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Deux rois de la mu­sique pop(ulaire) se ren­contrent

«Il est le père de tous les chan­teurs-com­po­si­teurs an­glais: c’est le roi de la mu­sique pop du XVIIe siècle.»

Voici ce que dit de John Dow­land un des rois de la mu­sique pop et rock de notre temps, Sting.

Et ce ne sont pas que des pa­roles: avec sa voix de ro­cker, Sting a en­re­gis­tré tout un CD de chan­sons de Dow­land gé­né­ra­le­ment ré­ser­vées aux contre-té­nors clas­siques.
Pour moi, ce disque est un coup de cœur, que j’ai­me­rais par­ta­ger.

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Sting, avec le luth qu’on lui a of­fert pour s’ac­com­pa­gner quand il chante du Dow­land…

John Dow­land, la gé­niale dé­cep­tion

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… et John Dow­land, vers l’âge de 20 ans, avec son luth, dont il était un vir­tuose

John Dow­land est né en 1563 (eh oui, comme an­cêtre il se pose un peu là…) dans l’An­gle­terre an­gli­cane. On ne sait pas grand-chose de sa prime jeu­nesse. Il semble qu’au cours d’un voyage en Ita­lie vers 1580, il se soit converti au ca­tho­li­cisme, ce qui évi­dem­ment ne fa­ci­lite pas la vie d’un mu­si­cien qui as­pire à tra­vailler à la Cour de la Reine Eli­sa­beth d’An­gle­terre: la re­li­gion, à l’époque, c’était une af­faire très po­li­tique, et l’église de Rome a cher­ché pen­dant des siècles à «re­con­qué­rir» l’An­gle­terre, pas­sée à la Ré­forme au début du XVIe siècle. Mais Eli­sa­beth est in­dul­gente en­vers les mu­si­ciens ca­tho­liques qui la servent fi­dè­le­ment, et ainsi, lors­qu’il rentre en An­gle­terre, Dow­land peut aller étu­dier la mu­sique à Ox­ford, dont il ra­mène, en 1588, le grade de Maître ès mu­siques. C’est un lu­thiste de grand ta­lent, qu’on re­marque et qu’on re­cherche. Il es­père être en­gagé par la Reine, et il croit y être ar­rivé lors­qu’il est in­vité à jouer de­vant elle en 1592, à un mo­ment où les poètes vantent, dans leurs vers, son ex­cep­tion­nelle vir­tuo­sité au luth.

Dow­land t’es cher, lui dont le jeu cé­leste
Avec son luth ravit les sens hu­mains,

écrit Sha­kes­peare.

Dow­land ne sera pas en­gagé. Cer­tains disent qu’on lui a pré­féré un rival, lui pense qu’on l’a écarté parce qu’il est ca­tho­lique. Lors­qu’on exa­mine froi­de­ment les comptes de la cour d’An­gle­terre, on s’aper­çoit qu’en fait, pour des rai­sons d’éco­no­mie, le poste qu’on avait pensé lui confier avait dû être sup­primé.

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John Dow­land âgé de 35 ans en­vi­ron; il était alors le lu­thiste du roi du Da­ne­mark

Triste pour lui, mais chance pour l’his­toire de la mu­sique (et même pour Dow­land lui-même fi­na­le­ment). Du coup, le mu­si­cien s’exile, erre de cour en cour à tra­vers l’Eu­rope, et chante tour à tour sa tris­tesse et ses amours. Et de­vient un des mu­si­ciens les plus connus et les plus po­pu­laires de son temps. Sting a rai­son de le dire: il a été l’équi­valent de grands mu­si­ciens rock du XXe siècle.

On trouve au­jour­d’hui en­core des cen­taines de par­ti­tions, d’ar­ran­ge­ments, de trans­po­si­tions de sa chan­son la plus cé­lèbre, “Flow my tears” (cou­lez mes larmes) faites du vi­vant de Dow­land. Si l’on compte qu’en quatre siècles au moins au­tant de par­ti­tions se sont per­dues, on peut dire que “Flow my tears” a été le tube du siècle!

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Fin de la par­ti­tion de “Flow my tears” ma­nus­crite par John Dow­land, avec sa si­gna­ture

Il n’était pas le seul: à Londres William Byrd ou Ro­bert Mor­ley étaient aussi ta­len­tueux que lui, aussi po­pu­laires, et ont laissé des airs aussi im­mor­tels que les siens. Mais à l’époque, hors de Londres per­sonne ne sa­vait qui ils étaient à part quelques pri­vi­lé­giés – rap­pe­lez-vous, il n’y avait pas d’en­re­gis­tre­ments.

Et bien en­tendu l’er­rance de Dow­land à tra­vers l’Eu­rope l’a mis en contact avec des mu­si­ciens que les autres n’ont ja­mais en­ten­dus, et lui a per­mis d’élar­gir son ex­pé­rience, d’être «plus rock» que les autres. Bref, comme cela ar­rive sou­vent aux gé­nies, il a trans­formé un échec en art.

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Par­ti­tion d’un autre tube de John Dow­land: “Can she ex­cuse my wrongs” (Me par­don­nera-t-elle mes fautes)

Sting, la ren­contre im­pro­bable

Ceux qui suivent les blogs mu­si­caux le savent: lorsque le bruit s’est ré­pandu que Sting en­re­gis­trait du Dow­land, l’in­cré­du­lité a tra­versé le petit monde, ou plu­tôt le vaste monde, de ceux qui s’ex­priment en ma­tière de mu­sique sur in­ter­net. Cette in­cré­du­lité avait deux cou­leurs, si je puis dire. Les pu­ristes di­saient: de quoi il se mêle? Les fans di­saient: on se ré­jouit de voir – et à pro­pos, c’est qui, ce Dow­land?

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Sting chante Dow­land: ré­pé­ti­tion avant en­re­gis­tre­ment.

Une fois que le disque est sorti, ça n’a pas changé. Il y a ceux qui aiment (les béo­tiens mu­si­caux comme moi), et ceux qui n’aiment pas (les pu­ristes). Moi, je vais d’ailleurs plus loin qu’ai­mer – j’adore. Et je trouve que la ma­nière dont les pu­ristes disent avec mé­pris «cir­cu­lez, il n’y a rien à en­tendre, ce n’est pas un chan­teur clas­sique», c’est un peu comme ceux qui m’en­joi­gnaient, parce que je di­sais que je n’aime pas Ni­co­las Sar­kozy, de cir­cu­ler et de me taire, puisque je n’étais pas fran­çaise.

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Sting en 1984 (cos­tumé pour un film)

Sting, je ne suis pas sûre qu’il faille le pré­sen­ter, mais bon, di­sons que j’y vais d’une brève bio­gra­phie. Il s’ap­pelle en réa­lité Gor­don Sum­ner, il a 55 ans, il est an­glais, il a été marié deux fois et a six en­fants, il a fait par­tie d’un des groupes cé­lèbres des an­nées ‘80, puis a en­re­gis­tré une dou­zaine d’al­bums solo, dont aucun n’a vendu à moins d’un mil­lion d’exem­plaires. Pour l’en­tendre, je vous laisse fouiller vos dis­co­thèques per­son­nelles, ou in­ter­net où on trouve en cher­chant bien, des mor­ceaux – et si ja­mais il y a tou­jours le dis­quaire, qui reste, je l’avoue, mon lieu d’écoute pré­féré.

À part ça, Sting mi­lite pour l’en­vi­ron­ne­ment, contre la pau­vreté, et a par­ti­cipé à toutes les grandes ac­tions contre la faim et pour sau­ver la pla­nète de ces der­nières an­nées.

Et à 55 ans, sur­prise (pour nous), il quitte sa gui­tare élec­trique pour le luth, les rythmes rock 2000 pour ceux de 1600: il en­re­gistre un disque de chan­sons de John Dow­land – sans se sou­cier de ce que disent les autres, et conscient qu’il pour­rait se faire dé­mo­lir par la cri­tique.

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Le disque est sorti, non sous le label ha­bi­tuel de Sting, mais chez Deutsche Gra­mo­phon, un des plus cé­lèbres la­bels clas­siques. Il est en 25e place des meilleures ventes

Sting et Dow­land

On parle tou­jours de sur­prise, lors­qu’on s’est fait une idée de quel­qu’un, et que sou­dain il fait quelque chose à quoi l’ob­ser­va­teur su­per­fi­ciel ne s’at­ten­dait pas. Dans le par­cours de Sting, “Songs from the La­by­rinth” est en fait lo­gique. Voici ce qu’il en dit lui-même: «Les chan­sons de John Dow­land me hantent de­puis plus de vingt ans. En 1982, je chan­tais au théâtre de Drury Lane… Après un de mes solos, l’ac­teur John Bird est venu me fé­li­ci­ter et m’a de­mandé si je connais­sais John Dow­land. J’ai dû ad­mettre que ce nom me di­sait quelque chose, sans plus, n’était-ce pas un mu­si­cien éli­sa­bé­thain; j’étais si in­tri­guée que le len­de­main j’ai écouté un disque… Je ne voyais pas bien com­ment ces chan­sons pou­vaient faire par­tie du ré­per­toire d’un chan­teur de rock.» Dix ans plus tard, re­be­lote, la pia­niste clas­sique Katia La­bèque lui sug­gère de chan­ter les chan­sons de Dow­land. Elle es­time qu’il a la voix pour ça.

À par­tir de là, Dow­land ne l’a plus quitté. Il a ap­pris quelques chan­sons, il s’est in­formé sur la vie de ce mu­si­cien si loin­tain et pour­tant si mo­derne. Un peu plus tard, autre ami mu­si­cien lui a of­fert un luth – ins­tru­ment fa­cile pour un gui­ta­riste ex­pé­ri­menté comme l’est Sting.

