Si vous avez lu la première partie, vous savez maintenant ce qu'est une image HDR. Vous savez aussi que n'étant pas un professionnel de la photographie, je n'ai pas envie d'investir dans Photoshop CS2 et que, comme beaucoup de photographes amateurs je me contente d'Elements. Que pourtant le HDR est à ma portée grâce à Photomatix, logiciel que j'ai utilisé pour préparer ce "papier".
Je précise qu'il ne s'agit pas d'un test au sens cukien du mot, mais d'une présentation de la technique et de ses possibilités : le test de Photomatix viendra plus tard. Par ailleurs, il est possible que d'autres logiciels existent, mais je ne les connais pas. D'ailleurs, je ne suis pas du genre à avoir dans ma machine trois ou quatre logiciels qui font la même chose, car je finirais par ne plus savoir lequel utiliser. A moins évidemment qu'un autre, compatible avec mes finances, apporte une amélioration notoire ou des fonctions supplémentaires, Auquel cas, je supprime l'ancien pour le remplacer par le nouveau!
Vous savez également quelles sont les conditions théoriques à respecter pour obtenir une image HDR, conditions que je résumerai comme suit :
- utiliser des images raw qui ont une dynamique large,
- choisir un sujet statique
- utiliser un trépied et éviter le bracketing s'il modifie l'ouverture du diaphragme,
- prendre autant de photos que nécessaire pour couvrir toute la dynamique de la scène photographiée.
Mais, en pratique, dites-moi, vous vous promenez toujours avec un trépied sous le bras et l'appareil photo en bandoulière? Et bien pas moi! Alors, oublions le trépied, car à moins d'être parkinsonien en phase terminale, on peut prendre une rafale de 3 photos (tout le monde n'a pas un D2X qui permet 9 photos en bracketing) sans trop bouger et Photomatix a une fonction d'alignement qui permet de corriger les petits décalages (on en reparlera dans le test),
Va donc pour 3 photos et contentons nous de ± 1.5 IL puisque les images en raw ont déjà une dynamique assez large. Voici donc une vue de mon environnement actuel. La photo n'a rien d'artistique, elle montre une situation que l'on rencontre souvent : un ciel avec de beaux nuages, une masse de verdure et une touche de couleur. Les trois images, sans correction, donnent ceci :
Et le résultat, après correction de Camera Raw :
Pas mal, mais peut faire mieux, comme disait mon maître d'école primaire.
Alors voyons ce que va nous donner l'image HDR en utilisant la fonction d'alignement, parce que si vous superposez les images, vous verrez que le vent fait légèrement bouger le sommet des lauriers et que cela se voit.
Bien sûr vous pouvez encore jouer avec la luminosité et le contraste pour adapter l'image à votre sensibilité photographique ou mieux encore, la repasser dans Photoshop (Elements, Elements ...) et utiliser les courbes de niveaux, voire les réglages de saturation. Quant à moi, celle-ci me convient parfaitement (je vous rappelle que je n'ai pas la prétention de vous donner un cours de photographie et qu'en outre, mon écran n'étant pas calibré, vous ne voyez peut-être pas les mêmes couleurs que moi).
Conclusion : pas forcément besoin de 10 photos et d'un trépied pour travailler une image avec la technique HDR.
Mais, j'entends François qui marmonne au premier rang : "image statique, image statique, image ....".
Comme j'aime assez essayer ce qu'on me déconseille de faire (pas toujours quand même....), je me suis dit que l'informatique pourrait peut-être m'aider. Supposons donc que vous ayez pris UNE photo, à la volée, sans bracketing et que vous vouliez l'améliorer. Utilisons le "bracketing virtuel" de Camera Raw (je crois bien avoir déjà rencontré cette expression, sinon je dépose un brevet). ça ne se fait pas, mais tant pis, j'essaie quand même.
Voici donc UNE photo. D'accord, elle est toujours statique, mais une photo est une photo qu'elle soit prise au 1/1000e de seconde pour fixer le 4x4 en action ou au 1/30e pour immortaliser un paysage. Je n'ai donc que cette UNIQUE photo, prise en raw quand même, et en plus on fait un peu dans le culturel : vue des ruines de Corinthe. Corrigée par Camera Raw, cela donne ceci :
De nouveau Camera Raw a fait un assez bon compromis en corrigeant l'exposition pour éclaircir l'arbre et donner quelques détails dans l'ombre sous l'arcade. En utilisant la fonction "exposition" de CR, on va créer deux nouvelles images. La première, en corrigeant de +2IL et la 2e, de -2IL. Nous avons donc les trois images suivantes dont deux ont été créées informatiquement.
