… ou le progrès fait évoluer et perdre un sens des valeurs.
On devient médecin dans une majorité de pays en prêtant serment. Autrefois, il s'agissait du serment d'Hippocrate.
Les codes de déontologie étant propres à chaque pays, le contenu de ce serment varie.
Il y a eu plusieurs "versions" du serment prêté.
Personnellement, celui que j'ai prêté contenait la phrase
"…mes collègues seront mes sœurs et mes frères…"
Cette dernière phrase n'était pas là que pour briller, mais aussi parce qu'une longue tradition de respect entre confrères, des pratiques et des traditions du monde médical, ont fait que, de tout temps, quelle qu'ait été la pratique, un médecin ne prenait aucun honoraire si le patient était un médecin, ou sa famille.
Le serment précisait aussi que les indigents, la veuve et l'orphelin… vous avez compris.
On pourra disserter sur cette tradition, mais je l'ai toujours perçue comme l'illustration d'une éthique de comportement, à l'instar du secret médical, de la réserve. Afin d'illustrer ce propos, voici le texte du serment dit de Genève dans la rédaction de 2006
Au moment d’être admis au nombre des membres de la profession médicale : Je prends l’engagement solennel de consacrer ma vie au service de l’humanité ; Je témoignerai à mes maîtres le respect et la reconnaissance qui leur sont dus ; j’exercerai mon art avec conscience et dignité, je considérerai la santé de mon patient comme mon premier souci ; je respecterai les secrets qui me seront confiés, même après la mort du patient ; je maintiendrai dans toute la mesure de mes moyens, l’honneur et les nobles traditions de la profession médicale ; mes collègues seront mes sœurs et mes frères ; je ne permettrai pas que des considérations d'âge, de maladie ou d'infirmité, croyance, d'origine ethnique, de sexe, de nationalité, d'affiliation politique, de race, d'inclinaison sexuelle, de statut social ou tout autre critère s'interposent entre mon devoir et mon patient ; je garderai le respect absolu de la vie humaine dès sa conception ; je n'utiliserai pas mes connaissances médicales pour enfreindre les droits de l'homme et les libertés civiques même sous la menace ; Je fais ces promesses solennellement, librement, sur l’honneur.
En quarante ans d'exercice, je crois avoir toujours respecté cette position, n'ayant jamais dérogé.
Petite anecdote personnelle.
Nous habitions une petite ville de la banlieue Ouest de Paris. Nous étions assez liés avec notre boucher, Paul, qui nous fournissait en viande pour notre dogue allemand … et nous aussi (vous comprenez une des raisons de ce qui nous liait !!). Il s'agissait d'une boutique à l'ancienne et Marguerite, l'épouse de Paul tenait la caisse (et comment !!). Leur fille était une collègue anesthésiste.
15 ans après notre déménagement, Marguerite vient, accompagnée par Paul, me consulter.
En fin de consultation, Marguerite veut payer la consultation … ce que je décline poliment. Et Marguerite, en se tournant vers Paul de dire: « Ah, tu vois, Paul, j’t l’avais dit ».
Carte Vitale
Pour nos amis Suisses, toute personne affiliée à un système de protection médicale, possède, en France, une Carte Vitale.
On présente cette carte au praticien, et pour le moment, on règle le prix de l'acte. Dans quelques temps, sauf disposition contraire à venir (ou avenir, c'est selon les couleurs politiques), le tiers payant serait mis en place.
Cette carte a été mise en place en 1998. Progressivement tout le monde en a eu une.
Aujourd'hui, dans un cabinet médical, elle est demandée afin de créer ou de modifier les informations administratives de votre dossier. Mais ça ne préjuge en rien d'une éventuel paiement en fin de consultation.
Avec l'âge, j'ai eu ces temps-ci besoin de consulter, peut-être un peu plus qu'auparavant.
