Cette "humeur" aurait dû vous être livrée le 8 février dernier. Mais voilà, à cette date, comme François a eu la gentillesse de vous en informer, je me trouvais cloué sur mon lit de douleur. Enfin, soyons honnête : je n'étais plus au lit et je n'avais plus mal.... mais la formule est consacrée. J'en profite d'ailleurs pour remercier tous ceux qui par leurs commentaires à l'article de François ou par un courrier personnel m'ont exprimé leurs souhaits de prompt rétablissement et leur dire que leurs souhaits ont été exaucés.
Notre séjour, qui devait durer sept jours et se limiter à la Guadeloupe, a duré 5 semaines, dont 4 jours de tourisme guadeloupéen et 4 semaines d'hospitalisation/convalescence martiniquaises. Inutile de dire que les souvenirs ramenés de ces deux îles sont très différents.
Je suis d'une génération dont les rêves enfantins ont été nourris par des livres : "L'île au Trésor", "Surcouf, roi des corsaires" traînent encore dans mon subconscient. Aussi n'est-ce pas surprenant si Guadeloupe, Martinique, Caraïbes évoquent en moi autant les Frères de la Côte que les cocotiers sur les plages de sable blanc. Mais, soyons clair, je n'ai pas rencontré Barbe Noire à Marie-Galante (il m'y attendait peut-être, mais je n'ai pas eu le temps d'y aller - ce sera pour une autre fois). Les cocotiers sont toutefois toujours sur les plages.
Pêcheurs dans le port de Sainte-Rose
La Pointe des Châteaux, promontoire à l'extrême est de l'île, la dernière vision des
marins qui partaient pour rejoindre la France.
T'as de beaux yeux, tu sais !
Alpinia purpurata | Fleur de bananier |
A moins que vous ne préfériez ce genre de fleurs, mais attention, certaines espèces peuvent être extrêmement dangereuses :
Cortège du carnaval à Anse Bertrand
Ces photos furent parmi les dernières mises en boîte à la Guadeloupe et j'arrête tout de suite vos commentaires diffamatoires : elles ne furent pas la cause de mes problèmes cardiaques ultérieurs !
Pendant ces quatre jours de tourisme, une impression diffuse de malaise s'est installée progressivement.
Difficile de définir quels faits précis ont généré cette impression. mais cela a commencé dès le premier jour à Saint-François, notre port d'attache. En fait, il y a deux Saint-François : la partie ouest, village traditionnel de pêcheurs et artisans, petites maisons basses, certaines pas mal délabrées. A l'est, autour de la Marina : les grands hôtels, les commerces de luxe et boutiques, le golf de 18 trous. A l'ouest, peu de monde dans les rues, peu de réponses à nos saluts. A l'est, une foule de gens de type majoritairement européen. Deux mondes qui ne semblent pas vivre en symbiose.
Nous avons effectué un "safari-rallye" dans des coins difficilement accessibles pour le simple pékin. Notre guide nous a fait une petite présentation générale de l'histoire de l'île et les mots "esclave" et "esclavage" apparaissaient dans son discours non comme une notion "historique", mais comme une réalité presqu'encore vivante. Avec des remarques du genre : "Les Guadeloupéens n'aiment pas les chiens, parce qu'on les utilisait pour chasser les esclaves en fuite. Alors, quand on en voit un sur la route, on l'écrase. C'est pourquoi ils sont généralement attachés".
Pour faire bonne mesure deux petites photos prises à Basse-Terre qui est la préfecture de la Guadeloupe, Pointe-à-Pitre n'étant "que" la plus importante place économique.
Cet ensemble de petits faits nous a conduits à nous poser des questions sur l'atmosphère qui règne dans ce territoire qui est quand même un département français. Quatre jours de tourisme, c'est certainement insuffisant pour se faire une idée correcte, mais cet article est intitulé "Impressions ..." et les impressions sont parfois difficiles à justifier.
Partout où nous sommes allés, que ce soit en Chine (Agathe à Pékin), en Louisiane (Jo et Anne à Tibodeau), au Pérou (Benilda à Cusco), nous avons pu établir un dialogue avec les habitants. Pas à la Guadeloupe et nous sommes frustrés !
Mon séjour guadeloupéen s'est terminé dans le bruit des pales du rotor de l'hélicoptère du SAMU qui m'a transporté de Pointe-à-Pitre à Fort-de-France en Martinique, alors que ma femme, avec armes et bagages, me rejoignait par un vol régulier. Et là, ce fut une tout autre histoire qui nous a réconciliés avec les Antilles.
, le 05.04.2007 à 01:46
woah, j’attends la suite de l’histoire avec impatiente!
On m’avait proposé d’investir en Guadeloupe l’année dernière, finalement j’ai choisit une autre île….je pense avoir fait le bon choix!
