Devant moi, le chemin oblique légèrement.
Enfin...
pas le chemin, non;
il n'y en a pas.
Le terrain est uniforme.
Pas de chemin ou de route, ni même un sentier.
Juste une étendue.
Mais il y a des traces, bien marquées, profondes.
Creusées par d'autres, qui sont passés avant moi et qui ont suivi le même itinéraire,
ou faites par moi, en passant et repassant,
en obliquant toujours au même endroit,
dans la même direction,
parce que c'est connu,
parce que c'est facile,
parce que j'ai toujours fait comme ça.
Mais moi, aujourd'hui,
pour une raison qui m'appartient,
j'ai envie - ou besoin - d'aller de l'autre côté.
Parce que je me choisis un autre but,
ou parce que j'ai envie de découvrir un autre coin,
de voir comment c'est ailleurs,
d'essayer un autre itinéraire que celui proposé par les traces.
Il me faut donc les quitter, ces traces,
m'arracher à la fascination qu'elles exercent sur moi,
quitter le confort qu'elles m'offrent,
et m'aventurer en terrain inconnu.
Pour ce faire, j'ai besoin de fournir un effort.
Au moment de prendre la décision de changer d'orientation,
j'ai le choix entre la facilité de l'habitude d'une part,
et l'effort du changement d'autre part.
Le courage aussi, peut-être.
Si je suis en voiture, je dois donner un coup de volant,
mettre les gaz,
pour sortir de l'ornière.
Si je marche, je dois lever le pied plus haut,
bander mes muscles et salir mes chaussures,
me hisser sur ce terrain vierge,
en dehors de la trace,
et changer de niveau.
Mais l'expérience m'enseigne que,
une fois que je suis sorti de l'ornière,
j'ai généralement besoin de moins d'énergie pour continuer
qu’il m’en aura fallu pour changer de direction.
Et que le courage dont j’aurai - peut-être - eu besoin,
laissera bientôt la place à l'excitation de la découverte,
au plaisir de la nouveauté.
La prochaine fois que je repasserai par là,
peut-être serai-je tenté de me laisser aller à suivre la trace la plus profonde,
la plus ancienne.
Pourquoi pas.
Mais je sais que si je choisis alors de reprendre la tangente,
de suivre la trace que j’aurai créée,
l’effort à fournir sera moindre que la première fois.
Parce que je saurai que c’est possible,
parce qu’il y aura une faille dans l’ornière
une nouvelle trace à suivre…
Et à force de répétition,
j’aurai probablement fini par créer,
à cet endroit,
un choix possible,
un espace de liberté.
Peut-être sera-t-il alors temps
d’inventer un nouveau chemin…
..ou pas!
, le 08.11.2016 à 11:04
Chacun, ici, peut, un jour ou l’autre se poser ces questions. On s’auto-observe, on se dit: ça, ça ne va pas.
C’est la première étape.
La seconde, c’est mon itinéraire personnel, consiste à comprendre. Quand j’écris, comprendre, je veux signifier qu’il me faut retourner toutes les facettes de la situation, du problème. Et quand j’ai un résultat – une compréhension – je fais du « reverse engeneering »: je regarde si ça fonctionne aussi à l’envers.
Quand j’ai compris, à la différence de
ça vient tout seul, sans effort.
Mon énergie est consacrée à la compréhension et non au « faire »
, le 08.11.2016 à 13:43
Texte très intéressant qui m’évoque un peu celui-ci :
LA ROUTE NON PRISE
Deux routes divergeaient dans un bois jaune
Et, désolé de ne pas pouvoir prendre les deux
Et n’être qu’un seul voyageur, je suis resté longtemps
A regarder l’une des deux aussi loin que je ne le pouvais
Jusqu’au point où son virage se perdait dans les broussailles ;
Alors j’ai pris l’autre, toute aussi séduisante
Et peut-être encore plus justifiée
Parce que herbeuse et manquant quelque peu d’usure
Bien que, franchement, les passages
Les aient usées à peu près de façon identique,
Et toutes les deux se reposaient, ce matin là,
Sous des feuilles qu’aucun pied n’avait noircies.
Ah, j’ai gardé l’autre pour un autre jour !
Sachant, pourtant, comment un chemin nous mène à l’autre,
Je doutais que jamais je n’y revienne de nouveau.
Un jour je me trouverai à raconter en soupirant
Quelque part dans un lointain avenir que
Deux routes divergeaient dans un bois, et moi,
J’ai pris celle par laquelle on voyage le moins souvent,
Et que c’est cela qui a tout changé.
Robert Frost (1874 -1961)
Merci Dom’
, le 08.11.2016 à 20:25
10 Commentaires identiques postés au même moment !
François pourrait-il nous zapper ce compte ? Merci.
, le 08.11.2016 à 21:09
Chèr robot lucette @3
Vas plutôt sur MacG, ils ont besoin de se remettre de l’arrivée de la Touch Bar…
Edit:
Hier j’ai reçu une vingtaine de phishings faussement du « Crédit Mutuel » où je n’ai pas de compte.
, le 09.11.2016 à 07:27
Saluki, commentaire enlevé!
Merci du signalement
, le 09.11.2016 à 18:38
(pardon, pas pu revenir plus tôt)
ysengrain: dans mon expérience, il m’est arrivé souvent que la compréhension ne suffise pas. Ou en tout cas pas la compréhension intellectuelle, analytique. Il y a comme une intégration qui doit se faire dans des couches plus profondes avant que je parvienne à amorcer le changement. Des fois, ça va tout seul, mais souvent il me faut du temps.
Il m’est arrivé plus d’une fois que tout à coup, j’ai l’impression de découvrir une autre manière de faire ou d’être, alors qu’en fait j’en entendais parler depuis plusieurs années. Mais il fallait que « le sou tombe », que la compréhension descende de la tête à… je ne sais où, pour que le passage à l’acte puisse se faire.
S’il te suffit de comprendre pour que ça vienne « tout seul, sans effort », alors je t’envie!
Radagast Merci! Texte intéressant, qui évoque pour moi la difficulté que j’ai à choisir une option sans demeurer attentif à l’autre, sans guetter l’info qui me fera dire « je savais que j’aurais dû prendre l’autre! » J’ai d’ailleurs commis un court billet sur ce thème il y a quelques années: « Choisir c’est renoncer »
(les autres commentaires s’étant focalisés sur le spam, depuis retiré, on ne m’en voudra pas de ne point y répondre!)