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Business et éthique font bon ménage, je vous le promets…

Je devais vous parler de mon expérience de nouvel étudiant aux États-Unis. avec les quelques spécifités du pays qui sont parfois un peu bizarres pour nous autres européens (je pose comme postulat que la majeure partie d'entre vous, chers lectrices et lecteurs, ne vit pas aux États-Unis, bien que je sache que certains d'entre vous y habitent…) Mais finalement, et suite à plusieurs réflexions entendues de ci, de là, qui m'ont été adressées directement ou à certains de mes camarades de classe, j'ai décidé, brutalement, de changer de sujet et d'aborder les préjugés qui peuvent exister sur les objectifs que l'on recherche lorsque l'on va faire un MBA (Master of Business administration dans le texte). Après tout, ces billets ne s'appellent pas des humeurs pour rien: on peut en changer (d'humeur). Et je m'excuse tout de suite pour les sites présentés qui sont majoritairement en anglais, mais leurs équivalents francophones n'existent pas (et c'est bien dommage).

Je vais cependant rapidement me présenter, histoire que vous compreniez le contexte. J'ai 32 ans, et après cinq ans passés dans une banque d'investissement française à me balader aux quatre coins du monde pour aller voir comment les gens travaillaient, j'avais besoin de passer à autre chose… et pour ça, faire un MBA me paraissait parfait. Je me suis donc retrouvé à Berkeley, en Californie (presque en face de San Francisco dans la Baie, voir ici), pour pleins de bonnes raisons, dont une qui est le principal sujet de cette humeur…

Haas School of business

Un peu de pub!

Mais c'est horriblement capitaliste un MBA!!!

C'est violent, mais voilà une réaction assez courante quand vous annoncez à votre entourage que vous partez faire un MBA, aux États-Unis, de surcroît (évidemment, c'est dans le cas où votre entourage n'est pas constitué uniquement d'infâmes capitalistes aux dents longues…ça existe, mais en général ce n'est pas la majorité des gens que l'on connaît).

Bon, évidemment, on ne vient pas faire un MBA si on est un adepte du plateau du Larzac et que l'on veuille y élever ses chèvres commeun certain José B.: ça ne servirait à rien, ça coûterait horriblement cher et on n'en verrait pas le retour sur investissement (eh oui, ici on apprend à tout juger à l'aune du retour sur investissement…) Et là, nouvelle réaction: "quelle horreur, tu ne fais plus que compter tes sous maintenant". 

Ben non, c'est pas le cas. qui as dit que l'expression retour sur investissement  devait obligatoirement faire référence à de l'argent?

Les business schools américaines sont de plus en plus infiltrées par des personnes pour qui les aspects développement et responsabilité sociale doivent être des composantes majeures de l'enseignement destinées aux futures managers (bon, dit comme ça, c'est un peu pompeux, mais ça ne sonne pas trop mal). Et ça entraîne une nouvelle définition de la fameuse expression retour sur investissement.

Comment redéfinir la notion de rentabilité

Je vais faire court sur cette partie, mais elle me paraît importante pour comprendre la suite.

Les entreprises socialement responsables (c'est moche, mais c'est la traduction de social responsibility businesses) sont d'abord des entreprises, et se doivent donc de faire du profit, ce qui les différencie des organisations à buts non lucratifs. Leur résultat de fin d'année doit donc être positif, comme toute entreprise saine.

Mais en plus de cela, une entreprise de ce type prend en compte son environnement pour établir son fonctionnement. Et l'environnement pris en compte peut être l'environnement social, écologique, culturel, la notion de commerce équitable ou tout autre chose ayant un impact sur le monde proche de ladite entreprise (si ce n'est pas clair, dites le moi).

Et donc cela permet de redéfinir la notion de rentabilité d'une entreprise: celle-ci ne peut plus être rentable uniquement en prenant en considération le résultat financier. Elle doit aussi prouver qu'elle à un impact positif sur son environnement (terme que j'utilise beaucoup, mais c'est le sujet qui veut ça - je suis preneur de toute alternative).

Par exemple, une entreprise de commerce équitable (Max Havelaar en Europe par exemple, ou TransFair aux États-Unis) s'assure de la correcte répartition du prix de vente d'un produit entre les différents intervenants, en particulier pour le producteur du bien, souvent situé dans des pays en développement.

cette définition n'est que partielle, mais je ne veux pas rentrer dans le détail maintenant.

Une fois cette définition posée, passons à la suite…

Une influence de plus en plus grande dans la scolarité

Cette notion d'entreprises socialement responsables est prise très au sérieux, en tout cas aux États-Unis. si je prends poru exemple Berkeley, de nombreux cours sont organisés autour de ce thème, et des professeurs font de la recherche sur ce sujet. Berkeley est pour cela un très bon exemple: un étudiant intéressé par ce sujet peut prendre des cours sur le commerce socialement responsable (Socially responsible business en anglais) et un centre d'étude est même dédié à ce sujet: le Center for responsible business (Lien ici - désolé, c'est en anglais…). Ce centre organise des conférences, mène des recherches et fournit des ressources aux personnes intéressées par le sujet.

Haas School of business

J'aime beaucoup le sous-titre: "redéfinir les bonnes pratiques dans les affaires"

Mais, à mon avis, la partie la plus importante de l'implication d'une business school dans ce domaine vient des élèves. Et je vais vous présenter deux exemples concrets.

NetImpact, une organisation internationale centrée sur l'économie socialement responsable

NetImpact

Netimpact est une organisation, fondée en 1993, présente sur quatre continents, 75 villes et 80 business schools, qui a pour objectif de promouvoir une économie et des entreprises socialement responsables, prenant en compte les intérêts de toutes les parties prenantes (stakehokders en anglais) d'un environnement économique donné.

NetImpact est un véritable regroupement de personnes intéressées par ce sujet: étudiants, professeurs et chercheurs, responsables d'organisations non gouvernementales mais aussi des personnes travaillant dans des entreprises classiques mais avec un intérêt  fort par la notion de responsabilité sociale, ou des investisseurs.

Cette association est une conséquence directe de l'intérêt que portent les étudiants de business school à l'amélioration des pratiques présentes dans les entreprises. Elle organise des conférences (la prochaine à lieu à Chicago fin octobre) qui sont devenues des références sur les sujets, mais facilite aussi les contacts entre les différentes parties prenantes.

Global Social Venture Competition, ou comment marier capitalisme et responsabilité sociale

Haas School of business

La Globale Sociale Venture Competition, ou GSVC pour faire court, est une compétition de business plan poru des projets d'entreprises avec une composante "socialement responsable" prépondérante.

C'est véritablement le mariage du capitalisme et de prise en compte de son environnement: les projets sont jugés sur leurs qualités sociales mais aussi sur leur rentabilité financière, une entreprise non rentable sur ce point-là n'ayant aucune chance de participer, sur le long terme, à l'amélioration de son environnement.

Cette compétition a une envergure internationale: elle est organisée par Berkeley, mais implique plusieurs écoles de part le monde, telle que la London Business School ou University of Geneva School of Business pour organiser des compétitions régionales. Les gagnants de ces compétitions sont ensuite invitées à Berkeley pour la finale.

Là encore, cette compétition est complètement organisée et gérée par les étudiants.

Une formation finalement plus ouverte que dans beaucoup d'écoles françaises

Je finirais par dire que ce je trouve ici n'a rien à voir avec ce que j'ai pu approcher dans les écoles et universités françaises. Il y a aujourd'hui un intérêt très fort pour ce sujet, et les écoles telles que Berkeley considèrent que ces notions sont des enjeux majeurs pour former les futurs décideurs et participer à l'amélioration de notre environnement.

J'espère que ces quelques lignes vous auront permis de voir (ou d'entrevoir) une autre facette de la formation que l'on peut recevoir lorsque l'on fait un MBA et auront, pour certains, éveillé un intérêt certain (ou un certain intérêt) pour ce sujet passionnant, et promis à un avenir brillant.

Je me tiens évidemment à votre disposition si vous voulez plus d'information.

81 commentaires
1)
zitouna
, le 20.09.2006 à 00:56

Comment dire ?
– « L’enfer est pavé de bonnes intentions. »
– « Cachez moi ce sein, que je ne saurais voir. »
–  » PROMO sur la bonne conscience™, pour un baril de bonne conscience™ acheté, deux indulgences plénières et un pack de six Coca Cola™ OFFERTS! »
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai du mal à ne pas sourire (jaune) à la lecture de cet article…
z (désolé, mais pas convaincu -et j’aurais ma revanche;-)

2)
Hervé
, le 20.09.2006 à 01:18

Okazou, TTE : tâchez de vous modérer !
Raphaël, tu as pris des risques, là !

3)
Raphaël Fauveau
, le 20.09.2006 à 01:46

Hervé: j’assume à 100% le risque pris. Mais si ça peut au moins faire que quelques personnes réfléchissent au sujet et commencent à évoluer, j’aurais réussi quelques choses. Quand aux commentaires d’Okazou ou d’autres, je les attends avec impatience.

Zitouna: désolé de ne pas avoir réussi à au moins titiller ton intérêt sur le sujet. en même temps, ton commentaire n’est pas vraiment argumenté…
Mais je reste persuadé des bienfaits de l’économie de marché lorsqu’elle est pratiquée par des personnes responsables et conscient de leurs responsabilités vis à vis de la société. Et c’est pas pour se donner bonne conscience que l’on fait tout ça: c’est parce que c’est juste et normal, et également le seul moyen d’assurer une croissance équitablement répartie. Evidemment, on ne va pas changer le monde en deux semaines, mais on y travaille.

Cependant, j’aurais pu titrer « Business et éthiques peuvent faire bon ménage »

Raphaël

4)
pilote.ka
, le 20.09.2006 à 02:32

J’ai l’impression qu’il s’agit là de perpétuer les traditions.

Mais qu’enest-il de la guerre en Irak?
Qu’en est-il des bombes antipersonnelles?
Qu’en est il du protocole de Kyoto?
Et j’en passe…
J’ai l’impression que le but des étudiants est de gagner de l’argent à court terme. D’ailleurs de quand remonte la manif étudiante aux states?

5)
Okazou
, le 20.09.2006 à 06:07

Mais non, on ne va pas trop charger la mule, Hervé, on n’a encore jamais mangé personne ! Mais il est impatient, Raphaël, on va donc tenter de lui en mettre pour son argent !

•••

Le « business éthique » comme cache-sexe du capitalisme.

« Business et éthique font bon ménage. Je vous le promets. »

Tu es en train de nous expliquer, Raphaël, avec la candeur du croyant – l’Enfer est pavé de bonnes intentions © Zitouna –, que le capitalisme (libéralisme, néolibéralisme…) est éthique. C’est une nouvelle historique qui va en boucher un coin à ceux qui pensaient bêtement (mais ils n’ont pas mis les pieds à Berkeley School of Business) que le capitalisme a peu de considération (euphémisme) pour l’homme qui le subit.
Heureusement que ce n’est qu’une promesse. Après tout, dans le monde des affaires, les promesses n’engagent que ceux qui les croient.

Le système capitaliste, c’est sûr, n’a pour autre objectif que la possession et le profit maximum pour une toute petite minorité de privilégiés (combien, sur plus de 6 milliards ?) sur le dos de la classe moyenne qui produit les richesses, avec pour reliquat la cohorte des pauvres nécessaires à la vie même du système, c’est-à-dire de ceux qui en profitent. Au royaume du capitalisme, la pauvreté est indivisible.
« Si le reste de la planète parvient à vivre, tant mieux » – depuis que le capitalisme existe, il n’est jamais parvenu à ce but, loin s’en faut*. « Si le système génère aussi la misère, c’est comme ça, c’est nécessaire. C’est même « naturel » ». Et puis n’oublions pas que, selon les libéraux, si le monde reste aussi pauvre, c’est qu’il n’est pas assez capitaliste ! Ah, quoi de plus jouissif qu’une bonne mondialisation capitaliste ! Ce n’est pas le nouveau lèche-cul de Bush** qui nous contredira.

Alors le : « Je mets un soupçon d’éthique dans ma barbarie économique » n’est, de fait, que la réponse (manière de défense ou de parade) des maîtres du système aux étudiants, pour calmer les scrupules d’une génération de nouveaux hommes d’affaires trop sensibles, encore taquinés par leur conscience. Une fourberie, une mystification. D’ailleurs, tu nous dis bien que l’éthique à BSB est optionnelle. C’est aussi une UV « humaniste », pour faire joli sur le CV. C’est dire le paquet de requins qui vont continuer de sortir de cette école pour déchirer le monde à belles dents !
Il est en outre très intéressant de noter qu’une fois encore la mauvaise conscience chrétienne (du genre protestante puissamment déterminée par le devoir*** : USA, Angleterre, Suisse) fait une curieuse bosse sous le tapis bien lisse et lustré de bonne conscience du « business éthique », anti-remords et accroche-Paradis.

L’éthique dans le « business » c’est comme la charité à la porte des églises (ou ailleurs). Une honte, un baiser-de-Judas.

« Les entreprises socialement responsables (c’est moche, mais c’est la traduction de social responsibility businesses) sont d’abord des entreprises, et se doivent donc de faire du profit, ce qui les différencie des organisations à buts non lucratifs. Leur résultat de fin d’année doit donc être positif, comme toute entreprise saine. »

« Leur résultat de fin d’année doit donc être positif, comme toute entreprise saine. » … dans le système capitaliste et particulièrement dans sa version, désormais essouflée, libérale/néolibérale/ultralibérale, c’est vrai.
Mais n’apprend-t-on pas à Berkeley School of Business (cette vaine frime typographique de coller des capitales partout !) qu’il a existé, qu’il existe et qu’il existera d’autres systèmes économiques que celui que le monde subit aujourd’hui et qui produit les dégâts que l’on sait ?
Ce qui est infiniment grave c’est que tu sembles considérer que, d’abord et avant toute chose (!), le rôle d’une entreprise est d’être rentable (la rentabilité pour la rentabilité), de produire des bénefs pour ses actionnaires (au service et aux ordres de ceux-ci) – raison d’être économique – alors que la fonction première de l’entreprise est de répondre aux besoins d’une société (utile à tous) en lui fournissant ce que cette société attend d’elle (au service de la société) – raison d’être sociale. C’est en cela que tu es un « croyant » tout acquis à un dogme (profit, rentabilité, avant toute autre valeur, toute autre raison : « vous avez dit service ?). Le dogme, c’est l’échec de la pensée, c’est même le rejet de la pensée. Le dogme, c’est l’indignité de l’homme.

Dans un système politique tourné vers l’homme et ses besoins – non vers le profit, des actionnaires ou autre –, si l’entreprise remplit sa mission première et vitale de service public, la rentabilité (ou l’équilibre) est possible, voire souhaitable, mais elle n’est pas nécessaire.

Ouvre ton regard sur le monde et les hommes. Question de conscience politique, d’intelligence critique et, bien sûr, d’éthique personnelle.


* Ceux chez qui cette affirmation incontestable ne suscite spontanément :-))) et puérilement que l’apparition dans leurs neurones des mots « URSS » ou « Corée du Nord » peuvent essayer, avant de sauter rageusement sur leurs claviers, de pousser plus loin leur réflexion et nous en faire profiter. Essayons de n’être pas tout à fait vains.

** En sept lettres. Ça commence par un S et ça finit…mal.
Heureux, le Daubeliou, avec un lèche-cul libéral de gauche et, désormais, un lèche-cul libéral de droite pendus à ses basques !

*** De pure convenance.


Un autre monde est possible.

6)
Okazou
, le 20.09.2006 à 06:45

« Et c’est pas pour se donner bonne conscience que l’on fait tout ça: c’est parce que c’est juste et normal, et également le seul moyen d’assurer une croissance équitablement répartie. »

« Le seul moyen d’assurer une croissance équitablement répartie. » Le malheur c’est que tu sembles le croire.
Et si tu mettais ton nez en dehors de ton monde des affaires, tu ne crois pas que tu y trouverais matière à penser, non à croire ?
Il existe des théories de… théories économiques qui infirment ce que tu prétends là et qui foutent à bas l’idéologie économique que tu défends.

Tiens, retrouve donc le lien que nous fournissait, il y a peu, alec6, sur une émission de France-Culture qui invitait un certain prix (équivalent) Nobel, Stiglitz (excusez du peu) pour l’entendre condamner les fumeuses théories libérales. J’ai d’ailleurs failli faire un papier pour cuk.ch là-dessus mais le sujet était éventé, j’ai jeté ma copie.

Mais comment fais-tu pour passer à côté des tonnes d’informations qui te remettraient les idées en place ? Explique-moi ça, c’est un point capital. On vous conseille de vous maintenir en dehors de la vie des gens ? Hors, du réel ? Comme dans une secte ?


Un autre monde est possible.

7)
Anapi
, le 20.09.2006 à 07:21

Merci Raphaël pour ce papier. Tu poses les problèmes et tu nous montres que certains cherchent des solutions, même si la route est effectivement longue.
Il faut quand même rappeler que Berkeley est à l’Ouest des Etats-Unis, et que leur implication dans le monde n’est pas représentative du reste du pays. Leurs législations environnementales sont beaucoup plus draconniennes que celles des autres Etats, et même souvent que celles mises en place en Europe. Ils ont même fini par ratifier le protocole de Kyoto (merci Gouvernator) !
En espérant que cela face tache d’huile…

8)
Benoit29
, le 20.09.2006 à 08:02

« Si le reste de la planète parvient à vivre, tant mieux » – depuis que le capitalisme existe, il n’est jamais parvenu à ce but, loin s’en faut*.

Il n’est peut-être jamais parvenu à ce but mais c’est lui qui s’en est rapproché le plus. Tous les autres modèles expérimentés au XXème siècle ont malheureusement lamentablement échoué.

Et puis n’oublions pas que, selon les libéraux, si le monde reste aussi pauvre, c’est qu’il n’est pas assez capitaliste ! Ah, quoi de plus jouissif qu’une bonne mondialisation capitaliste !

Effectivement, c’est bien le problème. La mondialisation capitaliste est loin d’être terminée !!! Les pays qui se battent le plus à l’OMC pour cette mondialisation sont les pays en voie de développement. Ils aimeraient avoir accès à nos marchés car nous les protégeons et subventionnons certains secteurs de notre économie a outrance.

L’éthique dans le « business » c’est comme la charité à la porte des églises (ou ailleurs). Une honte, un baiser-de-Judas.

Tu as tout à fait raison. Ce genre d’étiquette éthique est purement Marketing. Mais le capitalisme n’est justement pas un dogme. Il est même tout sauf un dogme. C’est une chose naturelle qui évolue. Donc, si les clients veulent plus d’éthique et s’ils sont prêts à mettre le prix (ce dont je ne suis pas certain). Ils en auront car le marchand a tout à y gagner. C’est juste une adaptation, une évolution du modèle.

9)
coacoa
, le 20.09.2006 à 09:20

Il n’est peut-être jamais parvenu à ce but mais c’est lui qui s’en est rapproché le plus. Tous les autres modèles expérimentés au XXème siècle ont malheureusement lamentablement échoué.

M’enfin !!! Il s’est rapproché de quoi ?

De l’appauvrissement toujours plus grand des 2/3 de la planète ? De l’enrichissement toujours plus indécent du club toujours plus restreint des multimilliardaires ?

De la soumission des pays-ressources du Sud ? De l’exploitation des affamés qui, ailleurs, produisent pas cher les biens nécessaires à l’endormissement de la classe moyenne ?

De la marchandisation de tout et n’importe quoi, de l’art à la guerre ? De la brevetisation du vivant ? De l’instauration à l’échelle mondiale de l’exploitation absolue (des hommes, des ressources, de ce qui reste de nature) ?

