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Du sol, de l’enfant et de la bienveillance

Je suis tombé il y a une semaine (merci Facebook) sur un documentaire passionnant. C’est le portrait de deux personnes, un couple, Lydia Gabucci Bourguignon et Claude Bourguignon, fondateurs du LAMS, (Laboratoires d’Analyses Microbiologiques des Sols).

«Lydia et Claude Bourguignon enseignent l’agrologie, science de l’agriculture écologique, fondée sur une perception fine des relations complexes qui unissent le sol, les microbes, les plantes, les animaux et l’homme. Ils partagent leurs expériences dans des conférences et proposent régulièrement des formations d’1 à 2 jours au LAMS et à l’extérieur pour tous ceux qui, dans le grand public aussi, sont à la recherche de telles initiatives.»

(tiré de leur site)

Voici ce que j’ai retenu de ce documentaire: la terre (le sol) est un organisme vivant. Le fait de la labourer constitue une maltraitance qui la tue à petit feu. Progressivement, elle sera de moins en moins fertile, et la réponse que nous avons trouvée à cette baisse de fertilité est l’usage d’engrais et de pesticides. Il faudrait au contraire la nourrir, de manière à ce qu’elle puisse se régénérer par elle-même et nous nourrir à son tour. Le rendement est alors supérieur à ce qu’obtient l’agriculture conventionnelle.

Voilà. C’est très fortement résumé, mais c’est l’essentiel de ce que j’ai retenu avec mon cerveau de citadin. Alors bien sûr, tu auras envie d’en savoir plus, et tu as raison. Voici donc ses références:

Émission: 13h15 le dimanche
Soigneurs de terres
Un reportage d’Emmanuelle Chartoire et Clément Montfort
Ce documentaire est disponible en streaming ici
durée: 40 minutes

 

LAMS

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Le lendemain, dans mes fils RSS, j’ai vu passer un article passionnant. C’est un entretien avec une femme qui a mené récemment une expérience éducative remarquable.

«Pendant trois ans, Céline Alvarez a porté un projet de classe unique dans la maternelle d’un établissement classé REP (Réseau d’éducation prioritaire) et plan violence à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Son expérience visait à montrer, grâce à un suivi scientifique des progrès des enfants, qu’une proposition pédagogique basée sur les mécanismes naturels d’apprentissage leur serait hautement bénéfique. Entretien avec une passionnée de l’éducation.»

(Texte de présentation de cet article sur le site qui l’a publié)

Voici ce que j’en ai retenu: l’enfant est par nature un apprenant, un curieux, un découvreur. Le faire entrer dans un programme standardisé en le réduisant à l’état de récepteur d’une connaissance est contre-productif. En organisant ses classes d’une manière différente, en favorisant une autonomie d’apprentissage, en créant du lien social, en réunissant trois degrés de maternelle pour provoquer l’expérience de la collaboration et de l’entraide, Céline Alvarez à obtenu des résultats qui ont été vérifiés par des psychologues indépendants. Lesdits résultats sont bluffants, tant dans le domaine des matières proprement scolaires (arithmétique, lecture…) que dans celui de leur comportement et de leur équilibre.

Voilà. C’est très fortement résumé, mais c’est l’essentiel de ce que j’ai retenu avec mon cerveau de (ancien) piètre écolier. Alors bien sûr, tu auras envie d’en savoir plus, et tu as raison. Voici donc ses références:

Revue Kaisen
n° 28, septembre-octobre 2016
Respecter les lois naturelles de l’enfant, la clé pour une grande révolution de l’éducation selon Céline Alvarez
lien vers l’article

lois-ntaurelles-de-lenfant-defbande-HD - copie

le livre

 

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Peut-être me vois-tu venir, ô Toikimeli

En parlant à ma femme de ces deux trouvailles (le documentaire et l’article), il s’est soudainement passé dans ma tête comme une connexion évidente entre les deux. J’avais l’impression que le discours du couple Bourguignon et celui de Céline Alvarez énonçaient exactement la même idée de base: que ce soit le sol ou l’enfant, il est hautement souhaitable de retrouver une pratique plus confiante dans les processus naturels. Car les deux ont en eux-mêmes tout ce qu’il faut pour croître. Le sol et l’enfant ont besoin de bienveillance, de nourriture, de liberté et d’autonomie, d’un cadre sécurisant et stimulant.

Alors bon. Je ne voudrais pas avoir l’air de dire que les enseignants et agriculteurs «conventionnels» font tout faux, qu’ils sont coupables, oh les vilains, que le couple Bourguignon et Mme Alvarez sont des Messies qui détiennent LA vérité, tout ça… Ça n’est d’ailleurs pas leur prétention. Ils s’inspirent de chercheurs qui les ont précédés. Céline Alvarez, qui s’est notamment abondamment nourrie des travaux de Montessori, insiste d’ailleurs sur la nécessité de ne pas se figer sur une méthode et de sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier en s’enrichissant des plus récentes recherches et découvertes dans ces matières.