Puis Sting a ren­con­tré le lu­thiste Edin Ka­ra­ma­zov, grand vir­tuose de l’ins­tru­ment, très connu dans le monde des mu­si­ciens. Et l’en­re­gis­tre­ment de chan­sons de Dow­land s’est ma­té­ria­lisé.

De­puis qu’il est sorti en au­tomne, il a fait cou­ler beau­coup d’encre. Sting y chante, ac­com­pa­gné de Ka­ra­ma­zov, et par­fois d’un chœur, quelques-uns des tubes les plus cé­lèbres de Dow­land.

Ici, je vous pro­pose d’écou­ter Sting lui-même: allez donc ici (www.​sting.​com), et à droite sur la pre­mière page cli­quez sur la po­chette du disque Songs from the La­by­rinth, et vous pour­rez écou­ter trois des chan­sons de Dow­land chan­tées par Sting. Parmi les­quelles “Flow my tears”, le top hit de 1600. Vous pou­vez éga­le­ment aller ici , ou ici .

Bien en­tendu, ce n’est pas ainsi que, de­puis quatre siècles, les chantent les contre-té­nors qui se sont at­ta­qués à cette mu­sique. Les pu­ristes, dont les oreilles ont été of­fen­sées par ce ro­cker im­per­ti­nent, vous ren­voient par exemple à Al­fred Del­ler, qui est réel­le­ment un contre-té­nor mer­veilleux. Mais pour­quoi deux styles ne pour­raient-ils co­ha­bi­ter?

Pour­quoi j’aime ce disque de Sting

Sting le dé­clare, et il n’est pas le seul. De nom­breux mu­si­ciens qui se sont spé­cia­li­sés dans la Re­nais­sance l’af­firment tout au­tant: Byrd, Mor­ley, mais sur­tout, pour les rai­sons que j’ai ex­pli­quées plus haut, Dow­land, ce sont les Beatles, les Bowie, les Rol­ling Stones de leur temps. Un mu­si­co­logue com­pare les pre­mières me­sures des mor­ceaux de Miles Davis avec ceux de Dow­land et voit que la mé­thode des deux mu­si­ciens est la même – juste pour dire.

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Sting ré­pète Dow­land

Je me suis sou­vent de­mandé si au­tre­fois tout le monde avait la voix culti­vée clas­sique qu’on consi­dère ha­bi­tuel­le­ment comme seule ha­bi­li­tée à chan­ter ces John Len­non, ces Mick Jag­ger, ces Elton John d’au­tre­fois. Je me suis beau­coup oc­cu­pée de la Re­nais­sance an­glaise, et j’ai fini par me ré­pondre: cer­tai­ne­ment pas – tout le monde chan­tait ces chan­sons-là.

Lorsque j’ai en­tendu Sting, j’ai été conquise im­mé­dia­te­ment: la voix du ro­cker don­nait à cette mu­sique écrite non pour le happy few, mais pour tout le monde, une di­men­sion que je lui avais soup­çon­née sans être sûre d’avoir rai­son. En­ten­dons-nous: ce n’est pas que je trouve que Sting chante mal. Au contraire. J’ai eu la sen­sa­tion, en l’écou­tant, que j’en­ten­dais chan­ter la rue, telle qu’elle était à l’époque de Dow­land: en terre bat­tue, au mieux re­cou­verte de pavés ir­ré­gu­liers, sombre et joyeuse, bour­rée de monde, de hen­nis­se­ments de che­vaux, des cris des mar­chands qui of­fraient leur mar­chan­dise. Bref, je trouve que Sting chante par­fai­te­ment, j’ai eu la sen­sa­tion que le pop du XVIe siècle (pop étant l’abré­via­tion de po­pu­laire, je vous le rap­pelle) re­pre­nait ses droits.

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Sting – une ex­pres­sion quelque peu en­tê­tée. Les pu­ristes l’ont cri­ti­qué, ça lui est égal, il est allé au bout de son envie

Ceux qui re­grettent que le phrasé de Sting manque de ci, que sa voix manque de ça, ce sont les spé­cia­listes. Un aria d’opéra est écrit pour eux. Le po­pu­laire s’en em­pare en­suite par­fois, mais c’est ac­ces­soire. Tan­dis qu’une chan­son, c’est d’abord fait par être chanté par tous:

Long­temps, long­temps, long­temps
après que les poètes ont dis­paru,
leurs chan­sons courent en­core
dans les rues…

Cette grande vé­rité est va­lable pour toutes les chan­sons. Et si j’aime ce disque de Sting, c’est parce que je consi­dère qu’il nous rend John Dow­land, et qu’il fait en sorte que, après quatre siècles pas­sés parmi les vir­tuoses, ses chan­sons courent dé­sor­mais à nou­veau les rues, chan­tées d’une voix ru­gueuse par un ar­tiste pop(ulaire).

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Sting a donné plu­sieurs concerts, tous des triomphes, tous gra­tuits; il chante Dow­land dans de pe­tits lieux loin des stades où il chante le rock. Concert ma­gique.

45 com­men­taires
1)
Ber­trand59
, le 17.01.2007 à 00:27

Sting, un grand que j’ai tou­jours plus qu’ap­pré­cié. Dow­land que je vais re­dé­cou­vrir … une fois de plus, et on en re­de­mande, merci Anne de dé­bus­quer pour nous ces pé­pites.

2)
In­connu
, le 17.01.2007 à 01:37

Cet album est ma­gni­fique. Je suis fan de Sting, fan de Po­lice et j’ai bien aimé cet album, que j’ai pu acheté sur l’iTunes Music Store.

3)
Sa­luki
, le 17.01.2007 à 02:06

Santa Maria delle Gra­zie dov’è mia nonna ha spo­sato il mio nonno…

4)
Oka­zou
, le 17.01.2007 à 06:14

Bel ar­ticle, Anne, et in­té­res­sant par ce qu’il pose le pro­blème de la li­berté des ar­tistes, créa­teurs ou in­ter­prètes. L’in­té­grisme n’est pas qu’un fait re­li­gieux, c’est un état d’es­prit. De pe­tits es­prits, même si on le re­marque aussi bien chez des per­son­nages « dis­tin­gués » que chez l’homme de la rue.

En fait, cet in­té­grisme est double puis­qu’il touche l’œuvre tout au­tant que l’ar­tiste. L’œuvre sera dé­fen­due bec et ongles par tout ce que le pu­blic com­prend de conser­va­teurs « pro­prié­taires » de l’œuvre qui ne sup­portent pas que l’on dé­place une vir­gule, que l’on nuance une cou­leur, que l’on al­longe une note. L’ar­tiste sera at­ta­qué par tout ce que le pu­blic compte de fa­na­tiques de­ve­nus « pro­prié­taires » de cet ar­tiste pour qui ce der­nier n’est donc plus un homme mais un dieu idéa­lisé et for­maté, une fois pour toutes, selon leurs fan­tasmes. Or, nous le sa­vons, il y a au­tant de dieux qu’il y a de croyants (le Dieu unique est pure vue de l’es­prit !), ce qui in­ter­dit d’au­tant toute li­berté à l’ar­tiste de dis­po­ser de lui-même et de ses choix.

Aux côtés de l’œuvre et de l’in­ter­prète ap­pa­raît donc une troi­sième vic­time : la li­berté. Li­berté d’in­ter­pré­ta­tion de l’œuvre, li­berté d’in­ter­pré­ter de l’ar­tiste.

Cela confine sou­vent à l’ab­surde en mu­sique an­cienne lorsque le re­proche est pro­féré par un pu­blic conser­va­teur ha­bi­tué à « sa » sa­cro-sainte ver­sion qui ne peut en aucun cas être re­mise en cause alors que le mu­si­cien créa­teur ne don­nait que fort peu d’in­di­ca­tions d’in­ter­pré­ta­tion ou d’exé­cu­tion sur la par­ti­tion. On le voit sur les deux ex­traits de par­ti­tions, l’une in­dique sim­ple­ment qu’il s’agit d’une fugue, l’autre qu’elle se chante à quatre voix. Grande li­berté of­ferte à l’in­ter­prète par le créa­teur. Idem dans toute la mu­sique ba­roque et même chez Bach, à la fin du ba­roque. Jus­qu’aux ins­tru­ments qui sont lais­sés à la dis­cré­tion de l’in­ter­prète !

Les « gar­diens du Temple » n’ont pas d’ex­cuse puis­qu’il suf­fit de ne pas écou­ter les ver­sions que l’on n’aime pas. Si l’on n’aime pas, si l’on ne sup­porte pas Sting chan­tant Dow­land, on est dans son droit. On peut même ten­ter d’ex­pli­quer pour­quoi. Mais pour­quoi mon­ter des ca­bales entre bons pe­tits bour­geois figés dans la bê­tise propre à leur caste (men­tale) pour ten­ter d’in­ter­dire comme on l’a sou­vent vu, ou de dé­ni­grer mé­cham­ment, comme on le voit en­core ?

Ré­jouis­sons-nous, ceux qui jouent ce petit jeu contre la paire Sting-Dow­land perdent as­su­ré­ment quelque chose ; ils paient ainsi leur ab­sence d’ou­ver­ture d’es­prit.

