Aujourd’hui a lieu chez nous, un événement à la périodicité aussi régulière que le renouvellement des saisons, j’ai nommé le baccalauréat. Je ne voudrais pas, ici, pousser un coup de gueule contre cette vénérable institution, que nous a légué Napoléon, mais simplement présenter ce qu’elle est, et réfléchir sur ce qu’elle représente pour ceux qui passent leur bac et ceux qui font passer le bac.
D’abord le bac, ce n’est pas un moment, mais une période, une longue période, qui s’étale sur près d’un mois. Elle a débuté cette année le 12 juin par l’épreuve la plus emblématique, la Philosophie, et prendra fin le 5 juillet avec les derniers résultats issus des sessions de rattrapage des candidats repêchés au premier tour. Ensuite, le bac ce sont des millions de copies rédigées par les 640 810 candidats inscrits cette année qui devront être corrigées par les 139 733 correcteurs mobilisés (dont votre serviteur…), et ce avant le 26 juin, date de clôture des serveurs académiques pour la collecte des notes.
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Vous imaginez bien, à la vue de ces chiffres, toujours très impressionnants, la logistique et l’organisation qui se cache derrière cet examen. À cela se rajoute une donnée très française qui pimente le tout: l’égalité républicaine de l’épreuve. Ce principe veut que tous les candidats disposent de conditions rigoureusement identiques dans le déroulement de l’examen. Cela implique donc une organisation lourde et périlleuse qui est en permanence sur le fil du rasoir pour éviter l’accroc qui viendrait troubler le fonctionnement de cette belle fête.
Quels accrocs? Laissez-moi vous donner quelques exemples…
Les sujets, en premier lieu, qui sont le cœur du bidule, l’élément le plus sensible. Ils sont entourés d’un soin jaloux et de mille précautions afin d’en garantir l’inviolabilité et d’assurer un secret total (si, si, je vous jure!!!). Qu’un paquet de ces sujets soit déchiré, ne serait-ce que un petit peu, au cours de son transport et ce sont tous les paquets du même sujet, dans tout le pays, qui doivent être détruits. On fait alors appel aux sujets de secours, véritables plans B du dispositif, gardés en réserve, dans un même secret, au cas où… Je vous laisse imaginer les conséquences si une erreur venait à se produire dans la distribution des sujets un jour d’épreuve et qu’un surveillant de salle vienne à ouvrir un paquet contenant des sujets de Sciences Économique et Sociale alors que les candidats sont venus pour composer en Histoire-Géographie… Remarquez, elles sont simples… Annulation de l’épreuve d’Histoire-Géographie dans tout le pays (même pour ceux qui auront composé 4 heures ailleurs dans le pays) et report à une date ultérieure, avec sujets de secours, et sortie en catastrophe des sujets de secours d’Éco…
Autre exemple, l'accueil des candidats, et plus généralement, l’organisation des épreuves. Chaque candidat est convoqué dans un centre d’examen (un lycée en général) où toutes les conditions doivent être réunies pour qu’il puisse passer ses épreuves le mieux possible. Cela commence par l’information dudit candidat afin qu’il puisse trouver dès son arrivée, le plus facilement et le plus rapidement possible, le lieu qui lui est attribué pour composer. Ensuite, l’organisation passe par la distribution des sujets qui doit se faire de façon simultanée (ou presque) dans tout le centre, les candidats devant prendre connaissance des sujets au même moment partout en France, je vous le rappelle. Imaginez la stratégie quasi militaire dans la gestion des personnes nécessaires à ce dispositif surtout quand le centre accueille plusieurs centaines de candidats répartis dans plusieurs dizaines de salles. Un faux pas dans la distribution des paquets et c’est toute l’épreuve qui se trouve menacée.
Au-delà de ces paramètres organisationnels, dont la bonne marche ne relève, après tout, que de la rigueur, du bon sens et de l’expérience, se trouve la symbolique de cet examen qui dépasse le simple cadre scolaire.
Le bac est vécu d’abord comme une étape dans la construction de l’individu puisque l’obtention de ce diplôme ouvre la voie vers des études supérieures, courtes ou longues, qui seront, sans doute, décisives pour la vie future du jeune bachelier. Cette vision de l’examen, la plus évidente pour les candidats eux-mêmes, est pourtant la moins chargée de sens.
En effet, le baccalauréat est, et demeure, avant tout l’un de nos derniers rites de passage vers l’âge adulte avec, peut être, le permis de conduire. ATTENTION! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, c’est-à-dire: tous ceux qui n’ont pas le bac et/ou leur permis ne sont pas des hommes ou des femmes! Je veux tout simplement dire que, en règle générale, aux yeux d’un aspirant bachelier, l’obtention de ce diplôme est la clé de la porte qui s’ouvre sur une autre partie de la vie, celles des “Grands”. La réussite au bac est souvent synonyme de départ du foyer parental pour aller continuer ses études à l’université ou ailleurs. C’est alors l’emménagement dans un appartement ou une chambre (ou autre résidence) seul(e) toute la semaine en autogestion. De plus, on quitte le lycée qui devenait trop petit pour nos aspirations et nos rêves et qui était décidément peuplé de plus en plus de “nains” (comprenez d’autres élèves plus jeunes). L’échec à l’examen, c’est reprendre une année dans les murs oppressants de ce lycée et de la maison parentale et c’est voir les copains découvrir “la vraie vie”… Je vous le fais court!…
Vous comprenez maintenant toute la pression que peuvent vivre nos jeunes lycéens en ce moment, et j’aimerais m’adresser un court moment aux profs correcteurs… Ayez ça en tête quand vous corrigez vos copies, évaluez les candidats à l’oral ou parlez de vos expériences de bac entre vous. Je souffre d’entendre dans les salles des profs, au moment des examens, des profs ricaner entre eux et s’échanger des propos, souvent méprisants, sur les candidats qu’ils viennent d’entendre ou sur les copies qu’ils ont corrigées. Quelques exemples édifiants:
- Je viens de faire passer un candidat sur la décolonisation. Il ne savait même pas qui était Sukarno! Tu te rends compte!!!