J’ai beaucoup d’estime pour les enseignant-e-s et les agriculteurs-trices, qui font deux métiers que je considère comme étant parmi les plus importants et les plus exigeants qui soit. Et aussi souvent les plus ingrats. Je n’ai personnellement aucune expérience ni dans le domaine de l’agriculture ou du jardinage, pas plus que dans celui de l’enseignement. Mais j’ai trouvé interpellant ces documents et ce que disent les personnages qu’on y voit.

Et je serais intéressé de savoir quel écho ces documents trouvent en toi, que tu sois compétent-e ou non dans l’une et/ou l’autre de ces disciplines, et dans quelle mesure le lien que je fais entre les deux te parle.

9 commentaires
1)
lvme
, le 08.09.2016 à 09:21

Alors je suis fils de paysan et une branche de la famille (non paysanne et artistique) s’est fait plaisir avec la méthode « Steiner ».

Je ne suis pas assez calé en science éducative pour porter un jugement sur ce point mais je peux simplement dire que l’éducation de mes petits cousins et cousines a bien développé leur sens artistique. De là à dire qu’une éducation académique aurait bridé ce terreaux….je ne sais pas ….

En revanche ce terreaux du travail de la terre me semble une belle fumisterie. Du moins le résumé produit par l’auteur (je n’ai pas encore eu le temps de visonner le reportage ce que je ferais ce soir) la terre a besoin d’être un peu bousculée pour permettre à l’activité biologique de se développer et la main de l’homme brusque forcément l’équilibre naturel.

Mais il est également vrai que le labour est le moyen le plus brutal et destructeur (plus par le poids du matériel utilisé qui tasse le sol que par l’action de labourer d’ailleurs) pour arriver à augmenter les rendements. La houe ou l’araire sont une alternative à creuser ….

2)
jpg
, le 08.09.2016 à 11:46

Ce documentaire -que je n’ai fait que parcourir- me laisse sceptique.
Je cite « le modèle agro-écologique n’a que des avantages : plus sain, moins cher, durable et même plus productif ! »
S’il en était ainsi pourquoi tous les agriculteurs ne l’ont-ils pas adopté ?
En tant que scientifique (et jardinier), je doute -c’est un devoir- comme nous l’a appris notre maître R. Descartes.
Je souhaiterais donc que soient menées des études comparatives, effectuées par un laboratoire indépendant. Il est possible de diviser un hectare de terre en deux parcelles équivalentes et de cultiver une moitié avec les méthodes classiques et l’autre en agro-écologie.
Les témoignages étant tous positifs sans aucune réserve, cela me pose aussi question.

3)
Lutoblerone
, le 08.09.2016 à 13:23

Bonjour, pour répondre à jpg et son scepticisme, voici le lien du rapport final de l’étude pluriannuelle menée par l’INRA sur le site de la Ferme du Bec Hellouin en normandie sur un projet de permaculture très « classique ». On est en plein dans l’esprit d’abonder la terre et non de la piller, et on a la preuve scientifique que cela fonctionne et que c’est rentable. Il ne s’agit pas de dire que l’agriculture mécanisée et avec produits chimiques ne fonctionne pas (donc comparer deux parcelles côt à côte sur une saison est totalement irrelevant) mais simplement de tenir compte du fait, scientifiquement prouvé, qu’elle détruit les sols et l’environnement (le GAucho et les abeilles, un autre fait scientifiquement établi)sur le moyen terme. Et qu’elle nous emmène donc dans une impasse.Et les agriculteurs, poussés par l’état et les banques à se mécaniser et grandir, sont aujourd’hui au fond de cette impasse, et ils meurent. Donc certains, beaucoup même aujourd’hui, font marche arrière notamment sur l’usage des produits phytosanitaires, car économiquement ils ne sont plus rentables. Finalement c’est peut être la finance qui sauvera l’agriculture après l’avoir emmené au bord du gouffre :)
http://www.fermedubec.com/inra/Rapport-%C3%A9tude-2011-2015-Bec-Hellouin_30112015-2.pdf

4)
François Cuneo
, le 08.09.2016 à 16:48

l’enfant est par nature un apprenant, un curieux, un découvreur. Le faire entrer dans un programme standardisé en le réduisant à l’état de récepteur d’une connaissance est contre-productif. En organisant ses classes d’une manière différente, en favorisant une autonomie d’apprentissage, en créant du lien social, en réunissant trois degrés de maternelle pour provoquer l’expérience de la collaboration et de l’entraide, Céline Alvarez à obtenu des résultats qui ont été vérifiés par des psychologues indépendants. Lesdits résultats sont bluffants, tant dans le domaine des matières proprement scolaires (arithmétique, lecture…) que dans celui de leur comportement et de leur équilibre.

Ben…

Chez nous, à part réunir les trois degrés de maternelle, on fonctionne déjà un peu comme ça il me semble. Les nouvelles méthodes sont en plein dans la cible, et depuis un moment.

5)
Dom' Python
, le 08.09.2016 à 18:52

En revanche ce terreaux du travail de la terre me semble une belle fumisterie.

Je ne comprends pas ce que tu nommes “terreaux du travail de la terre”. Peux-tu m’éclairer?

