Un or­di­na­teur pour chaque en­fant

Lors­qu'on par­court les ar­ticles de Ni­cho­las Ne­gro­ponte (on en trouve une série sur son site), on s'aper­çoit vite qu'il a de­puis long­temps à cœur de rendre l'in­for­ma­tique ac­ces­sible à tous. Ni­cho­las Ne­gro­ponte est un vi­sion­naire. On trou­vera des liens sur ses écrits dans l'ar­ticle que lui consacre Wi­ki­pe­dia. Di­sons sim­ple­ment qu'après en avoir pas mal parlé, Ni­cho­las Ne­gro­ponte s'est main­te­nant at­telé à la créa­tion d'un or­di­na­teur qui coûte moins de $100 pour les en­fants du Tiers Monde.

Nicholas Negroponte
Ni­cho­las Ne­gro­ponte, qu'on a qua­li­fié d'"homme le plus bran­ché du monde”
Cre­dit: Webb Chap­pell

Ni­cho­las Ne­gro­ponte a tou­jours été un homme qui avait de l'avance. Il est né en 1943 à New York, mais sa fa­mille est grecque et il a des ra­cines dans les deux mondes. C'est peut-être pour cette rai­son que l'idée d'une culture ac­ces­sible au plus grand nombre a tou­jours été une de ses pré­oc­cu­pa­tions ma­jeures. Il a sou­vent été pris pour un plai­san­tin, un rê­veur, un fou. Mais les faits ont gé­né­ra­le­ment fini par lui don­ner rai­son. À 23 ans, cet ar­chi­tecte de­venu in­for­ma­ti­cien était déjà pro­fes­seur d'uni­ver­sité; il n'a pas in­venté l'in­ter­net qui, dit-il, l'a sur­pris, comme nous tous. Mais il a tout de suite vu ce qu'on pou­vait en faire et s'est aus­si­tôt mis à ex­pé­ri­men­ter, à trou­ver des so­lu­tions qui, à leur tour, ont sur­pris les in­ven­teurs de l'in­ter­net. Il a par exemple su voir que par l'en­tre­mise de l'in­ter­net, l'or­di­na­teur fi­ni­rait par prendre en charge cer­taines fonc­tions de la TV.

Il a fondé un ma­ga­zine, Wired, qui est cé­lèbre dans le monde an­glo­phone de l'in­for­ma­tique. Et le re­cueil de 18 de ses ar­ticles parus dans cette revue, “Being Di­gi­tal”, tra­duit en 19 langues, est un best-sel­ler de­puis des an­nées.

Il a créé dans le cadre du MIT (Mas­sa­chu­setts Ins­ti­tute of Tech­no­logy, l'Ecole po­ly­tech­nique du Mas­sa­chu­setts) où il a étu­dié et où il en­seigne de­puis, un La­bo­ra­toire des me­dias, le Media Lab, dédié à la re­cherche sur les tech­no­lo­gies de l'en­sei­gne­ment, qui entre autres choses planche de­puis un bout de temps sur le “Sub-100$ Lap­top”.

Le por­table du pauvre

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Un por­table d'une so­li­dité à toute épreuve,
bourré d'idées ori­gi­nales — pour moins de 100$.

L'idée du por­table ac­ces­sible au grand nombre est venue à Ne­gro­ponte et à ses col­lègues du MIT pen­dant un voyage au Cam­bodge. C'est là qu'ils se sont rendu compte de ce qu'on pou­vait faire pour l'édu­ca­tion des en­fants dé­fa­vo­ri­sés. Pour eux, un or­di­na­teur est à la fois une fe­nêtre sur le monde et un outil avec le­quel pen­ser.

Ren­tré au MIT, il a mis son équipe du Media Lab au tra­vail et les pre­miers pro­to­types ont été pré­sen­tés à la presse la se­maine der­nière.

Le “Sub-100$ Lap­top” (pour l'ins­tant il n’a pas d’autre nom) tour­nera sous Linux avec un écran cou­leurs et uti­li­sera des sources d’éner­gie in­no­vantes. Y com­pris une ma­ni­velle pour le re­mon­ter en cas de né­ces­sité (1 mi­nute de ma­ni­velle pro­duit 10 mi­nutes de cou­rant). Il sera ca­pable de tout faire, connec­table à un té­lé­phone por­table, dis­po­sera de WiFi et d'un pro­ces­seur AMD à 500 MHz. Sa seule li­mi­ta­tion: on ne pourra pas y sto­cker d’énormes quan­ti­tés de don­nées, il n’aura qu’un GB de mé­moire. Mais il sera doté de plu­sieurs ports USB et ceux qui en au­ront be­soin pour­ront y bran­cher des disques durs. Par ailleurs il aura la pos­si­bi­lité de s’or­ga­ni­ser en ré­seau peer-to-peer, ce qui per­met­tra à des groupes im­por­tants d'uti­li­sa­teurs de com­mu­ni­quer en temps réel. Et il sera so­lide. On en­vi­sage un boî­tier en ca­ou­tchouc, à l'épreuve de la tur­bu­lence en­fan­tine.

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La cour­roie se trans­forme en cor­don
et une ma­ni­velle ac­tionne un gé­né­ra­teur in­terne.

On pense sou­vent qu'on pour­rait en­voyer dans les pays du Tiers Monde des or­di­na­teurs re­cy­clés. Ni­cho­las Ne­gro­ponte a fait le cal­cul:

« Je suis par­ti­san d'une re­dis­tri­bu­tion des or­di­na­teurs aban­don­nés par leurs pre­miers uti­li­sa­teurs. Met­tons qu'il y en ait 100 mil­lions. Met­tons qu'il faille une heure pour qu'un or­di­na­teur d'oc­ca­sion soit prêt pour un autre uti­li­sa­teur; ça re­pré­sente 45'000 an­nées-tra­vail. Ce n'est pas réa­liste. Au­tant in­ves­tir le tra­vail dans quelque chose de vrai­ment adapté aux be­soins spé­ci­fiques des uti­li­sa­teurs. »

Ni­cho­las Ne­gro­ponte pré­fère par ailleurs les por­tables aux or­di­na­teurs de bu­reau:

« Les or­di­na­teurs de bu­reau sont meilleur mar­ché, mais la mo­bi­lité est es­sen­tielle, sur­tout parce que pour les en­fants, c'est im­por­tant d'em­me­ner l'or­di­na­teur à la mai­son le soir. Les en­fants des pays en dé­ve­lop­pe­ment doivent pou­voir dis­po­ser de tech­no­lo­gies de pointe, de construc­tion so­lide. Et puis, lors­qu'on prend son or­di­na­teur chez soi, on im­plique la fa­mille. Dans un des vil­lages cam­bod­giens où nous avons tra­vaillé, il n'y a pas d'élec­tri­cité et le por­table est, entre autres choses, la prin­ci­pale source de lu­mière de la mai­son. »