- Il est incapable de faire la différence entre une métropole et une mégapole!!!
- J’ai un paquet de copies… C’est que des nuls!
- Attends, il ne sait même pas qui dirigeait le corps expéditionnaire du canal de Suez en 56!!! (En passant, moi non plus, même que j’ai cherché depuis…)
- Il est incapable de me citer le nom des Dragons asiatiques!!!
- Je suis encore de bac cette année à l’autre bout de l’académie. Fait ch…! Surtout pour n’entendre que des âneries!
J’arrête là parce que je m’agace tout seul en reportant ces propos… Arrêtons de voir dans les élèves des spécialistes et regardons-les comme des hommes et des femmes en devenir qui se présentent devant nous pour valider ce passage dans une autre partie de leur vie. Ayons en tête la raison même de notre métier d’enseignant, celle d’accompagner ces enfants et ces adolescents dans un moment de leur vie en leur dispensant une petite partie de notre savoir. L’élève que j’ai en face de moi m’est confié par la République afin que je lui donne un bout de mes connaissances en Histoire et en Géographie (vous l’aurez deviné, je suis prof d’Histoire-Géo!) pas pour que j’en fasse un historien ou un géographe. Et lorsqu’il se présente face à moi le jour du bac, c’est pour que j’évalue ce qu’il a retenu du petit bout du programme de la classe de Terminale que représente l’Histoire et la Géographie et pas pour savoir s’il sera capable d’écrire un livre sur la décolonisation de l’Indonésie (cf. Sukarno!).
Bien sûr, la très grande majorité de mes collègues font leur travail avec passion et ont en tête l’enjeu de l’épreuve du baccalauréat mais il est vrai que ce genre de conversation se développe et cela m’ennuie profondément tout en m’attristant. Un peu comme si tous ces gens avaient oublié l’époque où, eux, ils ont passé leur bac. Dommage!
En conclusion, je vous donne rendez-vous, à vous tous, le 3 juillet dans les lycées français, jour de la proclamation des résultats du bac. Accompagnez ceux, qui autour de vous, ont passé cet examen, ou venez simplement en spectateur. Ce jour-là est la plus belle pièce de théâtre que l’on peut voir avec Jean-qui-Rit et Jean-qui-Pleure, un moment dur, très dur, pour ceux dont le nom ne figure pas sur la liste des reçus (un peu moins de 25 % chaque année), mais un moment d’exaltation pure pour les reçus. Exultation et joie, diversement affichées, soit par un sourire soit par des bons dignes d’un Marsupilami sous substances hallucinogènes, mais toujours vécues intensément…
Et pour moi, de façon plus égoïste, c’est à ce moment-là où je reçois le plus grand salaire du monde chaque année…
, le 26.06.2006 à 00:24
Mais de temps en temps, il y a des perles dans les copies !
Ma femme a corrigé les épreuves de physique et de chimie ; dans l’ensemble, c’est pas mal sauf pour quelques-uns dont l’émotion leur ont fait perdre leurs moyens.
, le 26.06.2006 à 00:36
Mais Mais…. françois tu n’es pas en suisse ???
, le 26.06.2006 à 00:44
Un truc me semble obscur dans cette humeur : tu parles du bac français auquel tu participes, mais je croyais que tu étais suisse, et que tu enseignais en Suisse???
Pourrais-tu nous éclairer ce mystère?
Merci beaucoup!
Mon blog est ici.
, le 26.06.2006 à 01:17
Bonjour,
François, correcteur du bac français !!!! Etrange.
Ceci dit il y a deux choses que je ne vaudrais pas revivre à aucun prix :
– mon école de recrue pour y avoir appris à quel point l’absurdité peut-être institutionnalisée
– mes examens de deuxième année de biologie pour à peu près la même raison.
Comme tout le monde je n’ai jamais aimé les examens. Le pire étant certainement le temps (interminable) d’attente dans les austères couloirs : sur quoi va-t-on m’interroger ? Par pitié, pas le chapitre 6 ! L’ouverture de la porte me libérait de mes angoisses : ça y est, c’est parti.
A chaque fois que le sujet est évoqué je peux ressentir, atténuée, l’oppression de l’attente, cette ambiance particulière et cette boule à l’estomac.