La première est bien sûr l'originale, non corrigée.
Et le résultat en HDRI donne :
Je peux vous garantir que cette image est beaucoup plus proche de ce que j'ai vu que la précédente. Les ombres sous l'arcade sont parfaitement débouchées, l'arbre n'est plus une masse sombre et le ciel est plein de petits nuages frisottants.
Satisfait, François ?
Mais qu'est-ce qu'il a à pleurer comme ça, le monsieur, là au fond? Comment? Votre compact, non seulement ne permet pas le bracketing (on a vu que cela n''était pas rédhibitoire), mais. en plus. ne délivre que du JPEG!
Ouh la la ....Bon, Messieurs les pros qui êtes toujours là, veuillez sortir: je tiens à ma tête !
Restons encore un moment en Grèce. Après la Corinthe antique, voici l'oeuvre monumentale et moderne qui marque le pont enjambant le canal. Une seule photo prise en JPEG.
La photo a été prise en mode évaluative, programme P et comme on pouvait s'y attendre, le ciel est beaucoup trop clair, alors que les arbres et le monument lui-même sont bouchés. Pas question de correction d'exposition, on n'est pas en raw. Mais on peut jouer avec les courbes de niveaux de Photoshop Elements. Et jouons à fond :
La photo de gauche est obtenue en plaçant le curseur central du niveau d'entrée à 2, la photo de droite à 0.5. L'original a été conservé au niveau 1.
Transmettons ces trois photos à Photomatix et on obtient :
Qu'en dites-vous, monsieur-là, qui pleuriez au fond?
Comme je vous l'ai dit au début de la première partie, j'ai mitraillé à tout va pour acquérir la démarche intellectuelle à appliquer au 350D et à la photo numérique. En passant en revue les photos prises pendant cette période expérimentale, je tombe sur ÇA !
Mais qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour obtenir une telle photo! Il est beau le panneau "sens interdit", mais quand même. En plus en JPEG seulement (je n'en étais pas encore au raw). Heureusement que c'est gratuit. Vite à la poubelle!
Et puis, après tout, jetons-y quand même un coup d'oeil. En jouant sur les courbes de niveaux de Photoshop (niveaux d'entrée 0-2-160, puis 0-3.5-160), on obtient
Pas encore très parlant, vous avouerez. Et que va nous donner Photomatix?
Et bien, vous le voyez maintenant le petit chat dans le chemin, et le ciel bleu et la lumière dorée d'une belle fin d'après-midi dans la campagne genevoise.
Moralité : une photo "cramée" ne doit jamais être jetée avant d'avoir vu si on ne peut pas la récupérer!
Je termine ici mon petit tour d'horizon des possibilités, pas toujours très académiques, qu'offrent la technique HDR et Photomatix à l'amateur qui ne tient pas à investir dans un logiciel pro. Photomatix offre encore d'autres fonctionalités que l'on examinera lors du test complet. Mais je vous rappelle que vous pouvez faire vos propres expériences, totalement gratuitement et sans limitation de temps. En version démo, vous aurez seulement le filigrane en surimpression. Comme ils viennent de m'informer que la version 2.1.1 corrigeant les quelques bugs qui subsistaient sous Tiger est maintenant complètement opérationnelle et disponible sur leur site, va falloir que je m'y attelle !
Par ailleurs, je ne résiste pas au plaisir de vous mettre in extenso le paragraphe suivant de leur mail :
, le 01.11.2005 à 05:41
Hervé, je me souviens que FT’e nous avait déjà évoqué le HDR en commentaires, dans Photoshop. J’avais regardé, mais je n’étais pas tellement satisfait de ce que l’on obtenait après génération d’une image à partir de plusieurs.
Ici, avec ce que tu nous as fait découvrir à propos de la même méthode, dans Photomatix, j’ai l’impression d’avoir découvert une nouvelle possibilité, en particulier grâce à l’outils ToneMapping intégré, qui donne toute sa force au HDR.
Bref, merci Hervé!
, le 01.11.2005 à 06:08
ÉPOUSTOULANT!
, le 01.11.2005 à 08:20
Merci Hervé ne nous faire partager cette technique…
les résultats sont étonnants…
même en JPG…
et puis il se dégage de ces images une sorte de douceur, une luminosité particulière… DINGUE !!
, le 01.11.2005 à 09:30
Oui, merci de ce petit cours. Ca m’a donné de bonnes idées pour des photos difficiles à rendre. Je n’ai pas Photomatix, je n’ai que du JPEG et un bracketing minimal (mais ça n’est pas incontournable), et en traficotant dans Photoshop, on arrive à des résultats satisfaisants.