Constatation faite depuis la généralisation de la carte Vitale: J'ai à chaque fois (une seule exception) dû acquitter le montant de la consultation, parfois, pas toujours, avec dépassement.
Je n'en fais pas un problème d'argent, cet aspect m'indiffère.
La confraternité est une valeur éthique, de considération et de respect.
S'en affranchir ouvre la porte à un monde qui n'est pas le mien.
, le 04.10.2016 à 05:22
Pour certains, dans tous les domaines, et pour paraphraser une pub’ :
» l’éthique, c’est comme les antibiotiques, ce n’est pas automatique « .
, le 04.10.2016 à 06:17
le côté fabuleux de la carte Vitale, c’est la réduction du coût et du temps de traitement d’une feuille de soins. La dématérialisation permet un remboursement au patient en 5 jours en moyenne (si je me souviens bien) et réduit par un facteur 3 (lointain souvenir) le coût de traitement de la feuille.
Une grande partie des systémes de santé étrangers sont venus voir le système français. J’en ai fait des visites au GIE SV (Le Mans)
, le 04.10.2016 à 08:55
Mais non !! ce n’est pas une fable.
Si le copain Roland Moreno avait pu imaginer dans son bureau-labo de la rue de Metz à Paris, que sa puce prendrait ce développement.
, le 04.10.2016 à 09:24
Euuuhh…. pour la réduction du coût et du temps ça dépend pour qui !
Pour la sécu c’est tout bénéfice effectivement. Mais pour le praticien c’est une toute autre histoire.
Pour le temps : la création /enregistrement des dossiers nouveaux patients, la facturation datée des séances de soins (je suis kiné), la télétransmission, les retours NOEMI (paiement par les caisses) à décrypter et valider sur le compte bancaire, les inévitables rejets de paiement par les caisses (erreurs de leur part à 95%), les non paiements à surveiller……
A ceci s’ajoute la gestion des mutuelles de santé. Il faut au départ demander à chacune d’elle (il en existe plusieurs centaines en France) un accord de conventionnement (délai de réponse un mois en moyenne). Puis il faut gérer pour chaque patient (enregistrement des N° de sociétaire, détermination de leurs options personnelles de remboursement, vérification qu’ils sont toujours à la même mutuelle entre deux facturations…)
Tout ceci est extrêmement chronophage et le temps consacré à chaque patient (soins + gestion dossier) enfle démesurément avec l’introduction du tiers payant !
Pour le coût : outre l’achat / maintenance du logiciel indispensable (c’est pas gratuit!) , il est désormais impossible de travailler sans un secrétariat. Je ne me vois pas passer 20 à 25% de temps supplémentaire les soirs ou WE pour gérer les dossiers …. ou accueillir 20 à 25 % de patients en moins pour compenser le temps dévolu à l’administratif.
Beaucoup de médecins ou kinés travaillaient jusqu’à présent seuls et sans secrétariat. C’est terminé… et il y a des répercutions financières lourdes pour le praticien.
Seriez vous heureux que du jour au lendemain on vous ampute votre salaire de 2.000€ mensuels ? C’est environ le coût d’un salaire et des charges…
Alors « la CV est une réduction du coût et du temps de traitement des feuilles de soins »….
, le 04.10.2016 à 10:03
L’ensemble de l’argumentation se tient, dommage pour la chute…
De mon côté sans cette carte vitale, je me vois difficilement passer chez mon dentiste. Certains de mes amis touchant 1700€ par mois risque d’éviter dix séances de kiné recommandées par leur médecin.
, le 04.10.2016 à 11:29
Ahh , ces nantis que sont les professionnels médicaux libéraux !
Au fait, savez vous que le revenu mensuel net d’un kiné en France tourne en moyenne autour de 2.800€ ? (source : association agréée de gestion Kiné)
Vous trouvez que c’est encore trop pour 9 à 10 H de travail quotidien ?
Si je retire environ 2.000€ pour frais de secrétariat, je serai certainement loin de ce que gagnent vos amis (et en toute sécurité, eux)…..