Il m’est arrivé par la suite de me retrouver à l’uni en période d’examens. De voir ces étudiants livides arpentant les couloirs un bouquin à la main me rendait malade. Quand on est examinateur il est bon de se souvenir qu’un jour on était à la place de ces futurs collègues, en train de jouer le tout pour le tout en tirant une question…
n’importe quoi mais pas le chapitre 6 !
, le 26.06.2006 à 02:40
Sympa l’article ;-)
Mais …
J’aurais plutôt utilisé l’adverbe parfois [synonyme …]. Ce que tu écris était vrai il y a vingt ans, mais je ne connais plus beaucoup de « jeunes adultes » aujourd’hui qui souhaitent s’extraire si rapidement du cocon « papa-maman ». Tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il n’est pas rare de voir des mômes rester chez leurs parents jusqu’à 25 ans, ou parfois plus. Je connais même le cas d’un ingénieur informaticien qui a quitté le domicile familial à 28 ans, pour acheter un appartement à 50 mètres de celui-ci. Pratique pour déposer le linge sale ou vider le frigo, hein…
Je pense que l’élément déclencheur de l’indépendance est maintenant plutôt le souhait de vie de couple, et encore, certain(e)s lui préfèrent probablement toujours le confort déresponsabilisant de la famille.
Bien sûr, on rétorquera que les temps sont durs, que l’entrée dans la vie active est de plus en plus difficile, qu’il y a le chômage, le coût de la vie… Quelle panoplie de belles excuses !
Serait-ce différent en Suisse ?
, le 26.06.2006 à 05:41
François en correcteur zélé de l’Education Nationale? Etrange… Comme quoi nous ignorons tout des Cunéo!
@ Smop: Ah, l’immaturité des jeunes d’aujourd’hui… D’mon temps, à 15 ans, on mariait d’force les filles pubères et les gars fréquentaient les maisons d’correction! C’était autre chose, quoi. C’était l’bon temps!
, le 26.06.2006 à 05:52
Erreur habituelle de signature de l’article.
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Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.
, le 26.06.2006 à 06:16
Les responsabilités sont généralement partagées entre l’élève qui n’a pas appris ou pas compris et le prof qui n’a pas su enseigner.
De plus, aucun élève (sauf bête à concours) ne peut être intéressé par toutes les matières qu’on lui enseigne. Les matheux ne seront pas toujours de bons littéraires et réciproquement tandis que certaines matières sont peu considérées comme l’histoire et la géographie. On se demande d’ailleurs pourquoi. Le coefficient faible provoque un désintérêt a priori tandis qu’un coeff élevé fait plancher systématiquement ?
L’histoire et la géo permettent pourtant de comprendre le monde comme la philo permet de comprendre la vie par le biais de la pensée mieux que ne le font les maths.
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Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.
, le 26.06.2006 à 06:19
Eh oui Okazou, erreur habituelle!:-)
Il s’agit bien entendu d’un article d’un auteur français, Luis Serra.
Excuse-moi Luis, Noé va corriger ça dans la base j’espère le plus vite possible. Je crois qu’il… passe encore son bac!
Ou plutôt qu’il récupère des festivités qui suivent le dernier jour d’examens!
, le 26.06.2006 à 06:24
J’aurais du écrire « erreur connue », pour être juste. ;-)
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Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.
, le 26.06.2006 à 08:12
Un peu facile comme contre-commentaire, non ? Tu n’as pas un peu plus constructif ?
Soit dit en passant, à mon avis la responsabilité se placerait avant tout du côté des parents que de celui des « jeunes », mais c’est un autre débat. Tu te sens concerné peut-être ?
Pour conclure, oui, il y a des choses qui étaient mieux « avant », et d’autres qui sont mieux aujourd’hui. Ainsi va la vie. Me faire un procès d’intention de nostalgique conservateur est bien mal me connaître…
, le 26.06.2006 à 08:21
Quand même bien compliqué tout ça…
En Suisse, on se pose moins de problèmes: le bac, il est différent dans chaque collège/gymnase/lycée.
Alors oui, évidemment, pas besoin d’éliminer 640’810 copies pour rien! Mais plus que ça aussi. En ayant un bac différent d’un endroit à l’autre, cela change un peu la donne. Les profs sont certes obligés de suivre un programme, mais ils peuvent se permettrent d’accentuer là où ils le veulent, puisque ce sont eux-mêmes (ou à plusieurs, mais peu) qui rédigeront le bac. Alors oui, il y a aura peut-être quelques différences d’un bac à l’autre, mais au final, cela ne change pas grand-chose. D’autant plus que ce papier ne sert essentiellement que de passage vers une haute école.
Cela dit, c’est vrai aussi que cela fait beaucoup de bac différents. Se regrouper par ville, voire même canton, ce serait peut-être plus simple pour les professeurs…?
, le 26.06.2006 à 08:48
Alors nous, en France, on avait émis l’hypothèse que peut être, des fois, mais, attention, faut voir… on pourrait faire que toutes les matières ne soient pas l’objet de l’examen de fin d’année et qu’elles soient évaluées dans le cadre d’un contrôle continu tout au long de l’année par les professeurs. C’était en 2005…
Résultat : les élèves dans la rue ! Ils ne voulaient pas d’inégalités dans le bac. Ils avaient peur de voir des bacs « plus valables » que d’autres selon le lieu où ils étaient obtenus.