Où, aujourd’hui, se situe la réussite du capitalisme ? De quels idéaux HUMAINS (et non pas économiques) s’est-il approché ?

10)
marief
, le 20.09.2006 à 09:22

Mais je reste persuadé des bienfaits de l’économie de marché lorsqu’elle est pratiquée par des personnes responsables et conscient de leurs responsabilités vis à vis de la société.

Comment veux-tu qu’on lise une chose pareille sans sourire ?
Tu as vraiment écrit cela sérieusement ? (Tu as d’ailleurs mis « conscient » au singulier, lapsus révélateur ?)

11)
Saluki
, le 20.09.2006 à 09:55

Raphaël tu as du courage.
Courage d’aller à Berkeley qui n’est pas la meilleure porte pour le capitalisme pur et dur: vaut mieux la côte Est ! Donc tu n’en est que plus respectable.

Changer le système en l’infléchissant est plus efficace que de le casser pour reconstruire on ne sait quoi: deux journées de Patrimoine sont éclairantes en ce sens.

Je suis -aussi- un odieux intervenant dans un MBA en France: les étudiants que j’essaie d’éclairer sont moins lucides et impliqués que toi. Consommateurs…
Et ils font beaucoup plus de fautes d’orthographe ;°)

12)
Ishar
, le 20.09.2006 à 09:55

Bonjour,

Désolé, le « business socialement responsable » je n’y crois pas un seul instant. Qu’il existe des gens, même (ou surtout) profs à Berkeley, pour vendre le concept ça me paraît tout à fait dans l’air du temps. Certains doivent être sincères (= naïf dans le langage des affaires) mais la majorité doit être opportuniste (= une valeur sûre). L’entreprise sera certainement intéressée par le « label » socialement responsable, se fendra d’une ou deux actions bien médiatisées puis surfera sur la vague, le tout orchestré par un ancien de BSB masterisé. Et c’est tout, on va quand même pas ennuyer ces Messieurs et Dames les actionnaires avec des trucs sociaux non ? Ah oui, j’oubliais, lors de la prochaine restructuration-fusion on enverra une lettre polie sur du beau papier cette fois-ci aux nouveaux chômeurs et des fleurs à leurs dames : on est social maintenant !

Il y a quelques années j’ai fait un master en gestion environnementale avec un diplôme en développement durable. J’y vois une bonne analogie. Le développement durable voudrait associer les citoyens, l’entreprise et l’écologie dans tous processus public ou privé, dans le but de dégager des stratégies d’avenir socialement, économiquement et écologiquement équilibrées pour ne pas mettre en danger l’avenir de nos descendants (ouf, sans respirer). Du point de vue des entreprises c’était super cette nouvelle idée à condition qu’on laisse tomber le volet social car la politique social de l’entreprise ne doit pas être publique. Par contre l’écologie était intéressante en terme d’image. Mais attention faut pas que ça coûte trop chère (cad il faut que ça coûte rien, on a tout mis dans le budget communication). Dans les faits l’entreprise mettait en avant ce qu’elle faisait déjà de bien écologiquement mais qu’elle n’avait pas encore eu l’idée de communiquer : l’épuration des eaux usées (exigée par la nouvelle loi sur la protection des eaux), le filtrage des fumées (exigée par la nouvelle loi sur la protection de l’air) et j’en passe, étaient systématiquement cités comme étant de bonnes pratiques environnementales. Un exemple concret : Nestlé s’est engagé avec la commune de Vevey il y a quelques années dans un processus de développement durable : déclaration de presse, charte etc. C’est super bien on applaudit, pas de flash s’il vous plaît. (http://www.nestle.ch/fr/com/eng/enviroment.aspx) . Faut-il vous rappeler le scandale des emballages hyper mode et chicos (made by Jean Nouvelle l’architecte fashion et sa copine Nelly Wenger, un truc super vendeur y paraît) mais représentant un réel problème environnemental et la détestable communication de l’entreprise à ce sujet : c’est comme ça et nous ne changerons rien… Autre exemple : une commune valaisanne avait des problèmes d’image suite à un scandale de vignes qui grossissaient chaque années au détriment de la réserve naturelle fédérale autant que forestière. Comment faire ? Développement durable bien-entendu. On torche un truc en vitesse et voilà notre président qui vient faire un discours à une assemblée de spécialiste en concluant : « pour moi le développement durable c’est une autre façon de mieux vendre mon vin », ce qui n’est pas interdit mais quand ça ce limite à ça… J’ai aussi vu un office du tourisme de montagne qui cherchait le moyen de faire cadrer un festival publicitaire de 4×4 dans son plan développement durable. Histoire de rentabiliser ces pistes de ski désespérément vertes au mois de juillet. Vroumvroum, vive l’écologie et un Mercedes 4×4 c’est durable promis.

Il ne m’a pas fallut plus de quelques années pour comprendre : l’entreprise veut bien le label développement durable pour autant que son chiffre d’affaire augmente et surtout que ça ne coûte rien. Dans les faits, l’écologie on s’en fout royalement et de l’avenir de la planète aussi. Je suis absolument persuadé que ce sont les même raisonnements purement mercantiles qui animent les managers socialement sensibilisés de Berkeley. Un truc à la mode qui fera la joie des communicateurs et d’une nouvelle volée de consultants. Il y aura des colloques, des conférences de presse mais concrètement on fera comme d’habitude, on changera rien.

Non Raphaël, les managers « conscients de leurs responsabilités vis à vis de la société » ne provoquent pas chez moi de larmes d’émotion et je ne suis pas prêt de « commencer à évoluer » comme tu dis. On a déjà essayé de me faire évoluer dans le DD mais je suis redevenu un sauvage et ça m’a servi de leçon. Par contre si tu cesses un jour (mais n’attends pas trop) d’avoir la fois en ces pitreries de commerciaux, tu pourrais devenir un apôtre de l’économie socialement responsable ici : y a certainement du blé à faire.

13)
Raphaël Fauveau
, le 20.09.2006 à 09:56

Marief: j’ai parfaitement conscience de ce que j’ai écrit et je l’assume complètement (pour la faute sur conscient, c’est juste que je suis nul en orthographe/grammaire, et je ne me suis pas relu ;)

coacoa: personne n’a dit que le capitalisme était parfait, mais tu ne peux nier ses réussites (en particulier en Asie)

tibbets1: non, ce n’est pas cosmétique. En plus de l’aspect moral, qui ne regarde finalement que ceux qui le veulent, ça ressort clairement du besoin de faire évoluer le capitalisme pour éviter justement son effondrement et que les gens ne se détourne de ce système pour des systèmes qui n’ont jamais mieux fonctionnés.

Anapi: il ets vrai que Berkeley est assez particulière aux USA (même comparé aux autres Universités de la côte ouest, c’est considérée comme une fac très libérale, au sens américain du terme, malgré le fait que notre doyen soit l’ancien responsable financier de l’Etat de Californie pour notre Governator adoré, A. Schwarzenegger), mais c’est un mouvement qui touche toutes les grandes univeristés ici, y compris celles de l’Ivy League.

Okazou: faut que je te réponde, mais vu la longueur de ton commentaire, je le ferais demain – là faut que je dorme (il est 1h du matin ici ;)

14)
coldfingers
, le 20.09.2006 à 09:59

On commence avec cet angélisme et on fini avec des crocs. Les plus terribles ce sont les crocs invisibles, ceux qui veulent passer pour des genitlles p’tites quenottes.
Et puis un jour lorsqu’on a bien fait raqué le pékin, on décide de s’offrir une auréole en redistribuant des miettes aux gentils pauvres ! Ô que c’est beau les pauvres photographiés pour Vogue dès potron-minet. Il est touchant ce top model avec un petit enfant noir décharné dans les bras, non ?

Il y a mille ans après tant de catastrophes les Non Z se demandaient
Comment les humains avaient pu accepter aussi longtemps de donner leur temps de vie contre des chèques alors qu’ils vivaient si peu. Il faut dire qu’à cette époque les humains pensaient qu’un machin bizarre appelé espace-temps existait ! C’étaient au temps où persistaient des formes cachées indirectes d’anthropophagie, lorsque la vie des faibles ne valait pas un pet de tatou.

coldy

15)
alec6
, le 20.09.2006 à 11:14

Une remarque imortante au passage :
PRECISER DE QUEL CAPITALISME IL S’AGIT !

C’est d’ailleurs ce dont parle ce cher Joseph Stieglitz qui est je le rapelle un Libéral, un Capitaliste, un économiste américain, un « prix Nobel », et accessoirement l’ancien co-directeur de la Banque Mondiale. Démissionaire !
Pourquoi ?
Pour s’être rendu compte que le système actuel ne fonctionne plus, que les premier créditeurs des pays riches sont les pays pauvres ! Que la destruction des services publics dans les pays pauvres au bénéfices des multinationales occidentales (l’eau par exemple pour les français) est catastrophiques pour ces pays pauvres ! et ces mesures sont la condition sine qua non pour obtenir des prêts du FMI !
Il ne remet pas le libéralisme en cause, il constate que le libéralisme extrême qui refuse dogmatiquement (et officiellement) tout interventionisme de l’Etat ne fonctionne pas.
On refuse donc à ces pays dit émergeants le minimum d’interventionisme (une base de services publics) ce qui nous a permis à nous pays occidentaux riches de développer notre économie. Pour le plus grand bénéfice de nos sociétés pétrolières, « gestionnaires » de l’eau ou autres.
Sans parler de tout le reste comme par exemple Internet fruit de la recherche militaire américaine, des subventions agricoles, des écoles privées payées par l’Etat, des subventions à tel ou tel secteur économique ou industriel comme par exemple l’aviation civile américaine qui dans un monde soit disant libéral aurait vu disparaître la plupart de ses compagnies américaines dans les mois qui suivirent les attentats du 11 septembre si elles n’avaient pas été soutenues par l’Etat américain !
Mais ce que l’on s’autorise, on l’interdit aux pays pauvres ! Verboten !

Le libéralisme aujourd’hui c’est « Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais » doxa imposée par les pays occidentaux (qu’ils soient de « droite » ou de « gauche ») au reste du monde. Une remarque au passage : où sont les bourses des matières premières ? dans les pays producteurs ou dans les pays consommateurs ? Dois-je donner la réponse ?
Deux poids, deux mesures !

Et surtout pas de système régulateur ! surtout pas ! Le bon sens et l’honêteté de chacun devrait suffire ! Ben voyons ! Le système se régulera tout seul !

Sur ce dernier point je suis tout à fait d’accord ! le système se régulera tout seul !
Le peu de cas dont tient le capitalisme de l’environnement risque en effet de réguler définitivement notre sytème économico-socio-financier !
Notre belle civilisation !
Je ne vais pas refaire mon laïus sur les énergies et l’environnement, mais vous pouvez lire les documents (rapport 3021 de l’Assemblée Nationale), les livres (Le plein SVP) et les revues spécialisée (Nature, Science, La Recherche…) et voir le film d’Al Gore « An Inconvenient Truth » dont nous parlait récemment TTE. Entre autres bien sûr ! Mais ce n’est pas sur TF1 qu’on vous en causera !

Mais vu l’empressement que nos gouvernements et nous même mettons à ne rien faire ou si peu… Je n’ai, comme malheureusement de plus en plus d’observateurs, pas beaucoup d’espoir !

Alexis… tous les défauts !

16)
Inconnu
, le 20.09.2006 à 11:24

Vade retro Satana !
La candeur de ce Raphaël est proprement stupéfiante.
Pas grand chose à rajouter au commentaire d’Okazou sinon que je rêve d’une entreprise qui se contenterait de faire des bénéfices non pour entretenir une meute de requins cyniques du troisième âge, mais pour simplement payer correctement ses employés, pouvoir améliorer leurs conditions de travail, bref vivre tranquillement en se contentant d’assumer son rôle social (comme dit Okazou) à la manière des artisans. Mais non, le but habituel est de faire des profits à tout prix, d’augmenter perpétuellement la productivité (comme y disent, c’est à dire trouver le moyen de faire travailler le plus possible les employés) et la rentabilité.
Je me suis toujours posé la question : comment une entreprise peut elle vouloir augmenter perpétuellement ses profits ? Il arrive bien un moment où elle ne peut plus progresser pour toutes sortes de motifs (saturation du marché, lassitude pour un produit, tassement des ventes, limitation des technologies, etc…). Mais, suis-je naïf !
Je connais bien ce problème, ayant travaillé quelque temps à la Fnac : du temps d’Essel (je vous parle d’un temps…), le principe était de satisfaire à un nouveau besoin (les loisirs) en offrant, non seulement les meilleurs produits, mais aussi en proposant des services annexes, en jouant la carte culturelle et en payant très correctement des employés connaisseurs et motivés. L’entreprise ne put que croître, de façon tout à fait naturelle, le marché se développant tout seul. Evidemment, cette croissance exceptionnelle fut reniflée par des vautours, par l’odeur alléchés, et qui, au départ du fondateur, se jetèrent sur cette aubaine : pensez, une entreprise relativement saine et florissante, une image excellente, quel beau jouet ! De plus, Virgin vint foutre sa pagaille en faisant prendre conscience d’un problème jusque là inconnu de nous : la concurrence, autre mamelle du capitalisme.
Les Scoop, MGEN et autres Pinault se succédèrent et commencèrent alors leur travail de capitalistes, c’est à dire de rendre encore plus rentable ce joujou. Ce fut le début de la fin de la Fnac. Maintenant, c’est un super marché de « produits culturels » dont le seul but est d’augmenter perpétuellement le CA. A preuve la panique totale à sa moindre chute… Tous les moyens sont bons, à commencer, vous l’aurez deviné par… réduire les effectifs, les salaires, les quelques privilèges, les acquis sociaux, les conditions de travail, la qualité des produits (avant : les vendeurs choisissaient leurs produits ; maintenant : une centrale d’achats négocie directement avec les majors, je vous laisse deviner sur quels critères…), bref, probablement faire du « commerce socialement responsable ». Par contre, maximisation de l’emploi de CDD et d’intérimaires… Le seul objectif est de vendre, vendre, vendre et faire du chiffre, aidé en celà (et je parle ici du département musique) par des « majors » cupides, incompétentes et cyniques. Plus rien à voir avec les objectifs culturels du début et la volonté de faire une entreprise « humaine ». Des preuves ? C’est simple : allez sur le site de la Fnac et vous sautera à la figure « l’esprit Fnac » ; il n’y est pas indiqué quels sont réellement les meilleurs produits, mais les meilleures ventes… Pas tellement différent des sites de La Redoute ou d’Amazon.
La Fnac n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Quand j’entends un zozo vanter les bienfaits du capitalisme comme moteur d’une croissance mondiale harmonieuse, le sang me monte à la tête.
Qu’on ne vienne pas me parler de capitalisme à visage humain.

^. .^ GerFaut
=U= Equinoxiale
GerFaut c’est frais, mais c’est pas grave.

17)
Anne Cuneo
, le 20.09.2006 à 11:37

J’ai un jour (ou plutôt ça a duré presqu’un mois) fait une série de reportages à propos du capitalisme à visage humain. Il y a 4 ou 5 ans de cela. Depuis, j’ai suivi attentivement toutes les entreprises que j’ai visitée, tous les managers que j’ai interviewés. Pas pour un reportage, les médias actuels ne s’intéressent que rarement à ce genre d’approfondissement: je l’ai fait pour moi.
Je ne peux pas faire ici la liste, mais il faut bien que j’admette qu’à une ou deux exceptions près, les destins des boîtes et des gens (qui parlaient à l’époque un peu comme Raphael) m’amènent à souscrire des deux mains ce qu’écrit Cocoa (no 9).
Ce n’est jamais le visage humain qui a gagné – voilà comment je peux résumer mon expérience. Parce que coldfinger a raison: le visage humain du capitalisme actuel, c’est seulement du maquillage par execellence.

Anne

18)
Anapi
, le 20.09.2006 à 14:41

Je suis halluciné par le contenu de vos messages.

Raphaël nous montre que des prises de conscience ont lieu dans les temples du capitalisme, que des profs et des étudiants prennent du temps (et donc de l’argent) pour réfléchir à d’autres types de rentabilité que la seule rentabilité financière et il reçoit quoi ? Du mépris.

Il vous faut quoi ?
José Bové qui donne des cours de démontage de MacDo à Yales ?
Arlette à Malibu ?
Besancenot gouverneur ?

Vous lui diriez quoi s’il vous disait qu’on ne parle jamais d’environnement dans ces formations ? Que c’est normal j’imagine, que le capitalisme est conforme à l’image que vous vous en faite. Que c’est comme ça depuis le début et qu’il n’y a pas de raison que cela change.

Et bien si, ça peut changer, c’est même le propre de l’économie capitaliste : ça peut changer. C’est aussi grâce à des gens naïfs que cela change parfois.

Le capitalisme vous déplait : pas de chance, c’est le seul qui a survécu jusqu’à aujourd’hui.
Faisons la liste de ses manquements, soyons exigeants et sourcilleux, retirons de ses attributions des domaines qui n’ont pas vocation à être source de profits : santé, recherche fondamentale, … je laisse chacun compléter. Mais casser le moteur de la voiture parce que la direction est branlante ne me semble pas le meilleur moyen d’avancer.

Vive la naïveté !

19)
Joël (exGlimind)
, le 20.09.2006 à 14:50

« Mais je reste persuadé des bienfaits de l’économie de marché lorsqu’elle est pratiquée par des personnes responsables et conscient de leurs responsabilités vis à vis de la société. »

On pourrait sortir la même phrase sur le communisme… Ah utopie quand tu nous tiens…

D’une manière générale, ça me fout les boules ce genre de pensée, on est pas sorti de l’auberge avec des théories pareilles…

20)
iker
, le 20.09.2006 à 15:13

Capitalisme à visage humain ? Entreprise socialement ou écologiquement responsable ? Je souscris à la plupart des commentaires sur les contradictions non encore résolues à ce jour.

Le système capitaliste est violent.

Il a longtemps été à la fois et violent et en situation de domination absolue.

Avec l’effondrement des idéologies alternatives (le socialisme d’État, le tiers-mondisme, le non-alignement…), et sa capacité à s’emparer de la quasi-totalité des régimes politiques subsistant de par le monde, le capitalisme s’est mondialisé, universalisé, et n’a pas perdu de sa férocité à exploiter les hommes, les ressources naturelles, notamment fossiles, et les territoires.

Pour autant, dans cette accélération des échanges, des espaces alternatifs existent.

Nous ne vivons plus dans l’Europe du XIXe siècle comme dans l’Angleterre industrielle d’Oliver Twist.

Chez nous en Europe occidentale, des contre-feux, nombreux et encore puissant, ont été allumés depuis les luttes ouvrières et sociales du XIXe siècle.

Ces contre-pouvoirs ont aussi gagné du terrain dans le domaine des libertés publiques, de l’égalité des droits, et dans le souci de l’environnement.

Aujourd’hui le marché est-il dominant ? sans aucun doute.

Nous tous, dans ce forum, comme producteurs, comme consommateurs, en particuliers de produits technologiques, nous en sommes des acteurs non négligeables, y compris parmi les plus sévères critiques du système.

Pour autant, peut-on réduire le marché, le monde de l’entreprise, de la recherche, de la création d’activité et de l’innovation à ce capitalisme brutal et primitif ?

Cela aurait autant de sens que prétendre que l’économie régulée de la Scandinavie est aussi violente et destructrice que le capitalisme sauvage auxquels se trouvent confrontés l’Afrique noire ou l’Asie du Sud Est.