Lors­qu'on lui parle d'or­di­na­teurs com­mu­nau­taires, à par­ta­ger entre plu­sieurs en­fants, Ne­gro­ponte est ca­té­go­rique:

« À l'école, on ne parle pas de crayons com­mu­nau­taires — chaque en­fant à le sien. Pour l'or­di­na­teur, qui est un outil au ser­vice de la pen­sée, c'est pa­reil. Il aide à tra­vailler, il per­met de jouer, il res­pon­sa­bi­lise l'en­fant. Il doit lui ap­par­te­nir. »

Une ma­chine à prix dé­ri­soire lar­ge­ment dis­tri­buée

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Un outil so­lide et ver­sa­tile, vé­ri­table auxi­liaire de l'en­fant

Les ma­chines de la pre­mière gé­né­ra­tion uti­li­se­ront un écran cou­leurs LCD de concep­tion nou­velle, sem­blable à ceux de lec­teurs bon mar­ché de DVD, mais qui pourra aussi être uti­lisé en plein so­leil en noir et blanc à 4 fois sa ré­so­lu­tion nor­male, et tout ça pour $35 en­vi­ron.

Ces ma­chines se­ront ré­duites à l'es­sen­tiel — Ni­cho­las Ne­gro­ponte consi­dère que les or­di­na­teurs ac­tuels sont obèses et qu'ils ont be­soin d'une cure d'amai­gris­se­ment.

Et puis, il y aura le fait qu'elles se­ront pro­duites en grande série — on parle ici de di­zaines, de cen­taines de mil­lions.

Elles se­ront mises à la dis­po­si­tion des mi­nis­tères de l'Édu­ca­tion des pays qui sous­cri­ront à l'ac­tion “Un por­table par en­fant”. La Chine, le Bré­sil, la Thaï­lande. l'Afrique du Sud et l'Egypte s'y sont in­té­res­sés et c'est là que l'équipe fera ses tests pré­li­mi­naires. Les com­mandes pas­sées par les pays in­té­res­sés de­vront être d'un mil­lion d'uni­tés au mi­ni­mum. Elles se­ront fi­nan­cées sur les bud­gets de l'édu­ca­tion ou sur les aides au dé­ve­lop­pe­ment. Le MIT étu­die par ailleurs des moyens pour bais­ser en­core le prix, conscient que dans cer­tains cas, 100 $ c'est en­core trop.

La dif­fi­culté ré­side dans la fa­bri­ca­tion de com­po­sants par cen­taines de mil­lions. Mais le chal­lenge in­té­resse de nom­breuses en­tre­prises, qui ont fait à l'équipe de Media Lab des pro­po­si­tions in­té­res­santes pour contour­ner la dif­fi­culté.

Il faut par ailleurs veiller à ce que les or­di­na­teurs ar­rivent vrai­ment aux per­sonnes aux­quelles ils sont des­ti­nés, parer à la pos­si­bi­lité d'un mar­ché gris, et pour cela Media Lab pro­pose des so­lu­tions aussi as­tu­cieuses que simples (et sans doute ef­fi­caces).

L'ave­nir de­vient pré­sent

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Un or­di­na­teur pour chaque en­fant: une uto­pie en train de se réa­li­ser.

Quoi? Qu'est-ce que j'en­tends mur­mu­rer, là-bas au fond? Que Ni­cho­las Ne­gro­ponte est mé­galo? S'il vous en­ten­dait, il vous ré­pon­drait qu'il est d'ac­cord.

« J'aime faire les choses à grande échelle, pour avoir un im­pact. Ma mé­ga­lo­ma­nie n'est pas égo­cen­trique. C'est plu­tôt une envie de ten­ter de faire les choses en grand pour que le jeu vaille le temps qu'on lui consacre. »

Pour l'ins­tant, le MIT tra­vaille avec un petit nombre de par­te­naires à la pro­duc­tion d'un pre­mier por­table (50'000 à 100'000 uni­tés), qui sera prêt au mi­lieu de l'an­née pro­chaine, avec la pers­pec­tive de pro­duire de 100 à 200 mil­lions d'uni­tés dès 2007.

Tout ce tra­vail se fait sous l'égide d'as­so­cia­tions et de fon­da­tions à but non lu­cra­tif. AMD, Brights­tar, Google, News Cor­po­ra­tion et Red Hat sont de la par­tie. Le but de toute l'af­faire n'est pas que cer­tains amassent de co­los­sales for­tunes, mais de trou­ver un moyen d'en­cou­ra­ger et de pro­mou­voir l'édu­ca­tion des en­fants du monde en­tier. 

Il n'est pas prévu que les Sub-100$ Lap­tops soient com­mer­cia­li­sés sur le mar­ché — du moins pour l'ins­tant, car les trou­vailles de ce genre ont une ma­nière bien à elles de s'in­fil­trer et de finir par ar­ri­ver sur nos tables.

En tout cas l'en­tre­prise est louable, in­té­res­sante sur le plan tech­nique et hu­main — elle mé­rite un coup de cha­peau.

On peut même écrire à Ni­cho­las Ne­gro­ponte per­son­nel­le­ment (l'adresse est sur son site). Il pa­raît qu'il ré­pond tou­jours lui-même à ses cour­riels.

Sources (en An­glais) :

Site de Ni­cho­las Ne­gro­ponte au MIT
http://​web.​media.​mit.​edu/​~ni­cho­las/

Ar­ticles pu­bliés dans Wired
http://​web.​media.​mit.​edu/​~ni­cho­las/Wired/

Ni­cho­las Ne­gro­ponte selon Wi­ki­pe­dia
http://​en.​wikipedia.​org/​wiki/​Nicholas_​Negroponte

Le Media Lab
http://​www.​media.​mit.​edu/​

Pro­jet $100 Lap­top
http://​laptop.​media.​mit.​edu/​

Illus­tra­tions (cre­dit: De­sign Conti­nuum)
http://​laptop.​media.​mit.​edu/​laptop-images.​html

31 com­men­taires
1)
Franck_­Pas­tor
, le 07.10.2005 à 00:17

Aaaaah, de telles ini­tia­tives m’em­pêchent de déses­pé­rer de la so­li­da­rité hu­maine !