Je ne suis pas sur­pris que Katia La­bèque ait conseillé à Sting d’es­sayer de chan­ter Dow­land. Je m’étais fait la même ré­flexion en écou­tant pour la pre­mière fois cette chan­son de Sting qui rap­pe­lait au monde que les Russes sont eux aussi des êtres hu­mains (on en était là !). Je me di­sais que cette chan­son avait quelque chose de mé­dié­val dans sa to­na­lité gé­né­rale. Je ne suis donc pas étonné du tout, à l’écoute de Sting chan­tant Dow­land, de consta­ter que la voix de l’un colle à la mu­sique de l’autre comme le timbre à sa lettre. Le timbre de Sting, pré­ci­sé­ment, cette voix char­gée d’un voile d’émeri au grain rude, âpre, en même temps qu’elle est chaude et pro­fon­dé­ment hu­maine, n’au­rait-ce pas été dom­mage de la can­ton­ner au « rock » (je ne sais trop ce que si­gni­fie le mot au­jour­d’hui) et à ces airs qui ap­pa­raissent en cha­pe­let, comme les sau­cisses in­dus­trielles, et dont on se dit de plus en plus sou­vent qu’on les a déjà en­ten­dus quelque part ? Pas­sons cha­ri­ta­ble­ment sur les textes…

Par bon­heur, Sting est par­venu à sor­tir du car­can sté­rile de ces chan­sons sté­réo­ty­pées et quasi nor­ma­li­sées (par­fai­te­ment éti­que­tées par genre !) et à se don­ner la li­berté d’al­ler vers un ailleurs qui a dû lui faire le plus grand bien. Et s’il a en­traîné les meilleurs de ses ad­mi­ra­teurs, alors il a en plus fait œuvre so­ciale et cultu­relle, créé une ou­ver­ture dans l’es­prit de ceux qui l’au­ront suivi.

Non, je ne suis pas en train de faire l’apo­lo­gie de Dow­land contre le rock. Pour tout dire, je consi­dère que si Dow­land est si peu connu, et re­connu, c’est qu’il était tout de même le der­nier chantre d’une époque déjà presque ré­vo­lue. Dow­land est à la mu­sique mé­dié­vale ce que Ber­lioz fut à l’époque ro­man­tique : l’an­non­cia­teur d’une fin pro­chaine. Tous deux ont re­fusé une mo­der­nité qui les dé­pas­sait et qu’ils ne pou­vaient, ni l’un, ni l’autre, ap­pré­hen­der.

Dow­land, né seule­ment vingt ans avant le grand Hein­rich Schütz, de­vait en­tendre le ba­roque frap­per à la porte. Mais tan­dis que Schütz se ré­ve­lait le pro­phète, l’ac­cou­cheur de sa mu­sique, Dow­land ap­pa­rais­sait comme le fos­soyeur de la-sienne.

L’An­gle­terre ne porte-t-elle pas tou­jours en elle, peu ou prou, un cer­tain amour du passé, co­loré de la gri­saille du re­gret, passé au­quel elle aime à se rac­cro­cher comme un nau­fragé à son espar ?

Le luth, par exemple, était déjà un ins­tru­ment daté, de­vant la gui­tare, et l’un des mor­ceaux (« Can she ex­cuse my wrongs ? ») pro­posé sur le site au­quel tu nous ren­voies, Anne, au­rait vrai­ment gagné à être ac­com­pa­gné par une gui­tare, lorsque le luth peine à suivre l’en­vo­lée im­po­sée par l’écri­ture. La gui­tare est plus fluide, plus vé­loce et, à l’époque, ren­voyait une co­lo­ra­tion proche de celle du luth. La vir­tuo­sité (né­ces­saire au luth) n’est pas au ser­vice de la mu­sique si elle est ad­mi­rée pour elle-même ; mé­fions-nous donc de la vir­tuo­sité et en­core plus des vir­tuoses qui ne sont sou­vent por­teurs que d’ex­ploit.

Dow­land marque donc net­te­ment la fin d’une époque dont la porte fut fer­mée par le ba­roque triom­phant. Nous avons eu Jos­quin Des Prés ou Guillaume de Ma­chaut, les An­glais ont eu John Dow­land, libre à nous de re­dé­cou­vrir nos deux com­po­si­teurs (et quelques autres) qui n’ont, tout chau­vi­nisme mis à part, vrai­ment rien à en­vier au com­po­si­teur an­glais. Mais avons-nous notre Sting ?

Tout cela ne m’em­pêche donc pas de trou­ver très in­té­res­sant et très convain­cant ce tra­vail de Sting qui « res­sus­cite » les beaux chants mé­lan­co­liques et les belles mé­lo­dies an­glaises. Entre Dow­land et Sting l’ac­cord est on ne peut plus cré­dible et in­fi­ni­ment agréable. Il fal­lait le faire, il l’a fait.

Sting, un ro­cker ? « Ah, que nenni ! » Un jazz­man plu­tôt ; un homme libre.

Le monde n’est pas une mar­chan­dise.

5)
THG
, le 17.01.2007 à 06:55

c’est un peu comme ceux qui m’en­joi­gnaient, parce que je di­sais que je n’aime pas Ni­co­las Sar­kozy, de cir­cu­ler et de me taire, puisque je n’étais pas fran­çaise.

Anne, on ne vous a pas de­mandé de vous abs­te­nir de com­men­taires sur Sarko parce que vous n’étiez pas fran­çaise, mais parce que c’était des ana­lyses à 2 balles, pleines de lieux com­muns, sou­li­gnées par le fait que vous n’êtes pas au coeur de cer­tains des pro­blèmes qui agitent les ban­lieues fran­çaises.

Je me per­mets de pla­cer ce com­men­taire uni­que­ment à cause de votre ci­ta­tion ci-des­sus qui, à mon humble avis, n’avait rien à faire dans cet ar­ticle, au de­meu­rant ex­cellent et qui m’a convaincu d’écou­ter cet album.

Merci.

Gilles.

6)
THG
, le 17.01.2007 à 07:02

La photo de Sting “cos­tumé pour un film” le re­pré­sente dans le per­son­nage de Feyd-Rau­tha, neveu du ma­chia­vé­lique Baron Har­kon­nen dans le “Dune” de David Lynch. Bien que n’ayant pour ainsi dire pas de texte, j’ai tou­jours trouvé Sting par­ti­cu­liè­re­ment bien choisi et ef­fi­cace dans ce rôle.

Gilles.

7)
Oka­zou
, le 17.01.2007 à 07:22

Merci, Anne, de ne pas ap­pré­cier Sar­kozy et de le dire.

Mais com­ment pour­rait-on ima­gi­ner un ins­tant, même fort bref, qu’il pour­rait en être au­tre­ment ? :-)

Le monde n’est pas une mar­chan­dise.

8)
ysen­grain
, le 17.01.2007 à 07:46

A pro­pos de Sting, il me semble man­quer d’un élé­ment fon­da­men­tal et in­dis­pen­sable: gou­ter les mots. Cette mu­sique me pa­rait in­dis­so­ciable de ce concept que Del­ler dé­fen­dait tant. (merci de l’avoir cité Anne) Cette mu­sique est com­po­sée et DOIT être in­ter­pré­tée au­tour, dans et avec le/les mot(s). C’est “un peu” in­té­res­sant, mais ça reste de la pop. Quant à ceux qui pensent qu’une gui­tare vaut mieux qu’un luth pour Dow­land, ils sont dans l’er­reur to­tale or­ga­no­lo­gique, his­to­rique et ar­tis­tique. Dow­land était lu­thiste, et non gui­ta­riste. L’époque Éli­sa­be­thaine sa­vait TRÈS BIEN ne pas se lais­ser in­fluen­cer au plan ar­tis­tique, sauf si elle l’avait choisi. Pour des rai­sons po­li­tiques, l’Es­pagne n’était pas ac­cep­tée et sa gui­tare en­core moins (plu­tôt la vi­huela d’ailleurs). Les violes de gambe d’ori­gine loin­taine his­pa­nique mais tel­le­ment ita­lia­ni­sées, frap­paient à la porte. Elles pé­né­trèrent l’An­gle­terre tant et si bien que les lu­thistes de­vinrent ra­pi­de­ment vio­listes.

9)
Oka­zou
, le 17.01.2007 à 08:01

« Quant à ceux qui pensent qu’une gui­tare vaut mieux qu’un luth pour Dow­land, ils sont dans l’er­reur to­tale or­ga­no­lo­gique, his­to­rique et ar­tis­tique. »

Vl’à t’y pas un de ces conser­va­teurs dont au sujet des­quels je cau­sais un peu plus haut ?

Une – Si je sais me re­lire, je n’ai pas écrit qu’une gui­tare va­lait mieux qu’un luth pour Dow­land. Je pré­fè­re­rais per­son­nel­le­ment la gui­tare au luth pour les rai­sons que je donne.

Deux – Dow­land connut beau­coup mieux Jacques 1er qu’Eli­sa­beth. Ces­sons donc de par­ler d’Époque éli­sa­bé­thaine le concer­nant, c’est pas syn­chrone.

Trois – Tu sembles trou­ver re­mar­quable que l’An­gle­terre sache TRÈS BIEN re­fu­ser les in­fluences étran­gères. La re­cherche de la pu­reté cultu­relle, je trouve ça idiot, conser­va­teur et mor­ti­fère. Une culture forte ne craint pas les évo­lu­tions, elle les di­gère. Un exemple ? Et si la France avait adopté ce com­por­te­ment lorsque la Re­nais­sance ita­lienne est ar­ri­vée ?

Le conser­va­tisme, c’est le pro­blème. Hier et au­jour­d’hui.

Je par­tage to­ta­le­ment tes re­marques sur l’im­por­tance du texte.