Alors d’absolu, sa domination est devenue relative chez nous.

Le retour en force de l’idéologie ultra-libérale des années 80 (Chicago boys, Friedmann : Thatcher, Reagan, Madelin, Aznar, Berlusconi…) a fait long feu.

D’absolue, la domination n’est plus que relative.

21)
Inconnu
, le 20.09.2006 à 15:49

Raphael, je te pardonne ta naiveté, tu viens d’attaquer les cours :)
Plus sérieusement, sujet intéressant. Ceux qui tirent à tout vent sur le capitalisme et ses méfaits devraient aussi s’interroger aussi sur ses bienfaits (si, si , cherchez bien, il y en a).

22)
Alexandre
, le 20.09.2006 à 15:49

les clichés ne sont pas près de disparaître… mba, berkeley, business, etc: c’est comme si on parlait du diable. reveillez-vous! les max havelaar, les bodyshop et autres ne font pas ce qu’ils font en enfilant leur birkenstock et en faisant le tour du quartier en 2CV en criant « un autre monde est possible »…

un autre monde est possible, a condition de s’en donner les moyens.

raphäel, bravo et bonne chance!

alexandre

23)
Anne Cuneo
, le 20.09.2006 à 15:57

Alors d’absolu, sa domination est devenue relative chez nous.
Le retour en force de l’idéologie ultra-libérale des années 80 (Chicago boys, Friedmann : Thatcher, Reagan, Madelin, Aznar, Berlusconi…) a fait long feu.
D’absolue, la domination n’est plus que relative

Est-ce que tu pourrais préciser ta pensée, ami Iker? Parce que je me dis régulièrement la même chose, à certains sursauts, à certains minuscules signes. Mais ensuite, là-derrière, quelque bombe économique vient détruire ces indices que j’avais cru voir.
Parce que ce qui m’allucine, moi, c’est que comme GerFault, je me demande à quoi servent les profits maxima qu’on cache ensuite dans les banques, aux Iles Caïmans, bref, vous me comprenez. Une fois qu’une affaire marche, que tout le monde vit, pourquoi faut-il encore accroître le profit (la loi du profit, qu’on appelle ça, mais qui donc dit qu’elle doit être immuable?). Les 9/10es (et je suis gentille) de la population mondiale ne jouissent pas de ces biens-là, certains en meurent – et ça n’augmente pas d’un iota le bonheur de l’individu normal.
Alors se méfier d’un tel modus operandi, je considère que ce n’est pas naïf, cher Anapi. C’est exercer son esprit critique: ce n’est pas comme si on devait encore lui donner une chance pour voir… On voit, depuis des siècles, entre temps. Mais au mètre de l’histoire, deux ou trois siècles, ce n’est rien. Alors je me dis que partis comme on est, ça finira par se casser la gueule forcément.
Ce qui me ramène à ma question initiale à Iker: peux-tu préciser les signes que tu vois?

Anne

24)
alec6
, le 20.09.2006 à 16:09

Anapi !
Ne tombe pas dans la carricature stupide ! personne ici ne fait l’apologie de Bové, d’Arlette et consort !

Par ailleurs, ce que tu dis plus loin rappelle les dires de Steiglitz. Le capitalisme d’aujourd’hui ne répond plus à ce qui a fait son succès (relatif, mais on peu en discuter) dans les pays occidentaux dans les années 50 à 70 !
Le lien progrès technologique = progrès économique = progrès social n’existe plus !
L’exemple de la Fnac donné par Gerfaut est éclairant, non ? Pourtant son organisation à sa création était capitaliste, non ?
Le problème des dérives du capitalisme actuel est de porter toujours le même nom et de toujours s’appeler « capitalisme ».
Par voie de conséquences, critiquer le système actuel revient dans l’esprit de ses chantres à critiquer le principe originel !
Crime ! assassinat ! cela reviendrait à chanter les louanges du communisme !

He bien non !

Alexis… tous les défauts !

25)
alec6
, le 20.09.2006 à 16:17

Iker, je te trouve très optimiste !
Personnellement je ne vois rien venir !
Nulle part !

Le seul système sociétal et culturel qui prenne le capitalisme à contrepied actuellement sur la planète et dont l’influence est chaque jour grandissant… s’appelle… l’islamisme intégriste (charia, tchador et autre dérive). Et là franchement cela ne me fait as rêver !

Alexis… tous les défauts !

26)
volailleurs
, le 20.09.2006 à 16:33

Bravo Raphael, tu es sur la bonne voie… mais tu as encore du chemin !
Si tu viens du monde de la finance ta démarche est la bonne car je suppose que tu n’es pas arrivé dans « la République Socialiste de Berkeley » par hasard !
Je préfère un financier qui se pose encore des questions et essaie de faire avancer les choses à celui qui saute à pieds joints dans le système de profits sans se poser la moindre question.

Mais si tu as une expérience professionnelle, tu dois savoir que la vie du manager est faite de décisions et d’arbitrages et que, quelque soit la bonne volonté de ce dernier, le P&L (Profit and Lost : structure de coûts) est LA priorité absolue. C’est un problème structurel, il n’y a pas de demi-mesure. Tu dis toi-même qu’il n’est pas pensable de concevoir une entreprise qui ne fasse pas de profit.
Les bonnes intentions donc – et elles existent parfois – ne résistent pas aux premières difficultés.

Je ne vois donc que deux possibilités :
– Faire évoluer la structure : inclure les coûts environnementaux réels sans le P&L (et pas un P&L fictif) ce qui est très très loin d’être le cas actuellement malgré tout ce que l’on tente de nous faire croire,
– Changer de structure : ne pas mettre le doigt dans la logique de profits et développer son activité dans le cadre d’une association sans but lucratif.

Bon courage !

27)
Benoit29
, le 20.09.2006 à 16:33

Où, aujourd’hui, se situe la réussite du capitalisme ? De quels idéaux HUMAINS (et non pas économiques) s’est-il approché ?

La population mondiale s’est accrue d’un milliard et demi de personnes pendant ces deux décennies, et pourtant le nombre de gens qui vivent dans la pauvreté absolue a baissé d’environ 200 millions.

28)
Okazou
, le 20.09.2006 à 17:05

Écoutez donc, en ce moment même (17 h), le second volet de l’émission de France-Culture Du grain à moudre sur la mondialisatyion capitaliste, suite de celle qui impliquait Stieglitz.

Podcast disponible sur le site de France-Culture


Un autre monde est possible.

29)
Anapi
, le 20.09.2006 à 17:09

Ne tombe pas dans la carricature stupide ! personne ici ne fait l’apologie de Bové, d’Arlette et consort !

Personne vraiment ?
Certaines interventions me semblent pourtant bien s’inscrire dans ce bon vieux référentiel d’il y a 150 ans.
Je suis globalement d’accord avec tes propros, et j’admets complètement la critique du système économique actuel. Je trouve simplement regrettable que les signes encourageants que l’on retrouve dans l’article de Raphaël soit si largement méprisés.
Iker le dit très bien : la domination n’est plus que relative, et ces évolutions de l’enseignement en MBA le montrent à mon sens.

30)
alec6
, le 20.09.2006 à 17:45

Anapi ! je ne me fais aucune illusion. strictement aucune. L’article de Raphael est certes intéressant mais comme l’enfer est pavé des meilleures intentions du monde comme le dit Zit au tout début.
En cela je rejoins l’analyse de Volailleurs qui semble bien connaître le millieu.

Pour ma part le plus grand danger du notre société actuellement n’est pas social, mais environnemental.
Nous devrions depuis déjà pas mal de temps voir fleurir des projets de grandes ampleurs pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre en Europe et ailleurs.
Or rien ne se passe… ou si peu que ce n’est même pas la peine d’en parler… Il faudrait au minimum diviser par 4 ces émissions d’ici 20 ans pour demeurer dans le cadre de Kyoto…
Personne sur la planète n’en prend le chemin.
Nos devrions par exemple voir cesser la constuction d’autoroutes et se développer le train, les dirigeables, le cabotage… Cela se fait, mais à minima, on le prévoit, on y songe, on en parle, on fait des commisons, certains font même des films… (intéressants par ailleurs), mais on ne passe pas à l’action. Parce que mon brave monsieur, les actionnaires me demandent du chiffre, du 15%, les consommateurs réclament des voitures, les transports ne sont pas à la hauteur, l’habitat encore moins (mitage, isolation…).
On verra et on fera… plus tard ! et puis de toutes manières on trouvera bien quelque chose ! hein ? la science résoudra tout nos problèmes, n’est-ce pas ? comme Pasteur et Fleming l’ont fait avec nos méchants microbes, ou Watt, Einstein, Watson et Crick avec d’autres, hein , m’sieur ! … La science !

Qui y croit encore ? sûrement pas les scientifiques !

Alexis… tous les défauts !

31)
Okazou
, le 20.09.2006 à 18:29

Toutes mes excuses pour un plantage.

L’émission qui fait suite à la rencontre avec Stiglitz (sans e, Stieglitz est, lui, photographe) c’est La suite dans les idées de Bourmeau.

Ce qui ne nous empêche nullement de porter un vif intérêt au débat Du grain à moudre cité plus haut.


Un autre monde est possible.

32)
Blues
, le 20.09.2006 à 19:09

« L’enfert est pavé de bonnes intentions. »…
« PROMO sur la bonne conscience, pour un baril de bonne conscience …
…. mais j’ai du mal à ne pas sourire (jaune) à la lecture de cet article

Idem pour moi, ça n’aurait pu être mieux dit.

Cet article je dirais même qu’il me fait mal à la tête. Une autre maxime qui conviendrait (dit crûment) « c’est la merde qui se fout des chiottes »;
et moi plus je vais de l’avant, plus je deviens un genre « d’adepte du plateau du Larzac qui veut y élever ses chèvres » (mais sans aucune relation avec José B.).

Ce type de monde que tu nous propose ici commence sérieusement à me dégoûter !

Désolé Raphaël !
Moi, même si je sais que l’humain est pourri à la racine; j’ai tendance à « vouloir possible un autre monde » comme la signature d’Okazou. Mais celui que tu nous offre là … c’est NON ! c’est l’envers du bon sens.

——-
Par contre, je sais bien que si je devais héritier d’énormément d’argent (par pur hasard, hein), assurément mon éthique changererait de bord ! Bon comme cela ne risque pas, je ne sais pas si ça serait pour secourir le monde (Fairtraid, Max havelaar, Bodyshop) ou pour le pourrir encore plus (Bush and Co).

33)
Okazou
, le 20.09.2006 à 19:40

Nous ne sommes pas des saints, BLUES, c’est sûr. Mais contrairement à toi je ne pense pas du tout que « l’humain est pourri à la racine ». Je connais trop de gens bien, vraiment bien.


Un autre monde est possible.

34)
alec6
, le 20.09.2006 à 19:49

Si vous voulez écouter Sitglitz c’est téléchargeable ici .
Bonne écoute !

Alexis… tous les défauts !

35)
alec6
, le 20.09.2006 à 19:52

Blues ! tu devrai lire « L’humanité disparaîta, bon débarras  » de Paccalet !

Je ne suis pas loin d’en être convaincu !

Alexis… tous les défauts !

36)
Blues
, le 20.09.2006 à 19:58

Je connais trop de gens bien, vraiment bien.

Moi aussi Okazou, moi aussi ;-) bien heuresement, autrement j’irais droit dans le mur!
c’est grâce à ce genre de personnes que je peux vivre. C’est vrai que j’ai tendance à « négativiser ».

La question à se poser est plutôt: à partir de quelle « quantité » de richesse et de pouvoir, ces gens là tourneraient leur veste ?

37)
iker
, le 20.09.2006 à 20:31

Zitouna, Okazou, Ishar, Coacoa, Ishar, Coldfingers, Gerfaut, Blues, Alec6 vous êtes ici de grands anciens pour la plupart…
J’aimerai vous poser une question simple, vous auriez vingt-trente ans aujourd’hui, animé par l’idéalisme d’un monde différent, plus soucieux de solidarité que de profit immédiat, de protéger l’environnement que de le détruire, vous vous y prendriez comment ?

38)
Gr@g
, le 20.09.2006 à 20:48

Une entreprise doit faire du profit…

c’est bien la source des problèmes de mon corps de métiers, les travailleurs sociaux. De plus en plus, le service public tend à se libéraliser et à obéir aux lois du profits (j’y intègre la santé, l’éducation, le social, mais aussi les télécommunications, la Poste, les transports, etc…).

Je viens d’avoir l’exemple d’un collègue engagé pour animer un studio d’enregistrement tout neuf dans un Centre d’Animation Socioculturel. En l’occurence, son poste dépendra des rentrées d’argent de ce studio. Par définition, le Centre d’Animation est un lieu de lien social et d’expérimentation. D’où les principes de grande accessibilité de ces activités. On se retrouve donc avec un sacré paradoxe entre la mission idéologique du lieu et du métier et les conditions de survie imposée par le subventionneur.

Aussi, on nous demande de plus en plus de justifier qu’1 franc mis dans un Centre d’Animation (ou de quartier, ou CRA, ou autre…) rapporte qqch à la collectivité, autrement qu’en qualité de vie, de lien social et d’espace ressource. On dit bien qu’1 franc dans une crêche en rapporte 3 à terme.

Les sociaux, je l’avoue, ont du mal à communiquer sur leur réel impact de manière objective. Mais de là à justifier leur intervention « humaine » en pertes et profits…

Voila à quoi amène le capitalisme (ou ses dérivés), le social doit devenir profitable.

39)
al1
, le 20.09.2006 à 21:15

Raphael, désolé d’en remettre une couche, mais garde tes promesses, elles me font peur.

Pour ma part, ce que ça m’inspire, c’est qu’on est en train de fabriquer de toutes pièces une alternative qui n’en est pas une, pour barrer le chemin à ceux qui pourraient en proposer une vraiment, et bourrer le mou aux étudiants pour en faire des évangélistes du business. Aux US comme en France dorénavant avec le « choix » annoncé Ségolène/Sarko, c’est coca ou coca light, sachant que coca light c’est coca aussi (vous suivez, ou bien ? ;))

Une Alternative Unitaire se concocte sans eux, et sans couverture médiatique, et une nouvelle fois les « barbeaux du buisness qui nous bastonnent de leurs bassesses » (© Brigitte Fontaine) risquent de manger la poussière.
CA MONTE !

Non mais vraiment, vous c’est Arlette, Olivier et José qui vous font le plus peur ? Vraiment ? Alors que vous savez pertinemment qu’un changement radical -et vite- est vital pour notre planète vous vous accrochez encore au modèle néolibéral ?
La révolution est inévitable, alors si on essayait de la faire maintenant et à peu près en douceur ?
houlàlà, Arlette, Olivier, révolution, il semblerait que je voie rouge ! ;)

40)
M.G.
, le 20.09.2006 à 21:24

Je viens de lire attentivement l’humeur de Raphaël Fauveau.

Il me semble qu’il parle bien d’une autre manière d’envisager le capitalisme.

Capitalisme dont j’aurais tendance à croire – pour paraphraser Winston Churchill – que c’est le plus mauvais système de gestion – à l’exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l’histoire.

Raphaël a la chance d’étudier à Berkeley, berceau de toutes les révolutions culturelles « de gauche » (à l’américaine) de ces cinquante dernières années. C’est bien de Berkeley qu’est parti le mouvement contestataire qui a abouti au phénomène mondial de mai 68 ?

Que l’on puisse y réfléchir et tenter d’y enseigner un « nouveau capitalisme » ne m’étonne pas et je crois volontiers à la sincérité des associations qui prônent le mariage du capitalisme et de la responsabilité sociale.

Face au « Monde selon Bush », Berkeley et San Francisco ont violemment manifesté contre le déclenchement de l’invasion de l’Irak par les USA. Plus de 2.000 manifestants ont été matraqués et internés lors de ces manifestations. Bien sûr, les images n’étaient par sur CNN !

Personnellement, je leur laisserais le bénéfice du doute quant aux résultats obtenus. Raphaël pourra nous raconter ce qu’il en pense lorsqu’il aura décroché son MBA ;-)

Marc, l’Africain

41)
alec6
, le 20.09.2006 à 21:43

Iker, je pense que je me lancerais en politique, le problème étant qu’aucun parti ne m’attire.
J’ai cru un moment qu’ATTAC pouvait devenir une alternative crédible, mais leur comportement sectaire lors du référendum sur l’Europe m’a laissé un goût amer et leurs récentes « élections » du « polit buro » m’ont définitivement détourné de eux.

Je crois cependant qu’il n’y a d’autre alternative que le « politique » pour être efficace car nous sommes, faut-il le rappeler dans un système de société démocratique et représentatif plus ou moins bien constitué selon les pays (mais c’est une autre histoire).

Sinon, je ferais ce que je fais déjà depuis longtemps, ie tenter d’avoir « l’impact écologique » le plus petit, tout en me disant que de toute façon vue la quantité d’individus qui s’en foutent, ici et ailleurs, ça ne sert pas à grand chose, même pas d’exemple. Au mieux on passe pour un écolo bien brave, au pire pour un pauvre type qui s’emmerde bien la vie sans voiture avec trois enfants petits et qui fait chier son monde avec ses idées à la con !

Plus que jamais, je pense que l’humanité est sans espoir !
Mes enfants, Bach, Brahms et bien d’autres suffisent à mon bonheur.

Alexis… tous les défauts !

42)
al1
, le 20.09.2006 à 21:52

Alec6, peux tu en dire plus sur ATTAC, ça m’intéresse ?

« leur comportement sectaire lors du référendum sur l’Europe », tu veux dire avoir appelé à voter non ? c’est ça qui te chagrine ? ça m’étonne de toi !
leurs récentes « élections » du « polit buro », désolé pour mon inculture, mais de quoi tu causes ? (j’ai plus la télé et je lis peu les journaux, trop occupé que je suis à me consacrer à l’autoconstruction)

43)
Thierry Vial
, le 20.09.2006 à 21:53

Waouh ! Je savais bien que le monde du Mac c’était pas trop à droite (c’est pour ça que ça me plaît), mais alors, là, ça me surprend quand même, moi qui suis plutôt d’extrême centre.

On peut se demander si une humeur sur les MBA a sa place sur cuk.ch (il y en a bien sur les rasoirs Gillette!) mais vos réactions négatives me sidèrent.

Raphaël s’intéresse à l’éthique dans les affaires. Ou est le mal ? On ne va sûrment pas sauver le monde avec quelques cours de genre dans les MBA, mais toujours ça de pris !

Allez Raphaël, bon courage pour les deux années à venir et bravo !

Et nous autres, retournons à la lutte finale ;-)

44)
al1
, le 20.09.2006 à 22:21

Les amis, merci pour le lien sur Joseph Stiglitz, c’est instructif, mais qu’est-ce qu’ils ont tous avec « le nouveau modèle économique suédois », comme on dirait « le nouvel ordre mondial » ? C’est la nouvelle mode ? Je sais pas vous mais mon petit doigt me dit que ça sent le coup-fourré ! Il se base sur des chiffres, moi j’ai appris à m’en méfier. Ca cache quelque chose, c’t’affaire ! C’est, ce me semble, un système ultra-policé, les nordiques n’ont pas l’air de s’en plaindre, mais je sens là un nouveau « nème » (je vous redonne le lien?) : vous êtes traversé par une idée que vous croyez vous être propre, mais manque de bol, il s’agit d’une pensée toute faite qu’on vous a apportée sur un plateau, et vous ne vous en êtes pas apperçu : un peu comme les images subliminales. Camarades, méfiez-vous, on vous ment, on vous spolie ! ;) On vous cache tout on vous dit rien, disait le poète, et si c’était pas des blagues !?!

