Ouf ça y est!
Cuk Grammaire 3 est en ligne, et j'en suis fort aise, depuis le temps que ce passage sur notre nouveau système me titillait!
Mais avant de vous en dire plus sur ce logiciel éducatif, il faut que je le situe dans notre contexte.
Nous vivons en Suisse romande. Là où on croit parfois que l'on doit faire différemment de tous les autres.
Pire, je suis Vaudois, et dans notre canton, ce qui est bon pour les Romands ne l'est juste pas assez pour nous. Faut faire différemment "différent".
C'est assez fou d'ailleurs. Nous avons eu, pendant des années, aux fournitures scolaires, une boîte de crayons "spécial Vaud" chez Carand'Ache, qui coûtait tellement plus cher que les ensembles standards, juste pour avoir une couleur de plus. Celle qu'il fallait absolument pour le petit Vaudois.
Pendant des années aussi (quoi? plus de vingt-cinq ans, à peine) , nous avons dû travailler avec quatre brochures de français en primaire, brochures "spécial Vaud" aussi, qui coûtaient plus de deux fois plus cher au final que les fiches romandes, bien plus nombreuses et mieux pensées. Toutes ces années, fois ce nombre d'élèves, fois ce prix, ça continue à me rendre fou...
Heureusement, la crise étant venue, on s'est rendu compte que les fournitures scolaires pouvaient être un poste où l'on pouvait réduire les dépenses sans pénaliser les enfants. Depuis quelques années, les boîtes de crayons sont devenues celles de tous les autres, et nous avons le droit d'utiliser les fiches romandes. Tout le monde ou presque le fait je crois, mais ce "nous avons le droit" permet aux têtes pensantes de ne pas perdre la face.
Au niveau pédagogique, c'est assez extraordinaire aussi! Les Romands ont décidé, il y a une trentaine d'années (oooh déjà! la crise...) de revoir tout seuls de leur côté la manière de faire de la grammaire.
Génial. Par exemple, ami venu d'ailleurs, pour ta gouverne:
- un sujet est devenu un GNS (groupe nominal sujet) que l'on colorie (tu soulignes ou tu encadres en jaune)
- un verbe s'entoure (pas s'encadre, s'entoure, apprécie la nuance, ami) en rouge (et s'appelle toujours verbe, dingue!)
- un COD (en gros) devient bleu et s'appelle une suite du verbe non prépositionnelle
- un COI (toujours en gros) devient bleu aussi et s'appelle "suite du verbe prépositionnelle"
- un complément circonstanciel, en gros, mais alors vraiment en gros, devient un "groupe permutable" ou "groupe vert" et s'encadre de cette couleur
En ce qui concerne ce dernier point, je me souviens de nos préparations des examens du collège (à l'époque, dans le canton de Vaud, c'était lorsque l'élève atteignait ses dix ans, en fin de quatrième). Nous nous battions entre collègues pour savoir si dans la phrase "Je plonge dans la piscine", "dans la piscine" était une suite du verbe prépositionnelle (c'est le cas) ou un groupe permutable. Parce que c'est "nager dans", qu'il y a un déplacement vers, etc.
Par contre, et continue à apprécier la nuance, ami d'ailleurs, dans "Je nage dans la piscine.", il y a aussi un déplacement, mais comme on est déjà dans la piscine, on parle de groupe vert pour "dans la piscine".
Tu vois que si nous, nous avions de la peine parfois à savoir et à nous mettre d'accord, ce que pouvait bien en penser la tête d'un charmant bambin dans notre classe.
Mais il y a pire (dire que je voulais faire court, ça y est, je m'emporte).
Un de nos autres gros travaux, en grammaire romande ou vaudoise, c'est de reconnaître l'intention et le type (plus tard la forme) d'une phrase.
En gros, une phrase comme "Est-ce que Jean mange une pomme?" est une phrase qui est une question au niveau de l'intention, et qui est de type interrogatif.
Le marqueur? C'est là que ça se complique.
Pour le Romand, il y en a deux: eh oui, ça me semble aussi assez logique. Ce sont " Est-ce que" et le point d'interrogation.
Pour le Vaudois, il n'y en a qu'un! La ponctuation n'est pas un marqueur. Toujours le symptôme "Yen a point, yen a point comme nous, yen a point, yen a point comme nous".
Ainsi, une phrase comme "Tu vas à la piscine?" est une question, mais de type déclaratif, parce qu'il n'y a pas de marqueur.