Le monde n’est pas une mar­chan­dise.

10)
Ca­plan
, le 17.01.2007 à 08:05

Merci Anne!

J’ad­mire la dé­marche de Sting, parce qu’elle tra­duit une ou­ver­ture d’es­prit qui le gran­dit en­core un peu plus, si c’était pos­sible.

Dans le même état d’es­prit, mais dans un style plus proche de notre époque, Bryan Ferry a sorti en 1999 un petit bijou de CD com­posé de chan­sons des an­nées 20 et30: As Time Goes By. La mu­sique n’a rien à voir avec celle de Dow­land, évi­dem­ment, mais l’ar­tiste montre qu’il peut s’ap­pro­prier un ré­per­toire dif­fé­rent du sien. Et avec bon­heur, en plus.

Note: Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais quand c’est écrit Dow­land, je lis Down­load. C’est grave, doc­teur?

Mil­sa­bor!

11)
ysen­grain
, le 17.01.2007 à 08:31

A l’at­ten­tion d’Oka­zou. Ce que je veux dire, c’est que la dé­marche de refus de l’in­fluence es­pa­gnole en An­gle­terre de cette époque al­lait jusque dans la mu­sique, rien d’autre. Les mots “pu­reté” et “cultu­relle” n’ont ef­fec­ti­ve­ment rien à faire en­semble (sauf dans l’es­prit de Le Pen et de ses co­pains, mais non merci, pas pour moi). La France a adopté la culture de la Re­nais­sance ita­lienne parce qu’il y avait une REINE ITA­LIENNE. Là en­core c’était po­li­tique. Il reste tout de même, que bien que la dé­marche de Sting soit sym­pa­thique, elle reste en de­hors du cadre in­ter­pré­ta­tif dé­fini pour la mu­sique de cette époque: la poé­sie an­glaise “gérée” par la mu­sique. A choi­sir, mais tout le monde l’a com­pris, je pré­fère Del­ler à Sting.

12)
Fran­çois Cuneo
, le 17.01.2007 à 08:39

Note: Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais quand c’est écrit Dow­land, je lis Down­load. C’est grave, doc­teur?

Idem, mais je n’ai pas osé l’écrire!:-)

Je suis vite allé ache­ter ce disque hier (que j’écoute en ce mo­ment). Eh oui, c’est l’avan­tage d’avoir les ar­ticles à l’avance, hé hé!

13)
Anne Cuneo
, le 17.01.2007 à 08:53

Anne, on ne vous a pas de­mandé de vous abs­te­nir de com­men­taires sur Sarko parce que vous n’étiez pas fran­çaise, mais parce que c’était des ana­lyses à 2 balles, pleines de lieux com­muns.

Ah mer­veilleux! la to­lé­rance, la li­berté de pen­ser lais­sée aux autres, la com­pré­hen­sion d’autres points de vue, quelles belles qua­li­tés, et comme je vous fé­li­cite d’en faire preuve… Et merci de cré­di­ter de deux francs les opi­nions que je peux avoir, et que j’ex­prime dans le contexte que j’es­time juste.

14)
Anne Cuneo
, le 17.01.2007 à 08:56

Per­mets-moi de te cor­ri­ger un peu, Oka­zou: Dow­land est né en 1563, et quand Eli­sa­beth est morte, il avait 40 ans. Il est donc es­sen­tiel­le­ment éli­sa­bé­thain d’édu­ca­tion. Mais ce qui le rend si po­pu­laire, c’est qu’il sait prendre le vi­rage, et qu’il écrit en­core de la belle mu­sique après 1603. Ce n’est pas tout le monde. Je te si­gnale ce­pen­dant que la plu­part des chan­sons que chante Sting ont été com­po­sées AVANT 1603, cer­taines même 15 ans avant 1603, date de la mort d’Eli­sa­beth.

15)
nic
, le 17.01.2007 à 09:01

juste un petit com­men­taire en vi­tesse (je re­vien­drai plus cal­me­ment, j’adore dow­land de­puis long­temps) le deux potes se­ront en suisse à bale pour un concert qui n’a rien de gra­tuit…

16)
Sé­bas­tien Pen­nec
, le 17.01.2007 à 09:55

Merci pour ce bel ar­ticle, Anne :)

Un disque ac­com­pa­gné d’une vraie his­toire, ça donne envie…

Une pe­tite ques­tion: tu parles de blogs mu­si­caux, pour­rais-tu nous don­ner quelques adresses?

17)
Fran­çois Cuneo
, le 17.01.2007 à 09:57

Ce disque est su­perbe.

Et pour ac­com­pa­gner l’éla­bo­ra­tion d’un ta­bleau excel, c’est monstre cool.

C’est vrai qu’il y a des Beatles là-de­dans… Ou l’in­verse plu­tôt.

C’est hyper mé­lo­dique, j’adore.

18)
ysen­grain
, le 17.01.2007 à 10:21

hyper mé­lo­dique bq%Au­teur%. Texte %%

Voilà, tout est dit. Si on y ajoute la poé­sie au­tour, dans et avec les mots.

19)
alec6
, le 17.01.2007 à 10:40

Dé­solé Anne de jouer ici les ra­bat-joie, mais j’avoue n’être que peu convaincu par les va­ria­tions bas rock de notre ami Sting !

Sa voix n’est vrai­ment pas à la hau­teur, mais ce ju­ge­ment ne concerne que moi… Je connais un peu Dow­land et cer­tains de ses com­pa­triotes et suc­ces­seurs tel John Blow ou plus connu Henry Pur­cell et leur pré­fère de loin les in­ter­pré­ta­tions “clas­siques”.

En re­vanche, que Sting ou d’autres se per­mettent d’in­ter­pré­ter tel ou tel mu­si­cien de quelque siècle que ce soit me semble une ap­proche très saine et très riche. Qu’Har­non­court, Jordi Saval ou autres per­mettent aux afi­cio­na­dos du “clas­sique” de dé­cou­vrir une autre in­ter­pré­ta­tion du ba­roque est une chose, mais que Sting offre aux ro­ckeux de dé­cou­vrir une autre mu­sique doit être salué ! Je n’ai ja­mais douté que Sting comme tout grand mu­si­cien qui soit, fut in­té­ressé par autre chose que son ré­per­toire. Ce sont en fait le pu­blic et les jour­na­listes (pas tous certes) qui can­tonnent les in­ter­prètes et com­po­si­teurs contem­po­rains dans leur do­maine.

Heu­reu­se­ment que des gens comme Sting soit là pour le faire sa­voir.

20)
In­connu
, le 17.01.2007 à 11:08

Une fois cet ar­ticle lu (j’ai pre­fere ce qu’il dit de Dow­land que de Sting, mais je suis assez do­cu­mente sur lui _-per­iode po­lice en par­ti­cu­lier- pour etre son bio­graphe of­fi­cieux_). J’ai donc te­le­charge cet album dans la fou­lee et comme il est ef­fec­ti­ve­ment plai­sant a l’oreille (quoique les mini poe­sies au mi­lieu n’iront pas sur mon ipod etant donne que si c’est in­ter­es­sant la pre­miere fois, j’aime moins les fois sui­vantes) je l’ai donc fichu dans mon pro­chain pa­nier Ama­zon. Je sais, c’est li­mite du vol mais si ils le pas­saient plus sou­vent a la radio, je n’au­rais pas eu a le dou­ne­loa­der pour l’ecou­ter. À ceux que le style in­ter­esse, je re­com­mande le groupe “Il Giar­dino Ar­mo­nico” (par­ti­cu­lie­re­ment l’al­bum Viag­gio Mu­si­cale% ” car je ne connais pas assez les autres).

21)
ysen­grain
, le 17.01.2007 à 11:19

je vois que le débat s’élar­git. Pour com­plè­ter la pro­po­si­tion de Mirko, je pro­pose Paolo Pan­dolfo, gé­nial vio­liste dans son der­nier en­re­gis­tre­ment Im­pro­vi­sando, mal­heu­reu­se­ment, je n’ai pas trouvé de site d’écoute. Il marche dans les mêmes pas que Il Giar­dino Ar­mo­nico (il a déjà en­re­gis­tré avec eux).

22)
Anne Cuneo
, le 17.01.2007 à 11:36

Dé­solé Anne de jouer ici les ra­bat-joie, mais j’avoue n’être que peu convaincu par les va­ria­tions bas rock de notre ami Sting !

Sa voix n’est vrai­ment pas à la hau­teur, mais ce ju­ge­ment ne concerne que moi… Je connais un peu Dow­land et cer­tains de ses com­pa­triotes et suc­ces­seurs tel John Blow ou plus connu Henry Pur­cell et leur pré­fère de loin les in­ter­pré­ta­tions “clas­siques”

Je ne vois pas de quoi tu dois être dé­solé. Cer­tains aiment, cer­tains pas, je suis de ceux qui aiment. Et ce que j’aime en­core plus, c’est l’idée de sor­tir des chan­sons qui sont en­fer­mées à double tour dans le ré­per­toire clas­sique de leur ar­moire, pour belle qu’elle soit. Mais c’est une ques­tion de goût – les mé­tis­sages ont tou­jours été quelque chose qui m’a paru in­té­res­sant.

23)
coa­coa
, le 17.01.2007 à 12:52

Je m’étais fait la même ré­flexion en écou­tant pour la pre­mière fois cette chan­son de Sting qui rap­pe­lait au monde que les Russes sont eux aussi des êtres hu­mains (on en était là !). Je me di­sais que cette chan­son avait quelque chose de mé­dié­val dans sa to­na­lité gé­né­rale.

