En allant au théâtre ou au concert, peut-être aurez-vous senti leur présence.
Le plus souvent de noir vêtus, ils se confondent avec le décor, ou se devinent derrière des consoles techniques monstrueuses, juste éclairés par une petite lueur blafarde. “Ils”, ce sont les techniciens du spectacle, appelés plus couramment en France, les intermittents.
Qui sont-ils vraiment, c’est ce que vous propose de découvrir cette Humeur.
Normalement, vous avez au moins une fois dans votre vie joué la comédie, poussé la chansonnette ou au moins prononcé quelques mots sur un plateau de théâtre. Vous avez donc eu l’occasion de côtoyer de plus près un de ces gardiens du temple. C’est là que vous aurez dû remarquer qu’ils parlent une langue qui n’est pas la vôtre. Ainsi, si vous demandez un peu plus de lumière sur votre droite, la réponse du préposé risque bien d’être: “on peut pas!”. De même, si vous désirez qu’on mette la musique plus fort, là, il vous sera répondu: ” ça, va comme ça?”. Vous n’aurez bien entendu remarqué aucune différence, mais ne voulant pas passer pour un total abruti, vous répondrez: “Très bien, merci!”. Vous aurez simplement été la victime d’un gag complètement éculé, mais qui se pratique toujours avec le même succès: faire semblant de monter le son pour piéger la malheureuse victime!
De la part des techniciens, ce n’est pas de la méchanceté. Pour eux, un plateau de théâtre, c’est sacré et ça se mérite. Le profane qui débarque avec ses grands pieds n’est souvent pas le bienvenu. Il suffit souvent de quelques trucs pour que tout rentre dans l’ordre. Par exemple, vous pouvez dire: “ Il y a de la place sur la troisième porteuse (3e perche au-dessus de votre tête), on pourrait charger une découpe (poser un projecteur à volets) et la pointer à jardin sur le proscenium (régler le faisceau de lumière à gauche pour les spectateurs et en avant-scène)”. Vous pourrez même demander une “gélatine”, par exemple “du 210” pour obtenir un effet légèrement bleuté. Pour le son, vous proposerez “qu’on ajoute 5db dans les retours, en creusant un peu dans les 1’000Hz (diminuant les fréquences médiums)”. Vos ordres seront exécutés! En tout cas, ne commettez pas certaines erreurs qui vous classeront définitivement parmi les “bricoleurs”: on ne siffle pas sur un plateau, ça porte malheur! On ne dit pas “corde” mais “guinde”. Ça, ça vous coûtera une bouteille à chaque fois. On ne prononce pas (comme sur les bateaux) le mot “lapin”, c’est la poisse assurée. Et surtout, surtout, quand le chef d’équipe dit “c’est la pause”, n’intervenez jamais, sauf pour payer la tournée! En sortant de scène, ne touchez pas les “pendrillons ” (rideaux latéraux) et n’allez pas guigner pour voir s’il y a quelqu’un dans la salle.
Il y a un gros fantasme qui consiste à croire que les intermittents fréquentent, voire sont dans l’intimité des stars: c’est faux! Il faut comprendre que le milieu du spectacle est très hiérarchisé. En bas, il y a les “roadies” ou “porteurs de caisses”. C’est là que souvent on commence, mais de là, on ne voit rien! Puis il y a ceux qui installent le matériel. Ils ont dû savoir et de l’expérience, mais ce ne sont pas forcément eux qui géreront le show. La troupe (ou l’orchestre) arrive avec ses propres techniciens. Parmi eux, ceux qui ont un nom, une carrière. C’est l’élite de la profession. Ce sont eux qui seront à la console pendant le spectacle. Eux seuls parlent vraiment aux artistes, mais cela ne veut pourtant pas dire qu’ils iront forcément manger avec “les vedettes” après la représentation. Même si vous êtes figurant ou avez un petit rôle chez les “artistes” (là, nous changeons carrément de caste), la star vous paraîtra bien lointaine et ne vous dira certainement pas un mot! Je parle bien entendu ici des grandes infrastructures. Dans les petites, cela peut être très différent. Il faut dire que la pression sur les grands artistes est énorme et quelqu’un de connu peut réellement être assailli, d’où ce système de cloisonnement entre les corps de métiers.
