J’ai été infidèle à la Pomme, et c’est le pied !

Il n'y a pas longtemps, j'ai essayé d'installer Ubuntu, une variante de Linux sur un vieil iBook. L'expérience s'est avérée particulièrement frustrante et s'est terminée par une belle biture. Je vous ai raconté cette (més)aventure ici.

Je n'allais quand même pas rester sur un échec ! Alors j'ai remis ça… Suivez-moi !

Installation, le dernier essai

Peu après mon premier essai, j'ai ressorti tout le barda : l'iBook, son chargeur, la souris, la connection internet, le CD d'installation et mon ordinateur relié au site d'Ubuntu pour la documentation. Sans oublier la cafetière. Pour simplifier encore plus l'installation, je n'ai pas branché la souris. J'ai remis le CD dans le lecteur et hop ! Démarrage en appuyant sur la touche C.

Première étape toujours sans problème. Comme d'habitude, l'ordinateur redémarre puis me demande gentiment la permission de télécharger des compléments. Feu vert. Arrive enfin l'écran d'installation d'XWindows. Là, je fais gaffe et, fort de mon expérience récente (et combien douloureuse - oh, ma tête !) je coche ce qu'il faut, comme il faut, et limite l'affichage en 600x800. Quelques kilomètres de lignes plus loin, c'est le moment de vérité : le dernier redémarrage.

Miracle ! Tout s'affiche parfaitement ! Je suis face à l'écran de login, comme ceci :

Je rentre mon mot de passe défini au cours de l'installation et me voici, finalement, dans mon nouveau bureau.  Inutile de me demander pourquoi ça a marché cette fois. Je suspecte que c'est pour avoir correctement réglé l'affichage. Mais cela pourrait aussi être parce que je n'ai pas branché la souris. En fait, je n'ai aucune certitude. Redemandez moi dans 6 mois, quand je serai plus à l'aise…

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Premiers tours dans l'arène

Ma première impression est qu'Ubuntu, c'est comme le Mac. On se sent très à l'aise, très vite. Il y a la même barre de menus en haut, avec son horloge - bien à l'heure s'il vous plaît ! Et en bas de l'écran, un truc qui ressemble fortement à une barre des tâches. Mais depuis l'arrivée du Dock, on est habitué.

Je pars donc dans une petite exploration. Un control-clic sur le bureau ? Voilà un menu contextuel qui s'affiche et me propose, entre autres, de changer l'image de fond. Bien ! Et si j'essayais sur la barre des menus ? Un clic et je peux la déplacer. Un control-clic et je peux la configurer, y ajouter des choses, la masquer… Superbe ! Ça, c'est un truc qu'Apple ne sait pas faire…

Et ces icônes, à quoi correspondent-elles ? Pour le savoir, il m'a suffit de positionner le pointeur de la souris dessus pour obtenir un texte d'aide. Il y deux icônes qui m'ont particulièrement séduit : celle d'en bas à gauche, qui masque toutes les fenêtres (un peu comme Exposé, mais en plus simple), et celle d'en bas à droite, qui met à ma disposition des « espaces de travail » autrement dit, des bureaux virtuels. Ça existe en shareweare sous Mac, certes, mais combien d'entre vous l'ont installé ? Et tout ça, mais alors absolument tout, se règle avec un control-clic (ou un clic-droit). Chapeau !

Après quelques tâtonnements, j'ai réussi à ouvrir une fenêtre. Là encore, le couple Ubuntu / Gnome m'a impressionné. Le redimentionnement ? Un jeu d'enfant. Il suffit d'amener le pointeur sur le bord de la fenêtre pour qu'il change de forme et vous incite à retailler cette fenêtre. Ça marche aussi dans les coins. Tous les coins ! Les options d'affichage dans la fenêtre ? C'est toujours la même règle : le control-clic. Les raccourcis clavier ? Ils sont tous paramétrables…

J'arrête là. Vous avez compris : c'est très convainquant. Oh, je ne vous ai pas parlé de ma souris ? Fastoche : je l'ai rebranchée. Elle n'est pas Apple, c'est une trois boutons « no name », mais elle marche très bien, merci. Elle cours, même !

Alors, je sais que ça va vous énerver, mais il faut le dire : Apple a encore bien des choses à améliorer. Quoi ? Vous voulez que je descende à la cave et me confisquer la clé ? D'accord, allons à la cave.