S’il en était ainsi pourquoi tous les agriculteurs ne l’ont-ils pas adopté ?

euh… Il me semble que ce ne serait pas la première fois que ce qui est devenu une évidence reconnue a commencé par être une pratique à contre-courant, décriée par les spécialistes! On pourrait inverser la proposition: S’il était vrai que la pollution mettait en danger notre survie, pourquoi tout les êtres humains continuent-ils à polluer?

Quant à ta proposition de test, jpg, pourquoi pas… Mais il me semble que les témoignages des paysans qui ont changé de technique est assez parlant. Unanimité suspecte? Moi aussi je voudrais connaître des échos plus réservés. Mais en attendant d’en trouver, je reste tout de même impressionné par la démarche.

Merci lutoblerone pour ton commentaire et ton lien. Je n’ai pas le courage de lire le document en entier, mais il me semble tout à fait pertinent pour répondre à la proposition de jpg.

Finalement c’est peut être la finance qui sauvera l’agriculture après l’avoir emmené au bord du gouffre :)

J’aime beaucoup. Et j’ai parfois eu le même sentiment, notamment de visionnant le film “Demain”, en lisant certains articles, en voyant le nombre croissant de témoignages qui vont dans ce sens…

François, en lisant ton commentaire, je réalise que je donne peut-être l’impression de ne pas être conscient que ces valeurs sont déjà une préoccupation des enseignants d’aujourd’hui (et d’hier). Ce n’est bien sûr pas mon cas. Et je veux bien croire que ces nouvelles méthode que tu mentionnes tout dans ce sens.

Mais il me semble qu’il y a tout de même dans l’expérience de Céline Alvarez des propositions qui tranchent avec la pratique officielle actuelle. Je reconnais toutefois que, mon fils ayant 29 ans, ça fait belle lurette que je ne suis plus en contact direct avec le monde de l’enseignement. Cela dit, je connais des personnes qui le sont et j’ai quelques échos. Et il y a dans les témoignages des parents des chose que je n’ai personnellement jamais entendues sur l’enseignement public d’aujourd’hui (et d’hier).

6)
jpg
, le 08.09.2016 à 23:17

(donc comparer deux parcelles côt à côte sur une saison est totalement irrelevant [= sans importance en français])

1. Pourquoi ?
2. Je n’ai jamais mentionné « sur une saison », au contraire, pour une analyse fiable, statistiquement significative, il faut comparer sur une période de 5-10 ans.
J’attends des comparaisons chiffrées avant de me faire une opinion.
Enfin, n’oublions pas qu’il faut protéger les cultures. Le mildiou a tué 1 million de personnes au milieu du 19e siècle, mortes de faim, et a forcé 2 millions de personnes à émigrer.

7)
bla
, le 09.09.2016 à 15:25

Alors, en tant que fils de paysan laboureur et frère de paysans non laboureur et adeptes (mes frères) de la technique du semis direct sous couvert végétal, je pense que l’on peut enlever le qualificatif de fumisterie …
Ça fait plus de 5 ans qu’ils pratiquent cette technique et même s’ils sont encore regardés comme des fous par certains de leurs confrères, leurs rendements sont largement aussi bons que ceux desdits confrères qui pratiquent une agriculture classique.
Avec cette technique, la terre n’est « bousculée » que par le semoir …

8)
lvme
, le 10.09.2016 à 08:45

Oui, oui, le Semis direct sous Couvert Végétal on en parlait déjà lorsque mon père a arrêté son exploitation (1995) mais à l’époque tout était plus ou moins expérimental et le machines n’étaient pas fiables.

Cette technique demande de repenser en profondeur sa manière de travailler le sol. Et de ce que je vois autours de moi, il faut aussi beaucoup de soutien et surtout une situation économique saine d l’exploitation avant de se lancer dans l’aventure.

Pour aller au delà des du lien de Bla :
=> presque une synthèse très bien documentée => http://agriculture-de-conservation.com/sites/agriculture-de-conservation.com/IMG/pdf/ac-gabb-32.pdf
=> un début de contradiction => http://www.osez-agroecologie.org/images/imagesCK/files/syntheses/f451_synthese-technique-semis-direct-sous-couverture-vegetale.pdf
=> les défis techniques => https://www.youtube.com/watch?v=eDTa0dALJ0M
=> un retour d’expérience => https://www.youtube.com/watch?v=8d0U1CHRE0E

On ne trouve en revanche quasiment rien sur l’utilisation des produits chimiques, et je trouve cela un peu dommage.

9)
Dom' Python
, le 11.09.2016 à 11:45

J’attends des comparaisons chiffrées avant de me faire une opinion

Je tombe aujourd’hui sur cet article. Même s’il s’agit de la comparaison d’un même territoire entre deux époques et non de deux territoires voisins et identiques durant la même période, je trouve les chiffre assez parlant. Non?

Merci bal pour ce témoignage.

Merci Ivme pour tes liens. Je n’ai pas encore eu le temps de les consulter, mais je ne manquerai pas de le faire.