2)
In­connu
, le 07.10.2005 à 06:36

J’avais en­tendu par­ler du pro­jet en ques­tion. Merci, Anne, pour cet ar­ticle com­plet et in­for­ma­tif.
Je crois qu’un en­tre­pe­neur in­dien avait éga­le­ment un pro­jet, mais dans les 200 dol­lars je crois.
On peut ima­gi­ner que ces ou­tils se­raient com­mer­cia­li­sés en Eu­rope, car beau­coup de gens se­raient in­té­res­sés, ce qui per­met­trait d’en­vi­sa­ger de ma­niére réa­liste le pris de 100$.

3)
Sa­luki
, le 07.10.2005 à 07:31

Mieux que la Logan : fa­vo­ri­ser les moyens de dé­ve­lop­per l’édu­ca­tion ,c’est fa­vo­ri­ser l’ou­ver­ture vers l’autre et faire re­cu­ler tous les dé­mons qui rôdent.

4)
Valdo
, le 07.10.2005 à 08:12

Ar­ticle in­té­res­sant et belle ini­tia­tive !
En sui­vant les liens don­nés, nous ap­pre­nons que dans l’équipe du Media Lab du MIT se trouve le pro­fes­seur Sey­mour Pa­pert qui a étu­dié avec Jean Pia­get à l’uni­ver­sité de Ge­nève.

Il existe un autre pro­jet pour les en­sei­gnants et les mé­de­cins per­met­tant le mon­tage de l’or­di­na­teur sur place(ar­chi­tec­ture Linux ou Ris­cOS) Pro­jet SOLO

5)
Ar­naud
, le 07.10.2005 à 09:30

En fait, l’idée n’est pas neuve: Apple avait bien pro­posé l’ eMate sur base du New­ton aux écoles amé­ri­caines (bon d’ac­cord, ce ne pas le tier monde…). Ce­pen­dant, les coûts étaient en­core trop éle­vés et l’offre lo­gi­cielle trop li­mi­tée pour être vrai­ment utile.

Le seul pro­blème res­tant a ré­soudre dans l’ap­proche de Mr. Né­gro­ponte est l’ac­cès à In­ter­net: si les vil­lages cam­bod­giens ne sont pas équi­pés en WiFi/WiMax, à quoi bon avoir un or­di­na­teur por­table? A part, bien sur, de s’en ser­vir de lampe de che­vet pen­dant que l’en­fant joue au so­li­taire…

Et là, ce n’est pas $100 par en­fant qui est né­cés­saire, mais beau­coup plus (pour mettre en place une in­fra­struc­ture IP so­lide et ro­buste).

6)
louis
, le 07.10.2005 à 10:48

Je pense que c’est une idée très louable, mais (oui il y a un mais) je trouve que il se­rait bon d’en­sei­gner d’autres choses de plus grande va­leur au en­fant et ceci par­tout dans le monde, pas juste dans les pays en voie de dé­ve­lopp­ment. Je suis navré mais moi j’y vois plus un moyen de pro­pa­gande pour in­fluen­cer la jeu­nesse de ce­rain pays « en­nemi » (j’in­siste sur les guille­mets!).

On peut vivre sans or­di­na­teur! Si si je vous jure… même dans nos pays… (dans le genre « faites ce que je dit mais pas ce que je fait » je suis fort ;-)… tient ça me rap­pel une chan­son de Phil…)

7)
To­TheEnd
, le 07.10.2005 à 11:12

louis: moi je trouve cette ini­tia­tive très bonne et sans « mais ». Le but est avant tout de don­ner un accès fa­ci­lité à un outil de connais­sance et de tra­vail ex­tra­or­di­naire.

C’est pas tel­le­ment comme si on di­sait que Coca al­lait of­frir des mil­lions de litres de Coca en Etio­pie à tous ceux qui meurent de soif… parce que là, ef­fec­ti­ve­ment, il y au­rait un peu un non sens…

T

8)
Fi­lou53
, le 07.10.2005 à 12:48

Pas­sion­nant ! Merci Anne pour cet ex­cellent ar­ticle.

Filou

9)
zi­touna
, le 07.10.2005 à 13:22

Merci pour cet ar­ticle bien étayé, c’est sûr que le sujet mé­rite plus que les quelques news vues ici ou là. En es­pé­rant bien sur, que la bonne et gé­né­reuse idée de dé­part ne soit pas trop « dé­tour­née ».

10)
Dia­lup
, le 07.10.2005 à 13:36

Eu. moi je trouve quand même for­te­ment ir­réel ces ini­tia­tives. Peux-être est-il utile de rap­pe­ler un fait:

Selon le PNUD et l’OIT:

« Près de la moi­tié des 2,8 mil­liards de tra­vailleurs re­cen­sés dans le monde ne gagnent tou­jours pas de quoi vivre, avec leur fa­mille, au-des­sus du seuil de pau­vreté de 2 dol­lars par jour. Et parmi ces tra­vailleurs pauvres, 535 mil­lions vivent dans une ex­trême pau­vreté avec seule­ment 1 dol­lar par jour pour eux-mêmes et leur fa­mille. »

Donc, ne faut-il pas pen­ser d’abord à nou­rir les gens sur la pla­nète avant de les in­té­grer dans un mar­ché mon­dial et for­te­ment com­pé­ti­tif via les nou­velles tech­no­lo­gies de l’in­for­ma­tion ? Dans ces pays « en voie de dé­ve­lop­pe­ment » (plu­tôt « en voie de ré­gres­se­ment » selon les der­nières ten­dances…), c’est la des­truc­tion de l’agri­cul­ture lo­cale « grâce » à la su­pres­sion des quo­tas d’im­por­ta­tion (merci l’OMC) et du dum­ping US-EU sur ces pro­duits qui pro­voquent un exode rural mas­sif.

Certes, un lap­top abor­dable et adapté c’est un bon pas (d’ailleurs qui a vé­ri­ta­ble­ment be­soin de la puis­sance des lap­tops ac­tuels), mais à re­la­ti­vi­ser dans un cadre ma­cro-éco­no­mique et so­cial plus large.