Une descente à la cave

Ho hé, là haut ! Vous m'entendez ? Vous savez ce que j'ai trouvé dans la cave ? Le moteur de la machine. C'est un Linux PPC, avec un noyau en 2.6.10-7, c'est à dire que c'est ultra récent. En plus, les mises à jour sont plus fréquentes que sur Mac. Et elles sont gratuites (pas comme le Tigre). Pourquoi je compare au Mac ? Parce que Linux PPC, c'est une variante d'Unix, donc aussi stable et fonctionnel que Darwin, le moteur d'OS X.

Oh, et là, ces tuyaux ! Ce sont les outils de communication. Non de non, ça m'a l'air vachement balaise… Oui, ça, c'est Samba. Parfait pour communiquer avec mes autres Macs ou des PC. En plus, il est bien configuré puisque, par défaut, il n'est pas ouvert. En revanche, il reconnaît parfaitement le serveur Samba de ma machine principale. Que j'ai donc réussi à afficher sur mon bureau. Là, c'est le serveur FTP. Lui aussi est fermé.

Attendez, je vérifie les autres ports… Tout va bien, c'est fermé de partout. Absolument ! Quand je dis que tout est fermé, c'est vraiment que tout est fermé. Il n'y a même pas de compte root activé. On travaille en sudo ici, Môsieur.

Et là, qu'est-ce que c'est ? Un VNC ? Entièrement pré-configuré, prêt à fonctionner. Avec moyen de prendre, ou de donner, le contrôle d'une machine à distance. Complètement. Un peu comme ARD (Apple Remote Desktop), mais en plus complet et plus universel. Miam !

Tiens, puisque je suis à la cave, j'en profite pour regarder le système de mise à jour. Ça se passe en deux temps : d'abord, le système vérifie sur internet s'il y a des mises à jour disponibles. Puis il demande la permission de les installer… Tiens, justement, il y a une nouvelle version du noyau. Je télécharge, il met à jour, un redémarrage et… Tout marche. Que du bonheur, vous dis-je !

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Dans la vie courante

Il faut du temps pour tester une machine dans ses différents usages. Plus que je n'en ai pris pour faire mes premiers pas. Jusqu'à présent, je n'ai testé Ubuntu que pour des tâches très simples. Ça tombe bien, car Ubuntu est « livré » pré-configuré avec des outils pour tâches simples.

Internet :

1. Le navigateur est Firefox, accessible directement depuis le bureau. N'en disons pas plus, Firefox est une référence.

2. Pour le courrier électronique, c'est Évolution. Superbe joujou, très abouti, qui se compare à Mail sans problème. Avec des plus et des moins. Du côté des plus, on a accès à la gestion des filtres baylaisiens (contre les spams). Évidemment, les grincheux en profiteront pour louer la « simplicité » de Mail. Moi, je veux bien, mais quand les réglages avancés de Mail me proposent de classer des pourriels dans les messages indésirables parce qu'ils sont « indésirables », je trouve qu'on se fiche de moi. Du côté des moins, la fenêtre des préférences est plus grande que mon écran… Est-ce une erreur ou un truc que je n'ai pas encore trouvé ?

3. Ajoutez à ces deux classiques une messagerie instantanée, un outil pour les torrents, un logiciel de chat et quelques autres machins que je n'ai pas approfondi, et vous avez une très jolie configuration internet d'origine.

Bureautique :

1. Ubuntu est livré avec la suite Open Office. À savoir un traitement de texte, un tableur, un outil de dessin et un de présentation. Bref, une suite Office ! 

2. Je n'ai testé que le traitement de texte. Que j'adore ! Il me fait penser à Word, quand Word marchait bien. Je suis en train d'écrire ce test avec et je ne vous dit pas le bonheur. Le correcteur orthographique fonctionne sans en faire trop, un control-clic sur le mot souligné en rouge fait monter une liste de suggestions adéquates… J'ai demandé à ce que mon fichier soit enregistré en HTML. Je viens de vérifier le code avec le validator du W3C : c'est est presque nickel ! Presque ? Oui, il y a une erreur… Mais ce qui me plaît le plus, c'est la fonction d'auto-complétion de la frappe. Il va falloir que j'approfondisse ça : Open Office me propose, en cours de frappe, de finir les mots à ma place, et j'ai bien l'impression qu'il apprend mon vocabulaire ! Le pied, vous dis-je.

