L’étrange gram­maire ro­mande, ou Cuk gram­maire 3 est en ligne!

Ouf ça y est!

Cuk Gram­maire 3 est en ligne, et j'en suis fort aise, de­puis le temps que ce pas­sage sur notre nou­veau sys­tème me ti­tillait!

Mais avant de vous en dire plus sur ce lo­gi­ciel édu­ca­tif, il faut que je le situe dans notre contexte.

Nous vi­vons en Suisse ro­mande. Là où on croit par­fois que l'on doit faire dif­fé­rem­ment de tous les autres.

Pire, je suis Vau­dois, et dans notre can­ton, ce qui est bon pour les Ro­mands ne l'est juste pas assez pour nous. Faut faire dif­fé­rem­ment "dif­fé­rent".

C'est assez fou d'ailleurs. Nous avons eu, pen­dant des an­nées, aux four­ni­tures sco­laires, une boîte de crayons "spé­cial Vaud" chez Ca­ran­d'Ache, qui coû­tait tel­le­ment plus cher que les en­sembles stan­dards, juste pour avoir une cou­leur de plus. Celle qu'il fal­lait ab­so­lu­ment pour le petit Vau­dois.

Pen­dant des an­nées aussi (quoi? plus de vingt-cinq ans, à peine) , nous avons dû tra­vailler avec quatre bro­chures de fran­çais en pri­maire, bro­chures "spé­cial Vaud" aussi, qui coû­taient plus de deux fois plus cher au final que les fiches ro­mandes, bien plus nom­breuses et mieux pen­sées. Toutes ces an­nées, fois ce nombre d'élèves, fois ce prix, ça conti­nue à me rendre fou...

Heu­reu­se­ment, la crise étant venue, on s'est rendu compte que les four­ni­tures sco­laires pou­vaient être un poste où l'on pou­vait ré­duire les dé­penses sans pé­na­li­ser les en­fants. De­puis quelques an­nées, les boîtes de crayons sont de­ve­nues celles de tous les autres, et nous avons le droit d'uti­li­ser les fiches ro­mandes. Tout le monde ou presque le fait je crois, mais ce "nous avons le droit" per­met aux têtes pen­santes de ne pas perdre la face.

Au ni­veau pé­da­go­gique, c'est assez ex­tra­or­di­naire aussi! Les Ro­mands ont dé­cidé, il y a une tren­taine d'an­nées (oooh déjà! la crise...) de re­voir tout seuls de leur côté la ma­nière de faire de la gram­maire.

Gé­nial. Par exemple, ami venu d'ailleurs, pour ta gou­verne:

  • un sujet est de­venu un GNS (groupe no­mi­nal sujet) que l'on co­lo­rie (tu sou­lignes ou tu en­cadres en jaune)
  • un verbe s'en­toure (pas s'en­cadre, s'en­toure, ap­pré­cie la nuance, ami) en rouge (et s'ap­pelle tou­jours verbe, dingue!)
  • un COD (en gros) de­vient bleu et s'ap­pelle une suite du verbe non pré­po­si­tion­nelle
  • un COI (tou­jours en gros) de­vient bleu aussi et s'ap­pelle "suite du verbe pré­po­si­tion­nelle"
  • un com­plé­ment cir­cons­tan­ciel, en gros, mais alors vrai­ment en gros, de­vient un "groupe per­mu­table" ou "groupe vert" et s'en­cadre de cette cou­leur

En ce qui concerne ce der­nier point, je me sou­viens de nos pré­pa­ra­tions des exa­mens du col­lège (à l'époque, dans le can­ton de Vaud, c'était lorsque l'élève at­tei­gnait ses dix ans, en fin de qua­trième). Nous nous bat­tions entre col­lègues pour sa­voir si dans la phrase "Je plonge dans la pis­cine", "dans la pis­cine" était une suite du verbe pré­po­si­tion­nelle (c'est le cas) ou un groupe per­mu­table. Parce que c'est "nager dans", qu'il y a un dé­pla­ce­ment vers, etc.

Par contre, et conti­nue à ap­pré­cier la nuance, ami d'ailleurs, dans "Je nage dans la pis­cine.", il y a aussi un dé­pla­ce­ment, mais comme on est déjà dans la pis­cine, on parle de groupe vert pour "dans la pis­cine".

