Un étang, pourquoi?
Ce qui motive la construction d’un étang relève d’une inconnue que je ne maîtrise pas. Il y a des gens qui détestent la mer et d’autres qui ne se sentent bien que dessus. Idem pour la montagne, la ville ou la campagne. Nous sommes, avec mon épouse, des gens “d’eau”. Si il n’y a pas au moins une gouille (petite flaque) quelque part, ça ne va pas. Même si depuis notre maison, nous avons une vue digne d’une carte postale sur le plus grand lac d’Europe, il nous fallait notre étendue d’eau à nous. Nous l’avons fait construire!
Un étang, comment?
La construction d’un étang, au début, ça n’est pas terrible. Vous voyez d’abord de grosses machines moches et malodorantes qui creusent un trou, puis ce trou est recouvert d’une bâche en pur synthétique, elle-même disparaissant bientôt sous un amas de cailloux, rochers, galets, gravillons et j’en passe. Une cascade est ensuite aménagée, pur produit de la main de l’homme, dont l’eau circulera au moyen d’une banale pompe électrique.
De l’eau et de la caillasse. Sous la trappe, la pompe.
Mais c’est depuis là que ça devient intéressant…
La suite…
Nous n’avons pas fait aménager n’importe quel étang par n’importe qui. Le prestataire est spécialisé dans les filtres de piscines. Pas ceux au charbon actif et au chlore, mais ceux qui utilisent un système de filtration naturel. L’eau sale est puisée d’un bassin privé ou public, puis se filtre et s’oxygène grâce à un ruisseau et parcourt une étendue où vivent une série de plantes bien choisies. Ces dernières vont purifier complètement l’élément liquide. Ce que nous avons commandé, c’est en fait un filtre naturel, mais sans la piscine!
Notre filtre, vu de l’intérieur!
Un étang tout naturel!
Pour que cela fonctionne, il faut des plantes qui se régénèrent d’année en année, qui s’entendent bien entre elles, qui aient une fonction précise et qui correspondent au climat que vous avez. Un exemple simple: les nénuphars. Ils sont présents dans presque tous les étangs naturels. Si vous les supprimez. Les rayons du soleil n’ont plus d’obstacle pour pénétrer dans l’eau. Le liquide chauffe et l’étang finit par se transformer en cloaque.
Les nénuphars protègent l’eau des rayons du soleil.
Les proportions du bassin et sa pente sont également importantes. Une profondeur de moins de 90 cm signifie que l’étang risque de complètement geler en hiver, ce qui peut tuer les poissons.
Notre fournisseur maîtrisait bien le problème de la végétation, mais pas trop celui des poissons. Or, qui dit “pas de poissons” verra son environnement infesté de moustiques. Nous, nous préférons les poissons qui ont au moins l’avantage de se nourrir de larves d’insectes.
Ne s’occuper de rien!
Telle était notre devise!
Pour les poissons, ça voulait dire ne pas les nourrir et, hors des six premiers que nous avons introduits, ne pas en rajouter chaque année. Très vite, ces petites bêtes se sont montrées très performantes en matière de reproduction, au point que nous avons eu peur d’une surpopulation. Et bien non, et pour deux raisons: Nous avons dans la région des hérons cendrés et des corneilles qui viennent régulièrement s’approvisionner. De plus, les poissons entre eux ont l’air de s’autogérer et en tout cas, assurent bien la voirie. Je n’ai jamais vu un cadavre d’animal sur mon étendue d’eau. Notre population s’élève actuellement à une quarantaine d’individus.
Des poissons ou des moustiques, il faut choisir!
Ne s’occuper de rien, même pas de l’énergie!
Comme l’eau doit circuler, il faut bien sûr une pompe. Nous l’avons voulu fonctionnant au solaire, grâce à des cellules photovoltaïques. Précisons deux ou trois choses à ce sujet:
- Mieux vaut prévoir “gros”. Un petit ruisseau, c’est plus de 20 litres/minute (1200 litres par heure) sur une dénivellation (colonne d’eau) de 1.50 m. La pompe a besoin d’un panneau de 120 cm sur 50 pour fonctionner.