, le 04.10.2016 à 11:48
Question aux administrateurs du site : y a-t-il un moyen de masquer mon adresse email ?
Je ne pense pas avoir donné mon accord pour qu’elle soit communiquée à n’importe qui après un commentaire.
Ca m’aurait évité de recevoir un email d’insulte évidemment anonyme !
Pathétique ….
, le 04.10.2016 à 13:10
Le monde médical actuel a la manière pour susciter le débat, débat qu’on ne peut résumer à vous nous détestez ou on ne gagne pas assez notre vie ou encore la paperasse nous coûte. Chaque profession a ses mutations, et il est clair que les évolutions du monde, quand nous sommes installés dans une situation enviable, peut-être grâce à nos efforts, nous pénalisent parfois. Pour exemple la formation continue pour adultes où j’oeuvre depuis plusieurs dizaines d’années, qui vient de se faire démolir par une réforme du CPF totalement inadaptée, mais au concept intéressant, et qui me met personnellement en porte à faux.
Ysengrain prend la précaution généreuse de nous rappeler le serment. J’ai toujours crû que ce serment devait être respecté à la lettre, et que même si être médecin est une situation agréablement lucrative, c’était d’abord être au service des ses concitoyens, c’est à dire presque une mission de service public, voire même une vocation désintéressée.
Des médecins désintéressés, j’en ai connu. À la première seconde, même, puisque ma mère a été accouchée à domicile par un jeune docteur, dont j’ai été le premier nouveau-né, que j’ai vu ensuite se rendre disponible à toute occasion de soulager la souffrance ou de combattre mal. J’en ai conçu une grande admiration pour la personne, pour le métier, et pour ses collègues que je pensais pouvoir juger à la même aune. Ici, point de villa, point de golf, point de bateau : une vocation. Que c’est beau, un être humain, quand il est grand!
Mais on le sait bien : être médecin est la garantie d’une carrière fructueuse. Demandons à un étudiant pourquoi il fait médecine, et aussi à ses parents, il n’y a pas d’ambiguïté. Pas de vocation ici. On n’est pas Mère Theresa, ce sont les acquis financiers qui priment.
Je n’y verrais pas d’inconvénients si l’idée était tout de même accompagnée du fameux serment, mais je dois dire que c’est une fraction infinitésimale, de l’avis de la patientèle en général, et des enseignants à la Fac aussi.
Je côtoie heureusement fort peu la corporation mais les trois dernières obligations que j’en ai eues m’ont laissé des souvenirs précis.
Mon médecin s’était fait remplacer par une une toute jeune femme, très compétente, avec qui j’ai tenté de discuter de l’avenir tel qu’elle le voyait.
« Un cabinet? Quelle idée? Non non, je ne ferai que des remplacements. Trop de charges! En province? Et puis quoi encore? (Citation!) Pour s’y emmerder de 18h à 9h, et travailler au tarif conventionné? » 25, 27 ans?… Fait pas bon être provincial et malade, dans ce pays…
Après un accident de moto, j’ai ensuite côtoyé un jeune kiné, ayant, j’exagère à peine, acheté une place de spécialiste dans une clinique dédiée aux maladies des musiciens. Alors que j’essayais de mieux comprendre ma pathologie qui était au moins fâcheuse, sinon desespérée, il m’a lâché un « vous n’espérez pas nouer un contact humain avec vos médecins? » J’ai bien reçu le message…
Heureusement, auparavant, lors de cet accident, je m’étais retrouvé sur un brancard, aux urgences, toute l’équipe conférant de ce qu’il fallait faire autour. Et la jeune interne, tout en briefant son équipe, m’a pris la main et ne l’a lâchée qu’au moment de partir au bloc. Ce geste gratuit a été plus efficace que la morphine et le Valium réunis.