Tu vois que si nous, nous avions de la peine par­fois à sa­voir et à nous mettre d'ac­cord, ce que pou­vait bien en pen­ser la tête d'un char­mant bam­bin dans notre classe.

Mais il y a pire (dire que je vou­lais faire court, ça y est, je m'em­porte).

Un de nos autres gros tra­vaux, en gram­maire ro­mande ou vau­doise, c'est de re­con­naître l'in­ten­tion et le type (plus tard la forme) d'une phrase.

En gros, une phrase comme "Est-ce que Jean mange une pomme?" est une phrase qui est une ques­tion au ni­veau de l'in­ten­tion, et qui est de type in­ter­ro­ga­tif.

Le mar­queur? C'est là que ça se com­plique.

Pour le Ro­mand, il y en a deux: eh oui, ça me semble aussi assez lo­gique. Ce sont " Est-ce que" et le point d'in­ter­ro­ga­tion.

Pour le Vau­dois, il n'y en a qu'un! La ponc­tua­tion n'est pas un mar­queur. Tou­jours le symp­tôme "Yen a point, yen a point comme nous, yen a point, yen a point comme nous".

Ainsi, une phrase comme "Tu vas à la pis­cine?" est une ques­tion, mais de type dé­cla­ra­tif, parce qu'il n'y a pas de mar­queur.

Je ne te ra­conte pas le temps que l'on a perdu passé à es­sayer de faire com­prendre ça à nos élèves. Mais pen­dant des an­nées, nous étions face à des gou­rous, des aya­tol­lahs du fran­çais, qui ne pou­vaient même pas ac­cep­ter la moindre cri­tique. Nous avions à faire à des pé­da­gogues qui avaient reçu la lu­mière. Leur ex­pli­quer ça pou­vait les mettre dans des états pas pos­sibles, j'en sais quelque chose.

Le plus ri­golo, c'est que main­te­nant que nous uti­li­sons les fiches de gram­maire ro­mande, nous nous trou­vons avec des exer­cices où la phrase "Tu vas à la pis­cine?" doit être ana­ly­sée comme une phrase in­ter­ro­ga­tive, avec mar­queur "point d'in­ter­ro­ga­tion".

Comme ce sujet m'in­té­resse un peu, et qu'il fal­lait bien que j'en sache plus pour faire ma nou­velle ver­sion de Cuk Gram­maire (eh oui, tu vois que je ne suis pas hors sujet), j'ai fait plu­sieurs té­lé­phones pour sa­voir s'il fal­lait que nous cor­ri­gions les fiches ro­mandes, ou que nous nous adap­tions.

Les gou­rous et les aya­tol­lahs sont à la re­traite, tout le monde s'en fout. "Ah oui, in­té­res­sant ce que vous nous sou­met­tez là comme pro­blème, on va voir ce que l'on peut faire" et rien... pas de suite.

Donc tout le monde fait comme il veut. Quand je pense, un ins­pec­teur (on les ap­pe­lait comme ça à l'époque, ils sont de­ve­nus en­suite "Conseillers pé­da­go­giques" et puis... ils ont dis­paru) au­rait ap­pris qu'un prof don­nait "Tu vas à la pis­cine?" comme phrase in­ter­ro­ga­tive il y a vingt ans, c'était l'émeute.

Main­te­nant on s'en fout un peu, bien assez d'autres chats à fouet­ter.

Ma­gni­fique can­ton de Vaud...

Bref, je n'ai pas eu ma ré­ponse, et j'ai dû créer un pro­gramme de gram­maire qui fonc­tionne

  • pour les Ro­mands
  • pour les Vau­dois

... les uti­li­sa­teurs fai­sant leur choix en leur âme et conscience.

Ce pro­gramme, j'en suis très fier, et je pré­tends qu'il est le seul à pou­voir faire tra­vailler des élèves en au­to­cor­rec­tif, sur des exer­cices courts, fa­ciles à gérer en classe.

Il touche les exer­cices d'ana­lyse (la par­tie gram­ma­ti­cale avec les cou­leurs) de la gram­maire...

 

...​mais aussi les types et in­ten­tions de phrases.