Le panneau solaire est fixé contre la fontaine du jardin.
- Ce n’est pas économique! Un système solaire ne se rentabilise que partiellement. Le coût de départ est encore très élevé (plusieurs milliers de francs) et n’est pas si “écolo” que ça. Un panneau solaire demande beaucoup d’énergie pour être fabriqué et, plus tard, pour être détruit. Le bilan énergétique n’est donc pas encore très folichon. Il est actuellement difficile de donner des chiffres précis, car ils sont contradictoires. D’après mon calcul qui vaut ce qu’il vaut, je devrai attendre plus de 10 ans pour que mon panneau soit rentabilisé par rapport au courant secteur.
- Mais cela a quand même un intérêt! La pompe ne tourne que quand il y a du soleil, mais c’est là que l’eau chauffe et qu’elle doit être brassée. Le flux liquide est donc toujours en lien avec les conditions météo et je peux vous l’affirmer, ça marche! C’est totalement magique. Au début, en hiver, on a eu un peu la trouille, car quand il y a du soleil, la pompe débite. Mais comme l’étang est gelé en surface, l’eau, captée dessous, se répand sur la glace et nous avions peur d’un débordement. Et bien non. Elle se fraye un passage entre les graviers et retourne sagement à sa place!
Le soleil se lève, le ruisseau commence à fonctionner.
Alors, on ne fait vraiment rien?
L’entretien consiste en fait à deux choses: l’eau s’évaporant en été et le régime des pluies étant bas à cette saison, il faut rajouter de temps en temps de l’eau (de 500 à 800 litres par an pour un étang de 10’000 litres). Au printemps, il faut nettoyer un peu les berges. C’est tout!
La faune
En dehors des poissons introduits par nos soins, le reste est arrivé tout seul. Nous avons actuellement trois sortes de libellules, des grenouilles de passage, une salamandre (qui s’est fait tuer par nos chats), des hérons de temps en temps et même des canards. Ils resteraient bien mais la faune indigène (les matous) est assez raciste et n’accepte pas ces intrus.
Les canards s’établiraient bien sur les berges…
... mais ils sont chassés par la population locale!
Le soir, comme dans un documentaire sur la faune africaine présentée par Arte, les félins du voisinage descendent boire au puits pendant un bref instant de trêve et entre deux combats. Le seigneur des lieux n’est pas un lion, mais mon cocker, qui chaque jour va nager quelques longueurs pour maintenir sa ligne d’athlète.
La conclusion
L’étang est un microcosme de vie qui nous rappelle à chaque instant combien celle-ci est belle, mais éphémère. Le pouvoir de l’homme n’est pas insignifiant sur la nature. Quelques coups de pelleteuse et un peu de savoir-faire ont transformé un coin terne de mon jardin en un lieu propice à la méditation et de contemplation.
L’étang, un lieu propice à la méditation et à la contemplation.
Petit supplement, ou l’art d’éclairer un étang…
Alors que le présent article était déjà parvenu au siège social de CUK, je tombe par hasard sur un objet que je cherchais depuis trois ans : une lampe pour éclairer mes nénuphars !
C’est tellement génial que je ne peux résister à vous montrer la chose. C’est rond, c’est étanche, ça flotte ou ça se suspend. La nuit, ça éclaire, le jour, ça recharge. Il n’y a strictement rien à faire et ça coûte… 19 CHF (il y en a des plus grosses à 29 CHF, pour les riches) ! En Suisse, on les trouve ici (c’est vers la fin du catalogue).
En service, ça donne ceci :
De jour, en recharge…
Au crépuscule, sous un fort orage…
Et de nuit !
, le 28.05.2007 à 00:22
Superbe travail et très bonne idée :)
, le 28.05.2007 à 01:24
Encore un article vraiment sympa : merci ! Comme modeste contribution, je laisse l’adresse d’un site pour ceux qui seraient à la recherche d’informations complémentaires :
http://www.les-mares.com/html/creation/creationmare.php
, le 28.05.2007 à 02:16
Sur Cuk, c’est quand même génial : il y a un condensé de savoir, de compétences et d’expériences, réunis en un même endroit, c’est juste dingue ! Je suis à l’abri de la tentation, vivant en appartement, sans jardin mais je me dis qu’il doit faire bon, en fin d’après-midi, en été, de lire au bord de cet étang, en dégustant un bon verre de vin….