Je ne sais pas si le droit à la santé est inscrit quelque part dans nos textes, mais je pense qu’il le devrait. Et je pense aussi, mais ne souhaitant pas polémiquer, que si le choix de cette profession devait d’abord être financier, ce ne serait pas ma conception de la médecine. Elle devrait être gratuite au citoyen et envisagée comme oeuvre sociale. Il y a tant d’autres façons de s’enrichir.
, le 04.10.2016 à 18:18
Merci pour ce bel article…
– Pour ce qui est de la confraternité…
Comme médecin, j’ai quelques difficultés avec ce principe de ne pas faire payer les confrères, pour plusieurs raisons:
1° étant urgentiste dans une institution où tout est géré par informatique, il me serait impossible de rendre la pareille. Pas cool donc.
2° tout travail mérite salaire. J’insiste toujours pour payer au moins la part remboursée par la sécu, comme ça au final ça ne me coûte pas plus que gratuit mais le confrère est rétribué pour le temps passé à me prendre en charge.
3° ça date d’une époque où la médecine était plus que maintenant une vocation. Maintenant, c’est finalement un travail comme un autre.
Pour moi, il est plus confraternel de me donner un rendez-vous rapide hors planning normal (et d’éviter des délais parfois très longs) que de me faire une consultation gratuite.
– pour ce qui est de l’administratif :
J’ai de la chance, toute la gestion d’enregistrement et facturation, je ne fais pas. D’autres dans l’hôpital le font. Mais il faut enregistrer les actes, faire les dossier, suivre les formation complémentaires, les enregistrer comme il faut, veiller à l’accréditation, etc. Ça prend là aussi de plus en plus de temps. Et malheureusement, il n’en reste pas beaucoup pour être humainement présent auprès des patients et familles. Et ça ne risque pas de s’améliorer dans un futur prévisible.
3° pour ce qui est de l’argent
Non, je n’ai pas fait la médecine pour l’argent. Je ne connais personne qui reconnaisse l’avoir fait pour cette raison, et s’il y en a ils auraient pu bien mieux choisir.
Je gagne bien ma vie. Très bien même. Mais je travaille aussi beaucoup, avec des horaires difficiles, et d’un travail qui est parfois psychologiquement très difficile. Du coup, si on ramène mes revenus à l’heure travaillée, c’est toujours nettement plus que beaucoup de trevailleurs, mais nettement moins que pas mal d’autres.
Pour les patients qui ont des difficultés à payer leurs soins, il y a souvent moyen de discuter avec le praticien pour recevoir l’attestation permettant le remboursement par la sécu et seulement ensuite de le payer. Ce qui évite de devoir avancer l’argent.
, le 05.10.2016 à 02:33
J’espère bien que cette question ne recevra pas une réponse positive. L’expérience est regrettable mais elle ne doit pas pénaliser tout le reste de la communauté qui, grace à l’émail, a developé des sujets intéressants ainsi que des amitiés.
T
, le 05.10.2016 à 16:12
Et, médecin, en action, de se sentir calme, en avant et droit. Ça compte
Ah bon ? que sais tu des généralistes travaillant 80 h par semaine pour 7000 € par mois. T’es tu posé la question de savoir la raison d’une telle désaffection pour ce métier ?
@ Nept: mon service était informatisé. Aucun collègue, aucune infirmière, aucune aide soignante, aucune femme de chambre, aucun administratif de mon établissement n’a jamais payé le moindre centime
Et bien non. je ne me rase plus depuis cinquante ans, mais il m’arrive de me regarder dans un miroir sans baisser les yeux.
Voilà qui nous différencie. Je n’ai jamais posé la situation de cette manière.
J’avais un travail, qui me prenait de 80 à 90 h par semaine. Oui, j’ai mieux que très bien gagné ma vie. C’était sans aucun doute sous jacent. Mais jamais, je n’ai eu ton mode de pensée à l’esprit
Acte gratuit, c’est bien aussi ! Non ?