Et je dois avouer que je suis par­ti­cu­liè­re­ment content de ma ges­tion du texte sé­lec­tionné: l'élève dans la phrase

"Hier soir, Pierre a ra­conté une his­toire à son frère."

va sé­lec­tion­ner "Hier soir" puis cli­quer sur le bou­ton "Place dans le groupe vert". Le pro­blème, c'est que nos pe­tits ont par­fois de la peine à sé­lec­tion­ner. Là, le gamin peut mettre en évi­dence "Hier soir", "Hier soir,", ou "er s", le pro­gramme va s'oc­cu­per de net­toyer la ponc­tua­tion ou les es­paces in­utiles, ou de com­plé­ter les mots par­tiel­le­ment sé­lec­tion­nés pour ne prendre en compte fi­na­le­ment que "Hier soir".

Ce n'était pas évident à réa­li­ser, mais qu'est-ce que c'est pra­tique, puisque le lo­gi­ciel est sûr de com­pa­rer la bonne ré­ponse avec ce qu'a voulu sé­lec­tion­ner l'élève un peu mal­adroit.

Pour le reste, comme tou­jours avec ce que j'es­saie de faire dans mes lo­gi­ciels, tout est ré­glable pour se mettre au ni­veau de ce que l'on en­seigne, les traces des exer­cices sont au­to­ma­tiques, et comme j'ai dû tout ré­écrire ou presque, j'en ai pro­fité pour mettre Cuk Gram­maire aux normes des autres pro­grammes Cuk quant à la ges­tion des joueurs.

De plus, dans les pré­cé­dentes ver­sions de Cuk Gram­maire, il était fas­ti­dieux de créer ses propres exer­cices. Ça ne l'est plus puisque j'ai as­so­cié Cuk Gram­maire Mou­li­nette à Cuk Gram­maire, et que l'édi­tion d'exer­cices, dans les deux mo­dules, est main­te­nant un jeu d'en­fant.

Cuk Gram­maire 3 n'est dis­po­nible que pour MacOS X. Si vous uti­li­sez tou­jours un sys­tème 9, il vous fau­dra vous ra­battre sur la ver­sion 2.0.1, qui fonc­tionne très bien mais se trouve être plus simple au ni­veau de la ges­tion des élèves, mais plus com­pli­quée à celui de la créa­tion de texte.

Comme tou­jours, toute per­sonne dis­po­sant d'une li­cence Cuk Gram­maire 1 ou sui­vante bé­né­fi­cie des mises à jour gra­tuite vers Cuk Gram­maire 3. Et ceci même si vous avez bé­né­fi­cié d'un prix ré­duit ces dix der­niers mois, puisque je n'étais pas cer­tain d'ar­ri­ver à mes fins.

Ah, deux choses en­core: Cuk Lec­ture res­tera sur sys­tème 9 (le por­tage est trop com­pli­qué, tout était basé sur des ex­ten­sions d'Hy­per­Card), par contre, tous les pro­grammes Cuk se­ront dis­po­nibles pour Ma­cIn­tel très ra­pi­de­ment, puisque le lan­gage de pro­gram­ma­tion Re­vo­lu­tion ne po­sera semble-t-il aucun pro­blème, aux dires de l'édi­teur, et que tout sera trans­pa­rent pour nous, moyen­nant bien en­tendu une chtite re­com­pi­la­tion.

Nous ver­rons, mais sur ce plan, les nou­velles semblent plu­tôt bonnes. Ouf, parce que main­te­nant que j'ai fini mes por­tages, je n'ai pas vrai­ment envie de re­com­men­cer.

Pour en re­ve­nir à Cuk Gram­maire et Cuk Gram­maire Mou­li­nette, le té­lé­char­ge­ment si ja­mais, c'est par là... Vu qu'il faut être Suisse ro­mand, s'in­té­res­ser à la gram­maire, et avoir des élèves ou des en­fants entre six et douze ans, ça ne risque pas trop de faire péter ma bande pas­sante...

20 com­men­taires
1)
JCP
, le 31.08.2005 à 06:16

J’ai eu la chance de vivre, sco­lai­re­ment par­lant, la pé­riode char­nière entre deux mé­thodes d’il y a 30 ans en­vi­ron : c’était un peu le fou­toir…

Mais nous nous en sommes sor­tis quand-même. Il ne faut pas ou­blier que la gram­maire vient tou­jours après le lan­guage et qu’elle n’est que la for­ma­li­sa­tion de ce que nous par­lons.