—
^. .^ GerFaut
=U= http://equinoxiale.com
GerFaut c’est frais, mais c’est pas grave.
, le 01.11.2005 à 10:09
Excellent !
Liens de tes articles rapidement expédiés à quelques copains amateurs de photos ( qui ne connaissaient encore pas Cuk.ch ! Pfff… Y a vraiment des incultes… :-) )
Didier
, le 01.11.2005 à 10:18
Désolé de ne pas céder à l’enthousiasme général, mais j’avoue ne pas être particulièrement séduit par ce petit logiciel. Faire de la photo c’est accepter voire désirer que certains éléments restent dans l’ombre et ne soit pas visibles. C’est cacher pour faire naître le désir… que ce soit par le cadrage ou que ce soit par la lumière.
Je pourrais comparer ça avec la peinture du 19e siècle dite « pompier » et ce qui a suivi, l’Impressionisme, le Cubisme, le Suprématisme, le Suréalisme, etc.
Certains peintures étaient techniquement parfaites, mais il ne restait que leur symbolisme pour les rendre un tant soit peu intéressantes… cf Puvis de Chavanne !
Les Ecoles qui ont suivi montrent que la technique n’est pas essentielle !
Je pense sincèrement qu’il vaut mieux utiliser Photoshop Element, en éclaircissant ou assombrissant à la main certaines zones, en recadrant, en contrastant… quitte à faire des boulettes. Franchement, des quatre photos de Corinthe, je préfère la première. Idem pour la route au sens interdit, je préfère la seconde, la dernière est carrément brûlée, les couleurs totalement artificielles.
Il vaut mieux ne pas ête satisfait de SON œuvre que de se contenter du travail d’un petit logiciel (gratuit ou non). Quand on n’est pas content de son boulot, on essaye de s’améliorer, en pateaugeant, en faisant d’autres erreurs, mais comme tout le monde le sait, l’erreur est formatrice et le gros avantage de l’informatique est de pouvoir revenir sur l’ouvrage, ad vitam…
Alexis… qui n’en rate pas une !!!
, le 01.11.2005 à 12:20
@alec
Je vois une certaine contradiction dans ton commentaire, alec6. Tu dis qu’il vaut mieux ne pas être satisfait de son oeuvre, mais tu l’améliores quand même en utilisant Photoshop. Quelle différence avec l’utilisation de Photomatix?
Si tu veux donner un certain mystère à ta photo et que ce que tu as pris te convient, tu la laisses comme elle est. Si, au contraire, tu veux l’améliorer, tu utilises le logiciel qui produit l’effet que tu VEUX, que ce soit Photoshop ou Photomatix pourvu qu’il te donne ce que tu désires. C’est la liberté de l’artiste !
, le 01.11.2005 à 12:34
alec,
Le fait de vouloir améliorer ces images dans ce contexte n’a rien de dégradant.
Le problème avec le numérique étant que la latitude d’exposition des capteurs est bien moindre que celle d’un négatif 35 mm. De ce fait, la technique HDR apporte un meilleur rendu aux images et permet d’avoir du détail dans les basses et hautes lumières.
A titre personnel, j’aime bien les images contrastées, toutefois, il y a des sujets qui valent la peine d’être traité via HDR.
D’ailleurs, c’est une option que j’aurais aimé trouver dans Aperture avec le traitement RAW.
, le 01.11.2005 à 21:44
On m’a récemment posé la question de savoir si la photographie numérique était toujours de la photographie. Question d’un professeur aux Beaux Arts. A dire vrai, sur le moment, je n’ai pas trop su quoi répondre d’intelligent sauf que bien sûr que c’est encore de la photographie bla bla. Je ne m’étais jamais posé cette question…
Quoiqu’il en soit, ça m’a laissé à réfléchir. Et je pense que j’ai trouvé ma réponse…
J’évoque cela pour répondre à alec6. Il y a des gens qui font encore du daguerréotype… Et pourquoi pas ! Et il y a des gens qui shootent encore en argentique, très attachés qu’ils sont à leur Kodachrome, Tri-X ou que sais-je. Les rendus et latitudes de pose sont très variables.
Quant au numérique, pour moi qui pratiquais le négatif couleur à 90% et le noir et blanc pour le reste, la diminution de latitude de pose fut un gros gros choc. Pouvoir retrouver une dynamique comparable au négatif, par le truchement d’expositions multiples et d’une recomposition HDR est de fait redoutablement intéressant. Dans le même ordre d’idée, c’est diablement agréable de pouvoir réaliser des panoramas en combinant de multiples prises de vue.