Je ne te raconte pas le temps que l'on a perdu passé à essayer de faire comprendre ça à nos élèves. Mais pendant des années, nous étions face à des gourous, des ayatollahs du français, qui ne pouvaient même pas accepter la moindre critique. Nous avions à faire à des pédagogues qui avaient reçu la lumière. Leur expliquer ça pouvait les mettre dans des états pas possibles, j'en sais quelque chose.
Le plus rigolo, c'est que maintenant que nous utilisons les fiches de grammaire romande, nous nous trouvons avec des exercices où la phrase "Tu vas à la piscine?" doit être analysée comme une phrase interrogative, avec marqueur "point d'interrogation".
Comme ce sujet m'intéresse un peu, et qu'il fallait bien que j'en sache plus pour faire ma nouvelle version de Cuk Grammaire (eh oui, tu vois que je ne suis pas hors sujet), j'ai fait plusieurs téléphones pour savoir s'il fallait que nous corrigions les fiches romandes, ou que nous nous adaptions.
Les gourous et les ayatollahs sont à la retraite, tout le monde s'en fout. "Ah oui, intéressant ce que vous nous soumettez là comme problème, on va voir ce que l'on peut faire" et rien... pas de suite.
Donc tout le monde fait comme il veut. Quand je pense, un inspecteur (on les appelait comme ça à l'époque, ils sont devenus ensuite "Conseillers pédagogiques" et puis... ils ont disparu) aurait appris qu'un prof donnait "Tu vas à la piscine?" comme phrase interrogative il y a vingt ans, c'était l'émeute.
Maintenant on s'en fout un peu, bien assez d'autres chats à fouetter.
Magnifique canton de Vaud...
Bref, je n'ai pas eu ma réponse, et j'ai dû créer un programme de grammaire qui fonctionne
- pour les Romands
- pour les Vaudois
... les utilisateurs faisant leur choix en leur âme et conscience.
Ce programme, j'en suis très fier, et je prétends qu'il est le seul à pouvoir faire travailler des élèves en autocorrectif, sur des exercices courts, faciles à gérer en classe.
Il touche les exercices d'analyse (la partie grammaticale avec les couleurs) de la grammaire...
...mais aussi les types et intentions de phrases.
Et je dois avouer que je suis particulièrement content de ma gestion du texte sélectionné: l'élève dans la phrase
"Hier soir, Pierre a raconté une histoire à son frère."
va sélectionner "Hier soir" puis cliquer sur le bouton "Place dans le groupe vert". Le problème, c'est que nos petits ont parfois de la peine à sélectionner. Là, le gamin peut mettre en évidence "Hier soir", "Hier soir,", ou "er s", le programme va s'occuper de nettoyer la ponctuation ou les espaces inutiles, ou de compléter les mots partiellement sélectionnés pour ne prendre en compte finalement que "Hier soir".
Ce n'était pas évident à réaliser, mais qu'est-ce que c'est pratique, puisque le logiciel est sûr de comparer la bonne réponse avec ce qu'a voulu sélectionner l'élève un peu maladroit.
Pour le reste, comme toujours avec ce que j'essaie de faire dans mes logiciels, tout est réglable pour se mettre au niveau de ce que l'on enseigne, les traces des exercices sont automatiques, et comme j'ai dû tout réécrire ou presque, j'en ai profité pour mettre Cuk Grammaire aux normes des autres programmes Cuk quant à la gestion des joueurs.
De plus, dans les précédentes versions de Cuk Grammaire, il était fastidieux de créer ses propres exercices. Ça ne l'est plus puisque j'ai associé Cuk Grammaire Moulinette à Cuk Grammaire, et que l'édition d'exercices, dans les deux modules, est maintenant un jeu d'enfant.
Cuk Grammaire 3 n'est disponible que pour MacOS X. Si vous utilisez toujours un système 9, il vous faudra vous rabattre sur la version 2.0.1, qui fonctionne très bien mais se trouve être plus simple au niveau de la gestion des élèves, mais plus compliquée à celui de la création de texte.
Comme toujours, toute personne disposant d'une licence Cuk Grammaire 1 ou suivante bénéficie des mises à jour gratuite vers Cuk Grammaire 3. Et ceci même si vous avez bénéficié d'un prix réduit ces dix derniers mois, puisque je n'étais pas certain d'arriver à mes fins.
Ah, deux choses encore: Cuk Lecture restera sur système 9 (le portage est trop compliqué, tout était basé sur des extensions d'HyperCard), par contre, tous les programmes Cuk seront disponibles pour MacIntel très rapidement, puisque le langage de programmation Revolution ne posera semble-t-il aucun problème, aux dires de l'éditeur, et que tout sera transparent pour nous, moyennant bien entendu une chtite recompilation.