Mais les techniciens sont fiers de leur statut, car ils savent que sans eux, il n’y a tout simplement pas de spectacle. Parfois, le public applaudit un décor, un jeu de lumière, un effet sonore… Croyez-moi, ils aiment! Quand tout se passe bien, il y a soudain des moments magiques où toute la machinerie entre en totale symbiose avec les artistes. On a alors l’impression qu’on pénètre dans un autre Univers. C’est absolument sublime. C’est pour ces instants d’exception que sans doute les techniciens acceptent leur sort. Car il faut bien le dire, c’est un métier où les salaires sont très bas, les horaires parfois monstrueux et le milieu ambiant du genre plutôt hostile. Il faut avoir démonté des projecteurs, de nuit, sous la pluie et par température hivernale pour comprendre.
Malgré tout, chaque année, des jeunes veulent entrer dans ce cercle fermé et faire partie, plus tard, peut-être, des élus. S’il est encore possible d’apprendre le métier “sur le tas”, en commençant par exemple comme “porteur de caisses”, il faut bien comprendre que la profession est devenue très complexe et nécessite certaines connaissances théoriques. Les différentes spécialités ont d’ailleurs créé leurs propres écoles. En voici quelques exemples pour la Suisse:
- Pour le son, c’est le CFMS.
- Pour la technique de scène, c’est Artos
- Pour les techniques du cinéma, c’est Focal
Et les débouchés? La Suisse connaît une période de restriction budgétaire assez forte dans les théâtres. Ceux qui sont touchés sont plutôt les techniciens très expérimentés, car considérés par les administrateurs comme “trop chers”. Par contre, il y a des domaines où l’on peut encore travailler, mais pas partout. Donc, la situation n’est pas plus “bouchée” que dans bien d’autres marchés de l’emploi. Mais attention, il faut vraiment aimer cette drôle de vie. J’ai vu plus d’un jeune partir en courant après son premier stage (voir même… pendant!).
Les techniciens du spectacle, une élite?
Quelque part, je réponds “oui”!
, le 08.06.2006 à 00:16
Merci Roger pour cette intéressante intervention. Il y a 2 ans, lorsqu’il y a eu des gros soucis en France avec les intermittents (ce sont eux qui avaient des soucis, je veux dire), je suis allé voir un spectacle au Festival des Voix du Gaou (au Brusc, à côté de Six Fours les Plages). Le groupe, Cesar Swing, sorte d’hommage à Django Reinhard, a rendu hommage au travail des intermittents et a fait un truc peu banal, qui fait ressortir le travail extraordinaire des intermittents. Ils ont attaqués une chanson avec son et lumière, et au fur et à mesure le son est parti, ainsi que la lumière, jusqu’à qu’il n’y ait plus que les artistes seuls, « unplugged » et dans l’obscurité. Belle démonstration, très convaincante.
, le 08.06.2006 à 07:33
J’ai beaucoup de sympathie pour les gens du spectacle, que j’ai un peu fréquentés à une époque, mais je ne crois pas qu’il soient une élite pour autant, même s’ils sont plus intéressants que, au hasard, les gens de la pub ou de la finance. Un secteur atypique, comme tout ce qui touche à l’art, ne serait-ce qu’à cause de la répartition temporelle du travail (dans la journée et dans l’année), oui, mais rien de plus.
Se moquer des bleus et jargonner, entre nous, il y a peu de métiers techniques qui y échappent.
Bof ! Bof ! Bof !
, le 08.06.2006 à 07:57
Merci pour ce bel article pour des gens précieux. J’ai l’habitude de travailler avec eux puisque je suis prof de Cinéma en lycée et il faut les voir venir travailler avec nos mômes pour leur passer leur flamme… Généralement, lors de l’intervention, nous, les profs, on se met de côté et on admire… Ce sont des gens incroyables, des petites fourmis de l’art avec une chose en plus : des étoiles dans les yeux quand ils parlent de leur art…
, le 08.06.2006 à 08:54
Hello, Roger! Pour la France, tu remplaces Focal par Gobelins, l’école de l’image, et tu as, en plus de LA formation aux métiers de la télévision, le dessin animé, le multimedia, la photo dans tous ses états… ;)
Par ici…
Modane
« Qui nierait que le cinéma sonore nous a fait découvrir le silence ? Le silence est la plus belle conquête du parlant. » H Jeanson
, le 08.06.2006 à 09:07
Etant entouré d’intermittents, je ne peux que te rejoindre dans ton intervention, Roger. Merci. Espérons que leur situation s’améliorera car même leur stagnation serait inacceptable.