, le 28.05.2007 à 03:05
On peut y plonger ?
je rigole… Merci pour ce bel article !
, le 28.05.2007 à 07:35
le phare,
un phare dans un étang voyez donc comme c’est triste, mais pourquoi est-il triste, parce que c’est comme cela,c’est dans sa nature, parcequ’il est nu, tout nu, il est né nu…
Merci Roger, très bel article intéressant, je dis cela juste avant de sortir….
, le 28.05.2007 à 07:41
Très beau, très drôle, très bien.
, le 28.05.2007 à 09:36
Se lever le matin et lire vos commentaires agréables est vraiment plaisant, merci.
Mais à voir les heures où ils ont été écrits (par sxemple marcdiver : 03h05), je devrais peut-être plancher sur un article parlant de matelas et de somnifères :-)
, le 28.05.2007 à 09:47
Magnifique, j’ai toujours rêvé d’un étang mais avec les enfants cela me fait peur…
, le 28.05.2007 à 10:05
sympa cet article. Ah! l’éclectisme de cuk.ch !!! Quel est le diamètre de cette flaq..euh! pardon, cet “étang”? Pas de problème de moustiques? Pas de barrière de sécurité obligatoire pour les enfants? @+
, le 28.05.2007 à 10:11
Magnifique, ca tombe bien je vais bientôt en faire un de bassin. Mes parents en on fait un très beau et c’est un vrai régal d’observer les poissons, grenouilles, têtard et autres libellules.
Il a couté combien ton joli bassin ?
Lilou : pour les enfants, c’est difficiles avec les tout petits, mais ma dernière qui a 18 mois ne s’en approche déjà plus trop, je pense qu’a partir de deux ans il n’y a plus de problème.
, le 28.05.2007 à 10:41
Mais pourquoi donc des lumières au milieu de l’eau ?
La beauté naturelle de la marre ne se sufit-elle pas à elle même ?
, le 28.05.2007 à 10:51
Oui c’est vrai ce que dit Marc, on essaye de faire des trucs naturels et jolis, et les normes de sécurités nous obligent à mettre une barrière en inox tout autour, une alarme laser qui couvre la surface, une alarme sonar qui couvre le fond, une alarme … :•) En tout cas c’est très chouette, et ton article est très bien.
J’étais tombé une fois sur une émission de 3 minutes avant ou après les infos qui montrait des gens qui avaient fait une piscine naturelle, genre ton étang avec filtre naturel etc. Vache, quand ils avaient parlé du prix !
Et je suppose que tu bois l’eau du ruisseau en circuit fermé qui alimente ton étang, filtré écologiquement et sûrement plus propre que l’eau de ton robinet ?
, le 28.05.2007 à 10:53
Vous habitez au bord du lac Balaton? sympa! ;-)
Plus sérieusement, super l’étang. Je trouve hallucinant comme la nature colonise facilement un endroit, et se régule si bien!
, le 28.05.2007 à 11:13
Magnifique! Beau travail, Roger! Je suis admiratif!
Milsabor!
, le 28.05.2007 à 11:44
Et bien, Roger, tu ne parles que des avantages dans ton article, mais qu’en est-il de cette espèce animale qui effraye tellement lilou et qui selon Marc2004 nécessiterait même une barrière de sécurité pour te protéger des “enfants”, d’ailleurs, on ne voit aucune image de cette horrible espèce dans ton article, et, je viens de le relire, il n’en est fait nulle mention…
On nous cache tout, sur CUK.ch! Encore un article partial qui ne parle que des avantages et pas des inconvénients! En tout cas, merci, lilou et Marc2004 d’avoir, par vos commentaires avisés, levé le voile sur cette faune féroce qui hante les abords des “étangs”, je ne m’y promènerais plus avec sans m’être abondemment armé au préalable (au fait, quelles sont les heures les plus sûres, pour éviter de mauvaises rencontres?).
z (les féroces enfants hantent l’étang, je répêêête: les féroces enfants hantent l’étang)
, le 28.05.2007 à 11:49
Quelques réponses rapides :
Sécurité : Oui, il faut surveiller les petits enfants car il n’y a pas de barrières. Mais l’étang étant en pente douce, c’est moins pire qu’une piscine. Nous sommes très vigilants quand des bambins arrivent chez nous et avertissons toujours les parents.