“Rus­sians”, chanté par Sting sur un thème ab­so­lu­ment ma­gni­fique alors em­prunté à Pro­ko­fiev (Leut­nant Kije, Op.60, 2ème mou­ve­ment “Ro­mance”). Une jolie façon de dire (un peu à la ma­nière de Bar­bara dans “Göttin­gen”) que les dif­fé­rences idéo­lo­giques ne sont pas tout.

Un titre splen­dide à re­dé­cou­vrir ici

24)
In­connu
, le 17.01.2007 à 12:54

Merci Anne pour cette dé­cou­verte et merci en­core plus pour la façon de pré­sen­ter cet en­re­gis­tre­ment.

Le ha­sard a fait que j’ai dé­cou­vert hier soir (en fai­sant des re­cherches sur les “en­fants in­di­gos” ou “en­fants étoiles” ou “en­fants ac­tuels”) une jeune chan­teuse qui vaut aussi le dé­tour. Je n’ai pas votre style; je serai donc plus bref:

ici

A tra­vers tout cela, on res­sent qu’il y a un sé­rieux be­soin d’une autre mu­sique.

PS. Sans ou­blier Eva Cas­sidy, dé­cé­dée hélas trop jeune, chan­tant “An­ni­ver­sary song”, entre autres.

25)
So­heil
, le 17.01.2007 à 16:59

Je suis d’ac­cord avec vous, Anne, pour la par­tie théo­rique de votre ex­posé (si j’ose dire). Mais je ne vous suis pas du tout pour la pra­tique. Je ne connais de la chan­son en gé­né­ral que les bribes qu’on en­tend in­évi­ta­ble­ment ici ou là, qu’on le veuille ou non, dans les lieux pu­bliques ou à la té­lé­vi­sion. Je dois dire que je suis al­ler­gique à l’usage im­mo­déré que fait notre époque de la bat­te­rie et de son suc­cé­dané nu­mé­rique et que je n’en­tends plus dans cette mu­sique que cette lo­co­mo­tive qui n’en finit pas de pas­ser. Je suis donc mau­vais pu­blic et je ne connais que très peu, et cer­tai­ne­ment très mal, la mu­sique de Sting. Mais il y a long­temps que je me dis que des airs de Dow­land ou des lie­der de Schu­bert pour­raient fa­ci­le­ment être re­pris par des chan­teurs po­pu­laires qui pour­raient très bien les in­ter­pré­ter ac­com­pa­gnés d’une gui­tare, et que cette mu­sique qui me semble ca­pable de tou­cher un large pu­blic at­tein­drait ainsi tous ceux que la voix “clas­sique” re­bute. Aussi, quand j’ai vu que Sting ve­nait d’en­re­gis­trer Dow­land j’ai ac­cueilli la nou­velle avec un a priori po­si­tif. Je suis allé écou­ter quelques ex­traits à la fac (il manque une lettre mais c’est pour qu’on ne m’ac­cuse pas de faire de la pu­bli­cité dé­gui­sée), et mal­heu­reu­se­ment je dois dire que j’ai été très déçu. Le monde n’est pas di­visé en mau­vais pu­ristes d’un côté et gen­tils membres de l’autre — je ca­ri­ca­ture, mais re­con­nais­sez que vous et Oka­zou le faites aussi (Oka­zou va même jus­qu’à par­ler d’in­té­grisme). La vé­rité est plus simple: on peut ne pas aimer cet album, et je ne l’ai pas aimé, pour la simple rai­son que Sting chante mal. Je ne le connais pas dans son ré­per­toire ha­bi­tuel, mais là il ne chante pas Dow­land, il le mas­sacre. Par­don­nez-moi de venir mettre une fausse note dans ce concert de louanges. Je n’ai rien contre Sting, qui est cer­tai­ne­ment quel­qu’un de très gé­né­reux, cou­ra­geux et sym­pa­thique, mais j’es­père seule­ment que son exemple sera suivi par d’autres chan­teurs que lui parce que là il ne m’a pas du tout convaincu.

P.S. Nous avons eu la chance de pou­voir en­tendre au mois de dé­cembre à Ge­nève, à l’oc­ca­sion d’un mini-fes­ti­val de mu­sique arabo-an­da­louse, les Can­ti­gas de Santa Maria (com­pi­lés par Al­phonse X le Sage, ou le Sa­vant) in­ter­pré­tés par l’en­semble Gilles Bin­chois, Do­mi­nique Vel­lard et Fran­çoise Atlan. Si vous avez man­qué le concert il reste le disque qui cor­res­pond exac­te­ment au pro­gramme de ce concert. C’est une ma­gni­fique in­ter­pré­ta­tion de chants vieux de 800 ans, dont les ac­cents po­pu­laires tou­che­ront im­mé­dia­te­ment, je crois, tous ceux qui sont ré­frac­taires au chant clas­sique.

26)
Anne Cuneo
, le 17.01.2007 à 17:13

La vé­rité est plus simple: on peut ne pas aimer cet album, et je ne l’ai pas aimé, pour la simple rai­son que Sting chante mal.

Pre­mière par­tie de la pro­po­si­tion: c’est évident que tout ne peut pas plaire à tout le monde. Le disque de Sting a un pu­blic, dont je fais par­tie, et dont vous ne faites pas par­tie, par­fai­te­ment OK.

Deuxième par­tie de la pro­po­si­tion: pour la simple rai­son que Sting chante mal. Non cher ami, vous ne faites pas par­tie du pu­blic de Sting PARCE QUE VOUS N’AI­MEZ PAS SA VOIX, OU LA MA­NIèRE DONT IL CHANTE.

Qu’il s’agisse de Sting ou d’un autre ar­tiste, je n’ai ja­mais pu ac­cep­ter qu’on dise qu’ils (elles) peignent, écrivent, chantent, jouent, com­posent, pho­to­gra­phient etc. MAL. On n’aime pas. C’est autre chose. Rap­pe­lez-vous que Gide a re­fusé Proust à la NRF parce qu’il trou­vait que c’était mal écrit – exemple clas­sique. D’autres ont trouvé que c’était gé­nial, et ceux qui s’y sont at­ta­qués sont en­core au­jour­d’hui di­vi­sés en deux camps. Camp a) j’adore, camp b) qu’est-ce qu’on lui trouve? Alors, vous n’ai­mez pas Sting chan­tant Dow­land, c’est votre droit le plus strict. Mais il ne chante pas “mal”. Il chante d’une ma­nière que vous n’ai­mez ou n’ap­prou­vez pas. Nuance.

27)
alec6
, le 17.01.2007 à 17:36

Il ne chante pas MAL, certes, mais à mon sens sa voix ne mets pas en va­leur la mu­sique de Dow­land. J’ai le sen­ti­ment en écou­tant ces ex­traits d’en­tendre avant tout du Sting et non du Dow­land. Il s’agit là d’in­ter­pré­ta­tion et non d’une œuvre écrite pour et par Sting.

Pa­va­roti chan­tant Dow­land tom­be­rait à mon sens dans le même tra­vers… il fe­rait du Pa­va­roti. C’est là toute la dif­fi­culté de l’in­ter­pré­ta­tion : res­pec­ter une œuvre tout en y ap­por­tant sa fac­ture et sa sen­si­bi­lité.

Mais je le ré­pète, l’in­té­rêt de ce tra­vail est dans la dé­cou­verte que per­met Sting de Dow­land… et c’est déjà pas si mal. Ce en quoi je te re­joins Anne (mais ne dit pas que tu es une Béo­tienne parce que tu ap­pré­cies l’in­ter­pré­ta­tion de Sting… il y a bien pire en terres de Béo­tie !)

28)
Anne Cuneo
, le 17.01.2007 à 17:55

Il ne chante pas MAL, certes, mais à mon sens sa voix ne mets pas en va­leur la mu­sique de Dow­land.

Ben tu vois, CQFD. Pour moi oui. J’aime aussi Al­fred Del­ler, j’ai aimé à la folie Thierry Dagon l’été der­nier à la Val­lée de Joux, qui chan­tait mer­veilleu­se­ment le même ré­per­toire que Sting avec une voix cde contre-te­nor ma­gni­fique. Mais j’aime aussi Sting, pour moi il met en va­leur quelque chose D’AUTRE que les contre-te­nors.

J’ai le sen­ti­ment en écou­tant ces ex­traits d’en­tendre avant tout du Sting et non du Dow­land. Il s’agit là d’in­ter­pré­ta­tion et non d’une œuvre écrite pour et par Sting.

Tu as par­fai­te­ment rai­son. Le mot clef est in­ter­pré­ta­tion. Moi, j’en­tends là-de­dans Sting IN­TER­PRE­TANT de la mu­sique qui n’était pas écrite pour lui. J’aime ça. Il a le droit, non? Comme le re­mar­quait quel­qu’un plus haut, cha­cun est libre de ne pas écou­ter. Moi, je si­gnale, parce que j’aime.Tout comme j’aime Thierry Dagon. Après, cha­cun en fait ce qu’il veut.

Je me de­mande pour­quoi ce type d’ec­clec­tisme est si dur à faire pas­ser, et si mal ac­cepté (pas seule­ment ici).