Graphisme :

1. Là encore, je n'ai pas poussé les tests très loin. Oui, bien sûr, j'ai importé quelques photos pour les regarder. Ce que j'ai pu faire sans la moindre difficulté. On peut visionner à peu près n'importe quoi, depuis le PDF jusqu'au PNG, en passant par le PostScript.

2. J'ai également noté la présence d'un outil SANE. Ce qui devrait permettre l'utilisation de scanners sans tracas.

3. Pour l'édition d'images, enfin, GIMP est là. C'est un outil réputé, mais que je n'ai pas étudié en détail. Seule faiblesse : pas de traitement d'image en quadrichromie. Ça ne gênera pas les photographes, mais c'est rédhibitoire en PAO.

Vidéo :

Un des objectifs que je poursuivais, en installant Ubuntu sur mon iBook, c'était de pouvoir y visionner des DVD. Alors j'ai fait l'essai. J'ai pris un film dans la bibliothèque et l'ai introduit dans ma machine (tout en continuant à rédiger ce papier, le multi-tâche fonctionne parfaitement). Le lecteur vidéo maison, Totem, s'est bien lancé tout seul. Et n'a pas réussi. J'ai ensuite essayé avec un divx. Même échec. Je suppose que je dois ajouter des « greffons » propriétaires, comme le dit si joliment la documentation (en français). Pour pouvoir gérer les DRM, les zones et les codecs. Il faudra aussi que je pense à dézoner le lecteur. Ouille, ça, c'est pas pour ce soir !

Musique :

Même test, mais résultat inverse : ça marche parfaitement bien. Je continuerai donc à rédiger cet article en écoutant Neil Young.

Photo :

L'autre objectif que je voulais obtenir, c'était de pouvoir me servir de cette machine comme périphérique de stockage pour mon appareil numérique. Là aussi, c'est un échec : l'appareil photo n'est pas reconnu lorsque j'établis la liaison USB, et je n'arrive pas à monter la carte Flash sur le bureau. Encore du travail de recherche en perspective ; ou bien il faudra envisager l'achat d'un lecteur Flash.

Jeux :

Une triste demi-douzaine de Tetris et assimilés se disputent, bien en vain, le nom de jeu. C'est plus que l'offre de base du Mac, et aussi pauvre que celle des PC. Passé ce stade, c'est le désert des Tartares. Il paraît que Civilisation a été adapté pour Linux ? Voilà que ne nous rajeunira pas !

Au bilan : ça se fête !

Comme l'a dit nexxen dans un commentaire lors du premier article, une installation de Linux, ce n'est jamais simple. Sauf que là, j'ai l'impression de m'y être pris comme un manche, en tapant trop vite sur la touche retour lors de mon tout premier essai. Mais après réflexion, même si j'avais évité cette conn.., j'en aurai sans doute commis une autre.

L'interface de base, GNOME, est archi-convainquante. Elle est moins jolie que celle d'Apple, mais c'est parfaitement fonctionnel et, désolé de le dire, plus puissant. On en reparlera quand le Finder saura enfin ouvrir un serveur FTP sur le bureau…

Pour les logiciels proposés d'origine, le bilan est beaucoup plus mitigé. Les outils internet et Open Office m'ont beaucoup plu. Le reste n'a pas emporté mon adhésion. Mais je me rends bien compte que j'ai atteint les limites de ma compétence : je ne sais pas installer un nouveau logiciel sous X, les dépendances sont un concept qui m'échappe pas mal, et je ne parle même pas de la compilation de sources.

Seulement, ça ne fait que deux jours que je m'y suis mis. Il m'en a fallu combien, pour maîtriser le Mac ? En deux jours, je suis passé de l'échec total à 50% de satisfaction. C'est une sacrément belle courbe d'apprentissage, non ? Alors, comme je tripatouille déjà le terminal et X11 sur mon Mac, je crois bien que je vais laisser Ubuntu installé sur cette machine. Et continuer à l'explorer.

Mon prochain portable sera sans doute un PC sous Ubuntu. Comme ça, quand Apple sera sous Intel, je serai déjà habitué. Quoi, qu'est-ce que j'ai dit ? Intel inside Apple ? Noooooon ! Le whisky, il est où, le whisky ? Il en reste, au moins ???