Surface de ma gouille : 20m2, profondeur maxi : 90 cm, capacité : 10’000 litres.
Prix pour le même aujourd’hui : 20’000 CHF (un peu plus de 12’000 euros).
Pour Clyde : les lumières, on ne les met pas tout le temps et la nuit, c’est vraiment assez beau (avec).
, le 28.05.2007 à 11:57
Mes parents ont une marre comme celle-ci depuis 20 ans… sans aucun ingénieur ou autres panneaux solaires pour que ça “fonctionne” ;-)
Au tout début les voisins trouvé cela très beau… pius un jour ils ont demandé si il était possible de supprimer les grenouilles qui avaient colonisées l’endroit… drole d’idée mais pourquoi donc ?
Le bruit !!!
Mais les grenouilles chantent, elles ne font pas “du bruit” !
Pour moi, le fait que des grenouilles, des hérons ou autres bestioles profitent de l’endroit été une sorte de garanties de qualité… mais non, les humains sont trop bêtes et ne recheche la nature qu’a travers des Center Parcs ou autres endroit “maitrisés”.
, le 28.05.2007 à 12:00
Je ne doute pas que c’est très beau avec ces lumières… j’ai moi même installés de tel lampes dans mon jardin à une époque… c’était pour relever une petite contradiction entre la volonté de faire de cette marre un endroit naturel et ces lampes.
En tout cas le résultat est vraiment réussi.
Félicitations.
, le 28.05.2007 à 12:13
Mais les lampes, c’est pour que les poissons puissent pêcher au lamparo, faut bien que tout le monde profite des progrès de la science…
Roger, ton commentaire sybillin n’est pas sans me faire frémir: les enfants des piscines seraient encore plus dangereux que ceux des étangs? Tu les tires avec quel calibre?
z (on n’est jamais trop prudent, je répêêête: on n’est jamais trop prudent)
, le 28.05.2007 à 12:56
Merci de nous faire partager ton expérience. Le résultat est très réussi et ce n’est pas l’envie qui manque de s’installer tranquillement au bord et de laisser son esprit divaguer en regardant les libellules.
, le 28.05.2007 à 12:57
Zitouna, dehors!:-)
C’est vrai que c’est magnifique. Belle réussite en tout cas.
Au niveau de l’entretien, j’ai vu que le lac de Sauvablin à Lausanne (artificiel, lac de toute mon enfance) n’avait plus que 30 cm de profondeur à pas mal d’endroits.
Je pense tout de même qu’un petit nettoyage tous les dix ans sera nécessaire non?