45)
alec6
, le 20.09.2006 à 22:34

al1, appeler à voter non est une chose, ne pas supporter que certains puissent voter oui au sein de leur groupe en est une autre. J’ai préféré de loin, l’attitude d’Alternatives Economiques qui a certes appelé à voter oui, mais qui a laissé les « nonistes » s’exprimer dans ses colonnes en organisant même un débat entre deux journlaistes aux arguments opposés.
Quant aux élections récentes, plusieurs membres fondateurs dont Susan George ont noté des irrégularités flagrantes, à tel point que de nouvelles élections vont avoir lieu.

Je reconnais ne pas être suffisamment combatif pour monter moi même aux crénaux…

Alexis… tous les défauts !

46)
Okazou
, le 20.09.2006 à 23:26

« J’ai cru un moment qu’ATTAC pouvait devenir une alternative crédible, mais leur comportement sectaire lors du référendum sur l’Europe m’a laissé un goût amer et leurs récentes « élections » du « polit buro » m’ont définitivement détourné de eux. »

Je t’aime bien, alec6, tu le sais, mais ce ne sera pas suffisant pour que je te laisse te défiler une fois de plus sur la question du NON à l’Europe.
Cette fois, tu accuses un groupe de gens honnêtes de sectarisme. Il va falloir le démontrer ou bien retirer l’insulte, ce que je te conseille très amicalement de faire.

Tu ne connaîtras pas ATTAC si tu te contentes d’y poser un regard extérieur, te contentant de lire ici et là quelques coupures d’une presse libérale hostile : Le Monde, Libé, Le Figaro, les télés, les radios et la plupart des éditorialistes qui ont, comme toi, voté OUI à un texte abominable (dont j’aimerais d’ailleurs que tu m’expliques les qualités que tu pouvais y trouver).
Confondre une poignée de ses dirigeants (sous haute surveillance des membres) avec ceux qui, au quotidien, mènent des actions populaires tous azimuts (vois donc du côté des groupes locaux, près de chez toi) c’est aussi con que de dire que la France et les Français sont à l’image de Chirac, leur président ou que les Américains sont tous des zaméricains bushiens.

Cela dit, ATTAC vit aujourd’hui un problème important mais sans doute pas si grave que certains pourraient méchament le souhaiter.
Il est évident que des éléments douteux sont parvenus (malgré une grande vigilance) à pénétrer ATTAC et il est tout aussi évident que ce n’est pas pour le bien de l’association. On peut même dire que ces gens-là (cherche-les du côté du PS mais pas seulement) font tout pour qu’ATTAC ne s’engage pas sur la présidentielle et les élections suivantes en retardant autant qu’ils le peuvent le règlement du litige. J’ai bon espoir qu’ils se fassent coincer par leur manœuvre de basse politique et qu’ATTAC, qui n’a jamais suspendu son action, puisse la développer à nouveau.

Je reste persuadé qu’ATTAC est le mouvement idéal pour ta volonté de changer les choses en dehors des partis. Un foisonnement d’idées que l’on a peine à imaginer qui débouchent sur des actions politiques du plus local (le quartier, la commune) au plus global (la planète). Tu y évoluerais comme un poisson dans l’eau. C’est tout le mal que je te souhaite.


Un autre monde est possible.

47)
Okazou
, le 20.09.2006 à 23:31

« Capitalisme dont j’aurais tendance à croire – pour paraphraser Winston Churchill – que c’est le plus mauvais système de gestion – à l’exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l’histoire. »

Ce qui signifierait qu’il n’y en aurait pas d’autre et que dans mille ans l’économie sera toujours capitaliste ?

Plus conservateur, tu meurs…

« je crois volontiers à la sincérité des associations qui prônent le mariage du capitalisme et de la responsabilité sociale. »

Depuis quand la sincérité (qualité fort respectable au demeurant) serait-elle un filtre sufffisant pour juger de la véracité d’une affirmation et, a fortiori, d’une thèse ?


Un autre monde est possible.

48)
Okazou
, le 20.09.2006 à 23:58

« Les amis, merci pour le lien sur Joseph Stiglitz, c’est instructif, mais qu’est-ce qu’ils ont tous avec « le nouveau modèle économique suédois », comme on dirait « le nouvel ordre mondial » ? C’est la nouvelle mode ? Je sais pas vous mais mon petit doigt me dit que ça sent le coup-fourré ! »

Bien vu !
S’il est vrai que la social-démocratie suédoise est parmi ce qui se fait de plus civilisé sur la planète, il n’en est pas moins vrai que l’on reste loin d’une société vraiment organisée au service de l’homme.

Là où on sent le coup-fourré c’est dans l’intérêt trop marqué que portent les libéraux, particulièrement les-nôtres (Fillon, Sarkolène, Raffarin…), sur le système suédois.
Il faut tout de même avoir conscience du fait qu’aucun modèle social ne peut prétendre à l’universalité, du fait, en premier lieu, de l’histoire et de la culture de chaque pays. Il n’y a pas sur la planète que des petits Mickeys, c’est d’ailleurs pourquoi toute mondialisation rencontre rapidement ses limites. Même en se cantonnant au monde des affaires.

Si donc la Suède attire autant les libéraux de gauche et de droite, c’est que le dernier gouvernement suédois, celui qui vient d’être viré, n’a pas lésiné sur les mesures libérales avec pour résultat de rompre l’équilibre social culturel local.

Le Canard enchaîné du 20/09 (toujours en vente dans les kiosques), dans un article de Jean-Luc Porquet, rappelle fort à propos à la Une que le gouvernement libéral de gauche Persson a fermé les bureaux de poste : les supérettes et les stations d’essence y suppléent ; Il a licencié 10% des profs ; Il a transformé les chefs d’établissements en chefs d’entreprise ; Il a vendu au privé le bien public : Télécoms, électricité, transports publics ; Il a fermé 10 000 lits d’hôpitaux : explication du surpeuplement hospitalier.
Du nanan pour les libéraux !

Donc, quand les Français auront gobé le message « Le modèle suédois est formidable, imitons-le ! », rien n’empêchera plus nos salopards de libéraux de gauche (Sarkolène) ou de droite (Ségozy) de réformer à la mode libérale, c’est-à-dire en détruisant et en régressant.


Un autre monde est possible.

49)
Okazou
, le 21.09.2006 à 00:07

« J’ai préféré de loin, l’attitude d’Alternatives Economiques qui a certes appelé à voter oui, mais qui a laissé les « nonistes » s’exprimer dans ses colonnes en organisant même un débat entre deux journlaistes aux arguments opposés. »

Alors, explique-moi la logique qui les a menés à appeler à voter OUI.

Je n’ai rien contre les journaux d’opinion s’ils se déclarent journaux d’opinion, est-ce le cas de ce journal économique ou une exception fut-elle expressément faite sur le sujet ?

Éthique ?


Un autre monde est possible.

50)
iker
, le 21.09.2006 à 00:28

À Raphaël, Anne, Alec6… et nos autres contradicteurs ;-)

Je ne vous décrirais pas ici un système idéal, un package complet opérationnel pour lutter contre le modèle capitaliste dominant.
Mais dans le discours ambiant, j’aimerais apporter un témoignage concret d’acteur de terrain.

Je crois beaucoup au principe du Thing Global, Act Local. Comme vous, j’ai fait le constat que la logique du profit agissait au détriment de tout le reste. Mais chacun à notre niveau, là où nous vivons, nous avons des marges de manœuvres pour agir, entreprendre et créer autrement.

Nous devisons ici d’exploitation sauvage, comme si seul le monde de l’entreprise prédatrice existait : comme s’il n’y avait ni services publics, ni secteur associatif, ni réseaux mutualistes pour les solidarités… ni d’autres formes d’organisations du travail.

Pour parler d’Agir localement… Je pense Anne à l’expérience de Mondragon, aux confins du Guipuzkoa (San Sebastian), de la Biscaye (Bilbao), de l’Araba (Vitoria Gazteiz) et de la Navarre (Pampelune).

Plan pour se situer

Je restitue rapidement le contexte

L’époque : 1956, depuis déjà vingt longues années Franco est le bras armé d’un capitalisme ultra-libéral, le vrai, le dur, celui qu’on connaissait en France au XIXe siècle, la dictature sanglante en plus. Les Basques et les Catalans, qui ont été parmi les derniers à tenir contre les putschistes, sont la cible d’une violence d’État inouïe.

Le contexte géographique : Il s’agit d’une zone montagneuse difficile d’accès, avec des pentes vertigineuses et impossibles à cultiver. Une vallée où l’on était dur à la peine, mais si vous vouliez trouver un travail, dans les années cinquante, vous étiez condamnés à l’exil. Les Français où les Espagnols appellent cette ville Mondragon (en mémoire de l’occupation par les dragons napoléoniens), les basques la nomment Arasate (se prononce arrache-athée).
photo satellite

À propos d’athée (je sens déjà les anticléricaux affûter leurs arguments, ils tomberont à plat, je suis libre penseur) justement, c’est un petit curé basque, âgé de 26 ans qui débarque dans la vallée en 1941. Un curé basque, ce n’est souvent pas un curé ordinaire. À quelques vallées de là sont nés, il y a cinq siècles, Iñaki de Loyola et Francisco Javier, les deux principaux fondateurs de l’ordre des jésuites.

À une époque ou le clergé était étroitement lié à l’oligarchie franquiste, les curés basques faisaient intégralement partie du peuple, résistant à l’oppression politique, culturelle et économique, et l’ont payé chèrement durant toute cette période, par de longues années de prison, ou de leur vie.

Donc en 1941, Jose Maria Arizmendiarrieta, débarque à Arasate pour avec l’idée de fixer les jeunes dans la vallée. Il commence par créer une toute petite école professionnelle, avec une douzaine de jeunes du village. Puis en 1956, il crée avec eux l’atelier de mécanique Ulgor. La forme juridique adoptée s’appuie sur une longue tradition rurale au Pays basque de partage des pacages, et de solidarité entre voisins. Ce sera une coopérative, reposant sur le principe un homme, une voix.

D’autres ateliers se mettent rapidement en place, et travaillent en réseau.

Le groupe coopératif émerge peu à peu, et finance intégralement un système éducatif pour tous les habitants de la vallée : l’école professionnelle s’étoffe pour créer un système d’enseignement complet, de la maternelle à l’université propre, en passant par les collèges, lycées, la formation professionnelle, l’école polytechnique, l’école d’ingénieur, un centre de recherche. Pour assurer son développement, le groupe a créé sa propre banque, la Caja Laboral popular, reposant sur la mobilisation de l’épargne populaire.

Le tout sans jamais avoir bénéficié du moindre soutien de l’État, ni d’une quelconque collectivité publique, par la simple volonté de quelques groupes de personnes autonomes, disposées à investir leur énergie et leur créativité au service de leur vallée.

On peut même dire, que l’État espagnol voyait le développement de ce groupe coopératif comme un sérieux foyer de subversion. L’histoire prouvera qu’il n’avait pas totalement tort, mais c’est une autre histoire, celle qui s’écrit avec un grand H.

Pour que les salariés du goupe coopératif puissent être protégés des aléas de la vie, ils mettent en place dès les années soixante un groupe d’assurances, un système de sécurité sociale sophistiquée et un système de santé mutualiste… totalement inexistant dans le reste de l’Espagne, même encore de nos jours.

Parti en 1956 avec une douzaine de jeunes, le groupe réunit aujourd’hui 210 entreprises, pesant 24 milliards d’euro de chiffre d’affaire.

La grande majorité des salariés sont sociétaires (actionnaires coopérateurs), ou sont vivement encouragés à le devenir. Au Pays basque, 81 % des salariés du groupe sont coopérateurs, les autres le deviennent rapidement au bout de quelques années de présence dans l’entreprise. L’essentiel du bénéfice est reversé aux sociétaires, l’autre partie étant systématiquement réinvesti dans le développement du groupe, de la formation, de l’accompagnement des salariés tout au long de la vie…

Les actionnaires extérieurs, investisseurs privés tout à fait marginaux dans le capital, ne recueillent pratiquement aucun bénéfice de leurs investissements. Ce qui d’ailleurs met le groupe à l’abri de toute tentative d’OPA, soit dit en passant.

L’un des principes fondateurs est que la personne-travailleur est considéré comme le principal actif de l’entreprise. Et comme il est par ailleurs un apporteur de capital (une part d’environ 5 % est prélevé sur son salaire pendant plusieurs années, pour constituer sur son apport, qui se monte généralement à environ six mois de salaire), il participe au processus de décision, selon le principe un homme, une voix, par l’assemblée générale annuelle, et en désignant les dirigeants de l’entreprise.

C’est parmi les salariés coopérateurs, ce que l’on appelle en France les sociétaires, que sont élus les administrateurs, sur la base de l’expérience et de la compétence, par l’assemblée générale.

Certains sont cadres, mais d’autres pas. Il n’y a rien d’exceptionnel à ce qu’un chef d’atelier, voire un simple ouvrier ayant acquis à la fois un sens du leadership et un sens de la créativité ou de l’innovation, soit désigné par ses pairs comme le PDG de l’une de ces sociétés coopératives. Il ne percevra aucune rémunération particulière pour sa responsabilité de PDG.
Les écarts de salaires ont longtemps été de 1 à 3, avec l’augmentation de la taille du groupe, ils sont désormais de 1 à 6, pour les cadres intervenant à la direction du groupe coopératif.

Le Groupe Mondragon Corporación Cooperativa (vous pouvez télécharger la plaquette au format pdf – 49 pages – en castillan ou en anglais relatant l’histoire complète du groupe), regroupe en 2006, 84 000 salariés (50 % des effectifs du groupe sont au Pays basque, 40 % dans le reste de l’État espagnol, 10 % à l’international) dans de nombreux secteurs comme la mécanique, de l’électroménager, de la machine outil, de l’imprimerie, l’agroalimentaire, la distribution (la marque Eroski), la sous-traitance automobile, la construction et dernièrement les services… Vous croyez ne pas connaître la marque ? si je vous cite Fagor, leader du marché espagnol, et maintenant européen de l’électro ménager ? ça ne vous dit toujours rien ?

Le développement du groupe est rapide, plus de 4 000 emplois ont été créés en 2005 (un taux de croissance de 5 %, en partie par développement interne, en partie par rachat de sociétés traditionnelles, progressivement amenées, si elles le souhaitent à devenir des coopératives).

Il faut avoir idée que le Pays basque sud, Navarre comprise, représente environ trois millions d’habitants.

Ce groupe coopératif pèse donc 84 000 salariés, participant directement au processus de décision de leur entreprise, alors que dans un pays trente fois plus peuplé comme la France, il n’y a que 25 000 salariés, dans les sociétés coopératives de production ou de consommation. Soit un écart de un à cent.

Le groupe de Mondragon est un exemple unique au monde, d’une démarche où les gens prennent leur avenir en charge de manière autonome.
Ce n’est pas un monde parfait, surtout que la préoccupation sociale et environnementale n’a pas encore atteint les standards que l’on peut rencontrent dans les pays d’Europe du Nord, pour autant dans le contexte espagnol, ils n’ont de leçon à recevoir de personne.

La plupart des questions liées au fonctionnement des coopératives de Mondragon sont traitées sur le site de Mondragon corporación cooperativa , en particulier sur les pages suivantes.

Dans les années 80, ce groupe ne pesait alors “que” 20 000 salariés, et était à peu près inconnu de notre côté de la frontière, à part quelques militants “abertzale” qui décidaient d’investir le champ économique. Je faisais partie de ceux là.

Il y a vingt ans, je venais de terminer mon service civil d’objecteur de conscience, et j’avais le choix entre prendre la route de l’exil, comme mes six frères et sœur l’avaient fait avant moi, ou mettre en route un principe concret du « think global, act local » et de le combiner aux principes de Schumacher « Small is beautifull »
Ce principe avait été porté par la génération de 68, c’était celui de « vivre et travailler au pays », mais ils n’avaient pas su le mettre en œuvre.

Au Pays basque nord, la démarche coopérative a été plus tardive. Elle a surtout explosé au milieu des années 80, créant environ 700 emplois, plutôt dans le secteur des services (informatique, communication, presse) et de la filière bois.

En 1984 j’étais objecteur de conscience, dans une association de quartier, et j’ai commencé à réfléchir avec des potes à ce que nous allions devenir, nous refusions de suivre le modèle de nos aînés qui avaient pris la route de l’exil, et avons décidé de nous lancer dans une activité économique… mais sur une base nouvelle.

C’était le début du Macintosh, puis un an plus tard, l’arrivée de MacPublisher, de la Laserwriter, du langage PostScript puis de Pagemaker, Freehand et Illustrator. J’étais déjà éditeur d’un mensuel, je m’apprêtais à lancer un hebdomadaire… l’idée a vite germé d’inventer un nouveau type de services pour les associations, les syndicats, les mouvements politiques, la presse d’entreprise.

J’avais 22 ans, j’étais le benjamin d’une équipe de sept de mes camarades (âgés de 25 à 35 ans) animés par les mêmes principes, mais j’étais celui que mes camarades ont choisi pour conduire le projet. Nous n’avions pas un kopeck, aucune tradition d’entrepreneurs… mais l’appui technique et logistique du réseaux des coopératives basques, et la conviction chevillée au corps, qu’il fallait construire quelque chose de nouveaux, porteurs aussi de l’héritage de ce qu’avait fait Jaurès avec les mineurs de Carmaux, toute proportion gardée : l’émancipation comme vecteur de transformation sociale.

Nous avons commencé par créer une association pour porter un projet de coopérative dans le domaine de l’information, de la formation à la microédition (avant que ça ne s’appelle la Publication assistée par ordinateur) dès 1985, tout seul dans notre coin, sans savoir que nous étions parmi les premiers en Europe à nous lancer dans cette activité, totalement inconscient que nous étions alors. L’agence Scoop (jeu de mot sur le mot scop, société coopérative de production, et l’objet de la société), est née un an après.

Alors ce n’est pas moi qui frapperait sur Raphaël et sa démarche. Non seulement je la comprend, mais je la partage. Ne pas rester spectateur de sa vie, ne pas se contenter de n’etre motivé que par le profit, mais chercher des formes alternatives de construction de son avenir.

C’est pour ça que je repose une question très pratique à ses détracteurs. Si vous aviez vingt ou trente ans aujourd’hui, et que vous devriez construire votre avenir, vous le feriez comment vous ? pratiquement ?

51)
zitouna
, le 21.09.2006 à 00:50

Iker, pas facile de te répondre… D’abord, je te trouve très « optimiste », là:

Alors d’absolu, sa domination est devenue relative chez nous.

Le retour en force de l’idéologie ultra-libérale des années 80 (Chicago boys, Friedmann : Thatcher, Reagan, Madelin, Aznar, Berlusconi…) a fait long feu.

Les noms ont certes changé, mais les Blair, Jospin, Sarko, Bush et autres n’ont pas vraiment changé le cap (oui, oui, pour moi, c’est bien la même équipe:-(, loin s’en faut. Leurs méthodes sont sans doute plus insidieuses, mais le mur est toujours là!