Je pense que cette solution, d’une dose de contrôle continu dans le bac sans pour autant faire disparaître l’examen final, serait une bonne chose puisqu’elle enlèverait une grosse part de bachottage de fin d’année aux élèves et les inciteraient à travailler de façon plus régulière au cours de l’année dans des matières « peu considérées » comme le disait Okazou plus haut…
Luis
, le 26.06.2006 à 08:56
Euh Luis, c’est qui qui a dirigé l’expédition de Suez ? passque même Wikipédia le sait pas…
merci
———————–
ibn mac
http://fr.wikipedia.org : cultivez librement
, le 26.06.2006 à 09:07
Je sais pas ! J’te jure je sais pas ! Et j’étais trop dégoûté l’année dernière pour aller voir cette prof aigrie qui déballait sa bile sur les élèves qu’elle venait d’interroger…
Depuis, je vis avec cette question qui me hante : mais qui a bien pu commander cette expédition ?
Je t’rassure, j’arrive encore à bien vivre sans le savoir !!! :o)))
Luis
, le 26.06.2006 à 09:28
Ha ben, ça nous rajeuni pas tout ça ! mon brave monsieur…
Au passage, pour ceux qui connaissent cette émission extraordinaire sur Arte le dimache à 20h « Karambolage » la bien nommée, j’ai découvert que les élèves allemands faisaient la fête, leur « bac » passé (Abitur aus deutsch). Ce qui est tout de même un peu plus rigolo que l’angoisse devant des listes de noms… suivies de… rien !
Cela s’appelle l’Abistreich… et le reportage d’Arte du 11 juin est par là .
A
, le 26.06.2006 à 10:06
Luis
Selon mon oncle proviseur adjoint, début mai les profs n’avaient pas encore été payé pour leur contribution au bac 2005.
Il n’y a plus de sous dans les caisses du ministère de l’éducation nationale.
Tu confirmes?
, le 26.06.2006 à 10:17
euh, en suisse, on dit plutôt « maturité »…
il y a pas moins 27 systèmes différents (26 cantonales + 1 fédérale). j’ai passé la maturité fédérale qui est utilisée par les écoles privées.
avec le système fédéral, on peut faire les examens complets (donc en une traite) soit partiels (deux sessions par année). j’ai choisi pour les examens partiels à Genève en mars et à Neuchâtel en octobre.
compliqué, n’est-ce pas ?
, le 26.06.2006 à 10:19
Bon, ben je viens à peine de finir de corriger mes dernières copies hier après-midi et voilà que je me retrouve plongé dans ce fichu bac dès le lundi matin en lisant l’humeur du jour sur Cuk… Y a vraiment pas de pitié pour les profs…
Pour ajouter deux trois choses de mon point de vue personnel :
1) Le bac est une énorme (trop grosse?) machine qui met dans la nature les élèves de 1ère et de seconde dès début juin (pour nous le 3 juin cette année, le record datant d’il y a 2 ans au 29 mai) pour cause de lycées qui sont centres d’examen. Ca laisse un 3è trimestre réduit à une peau de chagrin, et encore je suis gentil… et donc surtout ça met dans les rues à ne rien faire des jeunes qui seront pour certains sûrement tentés de faire des conneries quand il n’y a rien d’autre à faire pour occuper leurs journées (je ne parle bien sûr ici pas des élèves d’Henri IV).
2) L’équité nationale est une illusion totale. Le sujet est certes national, mais la correction est bien académique (chaque commission d’entente fixe un peu ses règles qui viennent se greffer sur le barême et le corrigé dit officiels) et le plus souvent individuelle. Je le sais particulièrement puisqu’enseignant une discipline dite littéraire où la réponse n’est souvent ni juste ni fausse, mais où il faut rédiger… Et là on tombe sur mon 3è point…
3) Le bas avec son taux de réussite de 80% est une pure illusion avec une déliquescence totale du niveau au fil des années. Certes, des bonnes copies il y en encore, et il y en aura toujours. Des mauvaises, bien sûr il y en a toujours eu. Mais le gros du troupeau, eh bien lui est maintenu artificiellement autour de la moyenne. Lors des commissions, je reprends l’exemple de l’allemand, on nous demande de ne pas nous tirer une balle dans le pied en étant trop « zélé » à la notation. Ainsi nous allons à la pêche de ce qui peut être juste ou compréhensible plutôt que la méthode inverse de rayer ce qui est faux. Au final, presqu’une moitié des élèves au niveau de la classe d’âge ne maîtrise pas correctement la construction d’une phrase, un accord sujet-verbe, etc en allemand (la langue que j’enseigne), mais je pourrais prendre d’autres matières comme exemple pour en parler souvent avec mes collègues. On se rend vite compte que le système ne produit pas ce qu’il devrait produire et qu’il y a des dysfonctionnements, quand bien même on fait l’autruche en plongeant la tête dans le sable et on monte les notes. Le pire dans tout ça est peut-etre l’inspection générale qui s’entête à pondre et à valider des sujets qui de toute évidence ne sont pas bâtis pour les élèves de 2006 : j’en veux pour exemple le sujet de LV2 allemand cette année qui a provoqué notre courroux à tous en commission d’entente, mais que peut-on faire, eh bien rien puisque ce sont nos supérieurs qui ont décidé de ça. A croire qu’ils cherchent eux mêmes à faire fuir les derniers germanistes en perpétuant une pseudo tradition de langue difficile au possible. Mais nous ne sommes pas les seuls car les collègues e maths ont eu aussi leur dose de rocambolesque au niveau des sujets il y 3 ans.