A ce titre il se­rait nor­mal qu’elle évo­lue avec la langue, mais bon, c’est une autre his­toire…

Bonne jour­née,

JCP

PS : on dit avoir af­faire à, on ne peut pas avoir deux fois « à » à la suite (sauf si l’on in­dique un lieu : j’ai beau­coup à faire à Morges)…

2)
ar­cheos
, le 31.08.2005 à 07:16

Je te ras­sures Fran­çois, tes aya­tol­lahs ne sont pas spé­ci­fiques à Vaud : j’ai aussi connu le GNS (par contre le non pré­po­si­tionné, j’ai pas connu), et pour­tant, j’ai usé mes fonds de cu­lotte en France.

———————–

ibn mac
http://​fr.​wikipedia.​org : culti­vez li­bre­ment

3)
Jer­ri­cho
, le 31.08.2005 à 10:56

Merci pour ce pro­gramme, Je l’ai té­lé­chargé et ai fait un exer­cice pour tes­ter, c’est très sympa. Je ne sais pas en­core si je vais l’ache­ter d’ici la fin de la pé­riode de Démo, mais, étant ré­pé­ti­teur à côté de mes études pour élèves en dif­fi­cul­tés, ça pour­rait être une bonne so­lu­tion pour les faire ra­pi­de­ment et ef­fi­ca­ce­ment tra­vailler…
J’ai bcp aimé la pe­tite phrase clô­ture du pro­gramme ;-)
J’ai vu que ce pro­gramme n’était pas dans la liste des prix, donc j’ima­gine qu’il faut le de­man­der via e-mail ?
Meilleures sa­lu­ta­tions
Jer­ri­cho

4)
Jer­ri­cho
, le 31.08.2005 à 11:04

Je re­tire ce que je viens de de­man­der concer­nant le prix… je mets mes lu­nettes, me ré­veille et ar­rête de poser des ques­tions stu­pides…

5)
Le Cor­beau
, le 31.08.2005 à 11:13

Ce n’était pas évident à réa­li­ser, mais qu’est-ce que c’est ra­tique

Dé­ci­dé­ment, je ne com­pren­drais ja­mais le fran­çais suisse et ses mots bi­zarres ;-)

Nota : cela a du être un tra­vail ter­rible , cette mise en ligne ; de­puis ce matin Cuk est in­ac­ces­sible !

Ok je ->

7)
dra­zam
, le 31.08.2005 à 13:59

Mdrrr la des­crip­tion de la gram­maire vau­doise. Ras­sure moi, au final, on parle tous bien la même langue ? A la ré­flexion Fran­çois, si tu veux ajou­ter un mo­dule de gram­maire « neuf-trois », fais-moi signe.

Il fau­drait sou­mettre à notre cher pré­sident l’idée d’ou­vrir un peu plus l’aca­dé­mie fran­çaise à la fran­co­pho­nie pour le rayon­ne­ment et la dé­fense de notre langue com­mune.
http://​www.​academie-francaise.​fr/​langue/​index.​html

8)
6ix
, le 31.08.2005 à 15:28

Moi j’ai fait mon école pri­maire sur Fri­bourg… je ne me rap­pelle pas avoir eu de crayon « spé­cial noir/blanc » ;-), par contre la gram­maire, ces com­plé­ments bleus, verts, cela ne m’a ja­mais paru très clair!
Puis vint le CO (école se­con­daire); là, chan­ge­ment ra­di­cal, on range les crayons, puis on parle de COD, COI, CC… Beau­coup plus clair et lo­gique!
J’ai éga­le­ment fait du latin, in­utile de dire que par­ler de « grpe vert » ou du genre est tout bon­ne­ment im­pen­sable! Cette re­marque vaut pour l’al­le­mand aussi, langue que tout le monde ap­prend en suisse-ro­mande…