29)
Oka­zou
, le 17.01.2007 à 18:54

« Je ne le [Sting] connais pas dans son ré­per­toire ha­bi­tuel, mais là il ne chante pas Dow­land, il le mas­sacre. »

L’homme, de­puis tou­jours, vit dans une so­ciété qui n’est rien d’autre qu’un sy­tème d’in­ter­ac­tions. Les plus grands ar­tistes se sont tou­jours em­pa­rés des pro­duc­tions du peuple pour les mettre à leur sauce, tu le sais, les exemples fa­meux ne manquent pas. Le peuple a tou­jours su s’ap­pro­prier le tra­vail des ar­tistes pour le mettre à sa sauce, tu ne l’ignores pas non plus même si tu le sais moins. Cette in­ter­ac­tion per­ma­nente brasse les in­ven­tions des uns et des autres pour le plus grand pro­fit des œuvres et le plus grand bien de l’hu­ma­nité. C’est ainsi et c’est su­perbe.

Sans vou­loir te frois­ser, je pense que quand tu pré­tends que Sting « mas­sacre » Dow­land, tu fais une confu­sion. Tu au­rais peut-être dû dire que Sting mas­sacre la vi­sion que tu as des airs de Dow­land (qui est si per­son­nelle qu’elle ne peut qu’être unique). Cette im­pres­sion que tu peux res­sen­tir est sans doute pro­vo­quée par le fait que tu as figé une fois pour toutes, pour des rai­sons in­times, ce que l’œuvre de Dow­land doit être à tes yeux. Mais ce ne sont que tes yeux et tu ne les ouvres peut-être pas suf­fi­sam­ment pour ima­gi­ner d’autres in­ter­pré­ta­tions pos­sibles.

Rien n’est figé dans le marbre, la vie est une longue dy­na­mique in­in­ter­rom­pue et s’il plaît à un peintre de s’ins­pi­rer de la Jo­conde pour nous la mon­trer au­tre­ment, grand bien lui fasse et à nous aussi.

j’ajou­te­rai que ce qu’à fait Sting de l’œuvre de Dow­land est un ma­gni­fique mar­che­pied vers l’ac­cès des ama­teurs de Sting à Dow­land.

30)
Oka­zou
, le 17.01.2007 à 18:59

« Je me de­mande pour­quoi ce type d’ec­clec­tisme est si dur à faire pas­ser, et si mal ac­cepté (pas seule­ment ici). »

Cela dé­pend beau­coup de l’idée qu’on porte réel­le­ment à la li­berté. Les es­prits vrai­ment ou­verts, peu sou­mis à l’ha­bi­tude, au pli, au moule, les es­prits vrai­ment cu­rieux et ac­cueillants sont mal­heu­reu­se­ment peu nom­breux et il nous ar­rive à tous des ir­rup­tions, même pas­sa­gères, d’in­té­grisme sur des su­jets, dans des do­maines où l’on ouvre moins son es­prit, sa cri­tique. Je dis bien sa cri­tique car c’est bien elle qui nous sauve de l’in­té­grisme par le fait qu’elle nous per­met de re­mettre à tout mo­ment en cause, lorsque sur­git un « évé­ne­ment » nou­veau, le point de vue que l’on avait jus­qu’alors sur la chose en ques­tion.

La cri­tique est bien le meilleur dé­fen­seur de la li­berté et le meilleur outil de re­cherche de la vé­rité, cette mer­veilleuse uto­pie de la vé­rité qui pro­cure, qui offre une di­rec­tion à notre pen­sée.

31)
Anne Cuneo
, le 17.01.2007 à 19:03

Une pe­tite ques­tion: tu parles de blogs mu­si­caux, pour­rais-tu nous don­ner quelques adresses?

Je fais tou­jours la même er­reur, je passe des heures sur in­ter­net à cher­cher, et puis je ne note pas. Je n’ai donc pas de ré­fé­rences à te don­ner. Il faut cher­cher sous Sting et puis dans les ré­sul­tats sous La­by­rinth, et tu trouves assez vite…

32)
Oka­zou
, le 17.01.2007 à 19:18

« J’ai le sen­ti­ment en écou­tant ces ex­traits d’en­tendre avant tout du Sting et non du Dow­land. »

La voix est l’ins­tru­ment le plus per­son­nel, le mieux signé. C’est in­con­tour­nable, quel que soit le do­maine d’ex­pres­sion de la voix. Une voix im­per­son­nelle est-elle une voix ?

Heu­reu­se­ment que c’est Sting que l’on en­tend ! Sting chan­tant Dow­land. Voilà bien l’in­té­rêt de la chose.

33)
Iris
, le 17.01.2007 à 21:00

A la pre­mière écoute, j’avoue que j’ai été un peu ré­ti­cente quant à sa voix. Mais après avoir écouté at­ten­ti­ve­ment plu­sieurs mor­ceaux sur les sites pro­po­sés, je dois re­con­naître que ça se marie pas si mal que ça. Et comme j’aime beau­coup ce genre de mu­sique, je vais sans doute m’of­frir ce disque.

J’ap­pré­cie aussi le fait qu’il ne se soit pas em­pressé d’en­re­gis­trer des chan­sons aus­si­tôt qu’il ait connu Dow­land, mais qu’il ait laissé mûrir cette envie pen­dant des an­nées, jus­qu’au mo­ment où il était prêt à le faire au mieux. Un autre signe que Sting est un gars bien.

Merci pour la dé­cou­verte.

34)
So­heil
, le 18.01.2007 à 11:39

Ceux qui re­grettent que le phrasé de Sting manque de ci, que sa voix manque de ça, ce sont les spé­cia­listes. Un aria d’opéra est écrit pour eux. Le po­pu­laire s’en em­pare en­suite par­fois, mais c’est ac­ces­soire. Tan­dis qu’une chan­son, c’est d’abord fait par être chanté par tous

Quelques mots pour vous re­mer­cier, Anne et Oka­zou, d’avoir pris la peine de nuan­cer mes pro­pos. J’au­rais pré­féré que vous nuan­ciez les vôtres d’abord et c’est pour­quoi j’ai dé­cidé au der­nier mo­ment d’ef­fa­cer les trois mots (“je trouve que”) qui pré­cé­daient mon af­fir­ma­tion à l’em­porte pièce (Sting chante mal) de ma­nière à la rendre en­core plus agres­sive. Dans la phrase que je cite, Anne, vous ne nous lais­siez guère le choix qu’entre Sting et l’opéra. C’était sans doute pour faire plus court, mais c’était for­cé­ment ré­duc­teur: le par­ti­cu­lier était nié au pro­fit du gé­né­ral. Et quand j’ai vu Oka­zou vous em­boî­ter le pas en par­lant d’in­té­grisme, j’ai dé­cidé de sor­tir de mon mu­tisme ha­bi­tuel. Parce qu’il me semble au contraire que c’est quand on nie le cas par­ti­cu­lier que l’on peut par­ler d’in­té­grisme.

J’ai en­tendu der­niè­re­ment une spé­cia­liste en his­toire de l’art s’ex­pri­mer au sujet de l’échec de l’ha­billage des pro­duits Cailler. Elle en dé­dui­sait que pour le pu­blic il de­meure dif­fi­cile d’as­so­cier cho­co­lat et mo­der­nité et que le kitsch vieillot est plus ven­dable. Selon elle Cailler fai­sait oeuvre de pion­nier et c’était le pu­blic qui n’était pas en­core prêt à fran­chir ce pas . Son ana­lyse était un peu courte parce qu’elle n’en­vi­sa­geait pas une se­conde que l’échec pou­vait être dû à CE de­sign et à CE gra­phisme qui n’était pas for­cé­ment re­pré­sen­ta­tif de TOUTE la mo­der­nité. D’ailleurs les cho­co­lats Ri­chart, pour ne citer qu’un exemple parmi d’autres, ont prouvé de­puis long­temps que le cho­co­lat se marie très bien avec une forme de mo­der­nité. Mais c’est évi­dem­ment plus fa­cile de re­je­ter la faute sur le pu­blic en gé­né­ral que de re­cher­cher ce qui dans ce cas par­ti­cu­lier n’a pas bien fonc­tionné.

Pe­tite pa­ren­thèse à l’in­ten­tion d’Oka­zou (“Mais ce ne sont que tes yeux et tu ne les ouvres peut-être pas suf­fi­sam­ment pour ima­gi­ner d’autres in­ter­pré­ta­tions pos­sibles.”): je ne met­tais pas en cause l’idée qu’un chan­teur quel qu’il soit chante Dow­land, au contraire je m’en ré­jouis­sais, mais, comme je di­sais dans ma conclu­sion, ce­lui-ci ne m’avait pas convaincu et j’at­ten­dais qu’un autre chan­teur le fasse mieux que lui. Je n’ai donc pas l’im­pres­sion d’avoir les yeux fer­més, au contraire, puisque j’ima­gine que d’autres in­ter­pré­ta­tions (y com­pris d’autres que celle de Sting) sont pos­sibles.

Cela dit, mon in­ter­ven­tion sur cette ques­tion est elle-même un cas par­ti­cu­lier qui n’en­lève rien à l’in­té­rêt et au plai­sir que j’ai de vous lire ha­bi­tuel­le­ment (je m’adresse de nou­veau aux deux). L’in­tran­si­geance est à la me­sure de l’es­time, dont elle est l’em­preinte né­ga­tive. Je te­nais à vous le dire avant de re­tour­ner à mon si­lence.

35)
alec6
, le 18.01.2007 à 12:30

Juste pour la blague, voici une anec­dote que l’on at­tri­bue à Jean Coc­teau :

_ Mais mon cher Coc­teau, vous n’avez donc pas aimé ce film ?

_ He bien, non.

_ Pour­tant le grand pu­blic l’a adoré…

_ C’est bien le seul !