, le 05.04.2007 à 02:00
Mon expérience des Antilles françaises est tout à fait similaire. J’ai passé 2 semaines en Guadeloupe, 2 semaines en Martinique, 3 semaines à la Dominique et j’y passerai certainement encore des semaines ici et là. Mais en Guadeloupe, je doutes d’y retourner. J’ai séjourné en Basse Terre à Trois-Rivières et ai pas mal circulé dans l’ile. L’ambiance était telle que tu la décris.
Le continental que je suis ne pouvait manquer cette impression de malaise. Non pas que je me sois senti agressé ou simplement inquiété, mais j’ai réellement eu l’impression de gêner.
C’était assez étrange comme sensation car l’ambiance est toute différence dans les endroits très touristiques. On se croirait presque à Malaga, tant par l’ambiance donc que pas le paysage surchargé d’hôtels hideux. Hôtels en grande partie tenus par des continentaux…
En Martinique, nulle trace de ce malaise guadeloupéen. L’accueil y est franchement amical, généreux, et tout. J’y retournerai ! Peut-etre meme cette année d’ailleurs.
Quant à la Dominique, j’y suis allé deux ans après un cyclone dévastateur qui est survenu très peu de temps après que la Dominique a quitté le Commonwealth. Toutes les traces du cyclone n’avaient pas encore été complètement effacées par manque de moyens. L’ambiance y était donc radicalement différente, vous l’imaginez bien. Mais jamais je n’ai éprouvé le meme malaise qu’en Guadeloupe. Quoique les soirs de fin de semaine, sur la route, j’ai eu quelques inquiétudes. Ils conduisent comme des tarés et complètement cuits, c’est vraiment dangereux. Magnifique nature, grandiose meme.
, le 05.04.2007 à 07:22
Bien content de te revoir parmi nous !
La Guadeloupe n’est pas la Martinique, c’est sûr, mais c’est en Guadeloupe que tu as une chance de mieux comprendre la situation très particulière des Antilles françaises.
Avant de se plonger dans le bain, il faut lire. Les écrivains – de grands écrivains de qualité – ne manquent pas qui te permettent de commencer à comprendre.
Aimé Césaire, l’aîné, et l’invention de la négritude, Patrick Chamoiseau et Rafaël Confiant pour la créolité, par exemple. Ces derniers ont su reprendre le flambeau de la lutte contre le pouvoir blanc, le pouvoir des békés, propriétaires de toujours, descendants d’esclavagistes, propriétaires de la quasi totalité des richesses sur les îles. Aux Antilles, l’argent à une couleur, il est blanc. Alors, si les descendants d’esclaves issus de la traite ne sourient pas toujours aux blancs on peut les comprendre et même les soutenir dans un combat inégal qui ne les a jamais vu gagner. Il leur reste leur fierté et leur combat.
C’est fou comme ça arrangerait le monde si on pouvait oublier l’inoubliable alors même que l’on n’en a jamais vraiment parlé !
Sarkozy pourrait aller jusqu’à prétendre que l’esclave portait son destin dans ses gênes , il n’en est plus à ça près. Lisez donc attentivement ce compte-rendu de la rencontre entre Michel Onfray et le candidat à la présidence. Édifiant !
—
Un autre monde est possible.
, le 05.04.2007 à 07:49
C’était il y a quelques années j’y suis été 2 fois et je n’ai resenti aucune animosité à mon égard. La 2e chez l’habitant aux Saintes C’est vrai que je suis Belge ce qui explique peut-être cela ;-)
, le 05.04.2007 à 08:48
Et bien, ça fait plaisir de te lire! Bienvenue!
Je connais surtout la Martinique car j’ai effectué plusieurs séjours (3 ou 4). J’ai beaucoup aimé. Des gens sympas, une vie simple, les acras, les p’tit punch… ahhhh, que de souvenirs!
T
, le 05.04.2007 à 08:50
Hervé, content de de relire, je peux te dire!
Et merci pour les images de l’article.
Dis Hervé, maintenant que t’as pris soin de toi, que t’as tout réparé, ce serait une petite idée de t’occuper de ton capteur. Il me semble qu’il est couvert de poussières vu les ciels de tes premières images. Même sous f8 vu la taille de ces dernières, on doit les voir!:-)
, le 05.04.2007 à 08:57
J’ai passé deux fois trois semaine en guadeloupe (2003 et 2004). J’ai fait tout le tour de l’île plusieur fois. J’ai bien rencontré un ou deux gincheux (et même un membre noir du FN, incroyable), mais je n’ai jamais ressenti une mauvaise ambiance ou une animosité particulière du fait que je sois blanc ou européen. Je suis parti en famille sans tour opérator ou organisation particulière (j’ai un pote là-bas qui m’a logé en partie)
J’ai adoré cet archipel (Marie Galante notamment). Les gens sont trés sympas, le climat d’enfer, la culture très riche, la cuisine colorée, le rhum, les filles… C’est vraiment ce qui se rapporche le plus du paradis à mon sens.