Déjà, je ne passerais pas mon permis de polluer, et je le claironnerais haut et fort, sur ma bicyclette. Ensuite, et bien ensuite, je consommerais le mieux possible ( AMAP , pas de grande surface ou centre commercial, le plus d’achats possibles en troc, brocantes, puces…) et le ferais savoir. Bien évidement, sevrage absolu de l’étrange lucarne (là-dessus, je suis très fier de moi: gravement dépendant – des heures passées à zapper sur des merdes en sachant que je ne trouverais rien de bon – j’ai eu un avant-goût de la liberté le jour que l’appareil est tombé en panne: six mois de bonheur! Puis, la pression familiale a joué et nous avons racheté un poste… A nouveau ce machin qui trônait dans le salon, erzatz moderne de la cheminée, les conversations au coin du feu et les patates sous la braise en moins… Puis, saisissant l’opportunité d’un déménagement, j’ai décidé d’acheter un téléviseur par chambre, mais rien dans le salon! Que ceux qui veullent s’abrutir le fassent tout seuls, sans empêcher les autres de discuter, lire, écouter de la musique. Et ça a merveilleusement bien marché: plus personne ne regarde la télé, on discute en se regardant, pendant le dîner… Evidemment, il y a des dégats collatéraux: on n’est pas au courant du dernier avion qui s’est cassé la gueule ou de la enième tempêtre du siècle, mon fils trouve très bizarre, quand il va chez des amis, que ce truc soit tout le temps allumé, en sourdine). un peu longuette, la parenthèse, non? ;-)
Pour finir, discuter, avec les amis, les voisins, les commerçants, sur les sites consacrés au Mac et à la photo, au marché, dans la rue, marteler qu’un « autre monde est possible », sans arrêt et obstinément: si on n’arrive à ne convaincre qu’une personne par an, ça peut parraitre bien peu, mais c’est mille (infiniment) fois plus que de ne convaincre personne parce qu’on a fermé sa gueule toute sa vie! Les petits ruisseaux font de grandes rivières…
Pour ce qui est du « capitalisme », je partage l’optimisme de certains quand à sa fin inéluctable, mais aussi, je crains que ce ne soit pas pour demain, et que le « talon de fer » (à lire absolument ce magnifique roman de politique-(science)-fiction de Jack London, écrit en 1907 et, vraiment très, très lucide et visionnaire. On y lit d’ailleurs une magnifique démonstration de la finitude du capitalisme, de par son essence même, cette fameuse course aux profits qui n’est rien d’autre qu’un cancer) ne se maintienne sur nôtre cou encore quelques difficiles années (siècles). Mais ce n’est pas en baissant les bras qu’on va se débarasser de la ploutocratie.
Alec6, je partage toujours tes inquiétudes. Et ça aussi, c’est pareil, il faut rabacher, sans arrêt, quitte à passer pour un pôvre « adepte du plateau du Larzac qui veut y élever ses chèvres », ce qui, soit dit en passant, me plais bien plus que de risquer de passer pour un pôvre « adepte de Wall Street pour y élever ses stock options »…
z (à pédale, toujours)

52)
Raphaël Fauveau
, le 21.09.2006 à 05:48

Je viens de finir mes cours pour la journée (ce qui, malheureusement pour moi, ne veux pas dire que ma journée est finie), j’ai donc eu du temps pour lire tous commentaires. Je suis d’abord content que cette petite humeur est déclenchée tant de passion. Après, je constate que beaucoup ont une vision TRES manicheenne des choses et rêvent de voir l’économie de marché s’effondrer – cependant j’attends toujours les solutions de rechanges…

Carnea: c’est vrai que cette humeur n’est pas vraiment relative au Mac, mais on en a vu d’autre sur Cuk ;)

Alec6 (je crois que c’est toi qui a parlé de ça): la notion d’entreprise socialement responsable s’applique aussi aux problématiques environnementales, que l’on considèrent comme partie prenante des responsabilités d’une entreprise par rapport à la société.

justement, sur la notion environnementale, j’ai une petite histoire assez instructive, surtout pour ceux qui considèrent que tout cela n’est que de la poudre aux yeux et ne fera jamais évoluer les choses.
Il existe ici une chaîne de supermarché nommé Allfood, qui ne fait que des produits bio, produits dans le respect de normes environnementales strictes, avec des règles claires de partage des bénéfices entre tous les intervenants, dont le producteur qui ne peut pas être payé moins que son prix de revient (tout inclus, y compris son salaire) plus une certaine marge, indépendamment des aides qu’il pourrait recevoir. Donc globalement il ne peut pas vendre à perte. Un de ses produits vedettes est un yahourt au soja – donc avec du soja bio bien sous tous rapports ;) Et tout ça est contrôlé par une fondation indépendante.

Allfood est un grand succès ici, aussi bien sur la côte ouest que sur la côte est (moins au Texas, mais c’es normal) et les clients raffolent de ses produits. Le grand méchant Wal-Mart, voyant cela, à décidé de contre-attaque: c’est depuis devenu le plus grand acheteur mondial de soja bio produit selon les mêmes règles qu’Allfood, et contrôlé par la même fondation.

Les esprits critiques vont me dire que c’est cosmétique, juste une ligne de produit, et que ça sert l’image de Wal-Mart. Et alors ? C’est un progrès, ils vont être obligés de faire de même avec d’autres produits, et globalement tout le monde y gagne. Pas besoin que le CEO de Wal-Mart soit passionné par le business éthique: suffit qu’il l’applique pour que ça commence à faire tâche d’huile… Et face à des entreprises comme la même Allfood oou Cosco, ils sont même en train de changer leurs pratiques salariales (qui étaient vraiment lamentable, il faut bien l’avouer…)

Un cas comme ça, ça me donne de l’espoir: si même un géant comme Wal-Mart est obligé de changer ses pratiques à cause d’un plus petit que lui, c’est que l’on peut avoir un impact sur notre environnement sans rapport avec notre taille. Et même si au début c’est un peu forcé, ça oblige les gens à prendre conscience des choses, et au bout d’un moment, ils font cela naturellement.

Donc oui, j’y crois et je suis sûr que l’on peut améliorer le monde comme ça (je rappelle que je crois profondément dans une économie de marché avec des valeures morales fortes – ça nécessite juste une adpatation de certains critères, adaptation qui est en train de se produire).

Par ailleurs, ce soir j’ai dîné avec Priya Haji (ancienne élève du MBA de Berkeley ;) qui est la fondatrice de World of Good . Pour les anglophones, je vous conseille d’aller y faire un tour: vous verrez que l’on peut faire du business en s’impliquat dans la société. Et je peux vous garantir que tous les actionnaires de cette compagnie ne sont pas des philantropes: ils sont là pour gagner de l’argent, mais de la bonne manière (le fameux « redefining good business »).

Raphaël

ps: Marc, berkeley est toujours à la pointe de la contestation, même si, par nature, c’est un peu moins le cas de la business school… Mais c’est quand même un endroit très rafraichissant.

53)
coacoa
, le 21.09.2006 à 11:28

Iker, pour te répondre, j’ai 31 ans. Je suis donc en plein dans ta question…

Comme toi je crois en l’adage (emprunté à ATTAC) « Penser global, agir local ». Aussi je fais ce que je pense avoir à faire à l’endroit où je me trouve, avec les « qualités » qui sont les miennes.

Passionné de politique, je n’imagine pas pour autant avoir les capacités nécessaires à un engagement public (j’entends par là siéger dans un exécutif quelconque).

Par contre j’essaie, dans la mesure du possible, d’avoir un « comportement » et des « engagements simples » à la hauteur de mes idées (que ce soit en discutant volontiers de politique avec mes proches ou, dans un autre registre, en privilégiant systématiquement les transports publics, pour prendre des exemples concrets).

Professionnellement, metteur en scène, auteur et comédien de théâtre, j’essaie de formuler des projets qui contiennent, de manière concrète ou symbolique, mon envie (et notre besoin, je crois) d’un monde plus juste.

Par exemple, dans mon dernier spectacle en date, j’ai intégré à la représentation (non pas en tant que traducteur sur le côté de la scène mais en tant qu’acteur parmi les acteurs, humain parmi les êtres humains) un interprète en langage des signes, permettant à la population sourde (qui paie ses impôts et subventionne le théâtre public comme tout le monde) d’avoir accès à la pièce. Et si certains aspects de la pièce échappaient forcément aux sourds (la musique par exemple), j’ai travaillé de manière à ce que d’autres moments ne soient « compréhensibles » que par les sourds. Ce qui ne nivellait pas les différences mais les mettait sur un même pied d’égalité.

J’ai veillé également à ce que la question de la surdité ne soit pas le propos du spectacle, mais une de ses composantes. Je ne voulais pas non plus braquer un projecteur sur « ces pauvres handicapés », au contraire. J’ai envie d’amener sur le plateau une altérité essentielle que d’aucuns voudraient jeter à la poubelle.

Bref, je suis particulièrement sensible à ce genre de choses essentielles, et je crois pouvoir dire, avec le retour exceptionnel que m’a donné le public, que le but a été atteint, à savoir sensibiliser, questionner avec des moyens humains, vivants, avec plaisir et générosité (ainsi que beaucoup de travail :-)).

D’une autre manière, objecteur de conscience, je fais du service civil, ce qui, je l’avoue, me barbe parfois (il est difficile d’accomplir son devoir citoyen et concilier ces horaires imposés avec un travail de « saltimbanque »). Depuis quelques années, je travaille dans une animation de jeunesse qui m’offre la possibilité de travailler avec ce que je suis et les qualités qui sont les miennes.

J’ai ainsi (par exemple), il y a quelques temps, écrit un monologue que j’ai interprèté devant de jeunes adolescents (à chaque fois une vingtaine d’ados), environ quatre-vingt fois. Dans la ville où je le faisais, un ado avait, lors d’une rixe, tué un jeune qui avait tenté d’intervenir.

Par le biais du théâtre, modestement, j’ai « raconté » l’émotion du père de ce jeune homme 40 ans plus tard, de manière à questionner non pas la violence en tant que telle mais ses répercussions dans la chair de l’âme et dans le temps.

Ce fut une expérience à proprement parler fabuleuse, concrète et magnifique. Nous prenions après la représentation du temps pour échanger avec ces ados. Tout d’abord, la « distance » offerte par le théâtre leur a permi d’entrer dans le sujet très vite, avec des « émotions » autres qu’intelectuelles. Puis ils se sont racontés comme mon personnage l’avait fait, avec des mots simples et humains. C’était juste parce qu’il y avait un échange, parce qu’il y avait un lien, parce que nous étions des êtres humains les yeux dans les yeux, avec un artifice certes (celui de la représentation) mais sans mensonge.

Nous avons également mis sur pieds de nombreuses activités pour les jeunes, travaillons à mettre en place des « structures » favorisant le partage des connaissances, la mixité et l’intégration, ce qui implique aussi, même si les gens qui organisent tout ça sont payés une misère, un grand travail de recherche de fonds

Voilà, j’ai été un peu long, mais c’est ce que j’essaie de faire à l’endroit où je me trouve. Etre concret, modestement, à l’endroit où je suis, sans transiger sur les convictions qui sont les miennes.

Anapi, je n’ai pas voulu dans mon précédent commentaire « charger » Raphaël. Si je me suis exprimé ainsi, c’est parce qu’il m’est difficile de croire en les « vertues » du capitalisme. Parler d' »éthique capitaliste », c’est un peu comme décorer une guillotine : ça n’en change pas le but.

(Encore un conseil : lire, entre autres, « L’empire de la honte » de Jean Ziegler, Fayard).

54)
Anne Cuneo
, le 21.09.2006 à 14:24

Iker: je ne te contredisais pas, je demandais des précisions.
Et j’ai bien fait, parce que ton expérience est passionnante. Ce qui m’amène à exprimer une idée que j’ai depuis quelque temps.
J’ai moi-même fait l’expérience d’une petite entreprise capitaliste, une imprimerie coopérative. Simplement, le jour où elle a atteint le seuil qui permettait de bien payer tout le monde, de créer une caisse de pension pour le personnel, de faire des réserves pour remplacer le matériel (entre temps on passé du plomb à l’informatique), ou en cas de coup dur, elle a refusé de s’agrandir pour prendre plus de commandes. Les clients vont et viennent depuis plus de vingt ans maintenant. Je ne suis plus membre actif, mais la philosophie n’a pas changé: lorsqu’on atteint la limite de ce qu’on peut produire, on arrête. Le carnet de commandes est toujours plein, parce qu’ils ont une réputation de qualité. De temps à autre ils donnent un coup de collier pour une commande exceptionnelle, mais en ligne générale, tout va bien. On leur a beaucoup dit qu’ils se feraient bouffer parce que c’était le sort inéluctable d’une boîte qui refusait de grandir.
Ils sont toujours là, en plein boom.
J’en viens donc à l’idée que je voulais exprimer.
Je pense que nous avons tort de dire capitalisme tout court.
Il y a le grand capitalisme, Mammon dans toute sa gloire, seul l’argent compte, les gens sont les instruments du fric et non l’inverse.
Mais il y a le petit capital – capitalisme social, pourrait-on dire. Il emploi des (pas les, DES) méthodes capitalistes, mais sans jamais perdre de vue que les capitaux qu’on utilise et fait fructifier, c’est pour faire vivre des gens qui exercent une activité honorable et utile.
Tout le monde a oublié ça, mais en août 68 à Prague, c’était plein de théoriciens qui voulaient instaurer ça, ils appelaient cela un socialisme à visage humain – ni vraiment socialisme, ni vraiment capitalisme.
Ça n’étonnera personne de se souvenir que les chars russes ont écrasé tout ça vite fait, et que l’occident a laissé faire, parce que ce que proposaient les Tcheques en révolte leur faisait trop peur. Ça mettait en cause tout le monde.

Anne

55)
iker
, le 21.09.2006 à 14:35

Coacoa, merci de ta réponse. Nous touchons là au concret, à l’humain, à l’action quotidienne aux côtés des gens. Ça sent le vécu, et loin de la diatribe, ou de la stigmatisation, c’est intense d’humanité.

Je déduis de ta réponse, lorsque tu évoques le service civil et l’objection de conscience, que tu es Suisse ?
Je suis en train de préparer un article sur les différentes manière d’être objecteur de conscience en Europe, et sur les différentes natures de service civil ou civiques selon les pays. Depuis que le service militaire a été supprimé en France, de nombreuses personnes pensent qu’il faudrait rétablir une forme de lien citoyen entre la jeunesse et le pays. Je suis interessé par tous les témoignages sur ces sujets là, de quelques pays qu’ils viennent.

Lorsque j’étais au lycée, Jean Ziegler était encore député socialiste en Suisse, et venait de publie « une Suisse au dessus de tout soupçon », dans lequel il dénonçait notamment les relations troubles de Nestlé avec le tiers monde, et le Chili de Pinochet en particulier. J’avais étudié son ouvrage avec ma prof d’économie.
J’ai perdu un peu cet auteur de vue ces derniers temps, mais le “microcosme médiatique“ français le présente comme de plus en plus controversé dans son pays. Si quelqun veut bien m’éclairer sur le sujet, je suis preneur là aussi.

Je pense qu’en Suisse, le sujet que je vais aborder ici ne vous est pas inconu : Il y a un siècle, Max Weber publiait un livre retentissant sur l’éthique protestante du capitalisme . Le débat évoqué par Raphaël s’inscrit dans une longue tradition, mais des dimensions humaines, sociales, environnementales et de développement durable font désormais partie de la réflexion. Et force est de constater que se sont les pays protestants qui ont eu souvent sur les sujets des conditions de travail, le rapport à l’argent, les pratiques environnementales respectueuses…

Au point où nous en sommes de la discussion, et ce sera un dernier mot pour conclure, mais qui mériterait de plus amples développement, je dirais que nous n’avons une lecture du capital qu’exclusivement financière.
Il n’y a pas de création de richesse sans capital financier permettant de servir de carburant à la machine. Mais il y a un capital dont on ne parle jamais, et qui est tout aussi, si ce n’est beaucoup plus, important. C’est le capital humain : composé de recherche, d’innovation, de labeur, de sueur et de larmes, d’implication et de motivation, de créativité aussi.

Le vrai débat est de savoir si nous plaçons le capital financier, ou le capital humain au cœur de notre action quotidienne.

ps :think global, act local. Il y a deux versions sur l’histoire de ce slogan. En tout état de cause, il est bien antérieur à l’existence d’Attac, dont la naissance date de 1998.
Cette devise est plus ancienne de trente ans : c’est un pur produit de la pensée de 68 dont nous avons déjà causé ailleurs.
Certains l’attribuent à une conférence prononcée en 1972 sur l’environnement humain, aux Nations unies, par un microbiologiste français émigrés aux États-Unis, du nom de René Dubos . D’autres l’attribuent à David R. Brower , un éminent environnementaliste, qui fut le fondateur de Friends of earth (Les amis de la terre) en 1969. La version la plus probable étant que René Dubos l’a inventé, et David Brower l’a popularisé.

56)
iker
, le 21.09.2006 à 15:22

Chère Anne,
je n’avais aucun doute sur le sens de ta pensée ;-)

Ton témoignage, comme celui de Coacoa, et de Raphaël, me confirme que le nombre d’initiatives que nous bâtissons chacun de notre côté partent d’une même analyse, et aboutissent à des expériences pratiques, où nous tentons de mettre nos actes en accord avec nos convictions.

Nombreux sont ceux qui nous lisent qui pourraient se sentir intimidés de se lancer dans le débat, eux aussi. J’étais encore dans ce cas, il y a une quinzaine de jours ;-)

Mais la tournure que, par ailleurs, prennent parfois les débats, me déconcerte.

L’action au quotidien ne peut se satisfaire de la diatribe manichéenne, contre le système, de l’invective contre ceux qui construisent des alternatives, de la stigmatisation des responsables politiques qui souhaitent donner aux alternatives leur chance au niveau du pays tout entier.

Le temps est aux débats, aux confrontations d’idées, et c’est normal.
Cela nous oblige à préciser notre pensée, à développer notre argumentation… et c’est tant mieux

Pour autant il ne faut pas confondre divergences d’opinion et adversaires idéologiques. Les coups de canons ne doivent pas être dirigés contre les amis ni les voisins…

Il y a dans le camp d’en face des chefs de partis qui sont diamétralement à l’opposé de nos valeurs… Deux d’entre eux pourraient à nouveau s’affronter au second tour de l’élection présidentielle française. Et cette fois, nous ne pourrons pas dire que nous ne le savions pas.
Ça c’est déja produit.
Errare humanum est, perseverare diabolicum

57)
coacoa
, le 21.09.2006 à 15:46

Iker, oui, je suis Suisse, d’où mon statut d’objecteur en effet :-))

Jean Ziegler est actuellement rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation.

Concernant le livre dont j’ai parlé, j’ai trouvé ici 2 interviews intéressantes données par Ziegler lors de sa sortie.

J’ai lu également « Une Suisse au-dessus de tout soupçon » il y a 5-6 ans, l’ouvrage était dans la bibliothèque de mes parents et m’intriguait depuis l’enfance (à cause de sa couverture). A l’époque, j’avais été saisi de lire (et découvrir) en 2000 des faits dénoncés par Ziegler dans les années 70 déjà. En somme, de l’information (que j’estime capitale) était à portée de main depuis toujours sans que jamais je ne prenne vraiment le temps de m’y plonger… Je me souviens que ça m’avait fait réfléchir sur le statut de l’information : quelle information recevons-nous, quelle information choisissons-nous… Bref. J’aime beaucoup le bonhomme, polémiste poil-à-gratter formidablement nécessaire dans le rouage politique helvétique.

58)
Anne Cuneo
, le 21.09.2006 à 16:29

Ton témoignage, comme celui de Coacoa, et de Raphaël, me confirme que le nombre d’initiatives que nous bâtissons chacun de notre côté partent d’une même analyse, et aboutissent à des expériences pratiques, où nous tentons de mettre nos actes en accord avec nos convictions.