11)
Mirou
, le 07.10.2005 à 13:44

Mon père « fait de l’hu­ma­ni­taire » à Ma­da­gas­car, et ça fait pas mal de temps que je ré­flé­chis à la ques­tion. Il est très dif­fi­cile de faire des choses réel­le­ment ef­fi­caces dans le do­maine. J’avoue que j’aime bien cette idée d’ordi à 100$, parce que, contrai­re­ment à Louis, je pense que nous (j’ai dit nous) vi­vons dans un monde tot­lae­ment in­for­ma­tisé. Bien­tôt, ceux qui ne sau­ront pas uti­li­ser un ordi – comme ceux d’ailleurs qui ne sau­ront pas le chi­nois dans 10 ans (j’en ferai par­tie…) – risquent d’être to­ta­le­ment lar­gués ! J’ai un peu ten­dance à pen­ser que si le « tiers-monde » (quel triste mot) pense avoir be­soin d’ordi, alors nous de­vons leur en four­nir.
Mal­heu­reu­se­ment, il y a la dif­fi­culté du ter­rain. Est-ce bien si simple ? En effet: le wifi, c’est bien joli et c’est cer­tai­ne­ment meilleur mar­ché que le fi­liaire. Mais il faut l’ame­ner.
Le cou­rant, ok, il semble que c’est réglé. Mais un ordi tel que nous les connais­sons, est-ce vrai­ment adapté ? Si c’est pou­voir ser­vir de lambe de che­vet, il y a cer­tai­ne­ment moins cher.
Et je pense aussi à la « hié­rar­chi­sa­tion » des pro­blèmes (une théo­rie avec la­quelle je ne suis qu’à moi­tié d’ac­cord), en afrique no­tam­ment, il y a de gros prob d’hy­giène, le sida, la mal­nu­tri­tion, le manque d’eau et de nour­ri­ture. J’ima­gine mal ce que pourra faire un en­fant qui crève la soif (au sens li­té­ral) d’un or­di­na­teur por­table oc­ci­den­tal….

(mais j’in­siste, tout ceci est un ques­tion­ne­ment in­terne, pas une opi­nion clai­re­ment éta­blie….)

12)
Sa­luki
, le 07.10.2005 à 14:19

Un pas après l’autre, tu avances.
Cela veut dire que chaque jambe fait mou­ve­ment.

Pour ex­pli­ci­ter: on peut et creu­ser un puits et aussi don­ner un ordi, car le ne crois pas qu’on les vende aux pe­tits sa­hé­liens…

C’était mes deux balles…


Du Mac­Por­table à l’Alu­book, en quinze ans je suis de­venu plus sage.

13)
rIO
, le 07.10.2005 à 14:43

Valdo: en plus de Sey­mour Pa­pert , Alan Kay est ar­rivé ré­cem­ment sur le pro­jet :-)

Pour ceux qui ne connaissent pas, Alan Kay est un des concep­teurs de Small­talk, de l’in­ter­face gra­phique, de la pro­gram­ma­tion orienté objet, du concept de Dy­na­book , Open­Cro­quet , et tra­vaille de­puis long­temps à ce que l’or­di­na­teur soit uti­lisé par des en­fants, comme un « am­pli­fi­ca­teur d’idées », pas une bête cal­cu­lette/ma­chine à écrire.. en par­ti­cu­lier il a lancé Squeak , un en­vi­ron­ne­ment Small­talk, uti­lisé par des mil­liers d’écoles de par le monde.

Bref, c’est vrai que ce pro­jet d’ordi est in­té­res­sant sur le plan tech­nique, avec plein d’idées sym­pas.. mais la par­tie lo­gi­ciel est en­core plus im­por­tante à mon avis, et j’es­père que ce sera plus am­bi­tieux qu’une simple dis­tri­bu­tion linux, que ce soit quelque chose de vrai­ment adapté et flexible pour des en­fants.

Nico

14)
alec6
, le 07.10.2005 à 15:33

Super ! ils vont pou­voir ache­ter plein d’Hel­mut et cie sur In­ter­net !

Alexis… et tou­jours des dé­fauts !

15)
alec6
, le 07.10.2005 à 15:57

Oups !

J’ou­bliais… on n’a pas le droit de cri­ti­quer !
Mais comme Louis je ne pense pas que ce soit le plus urgent pour le tier monde. Dé­ve­lop­per un ser­vice de santé, un ser­vice édu­ca­tif de qua­lité et un accès à l’eau po­table est la pre­mière ur­gence ; quand ces pays au­ront ça, ils n’au­ront plus be­soin de nous pour leur of­frir avec condes­cen­dance des ordis ou des as­pi­ra­teurs… ils les fa­bri­que­ront eux mêmes ! Comme l’Inde par exemple.

Il est vrai que les amé­ri­cains en par­ti­cu­lier et les oc­ci­den­taux en gé­né­ral ont une haine du ser­vice pu­blic et de son cor­ro­laire, les im­pôts… pour­tant la ca­tas­trophe loui­sia­naise semble avoir fait prendre conscience à pas mal d’éta­su­niens (c’est du moins ce que j’ai lu dans le NY Times sur in­ter­net) de la né­ces­sité de re­dé­vo­lop­per les ser­vices pu­blics de base et de ces­ser de bais­ser les im­pôts… Même en France cer­tains chro­ni­queurs de droite tels Alain-Gé­rard Slama dans le fi­garo ou Alexandre Adler semblent pen­ser de même !

Pen­dant ce temps Bill Gates doit se frot­ter les mains ! il va sû­re­ment leur of­frir un win­dows gra­tos, his­toire d’apâ­ter le futur client.

Alexis… et tou­jours des dé­fauts !

16)
VRic
, le 07.10.2005 à 16:26

Ah­lala, vous me dé­ce­vez un peu :-) … per­sonne ne parle du seul vrai dé­faut, que j’ai re­mar­qué en m’oc­cu­pant des illus­tra­tions de l’ar­ticle.

Comme je le leur ai si­gnalé, les des­sins pré­li­mi­naires sont phy­si­que­ment ir­réa­li­sables: il est im­pos­sible que les deux par­ties du ma­chin se re­ferment DANS LES DEUX SENS au­tour d’un seul axe. Es­sayez, ça marche pas. Pour cela il fau­drait que leur épais­seur soit nulle.

Donc soit il ne se fer­mera que dans un sens, soit il aura plus d’un axe d’ar­ti­cu­la­tion et donc pas du tout cet as­pect, ce qui n’a au­cune im­por­tance pour le pro­jet mais m’en­nuie de la part d’un ar­chi­tecte!

J’ou­bliais… on n’a pas le droit de cri­ti­quer !

At­tends, t’as rien vu. Res­pire un grand coup j’ar­rive :-)

les amé­ri­cains en par­ti­cu­lier et les oc­ci­den­taux en gé­né­ral ont une haine du ser­vice pu­blic et de son cor­ro­laire, les im­pôts

Hmm, et le rap­port avec ce cas qui jus­te­ment ex­clut ex­pli­ci­te­ment le com­merce au pro­fit de re­la­tions ex­clu­sives avec les gou­ver­ne­ments sur fonds pu­blics?

car le ne crois pas qu’on les vende aux pe­tits sa­hé­liens…

Ni à per­sonne, c’est une par­ti­cu­la­rité du pro­jet: com­battre le com­merce dé­tourné par l’ab­sence de com­merce. L’idée est de ne le four­nir qu’aux gou­ver­ne­ments pour qu’il soit in­dis­so­cia­ble­ment as­so­cié à l’édu­ca­tion et qu’on ne puisse donc pas en faire com­merce sans que tout le monde le sache mal­hon­nê­te­ment ac­quis (ils donnent l’exemple d’un ca­mion pos­tal il me semble: il n’y a pas de mar­ché noir pour les ca­mions pos­taux, tout le monde sait d’où ils viennent).