Ps : M’sieur So­heil pour­rait s’abs­te­nir de finir son in­ter­ven­tion par une pi­rouette en forme d’apho­risme… et de ra­jou­ter avant de re­tour­ner à mon si­lence. Que nenni ! quand on s’ex­prime de la sorte, on se doit de re­ve­nir plus sou­vent ! non mais ! :-)

36)
nic
, le 18.01.2007 à 14:33

j’adore dow­land de­puis que vers 18 ans j’ai de­cou­vert des vi­niles de mon pere, quand il avait vingt ans il ecou­tait Dow­land (et autres mu­siques an­tiques) et les contem­po­rains comme Ed­gard Va­rese, Luigi Nono etc… j’ai de­cou­vert ces disque et j’ai beau­coup aimé! (c’etait plus ou moins le mo­ment ou je com­men­cait à faire de la mu­sique)

de­puis j’ai beau­coup ecouté john down­land, sur les vi­niles de mon pere, ou des cd de al­fred del­ler ou la hil­liard en­semble. et j’ai tou­jours trouvé dom­mage que per­sonne (ou tres peu de gens) dans mon en­tou­rage ne connais­sait john dow­land.

j’aime beau­coup sting, ou plu­tot j’aime beau­coup cer­tains choses qu’il a fait, et je n’aime pas du tout cer­tains truc plus re­cents. the po­lice c’est un des mes groupe fa­vo­ris, mais j’ai trouvé fan­tas­tique la voie qu’il a pris en les quit­tant en choi­sais­sant des mu­si­ciens de jazz pour son debut solo. avez vous vu le film Bring on the night?

quand j’ai su que sting en­re­gis­trait du dow­land j’en etais presque emu dans l’at­tente, et quand il est sorti j’etais tres content, j’aime sa voix, j’aime cette mu­sique et ces pa­roles. le texte dans le li­vret aussi est beau à lire. par contre d’une cer­taine façon j’etais un peu deçu, je m’at­ten­dais à quelques in­ter­pre­ta­tions plus “conta­mi­née” par son back­ground mu­si­cal

la mu­sique de dow­land etait vrai­ment po­pu­laire, il y a de par­ti­tions de ses chan­sons ou sur la meme page on a les notes et les pa­roles pour plu­sieurs mu­si­ciens/chan­teurs, ecrite de facon que on peut s’as­soir au­tour d’une table avec la par­ti­tion au mi­lieu et tout le monde peut lire.

il y a aussi deux cd sorti pour le label ECM qui sont ma­gni­fiques! John Dow­land – In Dark­ness Let Me Dwell avec e.a. le chan­teur John Pot­ter, de l’hil­liard en­semble et John Sur­man sax et cla­ri­nette basse ce pre­mier cd avec des mu­siques de dow­land. et un deuxieme sor­tie en 2001 The Dow­land Pro­ject – Care-char­ming sleep

avec des autres com­po­si­teurs de la meme per­iode. tout sim­ple­ment ma­gni­fique!!! sur­tout ce deuxieme à ache­ter (et ecou­ter) les yeux fer­més ;-)

voilà! ah avant que j’ou­blie, quel­qu’un ici par­lait de la bat­te­rie, trop pre­sente dans les mu­siques ac­tuelles, ça tombe bien parce ven­dredi soir (19 jan­vier) je joue à ro­ma­nel/lau­sanne avec un qua­tuor de bat­te­rie!!! room 02

que des bat­te­ries! et je vous pro­mets que c’est super! et sur­tout in­at­tendu!

quatre bat­te­ries sur une même scène, quatre bat­teurs qui jouent en même temps, quatre vi­sions dif­fé­rents du même ins­tru­ment , quatre per­son­na­li­tés dis­tinctes, rythme et mé­lo­die, puis­sance et sen­si­bi­lité, hu­mour et drame, et sur­tout des sons…

voilà pour la pub ;-)

a bien­tot

ciao, n

37)
zi­touna
, le 18.01.2007 à 16:19

Merci pour cet ar­ticle, Anne ton en­thou­siasme est vrai­ment com­mu­ni­ca­tif, car j’ai eu envie d’écou­ter ce disque, bien qu’ayant un a priori très dé­fa­vo­rable quand à cet ar­tiste. Au­tant j’adore les deux pre­miers disques de The Po­lice (Out­lan­dos d’amour et Re­gatta de blanc), au­tant je n’ap­pré­cie pas du tout ce qu’ils ont fait par la suite (tout n’est pas en­core à jet­ter dans Ze­niatta mon­datta, mais on sent une in­fluence gran­dis­sante de la miè­vre­rie lou­kou­meuse de soupe en boîte pré­di­gé­rée de Sting, beuark!) et en­core moins, évi­dem­ment le Sting, qui li­béré de ses com­pa­gnons de la pre­mière heure à pu don­ner libre cours à ses pen­chants si­ru­peux…
Oka­zou, je confirme, il n’est pas un chan­teur de rock!
Alec6, concer­nant la “li­berté d’in­ter­pré­ta­tion”, je ne peux pas juger sur ce cas par­ti­cu­lier, n’ayant pas écouté le disque com­mis par Sting et n’ayant au­cune ex­pé­rience de la mu­sique de Down­load (sic), ce­pan­dant, ce qui me plait le plus, dans le jazz le blues ou la mu­sique la­tine par exemple, ce sont jus­te­ment les dif­fé­rentes in­ter­pré­ta­tions du même mor­ceau par des ar­tistes qui mettent leurs tripes dans “leur” ver­sion… Que toutes les ver­sions ne soient pas de mon goût, c’est bien pos­sible, mais par­fois, il m’ar­rive d’avoir du mal à choi­sir entre une in­ter­pré­ta­tion “clas­sique”, conve­nue, voire la pre­mière ver­sion en­re­gis­trée d’un mor­ceau et une “ex­pé­rience in­édite” sur le même thème.

z (c’est ri­golo, le vélo avec tout ce vent – 75km/h dans le nez, il vaut mieux en rire! et sur­tout, ne pas être pressé ;o)

38)
nic
, le 18.01.2007 à 16:34

ah j’al­lais ou­blier: il y a un dvd qui va sor­tir :-)

zi­touna, in­ter­es­sant le theme des in­ter­pre­ta­tion, sur une mai­ling liste je me sou­viens une longue dis­cus­sion à pro­pos des “co­vers”, di­verses ecoles… la pho­to­co­pie du mor­ceau, l’hom­mage, la re-ecri­ture du mor­ceau, la ver­sion “je prend le mor­ceau et je le chante à MA ma­niere”, etc… par ex. vous connais­sez la ver­sion de “love is blind­less” de U2 chan­tée par Cas­san­dra Wil­son? ma­gni­fique! un chan­teur ita­lien, Vasco Rossi, en com­men­tant une ver­sion d’une de ses chan­sons in­ter­preté par Fio­rella Man­noia, a dit: “j’ai ecrit la chan­son pour elle et je ne le sa­vais pas” c’est un beau com­pli­ment, non? que di­rait-il dow­land des in­ter­pre­ta­tions de sting?

ciao, n

39)
Oka­zou
, le 18.01.2007 à 19:01

« Et quand j’ai vu Oka­zou vous em­boî­ter le pas en par­lant d’in­té­grisme, j’ai dé­cidé de sor­tir de mon mu­tisme ha­bi­tuel. Parce qu’il me semble au contraire que c’est quand on nie le cas par­ti­cu­lier que l’on peut par­ler d’in­té­grisme. »

Il ne s’agit pas de nier le cas par­ti­cu­lier, So­heil, mais de ra­me­ner le cas par­ti­cu­lier à sa juste place dans le cas gé­né­ral. Cha­cun est unique dans la mul­ti­tude mais n’exis­te­rait pas sans elle. Seule une vi­sion en al­ler-re­tour (du ma­cro­sco­pique au mi­cro­sco­pique et re­tour) per­met de mettre les choses à leur place et de pas­ser à côté des points de vue trop et seule­ment par­ti­cu­liers qui fondent l’in­té­grisme.

Plus clai­re­ment dit, l’in­té­griste est celui qui ne voit le monde que de son point de vue qui est trop par­ti­cu­lier pour être juste mais il ne veut pas le sa­voir.

Je m’as­so­cie à alec-6 pour sou­hai­ter ne pas te voir dis­pa­raître dans l’ombre de ces pages.

40)
Oka­zou
, le 18.01.2007 à 19:02

« il y a aussi deux cd sorti pour le label ECM qui sont ma­gni­fiques! John Dow­land – In Dark­ness Let Me Dwell avec e.a. le chan­teur John Pot­ter, de l’hil­liard en­semble et John Sur­man sax et cla­ri­nette basse ce pre­mier cd avec des mu­siques de dow­land. et un deuxieme sor­tie en 2001 The Dow­land Pro­ject – Care-char­ming sleep »

nic, tu me fais très plai­sir à citer John Sur­man. Voilà un homme dont on peut dire que c’est un mu­si­cien au ser­vice de la mu­sique.

Quand j’en veux aux An­glais (ça m’ar­rive) je pense à John Sur­man et je me ré­con­ci­lie aus­si­tôt avec l’An­gle­terre !

On dit com­mu­né­ment que John Sur­man est un jazz­man qui joue des saxos (du so­prano au ba­ry­ton) et de la cla­ri­nette basse. On n’a pas tort, bien sûr, mais on de­vrait mettre en exergue son amour de la mu­sique tout en­tière, la mu­sique sans fron­tière. Il est re­de­vable au jazz de lui per­mettre d’ex­pri­mer sa mu­sique en toute li­berté, na­tu­rel­le­ment, le jazz est sans doute la seule forme mu­si­cale réel­le­ment ou­verte sur toutes les formes de mu­sique, du blues des ra­cines à la mu­sique contem­po­raine, mais il lui ap­porte beau­coup en re­tour. Le jazz trouve des ac­coin­tances avec toutes les mu­siques du monde, toutes les formes de mu­sique et les mu­siques de tous les temps. En toute li­berté. John Sur­man, s’il est re­connu par ses pairs est mé­connu du pu­blic. Il y a là une in­jus­tice qu’il faut cor­ri­ger.