, le 28.05.2007 à 13:21
Il y a possibilité de fixer un treillis juste au dessous de la surface de l’eau qui empêchera le charmant explorateur des fosses abyssales de notre étang de couler à pic… pas compliqué et totalement invisible…
Roger… à nous deux maintenant…
Lorsque j’ai vu la première image (celle intitulée <de l’eau caillasse et de la> ) j’ai eu peur de voir un tas de cailloux (comme tu l’as d’ailleurs indiqué) mais les autres images m’ont quelque peu rassuré… ce qui est parfaitement indigeste avec ce genre de réalisation (qu’elle soit faite par un amateur ou même un pro) c’est la rigidité de “l’oeuvre” et c’est parfaitement ce qui est visible sur cette image… heureusement il est possible de voir sur la dernière photo (juste avant le chapitre “Petit supplement, ou l’art d’éclairer un étang…”) qu’il est bien intégré… mais j’ai quand-même un peu de peine avec ces berges un peu rigides…
Autre chose qui me choque… c’est justement sur cette dernière image… les herbes de la Pampa (Cortaderia selloana) les plumeaux quoi. Sachant que ce genre de plante est originaire des steppes arrides de l’Amérique du sud, j’ai du mal à accepter de les voir à proximité d’une zone humide… et c’est souvent le cas puisque la plus part des gens les apparentes aux roseaux (Typha entre autre) qui eux croissent comme tout le monde le sait DANS l’eau… Ceci dit avec 5 touffes de ce genre de plantes tu seras assez rapidement envahi, les dites touffes devenant relativement grosses…
Enfin tu dis ne rien avoir à faire… c’est juste pour l’instant, ton étang étant jeune MAIS… n’oublies pas qu’il va faloir un jour penser à nettoyer le fond si tu ne veux pas qu’il se comble à cause des poussières et sables qui sont entraînés par les eaux de ruissèlement ainsi que les déchets végétaux (feuilles d’arbres et de nénuphars) qui vont se dégrader dans ton bassin. Les nénuphars également demandent des soins à termes… ce sont des plantes rhizomateuses qui s’étendent et deviennent relativement envahissantes et qu’il faudra donc arracher et les diviser… ce qui va mettre en péril ta bâche…
Depuis quand cet ouvrage est-il en fonction ? Il m’a l’air très jeune… A-t-il déjà passé un été chaud ? Si oui n’as-tu pas eu à te battre contre ses merveilleuses algues filamenteuses qui apparaissent systématiquement ? Non ? Ben ne déséspère pas… ça va venir… même les piscines-étangs qui ont un système de filtration et de régénération bien plus développé que le tien en sont victime… donc…
Encore une chose… si tu ne veux pas avoir à compléter manuellement ton eau qui s’évapore il y a des solutions très simples… par exemple une arrivée d’eau (depuis la fontaine par exemple) directement dans le regard où se trouve la pompe, le niveau maximal étant réglé par une bête vanne-chasse (celle utilisée dans le réservoir des wc…)… je ne comprends vraiment pas pourquoi un professionnel (spécialiste) ne propose pas cette petite astuce… En outre, y a-t-il un système de trop plein installé ? Car si nous avons la chance d’avoir une longue période de pluie, ton bassin va déborder, l’eau s’infiltrer dans le sol ce qui aura comme fâcheux résultat de déstabiliser sa structure de ce dernier et de faire périr les végétaux se trouvant à proximité…
Bref, il est joli tout neuf ton biotope humide… ton papier est très plaisant à lire, mais je trouve que pour 20’000.- (c’est pas vraiment une paille… non ? ) l’entrepreneur qui te l’a construit a négligé quelques détails… disons… importants…
Construire un étang, ça peut apporter quelque chose d’intéressant dans un jardin, mais cela ne doit pas se faire à la légère… c’est un étude qui doit être approfondie, tout comme la réalisation d’un jardin d’ailleurs… et encore une fois les aménagements extérieurs sont souvent (pour ne pas dire toujours) faits “à l’arrache”…
et la notre est vraiment triste… car les professionnels de la branche ne sont pas suffisamment attentifs à la Nature et ne se préoccupent que de ce que va leur rapporter la réalisation entreprise… triste temps pour les jardins et les amoureux des jardins…
, le 28.05.2007 à 13:38
3 h 05.. ben oui… difficile de se rentrer un soir de concert ! Et comme d’habitude un petit tour sur cuk avant de se coucher !
, le 28.05.2007 à 14:16
Leo_11, je vois que tu es connaisseur, puisque tu as reconnu les herbes de la Pampa. Celles-ci étaient lä bien avant (du temps de mes beaux-parents), d’où leur présence. Un système fixe de remplissage depuis la fontaine, nous y avons pensé. Mais je t’assure, un coup de jet de temps en temps n’est vraiment pas une affaire. Quant au trop-plein pour les soirs d’orage, bien sûr qu’il y en a un. Le côté “artificiel” de la chose, je le nie pas et c’est un choix. Pour l’entretien, l’étang a bientôt cinq ans. Oui, il y a du travail de nettoyage à faire, mais ce n’est pas énorme. Les algues filandreuses dont tu parles ne viennent que quelques semaines au printemps et sont faciles à évacuer.