J’aime la photo numérique pour la multitude des techniques « au labo », bien plus que pour l’immédiateté du résultat ou la gratuité des déclenchements (qui n’est pas si immédiat d’ailleurs). Et le HDR est l’une de ces techniques (réellement bluffante). C’est soit dit en passant également faisable en argentique, quoique ce soit très compliqué et demande de longues heures d’essais variés, des chimies et passablement de papier photo pas donné, en plus de la pellicule.
, le 02.11.2005 à 11:09
Il convient de faire la part des choses: le HDR est un possibilité très intéressante, qui, dans certains cas, apporte réellement un plus par raport à des limitation techniques sans relation avec « LA PHOTOGRAPHIE ». Mais il ne faut pas oublier non plus que la force de certaines photographies vient de choix techniques effectués à la prise de vue dans le but de renforcer ou d’atténuer certaines zones de hautes lumières ou d’ombre, choix qui sont aussi importants que ceux du cadre, de la focale utilisée ou de l’instant du déclenchement.
Qu’apporterait le HDR à cette photo de Mc Cullin? (tirée du superbe site de Frank Horvat dont nous parlait il y a peu Mac digit).
Ça la tuerait sans doute aucun…
Rien n’est simple en ce bas monde, surtout en photo…
, le 02.11.2005 à 12:58
Merci Zitouna d’expliciter d’une manière bien plus efficace que je ne l’ai fait, ce que j’entendais par « abus de technique ».
Ce n’est pas par hasard que certaines et certains traînent des années à l’angle des rues Erasme et Ulm (entre autres)…
Malheureusement tous les amateurs ont tendance à se focaliser sur la technique au détriment de la création et ce, quel que soit le domaine d’amateurisme.
Pour ma part, je tombe dans le même panneau dans bien d’autres domaines…
Alexis… qui n’en rate pas une !!!
, le 02.11.2005 à 14:04
Salut !
moi j’ai une question pour hervé !
j’ai un canaon s50 et lorsque je photographie en raw photomatix n’ouvres pas les images !!!! pourquoi donc donc…
merci
et bravo pour tes articles passionnants…
, le 02.11.2005 à 15:01
Pour cette vue sur le lac Léman, prise hier soir du Signal de Chexbres, il serait dommage de la passer à la moulinette de Photomatix…
Par contre, certaines images gagnent à avoir leurs ombres débouchées. Et là, Photomatix, utilisé avec modération, paraît très efficace.
Yves
, le 02.11.2005 à 15:17
Yves !
Excellent exemple !
Quand on vous dit qu’il faut se méfier des « machins » automatiques !
Alexis… qui n’en rate pas une !!!
, le 02.11.2005 à 17:38
@Yves
J’ai la même chose avec le 350D. Contacté, le support de Photomatix m’a répondu que le format raw de Canon existant au début de cette année était supporté, mais pas le nouveau donc celui du 350D. Je ne sais pas de quand date le S50, mais peut-être tombe-t-il dans la même catégorie. La reconnaissance est prévue pour la version 2.2 en cours. Solution (que j’ai utilisée) : passer par Camera Raw ou DPP de Canon pour convertir le raw en TIFF 16 bits. (Mais je suis en train de griller mon test là)
Maintenant pour tous ceux qui m’opposent telle ou telle photo, il ne faudrait pas vous méprendre : bien que n’étant pas photographe, je sais ce que c’est que la photographie et ce qu’on peut lui faire dire ou ne pas dire. J’ai simplement voulu donner des informations sur une technique qui PEUT être utile pour corriger une photo. C’est pas pour cela que TOUTES les photos doivent passer par cette technique.Et je pourrais vous montrer des centaines de diapos du même genre que, même si elles avaient été prises en numérique, je ne passerais jamais par Photomatix parce que, comme cela elles expriment ce que j’ai ressenti. Celle-ci, par exemple : « Lever de soleil sur le lac Titicaca »
(Attention : image scannée d’une dia)
, le 02.11.2005 à 19:51
« Lever de soleil sur le lac Titicaca »
et ne parlons même pas de la balance des blancs automatique qu’aurait effectué n’importe quel APN sur cette belle image…
qund je vous dit que rien n’est simple…
, le 03.11.2005 à 16:19
Le commentaire d’Alexis… qui n’en rate pas une me plaît bien.
Les ombres, les contre-jours engendrent du mystère, des secrets à nos images (voir, revoir Blow-up d’Antonioni !). À quand un logiciel pour transformer des prises de vues à Ostende un jour de pluie en novembre en photos de vacances en juillet à Ibiza ?
Misti
Misti