Bref, beaucoup de non dit ou de secrètement tu dans tout ça, mais il y aura comme tu dis Luis le magnifique théâtre des cris et des larmes le 3 juillet, c’est l’essentiel. Et ce bac reste le point de passage obligé vers l’enseignement supérieur et quelque part aussi vers l’âge adulte.
Jérôme Fontaine
, le 26.06.2006 à 11:10
Au sujet des profs « ricanants ou ricaneurs ». Ont-ils conscience qu’ils émettent un jugement sur la qualité de leur travail ?
A défaut de têtes bien pleines ont-ils fait l’effort de vérifier que les têtes étaient bien faites ?
C’et la caste de ceux qui ont le « savoir ». Ont-ils oublié ceux qui le leur ont transmis. Avaient-ils le même état d’esprit ?
Bertin
, le 26.06.2006 à 11:15
Pour ceux qui passeront le bac ces prochines années, ou qui ont besoin de sujets de conversation originaux: du côté français, le commandant du corps expéditionnaire était un contre-amiral nommé Barjot :-)))
, le 26.06.2006 à 11:41
Ach, ich habe deutsch in schule gelernt, aber heute ist alles vergessen !
Je n’ai jamais dépassé 5/20 à tous mes examens d’allemand ! Sehr schwer !
, le 26.06.2006 à 12:40
Merci !!! Tu me donnes la réponse à cette question qui nous taraude tous depuis 1 an et qui me confirme que vraiment on n’en a pas grand chose à faire de ce M. Barjot (avec tout le respect qu’on lui doit bien sûr !) rapporté au programme d’Histoire que les élèves ont à digérer pour le Bac !
Je ne peux pas confirmer parce que les paiements sont gérés au niveau académique (l’équivalent de nos régions pour l’éducation nationale) et donc les délais dépensent de la vélocité des rectorats d’académie. En ce qui concerne l’académie d’Amiens (la mienne !) nous sommes généralement payés en octobre…
Et là, mes amis, une question de débat : est-il vraiment normal de payer les profs pour corriger les copies de bac alors que, je vous le rappelle, ils sont déchargés de cours pendant leur correction ?
(Pour information, une correction de copie est payée entre 1 et 2 euros et un correcteur met, généralement, entre un quart d’heure et une demi-heure pour corriger une copie…)
Débat :o)
Luis
, le 26.06.2006 à 12:42
Ca c’est encore un coup du grand Capital !
L’agent A
, le 26.06.2006 à 12:45
Je vais essayer en allemand (le mien aussi est loin…)
:-)
« Noch ein Mal, ist das groß Kapital zurück ! »
L’agent A
, le 26.06.2006 à 13:07
Merci pour cet article, Luis.
Quant à la valeur réelle du papier, comme de mon temps (1970) il ne valait déjà plus rien par rapport à nos aînés et que le leur était nul par rapport à leurs ancêtres (et ainsi de suite), on peut se demander si nos rejetons savent encore écrire (qui a dit « non » dans la salle ?).
L’école, comme chacun le sait, c’est le bordel total (au sens de « désordre », pas comme ceux du mondial de foot !). Mais il n’en reste pas moins qu’il y a encore un sacré paquet d’enseignants qui y croient et qui, par leur charisme, font de certains de nos chérubins autre chose que des parfaits débiles.
, le 26.06.2006 à 14:21
Peut-être bien que pour la matu fédérale on parle de « matu », mais pour la maturité cantonale, on parle très souvent de bac également… Même si c’est un détail… :-)
, le 26.06.2006 à 14:30
Oui, d’abord et surtout merci et bravo à Luis pour cet exposé, pour sa clarté et son style.
Il en ressort une chose essentielle, c’est que Luis aime les élèves et il ressent et nous fait partager cette part de responsabilité pour la future vie des êtres humains qui lui sont confiés pour un temps.
On apprend des choses à l’école, des bribes de sciences, d’histoire, de géo, des batailles, des guerres, comment untel a tué untel. Mais on n’apprend pas à aimer, jamais.
Heureusement, certains « profs » le font, chacun à leur façon, mais ce n’est pas dans les programmes.
C’est dommage.
On pourrait chanter:
Les examens,
C’est pas humain.
Autre exemple des lacunes de « l’enseignement »: J’ai fait comme beaucoup, de l’anglais à l’école; j’étais bon élève en anglais, mais incapable , toujours comme beaucoup, de tenir une conversation. Puis après « le bac » je suis allé trois mois à Chicago, pour un stage de… musique. En trois petits mois, je parlais presque couramment anglais.
Un enfant sait parler sa langue maternelle avant d’en connaître la grammaire. Pourquoi nous fait-on apprendre la grammaire anglaise avant , ou presque de savoir parler cette langue?
Combien d’heures perdues, de temps de vie perdu sur ces fameux bancs de l’école!