Mais en fait, tu poses, comme Clyde avec la pompe ou les lumières, le problème de l’intervention humaine dans la nature. C’est un débat très délicat, car je suis moi-même assez perplexe face à certains jardins aseptisés. C’est même ce qui nous a fait hésiter avent de creuser le bassin (mais nous ne le regrettons pas). Une dernière chose, certains paysagistes sont très compétents, mais ils doivent obéir aux désirs de la clientèle. Leur pire ennemi : la plupart des commanditaires n’ont pas la patience d’attendre quelques années pour qu’un jardin prenne forme.
, le 28.05.2007 à 15:29
Tu as raison Roger… mais le spécialiste qui répond à l’appel d’un client qui a des désirs plus ou moins précis se doit d’être attentif à certains détails et de les faire connaître à son client… il en va de la crédibilité de la profession… hélas bon nombre d’eux ne s’attardent plus à ce genre de considérations… si le client veut qu’on lui plante un séquoia à 2 mètres de la façade de sa maison, la plupart des paysagistes vont le faire et encaisser leur facture sans autres formes de procès (c’est du vécu…)…
Non, je ne parle pas de l’intervension humaine dans le milieux naturel qui date de fort longtemps (les premiers jardins répertoriés datent des Egyptiens environ 2000 ans avant J.-C.), elle est même nécessaire pour que l’on puisse vivre avec (la nature donc) mais je parle de la facon dont le “spécialiste” intervient sur cette nature depuis quelques années… il va préférer s’assurer une certaine somme de travaux futurs en plantant des végétaux innadaptés au milieu (dimensions, densité de plantation, exposition, et j’en passe) ce qui va se tradure par des abatages (ou des transplantations) des tailles et des remplacements de végétaux… c’est du vol…
En outre, l’aménagement des jardins, il y a quelques temps étaient réfléchit… et maintenant on “jète” un peu au hasard les divers composants sans structure ni réflexions particulières… Non-non je ne veux pas un retour aux jardins à la Versailles, mais des jardins qui correspondent à quelque chose, à notre époque… des jardins qui vont pouvoir marquer notre temps comme c’était le cas avec les époques qui nous ont précédé… Même l’entre deux guerres avait son style qui a apporté quelque chose de constructif à l’architecture du paysage…
Non ce n’est pas une affaire de fric que de concevoir un beau jardin… c’est une affaire de goût… et les paysagistes de notre temps en sont cruellement dépourvus…
, le 28.05.2007 à 16:44
On dirait que tu ne connais pas le site cuk…
, le 28.05.2007 à 16:55
Pour toutes les remarques de Léo, n’oublions pas qu‘un jardin, comme son nom l’indique, n’est jamais naturel, au mieux une imitation réussie de la nature, mais c’est toujours une culture choisie pour son agrément.
On décrie beaucoup les jardins à la française (impraticables sur moins de 5000 m2 de toute façon), mais on oublie toujours le postulat de base de ces jardins : aménager une clairière, ce qui est toujours vrai des nôtres (au lieu d’une clairière forestière, c’est une clairière urbaine). C’est ainsi que normalement, ils sont toujours entourés d’arbres, avec un parc au fond. Et c’est pas joli toutes ces fleurs ? Et c’est pas pratique, ces grandes pelouses ? C’est toujours ce que beaucoup d’entre nous faisons, même si nous nous en défendons.
Pour terminer, la meilleure réalisation que je connaisse du jardin français est celui du musée Rodin à Paris, justement parce que c’est une clairière en ville, et que les arbres isolent vraiment du tumulte de la circulation (quoique ceux de Matignon doivent valoir le coup aussi).
, le 28.05.2007 à 17:29
et pourtant j’étais sorti
, le 29.05.2007 à 12:34
Ho ! c’est beau !
Merci.
, le 29.05.2007 à 13:36
Merci, il n’y a rien d’autre à ajouter.