, le 05.10.2016 à 18:23
Désolé pour les grincheux mais j’ai toujours considéré que la Médecine était un sacerdoce, pas un métier « comme les autres ».
En 2005, lorsque j’ai dîné à Dakar avec le chirurgien qui m’avait opéré à « Pompidou » deux mois auparavant (4 pontages coronariens) il m’avait posé la question « au fait, combien a coûté cette opération ? ». Comme je venais de recevoir les « avis informatifs » de la Caisse des Français de l’Étranger, j’ai pu lui répondre. C’était près de 40 000 euros ! Je m’étonnais qu’il ne le sache pas lui-même. Il m’a expliqué qu’étant médecin hospitalier, il était salarié et qu’il ne voyait jamais les factures.
Du coup, je lui ai demandé ce que l’on faisait des patients qui n’étaient pas assurés « on les laisse mourir sur le trottoir ? ». Sa réponse a été nette « Jamais ! On trouve toujours une solution ».
, le 05.10.2016 à 18:58
Mais Ysengrain, vous m’avez castré?! ;) Vous avez omis la deuxième phrase! Quand je parlais de la carrière fructueuse, j’exprimais les motivations communes de la partie de mon entourage qui est concernée, pas des miennes. Par ailleurs, non, je ne me suis pas demandé : j’ai juste entendu, à l’occasion, des raisons avouées par la jeune génération, que j’ai citées. Mais soyez rassuré : je ne mets pas tous les médecins dans le même panier! J’en admire et remercie certains.
J’aurais tendance à me situer à côté de M.G et sa médecine sacerdoce, métier pas comme les autres. Et d’un autre côté, je dois bien l’avouer, c’est sûrement sans fondement, je taquine, mais j’ai l’impression que la situation du médecin, même surexploité, est dans l’ensemble plus enviable que celle du l’apprenti-aide-stagiaire chez Carrefour…
, le 05.10.2016 à 19:07
Sache que, passé l’examen clinique, il est impossible de faire quoi que ce soit sans que le patient ne soit inscrit dans le système, et donc facturé. Les médicaments sont dans une armoire informatique, et doivent être pris au nom d’un patient. Les examens techniques sont aussi encodés et donc facturés dès leur réalisation.
Pour info, mais je crois que tu le sais, je travaille aux urgences.
Merci, mais je n’ai pas de problème de ce côté.
Par contre, je me sens parfois mal quand justement, un confrère ne veut pas que je règle ses honoraires. Parce que je sais que je ne serai sans doute jamais à même de lui rendre la pareille. A lui ou à un autre.
Et ce, à nouveau, en dehors d’un problème simple ne nécessitant pas plus que la partie anamnestico-clinique de la prise en charge.
Oui. Mais il ne faut pas oublier qu’avec ça, ce n’est pas moi qui fait un cadeau à mon confrère, mais mon hôpital qui en fait un à l’assurance-maladie. Ce n’est pas en soi un problème, mais ce n’est pas du tout la même chose.
, le 05.10.2016 à 19:28
C’est sympa de ne pas faire payer un confrère, mais en même temps ça fait un peu élitiste non ? « Non, pas de ça entre nous, nous sommes au dessus de ça ! »
J’ai entendu de tas de chose sur les étudiants en médecine. Les crasses qu’ils se faisaient entre eux. Quand un gars (ou une fille) loupait les cours, les autres (amis) lui remettaient de faux cours bourrés d’erreurs pour qu’il (elle) e plante à l’examen suivant. Une autre fois, un prof a annoncé la mort d’un élève à la classe et tous ont applaudi, ça faisait un concurrent de moins. Et ça, je ne l’ai pas entendu qu’une fois, mais plein de fois. Et pas dans des discussions de café, mais avec des personnes l’ayant eux mêmes vécu. Donc le manque de médecin en France … Le fait que ceux qui y arrivent doivent faire des heures pas possibles …
Bref, j’ai l’impression qu’ils se créent un peu eux mêmes la pénurie qu’ils dénoncent.