Nous verrons, mais sur ce plan, les nouvelles semblent plutôt bonnes. Ouf, parce que maintenant que j'ai fini mes portages, je n'ai pas vraiment envie de recommencer.
Pour en revenir à Cuk Grammaire et Cuk Grammaire Moulinette, le téléchargement si jamais, c'est par là... Vu qu'il faut être Suisse romand, s'intéresser à la grammaire, et avoir des élèves ou des enfants entre six et douze ans, ça ne risque pas trop de faire péter ma bande passante...
, le 31.08.2005 à 06:16
J’ai eu la chance de vivre, scolairement parlant, la période charnière entre deux méthodes d’il y a 30 ans environ : c’était un peu le foutoir…
Mais nous nous en sommes sortis quand-même. Il ne faut pas oublier que la grammaire vient toujours après le language et qu’elle n’est que la formalisation de ce que nous parlons.
A ce titre il serait normal qu’elle évolue avec la langue, mais bon, c’est une autre histoire…
Bonne journée,
JCP
PS : on dit avoir affaire à, on ne peut pas avoir deux fois « à » à la suite (sauf si l’on indique un lieu : j’ai beaucoup à faire à Morges)…
, le 31.08.2005 à 07:16
Je te rassures François, tes ayatollahs ne sont pas spécifiques à Vaud : j’ai aussi connu le GNS (par contre le non prépositionné, j’ai pas connu), et pourtant, j’ai usé mes fonds de culotte en France.
———————–
ibn mac
http://fr.wikipedia.org : cultivez librement
, le 31.08.2005 à 10:56
Merci pour ce programme, Je l’ai téléchargé et ai fait un exercice pour tester, c’est très sympa. Je ne sais pas encore si je vais l’acheter d’ici la fin de la période de Démo, mais, étant répétiteur à côté de mes études pour élèves en difficultés, ça pourrait être une bonne solution pour les faire rapidement et efficacement travailler…
J’ai bcp aimé la petite phrase clôture du programme ;-)
J’ai vu que ce programme n’était pas dans la liste des prix, donc j’imagine qu’il faut le demander via e-mail ?
Meilleures salutations
Jerricho
, le 31.08.2005 à 11:04
Je retire ce que je viens de demander concernant le prix… je mets mes lunettes, me réveille et arrête de poser des questions stupides…
, le 31.08.2005 à 11:13
Décidément, je ne comprendrais jamais le français suisse et ses mots bizarres ;-)
Nota : cela a du être un travail terrible , cette mise en ligne ; depuis ce matin Cuk est inaccessible !
Ok je ->
, le 31.08.2005 à 13:51
Le Corbeau,
c’est orrigé!:-)
, le 31.08.2005 à 13:59
Mdrrr la description de la grammaire vaudoise. Rassure moi, au final, on parle tous bien la même langue ? A la réflexion François, si tu veux ajouter un module de grammaire « neuf-trois », fais-moi signe.
Il faudrait soumettre à notre cher président l’idée d’ouvrir un peu plus l’académie française à la francophonie pour le rayonnement et la défense de notre langue commune.
http://www.academie-francaise.fr/langue/index.html
, le 31.08.2005 à 15:28
Moi j’ai fait mon école primaire sur Fribourg… je ne me rappelle pas avoir eu de crayon « spécial noir/blanc » ;-), par contre la grammaire, ces compléments bleus, verts, cela ne m’a jamais paru très clair!
Puis vint le CO (école secondaire); là, changement radical, on range les crayons, puis on parle de COD, COI, CC… Beaucoup plus clair et logique!
J’ai également fait du latin, inutile de dire que parler de « grpe vert » ou du genre est tout bonnement impensable! Cette remarque vaut pour l’allemand aussi, langue que tout le monde apprend en suisse-romande…
Pourquoi donc apprendre d’une certaine manière, pour changer ensuite?! Et surtout, pourquoi vouloir tjrs rendre l’école primaire « plus ludique », plus ci, plus ça, alors que certaines méthodes ont fait et font tjrs leurs preuves?
Et il ne s’agit pas que de l’école primaire; que dire de certaines décisions à l’école secondaire, puis même au collège (gymnase)? Que ceux qui dirigent/gèrent des travaux de maturité me donnent des nlles, c’est loin d’être facile…
Ce qui m’épate, c’est que bien souvent, ces décisions ne sont pas prises sur réunions de profs/directeurs, mais par des pédagogues voire des politiciens (ex: travail de matu), plus soucieux de leur image ou de révolutionner le système plutôt que de faire en sorte que l’élève puisse bénéficier des meilleures méthodes d’apprentissage!