Il existe un autre pro­jet pour les en­sei­gnants et les mé­de­cins per­met­tant le mon­tage de l’or­di­na­teur sur place(ar­chi­tec­ture Linux ou Ris­cOS)Pro­jet SOLO

Très in­té­res­sant et plus abouti, en par­ti­cu­lier les pan­neaux so­laires multi-usages évi­dem­ment plus chers qu’une ma­ni­velle mais sus­cep­tibles d’ali­men­ter d’autres ap­pa­reils (mo­dèles Solo déjà fa­bri­qués, $1000).

Et ça ques­tionne le choix d’AMD par le MIT au lieu de pro­ces­seurs plus éco­nomes en éner­gie comme ARM ou Po­werPC.

Apple avait bien pro­posé l’eMate sur base du New­ton

Et pro­ces­seur ARM …

Bill Gates doit se frot­ter les mains ! il va sû­re­ment leur of­frir un win­dows gra­tos, his­toire d’apâ­ter le futur client.

Ce se­rait un autre in­té­rêt non né­gli­geable de ne pas choi­sir AMD: plein d’OS unix et pas de Win­dows. Mais AMD a dû s’in­té­res­ser au pro­jet et pas les autres.

Le seul pro­blème res­tant a ré­soudre dans l’ap­proche de Mr. Né­gro­ponte est l’ac­cès à In­ter­net: si les vil­lages cam­bod­giens ne sont pas équi­pés en WiFi/WiMax, à quoi bon avoir un or­di­na­teur por­table?

1 – un or­di­na­teur ne sert pas qu’à sur­fer sur le web.
2 – le ré­seau maillé sans fil in­té­gré est une in­no­va­tion forte de ce pro­jet: la simple exis­tence de ces or­di­na­teurs consti­tuera en elle-même l’in­fra­struc­ture In­ter­net, qu’il y ait ou pas de lien avec le reste du monde selon les pos­si­bi­li­tés lo­cales (il est in­fi­ni­ment plus simple d’éta­blir un lien unique par com­mu­nauté dotée de son propre ré­seau que d’ins­tal­ler des connec­tions in­di­vi­duelles à l’oc­ci­den­tale, c’est la rai­son des pro­tes­ta­tions contre l’offre de Google d’of­frir une cou­ver­ture wifi à tout San Fran­cisco: pas assez cher)

Et là, ce n’est pas $100 par en­fant qui est né­cés­saire, mais beau­coup plus (pour mettre en place une in­fra­struc­ture IP so­lide et ro­buste).

D’où l’in­té­rêt du « mesh net­work » in­té­gré qui an­nule le pro­blème.

C’est pas tel­le­ment comme si on di­sait que Coca al­lait of­frir des mil­lions de litres de Coca en Etio­pie à tous ceux qui meurent de soif…

D’au­tant que là où Coca s’im­plante, il fait du fric en as­sé­chant les res­sources d’eau vi­tales, ce qui n’est pas vrai­ment la même ap­proche:-)

je trouve quand même for­te­ment ir­réel ces ini­tia­tives.

Il se­rait plus ir­réel en­core d’at­tendre d’un labo de mé­dio­lo­gie et in­for­ma­tique qu’il ré­solve les pro­blèmes ma­cro-éco­no­miques, dont sont d’ailleurs DÉJÀ char­gés d’autres gens élus et/ou payés pour ça, quoique ma­ni­fes­te­ment moins brillants.

S’il de­vait at­tendre pour faire ce qu’il sait faire que les autres aient bien voulu ré­soudre les « vrais » pro­blèmes, il pour­rait res­ter sur son cul plu­sieurs gé­né­ra­tions.

L’édu­ca­tion contri­bue à aider les gens à s’ai­der eux-mêmes. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas aussi trai­ter éco­no­mi­que­ment les pro­blèmes éco­no­miques, juste il se trouve que ça y par­ti­cipe et en tout cas ne l’en­trave pas.

le wifi, c’est bien joli et c’est cer­tai­ne­ment meilleur mar­ché que le fi­liaire. Mais il faut l’ame­ner.
[…]
un ordi tel que nous les connais­sons, est-ce vrai­ment adapté ?

C’est jus­te­ment l’in­té­rêt de ce pro­jet: C’EST une in­fra­struc­ture In­ter­net en soi, PAS un ordi tel que nous les connais­sons.

Anne, peut-être se­rait-il bon de le mettre plus en va­leur dans l’ar­ticle ? C’est pré­senté comme une tech­no­lo­gie im­por­tante du MIT (cf. FAQ sur le 100$ lap­top):
 »
What about connec­ti­vity? Aren’t te­le­com­mu­ni­ca­tions ser­vices ex­pen­sive in the de­ve­lo­ping world?
When these ma­chines pop out of the box, they will make a mesh net­work of their own, peer-to-peer. This is so­me­thing ini­tially de­ve­lo­ped at MIT and the Media Lab. We are also ex­plo­ring ways to connect them to the back­bone of the In­ter­net at very low cost.
« 

Soit pour ceux qui ne com­prennent pas le pa­tois:
« Quid de la connec­ti­vité? Les ser­vices té­lé­com ne sont-ils pas oné­reux dans les pays en voie de dé­ve­lop­pe­ment?
– ré­ponse: Dès leur sor­tie du car­ton, ces ma­chines consti­tue­ront d’elles-mêmes un ré­seau maillé dé­cen­tra­lisé. Ceci a été dé­ve­loppé ini­tia­le­ment par le MIT et le Media Lab. Nous ex­plo­rons auss des fa­çons de les connec­ter à l’in­fra­struc­ture d’In­ter­net pour un coût très bas. »

Ce qui me rap­pelle qu’il y a aussi quelque part dans le Sud de la France une ONG dé­vouée à contri­buer tech­ni­que­ment à des in­fra­struc­tures té­lé­com par exemple en si­tua­tion d’ur­gence lors de ca­tas­trophes na­tu­relles.