Pour­quoi donc ap­prendre d’une cer­taine ma­nière, pour chan­ger en­suite?! Et sur­tout, pour­quoi vou­loir tjrs rendre l’école pri­maire « plus lu­dique », plus ci, plus ça, alors que cer­taines mé­thodes ont fait et font tjrs leurs preuves?
Et il ne s’agit pas que de l’école pri­maire; que dire de cer­taines dé­ci­sions à l’école se­con­daire, puis même au col­lège (gym­nase)? Que ceux qui di­rigent/gèrent des tra­vaux de ma­tu­rité me donnent des nlles, c’est loin d’être fa­cile…

Ce qui m’épate, c’est que bien sou­vent, ces dé­ci­sions ne sont pas prises sur réunions de profs/di­rec­teurs, mais par des pé­da­gogues voire des po­li­ti­ciens (ex: tra­vail de matu), plus sou­cieux de leur image ou de ré­vo­lu­tion­ner le sys­tème plu­tôt que de faire en sorte que l’élève puisse bé­né­fi­cier des meilleures mé­thodes d’ap­pren­tis­sage!

Bien­tôt il fau­dra ap­prendre le li­vret et les maths par le jeu uni­que­ment (ça com­mence…), il fau­dra tout faire par groupe, ap­prendre à lire en re­gar­dant des dvd… Et avec tout ça? On sou­haite en­sei­gner une langue étran­gère de plus en plus tôt, alors que les en­fants ne maî­trisent pas en­core leur propre langue ma­ter­nelle!

Il faut sa­voir évo­luer, certes, mais en­core faut-il aller dans le bon sens…

9)
Hervé
, le 31.08.2005 à 16:34

Mais nous nous en sommes sor­tis quand-même. Il ne faut pas ou­blier que la gram­maire vient tou­jours après le lan­guage et qu’elle n’est que la for­ma­li­sa­tion de ce que nous par­lons.

lan­gage, JCP, lan­guage, c’est de l’an­glais !

10)
JCP
, le 31.08.2005 à 17:07

Au temps pour moi!

J’ai pas l’ha­bi­tude de me lever si tôt…

11)
Jer­ri­cho
, le 31.08.2005 à 17:16

Je vais évi­ter de faire mon pé­dant, mais comme la langue c’est un peu mon sujet d’étude (je suis en Lin­guis­tique à l’uni de Lau­sanne)… Si vous cher­chez des ou­vrages gé­né­raux et vul­ga­ri­sa­teurs (dans le bon sens du terme), je ne peux que vous conseiller les ou­vrages de George Mou­nin. Le pro­blème avec la lin­guis­tique est un peu le même que dans les autres branches scien­ti­fiques, c’est les dif­fé­rents cou­rants. Mou­nin a l’avan­tage de trai­ter un peu de tout sans prendre parti. Le très gros avan­tage qu’il ait en plus, c’est qu’il a une langue très ac­ces­sible tout en don­nant ce qu’il faut don­ner, et c’est plus qu’apré­ciable face au ver­biage de cer­tains autres.

Bon voilà, le tra­vail d’un scien­ti­fique (en puis­sance, en puis­sance, ;-) ), c’est aussi d’of­frir à la so­ciété le ré­sul­tat de ses re­cherches : j’es­père donc que vous ac­cep­te­rez cette pe­tite pré­ci­sion…

Jer­ri­cho, pro­mot­teur de l’en­sei­gne­ment de la lin­guis­tique par­tout par­tout par­touuuut.

12)
Sa­luki
, le 31.08.2005 à 17:24

Jer­ri­cho, promotteur de l’en­sei­gne­ment de la lin­guis­tique

Comme ch’nous…
Cela rime avec dys­lexique, non ?


Du Mac­Por­table à l’Alu­book, en quinze ans je suis de­venu plus sage.

13)
Jer­ri­cho
, le 31.08.2005 à 17:31

f’cuse moâ Sal­lukki, fuis allè in peu fite… zans ran­qu’une ?

14)
Sa­luki
, le 31.08.2005 à 18:01

Sans rang d’deux


Du Mac­Por­table à l’Alu­book, en quinze ans je suis de­venu plus sage.