Ce n’est qu’un exemple, et aucun rapport avec le créateur du bac, Napoléon qui n’aimait pas les Anglais. A moins que ce soit les Anglais qui n’aimaient pas Napoléon qui voulait un peu trop tout posséder au prix de millions de morts, de veuves et d’orphelins de tous pays. Ils ont quand même réussi à l’empoisonner à l’arsenic. Mais ceci est une autre histoire…
, le 26.06.2006 à 14:46
Jérôme, ce que vous dites est assez proche de ce qu’écrit l’auteur de la fabrique du crétin…
Côté niveau, il y a de quoi être horrifié…! 80 % de réussite certes mais il faut lire les copies pour ce rendre compte que l’on devrait être à la moitié de ces résultats…!
, le 26.06.2006 à 15:41
Dans le canton de Vaud, d’accord, mais ailleurs et notamment à Genève, on ne connaît pas le bac …. le bac, ici, c’est français !
, le 26.06.2006 à 16:00
Hé hé hé… je sens poindre la polémique insidieuse… dois-je rentrer dans le débat, même si sur ce sujet je n’ai rien à dire ? :-)))
Non ! pas la tête ! pas la tête !
L’agent A
, le 26.06.2006 à 16:07
Parce qu’il n’y a rien de plus cohérent que de commencer par connaître les bases. Sans fondation, une maison n’est qu’une vilaine cabane.
Il ne s’agit pas de parler « globish » (global english) mais d’apprendre la langue anglaise, ce qui n’a vraiment rien de commun.
Si tu as pu en trois mois t’exprimer en dialecte américain au-delà de « Passe-moi le beurre », c’est grâce à ce savoir théorique fondamental de la grammaire anglaise qui seul permet d’exprimer des idées.
Maintenant, tu as tout à fait de droit de juger qu’une langue n’a pas pour fonction d’échanger, de transmettre des idées.
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Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.
, le 26.06.2006 à 16:40
Genève, c’est pas français justement? =) Ok je sors…
N’empêche, à Fribourg,…
, le 26.06.2006 à 16:54
Okazou: certes, la grammaire/conjugaison anglaise et autre verbes irréguliers est, évidemment, bien pratique pour savoir s’exprimer en anglais :-)
N’empêche que dans mon cas, c’est un peu la même chose qui s’est passé — je me suis mis à l’anglais (alors que j’était vraiment plus que moyen) quand 1) j’ai eu la chance au lycée de tomber sur un prof qui poussait les élèves à participer à l’oral, de façon intelligente (ie même faire des fôtes atroces était récompensé — car c’est la participation qui comptait plus que la justesse!) 2) j’ai eu des occasions / intérêts de parler en anglais, ou comprendre (livre, documentation, films, séries).
Donc oui pour la connaissance « théorique » de la langue (parce que c’est bien pratique pour la suite), mais ce qui manque _vraiment_ c’est plus de « pratique ».
En même temps, pas très facile à mettre en oeuvre dans une classe de 30 élèves avec, quoi, 2-3h par semaines… c’est sûr.
Mais c’est dommage quand même qu’au bout de typiquement 7 ans d’anglais (collège+lycée) on ne sache en général pas parler couramment, alors qu’avec un minimum d’immersion (en général entre qq semaines et qq mois) ça passe facilement.
, le 26.06.2006 à 17:11
Vivant en Europe, je crois que nous avons tous la possibilité d’organiser pour nos enfants aujourd’hui, des échanges avec des familles lambda de Grande Bretagne, Allemagne, Espagne, Suisse, Italie… pour immerger nos lardons dans une langue différente pendant plusieurs jours ou semaines… et ce à coût réduit !
Il existe des systèmes d’échange de logements via internet et je crois que certains sites proposent aussi des principes équivalents.
Si qq’un a des infos… je suis preneur !
Comme quoi, si nos politiques ne nous proposent pas l’Europe dont nous rêvons, il ne nous est pas interdit de la construire de notre côté avec nos moyens !
L’agent A
, le 26.06.2006 à 17:13
> rIO
Bien sûr, je suis tout à fait d’accord avec toi sur le manque de pratique. En revanche, je suis tout à fait contre le remplacement d’un apprentissage de fond par l’apprentissage pratique qui ne mène qu’au « globish ». La langue anglaise aujourd’hui n’est pas la plus parlée dans le monde, elle est la plus massacrée.
Ajouter à l’apprentissage actuel une pratique régulière constituerait certainement une démarche constructive. Ajoutons, ne supprimons pas.
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Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.
, le 26.06.2006 à 18:17
@ archeos & Luis :
Ce serait pas Ferdinand de Lesseps, des fois, qui a dirigé l’expédition de Suez ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_de_Lesseps
, le 26.06.2006 à 18:32
Nan, lui il l’a creusé le canal et au XIXe siècle sous Napoléon III… En 1956, on voulait le reprendre aux Egyptiens qui avaient décidé que finalement un canal aussi retable, sur leur terre, pouvait aussi raporter de l’argent à l’Egypte et pas exclusivement aux Français et aux Anglais… D’où nationalisation egyptienne du canl, colère franco-anglaise, corps expéditionnaire franco-anglais, victoire puis retrait sous la pression soviéto-américaine… Voilà, l’histoire…
Pfuuu ! Jamais en vacances un prof d’Histoire ! Faut toujours qui ramène sa science ! :o)))
Luis
, le 26.06.2006 à 18:49
Je suis toujours étonné d’observer des personnages comme okasou qui ne peut s’empêcher d’agresser et qui a l’audace, la prétention de savoir, d’affirmer même – sans s’intéresser à l’autre, sans poser la moindre question qui aurait pu faire avancer la conversation, l’échange d’idées, dans un sens positif et convivial comme il est d’usage sur Cuk, n’est-ce pas? – comment je parlais anglais après trois mois?