Bientôt il faudra apprendre le livret et les maths par le jeu uniquement (ça commence…), il faudra tout faire par groupe, apprendre à lire en regardant des dvd… Et avec tout ça? On souhaite enseigner une langue étrangère de plus en plus tôt, alors que les enfants ne maîtrisent pas encore leur propre langue maternelle!
Il faut savoir évoluer, certes, mais encore faut-il aller dans le bon sens…
, le 31.08.2005 à 16:34
langage, JCP, language, c’est de l’anglais !
, le 31.08.2005 à 17:07
Au temps pour moi!
J’ai pas l’habitude de me lever si tôt…
, le 31.08.2005 à 17:16
Je vais éviter de faire mon pédant, mais comme la langue c’est un peu mon sujet d’étude (je suis en Linguistique à l’uni de Lausanne)… Si vous cherchez des ouvrages généraux et vulgarisateurs (dans le bon sens du terme), je ne peux que vous conseiller les ouvrages de George Mounin. Le problème avec la linguistique est un peu le même que dans les autres branches scientifiques, c’est les différents courants. Mounin a l’avantage de traiter un peu de tout sans prendre parti. Le très gros avantage qu’il ait en plus, c’est qu’il a une langue très accessible tout en donnant ce qu’il faut donner, et c’est plus qu’apréciable face au verbiage de certains autres.
Bon voilà, le travail d’un scientifique (en puissance, en puissance, ;-) ), c’est aussi d’offrir à la société le résultat de ses recherches : j’espère donc que vous accepterez cette petite précision…
Jerricho, promotteur de l’enseignement de la linguistique partout partout partouuuut.
, le 31.08.2005 à 17:24
Comme ch’nous…
Cela rime avec dyslexique, non ?
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Du MacPortable à l’Alubook, en quinze ans je suis devenu plus sage.
, le 31.08.2005 à 17:31
f’cuse moâ Sallukki, fuis allè in peu fite… zans ranqu’une ?
, le 31.08.2005 à 18:01
Sans rang d’deux
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Du MacPortable à l’Alubook, en quinze ans je suis devenu plus sage.
, le 31.08.2005 à 19:05
A propos de l’enseignement des langues dans les petites classes, un linguiste (est-ce Jerricho ? ;-) a proposé d’enseigner aux élèves francophones à comprendre les autres langues romanes (espagnol, italien, portugais et pourquoi pas roumain), plutôt qu’à parler un mauvais anglais dès le CE1 (classe pour enfants de 7 ans en France).
La proximité des ces langues se prête bien à l’exercice et la connaissance d’une série d’adverbes, d’une conjugaison sommaire (passé, présent et futur) et de verbes basiques (vouloir, pouvoir, devoir, faire, être, avoir…) suffit largement à barraguiner (amis bretons…) et à se faire comprendre ou tout simplement à parler sa propre langue et à comprendre l’autre dans sa langue natale…
J’ai eu l’occasion de pratiquer l’exercice avec des espagnols et vue une émission mettant en présence un français et un italien discutant égyptologie et autres…
Quel plaisir et quelle richesse !
Mais (en France du moins) si le grand public est prêt, nos penseurs de l’éducation nationale n’en sont pas encore là…
Dommage !
Alexis… tous les défauts ! je vous l’avais bien dit !
, le 31.08.2005 à 20:02
Alec6
Tous les défauts, sans doute et peut-être, mais quelles bonnes idées.
En effet, je m’étonnais de comprendre pas mal de Catalans: nous leur avons piqué pas mal de vocabulaire en Sardaigne…
Par ailleurs, et vu son état, l’Education Nationale franchouillarde a plus besoin de panseurs qui la rafistolent que de penseurs qui l’enfoncent un peu plus.
Ma petite fille a, en une semaine près de nous, lu plus que durant la moitié de sa scolarité. Ainsi, elle ne se sert plus de ses doigts pour lire, mais je suis sûr qu’elle bougera encore avec maestria ses groupes de mots adhésifs sur le feutre du tableau…
—
Du MacPortable à l’Alubook, en quinze ans je suis devenu plus sage.