15)
alec6
, le 31.08.2005 à 19:05

A pro­pos de l’en­sei­gne­ment des langues dans les pe­tites classes, un lin­guiste (est-ce Jer­ri­cho ? ;-) a pro­posé d’en­sei­gner aux élèves fran­co­phones à com­prendre les autres langues ro­manes (es­pa­gnol, ita­lien, por­tu­gais et pour­quoi pas rou­main), plu­tôt qu’à par­ler un mau­vais an­glais dès le CE1 (classe pour en­fants de 7 ans en France).

La proxi­mité des ces langues se prête bien à l’exer­cice et la connais­sance d’une série d’ad­verbes, d’une conju­gai­son som­maire (passé, pré­sent et futur) et de verbes ba­siques (vou­loir, pou­voir, de­voir, faire, être, avoir…) suf­fit lar­ge­ment à bar­ra­gui­ner (amis bre­tons…) et à se faire com­prendre ou tout sim­ple­ment à par­ler sa propre langue et à com­prendre l’autre dans sa langue na­tale…
J’ai eu l’oc­ca­sion de pra­ti­quer l’exer­cice avec des es­pa­gnols et vue une émis­sion met­tant en pré­sence un fran­çais et un ita­lien dis­cu­tant égyp­to­lo­gie et autres…
Quel plai­sir et quelle ri­chesse !

Mais (en France du moins) si le grand pu­blic est prêt, nos pen­seurs de l’édu­ca­tion na­tio­nale n’en sont pas en­core là…

Dom­mage !

Alexis… tous les dé­fauts ! je vous l’avais bien dit !

16)
Sa­luki
, le 31.08.2005 à 20:02

Alec6

Tous les dé­fauts, sans doute et peut-être, mais quelles bonnes idées.

En effet, je m’éton­nais de com­prendre pas mal de Ca­ta­lans: nous leur avons piqué pas mal de vo­ca­bu­laire en Sar­daigne…

Par ailleurs, et vu son état, l’Edu­ca­tion Na­tio­nale fran­chouillarde a plus be­soin de pan­seurs qui la ra­fis­tolent que de pen­seurs qui l’en­foncent un peu plus.
Ma pe­tite fille a, en une se­maine près de nous, lu plus que du­rant la moi­tié de sa sco­la­rité. Ainsi, elle ne se sert plus de ses doigts pour lire, mais je suis sûr qu’elle bou­gera en­core avec maes­tria ses groupes de mots adhé­sifs sur le feutre du ta­bleau…


Du Mac­Por­table à l’Alu­book, en quinze ans je suis de­venu plus sage.

17)
coa­coa
, le 01.09.2005 à 21:07

Moi j’ai ap­pris la gram­maire à Lau­sanne, où j’ai suivi mes 4 pre­mières an­nées d’école pri­maire. Groupe jaune, vert ou bleu n’avaient aucun se­cret pour moi… puis en 1985, mes pa­rents dé­mé­nagent sur Fri­bourg, bien sûr, je les suis, et PAF, d’un coup d’un seul, je me ra­masse des COD, des COI, des CCL et même des CCT dans la fi­gure.

Voilà que la gram­maire fran­çaise de­vient chi­noise (en plus, j’avais bien sûr une année d’al­le­mand en re­tard, re­tard ja­mais rat­trapé d’ailleurs, mais c’est autre chose…).

Au bout d’un mo­ment, je me fa­mi­lia­rise à cette gram­maire « fri­bour­geoise », et même, je finis par la trouvr bien plus claire, plus évi­dente, plus « lo­gique » que tous ces groupes de cou­leurs (je pense qu’il y avait un crayon de plus dans les boîtes Caran d’Ache du Can­ton de Vaud pour « si ja­mais » on de­vait in­ven­ter un nou­veau groupe à sou­li­gner dans la phrase…). Ap­pe­ler un COD un « groupe bleu » me sem­blait aussi ab­surde que de dire « quatre-vingt » pour dire hui­tante.

Puis, après quelques an­nées, v’là-t’y pas que j’en­tre­prends une for­ma­tion d’ins­ti­tu­teur, sur Fri­bourg tou­jours, et là, hor­reur, re-PAF, on me ba­lance la « nou­velle gram­maire », on me met des crayons de cou­leur sur la table, et vas-y que je t’en­toure le verbe, vas-y que je t’en­cadre le groupe-truc, « vous ver­rez, c’est tel­le­ment plus simple… ».