En tout cas, je vis dans l’EST de la France et je vous assure que je peux tout les jours constater la différence. Si l’ambiance est moyenne en guadeloupe alors la lorraine est un pays de merde.
J’ai pas le temps de raconter ici mes voyages plus longuement mais je ne souhaite pas laisser dire de telles impressions : elle sont fausses assurément.
, le 05.04.2007 à 09:18
Salut Hervé, Comme beaucoup, cela fait très plaisir de te relire… Merci pour tes photos, elles sont très belles.
, le 05.04.2007 à 09:33
Bon retour à cuk.ch Hervé ! J’espère aussi qu’il y aura une suite !
La Guadeloupe semble avoir plus souffert des colons que l’autre île antillaise. Il y a une vingtaine d’années, un mouvement indépendantiste guadeloupéen faisait parler de lui, il me semble, et je ne crois pas qu’il y ait eu l’équivalent en Martinique. Je ne sais pas si ce mouvement est encore vivace, mais il témoignait bien d’un certain ressentiment !
, le 05.04.2007 à 10:20
Comme le précise Okazou, la lecture de romans et contes est une excellente entrée en matière pour ceux qui veulent saisir l’âme créole. Je vous recommande également le “Dictionnaire élémentaire de Français-Créole” de Pierre Pinalie. Ed. L’Harmattan. Presses Universitaires Créoles.
Enfin, voici une page d’information’’ sur les Antilles Françaises. Elle a le mérite d’aborder à travers la politique linguistique la “réalité” antillaise. Et pour ne rien gâcher, c’est facile à digérer…
A Hervé : Tchimbé red pa moli !
, le 05.04.2007 à 10:33
Sympa. Personnellement, je ne suis pas fan des îles. Sable, palmier, tout ça, ça me laisse un peu de marbre (et puis bon, sur la côté varoise, on est plutôt bien loti, tiens par exemple Porquerolles, un bijou merveilleux à 2 pas de chez moi). Par contre, le rhum, j’aime bien. C’est un argument déterminant :)
, le 05.04.2007 à 16:08
je n’ai eu a me plaindre que d’une seule agression en Guadeloupe et en Martinique,celles des moustiques…comme le dit okazou,la rancoeur ou la haine du blanc est encore tenace(comme je les comprend…), et encore,si j’étais a leur place ,je serai encore plus vindicatif…je n’ai vu que des gens normaux,très humains,en dent de scie donc… je pense que c’est typique du blanc touriste lambda de s’attendre a trouver des gens souriants et dévoués comme dans un slogan publicitaire bien ficelé. pour finir ,ce peuple a souffert immensément du pouvoir blanc mais il en souffre encore (taux de chômage trois plus important qu’en métropole,coût de la vie extrêmement cher,infrastructures sociales culturelles et éducatives dépassées ou inexistantes,etc… ce sont des îles magnifiques ,avec des peuples magnifiques qui méritent le voyage… viendez faire un p’tit tour sur mon site,j’ai quelques photos de mes voyages aux antilles
http://www.riffifiapaname.fr.tc/
, le 05.04.2007 à 16:38
On a le même souci ici sur la côte varoise. Les touristes viennent en congés et pensent que tout le monde est en vacances, ce qui n’est pas le cas :)
, le 05.04.2007 à 21:29
Mouais… laisse moi deviner, je pense qu’une des principales rentrées financières de Guadeloupe, c’est le tourisme. Par conséquent, être désagréable ou tout simplement dédaigneux du touriste blanc, c’est se foutre de la gueule du monde. Je ne pense pas que les gens doivent se prosterner ou “être dévoués” pour reprendre tes mots. Juste sympas… et puis j’ai pas l’impression que la majorité des touristes se comportent comme des négriers.
Ici, en Suisse, le tourisme (étrangers) a rapporté CHF 13.7 milliards en 2005… c’est 25% des dépenses de l’Etat.
Quand moi je rencontre un touriste et qu’il prend la peine de me parler, je lui réponds et en plus, aimablement parce qu’indirectement, il aide le pays où je réside à aller mieux. En plus de ça, c’est pas parce que la France a occupé la Romandie dans un temps qui va au-delà de n’importe quel être vivant sur Terre que j’en veux aux français d’aujourd’hui.
En bref, et sans vouloir forcer la main, les Guadeloupéens sont libres de le comprendre quand ils veulent.
T (qui sort boire un coup… et qui s’il rencontre un touriste, lui donera un sourire)
, le 06.04.2007 à 01:06
Le touriste blanc lambda que je suis s’est promené aux quatre coins du monde, a rencontré des quantités de gens avec qui il a eu non seulement des contacts sur place très chaleureux, mais avec qui il a gardé encore maintenant des relations amicales. Même et surtout à la Martinique.
Désolé, mais pas à la Guadeloupe ….