Oui, mais, Iker.
Que ce soit bien clair que je ne peux pas accepter comme ça l’optimisme naïf de Raphael et de quelques autres. Les initiatives individuelles prouvent qu’il y a quelques possibilités sous le vent, ou dans le creux de la vague. Mais le flot général, ce n’est pas le petit capital, c’est le grand capital, tant que les choses ne changent pas.
Et lorsqu’on se mêle trop de dénoncer, la vie n’est pas simple…
On parlait de Jean Ziegler: exemple excellent que tu ne rues pas impunément dans les brancards. Tous ses livres sont des révélations. Mais il lui ont valu une vie difficile. On lui a fait des procès qu’il a perdus, après quoi le temps à prouvé que ceux qu’il avait soi-disant calomniés avaient commis précisément les méfaits dont il les avait accusés, mais il continue à payer des centaines de milliers de francs d’amendes, de compensations etc. S’il n’était pas marié sous le régime de la séparation des biens et que sa femme ne travaillait pas, il crèverait de faim. Son salaire et ses droits d’auteurs ont été saisis à la source pendant des années, le sont peut-être encore.
Et je ne mentionne même pas les campagnes de presse dont il a fait l’objet, tout ce dont on l’a accusé… Pour bien le connaître, je peux te dire que ce qu’on a prétendu de lui est le plus souvent une déformation, et parfois de la véritable calomnie.
Dommage que tu soies loin, il faudrait discuter.

Anne

59)
iker
, le 21.09.2006 à 17:10

Anne

Ce que Coacoa et toi même me racontez de Ziegler me confirme le sentiment que j’en avais eu il y a déjà vingt ans. Et je ne suis pas surpris par l’accablement dont il est l’objet.
Ce qui m’avait frappé à l’époque, c’était la force inouïe avec laquelle il dénonçait le système dominant dans son propre pays. C’était au même moment assez inimaginable en France, d’avoir des ouvrages de cette nature.
Jean Ziegler a ouvert des brêches dans lesquelles beaucoup se sont engouffrés. Et en payent parfois durement le prix.

C’est d’ailleurs pourquoi je crois que l’information a beaucoup à gagner à différencier les faits des commentaires, au décryptage, à l’analyse méthodique, plutôt qu’au pamphlet… parce que le pamphlétaire est souvent attaqué sur ses excès, et qu’au final, la démonstration finit par se perdre dans les sables mouvants des procédures judiciaire et de la censure.

Je ne suis pas si loin… Si j’en crois TomTom (merci encore François, je m’en sers dans toute l’Europe du TomTom 900)… Bayonne n’est qu’à 932 km de Genève.

Et le Pays basque est très ouverts à nos amis Suisses (et les autres aussi) qui voudraient venir y voir ce qui s’y passe, loin des stéréotypes parisiens. On dit même que l’automne est ici la plus belle des saisons. ;-)

j’ai entamé depuis un an une enquête aux confins du journalismet et de la sociologie sur les alternatives urbaines, l’architecture écologique, les quartiers sans voiture, le développement durable… qui m’amène à traverser l’Europe de long en large, et de haut en bas.
Cette enquête m’a amené à passer plusieurs mois cette année en Scandinavie sur laquelle il y aurait beaucoup de chose à dire.

La Suisse est l’un des endroits où je vais devoir m’arrêter pour y regarder un peu ce qui s’y passe, sait-on jamais, ce sera peut être plus tôt que je ne l’avais prévu.

60)
Okazou
, le 21.09.2006 à 18:58

Je le subodorais, iker, et tu m’en donnes confirmation, tu marches vraiment, à l’occasion de cette élection présidentielle, pour le PS version libérale et réformiste façon Jospin (D. Strauss-Kahn). Ton message global est contenu tout entier dans ta dernière intervention en forme de menace : « Si vous ne votez pas bien [PS] au premier tour, ne venez pas vous plaindre si deux fachos se trouvent face à face au second tour. » Voilà vers quoi tout ton message est tendu.
Et pour ce faire, tu avances en crabe, de biais.
Voyons un peu de quelle habile manière…

« Coacoa, merci de ta réponse. Nous touchons là au concret, à l’humain, à l’action quotidienne aux côtés des gens. Ça sent le vécu, et loin de la diatribe, ou de la stigmatisation, c’est intense d’humanité. »

On demande d’abord en douceur (je n’ai pas dit « sournoisement ») comment les intervenants de la liste mettent leurs actes en adéquation avec leurs idées politiques.
On attend les premières réponses sur lesquelles on s’appuiera pour fustiger toute stigmatisation de la classe politique en place. Après tout, puisqu’on ne peut pas défendre les Jospin et autres « has been », au moins tâchons de faire taire leurs opposants par une manœuvre d’ostracisation de ceux qui ne partageraient pas la « pensée » unique PS.
Là, on aimerait éjecter les zitouna, Okazou et tous ceux qui oseraient avoir une réelle exigence politique. Comme si nous n’avions pas, nous, les citoyens exigeants, sous le prétexte que nous ne les affichons pas, un passé d’action et une vie à l’image des autres.
Ouh ! Les vilains !
Une fois distribués les bons points, le stratège activiste du PS (ils sont partout, en ce moment) continue de dérouler sa bobine.

« Mais la tournure que, par ailleurs, prennent parfois les débats, me déconcerte.
L’action au quotidien ne peut se satisfaire de la diatribe manichéenne, contre le système, de l’invective contre ceux qui construisent des alternatives, de la stigmatisation des responsables politiques qui souhaitent donner aux alternatives leur chance au niveau du pays tout entier. »

Déconcerté, tu parles !
• « Diatribe manichéenne contre le système », c’est vrai que le système est tellement bon qu’avec quelques petites touches réformistes il deviendrait quasiment parfait !
• « L’invective contre ceux qui construisent des alternatives », revois donc ton vocabulaire, iker, le propre de l’alternative est de passer d’un état à son opposé, pas à instiller ici et là une dose de ceci, une dose de cela en faisant mine de croire au changement.
Il n’est que de relire les réactions à la suite du papier de Raphaël pour constater l’évidence, ses propositions n’ont eu d’effet positif que sur les intervenants de droite. Même les modérés ont réagi défavorablement. Relis, et classe-toi politiquement !
• « la stigmatisation des responsables politiques qui souhaitent donner aux alternatives leur chance au niveau du pays tout entier. » Une touche ici, une touche là. La nouvelle politique ambitieuse des « responsables » politiques du PS. La nouvelle gôôôche, bien avachie, bien molle, bien nulle. Vraiment, tu n’as pas mieux dans ta musette ?

« Le temps est aux débats, aux confrontations d’idées, et c’est normal.
Cela nous oblige à préciser notre pensée, à développer notre argumentation… et c’est tant mieux »

N’est-ce pas ?

« Pour autant il ne faut pas confondre divergences d’opinion et adversaires idéologiques. Les coups de canons ne doivent pas être dirigés contre les amis ni les voisins… »

Parce que tu considères sérieusement que les souffrances subies par les gens du peuple par la grâce du système réformiste que tu défends avec tes amis libéraux du PS pourraient contribuer à faire de nous des amis ?
Tu fais partie de ceux qui n’ont pas compris pourquoi Jospin s’est fait jeter comme un malfaisant, pourquoi ceux qui ont subi sa politique réformiste n’auraient jamais voté pour lui au premier tour et parfois même au second.
Tu dois oublier aussi que le PS a été prévenu gratuitement lors du référendum sur le texte constitutionnel pour l’Europe, suite de l’éxécrable Traité de Nice signé par Jospin. Le peuple, que ça vous plaise ou pas, à voté NON contre l’enfer libéral promis par ces caricatures de textes « démocratiques ».

« Il y a dans le camp d’en face des chefs de partis qui sont diamétralement à l’opposé de nos valeurs… Deux d’entre eux pourraient à nouveau s’affronter au second tour de l’élection présidentielle française. Et cette fois, nous ne pourrons pas dire que nous ne le savions pas.
Ça c’est déja produit.
Errare humanum est, perseverare diabolicum »

Oh, la belle menace ! Les nouveaux maîtres-chanteurs. Si vous en êtes là, si c’est tout ce qu’il vous reste pour convaincre (quel programme !), vous êtes mal, les gars.

Le PS, par ta voix, nous dit clairement qu’il ne changera rien à la politique de réformes engagées par Jospin. On change la marionette, on s’oriente encore un peu plus à droite et passez muscade ?
Et si vous faisiez un peu votre travail, et si vous changiez un peu vos méthodes, et si vous aviez un autre projet, un vrai projet politique… de gauche !
Vous voulez des voix ? Elles vous attendent ! Donnez-vous les moyens de les mériter.

Alors, pour ma part, je préfèrerais toujours les propos vivants et les idées neuves pour sortir de ce marasme dans lequel tu nous proposes, avec tant de grâce (je ne saurais te dire pourquoi, iker, tu sens le curé tout en onction), de nous vautrer à nouveau, encore et encore. Je les préfèrerais toujours à des propos somnifères au service d’idées diablement (!) conservatrices, à cette impression d’eau tiède qui reste après t’avoir lu.

« Protégez-moi de mes amis, mes ennemis, je m’en charge ! » Voltaire


Un autre monde est possible.

61)
marcdiver
, le 21.09.2006 à 19:25

On parle des bienfaits et des méfaits du capitalisme, sans rappeler que ce qui nous rassemble ici, c’est le Mac. Et le Mac c’est Apple. Au fil des années passées avec nos machines, on a peut-être développé une relation quasi amicale avec la marque à la pomme. Du coup, quand on parle du boss, c’est Steve, on discute amicalement de notre système, souvent en tournant l’autre monde en dérision… Cela illustre pour moi un grand paradoxe : beaucoup d’entre nous font d’Apple l’entreprise qui serait comparable au petit magasin au bas de chez soi, lequel a pour première préoccupation le bien de ses clients, lesquels sont plutôt des amis…
Mais au fond Apple, ce n’est pas un modèle du capitalisme américain ???
On aimerait voir Apple préoccupé par les désirs de ses clients, mais quels sont les vrais objectifs de Steve (Monsieur Jobs) ? A-t-il suivi le cours proposé par Raphaël (ou Monsieur Fauveau :-))

Marc-Antoine

62)
iker
, le 21.09.2006 à 19:44

LOL okazou, tu es trop drôle. ;-)

Le curé tout en onction, c’est ce qui m’a fait le plus rire… Tu sais ce que ça veut dire apostat ?

Merci pour la citation de Voltaire… ça ressemble étrangement à une projection ;-)

63)
Anne Cuneo
, le 21.09.2006 à 21:16

Je ne suis pas si loin… Si j’en crois TomTom (merci encore François, je m’en sers dans toute l’Europe du TomTom 900)… Bayonne n’est qu’à 932 km de Genève.
Et le Pays basque est très ouverts à nos amis Suisses (et les autres aussi) qui voudraient venir y voir ce qui s’y passe, loin des stéréotypes parisiens. On dit même que l’automne est ici la plus belle des saisons. ;-)

Bon, ben Iker, puisque TomTom le dit, je prends ça pour une invitation. J’ai toujours voulu voir le Pays Basque, de toute façon, je ne connais pas l’Europe plus au sud(-ouest) que Marseille; ça me fera un paysage de plus dans la tête, et sûrement une bonne bouffe par ci par là, sans parler des discussions sur le petit et le grand capital.

Ou bien alors, François… eh FRANCOIS, réveille-toi, je voulais te dire quelque chose. T’es là? Bon! Si on faisait le prochain Cuk-Day à Bayonne, mmm??

Anne

64)
iker
, le 21.09.2006 à 22:27

Un Cuk day à Bayonne ? même pas cap ;-)

En général, pour les potes, la balade commence par la route de Biarritz, Bidarte, Getari, Donibane (Saint Jean de Luz), Ziburu (la ville natale de Gabriel Fauré), Urruña puis Hendaia.
Nous sommes guidés, tout au long du chemin, au Sud par la Rhune, montagne mythique pour les basques, à l’Ouest par l’Océan atlantique.

On passe alors la Bidassoa, le fleuve qui sert de frontière entre le Nord et le Sud du Pays basque, par le pont Saint Jacques.
Puis on rejoint Hondarrabia (Fuentarrabie) à 500 mètres à vol d’oiseau d’Hendaye.
On commence par le village medieval, avec l’ancien chateau de Charles Quint, devenu Parador, on descend vers la plaza Guipuzkoa, une pure merveille d’architecture, puis on descend vers l’ancien port, et les maisons de pêcheurs de Zuloaga Kalea (la rue Zuloaga), le lieu favori de paseo (promenade) pour les familles, qui viennent déguster une glace sous les treilles de platane, et bénéficier de la douceur de l’été indien.

Là il nous faut reprendre la route quelques kilomètres à peine, pour rejoindre le Cap du Figuier, le point le plus au Nord de la Péninsule ibérique, avec un point de vue à couper le souffle sur la baie d’Hendaye… avant de rejoindre le Jaizkibel. S’il fait beau, cette promenade vous offrira un des souvenir les plus mémorables de l’automne 2006.
Au Nord et à l’Est, la civilisation, au sud et l’Ouest, la puissance de la montagne qui se jette sauvagement dans l’Océan. Dépaysement garanti.

Encore un de ces lieux mythiques, empreint de spiritualité, ou subsistent quelques dolmen d’une autre ère.

Puis, il nous reste une dizaine de kilomètres à parcourir, traverser les ports de Pasajes (Pasaia en basque) et Renteria, la puissance industrielle à l’état sauvage, avant de rejoindre San Sebastian.

Il me faut dire un mot de la cuisine basque.

Sous le franquisme, au Pays basque, les règles étaient plus dures que partout ailleurs. Là ou un madrilène passait en moyenne 15 mn par an en prison (oui, je sais, les statistiques c’est comme les sondages, c’est parfois stupide), un andalou 1 h, un catalan 5 h et un basque faisait jusqu’à 15 h.

À certaines époques : aucun rassemblement de plus de trois personnes n’était autorisé dans les rues.
Le fait de parler basque pouvait vous valoir d’être directement conduit en prison, sans jugement ni procès.
Les basques du sud ont alors fait preuve d’imagination. Leur réplique à consisté à crééer des sociedades gastronomicas… des lieux fonctionnant par cooptation pour éviter toute infiltration, où les hommes, le plus souvent, pouvaient se retrouver et parler basque sans risquer d’être inquiétés.

C’est dans ces lieux, parmi d’autres, que la langue basque a pu survivre pendant ces quarante années de plombs.
Dans le même temps, quarante ans, ça laisse du temps pour déployer une cuisine moderne, inventive, audacieuses… dont certains spécialistes disent aujourd’hui qu’elle peut rivaliser avec les cuisines italiennes, chinoises, indienne ou françaises (mais ne le dite pas trop fort, ça pourrait déclencher la colère des jacobins de tout poil).

C’est au nom de cette tradition culinaire que certains guides prétendent que San Sebastian est la capitale mondiale des bar à tapas
La légende dit même que 4 000 bars offrent le choix d’une gastronomie des plus exhubérantes.

Les quadrillas, bandes de quatre garçons, ou quatre filles, soudées de l’adolescence jusqu’à la fin de leur vie, disposent de leur vendredi soir, pour se retrouver, et faire le Poteo. Cela consiste à mettre de l’argent dans la caisse commune, appelée la Kutxa, et passer de bars en bars pour manger des tapas accompagné d’un fond de verre de Beltza, de Gorria ou de Xuria, ou encore un Kalimotxo. Et de refaire le monde, Jusqu’à ce que la Kutxa soit épuisée.

Des volontaires ?

ps : un petit résumé en image de la promenade sur Hondaribia et le Jaizquibel, ce n’est qu’un faible aperçu de la réalité

65)
zitouna
, le 22.09.2006 à 00:07

Une question qui me titille (et grominet), Iker, imagines-tu que la belle histoire de Mondragon soit reproductible hors le contexte très spécifique « Basque » (ou tout autre contexte de minorité culturellement forte et opprimée) ?
Ne le prends pas mal ( je conçois et comprend sans y souscrire la chose, j’ai des origines juives, des siècles, des millénaires de persécutions…), mais le communotarisme « nationaliste » exacerbé me laisse songeur, je suis un citoyen du monde, un homme qui déteste les frontières et l’idée de nation me fait gerber. C’est un problème compliqué, à l’heure de la mondialisation et de l’hégémonie de la Kulture Koka Kola-Mickey, je suis le premier à dire NON, mais j’ai quand même beaucoup de mal à saisir/comprendre toutes ces histoires de nationalisme qui pourissent la vie (parfois définitivement) sur tous les continents à des populations « prises en otages » par un parti ou l’autre (pour schématiser, l’envahisseur et le résistant). Impossible pour moi de m’empêcher de trouver ça puéril, niveau bac à sable. Que des atrocités soient commises d’un côté, on va répondre de la même manière? La loi du talion? Les sociedades gastronomicas me paraissent une forme de lutte très intéressante, mais j’aimerais vraiment comprendre ce qu’est ce sentiment d’appartenir à un pays, une langue, une culture, très renfermé sur soi-même, car pour moi, le nationalisme, ça sent le rance. Comprends bien qu’il ne s’agit pas pour moi de dénigrer une culture ou des souffrances, juste, que je trouve le mot frontière obscène, et que j’ai l’impression (détompe moi, je ne demande que ça) que le but recherché, c’est ça, un mur de plus…
Basques, Bretons, Corses, Croates, Irlandais, Kurdes, Tamouls, Tchétchènes, Tutsi… La liste est longue et sanglante, faut-il que ça continue? Merci d’apporter un éclairage, moi pas bien comprendre.
z (non comprenant, mais un autre monde est indispensable)

66)
Okazou
, le 22.09.2006 à 01:21

C’est sûr, zitouna, que le nationalisme est un drôle de truc pas très net.

Regarde, moi, par exemple. Je suis breton, c’est-à-dire, stricto sensu, que je suis né quelque part (« Ces imbéciles qui sont nés quelque part », chantait Brassens qui passait ses vacances en Bretagne), dans une contrée qui s’appelle la Bretagne, que je n’ai jamais quittée et que je n’ai pas envie de quitter.

On peut parler d’une relation sensuelle entre la Bretagne, où je suis né par hasard, et moi. La lumière, les odeurs, les saisons, un climat, les accents, les plantes (en fait, tout pousse en Bretagne), la faune, le littoral et ses richesses incroyables (l’armor), les terres (l’argoat), la lande. Ah ! La lande bretonne. Et les petites chapelles de granit, donc ! Le granit et ses lichens. La Bretagne est belle en dépit de la météo, fort changeante, qui revêt, ici, une importance toute particulière et produit, sans doute plus qu’ailleurs, des échanges quotidiens entre les indigènes qui n’ont pas pour habitude de s’en plaindre, ce qui montre au moins du bon sens. D’ailleurs, il y pleut beaucoup moins qu’on le dit et la pluviométrie de Biarritz vaut celle de Brest. Fleurissait sur les t-shirts, cet été, une sentence bien de chez nous : « En Bretagne, il ne pleut que sur les cons. » On a même un peu d’humour, ici.

La Bretagne est un pays géographiquement attachant et je pourrais écrire chaque jour un dépliant touristique différent tellement la Bretagne est particulière, typique et attachante. Quand on est en Bretagne, on n’est pas ailleurs, c’est sûr.
Et puis les gens, tellement gentils et puis tellement têtus aussi. Quand ils font leur tête de cochon, on n’est pas sortis… Et puis, ils boivent beaucoup. La viande saoûle, ici, s’accroche aux murs pour rentrer chez elle, quand la pompe à bière se met en repos.