17)
alec6
, le 07.10.2005 à 17:09

Très bonnes re­marques Vric…
Pour ce qui concerne la fer­me­ture du bi­gnou dans les deux sens je pense qu’un deuxième axe de ro­ta­tion fait l’af­faire, non ? mais le pro­blème n’est pas là…

Glo­ba­le­ment, je pense que vou­loir aider à tout prix les pays du tier monde en leur don­nant des trucs et des ma­chins est la meilleure preuve du mé­pris que l’on a d’eux…
Quand on sait que les aides du FMI et de la banque Mon­diales sont as­su­jé­ties à la li­bé­ra­li­sa­tion to­tale et ré­gle­men­taire de leurs ser­vices pu­blics de base (édu­ca­tion, eau, santé, éner­gie) on reste rê­veur…
Et qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit, il ne s’agit pas de tout so­vié­ti­ser mais de lais­ser sim­ple­ment des états dé­mo­cra­tiques dé­ci­der seuls des prio­ri­tés utiles à leur dé­ve­lop­pe­ment.

N’ou­blions pas que nos états oc­ci­den­taux, Etats Unis com­pris se sont dé­ve­lop­pés grâce à l’in­ter­ven­tion de l’Etat et ce dans des dom­maines qui sont allés par­fois bien au delà des ser­vices pu­blics de base, qu’on se sou­viennent du New Deal, du sort des cie aé­riennes us au len­de­main du 11-9, de la réuni­fi­ca­tion al­le­mande ou des aides eu­ro­péennes ayant per­mis à l’Ir­lande entre autres de se sor­tir ra­pi­de­ment de son mer­dier…

En­core une fois on pré­fère la cha­rité à la so­li­da­rité (ou le vi­lain gros mot !)

Alexis… et tou­jours des dé­fauts !

18)
VRic
, le 07.10.2005 à 17:12

Mon père […] comme ceux d’ailleurs qui ne sau­ront pas le chi­nois dans 10 ans (j’en ferai par­tie…) – risquent d’être to­ta­le­ment lar­gués !

Mar­rant, selon mon père à moi ça ne sert au contraire stric­te­ment à rien d’ap­prendre le Chi­nois car on n’a au­cune chance de le maî­tri­ser comme eux ap­prennent entre autres l’An­glais par trains en­tiers, c’est-à-dire que dans les pro­chaines an­nées le monde sera in­nondé de Chi­nois maî­tri­sant les langues lo­cales alors que les rares d’entre nous ba­ra­goui­nant la leur se­ront trop né­gli­geables pour que ça serve à grand chose (à part du point de vue cultu­rel, mais ce n’était pas l’ob­jet de ta re­marque).

Je constate ef­fec­ti­ve­ment dans nos échanges uni­ver­si­taires que pour une spé­cia­liste fran­çaise par­lant chi­nois, on a eu de l’autre côté une foule d’en­sei­gnants et étu­diants par­lant au moins An­glais. Le ré­sul­tat étant qu’à peu de choses près elle pour­rait aussi bien ne pas par­ler Chi­nois.

19)
VRic
, le 07.10.2005 à 17:38

Pour ce qui concerne la fer­me­ture du bi­gnou dans les deux sens je pense qu’un deuxième axe de ro­ta­tion fait l’af­faire, non ?

Oui. Soit deux ar­ti­cu­la­tions ex­cen­triques com­pli­quées dans l’épais­seur du gros ma­chin ar­rière, soit une autre ar­ti­cu­la­tion sur l’une des faces, soit 2 ar­ti­cu­la­tions si­mi­laires mais pas du tout la même forme de bi­dule poi­gnée. Ou alors ma­té­riau mou, mais là ça tient plus de­bout.

Glo­ba­le­ment, je pense que vou­loir aider à tout prix les pays du tier monde en leur don­nant des trucs et des ma­chins est la meilleure preuve du mé­pris que l’on a d’eux…

Mais ne PAS faire ce dont on est ca­pable quand on en constate l’uti­lité sur place, c’est quoi?

il ne s’agit pas de tout so­vié­ti­ser mais de lais­ser sim­ple­ment des états dé­mo­cra­tiques dé­ci­der seuls des prio­ri­tés utiles à leur dé­ve­lop­pe­ment.

Ben oui, c’est leur but: pro­po­ser ce ma­chin aux gou­ver­ne­ments in­té­res­sés, sur leurs fonds pu­blics, avec éven­tuel­le­ment une aide ex­té­rieure mais ça c’est pas leur pro­blème au MIT. Vous êtes donc d’ac­cord.

Moi je suis plu­tôt pour tout so­vié­ti­ser, mais je suis un dan­ge­reux ex­tré­miste.

nos états oc­ci­den­taux, Etats Unis com­pris se sont dé­ve­lop­pés grâce à l’in­ter­ven­tion de l’Etat et ce dans des dom­maines qui sont allés par­fois bien au delà des ser­vices pu­blics de base

On est bien d’ac­cord. Le FMI est une ca­ri­ca­ture.

En­core une fois on pré­fère la cha­rité à la so­li­da­rité

La cha­rité c’est quand des dames pa­tro­nesses tri­cotent pour « leurs » pauvres qui pré­fè­re­raient du pi­nard, sans rien at­tendre en re­tour que leur pré­sence à des ser­mons sur com­bien il faut louer dieu d’avoir si bien fait le monde.

La so­li­da­rité c’est mettre en re­la­tion ses pos­si­bi­li­tés et les be­soins des autres. On est donc plu­tôt dans ce cas: le ma­chin n’a ab­so­lu­ment pas vo­ca­tion à être gra­tuit, juste à rendre ser­vice sans en­ri­chir per­sonne par­ti­cu­liè­re­ment, in­ha­bi­tuel pour une in­no­va­tion tech­no­lo­gique.

