Dernièrement, j’ai eu le plaisir d’acquérir un livre tout à fait particulier, écrit par un de mes amis genevois, Daniel Deshusses : «Portraits, ou coups de cœur en classe d’accueil pratique», il est édité aux Éditions du Tricorne.
À Genève, comme dans plusieurs cantons suisses, les classes d’accueil sont des structures permettant d’intégrer des jeunes non francophones dans le système scolaire. Devant un afflux d’adolescents très peu scolarisés, le département de l’Instruction publique décide de créer des classes atelier. Les jeunes y recevront à travers les travaux manuels, les connaissances de base nécessaires pour entrer dans la vie professionnelle. Nous sommes en 1985.
Daniel Deshusses a été le premier maître d’atelier de ces classes. Dans son recueil, il nous parle de quelques jeunes, venus de partout à travers le monde, qui l’ont frappé d’une manière ou d’une autre par leur comportement, leurs réactions, leurs manières, leurs agissements. Ces enfants déracinés, arrivés avec ou sans leur famille en quête de mieux vivre, ont été croqués au fil des années par l’auteur, comme un portraitiste esquisse l’ébauche de ses personnages: l’essentiel est là, en filigrane, riche de sa différence d’avec nos propres enfants. Que deviendra cet adolescent une fois adulte? On ne sait, mais on peut presque le deviner à la manière dont ses traits de caractère nous sont donnés par petites touches délicates. Aucun jugement. C’est drôle, tendre, fort, vrai…
Ce sont des récits sur les différences culturelles et sociales de par le monde, que décrit ici l’enseignant avec délicatesse, humour… et beaucoup d’amour.
C’est un petit livre que l’on peut obtenir :
- auprès de l’auteur daniel.deshusses@bluewin.ch,
- aux Éditions du Tricorne, 31 rue Lissignol, 1201 Genève
- dans les librairies.
Évidemment, la presse n’en a pas parlé, mais je le conseille vivement aux amateurs de récits. Il m’a fait rire et il m’a mis les larmes aux yeux.
Moi, je l’ai vraiment aimé.
, le 21.09.2006 à 00:29
Bon dieu, Roger, que c’est bon de te lire !
Tu viens, comme ça, l’air de rien, nous rappeler que lorsque les journaux parlent d’immigrés, d’étrangers, ils en profitent pour ne pas nous parler de Untel ou Unetelle, avec ses joies et ses peines, ses bonheurs et ses souffrances, son caractère, ses qualités et ses défauts d’être humain fait de chair et de sang.
Au fait, n’y aurait-il pas, ces temps-ci, en Suisse, une votation portant sur ces humains venus d’ailleurs nous apporter la richesse de leur personnalité ?
—
Un autre monde est possible.
, le 21.09.2006 à 01:10
Oh oui, Okazou, c’est pour dimanche prochain. Et cette loi va passer avec un score qui avoisinnera vraisemblablement les 65%. Parce qu’en Suisse, on ne mesure pas la richesse d’un étranger à sa personnalité, mais à l’épaisseur de son portefeuille.
Et je suis suisse !
, le 21.09.2006 à 06:17
Hervé, croyons à un miracle pour dimanche.
, le 21.09.2006 à 08:40
Merci beaucoup, Roger, de nous fournir une telle humeur. Je pense aller de ce pas suivre vos conseils et acheter une oeuvre abordant ce délicat sujet par une lorgnette autrement plus attractive que celle du camarade Christoph B.
Sur la dérive du sujet initial, je pense que cette fois-ci, toutes les bonnes âmes suisses ne suffiront pas à endiguer les peurs infondées des autres. Je sens que je serai une fois de plus énervé en constatant que des communes comme Renens, qui doivent compter pas loin de 75% d’étrangers refuser une loi hostile à l’immigration, tandis que les petits villages reculés (qui n’ont, pour certains jamais accueilli qui que ce soit) l’accepteront à une très large majorité… La peuple a toujours le dernier mot, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il ait raison.
, le 21.09.2006 à 12:55
Attention, Renens n’en est pas du tout avec un pourcentage pareil d’étranger. J’ai grandi à Renens, et mes parents, mes beaux-parents y vivent… et je crois ne pas me tromper en disant qu’ils sont suisses.
Selon le site de cette commune, où enseigne mon épouse d’ailleurs, le taux d’étrangers est d’environ 50 %.
+ d’info là: http://www.renens.ch/dev/pres_ren/index.html
C’est vrai que Renens est admirable du point de vue des efforts d’intégration (hou le vilain mot) entre communautés (suisses, italienne, albanaise, togolaise, etc…) mais gare à ne pas non plus déformer la réalité, ce qui contribue aussi aux différents stéréotypes de cette commune.
Je crains pour ce week-end aussi par ailleurs.
, le 21.09.2006 à 12:59
oups… j’ai oublié de dire que ce livre me paraît également très intéressant.
Et je partage le sentiment d’Okazou.
, le 21.09.2006 à 13:29
Au temps pour moi, et merci de la précision… Mon chiffre (un ouï-dire, il est vrai), est erroné. Il n’en reste, je l’espère, pas moins la substance!
, le 21.09.2006 à 14:05
Très fort, ça, donner envie de lire un livre d’images sans en montrer une seule! Et puis, quelle concision… On trouve vraiment tout chez Cuk.ch!
z (un tandem, pour qu’enfin j’arrive à lire à bicyclette!)
, le 22.09.2006 à 08:29
Merci Roger pour cette humeur, je vais de ce pas acquérir ce livre! Surtout pour ma soeur qui a enseigné pendant des années dans des classes d’acceuil.
Hervé, la suissitude des étrangers se mesure effectivement à l’épaisseur de leur portefeuille.
Moi-même étranger, né en Suisse, vivant depuis toujours dans le même bled, dans lequel je participe à la vie sociale… mais je ne suis toujours pas suisse.
Je partirai peut-être prochainement travailler à l’étranger: bye bye permis C! Donc si un jour je veux revenir en Suisse (ce qui est plus que probable), il me faudra d’abord trouver un job (heureusement j’ai un passeport européen, donc pas trop de difficulté). Mais c’est quand même un comble: grandir et vivre 33ans dans un pays, et si on le quitte, ne fut-ce que quelques mois, on y est plus le bienvenu (administrativement parlant)!
, le 22.09.2006 à 13:28
FromStart: as-tu pensé à demander la naturalisation?? Avec la nouvelle loi cantonale, tout va très vite et le coût est « relativement » modique…
Enfin, sauf erreur de ma part, pour perdre ton permis C, il faut partir plus de 6 mois…
T
, le 22.09.2006 à 18:34
Tout à fait d’accord TTE. Mais je crois que j’ai trop bien intégré l’esprit vaudois: « Y’a pas le feu au lac! ». Du coup ça me prends du temps…