@ Work || @ Home
, le 08.06.2006 à 09:24
Comment faire une note intitulée « intermittent du spectacle » sans parler du statut du même nom (même s’il est limité à la France)?
Ne serait-ce que pour lever l’ambiguité amenée par cet article car si l’article ne parle que des techniciens, le statut, lui, touche tous les intervenants (techniciens, clown, chanteurs…).
, le 08.06.2006 à 09:40
merci pour cette humeur…
On imagine très bien la petite lueur au fond de tes yeux quand tu l’as écrite…
, le 08.06.2006 à 10:00
Merci pour vos remarques.
Chichille (j’adore ton bof ! Bof ! Bof !), tu as raIson. J’aime d’ailleurs ces métiers ou les gens sont fiers, on leur jargon et leur culture. Mais pour les métiers du spectacle, je ne peux m’empêcher d’ajouter un peu de panache en plus ;-)
Renaud et Luis Serra, jolis témoignages.
Modane, Gobelin est en effet une légende. Merci de citer cette école.
Mirko et Loic, vous parlez du statut de cette profession et des débouchés. Je connais mal la situation française, mais mieux la suisse.
Les artistes n’ont pas les même statut et pas les mêmes syndicats en Hélvétie. Je suis personnellement « artiste indépendant » et en aucun cas « intermittent ». Je ne touche à ce titre aucune allocation. Les compositeurs de musique (dont je fais partie) sont défendus par la SACEM (France) ou la SUISA (Suisse). Ce ne sont même pas des syndicats, mais de simples fiduciaires, qui moyennant pourcentage, gèrent nos droits d’auteur.
, le 08.06.2006 à 10:20
Merci Roger pour cette humeur qui m’intéresse particulièrement vu que je voudrais devenir ingénieur du son.
à fond les mac
, le 08.06.2006 à 15:11
Merci! c’est pas sympa ça ;) Et puis d’ailleurs, si tous les gens du spectacle étaient intéressants, ça marcherait peut être un peu mieux pour eux, non ?
Quand à dire qu’ils font partie d’une élite, j’ai du mal à acquiescer – ou alors l’élite des gens accrochés à leur privilèges (quoique, on a nos fonctionnaires…)
Bon, maintenant: débat!
, le 08.06.2006 à 16:24
Merci Roger pour ce bel homage. Quand j’ai l’opportunité de me glisser en coulisse, avant ou après un concert dont j’ai fait les photos, j’essaye de me faire le plus petit possible pour ne gêner personne dans la rûche, et j’ai toujours beaucoup de plaisir à m’entretenir avec « le gars qui fait les lumières », même si on ne parle pas tout à fait le même langage, si je fais de bonnes photos, ça sera beaucoup grâce à lui! Le top, c’est déjà arrivé, c’est s’il a vu les images que j’ai fait de son travail, et que j’arrive à lui expliquer ce qui « le fait » pour moi.
z
Quand j’entends le mot phynance, je tire la chasse…
, le 08.06.2006 à 16:51
Raphael, le mot « élite » est à prendre comme « profession à part » et pas comme « caste dominante » ! Si ce mot gêne quelqu’un, il peut l’effacer de son esprit, ça n’empêchera pas les intermittents de bosser ni la terre de tourner !
, le 08.06.2006 à 19:02
Je vais aller un peu dans le même sens que Raphael. Je travaille dans les « affaires » (au sens business, pas au sens « Clearstream et financement occulte des partis politiques »). Bien souvent quand on me demande ce que je fais dans la vie (et que je ne mens pas en disant ce qui me passe par la tête comme métier, genre « trafiquant de drogue ») et que je dis que je suis dans les affaires, les gens ont une réaction de dégout. Pourtant, sans la finance, ou le marketing, beaucoup de choses ne se passeraient pas. Les financiers participent au montage de spectacles, et donc font indirectement bosser des intermittents (et plein d’autres gens). Les artistes clament leur droit à mener la vie de bohéme, mais quelque part il faut bien que quelqu’un la finance cette vie la.