Je ne faisais que citer un petit exemple vécu, sans prétendre affirmer quoi que ce soit d’universel; je voulais simplement exprimer l’idée que parfois, dans certains systèmes d’éducation scolaire, on met la charrue avant les boeufs (ce qui fait que l’élève n’est pas ou plus passionné, donc apprend et retient moins bien), sans viser personne, et hop! il s’emballe, déballe et dévalle la pente qui, si on le suit, va nous entraîner vers le gouffre où l’on s’est retrouvé dans quelques une des discussions récentes qui pourtant étaient parties “d’humeurs” très intéressantes. Mais un gouffre ne conduit nulle part. Nous avons pu le constater.
Et qui a parlé de « supprimer » au lieu d’ajouter?
Il invente, il suppose, il détourne et il s’énerve tout seul.
C’est très curieux et intéressant comme réaction.
Observons bien la suite, dans le calme.
Je ne sais pas pourquoi, mais ça me fait penser qu’hier soir, sur Arte, il y avait le film Microcosmos.
Si un prof de « sciences nat » fait un cours sur la vie des insectes, un certain nombre d’élèves va suivre. S’il fait le même cours, à un autre groupe, après avoir projeter ce film, les élèves recevront le cours différemment. Car le film leur aura peut-être permis d’éveiller en eux « des questions personnelles », d’éveiller leur curiosité.
Il me semble, mais ce n’est qu’une idée, qu’il vaut mieux projeter le film avant le cours, qu’après.
Créer d’abord l’étonnement, qui réveille nos forces de vie. Ensuite, l’explication intellectuelle, plus froide, sera mieux accueillie, acceptée, voire même demandée.
C’est ce que je voulais dire par « mettre la charrue avant les boeufs »
Allez, maintenant observons: un autre film nous attend. Il ne s’agit plus du monde des insectes, mais du monde des humains.
« L’humain, trop humain », comme disait Goethe.
, le 26.06.2006 à 21:29
et coupe-toi les ongles.
Friedrich Nietzsche évoquant les souffrances d’une jeune vertèbre ?
, le 26.06.2006 à 21:54
Quand « lou ravi » pose une question, celui qui lui répond (si c’est Okazou :-) est agressif (où donc ?), prétentieux (comment donc ?), affirmatif (et alors ?) et ne s’intéresse pas à l’autre car il ne pose pas lui-même de question en réponse à la question à laquelle il répond. Exigence de réponse formatée au goût du questionneur. Où y’a d’la gêne, y’ pas d’plaisir !
D’ailleurs, la question posée était admirable de bon sens, de maturité et d’expérience : « Un enfant sait parler sa langue maternelle avant d’en connaître la grammaire.Pourquoi nous fait-on apprendre la grammaire anglaise avant , ou presque de savoir parler cette langue? »
M’aura-t-il échappé qu’un enfant qui baigne au quotidien dans sa future langue peut effectivement la pratiquer avant d’en connaître la grammaire ? M’aura-t-il échappé que cet enfant recevra les compléments nécessaires à une bonne expression de ses idées ? M’aurait-il échappé que l’élève francophone ne baigne pas, lui, dans ce milieu propice à l’apprentissage d’une langue qui lui est étrangère ?
On remarque également dans cette question qu’apprendre la grammaire d’une langue n’est pas apprendre la langue (alors, c’est quoi ?) et qu’il faudrait d’abord la parler avant de savoir comment on la parle (le « globish », vous dis-je).
On se demande pourquoi on ne ferme pas les conservatoires où l’on apprend le solfège et l’instrument avant de savoir jouer de la musique mais dans le but d’aborder toute les formes de la musique, où donc la liberté est offerte en prime (je ne fais pas glisser le débat sur la musique par hasard).
Je connais trop d’instrumentistes de talent formés sur le tas, à la va-comme-j’te-pousse, pour ne pas savoir qu’ils sont très handicapés, jusqu’à être bloqués – et le disent – par l’ignorance de l’écriture et leur méconnaissance fondamentale de la musique. Ils se cantonnent à leur savoir limité dans lequel, d’ailleurs, ils excellent, non pas par choix mais par défaut de fondamentaux. Cela leur ouvrirait des portes, des univers et, surtout, leur permettrait de développer leur créativité.
De la même manière, une bonne connaissance de la grammaire et du latin permet d’utiliser la langue française avec efficacité et précision. On n’expose pas d’idées complexes sans une langue maîtrisée.
Ce qui est grave, g.chatelain, c’est que, au fond, tu ne fais rien d’autre que lancer un appel à la médiocrité et que tu sembles ne pas t’en rendre compte. C’est toi qui compose les programmes de télé ?
Le jour où les être humains se contenteront du peu que tu leur proposes, nous aurons encore descendu une marche vers la barbarie. Sauf les privilégiés qui auront eu soin, eux, de se prémunir contre un enseignement minable.