20)
nicos
, le 07.10.2005 à 17:38

La condes­cen­dance c’est de pen­ser à leur place à ce qui est bon pour les pays en dé­ve­lop­pe­ment, ou de leur en­voyer des re­buts d’or­di­na­teur pour évi­ter d’avoir a les re­cy­cler chez nous.
Or pour­quoi, sous pré­texte que ces po­pu­la­tions sont pauvres, n’au­raient-elles pas be­soin de ma­té­riel per­for­mant ?
Une sta­tis­tique ap­por­tée plus haut in­dique un élé­ment im­por­tant : 500 mil­lions de per­sonnes en si­tua­tion de pau­vreté ex­trême (c’est-à-dire ga­gnant moins de 1$ par jour et par membre de la fa­mille) ont un tra­vail, et ces tra­vailleurs font vivre 1 mil­liard de per­sonnes. Cette sta­tis­tique est im­por­tante car elle si­gni­fie qu’amé­lio­rer les condi­tions de tra­vail peut avoir un im­pact si­gni­fi­ca­tif et di­rect sur la vie de beau­coup de gens. Sa­voir uti­li­ser un or­di­na­teur, c’est amé­lio­rer son em­ploya­bi­lité, c’est ce don­ner des pos­si­bi­li­tés de choix d’em­ploi plus grande, c’est, peut être, s’orien­ter vers des pro­fes­sions plus lu­cra­tives. En bref, c’est ce don­ner la pos­si­bi­lité de chan­ger son quo­ti­dien.
La tech­no­lo­gie est un plus in­dé­niable pour les pays en dé­ve­lop­pe­ment : l’Inde concur­rence les pays in­dus­tria­li­sés avec ses pro­gram­ma­teurs ex­trê­me­ment bien for­més et com­pé­ti­tifs. Ailleurs, les té­lé­phones por­tables désen­clavent des ré­gions iso­lées, per­met­tant aux pro­duc­teurs (éle­veurs, pay­sans) de mieux vendre en fonc­tion des prix : c’est bien ce qu’es­comp­tait Mo­ham­med Yunus en lan­çant son ini­tia­tive de lo­ca­tion de té­lé­phone por­table au Ban­gla­desh. (Mo­ham­med Yunus, c’est aussi celui qui a lan­cer le mi­cro-cre­dit, ou com­ment de­ve­nir en­tre­pre­neur avec un prêt de quelque dol­lars). Et main­te­nant, même en Afrique, le té­lé­phone por­table est un <a href=’http://​www.​lemonde.​fr/​web/​article/​0,1-0@​2-3212,36-696825@​51-696945,0.​html’ tar­get=’_­blank’> outil in­dis­pen­sable, et pas seule­ment pour par­ler </a> (de­pe­chez-vous pen­dant que l’ar­ticle est en­core gra­tuit).

Donc, à fond pour l’ordi por­table au Zam­beze !

edit – im­pos­sible de faire quel­que­chose de conve­nable avec ce lien. Dam­nede.

21)
VRic
, le 07.10.2005 à 17:52

edit – im­pos­sible de faire quel­que­chose de conve­nable avec ce lien. Dam­nede.

C’est éner­vant, hein ? :-)

22)
Anne Cuneo
, le 07.10.2005 à 19:59

Pas de chance – juste au­jour­d’hui, il fal­lait que je sois en va­drouille (pro­fes­sion­nelle) et loin de tout accès à in­ter­net.
J’ar­rive donc un peu tard dans le débat – je suis sou­la­gée de voir que VRic a déjà dit la plu­part des choses que j’au­rais ré­pondu, et je suis heu­reuse de voir qu’il ap­pré­cie la va­leur de cette ini­tia­tive.
Je suis par contre ef­fa­rée par cer­taines ré­ac­tions. Je m’y at­ten­dais un peu, re­mar­quez, mais j’es­pè­rais en même temps avoir tort de m’y at­tendre.
Com­ment peut-on confondre cette ini­tia­tive avec de la cha­rité? Parce que c’est un groupe d’Amé­ri­cains qui la prend? J’ai­me­rais sou­li­gner que ce que Ne­gro­ponte et les siens font est assez contraire à l’idéo­lo­gie do­mi­nante aux Etats-Unis en ce mo­ment. Ils prennent l’ar­gent où ils le trouvent (chez des for­tu­nés) et chargent non des pri­vés mais des ETATS de dis­tri­buer ce qui est vu comme un outil de tra­vail.
Certes, il reste des dif­fi­cul­tés, on n’en est qu’aux tests, ça peut en­core rater. Ils le disent eux-mêmes, et comme je l’écris, des tests avec 50 à 100’000 ma­chines vont avoir lieu. Ce n’est qu’en­suite que l’on se lan­cera.
Mais c’est trop fa­cile, de­puis l’écran de son or­di­na­teur bran­ché, de dire que les autres ne de­vraient pas en avoir. Et c’est com­plè­te­ment en contra­dic­tion avec nos ac­tions quo­ti­diennes.
Per­son­nel­le­ment, je trouve que toute ten­ta­tive de ré­pandre l’édu­ca­tion est bonne à prendre. Il étant en­tendu qu’une fois que les en­fants cam­bod­giens sau­ront lire, ils peuvent aussi lire Mein Kampf et autres or­dures. Mais je pré­fère pen­ser qu’ils pour­ront lire les poètes de leurs pays et peut-être même, qui sait? ceux des nôtres.

Anne

23)
Mirou
, le 07.10.2005 à 22:57

Ouh là ! C’est vrai que ça se dé­chaîne !

Je suis en tous cas d’ac­cord sur un point qui vient sou­vent: toute ini­tia­tive est bonne à prendre. Di­sons que si j’avais tout plein de $, ce qui n’est pas du tout le cas, ce pro­jet ne se­rait pas le pre­mier que je sub­ven­tion­ne­rais. Et tout pro­jet qui n’est pas orienté vers son pro­fit perso est du bon côté de la force, ça c’est sur !

24)
louis
, le 08.10.2005 à 20:57

Pour l’anec­dote en +:

Au­jour­d’hui j’était de­vant chez moi en­train de bri­co­ler ma voi­ture (non pas le 4×4 l’autre… mais non l’autre ;-)…) et une jeune Sud-Co­réenne est venue vers moi en m’a in­ter­pelé… elle m’ex­plique en fran­çais (elle fai­sait un grand éf­fort!) qu’elle est en­train d’ai­der avec une équipe d’ami étu­diant de construire une école pour un petit bled au Sri­lanka… elle me montre les pho­tos et a l’aire vrai­ment convain­cue… elle vend de drôle de carte pos­tale… du coup vu que je n’ai pas be­soin de carte pos­tale je lui file 20.- (pas grand chose mais bon…) je ne fais JA­MAIS ce genre de truc d’ha­bi­tude…

C’est des gens comme ça et des ac­tion comme ça que je vou­drais pou­voir aider! Non pas des gros plein de soupe avec leur ordi!

Mais je sup­pose que toute les idées quel qu’elles soient ont au moin le me­rite de par­tir du bon sen­ti­ment, et en fin de compte c’est ça qui est im­por­tant… « l’in­ten­sion » c’est déjà un bon début…

Je ne peux pas m’em­pê­cher de men­tion­ner un truc sur l’édu­ca­tion qu’un ami Jé­suite m’a dit: Don­nez nous un en­fant jus­qu’à l’âge de 7 ans et il sera tou­jours à nous » si on consi­dère cette idée comme étant vraie, ben que vas il ar­ri­ver au cher bam­bins qui au­ront ce super por­table tou­jours sous la main?

…at­ten­tion je ne cri­tique pas mais je confronte… nuance…

Dé­solé mais n’étant pas très eru­dit je m’ex­prime un peu en vrac ;-)

Ah et en­core un truc ma femme ne sais pas uti­li­ser un ordi et s’y re­fuse. Elle vit très bien, tra­vaille et je ne pense pas qu’elle ne se porte plus mal… ;-) comme quoi… êtes vous sur de ne plus pou­voir vivre sans??? Tel est la ques­tion (qui risque bien d’être posée plus tôt qu’on ne pense…)

Peace ;-) (ça me rap­pel quand j’étais à l’école!)