Comme l’écrivait Séguéla « ne dites pas à ma mère que je suis dans la pub, elle me croit pianiste dans un bordel ».
, le 08.06.2006 à 19:24
Etonnant ce que tu racontes, Renaud. Moi, je croyais que « travailler dans les affaires », ça faisait respectable. Qu’avec ça, on te donnait la meilleure chambre d’hôtel, que le banquier t’accueillait avec le sourire et que pour draguer, ça avait de l’effet ! Mais c’est vrai que notre société aime bien les étiquettes et que parfois elles sont ch….e à porter. Lorsque j’étais éducateur, je ne donnais jamais mon métier en vacances, sinon j’avais le droit à tous les problèmes « parents-enfants » du camping. Aujourd’hui, j’évite également de dire *musicien » car on me harcèle de questions genre : « et vous connaissez machin ? », »vous passez à la télé ? », etc.
, le 08.06.2006 à 19:34
Roger: il faut croire que les temps changent. Tu as raison au sujet des étiquettes. Ma femme, lorsqu’elle dit qu’elle est chercheuse dans la biologie végétale, les gens lui demandent des conseils pour les plantes de leur jardin. Ce à quoi elle répond qu’elle n’est pas jardinière. Et en général j’ajoute « on va arracher la plante ou découper l’arbre, elle va le couper en morceaux et l’examiner au microscope au labo pour voir ce qu’il avait ». Faut savoir mentir pour être tranquille: si t’es médecin, tu dis que t’es médecin légiste; si t’es garagiste, tu dis que tu t’occupes d’une casse; si t’es dans l’informatique, tu dis que tu es revendeur Apple :) Au moins, on te demandera pas comment débugger Windows (encore que, avec BootCamp, c’est malheureusement fort possible).
, le 08.06.2006 à 20:46
D’accord avec toi, Renaud: quand je dis que je bosses dans un banque, les gens n’arrêtent pas de me demander des conseils sur les investissements à faire. Or je ne bosses pas du tout dans cette branche là (nos clients sont des corporates ou des banques). Donc, je réponds qu’en dessous de 10 millions d’euros d’investissement, je ne peux rien pour eux. Généralement, ça les calme ;)
, le 08.06.2006 à 21:23
10 millions? Petit joueur :)
Vas y carrément pour 50 millions. Moi, vu que je bosse dans la haute technologie, on me demande souvent de l’aide pour un souci informatique. Je dis « désolé, je peux pas t’aider, j’ai un Mac et donc jamais aucun souci ». En même temps, ca fait de la pub à Apple, c’est tout bénéf :)
, le 09.06.2006 à 08:44
Les financiers sont bien susceptibles… (pas les pubeurs, au fait, bizarre, bizarre).
Cela posé, disons qu’un financier, ça peut aller, trois financiers, mieux vaut se carapater. Bref, mon intervention ne visait pas à condamner chaque individu « fourvoyé » dans la finance et qui aurait tout de même conservé sa fraîcheur d’âme, mais que pris globalement, en groupe, les gens du spectacle sont infiniment plus agréables que les gens de la finance.
En ce qui concerne les financiers, je n’ai rien contre leur fonction en tant que techniciens permettant d’optimiser la gestion de la trésorerie d’une entreprise, AFIN QUE CELLE-CI PUISSE TRAVAILLER LE MIEUX POSSIBLE POUR LE PLUS GRAND BÉNÉFICE DES GENS QUI EN FONT PARTIE ET DE SES CLIENTS.
Le drame, c’est que les financiers les plus gourmands, détenant les clés du coffre, se sont mis à travailler pour leur intérêt personnel (qui peut être l’intérêt personnel d’un fonds d’investissement, je ne parle plus d’individus, on l’aura compris, mais d’un système institutionnalisé) et non pas pour celui de l’entreprise.