Il faut bien sûr, pour apprécier la Bretagne telle qu’elle est, parler de la surexploitation agricole, des odeurs insanes du lisier des porcheries épandu sur les terres, qui vous sautent au visage et vous font remonter les vitres de la voiture illico presto. Il faut parler des 300 000 tonnes d’algues vertes dégagées chaque année des plages avant qu’elles n’y pourrissent, dégageant une franche odeur de merde capable de rivaliser facilement avec celle, typique, du lisier. Le cas est gravissime puisque dans les Côtes-d’armor, du fait de la surproduction porcine, notamment sur les bassins versants, il est recommandé d’acheter son eau en supermarché, celle du robinet est toxique. On dirait que les porcs se soulagent directement dans la nappe phréatique. Inutile de te dire que le terme « culture bio » ne peut avoir de sens ici lorsqu’on arrose ses plants avec une eau aussi chargée en nitrates et autres saloperies.

Un nationaliste breton (ils ne manquent pas) défendra peut-être ces puanteurs qu’il qualifiera probablement d’effluves, mais je crois plutôt qu’il fermera sa gueule. Il refusera une réalité gênante. Il est vrai que l’on peut mettre à son crédit qu’il ne se tapera pas le cul par terre non plus si on lui vante son pays pour ses beautés. L’évidence n’a pas à être saluée.

Alors, pour revenir à notre sujet, il faut tout de même savoir, ou rappeler, que le nationalisme breton a entraîné certains de ses adeptes vers des limites infâmantes dans les années de guerre, collaborant sans vergogne avec les nazis dans l’espoir d’une indépendance insensée. L’exil irlandais ou la prison les attendaient à la sortie.

Voilà donc jusqu’où peut mener le nationalisme.

Bien sûr, ceux qui se battent aujourd’hui, de plus en plus discrètement, pour une Bretagne indépendante de l’État français, ne portent plus du tout le même profil, d’autres se contentent d’ailleurs souvent de réclamer l’autonomie de leur pays, comme par exemple un parti politique breton de gauche.
Si j’étais certain qu’un statut d’autonomie pouvait calmer ceux qui détruisent ce pays que j’aime, il est probable que je me mêlerais de la partie. Mais il est plus utile ici, de lutter directement, les pieds dans la glaise, contre la FNSEA (syndicat agricole productiviste et fort libéral) et contre les partis (tous ! Mêmes les écolos des Verts sont complices :Voinet) qui continuent, via le préfet, de signer accord d’extension de porcherie, sur accord d’extension de poulailler.

Le poulet breton subventionné par l’Europe libérale tue le poulet africain produit localement et, bien sûr, désespère les petits producteurs locaux qui remercient nos élites politiques tous les jours pour leurs bienfaits.

On n’est pas sortis de l’auberge mais on se remue le cul pour changer ça. Et ce ne sont pas des réformettes de chochottes distinguées qui changeront quoi que ce soit. On les a vus à l’œuvre !

Comme toi je pense que les frontières sont un affront à l’intelligence. Une frontière est d’abord posée entre les hommes dans une volonté infâme de « chacun pour sa gueule ».
Seuls les modes culturels sont importants.


Un autre monde est possible.

67)
iker
, le 22.09.2006 à 02:31

Ça c’est une vraie question Zitouna.

Être citoyen du monde, ce n’est pas être privé d’identité. Tu ne peux reconnaître l’autre que si tu sais qui tu es toi même.

Ce n’est pas se dissoudre dans un monde de plus en plus vaste, de plus en plus peuplé, de plus en plus complexe, avec des lieux de pouvoirs de plus en plus distants et de moins en moins identifiés.

Dans une famille chaque membre a droit à son espace, à ce que soit reconnu son libre arbitre, de disposer librement de son corps, de faire ses choix, de construire son propre parcours, de commettre ses propres erreurs, le droit à l’autonomie de la personne fait partie de la civilisation européenne, …

Il en est de même pour les peuples, l’autonomie est un concept moderne, le droit à l’autodétermination est un droit reconnu par les traités internationaux.

Mais si l’autonomie est un concept moderne, l’indépendance est à mes yeux un fantasme, qui a pris son essor avec le romantisme du XIXe siècle, pour se vautrer dans la barbarie au cours de la première moitié du XXe siècle.

On ne peut pas aborder une question aussi complexe en quelques mots, sans tomber dans une simplification caricaturale, tant ce sujet est porteur de symbolique, et d’émotion pour la plupart des lecteurs.

Le concept d’État-Nation est né en France, dans un moment unique de l’histoire de ce pays que furent la Révolution française, l’abolition des privilèges, l’assemblée constituante, la coalition de toutes les monarchies absolutistes environnantes, la fuite du Roi et son arrestation à Varennes, puis son exécution, ainsi que toute sa famille,… les soldats de l’An II, la bataille de Valmy, le régime de la Terreur.

C’est en quelques années, trois ou quatre tout au plus, que la nation, avec un petit “n », c’est incarnée dans le Tiers État, a créé la République, contre la coalition de tous les autres États d’Europe unis pour la première fois (à l’exception notable de la Suisse et de la jeune démocratie américaine naissante).

C’est à ce moment là que le nationalisme est né, et qu’il s’est répandu comme une trainée de poudre à travers toute l’Europe, l’entrainant, 150 ans plus tard, dans deux guerres mondiales, les plus meurtrières que l’humanité n’ait jamais connu, avec en plus, comble de l’horreur, la volonté énoncée, délibérée et industrielle d’éliminer des peuples entiers, comme les juifs, et les tziganes.

Dans ta liste Zitouna, tu aurais pu aussi citer les Arméniens, sur le génocide duquel la communauté des nations a pudiquement fermé les yeux trente ans avant la barbarie nazie.

Tout cela, tu as raison de le rappeler, ne s’est pas passé au fin fond de l’Afrique équatoriale Zitouna… ça c’est passé ici, chez nous, comme tu le dis, sur le territoire européen, alors que par ailleurs nous prétendions être porteurs des lumières, et de la civilisation éclairant le monde.

Ce nationalisme n’était pas celui de peuples opprimés, c’était un nationalisme hégémonique, pour ne pas dire impérialiste.
L’affaire Yougoslave n’étant, à l’échelle des balkans, que l’hégémonisme d’une nation, la Serbie, sur toutes les autres… (selon un modèle qui n’était pas très éloigné de l’idéologie jacobine, soit dit en passant).
La Turquie laïque puisait aussi son modèle dans le jacobinisme, comme l’hégémonisme soviétique ou l’impérialisme chinois aujourd’hui.
C’est quand un peuple impose son modèle aux autres, qu’il y a un problème et non le contraire.

Dans la liste de tous les peuples que tu as cité, il s’agit précisément de peuples à qui l’on refuse le droit de disposer d’eux mêmes. Et ça ne date pas d’hier que des tous petits peuples comme les basques, les irlandais, les hébreux, les arméniens, les kurdes ou les palestiniens plus récemment, revendiquent le droit de vivre librement, avec des institutions reconnues. Pour certains d’entre eux, cela dure depuis deux ou trois mille ans… c’est dire.

J’ai cru comprendre que tu avais plusieurs filles Zitouna… imaginons un instant que tu donnes toute ton attention, les soins quotidiens, l’accès à la culture, et toutes les autres ressources dont tu dispose à l’une d’entre elles, et que les autres doivent se mettre au service de l’élue de ton cœur sans n’avoir rien en retour, même pas le droit de parler leur propre langue, tu penses vraiment qu’elles se plieraient sans rien dire au diktat paternel ?

Il en est de même pour les peuples.

Je rajouterais une dernière remarque.
Malgré le poid de l’histoire, sur les ruines encore fumantes des bombardements de l’Allemagne ou de l’Italie vaincue, et les plaies, toujours ouvertes, les français, les allemands, les italiens, et le Bénélux ont su écrire une nouvelle page de l’histoire de l’Europe, et agréger autour d’eux la plupart des autres pays européens.
C’est un processus totalement inédit dans l’histoire de l’humanité.

J’ignore encore à quoi cela va ressembler à l’issue du processus. Je ne suis même pas sûr qu’il y ait une issue, gravée une fois pour toute dans le marbre, à ce processus.

Mais ce que mon instinct me dit :
• c’est qu’il y aura un vaste ensemble géopolitique de poids en Europe, et autour de son socle fondateur que constitue le bassin méditerranéen,
• qu’il devra se doter d’une constitution simple, lisible et compréhensible par tous ces citoyens, qui pourront s’y reconnaître pour se sentir libre d’y adhérer
• que la circulation devra pouvoir s’y faire sans aucune contrainte pour ses citoyens
• qu’il disposera d’institutions pour fixer les grandes lignes, dans les domaines stratégiques (la défense, la solidarité avec les pays du sud, la monnaie mais aussi la solidarité entre les territoires de l’Europe nouvelle)
• qu’il aura besoin de territoires de proximité à l’échelle humaine, disposant de gouvernements locaux avec des pouvoirs étendus pour gérer l’ensemble des problèmes de la vie quotidienne des habitants, sous le regard direct des citoyens pouvant en cas de problème demander l’arbitrage au niveau européen
• que ces nouveaux territoires ne seront pas de nouveaux états nations, frileusement repliés sur eux mêmes, mais au contraire des espaces de liberté, fonctionnant en réseau, ayant beaucoup à apprendre les uns des autres…

Mon instinct me dit aussi, que parmi ces territoires, les Basques, Andalous, Catalans, Galiciens, Irlandais, Gallois, Écossais mais aussi Anglais, les Bretons, Corses, Alsaciens, Wallons et Flamands, Sardes, Toscans, mais aussi les Siciliens, les Danois, Suédois, Finnois, Norvégiens, mais aussi les Saami, Islandais, Groenlandais, les Estoniens, Lituaniens, Lettons, Tchèques, Slovaques, les Bavarois et les Tyroliens sans doute aussi, les Slovènes, Croates, Bosniaque, Monténégrins et aussi les Serbes, les Chypriotes et les Maltais, les Magyars, Tsiganes même, joueront un certains rôles, sans être pour autant retranchés derrière des frontières étanches.
… et j’en oublie des dizaines d’autres (en particulier en Suisse, où je m’y perd un peu ;-)

Le modèle de l’État-nation existe encore un peu partout sur la planète, je te le concède.
Mais sur le continent européen, il a entamé depuis longtemps son déclin.
Les nationalités elles, ont résisté à deux siècles d’État-Nation, aux tentatives de centralisme, dont le jacobinisme était probablement le modèle le plus abouti, mais qui a désormais atteint ses limites, partout où il a tenté de s’imposer, à commencer par la France
… mais pour détourner une phrase célébre du camarade Karl Marx, “le nationalisme est une idée vieille et dépassée en Europe” et je n’en ai jamais eu la nostalgie Zitouna.

Des espaces nouveaux de coopérations se mettent en œuvre entre les territoires du nord et du sud de la Bidassoa… intercommunalité, coopérations régionales entre l’Aquitaine, Midi-Pyrénées, Catalogne, Aragon, Navarre, communauté autonome Basque et Cantabrie…

Les gens apprennnent à se connaître, à coopérer sur des enjeux de transport, d’énergie, d’urbanisme et d’aménagement du territoire.
Les préjugés s’estompent…

Dans un contexte européen en construction, j’ignore sous quelle forme dans l’avenir, à moyen ou long terme, les trois parties du Pays basque coopérerons… mais je ne parierais pas un kopeck sur le fait que ce soit un État indépendant et unifié…
Ces trois composantes ont connu des évolutions singulières, des rythmes de construction différents… mais ce que j’imagine, c’est que ce que nous construirons ensemble ne ressemblera à rien à des formes juridiques déjà connues, tant au niveau local (les Pays basques, au pluriel) qu’au niveau global (l’Europe).

68)
iker
, le 22.09.2006 à 03:18

P’tain, il a beau me chercher, je suis presque d’accord avec ce que dit Okazou.

Y compris sur le fait qu’il pleut à Biarritz autant qu’à Brest, en pluviométrie annuelle.
Mais les chiffres sont trompeurs, c’est comme les températures. Les moyennes annuelles sont les mêmes qu’à Paris, sauf que l’été il fait huit degrés de moins, et l’hiver huit degré de plus.

Et quand il pleut, ici, ce n’est pas comme en Bretagne du crachin, un p’tit peu tous les jours. Ce sont des tempêtes, l’hiver, et des orages, l’été, où il ne pleut pas qu’à moitié… et le reste du temps, il fait beau, parfois dans la même journée, et l’ensoleillement annuel connaît avec Brest, Paris ou Fribourg, un écart de 500 heures annuelles peut être, dans ces eaux là… cela tient peut être au fait qu’on est légèrement plus éloigné du pôle nord mais on va pas chipoter. J’aime beaucoup la Bretagne ;-)

Une petite précision historique s’il y a eu, chez les celtes, et pas qu’en Bretagne, l’idée que l’ennemi de leur ennemi pouvait être un allié, cela n’a concerné que quelques mouvements dévoyés, vite rappelés à la raisons pour la plupart d’entre eux.

Par contre, étonnamment, il n’y a jamais eu d’extrême droite en Pays basque, dans les différentes composantes abertzale, pas plus à l’époque qu’aujourd’hui.
Le fait est suffisamment rare pour mériter d’être signalé.

Peut être que l’une des explications tient au fait, que la seule et unique fois où les trois grands fascismes européens se sont coalisés (les franquistes espagnols, les nazis allemands, et les fascistes italiens), c’est pour expérimenter au Pays basque, à Durango, le 31 mars et à Guernica, ville symbole des libertés basques, le 27 avril 1937, une nouvelle technique de raids aériens meurtriers contre des populations civiles sans défense, menés par la Légion Condor… provoquant pratiquement 1 900 morts sur les deux villes.

S’il y avait pu avoir ne serait-ce que l’esquisse d’une vélléité de qui que ce soit, au Pays basque, de sympathiser avec les thèses facistes… ce jour là, elles disparurent à jamais.

D’ailleurs, puisqu’on parlait de nationalisme… c’était les troupes franquistes qui se dénommaient elle mêmes, les “troupes nationalistes“.

Les autonomistes des gouvernements basques et catalans, formant au contraire quelques uns des dernières remparts de la République, légitimement élue, contre les troupes nationalistes de Franco.

69)
ToTheEnd
, le 22.09.2006 à 13:19

Ah…

Bon, j’ai tout d’abord une question pour Raphaël: as-tu été recalé pour l’IMD?

Pour le reste, je suis un peu loin et pas beaucoup de temps pour répondre concrètement à tous puisqu’on annonçait déjà le « choc » à la seconde intervention. Mais permettez-moi une remarque:

Quand on connaît l’assistance de Cuk – un peu gaucho gentil et sans aucun espoir sur le capitalisme – on ne peut que saluer le courage de notre intervenant qui souhaite avant tout faire partager une expérience de l’au-delà… de l’autre côté de ce mur que tout le monde veut abattre.

Mais ici, pas de salut et encore moins de reconnaissance. Tout juste de l’arrogance, moralisation et des cours sur la naïveté que notre contributeur affiche! Un vrai « sale gosse » ce Raphaël avec ses idées de simplet.

Bravo sur l’ouverture d’esprit et l’acceptation du fait qu’un autre chemin est possible…

C’est marrant, mais je suis certain qu’on pourrait sortir pas mal de noms connus du passé qui ont affiché une belle naïveté quand ils ont voulu changer quelque chose.

Ah oui, j’oubliais, rien de bon ne peut sortir du capitalisme… c’est tellement pourri et gangrené que le seul moyen de bien faire les choses, ça serait de tout casser, sectionner à la base et de recommencer depuis une page blanche.

Mais oui, tout redémarrer à zéro, c’est toujours la solution. Quelle connerie car là aussi on aurait des exemples à donner.

Et bien je suis sûr que ça ne surprendra personne, mais moi je pense que si changement il doit y avoir, il viendra de l’intérieur. Au fil des dernières années, et surtout depuis qu’une société peut plus ou moins vendre ses produits au monde entier, c’est vrai que la maximisation des rendements ou des bénéfices a été le seul objectif.

Toutefois, c’est oublier un peu vite que l’économie mondiale n’est qu’un écosystème qui a ses faiblesses et ses forces ou autrement dit, qu’il a besoin d’un certain équilibre pour perdurer. Globalement, c’est à nous de faire changer ce qui ne va pas et une des meilleures façons d’y arriver, c’est de changer le système de l’intérieur et pas comme O ou d’autres vrais naïfs le sous-entendent, en cassant tout et en recommençant depuis une feuille blanche.

Il me parait évident que le monde ne changera pas car justement, ce qui empêche le monde de changer, c’est ceux qui ne croient pas au changement. Et j’en vois plein ici, aigris ou frustrés de leur condition, qui sous un discours laborieux et qui tourne en rond n’en veulent pas du changement même si, comble de l’ironie, ils le signent.

Mais on n’est pas à deux contradictions près, Bush fait la même chose.

C’est à nous, simples consommateurs ou actionnaires, d’ajouter des points supplémentaires à la feuille de route d’un CEO qui ne connaît, pour le moment, que profit, rendement, cash-flow et j’en passe. Des mots tels que équité, développement durable, long terme, etc. devront aussi être rajoutés, ça ne fait aucun doute.

T

70)
iker
, le 22.09.2006 à 13:33

Pour répondre à Zitouna sur la reproductibilité de l’expérience de Mondragon.
Tu as eu raison de signaler qu’il a fallu la conjonctions de circonstances historiques particulières, avec un sentiment identitaire fort, dans un contexte géographique hostile, pour que ce modèle unique au monde se développe.
Il est possible même qu’un certain degré de conflictuosité permettent l’émergence de modèles originaux, présentant quelques similitudes.

D’une certaine manière, les principes fondateurs des kibboutz en Palestine, n’étaient pas trés éloigné. Avec de nombreuses différences aussi, pas seulement liés au caractère de modèle implanté dans un environnement identitaire déja existant, mais aussi sur la construction d’une société communiste où la propriété privé n’existait pas, pendant longtemps, et où les enfants étaient ceux du kibboutz avant d’être ceux de leurs parents. Le livre de Bruno Bettelheim, “les enfants du rêve“, décrivait cela très bien. Ces kibboutz, au delà de l’agriculture, œuvrent beaucoup dans la recherche appliquée et le développement d’une petite industrie. C’est là qu’on été inventés des systèmes d’irrigation par goutte à goutte, par exemple, pour économiser la ressource la plus précieuse du Moyen orient.

Plus près de nous, il existe en italie du Nord, à l’état plus diffus, une démarche d’un réseau de coopératives industrielles, plus informel, en Émilie Romagne, la région de Bologne. J’ai même le souvenir que les dirigeants de ces entreprises étaient très impliqués dans la première victoire de la coaliion de l’Olivier, en particulier chez les héritiers du Parti communiste italien, autour de Massimo d’Alema. Les points forts de ces industries là, c’est qu’elle apportent aussi un certain soin à l’idée de “design“ des objets fabriqués.

En Amérique latine, ou en Asie du Sud Est, en Afrique noire, il existe des tentatives d’organisations collective autour de la production de café, de chocolat, de coton biologique, ou des productions artisanales… en relation avec les organisations du commerce équitable. Mais pour l’instant, il s’agit essentiellement de productions agricoles.

Le Groupe Mondragon, a désormais implanté des filiales dans 72 pays je crois. Saura-t-il gagner ces nouvelles usines, ces travailleurs du bout du monde, à l’idée coopérative ? c’est loin d’être gagné.

L’un des axes majeurs de développement pour Mondragon, pourrait être les industries liées aux énergies alternatives (ils sont déja très présent dans le secteur éolien), mais aussi à la qualité du cadre de vie, de l’habitat, et des paysages. De ce point de vue là, le Pays basque sud souffre d’un certain retard.