•••
> Invite pige vite ;-)
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Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.
, le 26.06.2006 à 22:49
Le beurre, l’argent du beurre (celui avec lequel on paye les corrigés du bac ?) et… la crémière ou le crémier ?
L’agent A
, le 26.06.2006 à 23:38
C’est amusant et intéressant de l’observer. Moi, je le trouve finalement rigolo.
Que des choses lui aient échappé, c’est normal, c’était à prévoir.
Mais y’a rien à faire, Il ne peut s’empêcher d’être méchant, agressif, insultant, à la limite grossier. Je le recopie car ça vaut son pesant de caca-houettes.
Quel style! Comme on est loin de Monsieur Luis Serra.
« Ce qui est grave, g.chatelain, c’est que, au fond, tu ne fais rien d’autre que lancer un appel à la médiocrité et que tu sembles ne pas t’en rendre compte. C’est toi qui compose les programmes de télé ?
Le jour où les être humains se contenteront du peu que tu leur proposes, nous aurons encore descendu une marche vers la barbarie. Sauf les privilégiés qui auront eu soin, eux, de se prémunir contre un enseignement minable. »
Mais en plus, quel orgueil!
Bon, t’agite plus occasou, je n’aurai plus le temps de te lire.
Et merci, j’ai bien ri.
, le 26.06.2006 à 23:57
Et, nous, en Suisse, on pleure… Snif.
, le 27.06.2006 à 00:50
Match Okazou <–>g.chatelain
Tout dépend de ce qu’on veut faire de la langue qu’on apprend. Il est évident qui si on veut devenir traducteur, lire Shakespeare dans le texte, donner des conférences, non seulement on doit bien maîtriser le langage courant, mais également la grammaire et la syntaxe.
Mais est-ce vraiment le but ? Personnellement, j’avais ce problème avec le grec (moderne, hein, pas ancien). Deux années de cours, le soir, à raison de 2 h. par semaine pour assimiler le vocabulaire de base et un peu, tout petit peu de grammaire (et elle est difficile la grammaire grecque – 3000 ans pour la peaufiner!). Puis surtout, se dépatouiller sur place : je ne lirai sans doute jamais Nikos Kazanzakis dans le texte, mais au moins le plombier, le maçon, l’épicier, le jardinier me comprennent et je les comprends.
, le 27.06.2006 à 06:03
Si je t’ai blessé, crois bien que ce n’était pas mon but.
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Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.
, le 27.06.2006 à 06:18
> Hervé
Il est certain que nous avons plusieurs niveaux d’utilisation des langues. Ce que j’essayais de faire comprendre à notre ami c’est que le lycée offre un apprentissage à des élèves qui, peut-être, seront journalistes, profs, traducteurs ou diplomates et qui auront alors besoin d’exprimer une pensée dans toute sa subtilité. Ce n’est donc pas dans les lycées qu’il faut abaisser le niveau d’apprentissage des langues. C’est même le dernier endroit. Transposons cette idée mortelle aux maths et bientôt nous fermerons les usines et les bureaux d’étude.
Quand on a besoin, comme toi qui passe tes vacances en Grèce, d’utiliser un parler courant, un parler utile tous les jours, que l’on est en quelque sorte un « opportuniste » de la langue locale, une méthode Assimil ou autre est alors bien suffisante. Et une fois qu’on a mis le pied à l’étrier, rien n’empêche de quitter le pas pour le trot puis le galop. Mais la problématique n’est alors pas du tout celle du lycée où on ne perd certainement pas son temps à s’imprégner des fondamentaux.
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Au nom de l’Europe, j’ai voté NON !
… et la gauche libérale aurait tort de l’oublier.
, le 28.06.2006 à 11:44
Article intéressant, Luis, quelle machine, en effet!
Encore une fois, je serais assez d’accord sur le fond avec O, et je trouve l’analogie avec la musique très bien trouvée (en photo, c’est pareil). Nonobstant, je crois que l’on a un problème avec l’enseignement en France, tous les profs n’étant malheureusement pas aussi motivés que Luis, surtout après des années à rabacher toujours la même rengaine auprès de jeunes qui n’en on rien à faire… C’est un sujet qui est très complexe et je ne jette pas la pierre au enseignants, qui font ce qu’ils peuvent avec des programmes « bizarres » et une hiérarchie qui ne joue pas (toujours) dans la même équipe (j’ai pas mal de copains dans le secteur qui se plaignent de leur(s) proviseur(s)!).
Mais le principal problème, c’est que l’école est malade de la société. Les matières enseignées et les méthodes pédagogiques ont assez peu changé depuis un siècle et c’est sans doute une bonne chose. Mais notre société du toujours plus vite, plus grand, plus de pognon, plus de pixels, plus, plus, plus formate dès leur plus jeune âge les bambins, « grace », entre autre, à la TV. Le rythme, dans l’école est devenu « trop lent » en comparaison au monde qui nous entoure. Ça fait des années que j’explique à mon fils la chance qu’il a de n’avoir rien d’autre à faire qu’apprendre des choses plus ou moins passionnantes et apparement parfois inutiles… C’est des années plus tard que l’on regrette un manque d’assiduité à tel ou tel cours…
Courage et bravo, Luis.
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