L’entreprise, dans le système de ses gens-là, n’est qu’une éponge jetable que l’on pressure et que l’on remplace par une autre, tout comme les individus. Un exemple simple est celui de la délocalisation, ce système admirable grâce auquel on espère faire fortune en vendant pas cher à des gens que l’on ne paye plus des produits fabriqués par des gens que l’on paye à peine.
Ce qui n’empêche pas que l’on tente de culpabiliser les travailleurs en leur disant qu’ils ont perdu le sens du travail, et que leurs réclamations sont scandaleuses. Tout en continuant à abreuver les actionnaires. Mais ce n’est qu’une manière hypocrite de rejeter leur demandes.
Je ne dis pas qu’il ne faut pas rémunérer les actionnaires. Je dis qu’il y a un minimum d’équilibre à respecter entre le flux d’argent qui rémunère le travail et celui qui rémunère les capitaux. Actuellement il y a un ruisseau presque à sec et l’autre qui coule à torrent.
Bof ! Bof ! Bof !
, le 09.06.2006 à 08:54
Pas mal votre article sur les intermittents spectacles que nous sommes mon époux et moi même, mais je crois que vous avez oublié les Roads, ceux qui savent tout faire, et qui font en définitive pratiquement tout sur les plateaux .
Ce sont de vrais ouvriers qualifiés, des Pros.
Vous devriez aller voir l’article fait par mon époux sur son site et blog :
<http://web.mac.com/stephaneclement/iWeb/backstages/Blog/Blog.html>
Au plaisir de vous lire.
ctrl
, le 09.06.2006 à 09:28
‘Jour…
je suis élève dans une école secondaire (suisse bien-sur), et je me suis engagé à ce poste en tant qu’amateur professionnel…
Ce qu’on dit « intermitant », moi je le dit « régisseur »…
Et il faux avouer que le truck du:
-un peu plus de lumière par ici svp.
– désolé, on peux pas !
ou
-tu monte un peu le son ?
-ca vas comme ca ?
Est franchemant bien trouvé et pas fausse :)
, le 09.06.2006 à 14:50
Chichille, la difference entre un actionnaire et un salarie, c’est que l’actionnaire a investi son argent dans la societe. Le salarie recoit de l’argent regulierement (tous les mois normalement), ce qui est loin d’etre le cas des actionnaires. Au passage ces actionnaires ne sont pas tous des milliardaires qui s’engraissent sur le dos de la bete, il y a beaucoup de petits porteurs qui cherchent a preparer leur retraite.
, le 09.06.2006 à 18:42
Renaud, APPRENDS À LIRE!!!
J’ai écris très exactement :
« Je ne dis pas qu’il ne faut pas rémunérer les actionnaires. Je dis qu’il y a un minimum d’équilibre à respecter entre le flux d’argent qui rémunère le travail et celui qui rémunère les capitaux. Actuellement il y a un ruisseau presque à sec et l’autre qui coule à torrent.»
Donc, je ne demande pas la ruine de l’actionnaire. Je demande un rééquilibrage entre deux rémunérations qui suivent actuellement une évolution inverse, à un degré qui est devenu scandaleux.
Et je dois avouer que face aux pauvres actionnaires qui ont investi leur argent (quelle douleur !), j’ai tendance à me sentir beaucoup plus solidaire des travailleurs qui eux, investissent leur propre vie, ce qui mérite considération et rémunération.
Au demeurant, tu ne prends qu’une partie de mon intervention, ce qui en dénature le sens. Je suis peut-être un peu moins primaire que tu ne parais le croire.
Au fait, je fréquente même régulièrement des chefs d’entreprises et des présidents de syndicats patronaux à titre professionnel (pourvu qu’Okazou ne lise pas ça, je suis bon pour le goulag).
Bof ! Bof ! Bof !
, le 10.06.2006 à 00:36
Chichille: excuse moi je te surestimais, en effet.
, le 10.06.2006 à 09:34
Mmmmhhhh, juste la réponse que j’attendais. Un vrai bonheur.
Bof ! Bof ! Bof !
