regarde du côté du Moyen-Âge, on constate rapidement que les armes n’étaient pas du genre “légères”. Mais comment se bat-on alors? Tout simplement en fabriquant des répliques. Chaque joueur dispose d’une arme ou plus qu’il a lui-même fabriquée ou achetée dans des magasins spécialisés. Il en va de même pour les boucliers et les armures. Les armes sont fabriquées avec de la fibre de verre et du latex. Puis elles sont peintes et décorées afin de paraître plus réalistes.

Image tirée du site Trollcalibur Un site pour fabriquer des accessoires de GN soi-même.

Les armes et boucliers sont vérifiés par les organisateurs avant le début du jeu afin de s’assurer qu’elles ne présentent aucun danger. Des “points de dégâts” sont également établis pour chaque arme. Il s’agit du nombre de points qui seront ôtés à l’adversaire à chaque coup.

Un combat se déroule de la façon suivante. Chaque joueur est au courant du nombre de points de dégâts de ses armes et de celles de l’adversaire ainsi que des points d’armures. Si un joueur dispose d’une épée à 2 points de dégâts et que l’adversaire porte une armure à 1 point, celui-ci verra son capital de points de vie diminué de 1 point (2-1=1). Et ainsi de suite. Lorsqu’un joueur n’a plus de points de vie, il est déclaré “mort” et doit se soumettre aux règles du GN concernant ce paramètre. Ces règles peuvent paraître strictes mais, en pratique, il n’en est rien. Le plaisir de combattre domine généralement sur les règles en vigueur et un duel n’est généralement pas stoppé pour des raisons de points. C’est donc le fair-play des joueurs qui est important.

Pour concrétiser un peu la chose, je vous propose une vidéo de la bataille du “Drachenfest 2006”, un des plus grands GN d’Europe.

Le GN côté technique

Comme précédemment dit, j’ai filmé le GN des Dessous d’Avalon.

C’est moi! (pas encore en costume)

Des trois jours de jeu, il en a résulté plus de 10 heures de vidéo représentant la bagatelle de 133 giga-octets. J’ai tourné, en alternance, avec deux caméras. L’une filmant pendant que l’autre chargeait. Excepté lors de la bataille finale, moment auquel les deux caméras ont filmé. J’ai utilisé des Handycam Sony avec un grand-angle et, dans certains cas, un microphone stéréo Sony. En résumé, le même matériel que lors de mon premier grand projet dont je vous avais fait part il y a peu.

Il s’agissait d’être présent aux moments les plus importants du GN. D’où ma collaboration avec les organisateurs et les PNJ. Au début, je ne me suis pas trop approché des sujets pour ne pas déranger. Mais après quelques heures, je suis quasiment devenu un personnage à part entière et j’ai pu filmer les diverses scènes à mon aise. Pour l’anecdote, un joueur m’a donné le nom de “TournefilmX”. Patronyme auquel j’ai ajouté “gardien de la mémoire”. J’ai même nommé ma caméra “œil magique”. Bref, je me suis fendu la poire comme on dit chez nous.

Ensuite, est venu le temps du montage. Et 10 heures de vidéo à trier, c’est long, très long. Le montage en lui-même m’a pris une semaine, soit un peu plus de 40 heures. Mais il faut dire que j’étais à fond dedans et très motivé. Puis est venu le moment du montage des bonus et de toutes les petites choses qu’il faut faire, mais auxquelles on n’a pas pensé. Si bien que, au moment où j’écris ces lignes, je termine la gravure des deux DVD master destinés à la production. Il m’aura donc fallu un peu plus de deux mois, ce qui est un délai raisonnable à mon sens compte tenu du fait que ce n’est pas mon métier et que les études me prennent tout de même pas mal de temps.

Je tire quelques enseignements de tout cela. Notamment que iDVD n’est vraiment pas très fiable. J’ai remarqué une légère désynchronisation du son par rapport à l’image au bout d’un certain temps de film. Et cela vient de l’encodage fait par iDVD. Travaillant avec Final Cut Express et n’ayant donc pas DVD Studio Pro, je suis quelque peu embêté. Mais il faudra faire avec.

Lors des prises de vue nocturnes, j’ai été contraint d’utiliser le monde “Night Shot” de mes caméras. Cela donne des images verdâtres et qui fatiguent les yeux au bout d’un moment. Il faudrait donc disposer d’une source d’éclairage extérieure, mais laquelle? Je me vois difficilement me balader avec un projecteur dans une main et la caméra dans l’autre. Alors, toi lecteur, tes idées sont les bienvenues.

Conclusion

Comme toujours, lorsque je vous fais découvrir des nouvelles choses,j’espère vous avoir intéressé. Pour ma part, je me suis vraiment bien marré à ce GN. Sortir de la réalité pendant trois jours est vraiment quelque chose de formidable. Ajoutez à cela, la production d’un double DVD et vous avez un week-end parfait.

Pour ceux qui désireraient en savoir plus sur les GN, je vous invite à visiter ces quelques sites.

• Le GN sur Wikipedia
• Conquest of Mythodea
• Drachenfest
• Au fil du GN

À bientôt