Je reconnais que c’est un métier difficile demandant de fortes compétences, mais je doute qu’on ait tant de mal à trouver des jeunes pour s’y lancer.
, le 05.10.2016 à 22:22
J’ai honte de relever cette phrase !
C’est la preuve de la concurrence féroce et de la tension qui règnent en internat (et même dans les premières années de médecine qui demandent un travail de mémoire phénoménal).
Je ne pense pas que « l’apprenti-aide-stagiaire chez Carrefour » subisse la même pression, pendant autant d’années…
De toute façon, après avoir passé dans ma vie de longues semaines à l’hôpital à l’occasion d’opérations diverses, on ne pourra pas m’enlever l’admiration que je porte aux « Gens de Médecine » qui ne vivent que par leur volonté de sauver la vie de leurs patients. Certes, ils se trompent parfois. Pourtant, à la fin de leur vie, je suis convaincu que leur bilan est largement positif et sans commune mesure avec celui du commun des mortels. Rien que pour cela, Respect !
, le 06.10.2016 à 08:30
Moi qui avait honte de cette tautologie…
, le 06.10.2016 à 09:32
Ça ne se pose pas en ses termes. J’ai donné ma parole. J’ai adhéré à un contrat.
On peut se chamailler comme des chiffonniers avant la conclusion d’un contrat; après la signature, on ferme sa gueule.
, le 06.10.2016 à 19:34
C’est vrai. Mais c’est dur de conserver/respecter les clauses d’un contrat sur des décennies.
Le chirurgien qui m’a posé ma chambre implantable en 2003 m’a provoqué un pneumothorax. Il m’a laissé entre les mains expertes d’un confrère pour s’occuper de moi, car lui était invité à manger. Et je trouve ça tout à fait normal, ça m’aurait embêté qu’il me laisse crever là s’il avait été le seul médecin, mais il y en avait plein d’autres dans la clinique qui prenaient leur service quand lui le quittait. Un médecin a le droit d’avoir une vie, a le droit de se sortir son boulot de la tête (et donc ses patients), il a le droit de se faire payer, il a le droit de faire des erreurs (c’est sûr que là, quand ça tombe sur soi ou un proche …), etc.
Franchement, ce qui me dérange chez les professionnels de santé c’est qu’ils sont très mal répartis. Par exemple ma vue baisse, un rdv chez l’ophtalmo c’est 6 à 10 mois. Pour un scanner c’est pareil. Les rares fois où je suis allé aux urgences (pour mes filles notamment) j’ai attendu des heures.
Je comprends et reconnais tes principes, mais je vois d’autres problèmes que celui-là.
, le 07.10.2016 à 08:44
Souvenir du crépuscule du 6 janvier 1998, alors qu’un ami (il se reconnaîtra) venait d’être admis à l’Hôpital Principal de Dakar pour une appendicite qui frisait la péritonite. Devant moi, le chirurgien qui devait l’opérer lui a servi la phrase suivante « Bon, j’ai un dîner mais ne vous inquiétez pas, on va vous préparer et je reviendrai vous opérer entre la poire et le fromage ». Mon pauvre ami, déjà très pâle sur son lit de douleur en grimaça un peu plus.
Par la suite, l’opération s’est bien passée et vers minuit sa femme fut prévenue et autorisée à lui rendre visite pour le rassurer…
Une semaine plus tard, alors que nous étions réunis dans sa chambre à l’hôpital, mon ami demanda au chirurgien « Docteur, et si cette crise m’avait pris quelque part en brousse, loin de Dakar ? ». La réponse fut adressée à sa femme « Madame, je suis désolé mais vous seriez veuve à l’heure actuelle ».
Je sais, c’est encore une de mes anecdotes à la c… mais elle est authentique.
À la décharge du chirurgien, je me dois de préciser que c’était un médecin-colonel de l’armée française qui avait conservé l’esprit des carabins de ses débuts ;-)