25)
nlex
, le 09.10.2005 à 11:31

« …Don­nez nous un en­fant jus­qu’à l’âge de 7 ans et il sera tou­jours à nous »

nous mais fran­che­ment ar­re­tez de prendre les gens pour des c…

Les per­sonnes qui vont uti­li­ser ces por­tables le fe­ront d’une ma­niere dif­fe­rente de ce quoi on peut s’at­tendre, comme ça ar­rive tou­jours. Les ordi vont aider à dé­ve­lo­per le pays, c’est pas ce genre de choses jus­te­ment qui aide à nou­rir les gens ? Sinon si vous vou­lez ‘qu’on pense à nou­rir les gens d’abord’, on peut tou­jours leur en­voyer des sacs de riz… super construc­tif.

Et construire une école c’est bien, mais je vois pas en quoi ça em­peche de construire des ordis. ça se­rait pas gé­nial si dans cette école ils avaient des ordis ? L’ar­ticle du monde sur les mo­biles est tres si­gni­fi­ca­tif, je suis sur que plein de gens ici di­raient « c’est de la co­lo­ni­sa­tion men­tale de leur vendre des mo­biles ». Faut ar­re­ter, je com­prends pas trop pour­quoi un afri­cain n’au­rait pas le droit d’ac­ce­der aux ou­tils in­ven­tés en oc­ci­dent… Faut leurs en­le­ver le droit de conduire des voi­tures aussi ? Com­ment ça se fait que ça ne choque per­sonne qu’un chi­nois est envie d’un ordi ? Je pense que der­riere tout ça ya une bonne part de pré­ju­gés contre le conti­nent afri­cain… (car je pense que c’est à ce conti­nent que tout le monde pense ici di­sons-le).

26)
Anne Cuneo
, le 09.10.2005 à 17:08

Ci­ta­tionLes per­sonnes qui vont uti­li­ser ces por­tables le fe­ront d’une ma­niere dif­fe­rente de ce quoi on peut s’at­tendre, comme ça ar­rive tou­jours. Les ordi vont aider à dé­ve­lo­per le pays, c’est pas ce genre de choses jus­te­ment qui aide à nou­rir les gens ?

Des opé­ra­tions comme celle-ci sont jus­te­ment des coups de pouce en di­rec­tion de ce qu’on prêche de tous côtés pour ré­soudre les énormes pro­blèmes posés par les flux mi­gra­toires. Dé­ve­lop­per des choses sur place, pour que les gens trouvent CHEZ EUX ce qui leur manque si déses­pé­ré­ment qu’ils viennent mou­rir contre les bar­rières de notre monde dé­ve­loppé (les images de ces bar­rières qui tuent me font hor­reur), et Ne­gro­ponte réus­sit à fi­nan­cer son tra­vail en pre­nant l’ar­gent aux riches – juste re­tour des choses, me semble-t-il, noyau d’une meilleure ré­par­ti­tion des ri­chesses. Tout n’est pas par­fait, mais si on at­ten­dait que tous les préa­lables soient rem­plis, on ne fe­rait ja­mais rien.
Merci nlex d’avoir re­cen­tré le pro­blème.

Anne

27)
Sa­luki
, le 09.10.2005 à 23:36

J’ai bien fait d’al­ler ra­mas­ser les noix dans mon jar­din; je me se­rais, sinon, gâté la santé.

Pour­quoi, une idée gé­né­reuse et as­tu­cieuse qui plus est se­rait-elle condam­nable parce qu’is­sue de l’autre côté du ma­ri­got?

Au risque de me ré­pé­ter, ven­dredi matin je di­sais en 12:
Pour ex­pli­ci­ter: on peut et creu­ser un puits et aussi don­ner un ordi, car je ne crois pas qu’on les vende aux pe­tits sa­hé­liens…

Et c’est bien ainsi. Je n’avais pas per­cuté sur le ré­seau au­to­ma­tique: c’est gé­nial.
Et simple et ro­buste.
Et non-mar­chand ! Le sou­rire en plus.

28)
To­TheEnd
, le 15.11.2005 à 16:23

Pour info, Jobs (CEO d’Apple hein) au­rait, selon un des fon­da­teurs du pro­jet M. Sey­mour Pa­pert, pro­posé Mac OS X (PC) gra­tuit pour cet or­di­na­teur à 100$ mais ça a été re­fusé parce que le sys­tème n’est pas to­ta­le­ment « open source »…

Le dé­tails sont ici

Bon, perso j’au­rais trouvé plus cool OS X avec tous les softs dis­pos sous Mac que Red Hat… M’en­fin, c’est qu’un avis et ça n’en­lève rien à la qua­lité de l’en­semble du pro­jet!

T

29)
VRic
, le 17.11.2005 à 17:52

Les choses se pré­cisent: pro­jet et pro­tos pré­sen­tés au som­met de l’ONU à Tunis. (lien en An­glais)

31)
VRic
, le 24.09.2007 à 14:17

Se­rais-je le seul à m’y in­té­res­ser en­core ?

Big niouz : pour une pé­riode li­mi­tée, on peut en ache­ter un si on en fi­nance un pour un en­fant du pro­gramme. C’est une pe­tite en­torse au prin­cipe de non-com­mer­cia­li­sa­tion, mais ça ré­pond à des be­soins réels : cer­tains pays sont trop pauvres pour par­ti­ci­per au pro­jet et beau­coup de gens prêts à contri­buer sont très in­té­res­sés par l’ap­pa­reil.

Pas en­core à 100$ mais déjà super top. Lap top. Et au cours ac­tuel du Dol­lar, c’est fort ten­tant. Il fau­drait être plu­sieurs à l’avoir, pour pro­fi­ter du concept d’auto-ré­seau du bi­dule.

BBC NEWS | Tech­no­logy | ’$100 lap­top’ to sell to pu­blic

À ceux d’entre nous qui sont dans l’en­sei­gne­ment : pour­qui ne pas en­vi­sa­ger d’équi­per une classe chez nous ? Le prix est mo­dique com­paré aux al­ter­na­tives tra­di­tion­nelles, les fonc­tion­na­li­tés sont ré­vo­lu­tion­naires, et en plus ça équi­pe­rait une classe étran­gère qui n’en au­rait pas les moyens. Selon les convic­tions po­li­tiques de la hié­rar­chie, il fau­dra peut-être omettre ce der­nier point ; à ce prix ça pour­rait pas­ser in­aperçu.