C’est peut être la chance des basques du nord, qui, plus qu’ailleurs, ont résisté pour la préservation des paysages et de la qualité de vie, que Mondragon pourrait jouer un rôle moteur dans le développement d’industries de pointe autour de l’environnement.

J’ai en tête l’exemple de Fribourg, dans le sud ouest de l’Allemagne. Bordé à l’Est par la forêt noire, au sud par les alpes suisse, à l’Est par le Rhin, la région de Fribourg ressemblait par beaucoup d’aspects au Pays basque nord. Ces trente dernières années, les mesures environnementales adoptées de façon pragmatiques, une à une, ont métamorposé cette région.

Dix mille emplois directs ont été créés dans le domaine des industries liées à l’environnement, le solaire, l’éolien, la géothermie, l’eau, les déchets, l’installation et la maintenance, l’urbanisme et l’habitat, les transports… Lorsqu’on sait qu’un emploi industriel induit deux à trois autres emplois (dans les services, l’administration, ou le commerce…) ce sont pratiquement 30 à 40 000 emplois pour une population de 210 000 habitants. C’est une performance là aussi, unique au monde.

Le Pays basque nord, avec ses atouts dans la qualité de vie, la mer, la montagne, son architecture, son identité, sa tradition culinaire et son sens de la fête, du fun et de la glisse… dispose de beaucoup d’atouts pour combiner l’expérience environnementale comme Fribourg, avec la tradition industrielle coopérative de Mondragon.

Dans le cadre d’un État ultra-centralisé et jacobin comme la France aujourd’hui, le Pays basque nord passe à côté de ses chances de développement… la décentralisation mise en place en 1981, ou la déconcentrations des services de l’État n’ont pas suffi à déserré l’étau.

Au contraire, la tutelle est maintenant partagée par deux niveaux supplémentaires, l’une à Bordeaux, à 200 km de là, qui n’a aucun intérêt à voir un territoire avec une aussi forte personnalité prendre son envol, l’autre à Bruxelle, qui, pour l’instant, regarde tout cela avec un air distant.

C’est la raison fondamentale pour laquelle je crois qu’il faut des institutions de proximité, sur des territoires reposant sur de véritables identités qui sont un moteur et non un frein, disposants de leviers d’interventions puissants, à travers la fiscalité, l’aménagement du territoire, l’animation économique, mais aussi le développement de la langue et de la culture… le droit à l’expérimentation.

On voit à quel point cela a marché sur le territoire espagnol, ou les autonomies puissantes du Pays basque, de Navarre et de Catalogne tirent toutes les autres vers le haut.

Si l’Angleterre a su mettre un terme à son ultracentralisme, en rendant à l’Écosse, l’Irlande et le Pays de Galle, leurs parlements après les en avoir privé pendant quatre siècles, la France ne serait pas capable d’en faire de même, deux cent ans après sa Révolution ?

Il faudra bien qu’un jour, un dirigeant politique français de premier plan ait l’audace de faire tomber ces derniers tabous et marque l’histoire de son empreinte.

71)
coacoa
, le 22.09.2006 à 16:21

Bravo sur l’ouverture d’esprit et l’acceptation du fait qu’un autre chemin est possible…

puis

Mais oui, tout redémarrer à zéro, c’est toujours la solution. Quelle connerie car là aussi on aurait des exemples à donner.

« L’autre chemin possible » de certains est une connerie pour toi, donc s’agissant « d’ouverture d’esprit » je ne sais pas qui est le mieux placé pour polémiquer…

Heureusement tu n’es pas dupe puisque quelques lignes plus bas, tu te reprends ainsi :

Mais on n’est pas à deux contradictions près, Bush fait la même chose.

Ah, merci, il me semblait aussi… :-))

72)
Okazou
, le 22.09.2006 à 17:03

« c’est de changer le système de l’intérieur et pas comme O ou d’autres vrais naïfs le sous-entendent, en cassant tout et en recommençant depuis une feuille blanche. »

Alors là, ToTheEnd, c’est pure improvisation de ta part. Je n’ai personnellement rien d’un casseur et ne suis même pas révolutionnaire. Plutôt nettement évolutionnaire.
Tu manques d’imagination, ToTheEnd, il ne te vient pas à l’idée que lorsque la tâche est imposante on peut la diviser et l’étaler dans le temps. C’est ainsi que l’on peut faire une révolution sans faire la révolution. Relis René Descartes et son « Discours sur la méthode ».

« C’est à nous, simples consommateurs ou actionnaires, d’ajouter des points supplémentaires à la feuille de route d’un CEO qui ne connaît, pour le moment, que profit, rendement, cash-flow et j’en passe. »

À simple consommateur ou actionnaire je préfère authentique citoyen, responsable devant lui-même et les autres. Demander à l’incendiaire d’éteindre le feu qu’il a allumé, demander aux responsables du désastre (consommateurs et actionnaires) de réformer leurs comportements pour sauver la planète qu’ils ravagent, voilà bien de la naïveté de haut niveau où je ne m’y connais pas !

« Des mots tels que équité, développement durable, long terme, etc. devront aussi être rajoutés, ça ne fait aucun doute. »

La seule exigence d’équité fout le système en l’air tant celui-ci est à l’opposé de l’équité.
Ou alors tu imagines une équité qui se contenterait de n’être qu’un mot. C’est ce que font, en conscience, certains politicards menteurs. C’est, au bout du compte, ce que fait l’école de Raphaël.


Un autre monde est possible.

73)
Anne Cuneo
, le 22.09.2006 à 21:53

ici, pas de salut et encore moins de reconnaissance. Tout juste de l’arrogance, moralisation et des cours sur la naïveté que notre contributeur affiche!

Ceux qui ont réagi ci-dessus ont dit presque tout ce que j’aurais dit moi-même.

Je n’ajouterai qu’un conseil: évite de traiter d’arrogants ceux qui ne “veulent pas comprendre” tes arguments (ou ceux de Raphaël) ou qui expriment des doutes à leur sujet. Car, vois-tu, on serait tenté de te rendre la pareille.
On DISCUTE. Et chacun exprime ses idées. On est dans un débat. On n’arrive peut-être pas mutuellement à se convaincre. Aucune arrogance là-dedans. Ni d’un côté, ni de l’autre – du moins tant qu’on ne se met pas à traiter les autres d’arrogants.

Anne

74)
iker
, le 23.09.2006 à 00:19

Bon Anne, et la cuk community, on la fait quand cette visite de Mondragon… quand aux discussions, on pourra les continuer à Donostia… ma base de repli se trouve au fin fond du casco viejo (le vieux quartier). C’est un bar qui s’appelle « la Cepa »… mais ne le dite à personne. ;-)

Et Raphael, To The End, Marc et les autres, si vous passez dans le quartier, vous êtes les bienvenus.

ps : oui okazou, j’apprécie la contradiction, surtout avec les gens qui ont d’autres expériences à partager, et tant mieux si elles n’ont pas mes convictions. c’est assez frontal comme ça ? ;-)

75)
ToTheEnd
, le 25.09.2006 à 00:19

O: merci d’avoir fait une réponse courte, ça fait longtemps que je ne lis plus tes interventions qui dépassent 5 lignes.

Je vois ce que tu veux dire, c’est pas ceux qui allument le feux qui l’étteignent… et pourtant, dans la police, les pompiers ou encore le social (je parle d’éducateurs), se sont parfois d’anciens « mauvais » garçons… et aussi des citoyens (pour reprendre ton mot) qui réalisent qu’ils peuvent faire autre chose pour leur prochain.

Mais j’imagine que ce scénario n’est pas envisageable pour toi dans la finance ou tout simplement, ce monde capitaliste…

Anne: bon, vu qu’il semble y avoir un malentendu sur le terme arrogant, je me permets d’en coller une définition « Qui va à l’encontre des bienséances par une estime excessive de soi. »

Alors comme ça, je devrais m’abstenir de critiquer ceux qui ne comprennent pas ou expriment des doutes? Pas de problème, il n’y a pas moins de 4 commentaires qui traitent RF de naïf… dont le tien (cf 58). Je devrais donc me taire et laisser faire?

Alors bon, on peut DISCUTER comme tu dis gentiment… mais on peut aussi saluer ce que certains entreprennent et critiquer ce que certains font ici à longueur de temps; soit rien à part remplir Internet de bits pour un résultat nul.

T

76)
Raphaël Fauveau
, le 25.09.2006 à 02:10

ToTheEnd: non, j’ai aussi été accepté à l’IMD ;)
Le choix n’a pas été facile, mais après six semaines ici, je n’ai aucun regret.

La seule exigence d’équité fout le système en l’air tant celui-ci est à l’opposé de l’équité.
Ou alors tu imagines une équité qui se contenterait de n’être qu’un mot. C’est ce que font, en conscience, certains politicards menteurs. C’est, au bout du compte, ce que fait l’école de Raphaël.

Fau-il que je comprenne, moi qui adhère sans naïveté à ce que l’on enseigne ici, que je ne suis q’un sale hypocrite ? C’est ce que comprends en lisant ces lignes. Et plus globalement, j’ai quand même l’impression qu’il existe chez certains un refus borné d’envisager qu’un système en lequel ils ne croient pas peut évoluer. Et après on vient me parler d’ouverture d’esprit et d’hypocrisie…

Par ailleurs, je n’ai toujours pas vu ici un début de réponse aux problèmes auxquels on fait face. Au moins, nous, on essaye d’améliorer les choses.

Raphaël

77)
zitouna
, le 25.09.2006 à 15:41

T’as raison, Raph’, la seule solution, c’est de noyeauter le système de l’intérieur, pour l’aider à pourrir plus vite… A moins qu’il ne te pourrisse le premier…
z (noyeautons, noyeautons!!)

78)
alec6
, le 25.09.2006 à 18:07

Raphaël !

Si seulement tu pouvais avoir raison et s’il était possible de noyauter le système de l’intérieur… mais jusqu’à présent je n’ai pas vu beaucoup de système quels qu’ils soient être noyautés de l’intérieur. Je veux bien que l’on me donne des exemples.
Les « systèmes » hiérachisés et structurés peuvent effectivement être modifiés par certains de ses acteurs bien placés (au sein d’une entreprise par exemple, d’un royaume… on l’a vue dans l’histoire, relire Shakespeare au passage…), mais concernant Le Capitalisme ! Ouha ! vaste programme !
Or ce système là n’est ni « structuré », ni « contrôlé » par qui que ce soit !

Je ne doute pas de ta bonne foi à vouloir faire de l’étique et du durable au sein de ton entreprise si tu en crée une un jour (je te le souhaite, je bosse moi même en indépendant !) et je ne doute pas non plus que tu puisse y parvenir, les exemples d’Iker sont des sociétés capitalistes aux dernières nouvelles… et elles fonctionnent (Fagor en est la preuve).

En revanche, je ne crois pas une seconde que cela puisse servir d’exemple et que telle une traînée de poudre, les « World Cie » se mettent à faire de l’étique et du durable…
Pfuiiiit… raté !
Pour un individu comme toi ou TTE, qui y croient honêtement (je le pense sérieusement), combien n’en ont strictement rien à secouer ?

Pour en revenir au GROS PROBLEME auquel notre civilisation est aujourd’hui (mais surtout demain et a fortiori après demain), je pense bien sûr au réchauffement climatique, à ses causes (gaspillage et consommation effreinée fruit de l’incontournable « croissance) et à ses conséquences (perte de biodiversité, problème d’eau potable, famines en vue, montée des eaux, immigrations croissante et conflits incontournables), je ne vois vraiment pas comment on pourra s’en sortir en jouant uniquement sur la bonne volonté, le bon sens et la prise de conscience de chacun.
Aux dires des scientifiques (voir notamment le film d’Al Gore présenté par TTE), il faudrait agir aujourd’hui et diviser au plus vite par 4 au moins nos consommations d’énergies fossiles…
Or que fait-on ici ou ailleur MAINTENANT ?

RIEN !

Diviser par quatre cette consommation d’énergie fossile consisterait, dans le cadre de notre technique actuelle, à circuler quatre fois moins, à chauffer quatre fois moins, à acheter quatre fois moins de fruits hors saison, à acheter quatre fois moins de tout, etc, etc !
Or, que je sache, nous n’en prenons point le chemin.
Produire quatre fois moins et consommer quatre fois moins signifie abandonner définitivement l’idée de croissance !
Mais je vois mal comment le capitalisme pourrait accepter pareille hérésie !
Ce qui me rend pessimiste c’est qu’il n’y a rien de crédible en face, nulle part ! ou si peu et en si faible quantité…

La seule issue que je vois, c’est l’effondrement du système… quand ? Comment ? je n’en sais rien et ne suis pas pressé. Ce qui est certain en revanche c’est que cette « évolution » ne se fera pas par le soulevement de quelques masses laborieuses ou à l’inverse par la prise de conscience de quelques « Kapitalistes » vertueux…

Je ne vous accuse pas pour autant de naïveté, tout au plus d’optimisme…

Alexis… tous les défauts !

79)
ToTheEnd
, le 26.09.2006 à 12:42

alec6: personne ne dit que ça sera facile… et l’optimisme est à la base de tous les projets! En effet, on ne démarrerait rien si on pensait que c’était impossible!

Mais oui, un grand changement sera nécessaire dans la logique des « managers » et autres CEO.

Toutefois, ce n’est pas impossible et tu demandes des exemples. Il y en a, et beaucoup même, sur des entreprises qui ont du diamétralement changer de stratégie pour être en phase avec le public ou le consommateur (citoyen si ça peut faire peu plaisir à certains).

Nous sommes très forts pour critiquer les américains, mais nous sommes très nuls pour reprendre ce qu’ils font de bien comme leurs groupes de pression (principalement, des associations de boycott).

Enfin, et pour reprendre un exemple concret de changement, quand j’étais petit, je me souviens que mes parents jetaient tout. Verre, papiers, PET (il y en avait presque pas), aluminium, etc.

Au travers d’une compagne d’information répartie sur des dizaines d’années mais aussi la mise en place d’une structure efficace et d’une législation adaptée, le public et mes parents ont commencé à recycler.

Aujourd’hui, la Suisse affiche un taux de recyclage des déchets de 48% (12% pour la France!) et détient même des records dans certains secteurs comme le recyclage du PET qui atteint 75% ou le verre avec 95%!!! (bon Lausanne le broie pour l’utiliser comme matériau de remblai, donc c’est pas forcément du recyclage direct de verre à verre).

Tout ça pour dire que même si c’est con de mettre une pression économique (boycott, amendes, etc.) sur des entreprises, c’est aussi un bon moyen de faire radicalement changer les choses.

Dernier exemple idiot: suite à l’accident de l’Exxon Valdez, les amendes ont été tellement salées et l’impact sur la société (Exxon) tellement négatif que moins de 12 mois plus tard, le Oil Pollution Act of 1990 a été décrété et en substance, a banni les simples coques des côtes américaines… Et en Europe? Après l’accident du Prestige et Erika (graves, faut-il le rappeler?), nous acceptons toujours les simples coques à quelques miles de nos côtes.

Qui sont les plus idiots dans cette histoire?

Bref, changer est possible mais le vouloir c’est le vrai défi!

T

80)
alec6
, le 26.09.2006 à 16:23

Malheureusement, pour un suisse vertueux, il y a déjà 10 français qui n’en ont rien à foutre ! et combien d’américains, de chinois, d’indiens…
Pour une entreprise verueuse, combien sont sous le diktat de leurs (gros) actionnaires ?

Voilà pourquoi je pense que c’est mal barré !

Franchement je n’oppose pas un Kapitalisme comme ça à un Naltermondialisme comme ci… Le seul système qui fonctionne actuellement pas trop mal pour une grosse minorité d’individu c’est justement le système occidental… mais le problème de ce système qu’il s’appelle libéralisme à l’américaine (et encore on pourrait en discuter à propos des subventions US à l’agriculture et aux technologies nouvelles ou à propos de leur système de retraite… par répartition pour l’essentiel !) ou qu’il s’appelle social démocratie à la « nordique » ou à la « française » (et là encore on peut en discuter…) est de ne pas voir plus loin que le bout de son nez et de ne proposer que de la croissance plus ou moins matinée de durabilité ou de zéroité (néologisme de la croissance zéro…).
Or pour arriver à prendre ce virage mortel du changement climatique, il faudrait modifier dès aujourd’hui nos comportements de manière drastique !

Et rien de notable ne se fait. Et rien ne se fera en France avec NS ou SR au pouvoir en 2007 (que l’on ne me fasse pas croire qu’il y aurait une 3e voie possible… je n’y crois plus !). Et rien ne se fera ailleurs non plus !

A

81)
Okazou
, le 27.09.2006 à 06:37

« Il y en a, et beaucoup même, sur des entreprises qui ont du diamétralement changer de stratégie pour être en phase avec le public ou le consommateur (citoyen si ça peut faire peu plaisir à certains). »

Public, consommateur, citoyen, ce n’est pas la même chose.
• Le public, je ne sais pas trop ce que tu veux en dire. Les gens qui sont victimes de la publicité ?
• Le consommateur, lui, dans sa responsabilité de consommateur, n’a pour problème que d’acheter un produit dans son meilleur rapport qualité/prix. Il n’est attentif qu’à la qualité de ce qu’il achète et à la somme qu’il débourse. Point. Que choisir ?, ce n’est ni L’humanité, ni Le Figaro. Ne pas confondre non plus « consommateur » et « usager ».
• Le citoyen, c’est l’homme qui appartient à une société organisée démocratiquement qui n’a de cesse de vouloir que cette société soit pérenne, juste et équitable, de la défendre ainsi que les autres citoyens, solidairement, contre les agressions (politiques ou économiques). Il recherche l’amélioration de cette société pour que les conditions de vie de ses membres soient en progrès.
Le citoyen est au service du bien commun.
Y’a du boulot pour le citoyen, surtout lorsqu’il doit lutter contre la folie consumériste d’une partie des siens.

Tu aurais tort de penser que je pinaille sur les mots. Un des buts des libéraux pour dominer le monde et le rouler dans la farine est de détourner voire de briser la démocratie (si, si !) et un de leurs outils c’est la casse de la langue. Quand les mots ne voudront plus rien dire… tu ne pourras plus rien dire. Et un beau jour, tu ne penseras même plus : le consommateur parfait dans toute son animalité !

« Tout ça pour dire que même si c’est con de mettre une pression économique (boycott, amendes, etc.) sur des entreprises, c’est aussi un bon moyen de faire radicalement changer les choses. »

Par exemple, ici, tu te dois d’enlever le mot « radicalement ».
Un changement radical signifie que l’on s’attaque à la racine, au principe, à l’essence, au fondement même de ce que l’on veut changer.
Tu seras d’accord avec moi si je prétends que tu veux tout sauf changer les choses en profondeur, à la racine du mal. Soit dit en passant, le Parti radical était un parti révolutionnaire.
Le mot radical est donc, dans l’emploi que tu nous donnes, appauvri au point d’en perdre la totalité de son sens.
Tu voulais sans doute dire : « c’est aussi un bon moyen de réformer les choses. »
On effectue une réforme dans le but d’améliorer les choses, sans plus d’ambition. Ça ne mange pas de pain et ça n’engage à rien.

En politique, par les temps de cynisme généralisé qui courent : « Qui promet peu ne donnera pas grand chose ».

« nous acceptons toujours les simples coques à quelques miles de nos côtes. »

Les côtes suisses sont bien celles que l’on grimpe en montagne ?
Je blague !


Un autre monde est possible.