, le 29.05.2007 à 16:25
Bonjour Roger,
bravo pour l’initiative et la réalisation
j’ajouterai quand même comme commentaire pour ceux qui voudraient se lancer dans l’aventure qu’il existe une alternative plus naturelle à ton étang, le tien étant à mon avis plutôt d’agrément que naturel :
j’ai construit il y a 6 ans (enfin, toute une équipe munie de pelles, pioches, brouettes) un étang de surface comparable sur un terrain en pente (eh oui) : la bâche étant donc inexploitable dans toute sa dimension dans le sens de la pente, elle pénètre dans un deuxième fossé en dessous de l’étang, qui forme un marais
profondeur de l’étang : d’un côté pente douce puis plus accentuée, jusqu’à environ 1 m de profondeur, de l’autre talus assez raide maintenu par un empilement de grosses pierres (à cause de la pente)
toutes les espèces végétales sont indigènes, plusieurs sont venues spontanément :
marais et rives : iris faux acore, iris de sibérie, benoîte des ruisseaux, salicaire, filipendule, phalaris roseau, lysimaque vulgaire et à fleurs en thyrse, lychnis, renoncule petite douve, populage, renouée bistorte, laîches, prêle, épilobe hirsute, eupatoire, etc.
étang : hydrocharis des grenouilles (plante flottante ressemblant un peu à de minuscules nénuphars), potamot, iris faux acore, joncs divers, renoncule grande douve, utriculaire (plante carnivore immergée nageante) ; éléocharis (joli, mais très envahissant)
essais ratés : butome en ombelle, trolle, verâtre, massette à feuilles étroites, tous disparus ; le flûteau n’a plus l’air de se plaire non plus, il régresse d’année en année (il se développait fort bien au début) ; le rubanier aussi a disparu
animaux : se sont tous installés spontanément, aucune introduction : grenouilles vertes (une bonne quinzaine), au printemps grenouilles rousses et crapaux (pontes), tritons ; insectes : plusieurs espèces de libellules et leurs larves, coléoptères, notonectes (punaises aquatiques vivant sous l’eau, nagent sur le dos), gerris (punaises nageant à la surface) ; escargots divers ; etc.
alimentation de l’étang : eau de pluie exclusivement, donc niveau variable
pas de circulation, eau stagnante
éclairage : confié au ver luisant
alimentation du marais et fossé : avec une végétation aussi luxuriante, le niveau baisse très rapidement : eau du réseau ou de la fontaine proche en cas de besoin
dans le talus de pierres, végétation de mur de pierres sèches et de rocaille en dessus du niveau de l’eau
un bac pour massettes séparé à proximité (pas dans l’étang, trop envahissantes)
la présence de poissons dans un tel étang limiterait énormément la diversité animale : ils sont trop voraces ; contre les moustiques, les petites bêtes énumérées ci-dessus suffisent amplement, même dans le fossé marécageux il n’y a pas de larves de moustiques, pas plus que dans le bac à massettes
comme couverture du plan d’eau, les potamots et morènes des grenouilles suffisent amplement, le nénuphar est trop envahissant pour une petite surface
je viens de planter la marsilée à 4 feuilles (minuscule fougère aquatique) : on verra ce que ça donne
toutes les espèces protégées ou rares ont été achetées dans le commerce ; les espèces courantes ont été achetées ou prélevées dans l’envoronnement ; ne pas trop planter ou semer d’espèces à la fois, voir d’année en année comment ça se développe, après quelques temps il faut plutôt enlever que rajouter… dans un étang naturel, je pense qu’il faut éviter les espèces exotiques
jacques
, le 29.05.2007 à 20:13
Mais comment vous faîtes pour connaître tous ces noms ? Vous photographiez chaque plante, chaque bestioles, puis vous comparez avec des photos sur internet ?
Ca me fait penser à ma fille qui nous a dit vendredi soir : “Mon maître il veut que je jette des miettes sur le balcon et que j’observe les oiseaux et que je lui écrive le nom de ceux qui sont venus ! Comme s’ils allaient se poser avec une pancarte avec leur nom écrit dessus !”. :-))) .