, le 01.09.2005 à 21:07
Moi j’ai appris la grammaire à Lausanne, où j’ai suivi mes 4 premières années d’école primaire. Groupe jaune, vert ou bleu n’avaient aucun secret pour moi… puis en 1985, mes parents déménagent sur Fribourg, bien sûr, je les suis, et PAF, d’un coup d’un seul, je me ramasse des COD, des COI, des CCL et même des CCT dans la figure.
Voilà que la grammaire française devient chinoise (en plus, j’avais bien sûr une année d’allemand en retard, retard jamais rattrapé d’ailleurs, mais c’est autre chose…).
Au bout d’un moment, je me familiarise à cette grammaire « fribourgeoise », et même, je finis par la trouvr bien plus claire, plus évidente, plus « logique » que tous ces groupes de couleurs (je pense qu’il y avait un crayon de plus dans les boîtes Caran d’Ache du Canton de Vaud pour « si jamais » on devait inventer un nouveau groupe à souligner dans la phrase…). Appeler un COD un « groupe bleu » me semblait aussi absurde que de dire « quatre-vingt » pour dire huitante.
Puis, après quelques années, v’là-t’y pas que j’entreprends une formation d’instituteur, sur Fribourg toujours, et là, horreur, re-PAF, on me balance la « nouvelle grammaire », on me met des crayons de couleur sur la table, et vas-y que je t’entoure le verbe, vas-y que je t’encadre le groupe-truc, « vous verrez, c’est tellement plus simple… ».
Bien entendu, la prof de pédagogie ne voulait pas entendre mon opinion, fondée sur de la pratique et de l’expérience : j’avais « pratiqué », MOI, les deux grammaires. Une – celle avec les couleurs – était abstraite (autant que les bases de 2, 3 et 7 en mathématiques modernes, autre aberration de l’éducation romande), l’autre appelait un chat un chat et un COD un COD (grâce à cette dernière d’ailleurs, j’ai su accorder mes verbes, c’était – enfin – facile !). Mais l’avis d’un petit jeune en formation ne vaut pas grand chose face aux écrits divins des pontes de la pédagogie moderne, des gens qui écrivent plutôt bien dans des bouquins souvent franchement moches, qui ont un avis sur tout, des références par centaines (des amis, surtout) et la volonté farouche de réformer un système « parce que l’échec du précédent est indéniable ».
Alors on va d’échec en échec (à en croire ces pédagogues), on apprend ces groupes de couleur, en se réjouissant qu’un futur pédagogue de génie (ou à la mode) vienne réformer ce système dont l’échec sera indéniable, puisque bien entendu, il y aura toujours un québécois (très « tendance » à la fin des années 90) ou un philosophe (les français auront esssayé) pour venir nous rappeler que tel ou tel système éducatif est voué à l’échec, qu’il faut tout changer, parce que dans le fond rien ne va jamais vraiment bien.
J’ai depuis changé de métier, mais garde franchement une admiration sincère pour les enseignants, dernier maillon (essentiel) de la chaîne pédagogique, plongés au coeur d’une petite humanité quotidienne qui ne se laissera jamais enfermer dans un « système » quelconque. Parce qu’après tout, c’est eux qui doivent se persuader que telle nouvelle méthode est plutôt bien (la pédagogie par objectifs, les ateliers, les coins-lecture, les fiches ou les cartes, les remédiations, etc… etc…) sachant que bon gré mal gé il faudra mener la classe au bout de l’année scolaire, faire face aux imprévus et si possible ne pas se faire démolir au passage par une association de parents.
Et dire qu’avec tout ça ils arrivent à nous offrir des tests, des mics, des humeurs et des macs… C’est peut-être toutes ces couleurs qui leur donnent le moral !!
, le 01.09.2005 à 23:38
Magnifique, ton commentaire, Coacoa! Et encore: je ne parle pas des deux dernières lignes! ;-)
, le 02.09.2005 à 16:43
Merci ;-P
, le 05.09.2005 à 17:10
bravo pour ce logiciel de grammaire.
mais il fut un temps où les petits Vaudois apprenaient la grammaire neuchâteloise…
l’époque où on entrait au collège en fin de 3ème…
A 9 ans et des poussières…
et là ce n’était pas des couleurs mais des formes géométriques qui nous permettaient l’analyse des phrases…
et franchement, j’ai attendu ma formation à l’école normale pour y piger enfin quelque chose à la grammaire, cela ne m’a pas empêché d’avoir mon bac au demeurant…
donc, de bons profs pallieront toujours aux sénarii pseudo-pédogogiques élaborés ici ou là dans l’espace francophone, non?
amitiés à toutes et tous
alfounet…