Quand on rentre à la mai­son après une jour­née un peu lourde, on se pose avec un verre de ce qu’on aime et on écoute John Sur­man.

41)
Anne Cuneo
, le 18.01.2007 à 22:59

il y a aussi deux cd sorti pour le label ECM qui sont ma­gni­fiques! John Dow­land – In Dark­ness Let Me Dwell avec e.a. le chan­teur John Pot­ter, de l’hil­liard en­semble et John Sur­man sax et cla­ri­nette basse ce pre­mier cd avec des mu­siques de dow­land. et un deuxieme sor­tie en 2001 The Dow­land Pro­ject – Care-char­ming sleep

Je suis allée sur le site de ECM, mal­heu­reu­se­ment, ils ne donnent même pas 30 se­condes pour écou­ter un mor­ceau, juste pour me faire une idée. Mais je vais suivre ta sug­ges­tion, fer­mer les yeux et y aller. Ache­ter le CD, je veux dire.

Dans la phrase que je cite, Anne, vous ne nous lais­siez guère le choix qu’entre Sting et l’opéra. C’était sans doute pour faire plus court, mais c’était for­cé­ment ré­duc­teur: le par­ti­cu­lier était nié au pro­fit du gé­né­ral.

Ça c’est dans le com­par­ti­ment de l’in­ter­pré­ta­tion dé­li­rante. Je fai­sais un rap­pro­che­ment – mais dire que JE NE LAISSE AUCUN CHOIX ENTRE STING ET L’OPERA, c’est ne pas com­prendre le sens d’un exemple. Je ne serai pas aussi pa­tiente qu’Oka­zou, qui ex­plique d’ailleurs très bien, et je vous se­rais re­con­nais­sante d’y re­gar­der à deux fois avant de me faire la leçon sur la ma­nière dont je de­vrais trai­ter le re­la­tif et l’ab­solu (oui, d’ac­cord, je tra­duis vos pro­pos en termes plus abs­traits). Je ne pré­tends rien im­po­ser à per­sonne. J’ai parlé d’un coup de coeur, cartes sur table, à la troi­sième ligne. Je ne vois pas où vous voyez de l’in­tran­si­geance dans mon pro­pos. Tout ceci étant dit, je trouve un peu dur que vous lan­ciez une dis­cus­sion et que vous di­siez en conclu­sion que vous vous tai­rez en­suite. Je ne pen­sais pas que Sting-Dow­land crée­rait le débat que nous avons, mais il le crée, et je trouve cela in­té­res­sant.

42)
THG
, le 20.01.2007 à 00:03

Ah mer­veilleux! la to­lé­rance, la li­berté de pen­ser lais­sée aux autres, la com­pré­hen­sion d’autres points de vue, quelles belles qua­li­tés, et comme je vous fé­li­cite d’en faire preuve… Et merci de cré­di­ter de deux francs les opi­nions que je peux avoir, et que j’ex­prime dans le contexte que j’es­time juste.

Anne

Anne, je suis le pre­mier à par­cou­rir la presse in­ter­na­tio­nale pour sa­voir ce que pensent les “autres” ( on se croi­rait dans Lost… ). Je vous re­proche sim­ple­ment de ne pas avoir su vous em­pê­cher de pla­cer une cer­taine re­marque dans un sujet to­ta­le­ment apo­li­tique. En ce qui me concerne, ayant la chance de tra­vailler dans votre beau pays, pour des gens ef­fi­caces, j’ai du subir, comme tous les fron­ta­liers, le mé­pris et le rejet d’une cer­taine gauche et d’une cer­taine per­sonne, maire de Lille, qui s’était mis en tête de rac­quet­ter des gens comme moi sous pré­texte que nous bé­né­fi­cions du taux de change. Tout en ou­bliant que nous payons nos im­pôts en France, comme il se doit, et, qu’à l’époque, ces taxes étaient cal­cu­lées sur nos sa­laires réels, tan­dis que l’in­dem­nité cho­mage était cal­cu­lée sur un re­venu équi­valent en France… Avec les dé­cla­ra­tions du com­pa­gnon de la can­di­date de gauche, à pro­pos des im­pôts, il est clair que nos votes vont se por­ter là ou il faut. A votre grand déses­poir, certes, mais je vous in­vite à venir plus sou­vent chez nous, vous ver­rez que ce n’est pas si mal que ça, et qu’on écoute aussi du Sting et du luth, dont il sub­site en­core une ma­nu­fac­ture tra­di­tion­nelle dans les Vosges…

43)
Oka­zou
, le 20.01.2007 à 00:41

THG, tu ne te rends même pas compte que tu n’as aucun droit sur l’écri­ture d’Anne !

Ça te colle des bou­tons que l’on se per­mette de pen­ser que ton héros (!) puisse être cri­ti­qué, et par une étran­gère, en plus ! In­sup­por­table crime de lèse-ma­jesté et d’em­pê­che­ment de men­tir en rond.

Alors tu cherches un motif de cen­sure (car tu es bien comme ton maître : sans tes ta­lon­nettes…) et tu trouves ! Tu dé­crètes que lorsque Anne parle mu­sique, elle doit « s’em­pê­cher de pla­cer “une cer­taine re­marque” dans un sujet apo­li­tique ».

Si Anne juge qu’elle peut com­pa­rer les in­té­gristes de la mu­sique à ceux qui ont tenté de cen­su­rer ici même son opi­nion et son droit à l’ex­pri­mer, elle en est seule juge et tu n’as fran­che­ment pas à la ra­me­ner, tu n’as aucun droit de re­gard sur les écrits de qui­conque. Ton droit à toi c’est de contes­ter ce qu’elle avance, pas de l’em­pê­cher de l’avan­cer.

C’est chiant, la li­berté des autres, n’est-ce-pas ? T’in­quiète, si ton co­pain passe, il ar­ran­gera ça. Puis­qu’avec lui « tout est pos­sible », sur­tout le pire.

Quant à consi­dé­rer que la culture et l’art sont des su­jets apo­li­tiques, il y avait long­temps qu’on nous l’avait faite, celle-là. Elle se­rait bien bonne si elle ne si­gnait une « pen­sée » pro­fon­dé­ment ré­ac­tion­naire et li­ber­ti­cide.

« il est clair que nos votes vont se por­ter là ou il faut. »

Parce ce que vous êtes plu­sieurs ?

P.S. : Ah, oui ! Tu ne t’es même pas ex­cusé pour les « ana­lyses à deux balles ». Tu ne dois pas être Fran­çais toi. En France, on est poli et même, par­fois, cour­tois. Comme l’amour chez Dow­land.

Le monde n’est pas une mar­chan­dise.

44)
alec6
, le 20.01.2007 à 12:08

THG, en sep­tembre, tu nous an­non­çais : Que les choses soient bien claires : je n’aime pas Sarko, je ne vo­te­rai pas pour lui… en ré­ponse à l’ar­ticle d’Anne “Cette jeu­nesse qui dit tri­ba­le­ment NON”…

Dé­solé, mais j’ai le sen­ti­ment du contraire à tra­vers tes pro­pos. Certes, nous sommes en dé­mo­cra­tie et la li­berté de cha­cun est en­tière, mais dans ce cas il faut as­su­mer ses choix. Peu me chaud que l’on vote sarko ou pas (même si je pré­fère cette der­nière so­lu­tion), mais dans tous les cas de fi­gure il faut ac­cep­ter qu’Anne ou d’autres s’ex­priment sur ce sujet, fusse en di­gres­sant à pro­pos de Dow­land.

A ce pro­pos il est pos­sible d’écou­ter des ex­traits du disque “John Dow­land – In Dark­ness Let Me Dwell ” sur le site Ama­zon… que j’ai d’ailleurs com­mandé. Merci Nic de me l’avoir fait dé­cou­vrir.

45)
Anne Cuneo
, le 20.01.2007 à 17:42

Merci à tout ceux qui ont ré­pondu en mon ab­sence au Post No 42 de THG. Je les dé­couvre en ren­trant de deux jours d’ab­sence de mon or­di­na­teur. In­té­res­sante l’idée qu’on ne peut pas in­tro­duire un exemple po­li­tique dans un ar­ticle apo­li­tique… dont le débat prouve d’ailleurs qu’il n’est pas si apo­li­tique que ça, puis­qu’il y est ques­tion d’abo­li­tion des fron­tières (mu­si­cales, en l’oc­cur­rence), de to­lé­rance des goûts des autres, de la nuance entre“c’est pas beau” (ex­pres­sion de l’in­to­lé­rance) et “je n’aime pas”, (ex­pres­sion de son propre libre ju­ge­ment). Le sujet est donc émi­nem­ment po­li­tique, au sens large – et l’exemple de l’at­ti­tude qu’ont eue en sep­tembre der­niers quelques Fran­çais de France à mes pro­pos, per­son­nels et sub­jec­tifs, à pro­pos de Sar­kozy, reste ICI d’une to­tale per­ti­nence.

THG ne se gêne d’ailleurs pas pour in­tro­duire dans cette dis­cus­sion sur la mu­sique et les goûts des ar­gu­ments de po­li­tique lo­cale fran­çaise.