, le 10.06.2006 à 11:08
ah ben tant mieux alors ;)
, le 10.06.2006 à 11:42
Depuis quand « intermittent du spectacle » est-il un métier ? Clown, acteur, sonorisateur, éclairagiste, roaddy, chanteur, caméraman… Ca ce sont des métiers, des professions, des carrières, des talents… « Intermittent du spectacle » c’est un statut, pas un métier ! Un statut vis-à-vis du régime d’assurance-chômage qui plus est. Un régime d’assurance-chômage qui, ceci dit en passant, est déficitaire à hauteur de 90 % (cf : Déficit du régime des intermittents de 1991 à 2001 ), son déficit (738 millions d’euros en 2001, rien que ça !) étant comblé par les cotisations des salariés du privé (ça ne choque personne ?).
D’autre part tous les artistes et techniciens du spectacle ou de l’audiovisuel ne sont pas « intermittents », loin s’en faut. Beaucoup sont tout simplement salariés dans des structures privées (rarement) ou publiques (le plus souvent).
Donc réduire artistes et techniciens du spectacle à leur seul statut professionnel n’a pas vraiment de sens. D’autant plus que ce statut n’existe à ma connaissance qu’en France et qu’à ce que je sache, dans le reste du monde, la qualité et la créativité des artistes et de leurs productions n’ont rien à envier à ce qui se fait en France (loin s’en faut).
PS : j’ai été intermittent pendant 5 ans…
, le 10.06.2006 à 14:30
Si, moi! mais c’est sans doute parce que je suis un financier capitaliste malfaisant, travaillant pour le grand capital. (ceci dit, ça me choque vraiment, mais c’est pareil pour les tous les régimes spéciaux – fonctionnaires, sncf… – qui relèvent pour moi des privilèges dignes de l’ancien régime).
, le 10.06.2006 à 14:41
C’est curieux, parce que les nobles de l’Ancien Régime qui s’enrichissent sans rien faire, ça s’apparente plus à l’actionnariat moderne qu’au fonctionnariat issu de la Révolution… Mais puisque ton commentaire ne véhicule qu’un poncif archi éculé qui n’est même pas digne du poujadisme d’un Jean-Pierre Pernault, pourquoi ne pas réaliser ce genre d’amalgame…
, le 10.06.2006 à 16:08
Encore une fois, beaucoup d’actionnaires ne sont pas des milliardaires, ce sont des travailleurs qui préparent leurs retraites et tentent d’accéder à la propriété.
, le 10.06.2006 à 17:18
Euh, dites, si j’ai parlé d’intermittens, c’est pour rendre hommage aux métiers techniques de la scène. Je suis d’accord que le mot n’est pas exact et définit effectivement un statut. Mais c’est comme « frigidaire » (une marque » pour dire *réfrigérateur » (un appareil), le mot prend une autre définition. Enlevez « intermittents » si ça vous dérange et gardez « techniciens de scène ». Le problème du déficit de la caisse française est un tout autre sujet. j’avoue m’en sentir peu concerné, vu que mon statut est celui d’indépendant. La subvention de la culture et de ses serviteurs et un large débat qui, à mon avis, doit se traiter autrement qu’en commentaires cukiens. Mais merci pour ta précision, George, car elle est tout-à-fait pertinante.
, le 10.06.2006 à 22:53
Si, mais peut-être pas au sens où tu l’entends.
Quand de grosses boîtes de productions, dont les propriétaires sont des Crésus, usent et abusent de ce régime de corvéables et jetables en demandant à d’autres de les rémunérer…
… ça me choque.
, le 11.06.2006 à 11:31
Karim: tout à fait d’accord avec toi. Quelqu’un connait il des statistiques au sujet de la répartition des sociétés employant des intermittents, entre les grosses structures et les petites structures?
, le 11.06.2006 à 11:54
Je suis tout à fait d’accord avec toi contrairement à ce que tu sous-entends. Non seulement le régime d’assurance-chômage des intermittents du spectacle finance de façon honteuse les grosses boites de prod privées, mais également indirectement les politiques culturelles publiques, qu’elles soient nationales ou locales. Ce qui pose en effet la question du financement de la culture en France car la financer partiellement par les cotisations chômage des ouvriers et employés du privé me choque tout autant. Il s’agit d’une subvention détournée qui évite à l’Etat ou aux collectivités territoriales d’augmenter leurs budgets « culture » (ou de faire des choix culturels en fonction de leurs budgets…).