Bien en­tendu, la prof de pé­da­go­gie ne vou­lait pas en­tendre mon opi­nion, fon­dée sur de la pra­tique et de l’ex­pé­rience : j’avais « pra­ti­qué », MOI, les deux gram­maires. Une – celle avec les cou­leurs – était abs­traite (au­tant que les bases de 2, 3 et 7 en ma­thé­ma­tiques mo­dernes, autre aber­ra­tion de l’édu­ca­tion ro­mande), l’autre ap­pe­lait un chat un chat et un COD un COD (grâce à cette der­nière d’ailleurs, j’ai su ac­cor­der mes verbes, c’était – enfin – fa­cile !). Mais l’avis d’un petit jeune en for­ma­tion ne vaut pas grand chose face aux écrits di­vins des pontes de la pé­da­go­gie mo­derne, des gens qui écrivent plu­tôt bien dans des bou­quins sou­vent fran­che­ment moches, qui ont un avis sur tout, des ré­fé­rences par cen­taines (des amis, sur­tout) et la vo­lonté fa­rouche de ré­for­mer un sys­tème « parce que l’échec du pré­cé­dent est in­dé­niable ».

Alors on va d’échec en échec (à en croire ces pé­da­gogues), on ap­prend ces groupes de cou­leur, en se ré­jouis­sant qu’un futur pé­da­gogue de génie (ou à la mode) vienne ré­for­mer ce sys­tème dont l’échec sera in­dé­niable, puisque bien en­tendu, il y aura tou­jours un qué­bé­cois (très « ten­dance » à la fin des an­nées 90) ou un phi­lo­sophe (les fran­çais au­ront ess­sayé) pour venir nous rap­pe­ler que tel ou tel sys­tème édu­ca­tif est voué à l’échec, qu’il faut tout chan­ger, parce que dans le fond rien ne va ja­mais vrai­ment bien.

J’ai de­puis changé de mé­tier, mais garde fran­che­ment une ad­mi­ra­tion sin­cère pour les en­sei­gnants, der­nier maillon (es­sen­tiel) de la chaîne pé­da­go­gique, plon­gés au coeur d’une pe­tite hu­ma­nité quo­ti­dienne qui ne se lais­sera ja­mais en­fer­mer dans un « sys­tème » quel­conque. Parce qu’après tout, c’est eux qui doivent se per­sua­der que telle nou­velle mé­thode est plu­tôt bien (la pé­da­go­gie par ob­jec­tifs, les ate­liers, les coins-lec­ture, les fiches ou les cartes, les re­mé­dia­tions, etc… etc…) sa­chant que bon gré mal gé il fau­dra mener la classe au bout de l’an­née sco­laire, faire face aux im­pré­vus et si pos­sible ne pas se faire dé­mo­lir au pas­sage par une as­so­cia­tion de pa­rents.

Et dire qu’avec tout ça ils ar­rivent à nous of­frir des tests, des mics, des hu­meurs et des macs… C’est peut-être toutes ces cou­leurs qui leur donnent le moral !!

18)
Ca­plan
, le 01.09.2005 à 23:38

Ma­gni­fique, ton com­men­taire, Coa­coa! Et en­core: je ne parle pas des deux der­nières lignes! ;-)

19)
coa­coa
, le 02.09.2005 à 16:43

Merci ;-P

20)
alf
, le 05.09.2005 à 17:10

bravo pour ce lo­gi­ciel de gram­maire.

mais il fut un temps où les pe­tits Vau­dois ap­pre­naient la gram­maire neu­châ­te­loise…

l’époque où on en­trait au col­lège en fin de 3ème…

A 9 ans et des pous­sières…

et là ce n’était pas des cou­leurs mais des formes géo­mé­triques qui nous per­met­taient l’ana­lyse des phrases…

et fran­che­ment, j’ai at­tendu ma for­ma­tion à l’école nor­male pour y piger enfin quelque chose à la gram­maire, cela ne m’a pas em­pê­ché d’avoir mon bac au de­meu­rant…

donc, de bons profs pal­lie­ront tou­jours aux sé­na­rii pseudo-pé­do­go­giques éla­bo­rés ici ou là dans l’es­pace fran­co­phone, non?

ami­tiés à toutes et tous

al­fou­net…