, le 30.05.2007 à 16:04
ben y’a des bouquins
sur la flore/faune des étangs et lieux humides par exemple chez delachaux et niestlé, et de manière plus générale :
flore : Binz et Thommen (devenu Aeschimann et Burdet), Flora helvetica
faune : la collection Boubée, les éditions delachaux et niestlé
etc.
les noms c’est pas important en soi, mais comprendre ce qui pousse ici et pas là, et pourquoi, et comment, et avec quoi, c’est intéressant
y’a aussi des bouquins excellents sur la construction des étangs et biotopes humides, mais je les ai prêtés, donc ils sont perdus puisque je ne sais plus à qui ;-)
jacques
, le 31.05.2007 à 12:21
Heuu, dites, pendent qu’on y est, les gars qu’ont des mares, vous ne seriez pas intéressé par l’hébergement d’une tortue dans vos bassins, elle est en pleine forme, ne nécessite aucun entretien, encore jeune (16 ans, peut vivre 50), très affectueuse, obéissante, je serais prêt, le coeur gros, à m’en séparer si car je sais qu’elle sera mieux dans un écrin de verdure naturelle que dans son aquarium (qui encombre et empeste le salon).
z (Dans le feng shui, la Tortue représente l’alliance du Ciel et de la Terre, la longévité, la protection. Elle symbolise également la maison, c’est tout bon, ça! Je répêêête: Dans le feng shui, la Tortue représente l’alliance du Ciel et de la Terre, la longévité, la protection. Elle symbolise également la maison, c’est tout bon, ça!)
, le 31.05.2007 à 18:43
pas moi
le seule tortue indigène est la cistude d’europe pas de place pour dans un petit étang
les tortues exotiques n’ont pas leur place dans les étangs naturels, et encore moins dans la nature : on n’imagine pas les dégâts que font ces braves bêtes dans nos biotopes
sous nos latitudes ces tortues doivent absolument être maintenues en captivité, je te conseille de mettre une annonce ici ou là pour trouver un amateur avec un grand terrarium
jacques
, le 31.05.2007 à 18:56
réponse à léo 11
l’idée de prendre l’eau de la fontaine pour l’étang n’est pas une bonne idée : l’eau de source est trop riche en sels minéraux etc. et favorise le développement des algues
il faut de l’eau de pluie (donc à peu près pure)
que le niveau varie n’est absolument pas dramatique, dans la nature aussi le niveau des étangs baisse en été
on peut toujours profiter d’un orage pour remplir rapidement l’étang avec l’eau du toit (ne pas récolter l’eau au début, attendre que le toit et l’air soient lavés de tous les polluants et poussières)
je prends volontiers l’eau de la fontaine pour le marais : c’est même indispensable en été car la végétation luxuriante pompe énormément d’eau, le marais serait absolument à sec sans cet apport par grandes chaleurs ; de plus le marais est en liaison avec le terrain alentour, l’eau est évacuée par capillarité
jacques
, le 01.06.2007 à 19:07
Question forcément évidente si personne ne l’a posée jusque là, mais les poissons, ils se nourrissent avec les insectes qui passent par là ?
, le 01.06.2007 à 22:47
c’est justement ça le problème : les poissons ça bouffe tout ce qui bouge : insectes et leurs larves, les larves de batraciens, etc.
la biodiversité dans un petit étang, c’est pas évident ; avec des poissons en plus…
j’ai observé les grenouilles vertes : avec elles l’aeschne bleue (grande et robuste libellule estivale) en train de pondre n’a aucune chance : elle est repérée à 2 m de distance, la grenouille s’approche lentement jusquà 50 cm, et hop un saut et la bête est engloutie : juste le temps de déposer 5 ou 10 œufs (la libellule déprimée, aussi bleue mais plus trapue qui vole au printemps, survole l’eau à quelque 10 cm en bougeant sans arrêt et lâche les œufs un à un : je n’ai jamais vu qu’elle soit victime de la grenouille) juste pour dire que déjà les batraciens qui viennent naturellement gèrent à leur manière l’équilibre de l’étang… pas besoin de poissons
dans la nature il n’y a jamais de poissons dans les petites gouilles telles que nos étangs domestiques
et dans une gouille pleine de vie, aucun risque de larves de moustiques
jacques