La partie intermittents employés par des grosses boites de prod n’est que la partie émergée de l’iceberg (partie caricaturale qui offre l’avantage confortable de pouvoir taper sur les grosses boites bien capitalistes en omettant de regarder la réalité en face…). La plupart des intermittents (surtout en province) travaillent pour des petites structures. Ce sont des musiciens, comédiens, artistes de cirque… qui tournent plus ou moins, des techniciens qui enchainent les festivals d’été, d’autres qui travaillent au coup par coup pour les structures culturelles locales… Et pour eux en effet ce statut d’intermittent est une bénédiction, puisqu’elle leur permet de vivre de leur talent et leur passion à plein temps, surtout en début de carrière, au lieu de devoir avoir en plus un emploi de subsistance…
Malheureusement cet excellent système (encore une fois unique au monde) a connu au fil des années d’importantes dérives qui mettront à terme en péril sa subsistance. Mais c’est un autre débat…
, le 11.06.2006 à 23:20
bof bof bof
quelle est la difference entre un suisse, un français et un allemand?
quelle est la difference entre qq de la finace, de la pub ou du spectacle?
Des differences des languages, des cultures et des references… ça oui- ça existe. Mais sinon on est tous aussi bete et humain.
Merci pour l’article et des commentaires. Je dois rajouter deux trois bricole. Papa dans le finance, ma soer dans la pub (presque; elle est graphiste) et moi meme jongleur. Je me sens un tout petit peu concerne.
J’ai donc frequente pleines de cercles differentes et il n’y ait pas des gens plus ou moins interessant suivant leur metier ou leur pays de naissance. Que la difference de taux de passion des individues!
monsieur cuk nous le demontre presque tous les jours- sa passion- notre affection pour le site.
Il doit y avoir pas mal des prof suisse qui prenne des cliche mais on ne s’interesse pas trop…
Avec mon partenaire et un agent et deux technicien on a joue notre piece un peu partout en france. (genre 130 representation en salle)
Auto-produit (c’est a dire que on ait reçu tres peu d’aide institutionelle – moins que 15% et apres coup) on est patrons et paions la meme chose aux technichiens que a nous. A la fin du spectacle on partage l’applause avec eux on les montrant… totale respect sans eux on pourrait pas jouer.
Bien entendu ça aide de adorer la technique du spectacle.
petit a cote: l’autre jour j »ai vu toute la regie lumiere de un petit spectacle fait a partir de un ibook et une break out box dmx – so cool!
« ça aidera si tous les intermittents seront interessant » ou un truc comme ça dans les commentaires- alerte rouge monsieur –
si on ne veut pas que la culture ressemble a la tele avec des cervaux a rendre disponible pour gobe la pub (oui je exagere) il faut laisser place a la difference et ne pas nivelle par la majorite.
ce que je fais ne plais pas a tous le monde
tant pis et tant mieux
le gout et les couleures ça se discute pendant des heures heureuses.
« qq vous faites comme metier? » je suis jongleur
« non- pour gagner votre vie » je suis jongleur
» vous faites un metier de serieux aussi? » je vole des poules et vends de la drogue
« ah d’accord »
C’est vrai que notre societe prefere de paye tres cher tres peu des stars. Alors bravo a la France (mais seulement pour une fois hein) de bien vouloir politquement subventionner les artisans du amusement.
Meme si la voie est courbe et peu lucide et malheureusement en train de deraille…
Tres belle parole de un maitre spirituelle le Jongleur Jerome Thomas:
« Un medecin prends soin de ton corps, mais qui s’occupe de ton ame?
Nous les artists sont la pour ça. Pour faire rever »
desole de m’avoir emballe
ou moins c’est un debat de jeudi donc probablement il n’auras plus personne pour lire. :-)
, le 12.06.2006 à 13:14
Très drôle et tellement vrai!
Bien dit!
Mais si, merci pour ton intervention et vivent (heuu, on met bien « nt », là?) les saltimbanques de tous poils (non, pas les sales timbrés de la banque à poil ras…)!
z « pas pareil » non plus